Voici Laurence qui est accompagnée de Pipper de l’école des chiens guides du Centre-Ouest !  C’est donc du côté de Clermont-Ferrand que Laurence partage son quotidien bien rempli avec Pipper, du nom de l’héroïne de Charmed ! Après la découverte du chien guide très jeune à la télévision, Laurence a su tout de suite qu’un de ces chiens ferait partie de sa vie un jour. Mais comment transmettre et partager au mieux son quotidien avec les autres pour faire changer le regard sur la déficience visuelle ? Entre sport, apprentissage des langues et sensibilisation, Laurence revient sur son évolution depuis son premier chien guide jusqu’à aujourd’hui. Elle nous raconte aussi comment ces moments de sensibilisation sont riches d’enseignement, que ce soit face à une classe d’enfants ou au sein même d’une entreprise.  

Retrouvez la transcription intégrale en fin de page.

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Laurence Vanel, j’ai 40 ans, j’habite Clermont-Ferrand et je suis non-voyante et j’ai eu trois chiens guides.

Comment as-tu découvert les chiens guides d’aveugles et comment sont-ils rentrés dans ta vie ?

Vers 12-13 ans, je regardais la série Les Yeux d’Hélène où la comédienne Mireille Darc jouait Hélène, jeune non-voyante qui retrouvait son autonomie grâce à un chien guide. Je me suis dit tout de suite que plus tard, je serais accompagnée d’un chien guide. D’autant plus qu’à l’époque on commençait la locomotion assez tard par rapport à maintenant, même si j’ai toujours été malvoyante. J’ai perdu la vue tard à 29 ans, suite à une greffe de cornée qui n’a pas fonctionné. Le personnage d’Hélène m’a aussi permis d’accepter la canne, et surtout de me projeter dès la majorité aux côtés d’un chien guide. 

L’année de mon bac, à 19 ans, j’ai accueilli mon premier chien guide Oelle (en référence à l’Olympique Lyonnais – OL), une flatcoat retriever de l’école de Lyon. Je faisais mes études à Lyon, quelques années à l’université, j’ai étudié les langues, puis j’ai suivi une formation post-bac à Clermont-Ferrand où Oelle m’a guidée jusqu’à ses 11 ans. A l’époque, il n’y avait pas de délai pour la mise en retraite, ce qui est bien mieux maintenant. J’avais vraiment une relation très fusionnelle, et je l’ai gardé jusqu’au bout de sa vie à 13,5 ans avec ma canne.

Funky

En 2012, j’ai accueilli Funky, également de l’école de Lyon, mais il était trop réactif aux congénères et je n’avais pas la carrure qui allait avec donc nous avons arrêté l’aventure ensemble au bout de 3 semaines. Je suis heureuse par contre qu’il ait pu guider longtemps une jeune lyonnaise avec qui cela a tout de suite fonctionné. 

De mon côté, j’ai accueilli Féroé et Fleur, deux petites labradors noires de la même promotion. J’ai choisi Fleur puisqu’elle marchait à mon rythme, contrairement à Féroé qui était plus lente pour mon pas plus assuré grâce aux nombreuses années avec Oelle. Fleur a développé une cataracte bilatérale qui se voyait à l’œil nu, et la rendait progressivement malvoyante à son tour. Je le sentais dans le guidage, et elle a été mise à la retraite à 9,5 ans, juste avant le premier confinement de 2020, et confiée à une famille de retraite par l’école des chiens guides du Centre-Ouest de Lezoux, qui a pris le relais de mon dossier, étant plus proche que Lyon.

Je trouve qu’il manque quand même la mutualisation des pratiques pour la continuité dans les soins pour la mise à la retraite, quelle que soit la personne à qui le chien est confié ensuite (famille d’accueil, amis ou famille de retraite).

De mon côté, j’ai repris la canne et j’ai passé de fait un confinement seule à l’appartement. J’en ai profité aussi pour reprendre des cours de locomotion afin d’être prête à accueillir ma troisième chienne guide de l’école des chiens guides du Centre-Ouest de Lezoux.

Retrouvez l’’épisode 27 avec Marion, instructrice de locomotion à l’école du Nord

Fin 2020, j’ai rencontré Pipper, une labrador sable, pour qui j’ai eu un coup de foudre. On a enchaîné avec la remise sur quinze jours à domicile du fait de la situation sanitaire. 

A côté de ça, grâce à l’association Un Regard Pour Toi, avec un simple téléphone, on peut apprendre de nombreuses langues avec des professeurs bénévoles. Pour ma part c’est toujours l’anglais, l’italien et l’espagnol. Je fais aussi beaucoup de sport, dont l’équitation, que j’ai choisi pour faire le deuil de ma cécité complète, je cherchais en effet un sport que je n’avais jamais fait, ça m’a aidé à me projeter dans une vie certes différente, mais agréable. Je fais aussi du tandem, et le sport de manière générale nous permet de riches rencontres.

Retrouvez l’épisode 26 avec Romain, athlète handisport en tandem 

Au niveau des sensibilisations, comment ça s’organise au quotidien, est-ce qu’il y a des inconvénients ou au contraire des avantages ?

On m’a fait confiance de nombreuses fois à travers l’association Braille et Culture devenue AcceSens, en milieu scolaire pour découvrir la cécité avec 3 ateliers : un sur la locomotion (à la canne, en guidage par un autre, la canne électronique ou le chien guide), un sur le braille avec l’initiation sur la Perkins pour écrire quelques mots, un sur les autres sens (avec l’éveil de l’ouïe, le sens des masses et la découverte par le toucher). En entreprise aussi, comme Michelin, en organisant des groupes avec comment travailler avec l’autre qui a un handicap.

Le réseau clermontois connait ma disponibilité, et d’un point de vue personnel les enfants nous permettent d’évoluer en nous mettant face à nous-même. L’échange apporte toujours. La première chose est d’identifier l’association qui fait des sensibilisations, ça peut être les associations de chiens guides elles-mêmes. Il faut sensibiliser pour montrer que notre handicap n’est pas si dramatique que ça peut souvent paraître. Mon bonheur est par la suite dans la rue que ces jeunes me prennent pour quelqu’un de normal et osent m’aborder. 

D’ailleurs, est-ce qu’il y a quelque chose que tu as découvert avec les chiens guides ?

J’ai découvert la patience, car le chien est quelqu’un qui a besoin de vous, qui n’a que vous, c’est une sacrée responsabilité ! Je suis d’ailleurs heureuse de voir qu’on accompagne aussi des jeunes aujourd’hui à avoir des chiens guides d’aveugles.

Est-ce que tu as été bluffée par l’un d’entre eux ?

Oelle m’a bluffée un jour où je sentais venir un malaise dans la rue, je me suis assise et elle a eu le réflexe de venir me lécher le visage alors que je connaissais à perdre connaissance. Je suis revenue à moi, et on est reparties, tout ça au début de notre aventure ensemble.

Fleur m’a bluffée avec son professionnalisme auprès des enfants, elle adorait !

As-tu fait une rencontre exceptionnelle grâce aux chiens guides ?

J’ai rencontré Mireille Darc en personne, grâce et avec mon chien guide. Le chien guide est un médiateur entre nous et les autres, et tous les jours dans la rue il y a des personnes qui vont venir vers nous, nous poser des questions, ça crée un lien et des rencontres.

Pour finir, quel est ton pire et ton meilleur moment avec les chiens guides ?

Je n’ai jamais eu de honte, mais des peurs terribles, surtout avec Fleur qui à l’âge de 5 ans a mal supporté une anesthésie lors d’une opération bénigne. Ses reins se sont arrêtés, et grâce à son transfert à l’école vétérinaire de Lyon et une dialyse, ses reins sont repartis. Il y a eu aussi des morsures envers un de mes chiens, ou des peurs qu’on peut avoir avec eux.

Là où je me sens le mieux c’est en sensibilisation, là où on admire le travail et les familles d’accueil. L’un des moments forts, c’est avec une élève qui, à la suite notre intervention, a sollicité sa famille pour être famille d’accueil d’un futur chien guide, et qui l’est actuellement.

Merci à Laurence pour sa réponse immédiatement positive à mon invitation et son témoignage riche d’enseignements sur le partage, en espérant qu’on puisse se rencontrer !

Transcription intégrale

E

Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles soutenu depuis cette année par la FFAC et l’ANM’ Chiens Guides. Je m’appelle Estelle, je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles, et bénévole pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futur bénéficiaire ou autre curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leur maître en vous demandant ‘mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ?’. Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée, ou encore comment agir quand vous croisez un tel binôme.

E

Pour ce premier épisode de la saison 3, je suis ravie de vous présenter Laurence, qui est accompagnée de Pipper de l’École des Chiens Guides du Centre-Ouest. Eh oui, encore une nouvelle école par ici, car après plus de 30 épisodes, ils me reste encore beaucoup de chose à vous partager et à vous faire découvrir. C’est donc du côté de Clermont-Ferrand que Laurence partage son quotidien bien rempli avec Pipper, du nom de l’héroïne de Charmed. Après la découverte du chien guide très jeune à la télévision, Laurence a su tout de suite qu’un de ces chiens ferait partie de sa vie un jour. Mais comment transmettre et partager au mieux son quotidien avec les autres pour faire changer le regard sur la déficience visuelle ? Entre sport, apprentissage des langues et sensibilisation, Laurence revient sur son évolution depuis son premier chien guide jusqu’à aujourd’hui. Elle nous raconte aussi comment ces moments de sensibilisation sont riches d’enseignement, que ce soit face à une classe d’enfants ou au sein même d’une entreprise. Et maintenant, place à l’épisode.

E

Bonjour Laurence.

L

Bonjour Estelle.

E

Merci d’inaugurer cette nouvelle saison. On enregistre en décembre mais on va diffuser tout ça en premier épisode de 2022. Est-ce que pour commencer tu peux te présenter ?

L

Bien entendu. Je salue également tous les auditeurs qui nous écouteront. Je suis Laurence Vanel, j’ai 40 ans. J’habite Clermont-Ferrand. Je suis non-voyante et j’ai eu 3 chiens guides.

E

Alors justement, tu nous permets aujourd’hui d’explorer une nouvelle contrée, puisque le centre de la France, même si ce n’est pas très loin de chez mes parents et de là où j’ai grandi, je n’ai pas forcement eu l’occasion d’avoir des invités de ce coin-là. Et justement, comment toi tu en es arrivée à avoir un chien guide puisque du coup, c’est des écoles dont on n’a pas forcément parlé. Est -ce que tu peux nous raconter d’où tout ça est venu, et comment toi tu es arrivée jusqu’au chien guide ?

L

Bien entendu. Eh bien, moi ce sont les médias qui m’ont apporté cet éclairage intéressant puisque j’avais 12-13 ans, je regardais la télévision comme beaucoup d’ados à cette époque-là, et je regardais une série qui s’appelait ‘Les yeux d’Hélène’. Et dans cette série, il y avait une actrice, en fait, une très jolie actrice, je voyais un petit peu à l’époque, qui retrouve son autonomie grâce, justement, à un chien guide. Elle utilisait aussi sa canne. Nous, la locomotion à cette époque-là, nous la débutions assez tard. Aujourd’hui, 5-6 ans, même un petit peu avant, quand ils commencent à se déplacer, tout simplement. Et quand j’ai vu que cette dame se débrouillait tellement et était tellement flamboyante avec ce chien, je me suis dit plus tard, moi aussi, je ferai comme cette dame, j’aurai un chien guide.

E

À ce moment-là tu voyais encore un peu, tu avais déjà un peu de vision en moins ? Comment ça se passait ?

L

Moi je suis née très malvoyante. J’ai pas vu d’un œil, toujours, et je voyais un centième de l’autre œil.

E

D’accord.

L

Voilà, ce qui me permettait d’écrire en noir un petit peu, de voir les couleurs, les formes, de me faire une petite bibliothèque visuelle. J’ai perdu la vue  tard, j’ai perdu la vue à 29 ans suite à une greffe de cornée qui n’a pas fonctionné. Mais je n’ai jamais assez vu pour me guider sans canne, sans aide technique, que ce soit une canne ou un chien. Et l’adolescence étant une période très compliquée en général, et pour une personne handicapée, ça l’est d’autant plus, cette personne m’a permis d’accepter ma canne. On la voyait à la télé, quoi. C’était plutôt très, très porteur. Et là où j’ai vraiment concrétisé beaucoup plus tard cette envie d’avoir un chien guide, eh bien, c’est juste avant la majorité puisqu’à l’époque, peu d’adolescents, voire quasiment pas, n’avaient de chien. Et puis moi, je n’avais pas en plus la maturité pour avoir un chien, je pense. On n’en avait pas à la maison, c’était différent.

L

Donc, du coup, j’ai fait mon dossier en fait deux ans avant mes 19 ans, puisque j’ai eu mon bac à 19 ans et donc j’ai pu avoir en 2000 mon premier chien guide, un flatcoat retriever, Oelle, à l’école de Lyon. Et effectivement, mon bac, je commençais très bien le millénaire.

E

Donc, grâce aux Yeux d’Hélène, je regarderai parce que je ne connais pas cette série, tu vois c’est intéressant, tu es la première à me le citer, qui avait un peu, du coup, déculpabilisé ce que fait d’être un peu déficient visuel et de s’accompagner soit de la canne, soit d’un chien guide. Du coup, ça t’a ouvert les yeux pour le coup, sur cette possibilité-là.

L

Oui, complètement.

E

Et toi, tu étais déjà à Clermont-Ferrand, où tu étais plus près de Lyon à l’époque ?

L

Alors moi, je suis originaire d’Annecy, de Haute-Savoie.

E

D’accord.

L

Et j’ai fait mes études à Lyon, donc, qui m’a amené à me rapprocher effectivement de l’école des chiens guides de Lyon. J’ai eu la chance d’être guidée donc par Oelle, en référence à l’Olympique Lyonnais, une superbe flatcoat retriever, qui m’a vraiment libérée parce qu’à l’époque, je sortais très, très peu. Mes parents ne me laissaient pas trop sortir et c’est pas grave, c’était l’époque aussi. Et du coup, moi, j’ai vraiment exploré ma ville, exploré le monde en général, voilà, grâce à mon chien où j’étais beaucoup plus à l’aise et elle a débloqué énormément de choses en moi.

E

Oui, du coup, tu as découvert Lyon grâce à Oelle, qui t’a accompagnée un petit peu de partout. Parce qu’après ton bac, du coup, tu es restée sur Lyon également ?

L

Alors je suis restée quelques années sur Lyon. J’ai tenté l’université, qui n’a pas été un grand succès pour moi. Et j’ai étudié les langues, mais je les pratique toujours aujourd’hui d’une autre manière, donc c’est un réel bonheur que je n’ai pas oublié. J’ai fait une formation post-bac à Clermont-Ferrand. Puisqu’il y  avait le choix à l’époque entre Clermont-Ferrand et Paris, et Paris me semblait trop vertigineux.

E

Ce que je peux comprendre!

L

J’ai préféré la ville moyenne de Clermont-Ferrand et j’y suis toujours actuellement.

E

D’accord, t’as basculé de Annecy, t’es allée un peu du coup vers l’ouest avec Lyon et puis encore vers l’ouest. C’est la même région maintenant, c’est la grande région Auvergne Rhône-Alpes. Du coup, tu as atterri à Clermont-Ferrand.

L

Complètement.

E

Donc Oelle t’as guidée à Clermont-Ferrand ?

L

Absolument.

L

Elle m’a guidée à Clermont-Ferrand jusqu’à l’âge de 11 ans. À l’époque, nous n’avions pas de délais pour la mise en retraite. Maintenant, ce n’est plus le cas et c’est heureux. Mais là, elle était en pleine santé, donc elle a travaillé jusqu’à cet âge vénérable.

E

D’accord!

L

Le premier chien était quelque chose de très fusionnel, donc je l’ai gardé jusqu’au bout de sa vie.

E

Vous avez passé presque une dizaine d’années ensemble, j’imagine ?

L

Absolument, puisqu’elle est décédée à 13 ans et demi.

E

Donc, tu as pu la garder. C’est ce que tu nous disais.

L

J’ai fait ce choix. Je n’ai pas repris d’autre chien tout de suite. J’ai repris ma canne et ensuite j’ai refait ma demande pour avoir un autre chien dans cette même école de Lyon, parce qu’elle était chère à mon cœur et j’avais de très bons contacts. Donc, Martial a été l’éducateur de ma première chienne guide, Oelle, et Romain, ensuite, m’a proposé deux chiens. En 2012, j’étais avec  Funky, donc il y a eu quelques mois pour faire le deuil d’Oelle, ce qui m’a été très bénéfique. Et Funky, notre histoire n’a pas duré longtemps, malheureusement, parce que c’était un formidable chien guide, par contre, il était réactif aux congénères, donc je n’avais pas le physique pour accueillir un tel chien.

E

D’accord.

L

Mais je suis très heureuse de savoir qu’il a effectué une très longue carrière auprès d’une jeune dame lyonnaise qui a passé de formidables années avec ce chien.

E

Oui, parce que du coup, tu as fait un essai, tu as fait la remise. Vous avez fait quelques semaines ensemble et ça s’est avéré trop compliqué au quotidien pour toi.

E

Et donc, dans ce cas là, le chien est réorienté vers une autre personne. Ça peut arriver. Et bien sûr, il bénéficie du coup d’une réorientation en tant que chien guide le plus possible. Et donc là, tu disais qu’il a accompagné une personne sur Lyon du coup ?

L

Absolument, tout à fait.

L

Il est resté chez moi trois semaines. Quand ça devenait trop difficile, les éducateurs ont été pleinement à mon écoute. Donc dans la même promotion, ils m’ont proposés deux chiennes à accueillir en week-end, quelques mois après. Donc, Féroé et Fleur, deux petits labradors noirs adorables. J’ai pu choisir entre les deux chiens et donc j’ai choisi Fleur.

E

Alors, qu’est-ce qui a fait que ton cœur a balancé pour Fleur?

L

Notre cœur balance, mais il faut se rendre aussi à l’évidence que nous avons des vitesses de marche susceptibles d’évoluer. Et Féroé marchait beaucoup moins vite que Fleur. Elle était très appliquée, mais c’était plutôt un chien pour une première remise, je dirais, quand on n’a pas trop l’habitude.

E

Donc toi, tu avais déjà le pas assuré grâce à l’accompagnement d’Oelle pendant une dizaine d’années. Donc, il fallait que ça suive !

L

Complètement, complètement.

E

Tu as dû passer, pareil, une petite dizaine d’années, si ce n’est que je pense qu’entre la mise à la retraite tardive, on va dire avec le recul de Oelle, et puis les dix années que tu as passées avec Fleur, les choses ont évolué du côté de la retraite. C’est important de le dire. On a quand même beaucoup évolué du côté des chiens guides, même si c’est un mouvement qui est beaucoup plus récent en France que dans d’autres pays, notamment les États-Unis. On s’est amélioré notamment sur cette mise à la retraite avec la Fédération française des Ecoles de Chiens guides, qui a mis en place un certain nombre d’habitudes avec ses écoles fédérées. Et c’est ce qui a bénéficié à Fleur, du coup ?

L

Alors, complètement. C’est vrai qu’on nous prépare davantage à la retraite. Il y a des bilans gériatriques, il y a des rencontres de familles, il y a vraiment, vraiment un accompagnement plus abouti. Et je dirais que ce qu’il manque un petit peu, c’est quand même la mutualisation de ces pratiques. C’est à dire que des écoles vont proposer, par exemple des contrats d’adoption, mais vraiment étayés, avec des points à respecter. Voilà, la personne a eu son chien pendant 8, 9 ou 10 ans, on aimerait qu’il y ait quand même une continuité dans les soins, dans l’attention portée a ce chien qui n’ait pas un chien comme tout le monde malgré tout. Moi, ce serait un vœu pieu, en ce début d’année, que je formulerais pour que justement, les écoles et la Fédération se penchent sur cette réflexion d’une mutualisation des pratiques de la mise à la retraite pour que tous les chiens, même si on les confie à nos proches, ou a quelqu’un qu’on ne connait pas ou peu importe la personne, qu’elle ait ce souci vraiment appuyé de continuité d’éducation.

 

Oui, parce qu’en fait, pour rappel, le chien guide reste la propriété de l’école. Et ensuite, selon les écoles, il peut rester encore la propriété de l’école à la retraite même dans une famille de retraite. Je sais que c’est le cas à Paris, mais ce n’est pas forcement dans toutes les écoles. En effet,  y a un petit peu encore d’amélioration, mais comme sur plein d’autres points et heureusement, personne n’est parfait, sur cette existence d’avoir une charte ou quelque chose, pour continuer à assurer un bien-être à nos chiens. Je pense qu’en tant que maîtres c’est quelque chose sur laquelle vous être très sensibles par rapport au fait que vous ayez passé de nombreuses années avec eux en leur compagnie, que vous n’avez pas forcément l’opportunité, comme tu l’avais fait avec Oelle, de les garder ensuite, et donc qu’ils puissent avoir cette continuité au sein de la famille  de retraite, trouvée par l’école, par exemple.

L

Tout à fait !

E

Donc, de son coté Fleur a bénéficié quand même de quelques examens de préretraite, on pourrait dire.  Donc ce sont des examens qui ont été mis en place, justement pour checker quelques années avant la retraite pour voir si le chien est toujours en bonne santé, dans le cadre de son bien-être. Et c’est à ce moment là que Fleur a été détectée ?

L

Alors, c’était facilement détectable, puisque Fleur avait une cataracte bilatérale et ça se voyait à l’œil nu. Donc, c’est quand même un prérequis quand même d’avoir une excellente vue pour un chien guide.

E

Et oui!

L

Et je dirais que le maître le sent. Le chien est moins concentré, on doit le reprendre davantage. Un chien qui vieillit, on le voit. Donc, elle a arrêté de travailler à 9 ans et demi, juste avant le premier confinement. Finalement, elle a été placée en famille d’accueil. C’est l’école de Lezoux qui a pris le relais de mon dossier puisque l’école de Lezoux, on en parlera après, mais elle est plus proche de chez moi maintenant que l’École de Lyon et donc elle a été confiée juste avant le premier confinement. Ce qui suppose que moi, de mon côté, j’ai passé le confinement dans un appartement, seule.

E

Houla !

L

Ce qui donne beaucoup de force, beaucoup de détermination et plein de richesse par ailleurs, je me suis sentie plus forte au sortir du premier confinement.

E

Oui, parce que là, t’as vraiment passé un confinement en autonomie, ce qui ne t’était pas arrivé depuis longtemps, depuis Fleur, et même si tu avais fait quelques années avec Oelle en tant que chien de compagnie et pas de chien guide, mais oui, ça a dû te faire un gros changement quand même.

L

Complètement, et ça m’a permis aussi de reprendre l’utilisation de la canne blanche. Ce que je trouve important puisque c’est vrai que les utilisateurs de chiens guides des fois la mettent un peu de côté et finalement, on peut toujours avoir un souci, même durant le travail du chien. Donc, j’ai toujours fait attention de la reprendre régulièrement et de prendre des cours de locomotion aussi, juste après le départ de Fleur, pour me préparer à la pleine venue de ma troisième chienne guide.

E

Tu as repris des cours de locomotion donc, du côté de Lezoux, j’imagine.

L

Finalement à Clermont-Ferrand, puisque l’instructrice en locomotion se déplace vers chez nous puisque finalement, c’est notre lieu de vie. Et alors, ma remise ensuite a été finalement très intéressante puisqu’avec le covid, elle a eu lieu en décembre de l’année dernière, il y avait le couvre-feu, etc. Eh bien, elle a eu lieu complètement à domicile.

E

D’accord, donc, pour revenir sur Lezoux, on en parle, on sait de quoi on parle, mais on parle du coup de l’École des chiens guides d’aveugles de Centre Ouest, qui a plusieurs sites. Un à Limoges et depuis les années 2010, un à Lezoux, c’est à côté de Clermont-Ferrand. Et c’est pour ça que Lyon a proposé, dès la mise à la retraite de Fleur, de faire le transfert du dossier pour l’École des Chiens Guides d’Aveugles du Centre Ouest. Et donc, c’est Lezoux qui a géré tout ça, et donc la suite également.

L

Absolument. Stéphane, qui venait de l’école de Lyon, est arrivé à Lezoux, donc il connaissait un petit peu mon dossier pour m’avoir revue quand j’avais des bilans à l’école entre Oelle et Fleur. Funky et Fleur finalement. Du coup, m’a proposé effectivement, ça a été une belle histoire parce que c’était juste avant Noël. Il m’a proposé une petite chienne, donc j’ai, entre guillemets, essayé, puisque c’est un peu le terme.

E

Tu avais fait un peu des cours de locomotion avant du coup aussi avec Lezoux à Clermont, c’est ça?

L

Absolument. C’est ça, c’est ça.

E

On en a pas mal parlé de la locomotion parce que c’est un métier qui est très peu connu. J’ai fait un épisode avec Marion qui est instructrice en locomotion à Lille, l’épisode 27, et c’est vrai que c’est beaucoup de choses dont on ne soupçonne pas l’existence, des aides pour se guider et la mise en éveil de pas mal de sens que, du coup, tu as réactivés juste avant d’accueillir ta troisième chien guide.

L

Absolument, et c’est grâce à toi d’ailleurs Estelle que j’ai découvert qu’il y avait des personnes qui exerçaient les deux métiers. Éducatrice de chiens guides d’aveugles et instructrice en locomotion.

E

En effet, c’est la sœur de Marion qui fait ces deux métiers. Elle nous en avait parlé dans l’épisode 27 également. Du coup, c’est compatible. Donc, Stéphane avait déménagé en même temps de Lyon à Lezoux et c’est lui qui t’a proposé un petit peu à la veille de Noël, tout ça s’est passé. C’était un peu un conte de Noël, en fait !

L

Absolument, puisque effectivement, un vendredi, j’ai essayé donc Pipper, une labrador sable. Elle m’a tout de suite plu, déjà la façon de se présenter à moi. J’ai beaucoup aimé son approche, donc elle m’avait déjà un petit peu conquise en trois secondes, ça s’appelle un coup de foudre, vraiment. Et après, nous avons fait un parcours. Eh bien, à la fin de ce parcours, il m’a dit  : « Cette chienne semble vraiment te correspondre. Vous avez déjà un très bon feeling. Je te propose de te la remettre lundi ».

E

Donc, on était le vendredi ?

L

Absolument. Le lundi 7 décembre de l’année dernière, donc, j’ai pu effectivement commencer ma remise, sur 15 jours, de cette adorable petite chienne qui répond au nom de Pipper.

E

Donc, c’est une petite labrador également ?

L

Labrador sable. J’ai eu deux noirs et maintenant, j’ai une labrador sable, tout à fait !

E

Qui vient aussi du CESECAH, comme Fleur.

L

Tout à fait ! Fleur est née au CESECAH, Pipper aussi, et je remercie énormément le CESECAH puisque grâce à eux, nous pouvons connaître la filiation de nos chiens. Les voyants peuvent nous décrire la photo des parents et de la portée de Pipper. Donc, j’ai su que ses parents étaient tous les deux noirs et qu’il y avait dans la portée quatre sables et quatre noirs.

E

Donc, le CESECAH, je fais quelques rappels aussi, puisqu’on reprend un peu la saison 3, donc c’est le Centre d’étude et de sélection et d’élevage de chiens guides pour aveugles et autres handicapés, qui se situe pas du tout loin de ton côté, prêt de Clermont-Ferrand, puisque c’est tout à côté et c’est un élevage qui est mis en commun, donc c’est à Lezoux également, pour toutes les écoles de la fédération, voir quelques autres écoles, d’autres types de chiens d’assistance. Donc, ils ont la possibilité de te décrire et de t’envoyer des photos. Donc j’imagine que tu leur avais envoyé un mail, c’est ça ?

L

Tout à fait ! C’est par mail que l’on peut effectuer cette démarche et j’ai eu une réponse très rapide et très cordiale.

E

Eh bien d’ailleurs, je mettrai les photos sur l’article de l’épisode parce qu’elles sont vraiment toutes mignonnes.

L

C’est très gentil !

E

Donc, tu as eu ce petit conte de Noël qui s’est passé l’année dernière entre les confinements et tu nous disais le couvre-feu. Il y a eu cette remise avec Pipper qui a passé, du coup, Noël avec toi ?

L

Complètement, complètement. C’était l’un, effectivement, de mes plus beaux Noël.

E

C’est vrai ? Et alors, ces premiers temps avec elle, qu’est ce que ça a donné ?

L

Oh, du bonheur tout de suite. C’est une chienne qui a été très, très aimée par sa famille d’accueil. Virginie et Etienne, que je remercie du fond du cœur, qui ont été très attentifs à elle, qui lui ont appris des petites choses, qui lui ont appris à aboyer sur commande, qui lui ont appris à regarder, par exemple, les personnes voyantes dans les yeux. Elle était tout de suite très craquante pour moi. Elle a beaucoup joué, cette chienne, elle est très dans l’interaction. Mais à la fois, j’ai 40 ans, donc les années passent et c’est une chienne, malgré tout, qui est calme. Donc c’est un panel assez incroyable de qualités.

E

Donc tu as été gâtée et vous avez commencé justement votre aventure à Noël. Et je crois qu’à côté de toutes ces activités autour des chiens guides, tu fais aussi beaucoup de choses. Tu nous à un petit peu parlé des langues que tu pratiques puisque je crois que tu gères beaucoup plus de langues que moi d’ailleurs, puisque tu as gardé cette attirance de la langue que tu avais tenté d’en faire des études à la fac. Aujourd’hui, tu apprends les langues autrement ?

L

Absolument, grâce à une association qui s’appelle « Un regard pour toi », qui est une association parisienne qui, au départ, proposait un accompagnement pour l’achat de vêtements. Mais c’était compliqué durant cette période. Donc, avec un simple téléphone, en appelant à 09, etc., nous pouvions nous connecter, et nous pouvons toujours d’ailleurs, à différentes activités, à savoir des activités sportives, du yoga, etc. Effectivement, la possibilité d’apprendre ou de réapprendre, selon nos niveaux, plusieurs langues, espagnol, anglais, italien, allemand maintenant, avec des professeurs bénévoles. C’est une richesse incroyable et une ouverture d’esprit assez impressionnante.

E

Donc, trois langues en plus du français ?

L

Oui, anglais, italien et espagnol. Donc, j’ai étudié les trois langues au lycée. Je me permets de les cultiver au fur et à mesure de l’année.

E

C’est super, mais je crois que ce n’est pas encore la seule chose que tu fais. Tu fais également beaucoup de sport et je mettrai également des photos puisque tu nous a parlé notamment d’un sport qu’on imagine un peu moins, qui est l’équitation, que tu as pratiqué et dans un contexte un petit peu particulier ?

E

Tout à fait. Je suis cavalière très tardive, puisque je recherchais un sport pour m’aider à faire le deuil de ma cécité complète, pour ne pas comparer. Je faisais déjà de la course à pied, natation, etc. Et je n’avais jamais essayé de pratiquer l’équitation. En la pratiquant comme ça, je ne pouvais pas comparer ma vie d’avant et la vie que je vis actuellement. Et ça a été, on parle beaucoup de passage avec les chevaux, ça a été vraiment une aide et ça l’est toujours pour me projeter dans une vie, certes différente, mais néanmoins très agréable.

E

Tu as fais justement ce choix de choisir une activité que tu ne faisais pas en étant en partie voyante pour vraiment, voilà, te prouver et puis pour changer ton propre regard sur ta cécité ?

L

Avant tout, je ne veux pas prouver les choses, je veux juste éprouver du plaisir.

E

Mais c’est vrai que c’est un sport qu’on imagine peu pratiqué en tant que malvoyant ou déficient visuel. Et c’est un sport qui, pourtant, tu n’es pas la première personne qui m’en parle. Je pense beaucoup à Laetitia Bernard, qui est journaliste sportif justement, qui a été championne de France de saut d’obstacles et qui elle aussi, est déficience visuelle. Je ne sais pas si tu connais son profil, mais elle a écrit un livre et c’est très intéressant ce qu’elle raconte. Alors, elle c’est un peu différent vu qu’elle est aveugle de naissance. Donc elle n’a pas fait le même choix et la même, est ce qu’on peut parler de thérapie, de ton côté ?

L

En tout cas, un avancement certain.

E

Un avancement du coup, entre le avant et le après.

L

J’ai lu le livre de Laetitia Bernard et j’ai eu l’immense chance de la rencontrer deux fois.

E

D’accord !

L

Sur un séjour tandem. Voilà, c’était tout à Strasbourg, on devait toutes relier Strasbourg en tandem. Je garde des moments inoubliables. C’est une personne qui est vraiment accessible et très, très, très gentille et qui partage aisément cet amour de l’équitation. Et c’était un bonheur de la rencontrer aussi sur un autre séjour tandem auvergnat. Nous avons eu le privilège qu’elle soit avec nous. C’était du bonheur !

E

Donc tu nous donne aussi cette info que tu fais du tandem, donc en vélo ?

L

En vélo, tout à fait.

E

On en avait beaucoup parlé parce que je pense que tu connais Romain, qui est accompagné de Osha, l’épisode 26 avec lui au mois d’août. Et justement, Romain a découvert le tandem grâce à sa cécité, je pense qu’on peut dire ça comme ça. Et qui, du coup, se professionnalise et veut devenir vraiment un athlète handisport sur ce sport-là, en tout cas.

L

Je lui souhaite profondément, et c’est vrai que le sport, de manière générale, qu’on le pratique en compétition ou qu’on le pratique en loisir, nous permet des rencontres richissimes.

E

En complément du sport, tu fais encore quelque chose. C’est ces histoires de sensibilisation et d’ouverture. Parce qu’au final, quand on fait un sport, le tandem, etc., comme tu disais, il y a beaucoup de rencontres, mais qui sont au sein de la sphère des déficients visuels. Mais je crois que ce qui t’intéresse encore plus, c’est de partager et d’expliquer, et de montrer parfois à des jeunes, mais aussi à des entreprises, comment ça se passe en vrai !

L

Absolument. On m’a fait confiance de nombreuses fois dans le réseau associatif pour participer à des sensibilisations. Je pense notamment à AcceSens, qui s’appelait à l’époque Braille et Culture, qui a changé de nom très récemment, et qui organisait des demi-journées auprès des élèves de CE2 au CM2 autour d’ateliers en partenariat avec l’Académie bien sûr, pour découvrir effectivement la cécité. Alors, nous avions un atelier de locomotion. Nous montrions à la fois la technique de canne, la technique de guide aussi, les enfants étaient en binôme, les yeux bandés, pour se rendre compte du déplacement quand on est guidé par un autre et quand on est aidé par un autre. Et sur cet atelier nous avions également la canne électronique qui était évoquée, les différentes façons de mal voir avec des photos, tout simplement. On a de très, très bons supports qui sont faits maintenant. Et moi, effectivement, j’apportais le témoignage du chien guide. Voilà donc avec la présence d’un chien, bien sûr. Oelle l’a fait beaucoup, Fleur énormément.

L

Et c’est vrai que c’est un exercice qui me plaît vraiment puisque j’étais aussi sur l’atelier braille où là, les enfants, on leur distribuait un alphabet, on leur montrait le braille, les supports au tableau, pour qu’ils aient quand même une image visuelle. Et ensuite, ils pouvaient s’initier à cet alphabet en pouvant utiliser une machine pour écrire leur nom et prénom.

E

Donc c’est via la Perkins, c’est ça ?

L

C’est ça absolument, notre Perkins et nous avions un troisième atelier, lui qui était la découverte des autres sens quand on ne voit pas.

E

Donc, un atelier vraiment locomotion, donc là soit la canne, soit canne électronique, soit avec le chien. Et l’atelier sur le braille, justement donc on parle de la Perkins pour ceux qui ne voient pas ce que c’est, c’est comme une machine à écrire, comme les anciennes machines à écrire. Sauf qu’au lieu, tu me dis si je me trompe, mais au lieu d’avoir des lettres, il y a six touches plus une pour l’espace. Je pense que ça doit être ça ?

L

Tout à fait !

E

Qui correspondent aux six points et du coup, ce qui permet d’appuyer simultanément sur les bons points pour tracer un caractère. Je ne dois pas employer les bons termes là, sur le coup, je ne suis pas experte, mais…

L

Moi, je trouve que si, tu te débrouilles plutôt très bien.

E

C’est avec cet outil là que les élèves pouvaient vraiment écrire. J’imagine que c’est des mots assez simples, voir leur prénom peut-être ?

L

On leur faisait deviner des mots, on avait listé des mots qui pouvaient le faire, et également effectivement, écrire leur prénom et leur nom. Et quelquefois, ils écrivaient un petit mot pour leur chéri, pour leur maman, pour leur mamie, etc. Donc ça donnait des moments très, très sympas.

E

Et tu fais ça aussi en entreprise ? Alors là, avec le covid, tout ça a dû être un peu bousculé, j’imagine ?

L

Complètement. Je voudrais juste compléter. Nous avions aussi un troisième atelier qui était « Découverte des autres sens », ce qui était intéressant, c’était effectivement que les enfants pouvaient découvrir qu’en écoutant, on pouvait apprendre plein de choses en faisant attention au sens des masses, et on leur faisait découvrir aussi des choses cachées dans des boîtes, différentes matières, etc. Donc, c’était trois ouvertures complémentaires, finalement. Effectivement, c’était très triste parce qu’on a dû interrompre ce programme, malheureusement. Voilà, et on n’est pas prêts de recommencer. Mais c’est pas grave, on fait autre chose. Mais c’est vrai que la jeunesse est intéressante. Elle est sans filtre. Et finalement elle nous pose des questions très, très percutantes, très logiques. Et j’aime aussi effectivement intervenir dans des entreprises, toujours avec cette association. Je suis intervenue pour Musclor, par exemple, et c’était des sessions extrêmement intéressantes puisque en fait, nous organisions des groupes et dans ces groupes, ces personnes devaient s’aider mutuellement en ayant chacun un handicap différent, que ce soit visuel, que ce soit invisible, ça peut être la fibromyalgie, etc., devoir s’interrompre toutes les demi-heures, cinq minutes, etc., et savoir comment travailler en entreprise avec l’autre qui a une différence, par exemple, ça pouvait être des acouphènes aussi, on distribuait un casque avec des bruits parasites pendant qu’on diffusait un film, par exemple, donc la personne ne percevait pas tout et devait forcément être aidée par un autre pour accomplir une tâche.

E

Et ça, comment  ça s’organise au quotidien ? Alors on va dire, on va omettre la période covid pour essayer de comprendre justement toi, comment ça s’organise. C’est donc à la demande de l’association avec laquelle tu collabores qui est « braille et culture » ?

L

Maintenant, c’est « AcceSens », c’était « braille et culture » et c’est devenu « AcceSens ».

E

Ah pardon, je l’avais mais pas dans le bon sens. Du coup, « Braille et culture » étant devenu « AcceSens », avec AcceSens, du coup, tu es bénévole et ils te proposent de faire des sensibilisations comme ça ?

L

Tout à fait. Le réseau associatif clermontois sait que je suis disponible. S’ils ont envie que j’apporte ma pierre à l’édifice, je suis toujours présente.

E

Quels sont les inconvénients ou les avantages à s’engager dans ce genre de sensibilisation au quotidien ? Tu nous as beaucoup parlé de ces trois ateliers locomotion, braille et les différents sens qu’on peut mobiliser en dehors du sens de la vue. Ça t’a apporté des choses aussi, d’un point de vue personnel, peut-être ?

L

Ah oui, bien sûr, puisque les enfants nous mettent face à nous-mêmes et c’est très intéressant. Et ça permet effectivement d’évoluer aussi.

E

Tu penses que tu as évolué aussi dans ton regard sur les autres ?

L

Oui, oui, l’échange apporte toujours. Après, tout dépend effectivement de l’implication des adultes derrière. Ça fait toute la différence.

E

Oui, mais en tout cas, les éléments à prendre en compte avant de se lancer dans l’aventure, quand on veut faire ce genre de sensibilisation, déjà, je pense, c’est identifier une association qui le fait. Alors, je sais que les écoles de chiens guides peuvent aussi avoir des besoins, il vaut mieux se renseigner auprès d’elles. Et puis ensuite, il y a souvent des associations comme la tienne qui peuvent justement être en contact avec des écoles et des entreprises.

L

Complètement ! Et même pendant cette période covid, avec mon école et avec Pipper, nous avons effectué une sensibilisation dans un collège et c’était très, très intéressant. Il y avait avec moi une future chienne guide et c’était une journée formidable. Donc oui, peu importe l’organisme, etc., ce qui compte, c’est de sensibiliser, de montrer que notre handicap n’est pas si dramatique que cela peut souvent paraître.

E

Et justement, avec les enfants, quand tu dis qu’ils sont cash, qu’ils te renvoient un peu l’image de toi-même, est-ce qu’il y a des souvenirs que tu gardes de certaines sensibilisations assez particulières ?

L

Je retiens que j’ai rencontré des élèves dans la rue, dans mon quotidien, qui se rappelaient de moi, qui se rappelaient du nom du chien. Et même après quelques années, on se dit « c’est passé », le message est passé, on se rappelle qu’il ne faut pas toucher le chien quand il travaille, etc. Donc, c’est ça mon bonheur. C’est effectivement qu’on vous prenne comme quelqu’un de lambda et qu’on ose vous aborder.

E

Donc oui, c’est former les citoyens de demain aussi avec les jeunes qui, j’imagine, forment un peu les parents aussi, par ricochet.

L

Ah souvent, souvent ! J’entends dans la rue « non il ne faut pas le toucher, maman, c’est un chien qui travaille », et ça, je trouve ça génial.

E

Oui, oui, c’est sûr que la vérité sort de la bouche des enfants. Et en plus, quand tu as fait de la sensibilisation avant, tu récoltes le fruit et le plaisir de pouvoir échanger en connaissance de cause, sur la manière de se comporter justement avec les chiens guides.

L

Tout à fait !

E

Eh bien écoute, je voulais justement savoir par rapport à toute cette aventure auprès des chiens guides, s’il y avait quelque chose que tu avais découvert, que tu n’imaginais pas forcément en faisant ta demande de chien guide, ou en regardant « Les yeux d’Hélène » justement ?

L

J’étais jeune, j’avais 19 ans. Ah j’ai découvert la patience, avec un chien on découvre la patience. Parce que c’est un être qui a besoin de vous, qui n’a que vous. C’est une responsabilité, si l’accompagnement est très bien fait. Je suis pleinement heureuse quand  je vois que les adolescents peuvent être accompagnés maintenant d’un chien. Je trouve ça formidable, oui je trouve ça vraiment génial.

E

Oui, ça me fais tout à fait écho, ce que tu dis, les jeunes guidés. J’ai fait récemment une petite sélection des épisodes déjà faits sur, justement, des profils de jeunes qui ont été guidés assez jeunes par un chien guide. Eh bien on a parlé de Romain, qui fait du tandem et veut en faire son métier. Et lui, c’est vrai qu’il a eu Osha des Chiens Guides du Grand Sud Ouest à 22 ans. Encore plus particulièrement, la Fondation Frédéric Gaillanne, qui n’existait pas quand tu étais toi plus jeune, remet aujourd’hui des chiens guides à des enfants de 12 à 18 ans. On a eu l’occasion d’en parler avec Bérénice dans l’épisode 28 où elle nous racontait justement la grande responsabilité d’avoir ce chien guide à elle aussi. Timothée de l’épisode 17 nous témoignait aussi qu’il a eu l’occasion d’avoir, vraiment à la veille de ses 18 ans Baltique des Chiens Guides de l’Ouest. Tout comme Justine, l’épisode 9. Donc c’est une sélection de quatre épisodes. Justine étant guidée depuis ses 20 ans et en effet, ça change. Toi quand tu as eu Oelle à 19 ans et bien c’était un peu pareil quoi.

L

Et tu me parlais de moments forts avec les chiens guides. J’ai eu l’immense privilège de rencontrer la comédienne, effectivement, qui a joué « Les yeux d’Hélène » beaucoup plus tard. En 2014, donc, j’ai rencontré Mireille Darc autour d’un café à Paris, et sans mon chien, je n’aurais jamais eu cette chance-là. Et la chance de pouvoir communiquer très régulièrement avec cette personne que je regrette beaucoup aujourd’hui, mais qui est toujours dans mon cœur.

E

Je ne connaissais vraiment pas la série, alors je vais me pencher sur la question. Tout ce que tu me dis me pousse à aller voir tout ça. Et la comédienne, en effet, qui interprète Hélène donc, c’est Mireille Darc que tu as pu rencontrer. C’est vraiment chouette, en tout cas, que tu aies pu le faire.

L

Absolument !

E

Ça a dû être un grand moment !

L

C’était très intéressant et très constructif pour moi. Oui, tout à fait !

E

Et bien écoute, dans ces grands moments, je me demande s’il y a un moment où tu as été bluffée par ton chien, par exemple, alors que ce soit Oelle, Fleur ou encore Pipper récemment, et qui reste vraiment un souvenir marquant ?

L

Absolument. Oelle m’a bluffée de nombreuses fois, mais elle m’a bluffée un jour où je n’étais pas très bien et je sentais venir un malaise, tout simplement. J’étais dans la rue, au guidage. Je me souviens de ne plus avoir de force, m’asseoir et elle a eu un réflexe de venir me lécher le visage. Mais peut être pendant quelques minutes et je commençais à perdre connaissance et en fait, elle m’a ramenée. Je pense que la différence de température a fait que je suis revenue à moi. Je me suis relevée et nous avons continué notre chemin. Ça ne faisait pas longtemps que nous étions ensemble et là, je me suis dit « toi, je te lâcherai jamais ».

E

C’était, du coup, dans quel contexte, tu étais particulièrement fatiguée peut-être ?

L

Absolument. C’est ça. C’était une période un peu difficile de ma vie, effectivement. Par ses moyens, elle m’a permis de continuer mais dans tellement de domaines, dans tellement tellement de domaines.

E

Elle t’a accompagnée dans quels autres domaines ?

L

Elle m’a aidée quand je faisais du théâtre, par exemple. J’ai pratiqué dix ans le théâtre. J’étais angoissée comme quelqu’un qui monte sur scène et qui doit se lancer. Eh bien, en la caressant, en étant juste là quoi, en étant là. Notre cœur s’accélère moins. C’est vital. C’est une respiration, un chien guide.

E

En tout cas, elle a vraiment marqué ton histoire !

L

Et Fleur m’a bluffée par son professionnalisme auprès des enfants, par la patience qu’elle a. Chaque fin d’atelier, je permettais aux enfants de la caresser chacun leur tour parce qu’ils n’ont envie que de ça. On leur explique effectivement, dans la rue, quand on est en train de traverser, il ne faut surtout pas toucher un chien, etc. Mais ils ont envie. Ils ont quand même envie, donc à la fin de chaque atelier, les enfants passaient et elle adorait ce moment-là. C’était quelque chose d’impressionnant. Elle avait une formidable connexion avec les enfants et je la remercie du fond du cœur pour cela. Et tout ce qu’elle m’a apporté aussi, puisque le chien guide est vraiment un médiateur entre nous et l’autre quoi. Donc, on fait des rencontres tellement variées, tellement riches et tellement différentes aussi.

E

Oui donc elles t’ont apportées toutes les deux et je pense que Pipper est sur la même lancée sans aucun doute ! Même si ça ne fait qu’une année.

L

Complètement, une année passe si vite. On aimerait les retenir entre nos mains les années ! Et je revois très régulièrement sa famille, qui sont des amis. Elle a eu la chance de vivre avec une golden de la même promo niveau année, elles ont gardées un lien très, très fort que j’adore cultiver. Elle a aussi grandi avec un chat et sa famille d’accueil m’a remis un très grand album avec une centaine de photos. C’est du bonheur à saisir !

E

Oui, c’est vrai que ça n’est pas souvent, mais parfois les familles d’accueil ont leur propre chien de famille. J’en avais beaucoup discuté, alors on peut parler de la meute d’Agnès dans l’épisode 18 parce qu’elle justement, elle avait les élèves chiens guides au fur à mesure des années, et aussi trois goldens, donc une équipée de quatre. Et ça m’avait beaucoup fait rire parce que quand on avait parlé avec Agnès, elle me racontait que quand elle part en vacances avec les quatre, parce qu’il n’y en a pas un qui reste sur le carreau, donc les 3 chiens de famille et l’élève chien guide qu’elle a pour l’année, que c’est quand même une petite épopée mais qu’au final, tout se passe bien parce qu’en effet, c’est vraiment des copains, entre eux, et tous sont bien éduqués. Alors ça passe peut-être pas inaperçu en tant que tel, quand on la voit avec ses 4 goldens, si c’est un golden qu’elle a en élève chien  guide, mais c’est vrai que ça fait toujours un lien avec la famille supplémentaire puisqu’il y a un lien canin au milieu et pas seulement humain/chien.

L

Et c’est vrai que c’est une chance quand l’animal a grandi avec un chat, que ce soit dans une école ou auprès de la famille. Puisque effectivement, ils auront une approche différente des autres petits chiens, par exemple. Ils vont être beaucoup plus doux, beaucoup plus attentifs, puisqu’ils ont l’habitude d’être en face de tout petits animaux.

E

Ouais, c’est vrai que c’est une chance. Après il faut pouvoir le gérer. On en avait pas mal discuté avec Agnès de savoir aussi quels étaient les inconvénients et les avantages à avoir d’autres chiens que son élève chien guide. On peut avoir aussi des exigences d’éducation un peu différentes parce que chacun n’a pas forcément le même métier. Ça avait été très intéressant quand même d’en parler. Enfin je vous invite, on ne  va pas refaire l’épisode avec Agnès, à aller écouter l’épisode 18, qui avait vraiment décrit son expérience.

E

Et justement en parlant de rencontres, tu m’as parlé la rencontre avec Laetitia Bernard, avec Mireille Darc, est-ce que tu as eu d’autres rencontres exceptionnelles que tu as faites via les chiens guides, que tu n’aurais pas forcément faites sans Fleur, Oelle ou Pipper à tes côtés ?

L

Moi, je dirais dans la rue, tous les jours. Tous les jours vous avez des personnes qui vont vous poser des questions, qui vont venir vers vous. Des moments assez exceptionnels. Par exemple, avant-hier, j’étais dans un parc et ma chienne était détendue, donc avec son gilet de détente.

E

Donc le gilet orange de détente ‘chien guide en détente’.

L

Complètement ! Pipper s’est approchée de quelqu’un et cette dame est venue vers moi avec sa canne et m’a dit « Oh, votre chien est venu me saluer. J’ai 96 ans, madame » et là, ça m’a bouleversée. Nous étions le matin, il faisait froid. Voilà, c’est des rencontres. C’est des rencontres magnifiques, des gens autonomes, des gens qui ont envie, des gens qui se battent. Moi, je trouve ça…, ça me ravit le cœur quand je vois les gens comme ça. Et puis ma Pipper qui a dû s’approcher tout doucement, car forcément, elle n’a pas la même mobilité que des personnes plus jeunes. Donc moi, j’ai trouvé ça très, très, très touchant.

E

Oui, c’est vrai que c’est des rencontres un peu inopinées et à la fois quotidiennes que moi je peux aussi partager, c’est vrai quand on a des élèves chiens guides. Alors là, j’ai Saga à côté de moi, en effet, les gens viennent un peu plus en contact, d’une part, et puis ça crée un lien. Ça crée des rencontres qu’on n’aurait pas forcément faites, que ce soit au parc, parce que les chiens jouent ensemble, ou parce que le chien va voir les gens comme ça a été le cas pour toi, il y a quelques jours du coup, avec Pipper.

L

Complètement !

E

Et je pose une toute dernière question qui est toujours un peu une question rituelle, est-ce que tu peux nous raconter ton pire et ton meilleur moment avec tes chiens ou un de tes chiens guides ?

L

Alors souvent, les gens parlent de honte. Moi, je n’ai jamais eu de honte avec mes chiennes. Jamais aucune des trois ne m’a fait éprouver ce sentiment. Par contre, j’ai eu des peurs terribles. Notamment Fleur qui, à l’âge de 5 ans, a mal supporté une anesthésie complètement bénigne puisqu’on enlevait un mastocytome, et ses reins se sont arrêtés. Donc voilà, elle était condamnée. Donc elle est allée à Marcy l’Étoile. L’École de Lyon a été absolument réactive puisque nous étions avant les vacances de Noël. Ils l’ont transférée de Clermont-Ferrand à Marcy l’Etoile. Elle a été dialysée et ses reins sont repartis. Elle a eu une convalescence et elle est revenue vers moi sans aucune séquelle rénale. Et là le monde s’est arrêté, le monde s’arrête et quand il retourne davantage, on se sent nettement mieux. J’ai eu des peurs aussi quand, voilà, j’ai eu un chien qui s’est fait mordre. Enfin, je crois qu’avec un chien, quand on n’a pas d’enfant, ce sont nos premières grosses grosses frayeurs et je pense qu’on est nombreux à les avoir ressenties. Mais de la honte jamais, j’ai toujours été très fière de mes chiens.

L

Il y a eu des moments plus délicats. Il y a eu quelques croquettes vomies et alors on ramasse. Mais ce n’est pas des hontes insurmontables non, non, non.

E

Mais en tout cas, ces peurs-là, oui, c’est un peu la conséquence de la responsabilité et forte responsabilité qu’on a d’eux. Ce n’est pas toujours facile, en effet !

L

C’est vrai !

E

Et du coup, pour contrebalancer, le meilleur moment ou les meilleurs moments avec les trois chiennes guides ?

L

Moi, c’est là où je me sens le mieux, c’est en sensibilisation. C’est quand on admire le travail, c’est quand on admire qu’il y a des familles d’accueil qui sont avant nous. Et l’un des moments forts, effectivement, c’est une élève d’une école qui, à la suite de notre intervention, a sollicité sa famille pour devenir famille d’accueil d’un futur chien guide, qui l’est actuellement. Et ça j’ai trouvé ça absolument formidable !

E

Oui c’est vrai que parmi mes auditeurs et j’espère pouvoir plus le faire cette année en 2022, j’ai aussi beaucoup de retours de gens qui alors suite à l’écoute ou à différents vecteurs, mais notamment à l’écoute du podcast, et avoir découvert un peu tout cet univers qui, du coup, s’engagent différemment selon leurs moyens de temps et d’argent. Et c’est vrai que j’ai parfois des auditeurs qui me disent « ça y est, j’ai fait ma demande pour devenir famille d’accueil » et qu’est-ce que c’est bouleversant de se dire que en parlant de tout ça, grâce à toi, notamment Laurence, aujourd’hui sur cet épisode, on arrive à faire rentrer des gens dans cet univers qui est bien souvent trop méconnu à mon goût et qui est pourtant tellement passionnant. Et en tout cas, cette personne-là est devenue famille d’accueil ?

L

Absolument. Et ça, j’ai trouvé ça merveilleux et très constructif, finalement, parce que souvent, les gens observent et donc peut-être qu’elle a sensibilisé d’autres enfants et d’autres familles pour cette aventure-là. Et moi, ce qui me plaît aussi, c’est de rester en contact avec certaines familles, par exemple la famille d’accueil d’Oelle et bien, on est toujours en contact et c’est toujours Oelle qui nous relie.

E

Même si Oelle vous regarde d’en haut maintenant du paradis des chiens. C’est vrai que c’est quelque chose. C’est immuable, ça ne cassera pas, c’est un fil invisible, mais infini.

L

C’est infiniment précieux, effectivement.

E

Eh bien écoute, tu nous as vraiment raconté tout ça avec tellement de, enfin ça nous donne envie. Moi, j’ai hâte un jour de te rencontrer en tout cas, parce que c’est vrai qu’on n’est pas si loin, en tout cas de chez mes parents. Même ce que je te disais l’autre jour, c’est que ceux qui me suivent sur Instagram l’ont vu début octobre, j’ai quand même passé une petite semaine à Clermont-Ferrand puisque pour mon boulot pour les chèvres, j’étais au sommet de l’élevage là-bas. Mais c’est vrai qu’il faudra reprendre rendez vous, je pense que j’y serai l’année prochaine et on ne se manquera pas.

L

Ah ça, c’est sûr. Je note le salon d’élevage et je viendrai te voir avec ma Pipper !

E

Avec grand grand plaisir. J’ai rencontré d’autres personnes et notamment un élève chien guide, un chien guide d’aveugle pardon, accompagné d’Anaïs au sommet. Et puis Clermont-Ferrand aussi, peut être un moyen de rencontre sans pour autant aller sur le salon. Et je me demandais, où est-ce qu’on peut te suivre éventuellement, te retrouver, suivre tes aventures avec Pipper ?

L

Sur Facebook !

E

D’accord, donc, Laurence Vanel sur Facebook ?

L

Tout à fait, absolument.

E

J’ai hâte de continuer à suivre tout ça. Je suis ravie, vraiment ravie d’avoir fait ce premier épisode de l’année avec toi.

L

C’est moi qui te remercie aussi, Estelle, de ce moment passé avec toi. Je remercie les auditeurs et je souhaite une longue, longue, longue vie à ce délicieux podcast.

E

Merci beaucoup, Laurence. Et à très bientôt !

L

À très bientôt.

E

Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Merci à vous de l’avoir écouté, en espérant qu’il vous aura plu. Merci à Laurence pour sa réponse immédiatement positive à mon invitation par ici et son témoignage riche d’enseignements sur le partage. Pour compléter votre écoute, vous retrouverez très bientôt sur mon site tout rénové « futur chien guide.fr » des photos de Oelle, Fleur et Pipper qui ont guidé ou guident encore Laurence. Mais aussi sa majestueuse monte en amazone et bientôt la transcription intégrale de cet épisode.

E

N’hésitez pas à m’envoyer vos retours sur mon Instagram @futurchienguide ou via des étoiles sur Apple Podcast ou, nouveauté, sur Spotify. J’ai tellement hâte de les découvrir. D’ailleurs, je vous donne rendez-vous très bientôt pour le lancement de la newsletter, mais aussi pour un prochain épisode au format tout spécial, en immersion chez une toute nouvelle famille d’accueil. À bientôt pour un prochain épisode sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles…

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