Aujourd’hui je vous prĂ©sente Dominique qui est prĂ©sidente de l’Association Nationale des MaĂźtres de Chiens Guides qui soutient mon podcast ce trimestre, et qui est accompagnĂ©e de Pop, son sixiĂšme chien guide ! Et qui dit 6 chiens guides, dit une longue histoire avec les chiens guides Ă  travers les annĂ©es, et toutes leurs Ă©volutions. D’ailleurs son premier chien ne venait pas d’une Ă©cole de chiens guides, pourquoi ? Car il n’en existait pas en fait. C’est vrai qu’aujourd’hui leur existence fait largement partie de l’univers des chiens guides, mais avant d’en arriver lĂ , il a fallu trouver des solutions comme nous le raconte Dominique.

Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.

Salut Ă  tous, je m’appelle Estelle et je suis passionnĂ©e depuis toujours par les chiens guides d’aveugles. BĂ©nĂ©vole pour cette cause Ă  Paris depuis des annĂ©es et aujourd’hui Ă  Lyon, j’ai lancĂ© le podcast futur Chien Guide, Ă©tant persuadĂ© que l’univers des chiens guides d’aveugles mĂ©rite d’ĂȘtre mieux connu par tous, afin que chacun puisse y trouver sa place. Mais savez-vous que seuls 1% des dĂ©ficients visuels sont accompagnĂ©s d’un chien guide ? Alors, pour mieux comprendre par qui et comment ils sont Ă©duquĂ©s, mais aussi pour dĂ©couvrir leur rĂŽle dans le quotidien de leur maĂźtre et les bouleversements Ă  leur arrivĂ©e, je vous partage deux fois par mois mes Ă©changes avec un invitĂ© issu de cet univers, maĂźtre de chien guide, bĂ©nĂ©vole et tant d’autres. Pour en savoir encore plus, n’oubliez pas de vous inscrire Ă  ma newsletter mensuelle pour dĂ©couvrir les coulisses du podcast, les actualitĂ©s des chien-guides et bien sĂ»r, des nouvelles de mes invitĂ©s. Aujourd’hui, je vous prĂ©sente Dominique, qui est prĂ©sidente de l’Association nationale des maĂźtres de Chien Guide, qui soutient mon podcast ce trimestre. Et qui est accompagnĂ© par POP, son sixiĂšme Chien Guide, et qui dit: Si, Chien Guide dit une longue histoire avec les Chien Guide Ă  travers les annĂ©es et toute son Ă©volution.

 

E.

D’ailleurs, son premier Chien Guide ne venait pas d’une Ă©cole de Chien Guide. Mais pourquoi ? Car il n’en existait pas. C’est vrai qu’aujourd’hui, leur existence fait largement partie de l’univers des chien-guides. Mais avant d’en arriver lĂ , il a fallu trouver des solutions, comme nous le raconte Dominique. Et maintenant, place Ă  l’épisode. Bonjour Dominique.

 

D.

Bonjour.

 

E.

Merci d’avoir acceptĂ© mon invitation sur le podcast futur Chien Guide et de m’accueillir en plus dans cette belle structure qui est l’ANM Chien Guide, l’Association nationale des maĂźtres de Shein Guide. Comment vas-tu ce matin ?

 

D.

Ça va. Ça va comme d’habitude.

 

E.

Comme d’habitude, en forme, Ă  Paris toutes les deux pour l’occasion. Et toi, tu es bien On entend une petite clochette dans le coin. Tu es venue en compagnie de ton chien guide, bien sĂ»r. Est-ce que pour commencer, tu peux nous donner trois mots pour te dĂ©crire et trois mots pour dĂ©crire justement ce petit toutou, ce grand toutou, j’ai envie de dire.

 

D.

Alors, trois mots pour me dĂ©crire. Joyeuse Ă  l’écoute, rĂ©servĂ©.

 

E.

Et alors, pop, est-ce qu’il te ressemble ?

 

D.

Je ne sais pas. Pop, il est tendre, il est brutal et c’est un grand professionnel.

 

E.

Alors, tendre et brutal dans la mĂȘme phrase ? Comment tu expliques ça ?

 

D.

Il est tendre, c’est-Ă -dire qu’à la longue, dĂšs que la relation a pu s’établir et a pu se stabiliser, il s’est rĂ©vĂ©lĂ© tel qu’il est. Et c’est vrai qu’il s’est rĂ©vĂ©lĂ© qui est un chien extrĂȘmement tendre, extrĂȘmement attentif, extrĂȘmement Ă  l’écoute lui aussi. Par contre, il garde sa brutalitĂ© de chien trĂšs costaud. Et dĂšs qu’il remue, dĂšs qu’il commence Ă  s’agiter, c’est une bombe.

 

E.

Oui. C’est vrai qu’il est assez imposant pour les gens qui nous Ă©coutent. Comment tu le dĂ©crirais ton pop ?

 

D.

Je le dĂ©crirais comme un labrador qui fait 70 centimĂštres au garrot et qui pĂšse 47 kilos et qui est trĂšs, trĂšs, trĂšsJe ne peux pas dire remuant parce qu’il est capable de rester trĂšs longtemps, par exemple dans le train, il reste 5 heures sans bouger, mais qui, quand il se met Ă  bouger rĂ©ellement, il Ă©tait trĂšs actif, voire brutal, parce qu’il bouge comme Ça peut ĂȘtre bien bĂąti.

 

E.

Oui, il est un peu imposant, on peut dire. Mais en tout cas, Ă  cĂŽtĂ© de toi, ça, on l’impose, justement, parce qu’il guide tes pas depuis combien de temps, Pop, maintenant ? Deux ans et demi. Deux ans et demi. Mais je crois que ce n’est pas ton premier chien de guide.

 

D.

C’est le sixiùme.

 

E.

Le sixiĂšme. Est-ce qu’on peut reprendre un petit peu le fil de l’histoire ? Au tout dĂ©but, comment ça s’est passĂ© ? Est-ce que tu connaissais les chiens guides ou pas ? Comment tu as dĂ©couvert les chiens guides ? Il y a si longtemps, du coup ? C’était une dĂ©couverte un peu par hasard ou pas du tout ?

 

D.

C’était par hasard. Je ne savais pas que ça existait. Nous en avions Ă  la maison, mais c’était des chiens de compagnie. Et quand ma sƓur Ă©tait interne dans un Ă©tablissement pour dĂ©ficient visuel et quand on est allĂ© la chercher, j’ai rencontrĂ© le chien guide du directeur.

 

E.

Ce qui est assez intĂ©ressant, c’est quand on a Ă©changĂ© un petit peu en amont de l’épisode, c’est ton sixiĂšme chien, mais ce n’était pas il y a six ans, c’était il y a plus longtemps. Et Ă  l’époque, les chiens guides, ce n’était pas tout Ă  fait la mĂȘme chose qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, tu es d’ailleurs prĂ©sidente de l’Association nationale des maĂźtres de chiens guides, oĂč on est aujourd’hui. On en parlera un petit peu aprĂšs. Mais Ă  l’époque, il y avait pas toutes ces structurations-lĂ . Et quand tu dĂ©couvres ça, le chien du directeur, tu sais d’oĂč il venait ?

 

D.

C’était en 1960 ou 1961. Et il a Ă©tĂ© Ă©duquĂ© par Paul Corteville.

 

E.

Directement, OK.

 

D.

C’était un chien noir, un groendal.

 

E.

Et donc, Paul Corteville, il est Ă  l’initiative du Centre de
 Qu’on appelle les chiens du Nord, le Centre Paul Corteville. LĂ , c’était lui qui Ă©duquait lui-mĂȘme les chiens de ce directeur-lĂ . Ça t’a donnĂ© quoi comme impression, toi ? Tu Ă©tais dĂ©jĂ  dĂ©ficient de visuel ?

 

D.

Je pense qu’inconsciemment, ça m’a ouvert les yeux concernant le chien guide. J’ai su que le fait d’ĂȘtre chien guide, de pouvoir guider, pouvait joindre l’utile Ă  l’agrĂ©able. Un chien pouvait donc ĂȘtre compagnon 24 heures sur 24. Je savais que je travaillerais, je savais que j’aurais une activitĂ© professionnelle et je savais donc que j’aurais un chien guide. Et lĂ , ça m’a donnĂ© des ailes.

 

E.

Oui, alors que tu n’avais que sept ans. Oui.

 

D.

Et pendant toute mon adolescence, quand j’étais en internat. Ce chien, je l’ai imaginĂ© tous les jours Ă  cĂŽtĂ© de moi. C’était un chien imaginaire. Il y a des enfants qui ont des amis imaginaires. Moi, j’avais un chien imaginaire Ă  cĂŽtĂ© de moi. C’était un gros chien. Comme pop. Comme pop. AprĂšs, en fac, j’ai Ă©tĂ© sans chien, mais je n’avais plus de disponibilitĂ© d’esprit pour penser au chien imaginaire. Et dĂšs que je suis sortie de la fac et que j’ai eu mon activitĂ© professionnelle, j’ai eu mon chien.

 

E.

Ton tout premier chien, on en avait parlĂ© l’autre jour au tĂ©lĂ©phone. Et Ă©tonnamment, il ne venait pas
 Nous, on pourrait se dire, il vient d’une Ă©cole de chiens guides comme on les connaĂźt, etc. Mais Ă  l’époque, il n’y avait pas tout ça. Comment ça s’est passĂ© pour toi ? Comment tu as eu ce premier chien guide ?

 

D.

Par l’intermĂ©diaire d’une personne que nous connaissions, nous avons eu vent qu’un dresseur de chien se trouvait dans les environs. Nous sommes allĂ©s chercher un chiot dans une ferme des environs. Nous l’avons servi de famille d’accueil pendant quatre mois et nous l’avons confiĂ© Ă  ce dresseur qui l’a donc dressĂ© et je l’ai rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  10 mois. C’était un croisĂ© de et de bergers belges, malinois.

 

E.

Et c’était un dresseur de chien-guide ou un dresseur de chien classique ?

 

D.

Non, un dresseur de chien classique.

 

E.

Comment on en vient Ă  se dire ?

 

D.

Il nous avait dit qu’il avait dĂ©jĂ  dressĂ© des chiens-guides. À l’époque, on disait dressĂ©. Maintenant, on lui dit Ă©duquer.

 

E.

DĂ©jĂ , rien que ça, ce changement de mots veut bien montrer toute l’évolution qu’il y a eue. Bien sĂ»r. Qu’est-ce qui faisait ce dresseur de chien ? Vous aviez un peu Ă©changĂ© avec lui, j’imagine, pour lui confier le chien en tant que tant.

 

D.

Oui, bien sĂ»r, mais on n’avait pas le choix. C’était le seul dans la rĂ©gion qui pouvait nous rendre ce service. Il n’y avait pas beaucoup d’écoles Ă  l’époque. Et puis, elles ne communiquait pas. VoilĂ , on a fait au plus utile.

 

E.

Et donc ce premier chien, tu nous disais que c’était un grand chien.

 

D.

Oui, un peu comme Pop. Il avait le mĂȘme stature, mais il n’était pas castrĂ©, il Ă©tait agressif. Mais bon, ça ne m’a pas gĂȘnĂ© plus que ça.

 

E.

Ça a rĂ©ussi Ă  matcher entre vous, on va dire. Oui. Et tu nous as dit, lĂ , c’est quand tu es sortie de la fac. Donc, tu as eu le chien et puis tu as pris ton indĂ©pendance en mĂȘme temps, je crois. VoilĂ .

 

D.

À 500 kilomĂštres de chez moi, j’ai pris un appartement, mon activitĂ© professionnelle et le chien.

 

E.

Grand changement de vie.

 

D.

Et ça a roulé, oui.

 

E.

Comment ça s’est passĂ©, ces premiĂšres annĂ©es de guide avec Niki ?

 

D.

C’est comme quand on dĂ©bute dans un lieu inconnu, c’était un peu de solitude. C’était le travail, le trajet, le domicile. Puis aprĂšs, peu Ă  peu, les connaissances, les amitiĂ©s, les aventures. Tout est parti de lĂ , comme tous les jeunes qui s’installent.

 

E.

Ça a Ă©tĂ© un peu ton premier guide dans tes vies indĂ©pendantes ? Oui. Niki t’a accompagnĂ© combien de temps ?

 

D.

Dix ans. Oui, quand mĂȘme. Il est mort Ă  13 ans, quand mĂȘme. Tous mes chiens sont morts Ă  13 ans.

 

E.

Ok. Comment tu voyais la vie aprĂšs Niki ?

 

D.

La vie continue. Je voyais la vie avec un autre chien guide. Et j’ai gardĂ© Niki Ă  la retraite. Tous mes chiens, j’ai gardĂ© Ă  la retraite.

 

E.

Et donc aprĂšs, par contre, une fois que tu avais eu Niki, c’était quand mĂȘme plus simple. Tu savais que les Ă©coles existaient ? Parce que dans ces 10 annĂ©es, tu as dĂ» croiser du monde.

 

D.

Dans ces 10 annĂ©es, il y a eu peut-ĂȘtre un peu plus de communication et j’ai eu mon deuxiĂšme chien Ă  l’école de Limoges.

 

E.

Donc là, les écoles commençaient à se structurer. Oui. Comment tu as perçu, toi, de ton point de vu de bénéficiaires, futurs bénéficiaires de ces chiens, la structuration des écoles ?

 

D.

Il y avait un peu de communication, il n’y en avait pas beaucoup, tout de mĂȘme. Je n’ai perçu l’organisation des Ă©coles qu’à partir des annĂ©es 2000, quand l’école de Toulouse a vu le jour. Je suis rentrĂ©e dans le systĂšme parce qu’en 2006, j’ai eu le quatriĂšme Chien Guide Ă  l’école de Toulouse. Et c’est lĂ , je me suis intĂ©ressĂ©e Ă  la structure des Ă©coles. Il y avait dĂ©jĂ  quasiment toutes les Ă©coles. Ça a Ă©tĂ© trĂšs vite. Ce systĂšme d’écoles de couverture du territoire a Ă©tĂ© trĂšs vite installĂ©. Je ne peux pas dire quand je ne le sais pas. Je n’ai cette connaissance. Je pense que c’est dans les annĂ©es 90 que ça a commencĂ© rĂ©ellement Ă  couvrir tout le territoire.

 

E.

De ton point de vue, en tout cas, de bĂ©nĂ©ficiaire, les Ă©coles te sont appĂ©rues un peu dans le paysage au dĂ©but des annĂ©es 2000. C’est lĂ  Il faut dire que je m’y intĂ©ressais pas tellement.

 

D.

Le principal, c’était que je trouve une Ă©cole pour me fournir un chien. Je voyais les choses Ă  mon Ă©chelle.

 

E.

Oui, c’est intĂ©ressant aussi de voir ça comme ça. C’est-Ă -dire que le premier chien, vous l’avez fait dresser Ă  cĂŽtĂ©. Les deux chiens aprĂšs, ils ont Ă©té 

 

D.

Le deuxiĂšme, c’était une Ă©cole fĂ©dĂ©rĂ©e, l’école de Limoges, qui a Ă©tĂ© fĂ©dĂ©rĂ©e Ă  partir de la naissance de la fĂ©dĂ©ration. Et le troisiĂšme, c’était un particulier aussi, qui avait fondĂ© un centre d’éducation non fĂ©dĂ©rĂ© Ă  Perpignan.

 

E.

Comme ça, tu as pu dĂ©couvrir diffĂ©rents types d’éducation. Et puis, je crois que tu es tombĂ©e amoureuse du berger australien. Tu en avais dĂ©jĂ  eu un Ă  Limoge.

 

D.

Non, Ă  Limoge, c’était un labrador. J’en ai eu deux Ă  Toulouse.

 

E.

C’est Toulouse.

 

D.

J’ai eu deux bergers australiens à Toulouse. Oui, ce sont des chiens exceptionnels, les bergers australiens, mais des chiens trùs particuliers.

 

E.

Et du coup, tu t’es investie un peu ? Toi, tu Ă©tais dans le coin de Toulouse, Ă  cette Ă©poque-lĂ , tu as eu ton quatriĂšme et ton cinquiĂšme chien ? Oui. Tu t’es un peu investie dans l’école ? Comment ça s’est faite cette dĂ©couverte un peu ?

 

D.

Oui, j’ai fait beaucoup de sensibilisation et je suis administratrice.

 

E.

D’accord, donc depuis ces annĂ©es-lĂ .

 

D.

Oui.

 

E.

Comment Ă©tait la structuration des Ă©coles ? Est-ce que ça a beaucoup Ă©voluĂ© depuis les annĂ©es 2000 par rapport Ă  ce qu’on connaĂźt aujourd’hui ?

 

D.

Je pense que ça n’a pas beaucoup Ă©voluĂ© cĂŽtĂ© administratif. AprĂšs, cĂŽtĂ© Ă©ducation, dans la mesure oĂč les Ă©coles ont Ă©tĂ© fĂ©dĂ©rĂ©es, il y a eu des structures communes, communes Ă  toutes les Ă©coles. Donc, les modes d’éducation ont Ă©tĂ© harmonisĂ©s. Tout a Ă©tĂ© harmonisĂ©. Donc, disons que ça a Ă©tĂ© une politique plus nationale dans tous les domaines. J’ai fait beaucoup de sensibilisation.

 

E.

En tant que bĂ©nĂ©vole, du coup ? Oui. Aux cĂŽtĂ©s de tes deux bergers australiens ? Oui. Et comment tu as dĂ©couvert l’ANM ? Est-ce que c’est Ă  ce moment-lĂ  aussi que tu as dĂ©couvert l’ANM ?

 

D.

J’étais adhĂ©rente en 1987, quand j’ai eu mon chien de limoche. AprĂšs, je ne l’ai plus Ă©tĂ©, je ne sais pas, par flemme ou je ne sais pas. Et je l’ai Ă©tĂ© Ă  nouveau en 2006, quand j’ai eu mon premier Australien, comme je travaillais, quand j’ai pris ma retraite, j’ai Ă©tĂ© contactĂ©e par un ami qui m’a convaincu de me prĂ©senter en 2012.

 

E.

Donc oui, ça s’est fait dans l’évolution aussi des diffĂ©rents chiens que tu as eus. Et lĂ , Nathalie, j’imagine que tu n’es pas rentrĂ©e tout de suite par la porte de la prĂ©sidence. Comment ça s’est passĂ© pour toi ?

 

D.

Quand je suis rentrĂ©e en 2012, je suis devenue trĂ©soriĂšre et je suis restĂ©e trĂ©soriĂšre jusqu’en 2017.

 

E.

Et lĂ , c’est lĂ  oĂč tu as passĂ© le cap de la prĂ©sidence ?

 

D.

LĂ  aussi, j’ai Ă©tĂ© poussĂ©e.

 

E.

Oui. Et au final, ce rĂŽle de prĂ©sidente te convient, te sciait. En tout cas, moi, je vois qu’avec Paupe, vous formez un duo. Parce qu’entre temps, tu as eu ton sixiĂšme guide. Oui. Paupe qui t’accompagne dans ton avis. En 2021. En 2021. Et lĂ  encore, nouvelle aventure, nouvelle Ă©cole.

 

D.

Et Paupe est le rĂ©sultat d’une mutualisation.

 

E.

Donc, il t’a Ă©tĂ© remis


 

D.

À Bordeaux. Et maintenant, il est suivi par Toulouse.

 

E.

Et lĂ , par rapport Ă  tout ça, sur les Ă©volutions des Ă©coles, si on peut revenir deux minutes, parce que moi, je suis passionnĂ©e par le fait que tu aies vĂ©cu toute cette histoire. Moi, de ma petite Ă©chelle. Je connais les Ă©coles depuis une dizaine d’annĂ©es, mais au final, elles se sont structurĂ©es bien plus les annĂ©es d’avant que ces dizaines d’annĂ©es, je pense. Comment se sont faites les relations entre les diffĂ©rentes Ă©coles, toi, Ă  ton Ă©chelle de bĂ©nĂ©ficiaire ? Est-ce que c’est quelque chose qui t’intĂ©ressait ou c’était plutĂŽt juste d’avoir le chien ?

 

D.

Non, avant d’entrer Ă  l’ANM, je ne m’intĂ©ressais pas parce que je manquais d’informations. On ne peut s’im que si on est informĂ©. Donc vraiment, je ne savais pas. Et mĂȘme quand j’ai commencĂ© Ă  participer Ă  l’école de Toulouse, j’avais des informations venant de l’école de Toulouse, Ă  la limite de la fĂ©dĂ©ration, mais pas des autres Ă©coles. Je ne peux pas dire si ça a beaucoup changĂ© actuellement. Peut-ĂȘtre. Je ne m’avancerai pas sur ce terrain.

 

E.

Tu imaginais qu’il y avait autant de personnes impliquĂ©es au niveau des Ă©coles, au niveau du National, oĂč tu as Tu as plutĂŽt dĂ©couvert tout ça avec passion, on va dire ?

 

D.

J’ai dĂ©couvert tout ça avec curiositĂ©, intĂ©rĂȘt, passion, oui, modĂ©rĂ©ment. Parce que l’ANM reprĂ©sente dĂ©jĂ  beaucoup d’investissement. Et puis parce que je n’ai pas Ă©tĂ© tout de suite administratrice de la FĂ©dĂ©ration. Je l’ai Ă©tĂ© je ne sais plus quand, mais d’ailleurs, je ne sais plus depuis combien de temps.

 

E.

Je me demandais quel Ă©tait ton quotidien de prĂ©sidente Ă  l’ANM ? Et est-ce que c’est beaucoup de rĂ©unions, d’équipes ou d’extĂ©rieurs ?

 

D.

C’est beaucoup de rĂ©unions, d’expo ou d’extĂ©rieur. C’est beaucoup de rĂ©unions, beaucoup de Zoom. C’est connaĂźtre tous les sujets, tous les dossiers. C’est connaĂźtre trĂšs bien les salariĂ©s. C’est ĂȘtre rĂ©active tout le temps, ĂȘtre toujours joignable. Quand je dois partir, je le dis, c’est toujours avoir un fil qui relie Ă  la NM. Et les salariĂ©s, c’est pareil, ils savent qu’en Tout le temps, mĂȘme la nuit, si l’association brĂ»le, ils peuvent m’appeler, je rĂ©pondrai. Ils savent. C’est un lien. Je suppose que ce lien se nourra avec le prĂ©sident suivant.

 

E.

Oui, ce rĂŽle de prĂ©sidente que tu as investi depuis quelques annĂ©es maintenant, c’est vraiment ĂȘtre en lien. LĂ , aujourd’hui, on est sur Paris. Je sais qu’aprĂšs, vous partez dans diverses rĂ©unions, reprĂ©sentation, sensibilisation. On a d’ailleurs parlĂ© avec StĂ©phane, le directeur maintenant de l’ANM, dans l’épisode 76. On a un peu parlĂ© des missions de l’ANM, donc on ne va pas s’étendre aujourd’hui sur la question. Mais en deux mots, cette reprĂ©sentation et cette dĂ©fense des droits et de l’accĂšs du chien guide et de la prĂ©sence du chien guide aujourd’hui dans notre sociĂ©tĂ©, t’occupent du coup aujourd’hui au quotidien. Elle t’occupe plutĂŽt bien, on va dire. Tu ne t’ennuies pas, je pense. Et puis, vous avez vraiment des missions qui sont trĂšs diverses, lĂ , entre les diffĂ©rentes rĂ©unions qui arrivent, les sensibilisations, des choses un peu plus administratives et lĂ©gales aussi, parce que ça tourne aussi autour de la loi, j’imagine.

 

D.

Oui, c’est vrai que les missions sont trĂšs diversifiĂ©es. Les missions administratives, Ă©videmment, pour faire tourner l’association, le cƓur du mĂ©tier de l’association, c’est quand mĂȘme la dĂ©fense des utilisateurs, surtout dans la dĂ©fense du droit d’accĂšs. AprĂšs, c’est un la marche d’une entitĂ© qui s’occupe d’une population de 1 400 personnes. Donc, c’est les appels tĂ©lĂ©phoniques aux adhĂ©rents. Il y a aussi des relations politiques qui ne sont pas les plus faciles. Avec peut-ĂȘtre les Ă©coles et puis avec les associations externes comme justement Andy Chien, les chiens du silence. Toutes les entitĂ©s qui peuvent avoir les mĂȘmes buts, je ne peux pas dire que nous, mais les mĂȘmes buts de remises de chien Ă  des personnes qui en ont besoin. Et nous avons deux conventions, une avec Handi-Chien et une avec les chiens du silence. Et d’aprĂšs ces conventions, nous dĂ©fendons aussi les droits des ressortissants d’Andy Chien et du chien du silence.

 

E.

Ça, c’est vrai que c’est une vraie Ă©volution. Et en mĂȘme temps, c’est C’est quelque chose que vous faisiez dĂ©jĂ , mais sans qu’il y ait de convention. Parce que quand on parle de chien-gui, de chien d’assistance, derriĂšre, les lois, elles ne vont pas cibler que les chien-guis.

 

D.

C’est les mĂȘmes.

 

E.

VoilĂ , c’est les mĂȘmes lois. Ça me fait faire un parallĂšle avec mon ancien mĂ©tier. Moi, je dĂ©fends C’est les Ă©leveurs de chĂšvres, les producteurs fermiers. Donc, on Ă©tait sur 3 000 dans la population, 3 000 producteurs fermiers de chĂšvres. Et au final, on dĂ©fendait la rĂ©glementation pour la transformation Ă  la ferme. Et de fait qu’il y ait des chĂšvres, des brebis ou des vaches dans la ferme, ça ne changeait pas grand-chose sur cette partie rĂ©glementaire. Ça me fait toujours penser Ă  cette situation que j’ai vĂ©cue au quotidien pendant de nombreuses annĂ©es, oĂč on parle pour tous et en mĂȘme temps, les gens en face, des fois, ont du mal Ă  comprendre que de toute façon, la lĂ©gislation, elle s’applique Ă  tous les chiens d’assistance et chiens guides de la mĂȘme maniĂšre. Elle ne va pas discriminer Ă  la porte un chien guide vs un chien d’assistance, malgrĂ© ce qu’on peut voir parfois sur les petites lignes des Ă©criteaux qui ne sont pas tout Ă  fait raccord avec cette rĂ©glementation.

 

D.

C’est vrai, C’est vrai. Nous avons eu un exemple oĂč un chauffeur de bus, je ne sais plus quelle sociĂ©tĂ© c’était, disait que oui, d’accord, pour les chiens guides, mais pour les chiens d’autres personnes handicapĂ©es, c’était non, pas d’accĂšs.

 

E.

Et lĂ , du coup, il faut ramener un petit peu dans le bon sens. Mais c’est le quotidien d’une association qui reprĂ©sente justement des personnes. C’est une fois qu’on a mis le pied, et je le dis souvent dans mes Ă©changes que j’ai des fois, avec les auditeurs. Justement, des fois, certains s’offusquent de dire: C’est bien, il y a les chiens guides, mais il n’y a pas les chiens d’assistance. De mon point de vue, en tout cas, c’est plus simple de continuer la discussion une fois qu’on a fait accepter une partie de la population, on va dire, que la marche est plus grande pour tout ce qui Ă©tait les lois d’accĂšs, les lois refus d’accĂšs, etc. Tout ça, je pense que c’est plus difficile, mais ça, c’est Ă  toi de me le confirmer, d’écrire noir sur blanc que les chiens guides peuvent aller quelque part, que de rajouter le mot chien d’assistance Ă  cĂŽtĂ© chien pour prĂ©ciser la loi ou dans la discussion.

 

D.

Dans la loi, c’est Ă©crit: Les chiens accompagnant une personne handicapĂ©e. VoilĂ .

 

E.

Et ensuite, c’est les gens, comment ils la transcrivent dans leur rĂ©alitĂ© qui peut ĂȘtre un peu diffĂ©rente. Et c’est lĂ  tout le mĂ©tier, justement.

 

D.

Mais les chiens guides ont quand mĂȘme des siĂšcles, voire des millĂ©naires d’existence. Et donc c’est vrai que c’était le bon moment pour les chiens guides. C’était peut trop tĂŽt pour les chiens d’assistance. Un des chiens est nĂ© en 1992.

 

E.

Oui, c’est vrai qu’au regard de l’histoire des chiens d’assistance
 Je continue mon parallĂšle dans ma tĂȘte, c’est que les Ă©leveurs de chĂšvres sont toujours connus depuis trĂšs longtemps pour faire du fromage Ă  la ferme. Et les Ă©leveurs de vaches et de brebis en ont toujours fait aussi, mais sont un peu moins dans les mƓurs. Et du coup, on embarquait tout le temps tout le monde dans nos discussions. Et pourtant, on Ă©tait la FĂ©dĂ©ration des Ă©leveurs de chĂšvres. J’adore faire ce parallĂšle et moi, je le fais au quotidien quand je vous Ă©coute, parce que ça permet de montrer que ce n’est pas le nom qui fait la mission. Ce n’est pas que le nom qui fait la mission, en tout cas. Enfin, si tu es d’accord avec moi.

 

D.

Tout Ă  fait.

 

E.

Je me demandais, on a parlĂ© pas mal de ton lien avec les chiens guides d’aveugles, avec tes nombreux compagnons qui t’ont guidĂ©, avec POP aujourd’hui. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as pris ou dĂ©couvert dans cette aventure auprĂšs des chiens guides d’aveugles dont tu nous ne doutais pas du tout quand vous ĂȘtes allĂ© chercher ce petit chiot dans une ferme dans les annĂ©es 70 ?

 

D.

Je savais que le chien me guiderait, que je ne me posais pas de questions. Et je savais surtout que je pourrais emmener mon chien de compagnie partout. Et ça me suffisait AprĂšs, le reste, je savais que je le dĂ©couvrirais comme je savais que je dĂ©couvrirais tout, tout ce que j’avais Ă  dĂ©couvrir.

 

E.

Donc, autant l’univers, les Ă©coles, tout ce qui t’amĂšne aujourd’hui.

 

D.

Oui, mais l’important Ă  l’époque, c’était le chien. Les structures, Je n’étais pas en Ă©tat, ça ne m’intĂ©ressait pas. De toute façon, je pense que les structures existent. Quelques Ă©coles existaient.

 

E.

C’est vrai que c’est bien plus tard que tu as appris et dĂ©couvert, au final, comment ça fonctionnait ?

 

D.

Oui, autrement, lĂ , soit premier, deuxiĂšme ou troisiĂšme chien, je n’avais pas assez de temps, ni d’énergie, ni de disponibilitĂ© pour m’impliquer.

 

E.

Oui, je pense que c’est aussi en fonction du quotidien de la personne. Tout Ă  fait. Ce n’est pas une obligation de devenir prĂ©sident ou administrateur d’une structure et de se renseigner sur les moindres dĂ©tails de la structure. Et c’est ce qu’on peut voir. Il y a beaucoup de gens avec qui je discute qui sont bĂ©nĂ©ficiaires de chien-guide, de chien-assistance.

 

D.

Et qui n’y connaissent rien, oui.

 

E.

Et ce n’est pas grave.Non.

 

D.

Ce n’est pas grave. Du moment qu’il y a les vieux pour s’en occuper, ça va.

 

E.

Heureusement que les vieux sont dynamiques. Alors si je reprends ton expression. Et c’est vrai qu’en gĂ©nĂ©ral, c’est aussi dans la vie. Des fois, on bĂ©nĂ©ficie de choses et on s’intĂ©resse qu’un peu plus tard, on se pose des questions qu’un peu plus tard et puis on s’implique aussi quand on a du temps. C’est ce que tu disais, au tout dĂ©but, ce n’était pas la prioritĂ©. La prioritĂ©, c’était d’avoir un chien Ă  tes cĂŽtĂ©s pour te guider.

 

D.

Je me souviens de la premiĂšre sortie avec mon premier chien. J’ai encore dans les oreilles le vent et j’avais l’impression de voler. J’avais l’impression d’ĂȘtre un oiseau, un volatil quelconque. Et je me disais: Cet oiseau doit ressentir ce que je ressens. Il doit ressentir le vent qu’il traverse, le vent de la vitesse. Parce qu’on allait trĂšs vite et c’était merveilleux. Et cet Ă©merveillement, je le ressens encore chaque fois que je sors avec mon chien guide. Et chaque fois que je sors avec mon chien guide, que je circule sur le trottoir, je repense. J’ai toujours une pensĂ©e pour cette premiĂšre sortie avec mon premier chien guide, parce que c’est toujours la mĂȘme sensation. Je ne peux pas dire de libertĂ©, parce que la libertĂ©, c’est beaucoup plus grand que ça, mais la sensation de vitesse, oui, de vitesse, mĂȘme si on ne marche pas trop pas trop vite avec POP, mais de pouvoir circuler seul, sans assistance humaine. Alors aprĂšs, je circule beaucoup avec assistance humaine, ça ne me dĂ©range pas. Mais le fait de me dire que Je suis lĂ , seule avec mon chien. Je vais oĂč je veux. Je n’ai mĂȘme plus besoin de lui donner d’indication: Va Ă  droite, va Ă  gauche.

 

D.

Il le sait rien qu’avec mon attitude. Si je lui donne les ordres pour les lignes, parce que ça, il tendance lui Ă  vouloir aller tout droit. Donc, quand il y a des passages piĂ©tons et que je veux le traverser, il faut que je lui dise. Mais je peux lui parler doucement, sans crier. Il est Ă  l’écoute. Nous ne faisons qu’un. Nous ne faisons qu’un individu circulant. Et ça, c’est une sensation d’un prĂ©cieux indĂ©finissable. Et pour moi, c’est ça le chien guide. C’est ce qui me restera du chien guide quand je ne pourrai plus en utiliser, c’est cette facultĂ© d’autonomie dans la circulation et de pouvoir aller au bout du monde.

 

E.

Tu me parles des lieux un petit peu
 Tu me parles du bout du monde. Est-ce qu’il y a des lieux un peu exceptionnels oĂč tu es allĂ©e, oĂč tu ne serais jamais allĂ©e si tu n’avais pas Ă©tĂ© accompagnĂ©e d’un chien guide ?

 

D.

Non, non, non, non, je ne suis pas une aventuriĂšre. Non, non, non, non.

 

E.

Mais rien que de prendre le train toute seule et tout, peut-ĂȘtre que


 

D.

Je le prenais. J’ai pris le train toute ma vie. Quand j’étais Ă©tudiante, je n’avais pas de chien, donc je prenais quand mĂȘme le train. Non, non. Le chien, non. Il n’y a pas de lieu. LĂ , tu en trouveras des utilisateurs de chien-guide qui font des tas de choses avec leur chien. Et moi, je ne suis pas une aventuriĂšre.

 

E.

Mais tu vas quand mĂȘme au bout du monde avec pop.

 

D.

Oui, c’est dans un cadre dĂ©fini. C’est vrai, on fait beaucoup de choses. J’ai Il y a beaucoup de choses avec mes chiens guides.

 

E.

Tu es allĂ©e oĂč avec eux ?

 

D.

Je suis allĂ©e en montagne, avec des potes quand mĂȘme. Je suis allĂ©e en montagne, je suis allĂ©e en bateau avec mes chiens guides, mais je l’aurais fait sans aussi. Ce n’est pas le chien-guide, le Le chien guide ne m’a pas, disons, poussĂ©. Si je n’avais pas eu de chien guide, je l’aurais fait quand mĂȘme. Je serais allĂ© en bateau, j’aurais fait de la montagne, j’aurais fait tout ce que j’ai fait avec chien guide. Il ne m’a pas ouvert ce genre d’horizon parce que je n’en ai pas besoin. Par contre, il m’a donnĂ© des ailes dans ce que je faisais.

 

E.

C’est vrai que le faire avec eux, ça n’a pas la mĂȘme sensation ?

 

D.

Non, ce n’est pas du tout la mĂȘme chose. Ce n’est pas du tout la mĂȘme chose.

 

E.

Et est-ce qu’avec l’ANM, par contre, tu as dĂ» aller dans des lieux un peu
 Je ne sais pas, des ministĂšres, des choses oĂč lĂ , pour le coup, quand tu en veux ton chien Ă  tes cĂŽtĂ©s, chien de guide imaginaire, je ne sais pas comment tu veux l’appeler, quand tu Ă©tais jeune, tu n’avais pas envisagĂ© de les emmener jusqu’à ces lieux un peu de discussion, de nĂ©gociations parfois, de sensibilisation ?

 

D.

On m’aurait dit quand j’étais jeune: Tu iras au ministĂšre de la SantĂ©, tu iras Ă  l’AssemblĂ©e J’aurais dit: Bon, soit. J’irai. Ça m’aurait pas impressionnĂ© plus que ça, non. J’y vais pour la cause, pas pour moi.

 

E.

Du coup, ça te paraßt logique ?

 

D.

C’est logique.

 

E.

Je me demandais s’il y a quand mĂȘme un moment oĂč il y a un de tes chiens, ou POP, si tu le veux, oĂč t’as Ă©tĂ© bluffĂ©e, qui reste un souvenir marquant Ă  un moment oĂč tu es un peu restĂ©e sans voix dans ton aventure avec tes chiens.

 

D.

Oui, mais ce n’est pas un moment, c’est plusieurs moments et avec tous mes chiens, c’est quand on traverse les travaux. Parce que les travaux, ça bouleverse le paysage, le paysage quotidien. Il faut qu’on passe soit sur des passerelles, soit sur la route, soit qu’on contourne un grand pĂ©rimĂštre. Et lĂ , les chiens, ils savent. Et mĂȘme si on doit faire demi-tour parce qu’on s’est fourvoyĂ©, qu’il y a une barriĂšre, qu’on ne peut pas passer. S’il faut qu’on fasse demi-tour pour retrouver notre sens de circulation, ils retrouvent le sens de circulation parce qu’ils savent oĂč on va. Et ça, ça m’a toujours bluffĂ©. Le chien soit Ă  ce point force de proposition et souvent de proposition Ă  bon escient.

 

E.

Oui, il ne se plante pas quand ils font ça.

 

D.

Non, il ne se plante pas. Il peut y avoir du bruit. On peut passer Ă  5 centimĂštres d’un marteau-piqueur ou d’un camion, d’une remorque. Les chiens, enfin du moins les miens, ils ont toujours gĂ©rĂ©. Et ça, je trouve que c’est bluffant. Et c’est de l’hĂ©roĂŻsme au quotidien. Alors, je ne sais pas si tous le font. Quand on arrive Ă  former une Ă©quipe avec son on obtient quasiment tout ce qu’on veut. Enfin, quasiment. Parce que parfois, il y a des petits
 Moi, je n’ai jamais eu de clash particulier. Je sais qu’il en existe.

 

E.

Et toi, en tout cas, ça a matché avec chacun de tes chiens ?

 

D.

Oui, mais parce que ça a matchĂ©, parce que c’est moi qui m’adapte Ă  eux. Et au final, c’est eux qui s’adaptent Ă  moi. Et voilĂ , on fait chacun une partie du chemin, mais c’est toujours moi qui commence. C’est toujours le maĂźtre qui doit commencer.

 

E.

C’est vrai que tu vois, les travaux, je pense que ça, c’est une grande diffĂ©rence entre l’emploi de la canne et du chien. C’est ces situations un peu inhabituelles, un peu, je n’ai pas envie de dire, spontanĂ©es, parce que les travaux n’apparaissent pas en un claquement de doigts. Mais en tout cas, ils apparaissent sur un trajet d’un jour Ă  l’autre, ou presque. Tout Ă  fait. Et ça, j’imagine que quand tu es parfois Ă  la canne, si ça t’arrive de temps en temps


 

D.

Non, ça ne m’arrive pas.

 

E.

Ça ne t’arrive plus. Mais moi, je sais que ça m’arrive d’aider des gens, que je vois que lĂ , ça va ĂȘtre compliquĂ© Ă  la canne, parce que tu as des travaux avec des barriĂšres, des barriĂšres et des barriĂšres Et oui, le chien, lĂ -dessus, est absolument bluffant, comme tu dis, parce que pour lui, c’est un petit challenge en plus, mais au final, c’est toujours la rĂ©ussite au bout. Il te mĂšne toujours au bon endroit.

 

D.

Il amĂšne toujours Ă  un endroit sĂ©curisĂ©. C’est Et il amĂšne gĂ©nĂ©ralement au bon endroit, dans le bon prolongement du chemin que l’on Ă©tait en train de parcourir.

 

E.

Il te corrige la trajectoire, entre guillemets.

 

D.

Il Ă©vite les obstacles. En fait, ça fait partie des deux missions du chien: Ă©viter les obstacles et pointer les Ă©lĂ©ments dans l’espace. Et c’est vrai que quand les bĂ©nĂ©ficiaires sont Ă  la canne, c’est un peu plus compliquĂ© de savoir s’il faut partir Ă  droite, Ă  gauche.

 

E.

Et lĂ , moi, je sais que quand les gens croisent, je propose mon aide, en tout cas, mon coude surtout, pour orienter, parce que nous, on voit un peu comment s’organisent les travaux dans l’espace, ce qui est trĂšs difficile de dĂ©tecter Ă  la canne.

 

D.

C’est une vue
 C’est citĂ©, c’est une vue analytique.

 

E.

Oui, c’est ça. LĂ , le chien
 Il en parle global. Oui, le chien, lui, il voit Ă  peu prĂšs d’oĂč ça commence et oĂč ça finit ou au moins, oĂč ça continue, parce que des fois, il n’y a pas forcĂ©ment de fin dans le bon sens oĂč on voudrait aller. Mais comme tu dis, il trouve une solution et souvent, il te met au bon endroit. Et ça, Pop le fait aussi bien que les autres, j’imagine.

 

D.

Oui, Pop le fait bien, d’autant plus qu’il travaille avec la tĂȘte en l’air et qu’il est grand. Donc, il a peut-ĂȘtre un meilleur angle de vue que certains qui travaillent avec la tĂȘte baissĂ©e.

 

E.

Oui, et puis il est imposant. Comme tu le disais, 70 au garot C’est un petit bonnet, un peu, non ? C’est quoi ses petits surnoms à Pop ?

 

D.

C’est garçon. Garçon ? Garçon. Oui.

 

E.

Un gros garçon, en tout cas. Ou Popop.

 

D.

Popop. Ou Potpote. Potpote aussi ?

 

E.

C’est vrai que dans toute ton histoire, tu nous as pas trop parlĂ©. Je sais pas si tu veux nous en parler de ce que tu faisais un peu dans la vie. Parce que pour moi, ça a aussi un sens par rapport Ă  ton histoire, Ă  ton vĂ©cu. Tu nous as parlĂ© de ton premier boulot, mais sans nous dire trop ce que tu faisais. Quand tu m’en as parlĂ© en prĂ©parant cet Ă©pisode, j’ai Ă©tĂ© absolument admirative de comment ça s’est passĂ©. Parce que toi, tu as fait des Ă©tudes en sciences Ă©co, si je me trompe pas.En droit.En droit. Et puis finalement, le poste que tu as appris au tout dĂ©but et qui t’a animĂ© tout au long de ta carriĂšre Ă©tait un petit peu diffĂ©rent que ce que tu avais peut-ĂȘtre envisagĂ©.

 

D.

J’ai postulĂ© pour enseigner les sciences Ă©co. J’ai postulĂ© dans ma rĂ©gion, en Auvergne. Avant d’avoir la rĂ©ponse, j’ai eu une proposition de du lycĂ©e oĂč j’avais fait mes Ă©tudes et une proposition de travailler avec des Ă©lĂšves dĂ©ficients visuels. Donc, pour moi, ça faisait sens parce qu’en plus, c’est ce que je voulais faire quand j’étais ado, m’occuper des personnes dĂ©ficientes visuelles. Donc, je me suis empressĂ©e d’annuler ma demande au niveau des sciences Ă©co et j’ai Ă©tĂ© prof de sciences Ă©co, mais dĂ©tachĂ©e Ă  l’enseignement des dĂ©ficients visuels, Ă  l’enseignement des aides techniques pour les dĂ©ficients visuels.

 

E.

Ça, c’était une crĂ©ation de postes ?

 

D.

C’était une crĂ©ation de poste et ça a Ă©tĂ© une crĂ©ation dans la vie, comme tout enseignement d’ailleurs, parce que pendant toute ma carriĂšre, j’ai aidĂ© des ados, plus ou moins en souffrance, Ă  acquĂ©rir les moyens qui les rendraient autonomes. Il y en a beaucoup, quelques-uns, pas mal d’ailleurs, ont fait beaucoup mieux que moi dans la vie.

 

E.

C’est vrai ?

 

D.

Oui, j’en suis trùs contente.

 

E.

Tu as des beaux exemples de Il y en a un, par exemple, qui est Sophian, qui est patron d’une succursale de vente de matĂ©riel spĂ©cialisĂ© Ă  Toulouse.

 

D.

Il est trĂšs fort en informatique. Une Ă©lĂšve aussi qui est prof de maths. Moi, je suis trĂšs contente pour eux.

 

E.

Tu peux ĂȘtre super fiĂšre.

 

D.

Il y en a beaucoup qui sont venus au chien guide, parce qu’ils avaient toujours un chien qui ronflait dans la salle, donc ça les a incitĂ©s Ă  trouver que c’était apaisant.

 

E.

Tu penses que tes chiens guides ont eu un rĂŽle tout particulier dans leur propre aventure avec les chiens guides ?

 

D.

Je pense, oui. Ils aiment avoir un chien, mais la prĂ©sence des chiens est bĂ©nĂ©fique partout dans les maisons de retraite. Je suppose que dans les classes, ça pourrait ĂȘtre pareil.

 

E.

C’est vrai que les chiens d’accompagnement scolaire, ça commence un peu Ă  se dĂ©velopper sans pour autant qu’il y ait de la dĂ©ficience visuelle en face. Ça aide aussi les Ă©lĂšves. Ces chiens-lĂ , il n’y en a pas un par classe dans les lycĂ©es ou les collĂšges, mais il peut y en avoir un dans le lycĂ©e-collĂšge, c’est dĂ©jĂ  beaucoup. On a encore du progrĂšs Ă  faire, mais lĂ , c’est vrai que toi, tu enseignais


 

D.

J’enseignais tout ce qui pouvait les aider.

 

E.

Tu as dû un peu créer ton programme.

 

D.

Je n’ai pas crĂ©Ă© mon programme. Si, un peu, mais j’ai fait en fonction de ce dont les collĂšgues avaient besoin. C’est-Ă -dire, il fallait tout connaĂźtre: le braille mathĂ©matique, le braille scientifique, le braille littĂ©raire. Il fallait aussi connaĂźtre l’abrĂ©gĂ©, qui est une maniĂšre d’écrire le braille, mais c’est un peu comme une stĂ©no. Ça, il fallait qu’ils le connaissent en fin de sixiĂšme pour pouvoir prendre des notes plus vite. Il fallait leur apprendre la gĂ©omĂ©trie, Ă  dĂ©crypter les figures et Ă  les reprĂ©senter, les figures. Il fallait qu’ils connaissent aussi l’écriture en noir, des voyants, pour pouvoir, par exemple, nommer les angles des figures. Et puis, les cartes de gĂ©ographie, je me souviens d’une sĂ©ance mĂ©morable oĂč on a dĂ©cryptĂ©, parce que moi, je ne la connaissais pas bien non plus, la carte de l’Asie du Sud-Est. Parce que l’Asie du Sud-Est, c’est plein de tout petits pays minuscules. Et sur une carte en relief qui a un format A4, ce n’est pas Ă©vident.C’est.

 

E.

Un gros challenge.

 

D.

Oui, et puis surtout l’informatique.

 

E.

Ça, tu t’y es intĂ©ressĂ©e dĂ©jĂ  ou c’est vraiment via ce poste-lĂ  ?

 

D.

À partir des annĂ©es 80.

 

E.

Toi, c’était quelque chose qui a vraiment Ă©té  C’était l’avenir. Et tu l’utilises
 LĂ , on enregistre, tu es Ă  l’informatique devant toi aussi. Ça fait partie de ton plus que ton quotidien. Ça t’a permis de faire de grandes choses.

 

D.

Des grandes choses ? Seigneur, je n’y vais pas jusque-lĂ . J’ai fait mon mĂ©tier trĂšs modestement. Je pratique ma mission de prĂ©sidente trĂšs modestement aussi. Je n’aime pas les reprĂ©sentations. Donc, je ne parle pas de grandes choses.

 

E.

Non, mais ce que je veux dire, c’est qu’en effet, dĂšs ton premier poste, qui t’a menĂ© toute ta vie, tu as dĂ» trouver des outils pour aider ces jeunes. Et tu parlais de curiositĂ© tout Ă  l’heure. Je suis extrĂȘmement curieuse aussi et je pense que tu l’as compris dans mes questions de toute façon. Mais c’est vrai qu’il a fallu aller chercher des moyens. Tu nous parlais des diffĂ©rents brailles qui sont en fait
 Dis-moi, si je me trompe, des alphabĂšts un peu annexes du braille.

 

D.

Non, c’est la mĂȘme chose, mais c’est comme l’écriture en noir. Il y a un signe diffĂ©rent pour chaque Ă©lĂ©ment. En maths, il y a supĂ©rieur, infĂ©rieur, supĂ©rieur ou Ă©gal. En braille, c’est pareil. Le braille Ă©tant un systĂšme de combinaison de points, on les combine comme on veut.

 

E.

Tu as le alpha, le bĂȘta et tout.

 

D.

Oui, on met un signe devant, devant le a, ça devient alpha. L’alphabet hĂ©braĂŻque aussi. Alors, quant Ă  l’alphabet Cyrillique, japonais, je sais que ça existe, mais je ne l’ai jamais vu.

 

E.

Et donc, tout ça, tu as dĂ» un peu mettre Ă  disposition des jeunes en fonction de leurs besoins. Oui. Et puis, j’imagine, travailler, comme tu le disais, avec Ă  tes collĂšgues enseignants.

 

D.

En fait, tu Ă©tais une multi-preuve. Oui, de la sixiĂšme Ă  la terminale. Alors, les maths de terminale, parfois, je demandais Ă  l’élĂšve: Ça veut dire quoi, ça ? En mĂȘme temps, si tu devais tout savoir, c’est dĂ©jĂ  exceptionnel.

 

E.

Il y a dû avoir plein de choses à ingérer et à adapter, surtout.

 

D.

C’était trĂšs diversifiĂ©. C’était intĂ©ressant. AprĂšs, les Ă©lĂšves Ă©taient contents de venir parce qu’avoir un prof pour tout seul ou pour deux, c’était bien aussi.

 

E.

C’est ce que j’allais te demander, en nombre d’élĂšves sur


 

D.

Il y en avait jusqu’à cinq. Les Ă©lĂšves, gĂ©nĂ©ralement, c’était un lycĂ©e qui accueillait tous les Il doit exister encore ce lycĂ©e. Tous les handicaps: les handicaps physiques, les sourds et les dĂ©ficients visuels. Et les dĂ©ficients visuels Ă©taient trĂšs, trĂšs minoritaires. Donc, il y en avait un ou deux par classe. Il fallait que je m’occupe de cela, mais on Ă©tait deux profs Ă  faire ça. Donc, c’était gĂ©nĂ©ralement des petits groupes qui Ă©taient contents. J’ai mĂȘme eu parfois des Ă©lĂšves qui n’avaient pas besoin du braille et qui venaient me dire: Je veux faire du braille, parce qu’ils voulaient ĂȘtre tout seuls avec le prof.

 

E.

Et du coup, oui, ça a permis aussi de sensibiliser, j’imagine, les camarades de classe Ă  l’importance de tout ça, tout simplement l’adaptation avec les plages brailles. C’est vrai que moi, Ă  mon petit niveau, j’ai accueilli AnaĂŻs en stage. AnaĂŻs qui a Mozart, donc un beau Saint-Pierre de la Fondation FrĂ©dĂ©ric Gaillonne, que tu connais peut-ĂȘtre ou pas. Et on en avait parlĂ©, pendant qu’elle Ă©tait en stage avec moi pour Les Ă©leveurs de chĂšvres, on a fait un Ă©pisode, l’épisode 35. C’est vrai que moi, j’ai aussi dĂ©couvert, par ma curiositĂ©, j’avais plein de petites infos sur la plage braille que tu as, les outils adaptĂ©s, comme tu l’as dit. Mais lĂ , j’avais au quotidien avec moi AnaĂŻs et donc c’était un puits de savoir et d’adaptation de comment on fait pour travailler ensemble. Quand on l’a pas vĂ©cu, je pense que c’est conceptuel par rapport Ă  la pratique quotidienne.

 

D.

Tout Ă  fait. En plus, elle avait dĂ» suivre l’enseignement, le mĂȘme enseignement que je dispensais, mais dans un autre Ă©tablissement.

 

E.

Exactement. Moi, je lui ai envoyĂ© des fichiers. Bien sĂ»r, il y a des limites. Tu disais la carte d’asile, moi, je peux pas faire tous mes documents comme ça, en relief, en bosser, etc. Mais c’était trĂšs, trĂšs intĂ©ressant et c’était aussi l’objet de son stage d’avoir vraiment un regard extĂ©rieur sur notre communication, sur les mots qu’on employait, sur les descriptions. Et ça nous a beaucoup apportĂ© sur comment elle percevait tout ça. Je vous invite vraiment Ă  aller Ă©couter l’épisode 35 avec AnaĂŻs, parce qu’on a en plus eu l’occasion de le faire en fin de journĂ©e, un soir de semaine de son stage. Donc on Ă©tait vraiment dans l’ambiance. Et voilĂ , toute cette technique-lĂ , aujourd’hui, Ils le permettent.

 

D.

C’est bien, oui, c’est bien. Parce que ce sont des Ă©lĂšves qui doivent passer le bac comme tout le monde. Et oui, il n’y a pas du tout d’adaptation Ă  part le tiers-temps. Mais donc, ils ont les mĂȘmes sujets que tout le monde.

 

E.

Et puis lĂ , moi, je continue de citer AnaĂŻs, mais elle, elle devient Ă©leveuse de chĂšvres. Alors, elle sait trĂšs bien qu’elle ne pourra pas faire le check de l’élevage, regarder les comportements des chĂšvres, etc. Il y a quand mĂȘme quelques limites. Mais alors moi, j’ai hĂąte de goĂ»ter ses fromages. Je sais qu’elle a commencĂ© Ă  en faire chez son maĂźtre de stage. Parce que pour ça, tous les autres sens ont une vraie importance. Et au final, la vue, pour moi, avoir fait du fromage, la texture, l’odeur donnent beaucoup plus d’indications que la vue. Et donc franchement, AnaĂŻs, si tu nous Ă©coutes, hĂąte de manger un jour tes fromages dans ta ferme parce que je sais que ce sera une grande rĂ©ussite. Comme quoi, comme tu disais, on peut aller au bout du monde.

 

D.

Oui, on Il faut aller au bout du monde, mĂȘme sans y aller. C’est ça. Le tout, c’est de se dĂ©passer.

 

E.

C’est ça. Et Momo est mĂȘme devenu un chien de berger/cianguy parce qu’il avait trĂšs peur des chĂšvres au dĂ©but. Et puis, Ă  force de s’adapter, de s’habituer, et tout en douceur, elle me confiait derniĂšrement qu’il allait lui chercher les chĂšvres au prĂ©.

 

D.

C’est bien.

 

E.

C’est un labrador ? C’est un Saint-Pierre de la Fondation FrĂ©dĂ©ric Gaillonne. Et moi, j’ai hĂąte de voir ça en vrai. Comme tu dis, il n’y a plus de limite Ă  partir du moment oĂč on s’adapte, on arrive Ă  faire de


 

D.

Oui, le bout du monde, il peut ĂȘtre trĂšs, trĂšs proche dans la mesure oĂč on se dĂ©passe.

 

E.

Ça peut ĂȘtre le bout du prĂ©.

 

D.

Oui, c’est ça.

 

E.

C’est dĂ©jĂ  beaucoup. Je prends un exemple, mais j’imagine que comme tu le disais, les Ă©lĂšves que tu as pu avoir au cours de ta carriĂšre se sont tous dĂ©passĂ©s pour faire justement des projets qui


 

D.

Tout Ă  fait, oui. Peut-ĂȘtre pas tous, mais beaucoup.

 

E.

Je vois que le temps passe. Je me permets de venir à ma derniÚre question que je pose à tous mes invités sur: est-ce que tu peux nous confier ton pire et ton meilleur moment avec les chiennes guides, en commençant par le pire pour finir sur le meilleur ?

 

D.

Je crois que le pire, c’est quand j’étais dans les PyrĂ©nĂ©es avec une amie, on a dĂ» traverser un troupeau de vaches. Il y avait deux taureaux. Et Ă  l’époque, j’avais un berger blanc, plus grand que Pop. Et ce berger blanc, il Ă©tait en libertĂ©. Mais je ne sais pas pourquoi, les des vaches ont commencĂ© Ă  le charger. Donc, il est parti.

 

E.

Il Ă©tait en libertĂ© ? Il n’était pas au harnais ?

 

D.

Il Ă©tait en gilet. Ok. Non, il Ă©tait en dĂ©tente. Il est parti, mais des vaches sont restĂ©es et Il y en a une qui est arrivĂ©e par derriĂšre et qui m’a donnĂ© un grand coup dans le dos. À toi ? Oui. J’ai valsĂ© en l’air et quand je suis retombĂ©e, je me suis cassĂ©e. J’avais la jambe gauche cassĂ©e. Et donc, J’ai passĂ© quatre mois en fauteuil roulant Ă  l’hĂŽpital. Heureusement, on a retrouvĂ© mon chien. Ce qui me reste, c’est que j’étais couchĂ©e au milieu du chemin avec les vaches autour pendant que mon ami Ă©tait parti chercher Ninja, mon chien, et chercher du secours. Et j’avais autour de moi les vaches qui tournaient. Je les sentais passer Ă  peut-ĂȘtre 30 centimĂštres de ma tĂȘte. Elles tournaient autour de moi et il y avait plus loin le taureau qui soufflait des nazos, qui raclait ses pattes, ses intĂ©rieurs au sol. Je me disais que j’étais peut-ĂȘtre un petit peu mal barrĂ©e, mais comme j’étais couchĂ©e, je savais qu’elle ne me ferait rien. Mais il n’empĂȘche, ce n’est pas un trĂšs bon souvenir. C’est un souvenir que je relativise maintenant parce qu’il y a 20 ans, il y a 22 ans.

 

D.

Et puis tu connais la chute. VoilĂ , je connais la fin. Mais sur le moment, j’avoue que c’était un petit peu, disons de plaisant Ă  vivre.

 

E.

J’imagine.

 

D.

Le meilleur souvenir, de toute façon, ça restera toujours la premiĂšre sortie avec mon premier chien. Celle dont tu nous parlais tout Ă  l’heure. C’était l’aboutissement de mon rĂȘve de gamine, de mon obsession de gamine. Et c’est le dĂ©part de tout. Donc ça, ça restera toujours le meilleur des souvenirs. AprĂšs, j’ai tellement de bons souvenirs. Je n’ai quasiment que ça. Je n’ai pas de mauvais souvenirs. Tu vois, le plus mauvais souvenir que j’ai, c’est quand il Ă©tait mĂȘme pas au travail. C’était Ă  cause de lui, parce que c’est lui qui avait attirĂ© les vaches, mais il travaillait pas.

 

E.

Oui, mais c’est parce que c’est un chien. Ça aurait Ă©tĂ© un chien Ă  un Le chien, ce que je veux dire, c’est que la situation


 

D.

Je n’ai pas de mauvais souvenir avec un chien guide.

 

E.

Ils t’ont apportĂ© que de la joie et on t’espĂšre en tout cas. Que du bon pour la suite avec Pop, mais moi, je sais que c’est relativement trĂšs bien parti. Et que vous formez, comme tu le disais, un. Et que ça, c’est l’essentiel pour la suite aussi.

 

D.

Mais ça, c’est pareil pour toutes les Ă©quipes. J’espĂšre.

 

E.

J’espùre aussi. Moi, c’est ce que je souhaite, en tout cas. Écoute, Dominique, merci beaucoup. Bonne route Dominique pour la suite. Et puis on se recroisera, je le sais. À trùs bientît.

 

D.

À trĂšs bientĂŽt, en effet. Moi, je suis toujours ravie de parler du chien guide. Avec l’équitation, ça a Ă©tĂ© les deux passions de ma vie. C’est toujours utile, fructueux de porter la bonne parole.

 

E.

Merci Ă  toi d’avoir pris ce temps pour cette bonne parole, en tout cas. Et voilĂ , c’est la fin de cet Ă©pisode. J’espĂšre qu’il vous aura plu. J’espĂšre aussi qu’il vous aura permis de prendre du recul sur l’histoire et l’évolution des Chiennes guides d’Aveugles et aussi de l’AENM Chiennes guides. Et si vous avez apprĂ©ciĂ© cet Ă©pisode cĂŽtĂ© prĂ©sidente, je vous conseille de dĂ©couvrir celui avec StĂ©phane, de l’épisode 76, sur son rĂŽle de directeur de l’AENM Chiennes Guides, diffusĂ© Ă  l’occasion du podcast. De mon cĂŽtĂ©, je vous dis Ă  bientĂŽt pour le prochain Ă©pisode, non pas sur l’univers mĂ©connu des Chiennes Guides, mais sur les champs d’assistance, avec le grand retour des HorsĂ©ries de l’étĂ©.

 

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