🎙️ Plongée au cœur de l’attente d’un chien guide avec Mathys

Dans cet épisode, je vous invite à découvrir un format en immersion pour explorer une période charnière : celle de l’attente d’un chien guide.
Mathys, jeune étudiant malvoyant, a partagé avec moi ses ressentis à travers des vocaux enregistrés tout au long de près de deux ans d’attente après sa demande validée.

💡 Au programme :

  • Le quotidien de l’attente : entre espoirs, doutes et questions.
  • Le témoignage sincère de Mathys, qui résonnera peut-être avec ce que vous traversez.
  • Une plongée dans les émotions et les réflexions propres à cette période si particulière, souvent marquée par l’incertitude d’une remise sans date précise.

🐾 Vous êtes en attente de votre premier chien guide ou d’un renouvellement ? Dites-le-moi en commentaire, et souvenez-vous : vous n’êtes pas seuls.

Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.

Si on s’était dit qu’on était là quand même.

 

M.

Oui, j’ai dû attendre quatre mois, deux, trois, quatre mois de plus. Ce qui avait été très dur parce que on va dire que j’ai détesté la fin de l’attente. Visiblement, je suis. Pour en avoir discuté avec d’autres personnes. Tu n’es pas le seul. Je ne suis pas le seul à ne pas avoir aimé cette attente. Non.

 

E.

C’est bien pour ça que tu vois que je voulais qu’on enregistre aujourd’hui.

 

M.

Et on a tous vécu différemment. Mais on a quand même un peu tous ce point commun du on a cherché à faire comme si que l’attente n’existait pas.

 

E.

Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm. Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm. Mmmmmmmmmmmmmmmmmm. Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm. Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm.

 

E.

Salut ! C’est Estelle et vous écoutez Future Chien guide, le podcast sur l’univers méconnu Les chiens guides d’aveugles. Chaque mois, je vous invite à découvrir les aventures de celles et ceux qui vivent cet univers au quotidien et ce lien si précieux qui les unit à leur chien. Passionné et bénévole depuis des années, d’abord à Paris et aujourd’hui à Lyon. Je suis persuadée que leurs histoires pourront vous toucher, vous informer et peut être même vous donner envie de vous engager. Savez vous justement que seul 1 % des déficients visuels sont accompagnés d’un chien guide ? Alors si vous voulez en savoir plus sur l’actualité des chiens guides et les coulisses du podcast, inscrivez vous sans tarder à ma newsletter mensuelle. Avant de passer à l’épisode du jour, je laisse mon micro à Mathilde qui m’a laissé un message il y a déjà quelques temps.

 

Mathilde

Salut Estelle. Je m’appelle Mathilde et j’ai découvert ton podcast il y a je pense deux ans. A l’époque, j’étais une famille adoptante d’un chien guide réformé du cursus d’éducation, ma chienne Pêche qui va fêter ses cinq ans dans quelques jours et j’ai tout de suite été mais vraiment happée par tes interviews, les invités que tu recevais et la façon dont tu as mis en lumière l’univers des Chien guide avec brio et j’ai vraiment dévoré tous les épisodes qui étaient déjà en ligne et j’ai ensuite été assez assidue à l’écoute des nouveaux. Le podcast a changé pas mal de choses parce qu’il m’a permis de faire la découverte, même si j’étais une famille adoptante et donc relativement renseignée de l’univers des chiens guides, ça m’a vraiment aidé à ouvrir le champ de mes connaissances sur les chiens guides et aussi sur les chiens d’assistance et sur finalement tout le travail humain et bénévole qui gravite autour de tout ça. Et donc je me suis rapprochée progressivement de l’école à côté de chez moi, qui est l’école des chiens guides de l’Ouest à côté d’Angers, et j’ai eu envie d’aller un peu plus loin dans mon investissement.

 

Mathilde

J’avais envie d’accueillir un nouveau chien. Il est vrai que je crois que le moteur de ma démarche, ça a été d’accueillir un nouveau chien et donc je me suis renseignée pour devenir famille, relais ou famille d’éducation. Bref, j’ai mis un pied comme ça dans dans cette nouvelle aventure et cette nouvelle aventure. Elle a donné lieu en novembre 2023 donc l’année dernière à l’accueil d’une petite chienne Unelles, une petite chienne labrador qui a rejoint notre famille et qui fait partie de l’élevage des chiens guides de l’Ouest et qui est destinée à être une reproductrice. Et donc ça a été le début d’une très belle et d’une nouvelle aventure. Je. J’ignorais complètement avant ton podcast que les familles d’élevage étaient là et que finalement les chiens guides étaient élevés par par leurs écoles en majorité et qu’on pouvait contribuer ainsi. Et. Et voilà, Cette nouvelle aventure a démarré donc en novembre de l’année dernière. Ma chienne a eu un an. Là, au mois de septembre, elle a validé tous ses tests de santé pour devenir officiellement reproductrice à ses deux ans.

 

Mathilde

Donc on est très heureux et on a vécu déjà une année hyper riche en apprentissages, en émotions, en changements dans notre vie. Et donc. Et donc voilà, je voulais te remercier pour ça parce que finalement c’est ton podcast qui m’a motivée à m’investir et aujourd’hui c’est un paon, un paon de mon quotidien, de ma vie qui compte, qui compte beaucoup et qui me rend très heureuse. Voilà, j’espère que ce petit témoignage t’intéressera et intéressera d’autres auditeurs. Merci pour pour ce que tu fais. À bientôt.

 

E.

Pour ce premier épisode de l’année, c’est le retour du format en immersion pour explorer ensemble la période charnière de l’attente d’un chien guide aux côtés de Mathis, un jeune étudiant malvoyant. Quand nous avons commencé à échanger, Mathis vivait une attente qui pourrait résonner en vous. Presque deux ans après avoir déposé sa demande de chien guide, sans encore connaître la date de remise. Au fil des mois, il m’a confié ses ressentis à travers des vocaux sincères, partageant ses questions, ses espoirs et ses moments de doute si caractéristique de cette période. Peut être que son témoignage fera écho à ce que vous traversez et qui sait, pour adoucir votre propre attente en vous montrant que vous n’êtes pas seule. Et maintenant, place à l’épisode. Bon.

 

M.

Commençons par le commencement. J’ai fait ma demande de Chien guide donc il y a maintenant presque deux ans. Elle n’a pas été facile à faire parce que pendant longtemps, j’ai hésité. Pas faute d’avoir envie d’aller vers un chien guide. J’avais peur car déjà c’était un énorme pas en avant pour moi. Mais aussi ça voulait dire accepter de prendre un risque. Déjà un risque avant qu’on me dise non à ma demande. Parce que j’avais cet apriori qu’en étant malvoyant, j’étais moins prioritaire que quelqu’un de non-voyant, ce qui n’est pas le cas. Mais à ce moment là, je ne le savais pas et donc j’avais assez peur de ça. Et ensuite, ça veut dire changer sa vie quand même complètement dans ses déplacements, dans sa manière de de vivre chez soi, changer d’habitudes. Donc c’était vraiment très difficile de me dire est ce que je suis prêt à ça ? Est ce que est ce que j’en suis capable ? Et finalement, c’est ma conjointe qui, elle, n’est pas en situation de handicap, qui m’a donné confiance en moi et qui m’a donné envie de faire cette demande que j’ai faite et qu’aujourd’hui je ne regrette pas.

 

M.

Ce temps d’attente m’a fait réaliser que je ne me suis pas trompé. Il fallait que je fasse ce chemin là et et que je le ferai jusqu’au bout et que le moment où mon chien arrivera sera encore plus beau. Parce que quand j’aurai fini cette attente, je serai enfin libéré. Libéré de ça.

 

E.

Déjà, Bonjour Mathis. Bonjour Estelle. C’est vrai qu’on était déjà parti dans la discussion, mais j’aime bien quand même commencer pour rappeler un petit peu. Donc là on va aller en immersion, on va se replonger dans un moment charnière de ta vie. Moi, j’aime bien faire ces épisodes en immersion, vraiment. Dans ces moments charnières où on se dit on sait qu’il y a quelque chose de fou en général qui va se passer. C’est un peu ces moments charnières où tu sais que ça va être super après, mais tu ne sais pas exactement quand est ce que ça va arriver. J’ai déjà fait l’attente en tant que famille d’accueil, le fait d’attendre comme je le suis moi pour le coup. Mais c’était en accéléré avec Karen et je voulais vraiment. Et notre épisode était déjà en préparation quand on l’a diffusé au mois de septembre, Qu’on fasse un épisode sur l’attente en tant que bénéficiaire et avec toi, c’était chouette parce qu’on a vraiment partagé depuis le mois de mars. On est en décembre, on est à la veille de Noël ou presque et depuis le mois de mars en fait, tu m’as confié un petit peu tes états d’âme sur l’attente de ton chien guide.

 

E.

Est ce que, avant de plonger dans ces vocaux, on en aura sûrement déjà entendu un ? Quand je vais dire cette phrase, mais tu pourrais te définir en trois mots.

 

M.

Ah, c’est compliqué. Déjà, je n’aime pas me définir tout court, mais je dirais que je suis émotive, mais dans le bon sens du terme. Je suis quelqu’un qui ressent, et même parfois un peu trop, mais qui aime bien ressentir, qui aime. Je suis hyperactive, je n’aime pas rester en place.

 

E.

Je crois que je l’avais compris ça.

 

M.

J’aime bien faire plein de trucs tout le temps et ma conjointe dit que je suis hyper sociable que je suis. Je parle à trop de gens facilement.

 

E.

Et on va garder les trois mots pour ton chien quand on en parlera parce que l’histoire entre nous a commencé. Donc comme je le disais au mois de mars, moi, pour revenir sur mon idée de faire cet épisode un peu en immersion, ça faisait longtemps que je voulais avoir à mon micro quelqu’un qui attendait un chien guide. Mais capter quelqu’un qui est dans l’attente de son chien guide assez à l’avance sans savoir un petit peu trop quand ça va venir. C’était assez difficile pour moi parce que en général, vous n’êtes pas encore dans l’univers canin, à part si vous attendez le renouvellement. Et j’en avais discuté avec avec une autre personne l’année dernière qui m’avait dit non mais moi je peux pas, c’est trop dur. En fait, je pleure tous les jours pour savoir si mon chien guide va arriver. Donc tu vois, quand tu me dis que tu étais émotif, tu n’es pas le seul. En tout cas. Et quand on en a parlé, tu as été tout de suite partant. Au mois de mars, est ce que tu peux nous dire à peu près, toi, où tu en étais dans ta démarche de Chien guide, où tu en étais aussi vis à vis de tes études, ton et tes emplois ?

 

E.

Du coup tes missions, on va dire plus qu’un emploi si tu préfères, ou tu en es, où tu en étais par rapport à ta vie.

 

M.

Sur ma vie professionnelle, j’étais étudiant. Je suis toujours étudiant. Une année compliquée parce que je n’avais pas eu tous mes aménagements à la Sorbonne. Donc ce qui m’a fait devoir travailler beaucoup plus pour réussir à sauver le plus possible. J’ai quand même réussi à sauver pas mal de choses. On va dire qu’avec des aménagements, c’est beaucoup plus facile bizarrement. Sinon, avec mes missions, je travaille pour une association du handicap en communication et je travaille. Je suis aussi élu étudiant, ce qui me prend pas mal de temps.

 

E.

Hyperactif, on a dit. Oui, on a dit ça.

 

M.

Après la demande de Chien guide, j’étais un peu sur moi. Je dirais un entre deux. C’est que, en fait, je passais du l’attente où d’un côté je n’avais pas l’impression d’attendre parce que c’était un peu irréel à l’attente où maintenant je me dis Attends, ça va être maintenant. Et en fait, c’est vraiment, c’était. J’avais vraiment l’impression d’être dans cet entre deux d’étapes. Ce qui est parfois le plus dur dans l’attente, c’est parfois aussi ce qui est le plus touchant, c’est qu’on a parfois des proches qui ont envie de vivre la chose avec nous, entre parenthèses, et qui nous en parlent, qui nous disent Ah, tu vas voir, ça, ça va se passer comme ça et qui posent plein de questions. Et d’un côté ça fait du bien parce que tu te dis ok, ils s’intéressent à ce que je vis et ce que je traverse comme projet, comme attente. Et d’un autre côté, ça fait mal parce que tu dis un bordel quoi. On en parle, on en parle, mais il n’est toujours pas là.

 

M.

Et je suis en train d’anticiper et d’espérer. Et il n’est toujours pas là. et en fait, parfois je suis content qu’on m’en parle. A d’autres moments, j’aimerais qu’on m’en parle pas. Pas pour oublier, mais parce que. Comme si que si j’en parlais trop, le temps serait plus long et que au final, le temps serait interminable. Et parfois, ça fait du mal. C’est vrai que le temps peut être très long parfois. Malgré toute la compassion de ceux qui m’aiment et qui m’entourent. C’est à ce moment là où j’ai commencé en fait, à parler de rentrer dans le monde canin. Oui, en fait, c’est à ce moment là que j’ai commencé à rentrer réellement dans le monde canin, à m’intéresser à ce qui se disait, ce qui existait aussi, les personnes avec qui je pouvais échanger sur ces choses là parce que ma conjointe, elle est géniale, je l’aime. C’est l’amour de ma vie, mais elle est voyante et c’est pas un défaut. Ça fait qu’elle a pas. Elle n’avait pas la même regard que moi.

 

M.

Elle, elle voyait le chien, mais elle ne voyait pas derrière le chien. Et donc c’est vrai que je cherchais un peu des points de repère, un peu de de compréhension.

 

E.

Et ça faisait déjà deux ans que tu attendais.

 

M.

Que j’attendais. Ça a été long, très long. Et le temps arrive et au bout d’un moment on se dit mais en fait ça n’arrivera pas ou ça n’arrivera jamais. On attend, on attend et on se rend compte qu’on a. Ce téléphone ne sonne pas et j’ai détesté les gens qui m’ont appelé jusqu’en septembre parce que les gens qui m’appelaient. Jusqu’en septembre, il n’y avait pas écrit l’école de Chien guide sur mon téléphone.

 

E.

Oui, c’est ce que j’allais te demander. Est ce que tu as fait, comme nous tous, bénévoles, bénéficiaires, de rentrer le numéro de l’école ? Et est ce que, à chaque fois qu’ils s’affichaient au début tu ne l’avais pas fait.

 

M.

Au début je l’avais pas fait, mais je l’ai fait au bout d’un moment. Et en effet, à chaque fois que je voyais école de Chien guide, c’est pour des papiers. Non.

 

E.

Je veux mon chien.

 

M.

Je ne suis pas d’accord, je conteste. Alors après c’est dur, mais il faut le dire aussi, l’école de Chien guide est quand même bien accompagnante. Oui, même si c’est pas facile, on peut quand même les appeler et parler avec eux même dans ces moments un peu émotionnellement où on a un peu marre, ils prennent le temps, ils sont super cool, mais c’est vrai que ça demande beaucoup. Au bout d’un moment, ça demande beaucoup de patience. Et j’avais dit à ma conjointe que je pense que ceux qui sont demandeurs de chien guide ou qui attendent, ou même moi, j’ai été encore plus loin ceux qui attendent un enfant en adoption. Il y a des palmes d’or, de la patience. Franchement, il faut beaucoup prendre sur soi même à des moments où on n’est pas trop d’envie de prendre sur soi. Surtout que je n’ai pas tous mes proches qui sont hyper gaga du chien guide. Mais j’ai une sœur particulièrement qui est à fond parce qu’elle a toujours eu des chiens, elle adore les chiens et donc à chaque fois qu’on se rappelait, c’était.

 

M.

Alors ça en est où ? Mais oui, je t’aime, mais j’ai pas trop envie d’en parler parce que si je t’en parle, j’ai pleuré pendant 3 h. Une fois j’ai pleuré pendant 3 h avec elle au téléphone. Parce que ça fait du bien aussi, des bons chiens. Jusqu’au moment où on a eu ce fameux appel.

 

E.

Avant d’avoir cet appel, moi j’aimerais revenir aussi où tu en étais par rapport à ta déficience à ce moment là. Est ce que dans les années d’attente de ton chien guide, elle a évolué ?

 

M.

Alors j’ai eu le bonheur et le malheur d’avoir une vue qui est stagnante mais qui est liée à évoluer dans le mauvais sens du terme. Bon, déjà, en théorie, je devais perdre la vue avant 20 ans. Bon, visiblement tu as.

 

E.

Dépassé les 20 ans, j’ai.

 

M.

Dépassé les 20 ans avec un peu de vue, j’aime bien. A chaque fois que je croise mon médecin, je lui dis Vous êtes trompé de tant de jours. Bon après, il m’a dit aussi La suite c’est qu’il y a une possibilité de rester dans le stationnement mais que la plus grande chance était l’abaissement de ma vue. Après, c’est pas trop rentré en ligne de compte dans ma demande parce que pour le coup, ma vue ça fait longtemps que j’ai un peu fait le deuil et donc en fait où j’ai appris à vivre comme si elle n’existait pas, tu vois.

 

E.

Quoi à peu près ? Champ de vision, ça ressemble à quoi ?

 

M.

J’ai une vue tubulaire, donc tu vois au centre.

 

E.

Comme si je regardais dans un tube de sopalin.

 

M.

Quoi. C’est tout petit. Son champ de vision. Mon médecin m’avait donné.

 

E.

Non pas les termes techniques, non.

 

M.

Pas la taille qui représentait quelque chose, mais j’ai oublié. En gros, c’est vraiment tout petit. Sinon, j’ai une très forte myopie, donc partir d’une dix 20 cm c’est flou et photophobie et plein d’autres trucs. Je me suis bien amusé sur le monde des maladies et aussi il me manque des codes avec les couleurs un peu fades, du coup pas hyper intense et une incapacité de repérer le contraste. Oui, c’est le bordel, mais c’est toujours.

 

E.

Intéressant pour moi de poser cette question parce que la déficience elle est vraiment différente et individuelle. Et souvent les gens, quand je parle de les chiens guides d’aveugles, alors des gens aveugles et malvoyants. Mais bon, si je disais ça, à chaque fois que je dis la phrase, on entendrait que ça dans le podcast. Mais c’est vraiment intéressant aussi de montrer la diversité de vos déficiences. C’est vrai que moi j’interroge des personnes très différentes et il y en a. Ça m’a fait sourire. Je crois que c’est Karine qui me disait que je sais plus qui c’est qui me disait Moi je suis pas dans le noir, je suis dans le blanc et pour ça je pensais que je pouvais pas avoir un chien guide parce que je pensais qu’il fallait être dans le noir.

 

M.

Alors pour le coup c’est ça. C’est vrai, c’est bon, on en parlera peut être, mais dans les trucs qui m’ont mis en difficulté de faire ma demande. Il y a beaucoup de choses qui vont mettre du temps pour faire.

 

E.

Ta demande, pour me.

 

M.

Faire ma demande. C’est un des éléments que j’avais a priori, comme beaucoup de gens que maintenant je le sais. C’est un a priori mais malvoyant. Chien guide.

 

E.

Ok, tu pensais qu’il fallait être dans le noir total, c’est ça ?

 

M.

Donc aveugle ou quasiment aveugle quasiment.

 

E.

Ouais.

 

M.

Ok. Quasiment plus rien voir. Et c’est après avoir vaincu toutes les autres craintes que j’avais qui étaient surtout des craintes liées à ma famille ou à mon environnement. Et aussi un peu de manque de confiance en moi que en fait, il a fallu que ma conjointe qui m’a aussi beaucoup aidé à aller faire ma demande à vrai dire, démonter ma dernière crainte en me disant mais en fait. Bon, déjà elle m’avait dit beaucoup avant Bon, tu vas y aller parce que tu en as envie, on sait que tu as envie, on voit que tu as envie, donc tu vas y aller. Elle est très insistante.

 

E.

Non mais elle a bien fait.

 

M.

Je pense qu’elle m’aurait amené à l’école de Chien guide et au bout d’un moment je fais Mais non, mais je ne sais pas Non voyons ! Et là, elle me dit En fait, on sait général, elle a un argument et elle montre le site de l’école de chiens guides de Paris. Elle me fait chiens, guides d’aveugles et malvoyants et moi je fais. D’accord. Bon, j’ai plus d’arguments et j’y suis allé le lendemain. J’ai appelé le lendemain et on y est allé après. Je ne le regrette pas.

 

E.

Oui, moi souvent j’attaque les histoires un peu sur l’arrivée du chien ou sur comment. Mais c’est vrai que bon, il y a des fois le fait de devenir malvoyant et des fois c’est du jour au lendemain ces accidents de la vie. Il y a plein de choses qui peuvent se passer, mais il y a encore un pas entre le fait de vouloir ou pas un chien-guide, ce n’est pas obligatoire. J’avais fait un épisode avec Laetitia, l’épisode 40 où Laetitia, elle ne veut pas de chien guide, elle a ses raisons et c’est pas parce que les gens sont malvoyant, aveugle qu’il faut leur coller une obligation. C’est pas une obligation et c’est un choix, C’est un vrai choix.

 

M.

C’est pour ça que tous mes amis qui sont malvoyant, non-voyants qui sont dans le même cheminement auquel moi j’étais avant et j’essaye de pas trop les perturber dans leur cheminement parce que je me dis moi on m’a laissé faire mon cheminement, je leur ai toujours dit si vous avez des questions, j’y répondrais. Mais je ne vais pas vous mettre des réponses tout de suite.

 

E.

C’est à vous de décider. Des gens. Tu vois que j’ai eu mon micro qui sont venus à la demande de Chien guide en ayant justement eu un ami qui avait un chien guide et qui les a guidés et qui ont trouvé ça et il a trouvé ça exceptionnel. Du coup il a demandé Tu vois ? Mais parce que avant de connaître, toi tu connaissais les chien guide avant de faire ta demande un peu.

 

M.

Je les connaissais mais à distance plus ou moins proche. J’ai vécu avec deux chien guide, indirectement avec la conjointe de mon géniteur qui malheureusement une dame qui est décédée, qui avait son chien quand j’étais petit et une autre jeune fille qui a eu son chien à la fondation Fradaric Gaillanne quand j’étais en colloque à Montclair et encore un autre chien qui était aussi à la fondation Fradaric Gaillanne. C’est qui ces deux derniers aussi ?

 

E.

Ok mais oui mais Anaïs, tu sais que je la connais très bien.

 

M.

Mais je.

 

E.

L’ai eu en stage avec.

 

M.

Moi aussi donc Mozart et j’ai connu son chien d’avant qui est malheureusement parti aussi.

 

E.

Et oui, c’est vrai que tu les connais.

 

M.

Oui et en fait on était ensemble à l’internat de Montclair. Ça fait un petit groupe marrant c’est ça ? Et moi j’ai. Par contre, j’ai bien connu Mozart tout le long du lycée.

 

E.

Je l’ai eu en stage, tu sais.

 

M.

Ouais, mais.

 

E.

C’était génial dans dans nos locaux avec les élèves et.

 

M.

Anaïs, Anaïs et et Mozart vont très très bien ensemble. C’était une belle époque à l’internat et c’est comme ça que j’ai vraiment vu de près des chouettes.

 

E.

Côtoyer des chien guide quand même.

 

M.

Après, j’ai jamais trop parlé Anaïs parce qu’on n’a jamais trop eu l’occasion d’en parler, mais c’est vrai que c’est en partie le fait de voir Anaïs et d’autres avec leur chien à Angers qui a commencé mon cheminement. Je ne pense pas que j’aurais pris un chien guide à ce moment là non plus. J’étais pas prêt, mais ça m’a mis la question dans la tête. Une question qui était encore pas du tout évolué, pas du tout questionnée. Mais la question était là et c’est au bout je pense, je dirais un an où là je me suis dit ouais, j’en ai envie et où je me suis empêchée de le faire pendant un an.

 

E.

Pour être vraiment sûre que tu avais envie.

 

M.

Et non un an parce que j’étais chez ma maman.

 

E.

Oui, c’est possible.

 

M.

Que j’aime beaucoup, qui a son handicap aussi, qui a ses difficultés aussi. Et je me suis interdit de me rajouter quelque chose à moi dans la situation où elle avait besoin d’attention.

 

E.

Et un peu sacrifiée.

 

M.

J’allais partir un an après à la fac. Je savais qu’elle allait très très mal le vivre. Je me suis dit si en plus je lui dis et je prends un chien guide et je me barre. Elle allait faire beaucoup. Tu me remplaces en plus. Donc je me suis encore réfrénée. Je suis arrivée à la fac, j’ai un peu oublié mais j’y pensais toujours. Mais je me suis dit au pire je le ferai quand je le ferai. Et c’est dans ces années là où vraiment j’ai rencontré ma conjointe. Elle m’a poussé, j’y suis allée, mais ça a été un très très long cheminement. Et le monde du Les chiens guides d’aveugles est venu progressivement, en fait très progressivement.

 

E.

Et c’est rigolo parce que quand on a commencé à échanger quasiment au mois de mars parce que j’étais. Je crois que je t’ai proposé assez rapidement de m’envoyer des vocaux. Au début, on a un peu tâtonné, puis tu m’as tout de suite livré plein de questions que tu avais la situation, rien que l’hébergement où tu étais. Tu as tes proches qui te posaient plein de questions. Qui n’étaient pas forcément fans du projet.

 

M.

Ouais.

 

E.

Alors que là, on se parle neuf mois plus tard et il y a eu des évolutions comme quoi il y a que les cons qui ne changent pas d’avis.

 

M.

On se rend compte qu’il y a deux camps en vérité. Dans nos proches, il y a un camp qui est véritablement à vos côtés et même parfois trop. Mais c’est pas grave. C’est touchant, vraiment. Et il y a une autre partie qui au contraire est totalement distante. Pas parce que elle n’aime pas le chien ou si parfois elle aime pas le chien, mais parce que bizarrement on se rend compte. Enfin moi je me suis rendu compte que c’est comme si qu’elle me connaissait pas. Enfin genre que j’étais un inconnu pour eux et que ce que je ressentais, ce que j’avais besoin était visiblement pas quelque chose auquel ils avaient pu penser avant. C’est à dire que j’avais les les réactions dans tous les côtés, mais pas de juste milieu, soit des gens hyper enjaillé, soit des gens totalement négatifs. Et je n’avais pas ce juste milieu. D’un côté, j’aurais bien aimé avoir des amis, mais ce qui fait qu’avec les gens positifs, c’était hyper positif, mais parfois un peu trop parce qu’ils n’arrêtaient pas de m’en parler tout le temps et à des moments où j’étais pas trop prêt, on m’en parle tout le temps et des gens négatifs, j’étais en train de me.

 

M.

Parfois je me disais mais est ce que franchement, ma vie a littéralement changé ? Mais est ce que c’est que positivement, je me pose plus la question parce que je me dis maintenant je vais pas m’empêcher de vivre comme je veux vivre parce que certains sont chiants. C’est vrai que ça m’a fait du mal de me dire que dans mon cercle familial, peut être que je pourrais plus faire les choses de la même manière parce que j’ai mon chien et que je voulais pas renoncer à mon chien.

 

E.

Dans ton projet, le chien, c’était un facilitateur plus qu’autre chose. Oui, et le fait de t’empêcher de faire certaines choses, ça ne faisait pas partie du projet quoi.

 

M.

Pas du tout. Mais après on peut dire aussi que les personnes négatives sont des personnes qui sont obtus et surtout, surtout qui ont leur caractère et avec qui elle est plus négative. Ce sont des personnes avec qui je n’ai pas prévu de vivre longtemps.

 

E.

Oui, ce n’est pas ta conjointe.

 

M.

Ce n’est pas ma conjointe. Donc je me dis bon, je ne suis pas content, ils ne sont pas contents, c’est pareil que je vais vivre, tant pis pour eux, c’est pas grave. Mais c’est vrai que parfois on arrive dans des situations assez dramatiques. Le grand père de ma conjointe qui s’est mis à crier Mais non, mais moi si, j’ai un chien qui vient ici, il va pisser partout, Mais vraiment une vraie crise. Moi, j’étais en mode pauvre toutou. Si on a un chien qui pisse partout, qui n’a pas été réformé comme ça, bien non mais c’est vrai que.

 

E.

Les gens ils collent l’image du chien. Enfin là elle est juste derrière moi. Il vient d’ouvrir les yeux parce que j’ai pas dit son nom mais il est en train de faire un gros dodo sur son coussin. Et c’est vrai que les gens, par méconnaissance plus qu’autre chose, c’est pas de la méchanceté, mais imagine que ça fasse très mal se passer alors que les chiens sont éduqués quand même les chien guide et puis même les chiens de compagnie, si les gens les éduquent bien, ça ne se passe pas n’importe comment non plus.

 

M.

Et moi je trouve que ça a été le plus dur. C’est triste à dire, mais c’était que les plus anciennes générations. Parce que je trouve que plus jeune, je ne dis pas que les plus âgés sont les plus relous, mais. Salut, Je viens de découvrir une chose passionnante, c’est à quel point les personnes de notre entourage, quand on attend un chien guide, se considèrent limite plus experts que l’école de Chien guide. C’est hallucinant. C’est même pas méchant, mais c’est limite. Ils remettent en cause pour certains les quand ils ont des chiens. Ce que conseille ou propose l’école de chiens guides. Ce qui fait qu’on se retrouve dans des situations aberrantes où on essaye limite de donner l’impression que ton école de chiens guides est incompétente. Voilà. C’est marrant, ça me fait toujours rire de voir les personnes qui ont des chiens considérer que leur chien domestique correspond à un chien de guide ou à un chien d’assistance et que c’est donc eux qui détiennent le savoir sur comment on éduque ou forme un chien guide ou comment on doit s’occuper d’un chien dont la plupart s’occupent.

 

M.

À mon avis, mal de leur chien. Pas mal. Pas méchamment, mais bon, ils pourraient s’en occuper mieux. Il est valide je trouve. En général, il y a une méconnaissance. Souvent du chien d’assistance, mais parfois il y a aussi une méconnaissance des réalités. C’est dommage. Certains, en tous les cas que je connais, ont pour certains ont une éducation qui est déjà le chien d’assistance. Ça n’existait pas quand ils étaient enfants. Oui, c’est vrai, ça n’existait pas. Ou alors ça devait exister, mais pas loin, très loin d’eux. En fait, ça n’existait pas vraiment. Et aussi pour eux. Pour le Grand-Père de ma conjointe, il n’y a qu’un seul type de chien qui existait, c’est le chien, vraiment le chien de la ferme et le chien de la ferme. Il ne rentre pas à la maison.

 

E.

C’est pas un chien de compagnie, c’est un chien de travail, C’est un chien de berger quoi.

 

M.

Et donc il n’avait pas cette conception. En tout cas, lui n’a pas cette conception d’un chien intérieur guide.

 

E.

Mais je vois tout à fait ce que tu veux dire, parce que moi j’ai pas eu de contradiction là dessus, mais ma grand mère agricole, etc. Les chiens ont toujours vécu à l’extérieur, ils sont dans la niche, dans l’étable et et c’est très bien comme ça. Alors, je ne sais pas si elle ne m’a pas opposé. Tu vois, quand je suis venue avec des élèves Chien guide, elle en a vu et c’est vrai que c’est rare qu’il y ait des chiens à l’intérieur de cette maison alors qu’il y avait toujours des chiens pendant des années quoi.

 

M.

C’est une manière de vivre qui était assez répandue dans le milieu agricole le chien, le chien de berger.

 

E.

Le chien de berger était dans le troupeau. Quoi ? Le chien qui.

 

M.

Protégeait la ferme. Et c’est vrai. Et même mon beau-père a cet a priori un petit peu. Moi il me disait toujours un chien, c’est pas dans une maison, dans un appartement, un chien, ça doit être dehors. Oui, les gens.

 

E.

Imaginent que ça.

 

M.

Passe.

 

E.

Dans le jardin.

 

M.

Je leur dis mais franchement, si vous mettez un chien, même si vous avez 40 hectares, vous mettez un chien pendant des jours et des jours dans 40 hectares, si vous pensez qu’il est heureux. Pardon, mais les 40 hectares, au bout d’un moment, il les connaît par cœur. Donc les odeurs, elles ne changent pas. Moi je dis c’est une pensée qui s’entend mais qui est plus rationnel aujourd’hui, quand on a fait quand même des évolutions sur la question du monde animal, où on sait comment les chiens se comportent, vivent et qu’on sait qu’ils ont besoin d’un environnement différent pour être épanoui.

 

E.

Pendant toute cette attente là. Donc quand on sait changer, notamment les vocaux, toi ça t’a mis du doute.

 

M.

Pas sur mon envie d’avoir un chien, mais sur mon envie de savoir. Est-Ce que je devais continuer de vivre comme je voulais vivre.

 

E.

Tu pensais que ça allait changer des choses ou pas dans ta vie ?

 

M.

Je pensais que ça allait changer mon quotidien. Littéralement au sens. Pas au sens où je dois l’emmener dehors pour sortir quand je dois sortir. Ou tiens, mon chien serait à côté de moi à la fac. Non, je pensais vraiment mon quotidien tout court, au sens littéral et au sens où j’avais l’impression que je ne pourrais plus vivre pareil et peut être même plus avec la même personne. Après, surtout, il est parti assez rapidement, assez rapidement parce que j’ai une grande gueule et qu’au bout d’un moment j’ai mis mes limites et j’ai dit moi je veux pas vivre autrement, moi je veux avoir mon chien et je veux avoir la vie que j’aime avec mon chien et que ce soit ça c’est soit ça, soit sans vous.

 

E.

Oui, puis même, tu te posais la question par rapport à où est ce que tu allais habiter ? Est ce que les gens, tes proches avec qui tu allais habiter. Elle est tolérée parce que tu n’es pas aujourd’hui en couple, mais tu n’habites pas juste avec ta conjointe. Il y a une partie de la famille qui te côtoie et vous êtes dans le même appartement où on est aujourd’hui. Qu’est ce que tu as ressenti quand tu as eu un dernier coup de fil après l’été ?

 

M.

Salut ! Ben c’est pas une très très bonne journée pour moi aujourd’hui. J’ai eu un coup de téléphone avant hier de l’école de Chien guide qui m’a fait comprendre qu’il fallait plus attendre septembre que cet été pour les essais. Donc possiblement encore attendre jusqu’à octobre pour avoir mon chien. C’est. C’est énervant quand ça fait deux ans que j’attends. On m’avait dit deux ans. En vérité, je sais que j’attends plus de deux ans. Ça fait déjà deux ans et trois mois. Presque deux ans et demi en fait que j’attendrais si on me donne mon chien en septembre octobre. Les temps d’attente sont vraiment, vraiment abusés. Mais bon, on peut pas faire autrement, c’est ainsi. Faut digérer le fameux coup de fil où on me dit Monsieur Dupuis, je sais que vous attendez un chien pour cet été, mais n’attendez pas pour cet été, attendez plutôt pour septembre octobre et m’a même dit au pire décembre. Et alors là, déjà, et ça a été un gros coup derrière la tête. Et ensuite il y a eu donc cet autre coup de fil pour organiser une visite à domicile, en sachant que c’était encore le moment où c’était compliqué de vendre à mon beau-père et mon beau-frère l’arrivée du chien.

 

E.

Dans leur appartement que tu partages.

 

M.

En sachant que pour nous, moi et ma conjointe, c’est la seule solution pour vivre ensemble parce qu’on pouvait vivre chez moi. Mais mon appartement à deux c’était largement faisable. Mais à deux plus un chien, ça nous semblait impossible. Et vu que nous on voulait une autre solution pour continuer à vivre ensemble parce que c’était notre projet et ensuite partir là où on voudrait vivre vraiment. Que tous les deux. En fait, à ce moment là, on n’avait pas d’autre solution qui ne soit pas trop coûteuse physiquement. On aurait pu prendre un appartement tous les deux, mais elle n’a pas toujours pas d’argent l’argent tous les mois, contrairement à moi, elle n’aurait pas pu payer un loyer, etc. Ça aurait été trop compliqué. Donc il fallait, C’était la seule solution qu’on avait si on voulait continuer à vivre ensemble concrètement. Et j’avoue, pendant longtemps, j’ai un peu repoussé ce rendez vous parce que je me suis dit est ce que je dois le faire et ensuite dire à l’école ah bah finalement, je ne vis plus ici.

 

E.

Oui, parce que vous étiez un peu dans la situation de vous poser la question où est ce qu’on habite ensemble ? Et est ce que malgré tous les freins et les doutes que tu avais instillé ton beau père et ton beau frère.

 

M.

Finalement, c’est là que j’ai mis le holà. J’ai dit oui, Bon, maintenant vous me faites chier, moi je veux mon chien et je veux vivre comme je veux, vivre avec ma conjointe qui veut qu’on vive ensemble.

 

E.

Tu as fait des concessions ? Tu l’as pas dit ça ?

 

M.

Non mais je leur ai dit on va trouver des règles de vie, c’est ça ? Pas de souci. Ça c’est logique en fait. On vit en communauté. Oui, bien sûr qu’on trouve des règles de vie. Je ne leur ai pas dit maintenant c’est bon, j’ai mon chien, il sera.

 

E.

Partout et.

 

M.

Je vais mettre les croquettes en plein milieu du salon et vous vous débrouillez avec. Bien sûr, on va trouver des règles de vie. Par contre, dans ces règles de vie, il y a juste une condition je veux vivre heureux avec mon chien. Tout le reste, ça se discute. Et finalement, c’est plutôt bien passé parce que c’est rare que je m’énerve. Et quand je dis au bout d’un moment que quelque chose en général on sait que c’est important. Et donc ma conjointe m’a bien aidé. On a discuté et au final, on a trouvé des solutions qui conviennent à tout le monde. Donc vous avez.

 

E.

Fait cette vidéo à domicile. Après cette discussion.

 

M.

Après cette discussion et après un grand réaménagement de l’appartement. C’est vrai, oui.

 

E.

Vous avez fait des changements quand même.

 

M.

On va dire que c’était avant. Cet appartement, Il y avait une partie qui était encore un espace de chantier. Ok. Alors en plus, on n’était pas non plus sur un truc avec des murs par terre. Mais en fait, il y avait des choses que moi je ne voulais plus qu’il soit là.

 

E.

Donc vis à vis du chien, vis à vis du chien.

 

M.

C’était un sujet qui fallait. En fait, il fallait le régler quoi. Bon, très bien, je l’ai réglé. Ça a été.

 

E.

Réglé et réglé. T’as pu appeler l’école pour dire ?

 

M.

Quand ils sont revenus, venus vers moi, c’était nickel. On a revu l’agencement de tout ça et aujourd’hui c’est nickel. Et il y a aussi eu des petites règles qui ont été édictées sur la vaisselle. Sur certaines choses que je ne voulais pas qu’il traîne.

 

E.

Par rapport aux chiens, par rapport.

 

M.

Aux chiens.

 

E.

Mais du coup, cette visite à domicile, elle s’est bien passée.

 

M.

S’est bien passée.

 

E.

Et c’était en présence de tes proches.

 

M.

Du coup, non, il n’y avait que moi. Ma conjointe aurait dû être là, mais malheureusement, il y a eu des cours, donc le bonheur des cours. Mais elle était positive cette visite.

 

E.

Donc ça, c’était un peu le début de la fin. Mais le début de la belle aventure, La fin de l’attente, j’ai envie de dire le début de la fin de l’attente. Il y a un truc.

 

M.

Qui est horrible, mais la visite de septembre, j’ai commencé à me dire au pire, ça arrivera jamais. Tu as.

 

E.

Pensé ça ?

 

M.

Ouais, mais ça me rendrait moins triste que de me dire ça va arriver bientôt. Parce que c’était.

 

E.

Tellement incertain en termes de dates.

 

M.

J’aurais fait avec. Je voulais faire comme si ça n’existait plus. Je crois que tu as.

 

E.

Été un peu moins présent aussi sur les réseaux et tout à partir de septembre. Tu as eu. Puis il y a eu la journée portes ouvertes. Tu ne savais pas si tu allais y aller.

 

M.

Oui, je ne voulais pas y aller. Franchement, je leur ai dit. Je leur ai dit je vous adore. Mon cœur a une envie d’y aller qui est dingue. Mais ma raison, c’est que si je vais y aller, je vais fondre en larmes parce que je supporterai pas de voir autant de chiens et de ne pas avoir mon chien à moi. Parce que la dernière fois que j’y suis allée, j’étais déjà dur parce que j’étais allée et j’avais rencontré plein de gens merveilleux, gentils, que des amours et avec leur chien. Et j’avoue, ça m’avait fait un pincement au cœur, mais je m’étais dit que la.

 

E.

Prochaine, c’était pour toi. Quoi ?

 

M.

C’est ça que là je pense que j’avais pas la force mentale d’y aller. Et donc je me suis dit vraiment, dans cette optique là, tant pis, on fait comme si que ça n’existe plus et je veux le moins le voir possible parce que sinon je ne vais pas tenir, il faut que je me change la tête. Et donc là, j’ai particulièrement travaillé beaucoup, beaucoup, beaucoup, parce que je voulais oublier et arrêter d’attendre. Parce que j’en pouvais plus, C’était trop long. Et alors ? C’est la faute de personne, mais c’est comme ça.

 

E.

Il fallait attendre. Oui, comme tu dis, tout est mis en œuvre. Mais le pire c’est.

 

M.

Que c’est un peu schizophrénique cette histoire. Parce que on attend, on réenvisage sa vie avec le chien. Le chien n’est pas là et donc on se dit mais attends, je suis en train de préparer plein de trucs mais il n’y a rien en face de moi. C’est très schizophrénique je trouve comme comportement.

 

E.

Tu envisages une nouvelle vie mais tu ne sais pas quand est ce qu’elle va arriver.

 

M.

Avec ma conjointe, on a été simplement regarder ce qui existait en elle, ce qui existait en produit autour de l’animal, qui existait en croquette, etc. Ma conjointe n’arrête pas de m’envoyer des des photos de panier en mode Ah celui là, il est mignon ! Ah oui, celui là, Même si c’est difficile, d’un côté, ça donne l’impression qu’on a réussi à faire quelque chose et que même si c’est pas encore concret, c’est vrai. C’est PEUT-ÊTRE L’espérance de vie la plus forte que j’ai jamais vécu Dans ma jeune vie. J’ai 23 ans mais dans ma jeune vie, je pense que c’est l’expérience humaine la plus forte que j’ai jamais vécu. Il y a eu mi septembre l’APEL de l’école de Chien guide. Je m’excuse auprès de ma meilleure amie qui s’est pris à raccrocher au nez assez rapide.

 

E.

Tu l’avais en double appel. J’avais un double.

 

M.

Appel, on discutait de deux trucs très drôles en plus. On discute. J’entends mon téléphone qui sonne. J’appelle. Je regarde et je vois l’école de Chien guide. J’ai raccroché tout de suite.

 

E.

Tu m’étonnes, j’aurais fait pareil.

 

M.

Et après j’ai rappelé ma pote en lui disant Désolée. Et donc là, elle me fait Bonjour Mathis, c’est une bonne nouvelle.

 

E.

Enfin.

 

M.

Et là j’ai dit Vous voulez m’offrir un aspirateur ? Oui, parce qu’il faut que je fasse une blague. C’est comme ça que je me déstresse en fait. Bon, on va vous présenter les chiens si vous êtes disponibles. Quand je dis si vous voulez, je peux venir dans dix minutes, je prends le RER, j’arrive. Elle dit non, quand même pas dans dix minutes. Franchement, vous abusez. Et moi, le premier truc qui m’a fait rire. Le truc qui va me faire avoir un coup de cœur. Mais ça a duré une seconde en fait, c’est que les éducatrices ouvrent la porte de la salle de remise. Elle l’a à peine détachée qui court vers la balle. Le premier truc qui fait je n’existe même pas. Sa balle qui compte. Lui, je l’aime. Et Uriel, il est hyper attachant.

 

E.

C’est quoi ces trois mots si tu veux nous les dire ?

 

M.

Bah en fait on parlait des hypersensibles, mais moi je pense hypersensibles, pas hyper attachants.

 

E.

Ouais, pour lui.

 

M.

C’est un chien qui a besoin d’être attaché et c’est pour ça que pour lui, la transition n’a pas été hyper facile. Son éducatrice qui est en séance de travail ne travaillait plus avec lui. Je sais pas si c’est moi qui travaille avec lui. Lui était un peu en mode mais pourquoi tu m’aimes plus ? C’est aussi un chien hyperactif. Il aime tout faire en fait, tout le temps. Ils ont fait une séance d’obé. Ouais, nickel, Trop bien. On fait du guidage ? Ouais, trop cool. On fait la balle. Ouais. Allez, on y va. Il est tout le temps content. Tout le temps. Collaboratif.

 

E.

C’est trop cool. Ça veut dire qu’il est partant pour te suivre en fait.

 

M.

C’est tout lui convient. C’est le chien le plus collaboratif de la Terre. Non, peut être pas le plus créatif, mais il est très collaboratif et c’est un chien qui a un sacré caractère. Un peu comme toi. Ouais, il a affirmé, parfois un peu borné et têtu, mais il a affirmé Et en fait, moi je l’avais dit dès le début, maintenant je ne veux pas un chien trop docile parce que j’ai envie. Un chien docile, c’est génial, mais il n’y a pas de de travail à faire. Je trouve un chien trop docile. Je voulais un.

 

E.

Challenge un peu.

 

M.

Moi, j’ai besoin de ce côté, un petit peu là où vraiment on sent une progression. Parce que vu qu’il est têtu, ça veut dire que ça va demander plus de travail. Et justement, ce qui est plus cool, c’est plus cool. Parce que en fait, quand on arrive à faire quelque chose avec un chien qui peut être plus têtu, ben ça montre qu’on a bien travaillé. Ça montre vraiment bien.

 

E.

Que tu as mis de l’effort derrière et tu voulais que ce soit.

 

M.

En fait, on réussit quelque chose ensemble. Je dis yes, c’est que j’ai été bon et franchement, sur ma confiance en moi, j’ai confiance en moi, franchement évolué beaucoup avec lui.

 

E.

Et c’est vrai que la remise, pour le coup, ça a été une vraie épreuve. Mais c’est souvent le cas. J’ai fait des épisodes en immersion pendant la remise, que ce soit avec Lauriane ou avec Georges, C’est très dur.

 

M.

Tout est fait pour qu’on soit le mieux possible. Vraiment ? Franchement, je n’exagère pas du tout. On n’était jamais seul. On avait toujours notre éducatrice qui était l’éducatrice de nos chiens, ou au moins quelqu’un le soir, il y avait toujours quelqu’un avec nous. On est toujours accompagnés. Mais malgré ça, il y a des moments où la fatigue. Il suffit qu’il y a un truc qui ne fasse pas bien pour que tout soit décuplé. Aujourd’hui, ça n’a pas été dur en termes d’attendus. On a des trucs très très très très durs, mais ça restait quand même assez simple dans les demandes. Par contre, très répétitif et très intensif dans la cadence. Après, c’est le but des stages, c’est clairement de faciliter ce côté là pour que au moment du stage, ce soit pas facile mais moins difficile quoi. Donc oui, ça a été fatigant. Je suis rentrée là, je me suis assise, ça m’a assommé quoi. Et c’était une longue journée de travail. Ouais, c’était assez fatiguant.

 

M.

Et c’est vrai qu’il y a rien en soi. Moi, je suis rentrée en pleurs à l’école de Chien guide. Est ce qu’il y a eu un exercice qui a été compliqué ? Et en fait, on était un peu comme si qu’on était passé au réel de l’enfance, à l’adolescence ou du côté je travaille avec toi parce que t’es super cool à maintenant. J’ai commencé à te tester plutôt que ça, on l’a fait en une journée, c’est pas celle là. Normalement, les parents ils ont au moins quelques mois de latence et j’avoue que on avait eu un fait la première séance de guidage dans une zone qui ressemble à l’agglomération parisienne. Un peu plus où en fait il y avait du bruit, des voitures, beaucoup de gens, d’autres chiens, des réactions vraiment. En fait là, le début des Hunger Games, clairement, c’est ça. Pour la remise et le bruit, ça faisait deux jours qu’on était en stage, il n’y avait pas eu autant de bruit et je pense que le bruit m’a perturbée.

 

E.

Saouler tout le monde.

 

M.

Le bruit m’a perturbé, j’étais trop centrée sur ça et donc j’en oubliais ce que j’avais appris en fait en stage et en stage. Et donc j’avais toujours un temps de retard au point où dans mes reprises il y a des têtus. Ben oui, donc c’est bien sûr, C’est à ce moment là qu’il a décidé de me tester. Oui.

 

E.

Oui.

 

M.

Il s’en vient le moment.

 

E.

Ils ne savent.

 

M.

Pas mes reprises. Je n’avais pas été bon, très mou même. Ce qui fait que l’exercice est pas mauvais. Mais il est pas bon et je fais le trajet jusqu’au bout. Il y a plein de fois on a dû refaire des parties parce que en fait c’était pas bon, c’était pas bon et je sentais que c’était pas bon. Et le pire c’est quand tu sais que c’est pas bon et que tu fais ton truc et tu sais quand tu fais ton truc, Mais c’est pas ça. Et tu sais que ton éducatrice de Mathis, je ne suis pas là.

 

E.

Après, vous avez eu quelque temps de relâche et en.

 

M.

Fait le Week-End, on a fait la mise toute la semaine mais du coup le Week-End.

 

E.

Tu es rentré ?

 

M.

Non, moi ce qui s’est passé c’est que en fait moi je suis rentré, c’est le soir où je suis rentré à l’école pour l’internat et donc en fait on a pris la voiture pour retourner à l’école. Je n’étais pas bien et je me rappelais de ce qu’avait dit éducatrice en me disant bon, ce n’était pas hyper bien. Bon bah il faut être un peu plus fort dans tes dans tes reprises et tout. Et elle a été gentille, mais en fait on m’avait fait comprendre que gentiment que ça. Il fallait que je sois un peu plus stricte que je me, que je m’affirme un peu plus et que je sois moins déstabilisée par mon environnement. Et j’avoue, ça m’avait un peu pas fait mal. Mais ça m’avait touché parce que je me suis dit j’ai été nul, j’ai été nul. Et notamment j’étais dans ma tête que dans la voiture. Les gens ils pensaient que je dormais, l’éducatrice et la monitrice qui était là, plus ma collègue de remise qui était là pensaient que je dormais, je dormais pas sur ma tête.

 

M.

On est rentré à l’école, j’ai donné à Murielle ses croquettes, je suis monté dans le studio et je me suis mis à éclater en larmes. Ou j’ai appelé ma conjointe en disant je suis nul, je n’y arriverai pas. Et surtout on va répéter Ce qui a surtout joué, c’est la fatigue. J’étais très fatigué.

 

E.

Ben oui.

 

M.

Mais la fatigue plus ce petit truc qui se passait pas comme je l’aurais.

 

E.

Imaginé, qui te remet un peu en cause quoi.

 

M.

Et ouais mais j’en ai pleuré, mais bien. J’ai bien pleuré, mais. Et pourtant c’était pas grave, c’était juste un exercice, C’était pas grave.

 

E.

Oui, mais tu l’attendais depuis tellement longtemps que tu te devais d’être à la hauteur et du recul.

 

M.

Je me dis mais c’est débile de.

 

E.

Pleurer pour ça. Mais la fatigue c’est tellement fatiguant.

 

M.

Les stages de remise et même les stages et les stages, c’est d’une intensité sur une journée, mais c’est d’une intensité. Il faut suivre. Moi je me.

 

E.

Souviens quand tu m’as raconté que tu allais rentrer avec Uriel pour la première fois chez toi. Tu veux nous le raconter ? Mais c’est.

 

M.

Difficile. Difficile parce qu’en fait, j’étais anxieux, mais vraiment anxieux.

 

E.

Tu avais tant attendu et finalement, j’étais anxieux. J’étais là quoi.

 

M.

Et il y avait ce côté là. Et il y avait ce côté putain. Quoi que je fasse mal, il ne faut pas que je fasse rentrer dans ça. Il faut que je fasse attention à lui. En fait, j’avais tellement peur de tout que je n’osais pas avancer. Ce retour a duré 40 minutes. Moi, j’ai l’impression qu’il a duré 3 h 30. En fait, j’étais tellement anxieux qu’à chaque chose, à chaque petit truc, je devais au moins vérifier deux, trois fois ce que je faisais. J’avais le cœur qui battait et en plus, je sentais que Uriel n’était pas hyper rassuré parce que ça devait être la première fois qu’il partait avec moi.

 

E.

Il était en laisse, il n’était pas awareness.

 

M.

Il était en laisse. Oui, la première fois et ça n’a pas été un trajet facile. Je me rappelle quand j’ai dû le ramener à l’école, je l’ai regardé et je lui ai dit bon, cette fois on fait mieux, d’accord ? Et au fur et à mesure, ça allait. Mais c’est vrai que les trajets étaient. Ce premier trajet a été difficile parce que. Et aussi ça se concrétise, ça se concrétise et on se dit maintenant on n’a plus le droit à l’erreur parce que c’est un être humain, un être vivant qu’on a avec nous, un être vivant qu’on a avec nous. On ne peut pas se permettre de se tromper. On peut se tromper en pré-stage, on ne peut pas se tromper dans la vraie vie parce que je pense, je ne peux pas lui faire rater une ligne, manquer un truc ou c’est particulier et. Mais au moins ça me met dans le bain là tu.

 

E.

Es dans la vraie vie quoi.

 

M.

Dans la vraie vie. Et maintenant tout ça c’est facile.

 

E.

Ça fait un mois.

 

M.

Pourtant c’est facile parce qu’on a répété mais d’un coup la laisse le chien, le RER. Bon courage ! Salut ! Salut ! Parce qu’en plus on allait travailler mais vraiment pas longtemps. Dans le côté. On a vraiment travaillé les transports, surtout en stage. En stage de remise. Du coup, si toi tu n’as pas beaucoup travaillé en stage, on l’a fait assez rapidement. Ça a été très rapide. C’était plus. On a juste travaillé la gare et comment monter dans le RER avec le chien. Donc c’était assez succinct. Donc tout le reste c’est un peu tu te débrouilles. Bon, je n’avais pas le harnais, je n’avais que la laisse, c’est pour ça que ça ne nous a pas plus.

 

E.

Aussi parce qu’avec le harnais.

 

M.

Ça demandait pas plus. C’est vraiment en stage, on a vraiment tout le côté harnais, trouver, trouver son, son, son emplacement dans le métro, etc. Et donc j’étais en mode ouais mais si je fais ça, est ce que je le fais bien ? Mais peut être que c’est pas comme ça qu’il faut faire. Il faut que je mette mon chien. Ma mère ne me dise pas vraiment à sa place parce que c’est grave. C’est pas vraiment grave. Je sais pas si c’est grave.

 

E.

Tu avais passé une semaine avec des gens pour t’aiguiller autour de toi et là, en te retrouvant tout seul pour rentrer chez toi, c’est normal aussi.

 

M.

Et après il y a eu l’autre départ qui a été le départ après la semaine de stage où là j’ai pleuré. Alors là, ça a été. On a pleuré, mais dans le positif. Hou là, on vient de rentrer du stage. C’était émotionnellement, ça m’a chamboulé de partir de l’école, etc. Dans le bon sens du terme. Il y a eu une petite larme. C’était émotionnellement très particulier. Je suis super content et je suis ému et super ému. Cette semaine, c’est fini. On vous fait signer le contrat et on vous dit c’est bon, c’est votre chien guide. Et là, tu te dis Oh putain, c’était long quoi, C’était long et et si court à la fois. En fait, c’est là qu’on se rend compte qu’en fait c’était court, mais que dans ta tête, c’était très long.

 

E.

C’est ce que j’allais te demander avec ton recul, cette attente alors que ça ne fait que un mois que tu avais qu’uriel. Tu l’as déjà oublié cette attente ou.

 

M.

Oh oui, oui, parce que ça a été remplacé par tout le reste. Ce qui a été le plus dur dans l’attente, ce n’est pas l’attente en elle même, c’est de pas savoir quand.

 

E.

Oui, c’est le.

 

M.

Tunnel où on ne voit pas de fin. L’attente quand j’ai dû attendre pour ma remise était beaucoup plus facile parce que j’avais une date. Tu avais.

 

E.

Une date.

 

M.

J’avais un point de repère et aujourd’hui, il y a tout le temps avec moi et j’ai pu. En fait, c’est l’attente, elle est finie. Donc vu que l’attente, elle est finie. C’était dur, mais en fait, tout le côté dur de l’attente a été remplacé par le côté positif de la présence d’Uriel ici. Et je dis même que si on m’avait dit pile poil comment c’était après la remise, mais vraiment pile poil genre qu’on avait pu avoir une boule de cristal pour me dire comment ça allait être après la remise etc. Les deux ans, je les refais.

 

E.

Ouais, avec le recul, finalement.

 

M.

Les deux ans, ça valait le coup, ça valait la peine. C’était long, désagréable, mais ça en valait la peine. Et surtout que l’attente, moi je la coupe en deux deux périodes. Et la première partie, on a l’impression que c’est pas vraiment une attente, parce qu’il n’y a rien qui est réel, parce que c’est trop. C’est trop tôt pour vraiment être réel. Et c’est la deuxième partie qui est dure.

 

E.

A partir de quel point du coup ?

 

M.

A partir du moment, moi je dirais, à partir du moment où tu te rapproches d’une date raisonnable.

 

E.

Donc des deux ans d’attente.

 

M.

Pas deux ans, un peu avant un an et demi, un peu plus à ce moment là, là où tu te rapproche d’une date qui potentiellement raisonnable, où tu te dis là tu rentres dans cette période qui est plutôt rationnelle.

 

E.

Par rapport aux délais annoncés, délais.

 

M.

Annoncés, etc. Où là tu te dis moi, je faisais des paris dans ma tête, franchement, moi je m’étais dit je vois mon chien, juin, juin, juillet, c’est comme ça que je l’imaginais. J’ai eu cet appel finalement non.

 

E.

Là ça a.

 

M.

Été dur, j’ai dit mais non, mais ça ne correspond pas à ce que j’attendais. Ce n’était pas logique et je leur ai dit après j’ai été fâché pas contre vous. C’est pas de la faute de Chien guide, mais j’étais fâché parce que c’était juste injuste. C’était injuste parce que on a personne contre qui est en colère.

 

E.

C’est exactement ce que me disait Lauriane, avec qui je partageais l’immersion de la remise et avec qui je partageais la tente de Chien guide parce qu’elle m’en a beaucoup parlé. On était voisines à Boulogne quand j’étais encore à Bologne, et j’ai aussi beaucoup partagé avec une une autre jeune fille qui n’a pas voulu participer à cette aventure de passage en immersion parce que c’était trop compliqué pour elle. Elle, elle avait eu une première date et puis finalement, ce n’était pas la bonne date, ni le bon chien. Et comme tu disais, ça a été très dur de se remettre en question, ce qui paraissait raisonnable.

 

M.

Oui, je suis d’accord.

 

E.

Et si tu devais justement donner un conseil aux auditeurs pour mieux vivre leurs démarches de demande de chien guide et surtout cette attente avec le recul que tu as aujourd’hui ?

 

M.

Moi je. Déjà, je commencerais par m’entourer par des gens bienveillants. Il faut penser que pas forcément des gens qui sont handicapés, pas forcément, mais des gens bienveillants, Des gens qui comprendront que parfois vous n’avez pas spécialement envie de parler de Chien guide. Et ça, j’avoue, j’en ai eu. Il faut des gens qui sachent que parfois vous avez envie de déconnecter l’idée de Chien guide parce que vous êtes dans des mois d’attente où vous n’êtes pas en capacité d’en parler. Et aussi, je dirais, il s’est un peu compliqué, mais votre attente, c’est votre attente à vous. Ce n’est pas l’attente de quelqu’un d’autre. Il ne faut pas imaginer que automatiquement, parce que pour certains, ça a été difficile, ce sera automatiquement difficile. Peut être que vous allez bien le vivre et peut être beaucoup plus court que vous ne l’imaginez. Ou en fait, il ne faut pas partir avec des a priori et ensuite vous faites. Moi je pense qu’on devrait être beaucoup plus à parler entre nous, dès.

 

E.

L’attente, dès.

 

M.

L’attente, dès le.

 

E.

Oui.

 

M.

Et pour dire directement. Moi je pense que ce serait bien qu’on ait un sorte de groupe de groupe, de mettre des chien guide, mais de gens en attente qui pourraient parler entre eux. Attends, moi aussi ça me fait chier. Viens, on se prend un verre. Et ne pas hésiter à essayer parfois à se prendre des moments de pause. Moi je l’ai fait quand j’en ai eu marre d’attendre. Je l’ai fait ce moment de pause. Penser à autre chose. Plus. Moi, je travaille dans la politique. On m’a mis une élection législative anticipée, nickel.

 

E.

Le timing était très bon. Merci Macron.

 

M.

Moi, franchement, j’ai été le seul à dire parce que j’ai parlé avec les services, les services concernés et j’ai été la seule à leur dire merci pour la dissolution parce que ça me fait penser à autre chose. Moi franchement, un mois de campagne. Moi j’étais content.

 

E.

Je trouvais que le timing était tout trouvé.

 

M.

J’étais le premier arrivé en arrivant en permanence de campagne. C’est qu’on commence. Allez, go ! On peut bosser.

 

E.

Là parce que je m’ennuie.

 

M.

J’en peux plus, j’en ai marre. Arrêtez ! Mais je les ai énervés, les pauvres. C’est ça ? Il faut.

 

E.

Il faudrait en parler avant, il.

 

M.

Faut en parler avant. Et il ne faut pas hésiter aussi à dire à ses proches parfois quand ça va mal. Moi, les moments en fait, je me disais mais je ne vais pas leur en parler parce qu’ils s’en foutent. Mais est ce que est ce que franchement, ça intéresse ma conjointe que j’ai de lui dire J’attends. Mon chien va me dire ouais c’est un chien, mais en fait c’est ce que je pensais qu’il allait dire moi Mais c’est qu’un chien Quoi Pourquoi donc un chien ? En fait non, faut pas essayer de leur dire. C’est dur à entendre mon chien, parce que moi je sais ce que c’est qu’un chien. C’est mon futur meilleur ami que là j’en ai besoin et que d’attendre ce dont j’ai besoin, ben j’aime pas. On n’aime pas attendre ce dont on a besoin, on aime l’avoir tout de suite, ce dont on a besoin parce que si on en a besoin, sinon on n’en aurait pas besoin. Enfin, c’est le principe du besoin, c’est un besoin, on doit le combler.

 

M.

Vous avez soif, vous allez boire, vous avez faim, vous allez manger, Vous attendez pas six mois pour avoir une escalope. L’escalope, elle arrive tout de suite. En général, vous la faites. Voilà. Ben moi je dis souvent mon conjoint, j’ai dû attendre 1 à 2 ans pour avoir mon escalope. Normalement un besoin on doit pouvoir le sustenter le plus vite possible. Et je lui ai dit moi mon besoin je dois attendre pour me sustenter et et c’est pas juste mais c’est pas juste, c’est pas.

 

E.

Il y a personne. C’est ce que tu dis. Le plus compliqué c’est qu’il n’y a pas de responsable responsable.

 

M.

C’est de la faute de personne.

 

E.

Au contraire, il n’y a que des bonnes actions et des bonnes personnes en face.

 

M.

En fait qui fait que bah c’est long d’éduquer un chien, ça coûte cher.

 

E.

Et pour toi, à ta propre demande, qu’est ce que ça a changé ? En deux mots, ma vie, tout ça.

 

M.

En deux mots, ma vie, c’est en deux mots. Ça a tout changé. En positif. Même un truc tout fait. Un truc tout con. J’ai une prof. Je ne vais pas dire son nom parce que la pauvre, Mais je ne l’aime pas. Je la déteste. Je pense que je souhaite la mort de personne. Mais si elle demain elle se prend un camion, je pleurerai pas. Une fois, on est rentré dans sa salle avec Uriel. Je devais lui rendre un devoir et c’était une épreuve d’aller la voir parce que j’avais pas envie d’aller la voir. Et elle a passé dix minutes à caresser Uriel. Lui faire des gros câlins ? Oh, il est mignon. Oh, il est gentil. Et là, je fais mon DM. Enfin, on verra plus tard. Au final, même elle, elle est devenue gentille. J’ai pas compris pourquoi Uriel il facilite beaucoup les choses et même franchement, aller à la fac c’était difficile parce que ça me fatiguait et quand j’allais à la fac, j’étais crevée donc j’avais pas envie d’aller en cours.

 

M.

Et pourtant j’adore ça parce que j’étudie franchement, j’adore ça. Mais aller en cours pour être fatiguée et au final rien apprendre parce que t’es crevée, tu te dis que franchement, ça en vaut la peine là. Quand je vais à la fac, je ne suis pas fatiguée et en.

 

E.

Plus il.

 

M.

N’y a plus rien à mes côtés. Donc en fait, c’est un facilitateur. Et même dans tout, même dans ma vie personnelle, tout est plus enjoyé parce que Murielle est toujours là pour faire le bon comportement au bon moment. Tout ça est plus positif. Franchement, oui, ça change tout. Et aujourd’hui, tout à l’heure, si on m’avait dit tout ça, les deux ans d’attente, je l’aurais fait. Pour tout dire, je l’ai refait, il n’y a pas de problème. Et en fait, là, on rentre dans une nouvelle attente mais qui n’attendent plus concrète, c’est l’attente de l’évolution de ta.

 

E.

Relation, de tout ce que vous avez.

 

M.

Construit. Et cette attente, elle est beaucoup plus facile parce qu’elle est concrète. Il est là, il est là et on voit bien qu’il est là le matin, il n’y a pas de soucis. C’est l’heure de se lever. Ben allez, on se lève. Oui, je ne suis pas un chien, j’ai un réveil minutes pile poil à cette heure. Oui.

 

E.

Il marche. Je vais avoir un bébé, C’est presque pareil. Ma sœur m’a dit.

 

M.

Ça, ma sœur m’a dit ça. Elle a trois enfants. Ma sœur m’a dit Tu vas voir, un chien, c’est comme un bébé. Quand tu auras un enfant, ce sera facile. Donc, morale de l’histoire Vous voulez être parents ? Prenez un chien. Voilà, comme ça vous serez habitués avant.

 

E.

Bon, mais en tout cas, on voit que ta relation avec Uriel n’est qu’au début.

 

M.

N’est qu’au début.

 

E.

Et merci de m’avoir confié tout ça pendant tous ces mois. Tes doutes, tes joies, tes peines. Tout ça pour en.

 

M.

Écrire un livre.

 

E.

Je vais te laisser le faire.

 

M.

Merci à toi. Merci à toi. Je suis trop content. Là, dans ce stage de remise là, on avait eu à domicile, on avait eu des trajets un peu compliqués où il a fallu beaucoup refaire des ateliers, etc. Pour me mettre en confiance, etc. Et l’éducatrice m’avait donné une sorte de devoirs à faire tout seul à côté de chez moi, une sorte de grande ligne droite qui remonte vers un café où j’aime bien aller. Elle m’a dit de le faire et les deux premières fois, c’était pas mauvais, mais pas bon non plus. En fait, un entre deux. Et là, c’était vraiment nickel et je suis trop content. Je suis trop content, Ça montre que je peux y arriver seul avec lui et c’est trop cool parce que j’en doutais pas, mais j’étais un peu en mode ah zut, mais pourquoi j’y arrive pas hyper bien. Et là, c’est cool, je suis trop content.

 

E.

Et voilà, c’est la fin de cet épisode avec Mathis et j’espère qu’il vous a plu. Si vous avez aimé ce format en immersion, je vous recommande vivement d’écouter l’épisode 37 avec Lauriane dont nous avons parlé aujourd’hui où nous avions plongé au cœur de la remise. Et vous, êtes vous en attente de votre premier chien guide ou d’un renouvellement ? Dites le moi en message privé et sachez que vous n’êtes pas seul. De mon côté, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode sur l’univers méconnu Les chiens guides d’aveugles.

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