E.

Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien Guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles, soutenu depuis cette année par la FFAC et et l’ANM Chiens Guides. Je m’appelle Estelle, je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles et bénévole pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu en tant qu’amoureux des chiens. Futurs bénéficiaires ou autres curieux comme moi ? Vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leur maître en vous demandant « Mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ? » Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée. Ou encore comment agir quand vous croisez un tel binôme ? Mon invitée du jour n’a pas un, mais deux chiens guides à ses côtés. Je vous présente en effet Doriane qui est guidée aujourd’hui par Pollie, mais qui a eu l’occasion de garder sa Fénice, maintenant retraitée.

E.

Toutes les deux de l’École des Chiens Guides de Paris, Doriane comprend dès sa première remise de Chien guide avec Fénice il y a des années maintenant, qu’il sera dur pour elle de se séparer de cet amour de chien qui lui a donné une nouvelle naissance en guidant ses pas. Alors, quand arrive l’âge à la retraite, Doriane ne voit pas d’autre choix que de la garder auprès d’elle, sans pour autant renoncer à son autonomie et à la quête d’un nouveau chien guide. Mais comment s’organiser au quotidien avec ses deux chien guide, l’une retraitée et l’autre en activité ? De ses premiers pas avec Fénice à sa vie avec Pollie, aujourd’hui, Doriane revient sur cette période de transition ou il a fallu penser à la retraite de Fénice tout en envisageant l’accueil de son futur Chien guide. À peine un an après l’arrivée de Pollie, Doriane ne regrette rien. Et puis, vous m’excuserez pour le son, il n’est pas au rendez vous aujourd’hui. Mais l’histoire de Doriane et sa spontanéité vaut tellement le coup. Alors maintenant, place à l’épisode.

E.

Bonjour Doriane.

D.

Bonjour Estelle.

E.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps, d’autant plus étant très chargée comme on va s’en rendre compte, pour échanger avec moi sur la thématique des chiens guides pour le podcast futur Chien guide. Mais est ce qu’avant tout tu pourrais te présenter rapidement stp ?

D.

Oui, je m’appelle Doriane, j’ai 56 ans et j’ai la chance d’avoir mes deux chiens guides à côté de moi. Donc Fénice qui est en retraite depuis un an et ma Pollie qui est arrivée dans ma vie maintenant depuis un an.

E.

Comment ça s’est passé pour toi du côté des Chiens guides ? Est ce que tu connais les Chiens guides depuis toujours ou est ce que c’est quelque chose que tu as connu sur le tard?

D.

 J’ai connu les chiens guides par des amis qui avaient déjà des chiens guides.

E.

D’accord!

D.

À l’époque j’étais pas intéressé par les chiens guides parce que pour moi j’en avais pas l’utilité. Par contre, j’ai toujours été très chien moi, je suis une passionnée des chiens. J’avais d’autres chiens, des chiens lambda. Et quand j’ai voulu faire ma demande de mon premier chien guide aux journées portes ouvertes, j’avais rencontré M. Romero à l’époque et j’avais dit « Est ce que je pourrais avoir un chien guide en ayant des chiens lambda? »

E.

Des chiens de compagnie quoi!

D.

Comme le chien de mon mari qui est maître chien, et j’avais une petite chienne donc il m’avait dit qu’il n’y aurait pas de soucis, que je pouvais faire ma demande de chien guide. C’était avant d’avoir Fénice. J’ai eu Fénice en 2012.

E.

Avant d’avoir Fénice comment ça se passait dans ton quotidien ? Tu te dirigeais à la canne ou pas du tout?

D.

Je dirigeais sans canne, ma vision a avancée avec le temps. Il fallait que je prenne la canne et ça a été très dur pour moi d’accepter de prendre la canne. Et à un moment, j’ai été obligée parce que je ne voulais pas prendre la canne et un moment, je n’en pouvais plus. Je me cognais partout. Et puis les gens surtout, qui ne comprenaient pas parce qu’ils croyaient que je leur rentrais dedans, que je faisais exprès. Donc il a fallu que je prenne la canne et ça a été très dur de prendre la canne pour moi. J’y arrivais pas! Prendre la canne, ça me mettait mon handicap en plein visage. Comme j’aime les chiens avant tout, j’ai dit pourquoi pas demander un chien guide. C’est pour ça que j’ai fait ma demande de Chien guide avant d’avoir ma Fénice et quand j’ai eu ma Fénice, alors là, ça a été un déclic, une grande histoire d’amour avec Fénice. Je connaissais pas du tout la race du Flat-Coated.

E.

C’est ce que j’allais te demander. Fénice est une belle Flat-Coated retriever noir.

D.

Du coup voilà et ça a été un coup de foudre avec cette chhienne. C’est vraiment un coup de foudre. J’avais essayé d’autres chiens, mais Fénice, c’était un coup de foudre, que ce soit elle ou moi. On a eu une fusion tout de suite, vraiment un coup de foudre et ça a marché tout de suite. Et c’est vrai que Fénice m’a beaucoup apporté et elle a effacé mon handicap comme je l’ai dit et m’a redonné une deuxième naissance. On a tellement fait de choses ensemble et vécu tellement de choses que je me suis toujours dit le jour où elle va  être en retraite, ça va être très dur pour moi moralement.

E.

Tu le savais dès le départ que l’aventure allait être folle et très fusionnelle. Et de fait, ça s’annonçait déjà compliqué pour la fin. Donc c’est quelque chose que tu avais déjà anticipé, en fait ?

D.

Ah oui, parce que je voyais les années passer et j’avais déjà demandé aux huit ans du chien on passe la fameuse séance gériatrique. On prépare la retraite de ton chien à huit ans pour te préparer déjà psychologiquement. Et moi, j’avais dit à l’école je ferai tout pour garder ma chienne à la retraite. C’est possible parce que c’est l’école qui décide de la retraite du chien et j’avais demandé d’avoir un autre Flat-Coated parce que dans le comportement du Flat avec son maître, c’est tellement fusionnel. Je ne savais pas quel chien j’allais avoir, donc j’ai demandé et après le temps a passé puisque c’était en 2018. J’ai renouvelé ma demande pour un nouveau chien guide parce que j’étais dans l’aventure avec un chien  guide, c’est tellement merveilleux. L’âge approchait, les années approchaient, je me suis dit que quand même, j’essaye de me préparer à sa retraite et je n’y arrivais pas. Je me disais elle va me guider jusqu’à la fin, mais à un moment, je sentais qu’elle fatiguait et je poussais un peu l’école pour la mettre en retraite.

D.

Elle a été mise en retraite le 19 mars 2021, mais elle ne refusait pas de travailler mais elle fatiguait.

E.

Tu le voyais?

D.

Elle ne m’a jamais fait tomber, ça, c’est sûr. Elle travaillait toujours et ne refusait pas. Mais je sentais qu’elle fatiguait, qu’elle avait besoin de se reposer.

E.

Après toutes ces belles années avec Fénice, tu vois que c’est un peu la fin pour le guidage. En tout cas que c’était compliqué pour elle de te suivre parce qu’elle t’a quand même, comme tu disais, donné une deuxième naissance. Donc grâce à Fénice, ta vie s’est à nouveau remplie de plein d’occupations.

D.

Plein d’occupations. J’ai fait tellement de sensibilisation pour l’école et pour la MCGA, mais maintenant c’est l’ANM’ Chiens Guides. Moi, j’ai fait beaucoup de choses avec elle, elle m’a donné beaucoup de joie et on a vécu tellement de choses ensemble, des bons moments comme des durs moments parce que je suis tombée gravement malade. Donc il y a une coupure, j’ai été hospitalisée dans le coma et tout et là, elle est restée avec mon mari. Il y a eu une coupure avec cette chienne et quand je suis revenue à la maison, le lien s’est encore renforcé parce qu’elle a tellement eu peur, parce qu’elle n’a rien compris. Même moi, j’ai rien compris. J’étais dans le coma et je me suis réveillée au bout de trois ou quatre jours et je ne savais pas ou j’étais. J’ai rien vu venir, donc c’est ça qui a été dur. Et après, il a fallu que je réapprenne à parler, à marcher, beaucoup de choses. Donc elle était toujours là, à côté de moi.

E.

Elle a été un peu ta référence avec tes proches, de cette vie qui continue, de cette vie qui doit aussi se remobiliser, se retrouver, quoi ?

D.

Elle était toujours près de moi,  même qu’elle ne comprenait pas pourquoi je marchais plus. Je voulais revivre comme avant et j’avais tellement peur parce qu’à l’époque, c’était en 2014. Donc elle est encore jeune. J’ai dit si je ne peux plus marcher, l’école va me la reprendre, c’est sûr. Et comme je ne voulais pas qu’on me l’a reprenne, je me suis battue pour remarcher. Et avec elle à côté, mon mari ne le sait pas, mais des fois je tombais dans la rue avec elle et elle s’assoyait à côté de moi et me léchait l’air de dire « Vas y, continue, tu vas y arriver ». C’est pour ça que c’était très dur. On a eu un passage très dur toutes les deux.

E.

Mais vous avez été la force mutuelle l’une de l’autre. Elle, elle n’était là que pour toi et et toi grâce à sa présence, du coup, ça t’as permis de remonter peut être plus rapidement la pente et de retrouver toute ta mobilité en tout cas.

D.

Oui, parce que les médecins m’avaient condamnée, donc je ne devais pas fêter mes 50 ans et je les ai fêtés.

E.

Avec Fénice.

D.

Avec Fénice voilà.

E.

Quand tu as vu que Fénice fatiguait un peu, donc tu as fait cette nouvelle demande de chien guide à l’école de Paris.

D.

Et en disant qu’il fallait la mettre en retraite parce que je sentais qu’elle fatiguait. Donc ils ont accepté de la mettre en retraite en décembre 2020 ou là je pouvais m’en servir qu’autour de chez moi au harnais. Le 19 mars 2021, c’était sa retraite définitive et là j’étais rassurée parce que j’ai signé avec l’école, comme quoi je pouvais la garder à mes côtés.

E.

D’accord!

D.

Tant que je n’avais pas signé avec l’école, j’étais inquiète parce que s’ils la reprenaient, ça aurait été trop dur pour moi moralement. Et quand j’ai signé un contrat avec Stéphane, alors là, j’ai dis c’est bo,. Ils ne vont plus me la reprendre, elle est à moi jusqu’à la fin.

E.

Parce qu’il y a toujours cette petite incertitude, mais qu’il faut bien voir avec l’école. C’est l’école de Chien guide, auprès de qui vous dépendez, qui permet de clarifier tout ça, puisque le chien, comme on le dit souvent, est en effet la propriété de l’école de A à Z. Alors dans certaines écoles, la propriété est cédée à partir de la retraite. Ce n’est pas le cas à Paris et il y a des pours et des contres dans chacune des situations. Et c’est vrai que là donc l’école a accepté et a signé. Alors tu as signé un contrat par rapport à cette mise à la retraite qui fait de toi maintenant sa famille de retraite, un peu comme on en avait discuté du coup avec la famille de retraite de Finelet qui était auprès, du coup, de Fabienne pendant de longues années, avec qui j’ai eu l’occasion de discuter il y a quasiment un an dans l’épisode quinze, et on avait enchaîné l’épisode suivant avec justement la famille de retraite qu’avait trouvé l’école avec Fabienne, donc Christelle et David qui m’avaient parlé de ce contrat aussi.

E.

Ben voilà, tu signes comme quoi tu es la famille de retraite et ce qui m’intéressait avec toi et ton aventure avec Fénice et la miss qui vient après, c’est que du coup tu as choisi et tu as eu l’opportunité, je dirais même. Parce que même quand on essaye de choisir cette option, elle n’est pas forcément compatible avec son mode de vie ou son rythme de vie ou son cadre de vie. De pouvoir garder ta chienne guide à la retraite et d’en accueillir une autre.

D.

Il faut gérer bien deux chiens, parce que moi j’ai toujours eu plusieurs chiens. Quand j’ai eu Fénice, j’avais deux chiens ça faisait trois chiens. Après, j’ai perdu mon malinois Fénice elle s’est retrouvée toute seule. Donc maintenant j’ai deux chiens, donc c’est un avantage pour moi. Mais pour d’autres, c’est peut être un inconvénient parce qu’il faut quand même s’occuper de deux chiens. Il ne faut surtout pas mettre Fénice de côté. Il faut jouer avec nos chiens, il faut sortir avec deux chiens. C’est pour ça que le mardi, ça reste pour Pollie à l’école, la détente, un collectif et Fénice le samedi avec une amie qui me permet de sortir dans les bois Fénice pour qu’elle ait sa petite détente à elle. Bon maintenant vu l’âge c’est des petites détentes parce qu’elle va sur 12ans. Donc elle a pas mal de problèmes de santé au niveau d’arthrose et puis elle est sous médicaments parce qu’elle a une maladie qui s’appelle le syndrome de cushing qui est aussi un cout. Mais elle m’a tellement rendu de services qu’elle mérite que je la soigne jusqu’au bout.

E.

Du coup, cette mise à la retraite est décidée en mars 2021. Qu’est ce qui se passe de ton côté ? Donc, bien sûr, tu gardes Fénice. Mais il y a donc Pollie qui va rentrer dans ta vie. Comment ça s’est passé ? Est ce que tu avais anticipé avec Fénice l’arrivée d’un nouveau chien ? Comment tu as géré ?

D.

Moi, je me suis demandé Fénice comment elle va accepter sa retraite. Parce que comme elle était toujours fusionnelle avec moi, comment elle va accepter l’arrivée de Pollie puisque c’est Pollie. Quand je partirai avec Pollie au guidage, j’appréhendais et ça c’est bien passé. Je pense que Fénice, elle, a compris que la jeune avait pris sa place. Moi, c’est moi qui me rendait malade. Je me disais comment elle va être malheureuse et tout. Par contre, au début, c’est vrai que je sors toujours un peu Fénice avant de partir. Dès que je rentre, je m’occupe de Fénice.

E.

Quand Pollie est arrivée, elle est aussi arrivée progressivement dans ta vie.

D.

Progressivement, alors l’école avait dit pour l’arrivée de Paollie, il fallait que Fénice ne soit pas présente. J’ai dis « il ne faut pas qu’elle soit présente? J’ai jamais quitté Fénice! » Mais j’ai trouvé une dame qui est bénévole à l’école et qui a adopté Maya, une chienne guide qui a été réformée. Donc du coup, j’avais demandé si elle pouvait me prendre Fénice. Elle m’avait dit qu’il fallait qu’elle la prenne que cinq jours. Donc elle est venue chercher Fénice. Alors moi j’en étais malade.

E.

En dehors de l’hospitalisation, on va dire c’était la première fois ou tu n’étais pas avec elle.

D.

Elle n’était pas loin, elle était dans la ville d’à côté. J’ai accompagné ma chienne jusqu’à sa voiture. J’avais donné tous ses jouets, tout son lit. Tout cela s’est très bien passé. Et Pollie est arrivée. Stéphane me l’a amenée le lendemain pour qu’elle s’habitue à son environnement et pour créer un lien avec ma nouvelle chienne.

E.

Donc là, en tant que chien de compagnie, pas encore au guidage, mais c’est la première étape de création du lien, exactement ce que tu viens de dire entre vous deux.

D.

Pollie c’est vrai que une petite labrador.

E.

Noire aussi.

D.

Noire aussi. Au début elle était… On n’avait pas l’impression d’avoir un chien. Elle ne bougeait pas de son panier. Ça me faisait drôle parce que par rapport à Fénice qui était… Le Flat c’est sur ressort.

E.

Ça a beaucoup d’énergie.

D.

J’avais pas l’impression d’avoir un chien. Et puis, avec le temps, le deuxième jour, elle a commencé à venir auprès de moi. Il y a le lien qui commençait à se créer. Et après donc elle est repartie à l’école et le week end après, ils me l’ont amenée pour qu’elle s’entende avec Fénice, Fénice était là.

E.

Et alors ? Comment ça s’est passé entre elles ?

D.

Alors au début, bon Fénice  faisait un peu la jalouse, c’est normal. Mais ça s’est très bien passé parce que Pollie elle est très très calme. C’est une chienne hyper calme. Bon, maintenant, avec le temps, ça va faire un an qu’elle est avec moi, elle a pris de l’assurance. Mais au début, elle était très, très timide, très discrète. Elle est toujours très discrète, sauf quand elle court dans les bois. Mais elle est très discrète, ça s’est super bien passé et après j’ai commencé le stage à l’école.

E.

Et là, c’est le stage de remise dont tu nous parles.

D.

Et j’ai fait ma remise aussi à domicile.

E.

Donc beaucoup de choses sont faites à domicile. Comment tu as géré,  justement ce fait d’avoir un chien qui n’est plus au guidage et d’en avoir un avec qui tu pars. Fénice finalement, a bien compris tu nous le disais tout à l’heure que c’était la retraite pour elle. Mais pour autant, tu ne l’as pas forcément délaissée. C’est ce que tu nous dis.

D.

 Oui, il faut prendre du temps. Faut pas délaisser le chien guide à la retraite. Il faut prendre le temps de jouer avec elle et puis de la sortir aussi. Des fois, j’ai des temps que pour elle et moi, ça veut dire que Polly reste à la maison et c’est Fénice qui a un temps que avec moi. Je fais des petites balades avec elle dans le parc ou les deux ou toute seule des fois. Comme quand je vais à la mer, à mon mobil home, au bord de la mer, je fais de balades à la mer. Je prends Fénice toute seule, parce qu’elle ne peut pas faire toute la plage et je pars à la canne avec Fénice. Un petit tour à elle et je rentre et je prends Pollie après. Donc je reste quand même toujours un lien avec chacunes, bon des fois elles sont ensemble. Mais des fois j’essaye d’avoir que mon lien privilégié avec Fénice.

E.

Oui, du coup, au quotidien, tu dédies des temps à chacune d’entre elles. On va dire, comme tu nous a dit, la détente collective du mardi. Qui est organisée par l’école. Là, c’est Pollie en tant que chien guide qui y participe. Et tu as l’occasion de pouvoir faire une détente qu’avec Fénice le samedi. Ce qui permet aussi d’avoir des rythmes de détente différents parce que j’imagine qu’elles n’ont pas le même âge, comme tu nous l’as dis, la balade est plus courte pour l’une que pour l’autre.

D.

Voilà, parce que Fénice, il faut que 30 minutes de détente à peu près, ça va vite. 30 minutes, ça va vite.

E.

Et du coup, si tu devais nous donner un petit peu les avantages et les inconvénients? Alors on a déjà parlé un petit peu des inconvénients, mais surtout des choses à prendre en compte avant de se lancer dans l’aventure, d’avoir son nouveau chien guide en ayant aussi son ancien en retraite. Tu me disais qu’il y a des coûts qui sont inhérents à un chien qui est vieillissant en fait, tout simplement.

D.

Oui, moi j’ai gardé Fénice sur l’assurance. Bon, je paye quand même deux assurances, mais comme Fénice va en vieillissant donc l’assurance un peu plus chère

E.

En effet.

D.

Ça me dérange pas parce qu’ils me donnent tellement d’amour ces deux chiens.

E.

Donc oui, il y a ce côté un peu financier. Et puis on parle d’assurance, on parle de maladie, mais il y a les croquettes aussi.

D.

Le double de croquettes. Il y a le temps, parce qu’avec deux chiens il faut plus de temps pour la personne, parce qu’il faut s’occuper de deux chiens. Donc, comme ils n’ont pas le même âge, c’est une détente pour Fénice, une détente pour Pollie, une ballade pour Fénice, une ballade pour Pollie et puis jouer. Puisqu’il faut jouer avec les deux. Donc c’est vrai que Fénice je joue un peu avec elle et puis apreès c’est Polly. En général, je joue avec les deux parce que dès que je prend les jouets, les deux jouent en même temps. Donc il y en a une qui arrête avant l’autre. Et puis voilà.

E.

Oui, c’est ce que j’allais dire. Il y a quand même un avantage, c’est qu’en fait elles jouent ensemble, pour le coup.

D.

Oui, mais il faut que je freine Fénice parce qu’elle croit qu’elle est jeune. Quand Pollie commence à courir, il faut que je freine Fénice parce qu’elle voudrait la suivre, mais elle n’a plus l’âge.

E.

Oui, donc tu prends soin de chacun en fonction de ses besoins et ça, c’est très important. C’est pas juste faire deux fois les choses, c’est aussi s’adapter à l’âge de chacun puisque dans la situation ou l’on garde son chien guide à la retraite et l’on accueille le nouveau ensuite, avec son chien guide à la retraite aussi, c’est qu’il y a certes deux chiens, mais qui n’ont pas du tout les mêmes besoins parce qu’ils n’ont pas les mêmes âges par définition.

D.

Pas les mêmes besoins, bon de l’amour toutes les deux elles en ont autant parce qu’il faut donner autant d’amour à Fénice que ce que je donne à Pollie. Par contre ce qui est merveilleux, c’est le réveil. Le réveil de mes deux chiens, j’ai Fénice qui arrive la première avec son chausson. Parce que ça c’est toujours le « mon chausson » qu’elle m’apporte dans la figure, puis il y a Pollie qui arrive. Alors des fois, elles doivent se parler entre elles parce que quand il est très tôt et que je dis « non non, il n’est pas l’heure de se lever, allez vous coucher les filles » et puis hop il y en a une qui arrive et puis elle va se coucher et puis c’est l’autre qu’arrive. Alors au bout d’un moment, je suis obligée de me lever.

E.

Elles testent.

D.

Elles testent. Elle dit « vas y toi, c’est à ton tour ». On dirait que’elles se parlent.

E.

Tu as fait une organisation spécifique, enfin même si tu avais plusieurs chiens avant qui n’étaient pas tous des chiens guides. Mais dans ta maison, j’imagine qu’elles ont chacune un panier?

D.

 Elles ont chacune leur panier. J’ai acheté chacune leur panier, puis elles s’échangent les paniers. Donc j’avais acheté un panier pour Pollie, c’est Fénice qui se l’ait accaparé, puis Pollie a accaparé  l’autre, elles se débrouillent. Mais des fois, elles ont une grosse caisse en bas et elles dorment ensemble.

E.

J’en vois souvent des photos des deux filles, des deux miss. Mais en tout cas, c’est sûr que c’est bien aussi. On voit le point positif, c’est quand même tout cet amour déjà Fénice toute seule t’en donner énormément. Et je pense que là, du coup, quand vous êtes à la maison, en fait il n’y a plus de notion de guidage puisque c’est vraiment dans les déplacements que Fénice te guidait. Et Pollie a pris la suite, mais à la maison, au final, elles sont un peu sur le même pied d’égalité.

D.

 Elles me donnent chacune leur amour différemment, mais leur amour différent.

E.

On entend des clochettes derrière toi?

D.

 C’est la Pollie justement, je lui mets une clochette parce que souvent je l’enferme dans les pièces, comme c’est une chienne qui n’abboie pas. J’ai pas entendu le son de sa voix depuis que je l’ai ça va faire un an.

E.

D’accord, donc tu lui mets une petite clochette ?

D.

Oui, parce que des fois je la cherche, parce que je l’enferme dans une pièce comme elle me suit partout , du coup je ne sais pas où elle est. Des fois je la cherche et puis au bout d’un moment, je me dis « mais elle est où? ». Et puis elle est enfermée dans une pièce, elle attend que je vienne lui ouvrir.

E.

Oh elle est toute mimi alors!

D.

Ouais ouais elle est mignonne. C’est vrai que j’avais demandé un Flat à l’école, mais je ne regrette pas d’avoir un labrador, c’est différent. Euh, part par son comportement. Elle est très mignonne et j’en suis contente. Elle travaille bien et c’est ce que je lui demande. Donc c’est différent du travail de Fénice parce qu’on ne compare pas. Et dans un sens, je me dis heureusement que je n’ai pas eu un Flat parce que j’aurais peut être trop comparé mon nouveau chien guide avec Fénice.

D.

Si c’était un Flat aussi peut être qu’il aurait été différent de Fénice en tant que Flat. Que là, je pars sur une autre race. Il y a la Pollie qui me donne sa patte. Qu’est-ce que tu veux Pollie?

E.

Donc là, c’est vrai que finalement, tu ne regrettes pas d’avoir pu t’ouvrir à une autre race. C’est sûr que du coup, ça évite la comparaison.

D.

Et puis, je voulais vraiment que Fénice soit en retraite et je me suis dit si je refuse Pollie… De toutes façons j’ai eu Pollie, je n’ai pas eu le choix de choisir. J’ai dit reprendre la canne ça aurait être trop dur. J’ai eu la canne quelque temps puisque, pas beaucoup. Et j’avais dit « ho là là ». Aller rien qu’à la pharmacie avec la canne, quand on est habitué, et pourtant je connais mon quartier, mais quand on est habitué à un chien, j’ai mis trois plombes pour aller à la pharmacie.  Et j’ai dis « tiens, il y avait des trucs là? Des obstacles? » Que moi, avec le chien, je ne savais pas. C’est pour ça que je me dis, bon, je ne suis pas resté trop longtemps sans chien. Moi ça faisait quand même neuf ans  que Fénice me guidait. Reprendre la canne au bout de neuf ans, déjà la canne je n’aimais pas! Mais déjà je me suis dis reprendre la canne, je préfère rester chez moi que d’aller avec la canne. Mais bon, fallait bien que je sorte quand même!

E.

Oui, c’est sûr que là, on voit un peu. On a parlé des éléments à prendre en compte avant de prendre un autre chien en ayant son chien guide retraité, c’est de s’assurer justement d’avoir un peu ce temps en plus.

D.

Ça prend du temps en plus. Bon moi c’est vrai, j’ai toujours, comme je t’ai dis, gérer plusieurs chiens parce que avant d’avoir Fénice, j’avais des chiens. Quand Fénice est arrivée, j’avais deux autres chiens, ça me faisait trois chiens à gérer. Et puis, c’est vrai que moi plus je suis entourée de chiens, plus je suis heureuse.

E.

Mais c’est chouette en tout cas d’avoir l’opportunité et la possibilité de les garder.

D.

C’est vraiment sympa. Je me suis dit si jamais l’école n’acceptait pas de laisser Fénice à la retraite, je me suis dit tant pis, je garde ma Fénice jusqu’au bout. Et même si je n’ai pas de chien, je garde ma Fénice jusqu’au bout. Ça aurait été dur parce que je n’aurais plus eu beaucoup de sorties, mais je n’aurais pas pu m’en séparer. Ça aurait été trop un déchirement. Parce que bon, un chien, j’ai eu d’autres chiens hein mais les chiens guides, c’est différent le lien. Moi, j’ai toujours eu des chiens, j’ai eu des chiens lambda, j’ai aimé mes chiens et les chiens faisaient partie de ma famille. Mais les chiens guides, c’est différent. Le lien est encore plus fort je trouve.

E.

Et je me demandais si dans toute l’aventure et l’histoire que tu as eu depuis le début avec les Chiens guides, il y avait quelque chose que tu avais appris ou découvert? Enfin vraiment quelque chose dont tu ne te doutais pas, quand tu as fait ta demande au tout début pour avoir ce premier chien guide ?

D.

Je pensais pas qu’un chien pouvait faire tout ce que faisait un chien guide et pourtant je connaissais bien les chiens. Et surtout comment un chien peut apprendre tout ça au niveau du guidage, tout ce qui est obstacle en hauteur, tout quand il y a des dangers, comment ils arrivent à gérer les situations d’un danger. Comment ils peuvent te désobéir ? Ça m’est arrivé avec Fénice et avec Pollie sur un trajet. Une fois, j’avais demandé à Fénice d’aller quelque part et elle refusait d’y aller. « Mais pourtant d’habitude tu passes » mais je ne comprenais pas ce qu’il y avait, il y avait quelque chose mais moi je n’arrivais pas à comprendre la situation. C’était les rétroviseurs du camion qui était garé, elle elle pouvait passaer mais moi je me serais tapé les rétroviseurs dans le visage. Et là la personne ne comprenait pas, elle me dit « mais vous pouvez passer » Et après, avec le temps j’ai dis « vous avez des rétroviseurs? » Il me dit « ben oui », donc j’ai dis « est ce que vous pouvez les rabattre? » Il les a rabattu et elle est passée, donc c’était ça. Et Pollie une fois je m’en allais et bien à l’école, donc c’est mon trajet je le connais d’habitude puis qu’on le fait tout le temps. Donc elle fonçait, elle fonçait et à un moment elle a stoppé.

D.

J’ai dis « mais pourquoi tu t’arrête? » Et je la forçait. On passe d’habitude par là et là elle ne voulait pas passer, alors elle s’était couchée. Je ne comprenais pas. Et il y a quelqu’un qui passe et qui me dit « vous avez un soucis? », j’ai dis « ma chienne elle ne veut pas passer là et a fait demi tour ». Et il me dit « mais elle a raison votre chienne. » Il y avait un gros trou et les ouvriers avaient oublié de mettre un panneau.

E.

Ils n’avaient rien mit du tout pour prévenir.

D.

Non rien. Voilà c’est les deux trucs qui m’ont marquée. Autrement, il y a tellement de choses. On pourrait en parler des heures.

D.

Des choses dans le guidage qui m’étonne toujours hein. Même Fénice au bout de quelques années. elle m’étonnait toujours.  Pollie, ça va faire qu’un an mais elle m’étonne quand même.

E.

Et la transition entre Fénice et Pollie n’a pas été trop rude pour toi?

D.

Si c’était un peu différent, parce que Pollie ne travaille pas de la même façon que Fénice.

D.

Fénice, quand je mettais le harnais, il n’y avait plus rien qui comptait. Elle était à fond dans son travail, c’est à dire dès que je mettais le harnais, même mon mari qui la connait bien, lui parlait et elle ne réagissait plus. Elle était dans sa bulle, elle dit « Maintenant, je suis au boulot, plus personne ne me parle ». Que Pollie est un peu plus discrète, c’est à dire qu’elle aime bien travailler parce que quand je lui montre le harnais, elle est la première dans le harnais. Par contre, au début, elle est bébé, elle était curieuse, elle s’arrêtait, il fallait la remotiver beaucoup plus que Fénice. Fénice j’avais juste à dire on part.

E.

Mais oui, bien sûr, ça reste quand même deux chiennes très différentes.

 

Pollie des fois, même encore maintenant, mais moins, il faut beaucoup plus la motiver que Fénice. Mais quand elle travaille, elle travaille! Ça roule tout seul parce que moi je donne toute ma confiance aux chiens.

E.

Oui, mais ça, c’est nécessaire.

D.

Et le chien le ressent, c’est ce que des fois j’explique aux gens, quand j’ai une sensibilisation. Il faut donner la confiance au chien. Et c’est vrai que le chien plus tu lui fais confiance, plus tu lui donnes toute ta confiance, il travaille bien. S’il voit que tu n’as pas confiance, il se dit « esct-ce que je travaille bien? Est-ce que j’ai fait une erreur ou quoi?  » Mais ce n’est pas évident de donner confiance au chien. La première fois qu’on vous, dit quand j’ai une Fénice, qu’il faut donner la confiance au chien, j’ai dis « on met quand même notre vie entre les pattes d’un chien ».

E.

Exactement.

D.

Et si on se rend compte qu’il nous fait traverser n’importe où? Dès que je mets le harnais, j’ai totalement confiance au chien. Il est vrai que ça m’est arrivé une fois de dire à Fénice: « mais qu’est ce que tu fais ? » Ou même à Pollie: « qu’est ce que tu fais? Je ne suis pas au même endroit que d’habitude? » Mais en fait, ils ont raison. Donc maintenant, je dis rien, je leur fais confiance. Si je fais un détour pour rentrer à la maison, c’est qu’elle avait ses raisons. Il y a une logique, soit il y a des travaux. À partir du moment ou je lui dis qu’on va à la maison et qu’elle m’amène à la maison, donc csi elle prend un autre chemin, c’est qu’il y a des travaux ou des choses comme ça.

E.

Je me demandais justement, tu nous parles de toutes ces situations ou elles se sont adaptées vraiment à l’évolution du quartier, etc. Est ce qu’il y a un moment plus particulièrement ou elles, que ce soit Fénice ou Pollie, elles t’ont vraiment bluffée?

D.

De mémoire peut être, mais je ne m’en souviens plus. Fénice sûrement, Pollie je pense aussi. Oui, sur certains parcours peut être, mais de là lesquels ? Je ne m’en souviens plus. De toute façon elles me bluffent tous les jours, il y a des choses nouvelles avec Pollie comme avec Fénice. FDe toute façon, je les trouve tellement merveilleuses ces deux chiennes que je vois pas vraiment ce qu’il pourrait y avoir  de plus. Franchement je ne pourrais pas dire parce que je suis tellement fusionnelle avec les deux. Quand je sors avec mon chien ou ne forme qu’une seule personne si tu veux, quand je suis avec Fénice, on n’est qu’une personne et quand je suis avec Pollie, on n’est qu’une personne. Donc je ne fais plus attention vraiment à tout, donc…

E.

En tout cas je confirme, quand on s’est croisées. Alors je ne t’ai pas encore recroisée depuis que Pollie est arrivé dans ta vie. Mais quand on s’était croisées plusieurs fois avec Fénice, c’est vrai qu’il n’y avait pas de doute, c’était le binôme Doriane et Fénice. Et puis tu lui écris de si beaux textes. En plus, tu prends ta plume régulièrement et Pollie aussi, bien sûr, n’est pas en reste.

D.

C’est vrai que je n’ai plus trop le temps de prendre la plume puisque je me suis lancée dans le théâtre avec Pollie. Elle va faire une pièce avec moi au mois de juin. Elle va être sur scène.

E.

Génial !

D.

Donc non. C’est vrai qu’elles sont tellement… Je pourrais parler des heures de toutes les deux. Bon, c’est vrai, Fénice a été ma première, donc il y a toujours un petit truc par rapport à Pollie mais Pollie elle a d’autres choses que Fénice n’a pas. Donc en fait elles sont complémentaires.

E.

Et tu nous parlais des sensibilisations que tu fais, de tes activités de théâtre etc. Je me demandais s’il y avait une ou plusieurs rencontres que tu avais fait grâce aux chiens guides? Peut être dans le cadre de sensibilisation.

D.

Alors avec Fénice, parce qu’avec Pollie je n’en ai pas fait beaucoup avec le virus qui empêchait d’avoir des sensibilisations pendant longtemps. Avec Fénice, qui est ce que j’ai rencontré ? Beaucoup de gens formidables dans des entreprises ou pendant les sensibilisations. Bon les familles d’accueil parce que je connais beaucoup de familles d’accueil. PUne fois j’ai, j’ai eu la chance de rencontrer à un repas où on avait été, c’était pas une sensibilisation. Mais Daniel Gilbert, que j’ai demandé à avoir une photo avec elle. J’ai rencontré, comment il s’appelle? Celui qui fait le sport. Manfort, Monfort?

E.

Nelson?

D.

Nelson , voilà! J’y ai été au culot. J’avais entendu sa voix. J’ai dis aller on va aller  leur parler pour savoir si… J’avais donné même la carte de l’école.  J’ai tellement rencontré de gens que je ne me rappelle plus. J’ai rencontré beaucoup de personnes, et puis bon c’est vrai que ma mémoire avec ma maladie m’a joué beaucoup de choses. Donc je ne me souvient pas de tout.

E.

C’est sûr que ça fait beaucoup de rencontres.

D.

J’ai rencontré des gens formidables et puis des enfants, les enfants, les enfants dans les écoles. C’est merveilleux les enfants dans les écoles. Quand je fais de sensibilisations pour des classes d’enfants, ils sont tous les adultes de demain. Mais ils ont des questions plutôt rigolotes sur le chien guide. Quand on leur dit que c’est des chiens qui vont à l’école, ils posent des questions. Il y a des enfants qui m’ont dit:  » mais Fénice, c’est elle qui vous choisit vos vêtements ? » Tu sais ils ont des interrogations, c’est rigolo.

E.

Ils te posent des questions un peu originales comme ça?

D.

Oui, les enfants oui.

E.

J’avais jamais eu la question « est ce que c’est elle qui choisit tes vêtements ? ».

D.

Oui, parce que comme ils disent que je fais tout avec Fénice, il y a un moment il m’a dit: « je peux poser une question? C’est elle qui vous choisit vos vêtements? » Alors je lui ai dis « non, on n’a pas les mêmes goûts. » Alors il a rigolé. Alors je lui ai dis « elle me les amène » parce que bon quand on dit qu’un chien guide ils vous aide sur tout, alors bon, les enfants ils se disent s’il aide sur tout alors dans les magasins, c’est elle qui choisit les vêtements.

E.

Mais c’est rigolo ces mots d’enfants en tout cas, ils sont pleins d’imagination. Mais je me demandais si tu avais eu un pire et un meilleur moment à nous confier que tu as eu avec Fénice ou avec Pollie, même si c’est plus récent?

D.

Alors avec Fénice… Fénice non je ne m’en rappelle pas. En tout cas, Pollie, le jour de Noël, le 25 décembre. Comme je t’ai dis qu’elle n’abboie pas quand elle est enfermée dans une pièce, mon mari avait préparé le foie gras sur une assiette pour les inviter au 25. Donc il y avait 7 tranches de foie gras et Pollie on ne savait pas où elle était. Et comme elle me suit partout, elle avait été dans le garage au frais. Et à un moment, j’ai dis « mais il me manque un chien là. Il n’y a que Fénice et Pollie elle est où? » Pollie elle était dans le garage, mais comme elle disait rien, et bien elle s’est tapée tout le foie gras.

E.

J’en connais une qui me racontait la même chose, Laurianne de l’épisode 37 le mois dernier. Elle m’a dit, d’ailleurs c’est un audio puisque c’était un épisode en immersion avec les petits audios que j’ai ajouté. Elle nous a raconté la même chose que la miss Persia à Noël, elle s’était fait quelques tranches de foie gras à portée de museau.

D.

Toutes les tranches de foie gras. Et puis les invités étaient là mais on n’avait plus de foie gras et donc c’est rigolo. Mais bon, j’avais peur qu’elle soit malade plutôt.

E.

Ouais, c’est ce que j’allais dire. Elle n’a pas trop été malade après?

D.

Même pas une diarrhée, rien du tout.

E.

Bon. Tant mieux. En tout cas. Et les meilleurs moments? J’imagine qu’il y en a plein.

D.

Il y en a plein. Tous les jours, c’est des meilleurs moments avec eux. Moi comme je te dis, je suis tellement heureuse de les avoir toutes les deux, les câlins, l’amour qu’elles me donnent, et puis l’aide. Parce que même Fénice si elle ne travaille plus, elle est toujours là. Et même quand je la sors en laisse, elle a toujours l’instinct de faire attention à moi. Et oui, parce qu’elle n’a pas oublié quand même. Bon elle a oublié l’obéissance, c’est sûr que maintenant… Déjà rien que pour faire les photos, le mot assis elle ne savait plus ce que c’était.

E.

Il y a des choses qui sont… Mais du coup, elle ne les applique plus quoi ?

D.

Elle ne les applique plus! Pour les gamelles, quand je prépare les gamelles, elles ont chacune leur place pour les gamelles. Euh, Pollie, elle attend sagement sur son tapis. Quand je prépare les gamelles, elle est la première pour la gamelle, dès que c’est l’heure. Elle attend déjà sur le tapis à sa place, que je prépare les gamelles. Mais la Fénice, la Fénice elle est à la porte de la cuisine et elle danse et  elle saute. Et puis elle arrive, je lui dis « à ta place sur le tapis », mais elle est arrivée à la gamelle avant que je lui dise. Je la laisse un peu parce que je me dis  elle a tellement travaillé cette chienne. Mais Pollie elle attend sagement.

E.

En fait c’est rigolo, elle revient un petit peu, comme quoi la vie est un cycle puisqu’elle revient un petit peu aux apprentissages qu’elle perd au fur et à mesure. Alors je dirais pas qu’elle les perd parce que je pense qu’elle le fait un peu sciemment.

D.

Et c’est qu’elle se dit « attends moi je suis en retraite, tu me laisses. »

E.

Je fais ce que je veux, j’ai bien donné et je vis ma vie.

D.

Alors elle fait chien de garde maintenant. Ah ouais, elle fait chien de garde, elle aboie beaucoup. Quand ça sonne, c’est elle qui fait le chien de garde avec son poil hérissé. Mon mari me dit: « On dirait un lion ».  Comme elle a le poil long et la collerette, ça fait comme un lion. Mais bon autrement elle est adorable. Mais bon, c’est vrai… Et puis bon maintenant je la laisse, c’est sa retraite. J’insiste pas trop pour qu’elle obéisse. Enfin si,je veux quand même qu’elle obéisse mais bon je passe un peu plus sur ça, je me dis elle a donné donc voilà.

E.

Oui, elle a un rôle différent auprès de toi que ce qu’elle n’a eu pendant des années.

D.

Voilà, elle a le rôle de chien de la maison voilà un peu. Par contre, bon des fois quand elle a décidé de jouer, elle a ses heures pour jouer, des fois c’est 8 h et demie. Elle m’amène ses jouets  et là, il faut que je joue et si je ne joue pas, elle  va aboyer jusqu’à ce que je joue avec elle et je joue pendant un quart d’heure. Et puis après, tout le monde va se coucher.

E.

Et sur ces mots en tout cas, on voit que Fénice n’a pas perdu une miette de sa place à la maison.

D.

Ah non non non, elle sera toujours… Elles seront toujours là jusqu’au bout et pis, je l’assume jusqu’au bout. C’est vrai que bon, c’est un truc qui me fait peur. Mais les années passent. C’est vrai que les chiens ne vivent pas assez longtemps pour moi. Ils devraient vivre des années. Et puis, il y a des chiens qui marquent plus que d’autres. Dans ma vie, j’en ai eu beaucoup de chien. Et c’est vrai que j’ai perdu mon malinois avant le confinement, le premier confinement. Il est mort dans mes bras. Tu vois même, ça va faire deux ans, et je n’arrive pas à m’en remettre de sa disparition. Et tu vois un truc qui est bizarre dans les chiens, c’est que Fénice elle était habituée avec mon malinois, puisque quand elle est arrivée le malinois était là, et elle a appris toutes les mimiques qu’avait mon malinois en vieillissant. Ça veut dire, tout ce que faisait mon malinois… Et des fois, je me dis « mais Kaiser, tu es rentré dans ce corps? » Tout ce que faisait Kaiser, maintenant elle le fait.

E.

Comme si elle avait pris la tête. L’aînée, en tant que chien ainé de la famille, entre guillemets, qu’elle avait pris ses réflexes.

D.

Elle a pris ses réflexes. Elle s’est dit: « il n’est plus là il faut que je prennes ses réflexes ». Et puis bon, ça me fait impression que Kaiser est encore là dans Fénice. Donc… Et lui ça a été très dur mon malinois aussi parce que je l’ai élevé au biberon et c’est vrai que c’est très dur. Il y a des chiens qui marquent plus que d’autres parce que je n’ai pas eu qu’un chien. Mais c’est vrai que d’ailleurs, c’était le chien de mon mari, mais c’est avant tout le mien, parce que les chiens, je ne sais pas pourquoi, tous les chiens qu’on a eus, ils étaient toujours vers moi.

E.

Bon, mais écoute, on vous souhaite quand même à Pollie, Fénice et toi une très bonne continuation parce que maintenant que Pollie a bien pris sa place, Fénice n’est pas en reste. On a bien compris que les prérequis, c’était d’avoir du temps pour chacune d’entre elles, pour jouer avec elles.

D.

Il faut avoir du temps, pour assumer deux chiens. Parce que c’est vrai que je comprends que pour les déficients visuels, ça doit être dur de ne pas pouvoir garder son chien à la retraite. Mais…

E.

Mais c’est une situation, chacun fait au mieux. En tout cas.

D.

Bon déjà il faut être en pavillon, c’est mon cas, donc aussi ça à jouer. Et il y a aussi le fait que mon mari travaille la nuit. Ça veut dire que même si la journée, je ne suis pas là Fénice elle n’est pas toute seule, elle a quand même quelqu’un.

E.

Oui, il y a ça aussi. La présence, c’est quelque chose de très important, on ne l’a pas souligné, mais c’est bien que tu le soulignes maintenant. Ce n’est pas non plus des chiens qui, du jour au lendemain vont passer de toute la journée avec un humain à zéro heure de la journée. Enfin de la journée, je parle de la journée ouvrée, travaillée.

D.

Et c’est ça qui a joué aussi, qu’ils me l’ont laissée. Et puis bon aussi le fait que j’arrive…J’ai toujours géré plusieurs chiens. J’ai toujours eu pas qu’un chien, entre les chiens que je gardais, pas des chiens guides, mais des chiens de personnes que j’ai gardé. Donc pendant des mois, j’ai gardé un malinois pendant huit mois. J’ai gardé un autre malinois. C’est vrai beaucoup de malinois que j’ai gardé.

E.

Mais en tout cas, on voit que vous avez bien trouvé votre équilibre avec Fénice et Pollie toutes les trois. Et la photo que tu m’as envoyée pour illustrer cet épisode est tellement magnifique et on voit bien votre complicité, le rôle de chacune. Et là il me reste qu’à te souhaiter en tout cas, que le meilleur. Que la vie de Fénice soit encore longue et pleine de bonheur. C’est vraiment ce que je te souhaite. Que sa retraite soit douce et que la miss Pollie soit aussi à tes côtés longtemps parce que c’est vraiment… Je crois que vous vous êtes trouvées aussi avec Pollie.

D.

Oui oui avec Pollie, c’est vrai que je me suis trouvée et c’est vrai que je ne regrette pas d’avoir eu Pollie parce qu’elle est merveilleuse aussi. Elle est différente mais elle est merveilleuse. Et heureusement en fait que je n’ai pas eu de Flat parce que je me suis dit mais bon…

E.

Et écoute Doriane je te fais de gros bisous. On essaye de se voir très bientôt. Avec le printemps qui arrive, ce serait très chouette de se croiser.

D.

De toute façon là je vais recommencer un peu les sensibilisations pour l’école aussi. Avec Pollie, peut être moins que j’en ai fais avec Fénice, puisque bon Fénice elle était parfaite. Bon Pollie, elle en fait mais Pollie se fatigue vite. Elle aime bien son panier. Pollie c’est une grosse dormeuse.

E.

En tout cas. Bonne continuation et puis à très vite.

D.

à très vite, merci.

E.

Salut!

D.

Salut!

E.

Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Et encore désolé pour la qualité de son inhabituelle. Merci à vous en tout cas de l’avoir écouté en espérant qu’il vous a plu. Merci à Doriane pour son temps et ses beaux mots qui illustrent l’amour réciproque qu’elle porte à ses deux Miss comme elle le dit. Pour compléter votre écoute, vous pouvez retrouver sur FuturChienGuide.fr des photos de Doriane, Fénice et Pollie bien sûr, mais aussi de Kaiser et très bientôt la transcription intégrale de cet épisode. Et pour m’envoyer vos retours, écrivez moi sur Instagram ou Facebook. J’adore vraiment échanger sur vos ressentis suite à l’écoute. Alors à bientôt pour un prochain épisode sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles. Du.