Dans cet Ă©pisode, je vous prĂ©sente Keren qui est accompagnĂ©e au quotidien par Miami, sa chienne guide de l’Ă©cole du Nord. Progressivement malvoyante, Keren s’Ă©quipe d’une canne blanche par dĂ©pit afin de sĂ©curiser ses dĂ©placements, mais comment rester ouverte sur le monde quand on doit en permanence compter ses pas ? Et comment le chien guide lui a-t-il permis d’apprĂ©cier Ă  nouveau les sorties ? Dynamique et pĂ©tillante, Keren nous raconte sa renaissance aux cĂŽtĂ©s de Delphy, sa premiĂšre chienne guide, qui lui a vĂ©ritablement permis de passer comme elle le dit « des tĂ©nĂšbres Ă  la lumiĂšre ». De son mariage avec Steve Ă  sa vie d’entrepreneuse, en passant par sa vie d’athlĂšte handisport, elle revient sur l’autonomie indescriptible que lui a apportĂ©e Delphy, puis Miami aujourd’hui, au point de n’avoir plus aucune limite.

Retrouvez ci-dessous une retranscription synthĂ©tique et illustrĂ©e de l’épisode :

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Keren, je suis la maĂźtresse de ma chienne guide d’aveugle qui s’appelle Miami et est une bergĂšre allemande. Je suis dĂ©ficiente visuelle et en couple avec Steve, mon mari qui est aussi handicapĂ© moteur (paraplĂ©gique), et je fais beaucoup de choses : ancienne athlĂšte handisport et ancienne cheffe d’entreprise, entrepreneuse aujourd’hui. Je sensibilise aux handicaps visuel et moteur et je viens aussi de finir mon manuscrit !

Pour bien comprendre, quand et comment les chiens guides d’aveugles sont entrĂ©s dans ta vie ?

La dĂ©ficience visuelle est arrivĂ©e dans ma vie suite Ă  une maladie hĂ©rĂ©ditaire, j’ai longtemps refusĂ© la canne, jusqu’à devoir la prendre par dĂ©pit mais pour ma sĂ©curitĂ©. Un jour, lors d’une visite au salon Autonomic, je suis tombĂ©e sur le stand des chiens guides d’aveugles alors qu’on Ă©tait sur un stand Ă  cĂŽtĂ© de fauteuils pour Steeve. J’avais toujours cru que je n’avais pas accĂšs Ă  un chien car je perçois la lumiĂšre et ne suis pas dans le noir


Cela a Ă©tĂ© un grand chamboulement car je ne connaissais vraiment pas les chiens guides, et j’avais pas encore acceptĂ© mon handicap au final, ce qui a pris un peu de temps quand mĂȘme. J’ai fait une premiĂšre demande Ă  l’école des chiens guides de Paris, et on m’a prĂ©sentĂ© plusieurs chiens. Quand j’ai rencontrĂ© Delphy, une labrador noire, ça a Ă©tĂ© immĂ©diat entre nous. J’ai recommencĂ© Ă  apprĂ©cier mes sorties et Ă  me dĂ©tendre sur les trajets car elle connaissait nos chemins quotidiens.

On a vĂ©cu tellement de choses avec Delphy, on est parties au Gabon, Ă  Bordeaux, Ă  Deauville et on a fait des compĂ©titions d’athlĂ©tisme ensemble. Elle est partie maintenant au paradis des chiens
 Je suis trĂšs triste qu’elle soit partie, mais c’était le bon moment pour qu’elle ne souffre plus, elle a mĂȘme fait une lĂ©chouille Ă  Miami en lui confiant sa maĂźtresse.

Vers la fin, Delphy Ă©tait fatiguĂ©e et j’ai fait une deuxiĂšme demande de chien guide Ă  Paris. Je voulais changer de race pour avoir un berger allemand afin d’ĂȘtre moins embĂȘtĂ©e. J’ai d’ailleurs eu Loya qui a Ă©tĂ© remise Ă  Arthur avec qui je suis partie Ă  Bordeaux, avec Delphy. L’école de Paris n’ayant pas de berger allemand qui me convenait, ils ont fait une demande de mutualisation dans les Ă©coles de la FĂ©dĂ©ration Française de Chiens Guides (FFAC), et puis on m’a remis Miami de l’école des chiens guides du Nord – Centre Paul Corteville.

Miami est trĂšs diffĂ©rente de Delphy, mais j’ai continuĂ© sur ma lancĂ©e, dans le sport, et aussi l’entreprenariat puisque j’essaie de me professionnaliser pour mettre en avant le Made In France et le Made In Africa que j’adore ! Je viens aussi de finir mon manuscrit sur notre rĂ©cit de couple handicapĂ©, pour raconter tout notre parcours sur la parentalitĂ©, ce combat qui est difficile pour nous et n’est pas encore fini puisque nous menons notre derniĂšre bataille.

Est-ce que tu as quelque chose que tu as appris ou découvert avec les chiens guides ?

Je ne pensais pas qu’on pouvait ĂȘtre aussi libĂ©rĂ© d’esprit ! Avec la canne, j’étais tout le temps la tĂȘte baissĂ©e et le regard vers le sol, je ne faisais que compter les pas pour me dĂ©placer entre les diffĂ©rents points de repĂšre jusqu’à en avoir des maux de tĂȘte chaque jour. Avec le chien guide, ce que j’ai appris le plus c’est l’absence de limite !

Pour finir, quelle est ta plus grosse honte avec les chiens guides ?

Avec Delphy, ce n’est pas une honte mais plutĂŽt une grande peur. Je lançais un bĂąton dans la mer pour qu’elle me ramĂšne, et elle a mis longtemps Ă  revenir du fait des vagues…

Avec Miami, c’est en rentrant de Barcelone oĂč elle a fait caca dans l’aĂ©roport alors que je lui avait proposĂ© avant ! J’ai tout ramassĂ© avec un petit sachet mais bon, j’ai eu honte !

Et pour rééquilibrer, ton ou tes plus grands moments de fierté avec les chiens en éducation ?

Quand j’ai reçu un prix en France pour ma sociĂ©tĂ© qui s’appelait “En un clin d’Ɠil” au Gabon, Delphy Ă©tait prĂ©sente Ă  la remise des prix.

Avec Miami, j’en ai pas une particuliĂšre, tous les jours elle me rend fiĂšre ! Je suis super fiĂšre d’avoir terminĂ© mon livre et de l’avoir mis dedans.

Merci beaucoup à Keren pour ton pétillant et touchant témoignage, qui nous montre bien à quel point le chien guide peut redonner du peps dans une vie ! Au plaisir de se croiser dÚs que possible vers Paris !

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3 commentaires sur “🩼13 – Keren et Miami – Un chien guide pour un esprit libĂ©rĂ©

  1. Merci Estelle pour ce merveilleux partage!