Aujourd’hui, de manière complètement inédite, je passe de l’autre côté du micro à l’occasion de ce 50ème épisode, grâce à la complicité de Marie VDM, ma toute première invitée dans l’épisode 1 dont je vous conseille d’écouter ! Et pour cet épisode exclusif, vous entendrez aujourd’hui uniquement la première partie où je vous raconte comment je suis devenue famille relais, l’enregistrement durant près de 2 heures, j’ai préféré vous réserver l’histoire du podcast pour la seconde partie dans l’épisode 51 ! De mon projet de devenir éducatrice de chiens guides dès mes années de collège à mon engagement bénévole de famille relais à Paris, je reviens sur toutes les tentatives de devenir famille d’accueil au cours de ces 10 dernières années, mais aussi mon organisation entre vie professionnelle auprès des chèvres et passion pour les chiens guides d’aveugles.

Retrouvez la transcription intégrale en fin de page.  

Transcription intégrale

 

E.

Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles. Soutenu depuis cette année par la FFC et l’ANM’ Chiens guides. Je m’appelle Estelle, je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles et bénévole pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futurs bénéficiaires ou autres curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leurs maîtres en vous demandant « Mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ? ». Ce podcast est le seul qui vous propose – au fil de rencontres enrichissantes – de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leurs maîtres et les bouleversements à leur arrivée, ou encore, comment agir quand vous croisez un tel binôme ?

 

E.

Avant de vous dévoiler en exclusivité mon interview, je vous présente « Hello Jack » : une jeune marque de compléments alimentaires efficaces et gourmands grâce à leur cure sous forme de friandises. Et plus particulièrement leur cure SHINE pour renforcer le pelage de votre chien et réduire ses démangeaisons grâce à quatre ingrédients à efficacité prouvée, comme la levure de bière ou encore les oméga trois. Pour en savoir plus, rendez vous sur https://hellojack.eu/ et profitez de mon code HELLOFCG20 qui vous offre 20 % de réduction. Et encore merci à eux de soutenir cet épisode !

 

E.

Pour en revenir à l’épisode du jour, c’est de manière complètement inédite que je passe de l’autre côté du micro à l’occasion de ce 50ᵉ épisode, grâce à la complicité de Marie VDM, ma toute première invitée (dans l’épisode un que je vous conseille d’ailleurs d’écouter). Et pour cet épisode exclusif, vous entendrez aujourd’hui uniquement la première partie où je vous raconte comment je suis devenue famille relais. L’enregistrement durant près de 2h, j’ai préféré vous réserver l’histoire du podcast pour la seconde partie dans l’épisode 51. Ainsi de mon projet de devenir éducatrice de chiens guides dès mes années de collège, à mon engagement bénévole de famille relais à Paris, je reviens sur toutes les tentatives de devenir famille d’accueil au cours de ces dix dernières années et plus… Mais aussi sur mon organisation entre vie professionnelle auprès des chèvres et passion pour les chiens guides d’aveugle. Et maintenant, place à l’épisode.

 

E.

Bonjour Marie.

 

M.

Bonjour Estelle.

 

E.

Merci d’avoir ré-accepté mon invitation sur le podcast puisque tu es ma toute première invitée. Mais aujourd’hui on va faire quelque chose d’un peu inédit, vu que je vais te laisser la main pour m’interviewer à l’occasion du 50ᵉ épisode de ce podcast.

 

M.

J’adore !

 

E.

Après deux ans et quelques d’épisodes, voilà, je me suis dit que c’était le moment. Et quoi de mieux que de le faire avec toi ? Le symbole de faire avec le premier invité, la première invitée ?

 

M.

J’ai des frissons, j’ai des frissons. Arrête !

 

E.

Oui, on avait lancé ça sans savoir trop ce que ça allait faire. C’était une interview comme ça… sorti du confinement.

 

M.

Et je me souviens en plus qu’avant tout ça, quand tu avais ton blog, je disais : « Le podcast, le podcast !!! ».

 

E.

Haha, et j’y croyais pas, mais finalement ça s’est fait.

 

M.

Alors, 50 épisodes en deux ans !

 

E.

Ouais, deux ans et quelques… ça carbure haha.

 

M.

La meuf qui ne fait pas semblant ! Bon alors du coup, je te fais l’interview que tu fais à tes interviewés.

 

E.

Ouais et puis on l’a reprogrammé, il faut le dire quand même.

 

M.

Oui, mais en même temps…

 

E.

Parce que la première programmation, elle a sauté…!

 

M.

En même temps, t’es là, tu t’en vas à la maternité… Tu me laisses comme ça sur le carreau ; tu pouvais attendre un petit peu quand même !

 

E.

C’est vrai que tu as été la première, de fait, à part mon conjoint à savoir qu’on était partis à la maternité puisqu’on devait enregistrer le matin même. Et j’étais là « En fait, là ça ne va pas être possible. ».

 

M.

Non mais j’ai quand même lu le texto de Clément avec ton téléphone qui me dit : « Oui, nous sommes partis à la maternité, tout va bien. » Donc, moi je me dis : « bon ben ok, c’est juste un check »… Parce qu’il est arrivé en avance, il me semble.

 

E.

Quinze jours d’avance, ouais.

 

M.

Voilà, et donc je me dis : « Bon ben c’est pas grave, on fera ça cet après-midi ! ».

 

E.

Haha

 

M.

Et la meuf, le temps que l’information monte au cerveau… Sans déconner ! Haha

 

E.

Oui j’ai dû t’envoyer un deuxième message en disant : « C’est Estelle, tout va bien mais ils nous gardent. ».

 

M.

C’est ça ! ‘Finalement ça va être pour maintenant.’

 

E.

Voilà.

 

M.

Bah on va en parler aussi parce que je pense que ça va être intéressant un chien avec des enfants – enfin avec un enfant pour commencer. Mais d’abord, Estelle, est-ce que tu peux faire une rapide présentation ? Parce que : 50 épisodes… Les gens ne savent pas qui tu es, toujours.

 

E.

Et ben oui.

 

M.

Donc ton boulot quotidien, ta vie… enfin, qui es-tu Estelle ?

 

E.

Et bien, je m’appelle Estelle, j’ai bientôt 31 ans (la semaine prochaine, quand le podcast sortira).

 

M.

Wouh !

 

E.

Wouh ! C’est le mois de mon anniversaire aussi donc c’était un peu symbolique de faire tout ça.

 

M.

Oh vraiment génial.

 

E.

Ben voilà. Dans la vie, je travaille pour les éleveurs de chèvres. Certains qui me suivent sur les réseaux sociaux voient souvent des chèvres quand je suis en déplacement. Ou des fromages !

 

M.

Ah les fromages !

 

E.

Les fromages, c’est sacré aussi.

 

M.

Hum hum !

 

E.

Les bons fromages fermiers, en particulier, donc ceux qui sont faits à la ferme. Et puis, comme on le disait juste à l’instant, je suis nouvellement maman d’un petit babyboy qui est arrivé fin juillet. Et à part ça, je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles.

 

M.

Et ça c’est marrant parce que tu aurais pu faire un podcast ou un blog sur les chèvres. Tu vois le truc qui aurait été logique ! Parce que, donc, tu as fait des études dans l’agriculture, c’est ça ? Il me semble.

 

E.

Ouais, j’ai fait une école d’agronomie, en fait, tout simplement, à Paris. C’est d’ailleurs ce qui m’a amené à Paris parce que moi je suis de la région lyonnaise, à l’origine.

 

M.

C’est marrant… De faire de l’agronomie à Paris. Et puis, en fait, tu es restée à Paris.

 

E.

Bah oui, parce que j’ai ramené mon mec qui est aujourd’hui mon mari aussi. Et puis comme je lui ai dit à la sortie de l’école : « Allez c’est bon, on retourne, enfin on va ailleurs… ». Il m’a dit : « Non, non, moi mon job me plaît ici » donc j’ai fait : « OK, bon, je vais essayer de trouver. ». C’est comme ça que j’ai trouvé le job auprès des chèvres, donc des éleveurs de chèvres car principalement je vois moins de chèvres que d’éleveurs quand même.

 

M.

Mmm ça fait combien de temps tu fais ce job ?

 

E.

Et ben ça fait sept ans déjà. Ça fait beaucoup.

 

M.

Et ça fait combien de temps que tu fais du bénévolat auprès de l’école des Chiens Guides ?

 

E.

Alors, l’histoire a commencé il y a très très longtemps, mais ne s’est pas activée tout de suite… J’ai d’abord voulu être famille d’accueil quand j’étais au lycée !

 

M.

Oh !!!

 

E.

Ouais!

 

M.

Tu savais au lycée que ça existait ?

 

E.

Ben en fait quand tu sais, quand tu vas voir la conseillère d’orientation en quatrième, que tu dis que tu veux bosser avec les animaux… Moi j’ai toujours voulu faire véto – d’ailleurs je ne sais pas depuis quand. Donc j’ai continué ma voie véto. Et puis ben la conseillère d’orientation, elle te dit aussi « Tu peux faire ci, tu peux faire ça. » Et j’avais déjà en tête de faire éducatrice de chiens guides d’aveugles, en quatrième. Donc quatrième, troisième, j’étais en mi-temps ‘Chant/études’ donc j’étais quand même très bien occupée en internat.

 

M.

En quoi tu as dit ? En ‘mi-temps chant/études ?’

 

E.

Yes !

 

M.

Chant comme ‘chanter’ ?

 

E.

Chant comme ‘chant/choral’ ouais.

 

M.

Ah OK ! Mais je n’ai jamais entendu parler de ça.

 

E.

Ah si, la musique !

 

M.

Oooh les nombreux talents d’Estelle ! Comment ça se fait que tu ne chantes pas le jingle de ton podcast ?

 

E.

Ah bah écoute, pourquoi pas ? Peut-être que c’est une idée pour la saison quatre. Haha

 

M.

Haha ! Donc : mi-temps chant/études, OK.

 

E.

Ouais, j’étais en internat. Et le matin j’allais au collège et l’après-midi, on était en chant/choral, à la Maîtrise de la Loire (non pas dans les Pays de la Loire, mais en Rhones-Alpes – à côté de Saint-Etienne du coup).

 

M.

Incroyable !

 

E.

Et ouais.

 

M.

Rien à voir avec les animaux ! Bah non, mais attends, ce truc me tombe dessus. Parce que je connais plein trucs de ta vie quand même, mais là, ça je n’avais jamais entendu ça. Et donc, je me dis : « Attends, mais si tu faisais mi-temps chant/études, tu voulais faire des trucs dans le chant… Mais finalement tu voulais faire des trucs dans les animaux… ». Tu vois, enfin ?

 

E.

Non, la musique ça a toujours été un loisir. Tu vois, je me suis toujours dit : « Si je bosse pour la musique, je vais devoir faire des choses que je n’ai pas envie forcément de faire au jour le jour. » Et du coup, je me suis dit : « Je garde ça un peu en passion. » Et de fait, je n’ai pas poursuivi les études… enfin, j’ai fait pas mal de musique, j’en fais encore un peu. Mais ce n’est pas pour ça que j’en fais professionnellement. Ça m’a titillé il y a quelques années, il y a deux ou trois ans, surtout à Paris, avec tout plein de copains qui font de la comédie musique et tout, j’en fais aussi.

 

M.

Bah ouais, et puis tu faisais du théâtre.

 

E.

Ouais : comédie musicale improvisée. Et du coup, de passer un peu sur la partie pro, ça m’a titillé. Je me suis dit : « Est-ce que je fais / je fais pas ça ? ». Et en fait, vu les plans que j’avais pour l’avenir, je me dis : « Non, en fait ça sert à rien. » Il faut avoir une carrière à Paris devant soi pour faire un peu ça. On ne fait pas ça ailleurs, en tous cas. Voilà, donc oui, en quatrième…

 

M.

Donc, quatrième, tu dis : « Tiens, je veux faire… » Mais donc c’est quoi ? C’est la dame du CIO qui te dit : « Ah bah tiens, tu peux faire ‘Chiens Guides d’Aveugles’. » ? Ou t’en avais vu et tu connaissais déjà l’école etc

 

E.

Non.

 

M.

C’était quoi le… ?

 

E.

C’est la dame, enfin la conseillère d’orientation qui dit ça. Et à l’époque, je rentre en troisième et mes deux meilleures copines arrivent éclopés, chacune en béquilles. Haha. Parce qu’en plus c’était deux accidents différents, bien sûr, ‘accidents de la vie'(collégiens ou pas).. Je me retrouve avec mes deux copines à apprendre tous les passages secrets du collège, à porter trois cartables et à les guider un peu à droite, à gauche.

 

M.

Sympa ! Donc tu es ‘chien guide’ toi-même. Hahaha

 

E.

Voilà. Et donc j’en ai parlé un peu à droite à gauche ,après, les gens me disent : « Non, non mais en fait tu faisais ce métier ‘d’aide’ en fait et ‘de guidage’ toi-même ». Bon elles n’étaients pas aveugle, elles avaient juste une paire de béquilles chacune.

 

M.

Ah les pauvres.

 

E.

Mais voilà. Donc c’est pour ça qu’en arrivant au lycée, où là je quitte le chant/études, je quitte la Loire, je reviens près de chez moi côté Lyon (campagne lyonnaise). Je dis à mes parents : « Moi je veux être famille d’accueil. » On se renseigne avec l’école de Cibeins, mais à l’époque : je suis lycéenne quoi. J’arrive dans un nouveau lycée, j’ai un bac à passer à la fin d’année. Je vise quand même véto donc j’ai, quand même, des bonnes notes pour pouvoir poursuivre mes études supérieures à avoir. Et là, mes parents me disent (je suis l’aîné de trois enfants), mes parents me disent : « Non non, tu feras ça quand tu serais grande ».

 

M.

Et attend, juste pour rétropédaler un peu : tes parents, enfin ta famille, vous avez eu des chiens ? Parce que je me souviens qu’on voyait souvent Volvic sur ton Instagram…

 

E.

Ouais.

 

M.

Mais, vous aviez des chiens ?

 

E.

Jamais, on n’a jamais eu de chiens.

 

M.

Donc eux, ils se sont pas dit : « mais d’où ça sort » ?

 

E.

Non, mes parents m’ont toujours dit : « Tu auras des chiens quand tu seras grand, on les gardera avec plaisir. » Voilà donc cette phrase là n’est pas tomber dans l’oreille une sourde.

 

M.

Haha, c’est clair !

 

E.

Puisque c’est arrivé occasionnellement. Quand on descend avec des chiens que j’ai en relais, il nous est arrivé deux nuits : alors une nuit c’était chez mes parents et une journée… enfin ce n’était pas des nuits entières (enfin il y a eu un mariage, on est allé et c’était pas le lieu pour le chien – en tout cas on avait choisi de pas le prendre – mais mes parents ont fait le relais jusqu’à 3 h du matin, quelque chose comme ça). Et, je crois que c’est les parents de Clément justement qui ont pris le relais une nuit. Pareil : on avait une nuit en hébergement un peu insolite qui n’était pas du tout prévu pour les chiens. Voilà, donc ça c’était. Mais non mais mes parents n’ont jamais eu de chiens. Après mon père était à la ferme quand il était jeune. Ses parents sont agriculteurs, enfin mes grands parents, de fait, le sont. Donc il y a toujours eu des animaux un peu autour de nous. Et moi, ma mère rigolait beaucoup (mes parents rigolaient beaucoup) parce que je me souvenais beaucoup plus des prénoms des chiens de nos amis que de nos amis eux-même, en fait.

 

M.

Oh mais ça, c’est dingue.

 

E.

Et j’avas des albums photos que avec les chiens des amis de mes parents.

 

M.

Non mais c’est dingue ! Et dans ta fratrie, t’es genre aussi, celle qui est gaga des chiens ? Ou les autres aussi ils sont fans de chiens ?

 

E.

Ouais, j’ai deux jeunes frères et ils ne sont pas gaga de chiens du tout. Non, c’est pas leur truc, tu vois.

 

M.

Ah ouais, c’est fou, c’est comme ça…

 

E.

Ouais.

 

M.

Bon, moi je suis gaga comme tu sais. Mais mon frère aussi est gaga de chiens. Donc, je me sens – tu vois – mon endroit, quoi. On a grandi avec des chiens. Enfin bref ! Voilà, du coup je me posais la question. Bon et donc tu es au lycée, tu n’auras pas de chien guide ?

 

E.

Bah non, parce que pour moi l’idée c’était qu’il m’accompagne en cours etc. Tu vois, j’étais déjà en mode comme ça, c’était pas : « Mes parents le gardent ». C’est : « Moi, je viens en cours avec. » Et là mes parents, de nouveau  : lycée, fratrie de trois, on avait la musique qui prenait tous nos mercredis après-midi. Enfin bref, mes parents ont dit : « Ouais, plus tard… ». Haha

 

M.

Tu feras plein de choses quand tu seras grande. Ce que tu fais tout le temps d’ailleurs, maintenant.

 

E.

C’est clair ! Et avec le recul, ils ont eu raison.

 

M.

Bien sûr.

 

E.

Parce que quand je vois l’engagement que c’est, je pense que ce n’était pas compatible avec notre emploi du temps – enfin, la vie qu’on menait à l’époque – à savoir : beaucoup de déplacements pour la musique, beaucoup de choses, le lycée, des bonnes notes à avoir, enfin voilà. Et puis j’avais pas le permis, donc c’était vraiment mes parents qui auraient été…

 

M.

Ouais, c’est eux qui auraient eu beaucoup de gestion à faire dessus. Donc ce n’est pas une décision anodine. Mais d’ailleurs, dans tous tes interviewés, il y avait Océane qui elle, a commencé…

 

E.

Oui !

 

M.

… les Chiens Guides… Enfin moi j’avais toujours hallucinée parce que je crois que elle avait dû commencer en bénévole. Je me souviens l’avoir rencontré, il y a hyper longtemps en fait à l école, aux JPO et tout.

 

E.

Oui et c’est vrai qu’Océane, tu vois dans l’épisode six, nous racontais justement que c’est ses parents qui.. Enfin, elle a fait le lobbying auprès de ses parents.

 

M.

Ouais.

 

E.

Mais de fait, c’est ses parents qui avaient la responsabilité, quand même, entière vis-à-vis de l’école.

 

M.

D’accord. Mais bon au final là aujourd’hui (parce que moi je la suis aussi sur Instagram) donc là j’ai vu qu’elle est partie pour faire éduc de chien.

 

E.

Exact !

 

M.

Tu n’étais pas la seule à avoir des vocations comme ça. Ça doit faire plaisir aussi, de te dire : « Tiens, c’est marrant », de retrouver un peu ton profil en d’autres, dans d’autres gens quoi.

 

E.

C’est ça ? Et à l’inverse aussi, si tu écoutes l’épisode qu’on a fait avec Marjolaine à la rentrée (épisode 48). Elle, c’est une maman qui a proposé ce projet là avec ses enfants et du coup elle parle beaucoup de cette charge et de cette responsabilité. Et ça a été beaucoup allégé quand il est rentré en éducation, Safran. Et elle dit justement que c’est un choix de famille, ça rajoute une lourde charge dans l’organisation familiale. Haha

 

M.

C’est dingo! Alors là pour le coup. Moi je me souviens que quand j’étais enceinte, tu as sorti l’épisode avec la maman, avec ses deux jeunes enfants, je ne me souviens plus…

 

E.

Hum ! C’est Cyrielle.

 

M.

Voilà, c’est ça, c’est Cyrielle.

 

E.

Ouais.

 

M.

Qui avait un berger allemand mais qui avait eu d’autres chiens et tout ça… Parce qu’on s’était dit : « Tiens alors, un chien et un bébé et tout ça. » Et en fait, honnêtement, moi j’entendais son témoignage et je me disais : « Ouais, bah alors OK, elle a eu Gypsy. » Bon Gipsy c’était la ‘top chienne’, moi je l’ai eu aussi, je la connais, elle est adorable. Je me dis : « Mais moi avec Gipsy, j’ai trois enfants. Easy! ». Tu vois !

 

E.

Hahaha

 

M.

Et aujourd’hui, mon fils il a onze mois et demi. Tu vois, j’ai eu le chien d’une copine en garde, pendant quinze jours.

 

E.

Huum

 

M.

Qui est un chien qui est quand même assez éduqué. C’est un chien de chasse à la base, donc c’est un chien qui écoute beaucoup et tout ça. Franchement c’était sport, quoi !

 

E.

Hum hum

 

M.

C’était hyper sport là pendant quinze jours ! Et je repensais à Cyrielle et je me disais : « Non mais attends, elle en plus elle est dans Paris. Elle a le job, elle a la double poussette ! » Je me souviens de ce détail.

 

E.

Oui !

 

M.

Tu vois.

 

E.

Bah oui.

 

M.

La double poussette dans le bus ! C’est fou les trucs qui nous marquent, quand même. Donc tu vois, c’est assez… fiiiouh.

 

E.

J’ai pris un peu de ces nouvelles là. Parce que, du coup, l’épisode a un an déjà puisque c’était juillet de l’année dernière. C’est l’épisode 20, déjà ! Et elle dit qu’elle a continué et qu’elle a un autre chien. Mais entre temps la changer de job, c’est tout. Mais, de fait, elle nous envoie une photo (là je l’ai partagé dans la newsletter de fin juillet) et c’est génial quoi : elle continue. Mais en effet, c’est une sacrée charge. Donc mes parents m’ont dit : « Avance dans ta vie. ».

 

M.

D’accord.

 

E.

Et avec le recul : mes parents et moi, je pense que… voilà, c’est vrai que ce n’était pas le bon timing pour l’engagement que pouvait y mettre chacun, quoi.

 

M.

Et donc du coup tu as avancé dans ta vie jusqu’à quel moment ? Parce que ça c’est un truc que tu as dû garder sous le coude tout le temps, en disant : « Bon alors est-ce que là c’est le moment ? Non, c’est pas le moment ». T’as fait ça longtemps après, non ?

 

E.

Ouais. Alors après le lycée, j’ai fait des études supérieures un peu exigeantes : j’ai fait une classe préparatoire. Et là, classe préparatoires aux grandes écoles.

 

M.

Ouais, non.

 

E.

Le projet, il était même pas dans ma tête (enfin, il était dans un coin de ma tête, mais pas pour ces années-là). Et donc j’ai fait trois années de classe préparatoire. J’ai fait deux deuxièmes années.

 

M.

D’accord.

 

E.

Et c’est en arrivant, comme tu disais, à Paris pour l’école d’agronomie que là le projet est ressorti.

 

M.

Ouais.

 

E.

Donc j’ai fait les démarches, je suis allée…

 

M.

Attend, ça c’est en quelle année ?

 

E.

Heu.. Je rentre en école en 2012.

 

M.

D’accord.

 

E.

Et quand je rentre en école, en plus, je suis responsable d’une petite équipe d’étudiants avec qui on organise une semaine sur le handicap et le travail (enfin des trucs comme ça). Donc je demande à l’école des Chiens Guides de venir intervenir. Manque de pot : ce jour-là, il y a de la neige, ils ne viennent pas…

 

M.

Oh les boules ! Tu devais être dégoûtée.

 

E.

Voilà… Je pousse le projet, je fais une réunion d’informations avec mon copain qui à l’époque est en Erasmus en Suède et revient une semaine. Cette semaine là, on fait une réunion d’informations (tu sais, genre, le truc un peu incongru), pour se lancer dans le projet. Et je demande à tout le monde : tout le monde est OK (les profs etc), sauf le mec des résidences étudiantes…

 

M.

Ah !

 

E.

Qui dit…

 

M.

 Ah la lourdeur !

 

E.

« S’il y a un chien, il y en aura quinze. Il est hors de question. » Et de ma petite jeunesse d’étudiante… bah, Je suis triste mais je dis : « Bon bah là, j’ai tout fait quoi : j’ai poussé, j’ai poussé… » Aujourd’hui, je sais que je pousserai un peu plus loin et je le ferai. Et ils me disent aussi : « On a eu un élève chien guide une fois ou deux dans l’autre campus et il a vomi, etc etc ». Bref « Et les profs se sont plaints ». Bon…

 

M.

Bah c’est un animal – j’ai envie de dire – ça arrive, tu nettoies.

 

E.

Voilà. Donc première année d’école, ça ne marche pas.

 

M.

Mais je suis d’accord que c’est avec l’expérience, en ayant eu des chiens que tu commences aussi à avoir le langage. De dire…

 

E.

Les arguments.

 

M.

Et oui, c’est ça ! Les arguments et de dire : « Non mais là, c’est pas un chien de compagnie, c’est un chien qu’on éduque pour remettre plus tard gratuitement à un aveugle. C’est un chien qui va apprendre un métier. On est pas du tout sur le même niveau. Je suis pas le mec qui se balade avec son chien partout dans la rue. » Tu vois ?

 

E.

Ouais et puis c’est aussi là.. ce dont ils avaient peur, c’est que tout le monde veuille faire pareil. Et par expérience, maintenant, dans les écoles qui nous ressemblent : les autres écoles d’agro ou les écoles de véto qui sont les mêmes (c’est les mêmes profils, les mêmes concours pour y rentrer). Parce qu’entre temps du coup j’ai loupé la marche de véto à une place…

 

M.

Aaah ! Oui !

 

E.

Bah oui.

 

M.

J’avais complètement loupé ce détail.

 

M.

Et oui. Je loupe la marche de véto à une place près, après avoir retenté les concours et on n’a pas le droit de tenter plus de deux fois les concours en France. Donc je me dis c’est bon, c’est le destin : je suis acceptée dans la meilleure école d’agro, je ne vais pas dire non. Donc je monte à Paris et je fais cette école.

 

M.

Ah c’est marrant !

 

E.

C’est comme ça que je suis arrivée à Paris.

 

M.

Mais est-ce que tu t’es pas dit : « Holala, j’abandonne complètement un rêve d’être véto » aussi à côté parce que.. Ou tu t’es dit : « De toutes façons, je m’en fous, ce que je veux c’est travailler avec les animaux et donc j’y arriverais ».

 

E.

Bah, je me suis dit : « Franchement, là j’ai tout essayé. » Je suis passée à une place. Le rêve de véto pour le poursuivre, il aurait fallu partir éventuellement en Belgique.

 

M.

Hum

 

E.

Ça se faisait à l’époque, je ne sais pas si c’est encore le cas sur tirage au sort ou partir en Espagne ou autre. Et là je me dis : « Non, en fait, je suis avec mon conjoint, on est à Paris. » Enfin on est pas encore à Paris mais du coup…

 

M.

Bah non, il en Suède. Hahaha

 

E.

Ouais voilà, il est en Suède : « Qu’est ce que je fais ? ». Et là je me dis : « Non mais c’est bon, j’ai quand même la meilleure école d’agro, je vais arrêter de pinauder et je trouverai bien. ». Mais, en fait, quand je rentre à l’école d’Agro la première semaine, je suis encore en lice pour éventuellement partir à véto et ça c’est un peu compliqué… Je passe une semaine où je suis en mode ‘sac à dos’ ou ‘sac de couchage’ en mode : « Non mais les gars euh moi je reste pas. », tu vois.

 

M.

Ouais.

 

E.

Et ça bouge un peu, mais ça bouge pas assez, et là c’est la dégringolade. Et c’est là, où je me raccroche énormément à la ferme de l’école : où j’y passe toutes mes matinées à 5 h du mat… Pendant que les étudiants finissent leurs soirées, moi je monte à la ferme faire la traite des vaches. Et je m’investis énormément là-bas. Et c’est là où je découvre qu’en fait, il y a plein, plein plein de métiers derrière le diplôme d’ingénieur agronome, que je ne connais pas. Parce que, contrairement à véto, ce que je dis toujours c’est que véto : c’est un métier,  et agro justement : c’est un diplôme. Donc je découvre un monde et je découvre que ça ne va pas être si mal. On va réussir à faire quand même des choses.

 

M.

Je te trouve hyper raisonnable. C’est hyper sage, tu sais, genre hyper mature et pas un genre : « Les boules, ma vie elle est finie… ».

 

E.

Ah !

 

M.

Comme dans un film ‘normal’, où la fille ‘normalement’ s’écroule en pleurs.

 

E.

C’était il y a dix ans, j’ai pleuré hein… J’étais au bout de ma vie, mais je suis immédiatement allée voir… Parce qu’en plus, le pire, c’est que j’avais une prof qui était véto et qui était là face à nous. Et je disais : « Mais attends, elle est véto, elle est là, elle est prof devant nous alors qu’elle elle a fait l’école. Enfin pourquoi elle ne fait pas son vrai métier ? », tu vois ? Et donc, j’avais un peu la haine… Et puis, j’ai aussi des copains qui sont allés à véto et qui aujourd’hui ne le sont pas parce que ça leur a pas plu. Et je ne sais pas, moi, ce que j’aurais fait, mais en tout cas moi l’idée c’était pas de faire des chiens/chats. C’était plutôt de faire…pas que des chiens/chats, c’est de faire aussi ce qu’on appelle ‘la rurale’ : les vaches, les chèvres, etc…

 

M.

Ouais.

 

E.

Ce qui aujourd’hui est un grand manque dans les campagnes, en plus.

 

M.

 Tu relies vachement avec, finalement, le monde tes grands parents, quoi.

 

E.

Bah ouais. Et c’est là bas que j’ai vu, que j’ai connu le plus la ferme. Et il y avait la ferme, aussi, à côté de chez moi. Où il y avait cinq vaches à l’époque, c’était pas énorme.

 

M.

Enfin, tu sais Estelle, moi j’ai grandi dans un bled de 250 habitants, il y avait une ferme à deux maisons de chez moi. J’y allait quand ils tuaient un cochon parce qu’on faisait les ouf avec les petites filles du fermier (c’était mes copines). Mais ça m’a pas créé des vocations.

 

E.

Hum hum, oui c’est sûr.

 

M.

 Tu vois, j’adorais les chiens mais je voulais pas être véto. Donc t’as quand même un profil, une espèce de prédisposition de ouf, en fait. Donc tu fais ton école d’agro.

 

E.

Voilà.

 

M.

Donc là, tu dis : « Bon bah trois ans, toujours pas ce projet de chien ? »

 

E.

Bah oui et non, parce que : première année, je suis en résidence étudiante puisque l’on a pu s’éloigner de Paris etc.

 

M.

Donc là, c’est foutu.

 

E.

Donc là, c’est foutu… Deuxième année : on est en appartement avec Clément !

 

M.

Ah !

 

E.

Mais le problème, c’est que deuxième année : tu as trois mois de stage… Et je sais, pour mes études, que ce sera un stage qui sera incompatible avec la présence d’un chien guide. Parce que je sais que c’est un stage où je serai en ferme, ou autre, et donc c’est pas possible.

 

M.

Ah oui non, non.

 

E.

Et donc là, Clément n’est pas demandeur et ne souhaite pas assumer trois mois un chien tout seul. Donc en fait le projet… Et puis la troisième année, c’est pire, parce que c’est six mois de stage sur douze !

 

M.

Ah oulah !

 

E.

Donc voilà.

 

M.

Mais juste Clément là, il t’as toujours connu avec ce projet de chien guide, finalement ?

 

E.

Et bah ouais !

 

M.

Enfin de chien tout court déjà. Mais je veux dire, genre vous vous êtes rencontrés le premier soir et tu lui as dit : « Tu sais moi un jour j’aurais un chien guide » et il a dit « Ah lala, cette femme est formidable. » Enfin, comment ça se passe ?

 

E.

Haha, non, comment ça ce passe ? C’est surtout quand on arrive à Paris et qu’on se dit attends : « Bah attend, là il y a une école, on peut peut être faire un truc, moi je suis en… »

 

M.

Ah ouais, donc lui il est chaud aussi pour le projet quoi.

 

E.

Bah, la première année, le projet : c’est moi toute seule. Je suis en résidence étudiante et on n’habite pas encore ensemble. Donc, en fait, c’est un projet solo pour lequel il me soutient. Et vu qu’après on habite ensemble, on se dit : « Moi je veux le faire. ». Et c’est pour ça que… Après mes études, je travaille direct pour les chèvres. Mais je travaille en CDD et, de fait, je me dis : « Je vais peut être pas griller mon CDD »

 

M.

Ah j’adore !

 

E.

Ou l’éventuelle poursuite pour les chèvres en leur disant : « Coucou j’ai des chiens et je vais venir avec au boulot ». Donc je me tiens sage, ou presque : la première année (donc je commence en 2015) on fait quand même une réunion d’informations en avril 2016.

 

M.

Ah oui, donc t’as fait deux réunions toi ?

 

E.

Ouais, on refait parce qu’on se dit avec Clément que…

 

M.

Avec trois ans qui se sont passés…

 

E.

Il y a peut-être des choses qui ont changées depuis 2012. Depuis quatre ans !

 

M.

Oui.

 

E.

Nous on a changé, on n’a plus le même profil, on est deux dans l’affaire, je travaille, etc. J’étais encore en CDD donc je dis à l’école : « finalement… ». (parce je replonge pour un CDD encore de neuf mois, donc je fais deux fois neuf mois de CDD parce que les finances n’étaient pas là dans ma toute petite structure pour faire un CDI tout de suite) et donc je dis à l’école : « Bah, en fait, ça peut passer, mais les week-end. ». Donc en fait je peux faire du relais, pour commencer. Parce que l’idée c’était d’être famille d’accueil.

 

M.

Mais ça, ils en ont besoin aussi !

 

E.

Voilà, j’ai dit à l’école : « Par contre, je peux faire famille relais, pas de soucis, on envoie le dossier etc ». Donc on fait ça : premier relais, il y a six ans tout pile (puisque c’était septembre 2016). Premier relais avec Meïka, un week-end sympa et tout. Et donc là : découverte totale, tu vois ! Genre, tu vas à l’école : tu repars avec un chien. Genre personne… c’est… c’est…

 

M.

Hahaha

 

E.

C’est chelou la première fois, quand-même !

 

M.

Haha ! Je sais !

 

E.

Héhé !

 

M.

Et là, je suis sûre qu’il y a plein de gens qui écoutent et qui se disent : « Oh ouais, je sais aussi ! » Et oui !  « Wow, je suis responsable de ce chien. C’est moi le chef ! »

 

E.

C’est ça.

 

M.

Hahaha

 

E.

On bombarde de photos, mais pas trop à la fois. D’ailleurs, les photos que je peux partager de mon week end avec Meïka, elles ne sont pas exceptionnelles… On a les téléphones de l’époque, en plus, elles sont pas exceptionnelles en terme de photo.

 

M.

Ca va, ça reste 2016, c’est pas non plus…

 

E.

Oui, mais du coup… On en fait, mais on ne sait pas faire des photos de chiens ! Tu vois, j’ai appris.

 

M.

Haha ! Ouais mais ça aussi, tu t’es professionnalisée. Et puis t’as eu des chiens noirs.

 

E.

C’est ça !

 

M.

Et là, tu t’es dit : « ouh là ».

 

E.

Et bah, Meïka : chien noir…

 

M.

Ooh !

 

E.

Et première détente avec Meïka…

 

M.

…tâche noire…

 

E.

Bah, on fait confiance, on va dans le parc, on la lâche. Et, je l’ai encore raconté… Je raconte qu’on va dans ce parc, qu’on lâche le chien et on fait comme on nous dit : on essaye de le rappeler et que le chien n’en a rien à foutre. Haha. Et que là c’est le grand moment de solitude… Que tu as même les gardiens qui passent en voiture, qui se demandent à qui est le chien qui joue avec les autres chiens. Bref, donc on adopte depuis une autre stratégie qui est de se mettre dans un lieu pour tester le rappel, savoir à peu près où on est avec le chien.

 

M.

Hum ouais, bah oui.

 

E.

Et après, on fait ou pas, dans un contexte différent. Mais voilà. Donc septembre 2016 : premier relais avec Meïka. On suivra deux/trois relais aussi, tout pareil, les week-ends.

 

M.

Avec la même ? Ou avec d’autres ?

 

E.

Non, on a eu… Du coup, il y a eu ***Faune***

 

M.

Ah oui, je me souviens !

 

E.

Qui était un chien guide… Enfin juste un week end, et là, vraiment de la veille pour le lendemain. Sa maîtresse pouvait finalement toujours pas la récupérer et donc l’école m’appelle en disant vous êtes dispo ? Je dis : « Ouiii ! ».

 

M.

Haha

 

E.

« Bien sûr ! » Bref, il y a plusieurs chiens comme ça jusqu’à Folio. Où là, l’école m’appelle en avril 2017, je suis toujours en CDD. Enfin non ! Je viens de signer mon CDI, enfin le truc, c’est pas probable, tu vois.

 

M.

Ah !

 

E.

Je signe mon CDI : une semaine après, ils m’appellent, je suis en congrès. Je réponds, parce que j’ai enregistré, et donc, dès que je vois marqué ‘Ecole Chiens Guides Paris’, je saute sur mon téléphone !

 

M.

Haha

 

E.

Et en avril (mars/avril), quand l’école m’appelle pour me dire : « Bon bah voilà, là on a un chien. Par contre, c’est pas que le week-end : c’est du vendredi au lundi (ou au mardi, quelque chose comme ça). Mais du coup, ça pourrait peut-être faire un test pour votre employeur ? ». Moi je viens de signer mon CDI, je me dis bon : « Bon, on va tenter. C’est clair, c’est qu’une journée. Au pire, on fait un jour chacun avec Clément… Et puis on va voir, c’est l’occasion de… »

 

M.

…chacun de vos employés, en fait.

 

E.

Voilà, c’est l’occasion de voir comment ça se passe chez l’un, chez l’autre. Et donc on dit « OK » pour Folio. Folio est, en plus, un chien guide éduqué donc on se dit : « Voilà banco, on teste. ». Un grand berger blanc suisse !

 

M.

Ouais, ouais, je me souviens.

 

E.

Et donc je dis ça à mon boulot. Je leur explique que : « Voilà, je veux venir avec un chien guide parce que je suis bénévole. » Ils n’en savent rien, parce qu’en fait, pendant tout mon CDD, j’ai un peu caché tout ça. Histoire de pas me griller mon CDI. Une fois que j’ai signé mon CDI, je suis sécure vis-à-vis de mon emploi, donc je leur présente tout ça.

 

M.

Haha. Tu leur en n’avais jamais parlé ?

 

E.

Non !

 

M.

Haha ! Genre, même pas : « Tiens, je me demandais si vraiment j’allais au bout. » Tu vois ? Plus…

 

E.

Non, mais connaissant les difficultés que certains ont avec leurs employeurs.. Je me suis dit : « Oh oh, on va se calmer. On fait d’abord… ».

 

M.

…on va pas leur faire peur, quoi ?

 

E.

Non, et puis, c’est mon gagne-pain. Enfin les chiens c’est bien, mais c’est pas ça qui me fait vivre…

 

M.

Ouais, ouais, bien sûr.

 

M.

…financièrement, donc. He he ! Et donc, là on me dit : « Oui, bon, on va demander, au pire tu prendras des jours de congés. »

 

M.

Heeeu… OK…

 

E.

Et là je me dis : « Comment ça ? C’est pas trop le principe… « . Bon au final, ça passe parce qu’on est sous-locataires, au boulot, de structures, de structure…

 

M.

Ah d’accord.

 

E.

Au final, ça passe. On me demande juste de protéger la moquette – qui était dégueulasse à l’époque, en plus – bref, pas de soucis. J’achète un tapis, ça protègera la moquette. Et de ne pas me pavaner dans les différents étages de l’immeuble. Mais c’est une chose que je ne fais jamais sans un chien guide, donc…

 

M.

Mais non, mais c’est génial, parce que dès que t’as un chien, tout d’un coup les gens s’imaginent des tas de trucs. Mais non, en fait, je ne vais pas promener le chien dans les couloirs : je le promène dehors. Et le reste du temps, il va dormir au pied de mon bureau, en fait.

 

E.

C’est ça. Donc, je mets les premières pattes de chiens guides au bureau avec Folio.

 

M.

T’as fait les deux jours ?

 

E.

J’ai fait deux jours sur trois. Parce que je pense qu’il y avait : vendredi, lundi, mardi (je le rends mardi soir).

 

M.

Oui, d’accord.

 

E.

Écoute, ça se passe très bien, mais Folio est quand même un grand berger blanc suisse. Donc c’est assez impressionnant pour les collègues, pour moi aussi.

 

M.

Ouais.

 

E.

J’ai beaucoup de photos pour le coup. Et puis c’est un berger, donc il est un peu pot de colle dans le sens où je ne peux pas sortir de mon bureau qui me regarde et qui viennent. Depuis, j’ai adopté… selon les chiens : je les attache plus ou moins longs… Et puis maintenant j’ai un bureau individuel, donc c’est un peu différent. À l’époque, j’étais dans un bureau avec une autre collègue qui a tout à fait accepté le chien sans problème.

 

M.

Ah ça, c’est cool.

 

E.

…avec qui je m’entendais très bien, donc ça c’était très chouette.

 

M.

Merci la collègue !

 

E.

Merci la collègue, Claire ! Et donc forte de cette petite expérience…

 

M.

Mais, trois jours en entreprise. Waouh !

 

E.

Au mois de mai, j’annonce la couleur en disant : « Cet été, on va devenir famille d’accueil. »

 

M.

Ah ! Donc là, tu vas être famille d’accueil pour un an ?

 

E.

Voilà. J’annonce la couleur au boulot, à ma chef et à mon chef qui me disent : « Non Estelle. » Haha. Parce que, du coup, je ne demande pas : j’annonce puisqu’il ne faut pas demander puisque le droit existe. Donc je leur dis juste : « Voilà, cet été on va accueillir un chien avec Clément, pour un an etc. Et il va m’accompagner de partout ». Et là ils me disent : « Non, Estelle ça ne va pas le faire. »

 

M.

Bah, faut quand même se mettre d’accord avec l’employeur avant.

 

E.

Voilà. Mais tu sais, j’étais jeune donc (2017).

 

M.

Ouais, mais je pense que voilà, c’est ce que tu viens de dire juste avant. ‘Fort de cette expérience avec Folio’, tu dis : « Bon bah nickel, trois jours c’était bien, ils vont me dire OK ». Enfin, je ne sais pas mais…

 

E.

Voilà, c’est ça. Et en 2017, j’annonce ça. J’avais l’école de Chiens Guides de Paris derrière qui me suivait et qui m’avait dit : « Oui, il y a des chiots qui arrivent cet été. » L’idée c’était de profiter de la période estivale pour faire les premiers mois du chiot avant d’arriver dans la rentrée (qui est un peu costaud) et le boulot à juste titre. Maintenant, je le comprends mieux parce que j’ai un peu plus d’expérience dans ce job. Je comprends aussi ce qui a été… En fait, moi j’ai été recrutée pour bouger de partout en France. Avec le baby qui arrivait entre temps, j’ai changé un peu de statut et le COVID, mais à l’époque heu….

 

M.

Oui ! Il y a une petite pandémie qui est passée par là.

 

E.

C’est ça. À l’époque, en 2017, on m’a recrutée justement – on est deux salariés : il y a ma cheffe et moi – pour m’envoyer à droite à gauche. Et avec le recul, je comprends bien que ça aurait été un peu compliqué si ce n’était pas assumé. Si ça avait été assumé par l’entreprise, ça n’aurait pas posé de problème.

 

M.

Hum hum

 

E.

Mais vu que là, elle, ne l’assumait pas : ça aurait poser des problèmes dans les déplacements, dans la représentation…

 

M.

Tout ça, ouais.

 

E.

Et puis moi je suis dans un job de représentation : je représente les éleveurs. Moi, ils m’ont dit : « Ça va brouiller les pistes. On va parler plus du chien que des éleveurs de chèvres. ». Et avec le recul, il est vrai que quand tu as un chien à tes côtés…

 

M.

Ah oui c’est vrai, c’est vrai.

 

E.

Et puis, il aurait fallu lui demander ou prévenir à chaque fois. Parce que je vais dans des lieux : dans les ministères, dans des institutions ou dans des choses comme ça…Enfin bref.

 

M.

Ouais.

 

E.

Avec le recul, il est vrai que ça aurait été compliqué si ce n’était pas assumé.

 

M.

Mais même, ça reste quand même extrêmement contraignant parce que c’est ce que tu dis : il faut prévenir. T’as envie de ne pas dire que c’est ‘demander des autorisations’ parce que la loi etc, mais il faut prévenir. Et les gens, ils vont quand même te dire : « Bah non. ». Moi j’ai toujours été indépendante, j’ai des clients chez qui j’allais, il y en a qui m’ont dit : « oui » et y en a qui m’ont dit : « non ». Et donc j’ai dû trouver aussi des systèmes parfois parce que je ne voulais pas laisser le chien tout seul trop longtemps. Parce que, même si t’as des chiens qui savent rester seul 2h ou 4h, moi je n’avais pas forcément envie de le laisser seul aussi longtemps. Ou alors, tu vois, je passais la journée chez un client. Ben voilà, moi j’avais pas… En plus je vivais seule au moment où je ne vivais pas mon avec mon conjoint. C’était mon truc, c’était pas vraiment son truc… Il aimait bien les chiens, mais voilà.

 

E.

Ouais.

 

M.

Et il a eu, d’ailleurs, parce qu’un jour il a emmené le chien à son boulot. Et la manager de la boîte lui a quand-même dit : « Bon écoute ça pour cette fois, mais faudrait voir à pas transformer…

 

E.

…l’openspace en…

 

M.

Ouais, enfin, en gros… la boîte en chenil, quoi.

 

E.

Hum hum

 

M.

Moi j’ai halluciné, parce que c’est quelqu’un que je connais – je veux dire – elle savait très bien que c’était mon engagement. Elle sait très bien pourquoi c’était… Et bon j’avoue, ça reste hyper décevant je trouve d’avoir ce genre de réaction. Parce que tu dis : « Mais enfin, je ne fais pas ça pour le fun ou… » Enfin si… Parce que c’est une mission très fun mais…

 

E.

Au boulot, j’ai bien compris qui soutenaient la démarche.

 

M.

C’est vrai que c’est légitime.

 

E.

Voilà, mais que ce n’était pas compatible avec tout. D’ailleurs, ce qui était rigolo, c’est que Clément est bien sûr allé avec Folio aussi au bureau. Et là, accueil complètement différent : royal, clairement !

 

M.

Ha ouais !

 

E.

Genre : « Pas de soucis, le chien quand tu veux ». Après, on n’a pas les mêmes postures aussi et les mêmes jobs. Clément à l’époque, il était quand même consultant donc il allait quand même chez les clients et il a eu l’occasion d’aller parfois… Je me souviens qu’il est allé avec Fonda (l’année d’après) chez un client. Le client, justement, ils l’avaient prévenu. Et la boîte de Clément avait dit : « C’est Clément, enfin c’est le consultant avec le chien aujourd’hui ou le consultant sans le chien, dans un mois. » quoi.

 

M.

Hahaha

 

E.

Donc, il n’avait pas forcément eu le choix. Enfin, dans un mois ou je ne sais pas : plus tard (enfin c’était un peu comme ça). Et je me souviens même, et ça c’était excellent. Il a fait un consulting dans une boîte où Nolka avait son badge ! Nolka avait son badge avec marqué ‘Nolka Chien Guide’ dans cette boite.

 

M.

Oh mais oui c’est vraiiii ! Tu avais posté des photos de ça, oui je me souviens.

 

E.

Et donc c’est vrai que la posture était complètement différente. Si ce n’est que Clément ce n’est pas son projet, (même s’il adore, tu vois). Je le dis souvent, pour lui c’est contraignant aussi : t’es obligée de t’arrêter tout le temps, tu parles à ton chien alors tu parles à ton collègue… Enfin, c’est un peu perturbant pour tout le monde. Et de fait, voilà, quand à moi on n’a dit « non » au boulot, j’ai dit à Clément : « Est ce que tu es ok ? Et tu as le chien principalement ? ». Et il a dit non. Donc j’ai dit « OK ».

 

M.

Ouais, bah voilà.

 

E.

Tu vois, on est ensemble dans la vie, mais je ne suis pas là pour lui mettre des bâtons dans les roues. S’il ne veut pas, c’est sa volonté et c’est comme ça.

 

M.

Bah ouais.

 

E.

Donc quand on me dit non, je m’en mords un peu les doigts. Je ne comprends pas, déjà, au début. Maintenant, je comprends un peu avec le recul. Et puis je dis à l’école : « Non, en fait, on va continuer les week-ends. ».

 

M.

Hum. C’est ce que je pensais aussi quand tu dis : « Clément, ça passait bien. ». Clément, il ne bosse pas dans les animaux. En fait, je trouve que l’argument : « On représente les chèvres, le chien va brouiller les pistes… », il est hyper légitime en fait, tu vois.

 

E.

Oui et puis on ne fait pas le même boulot. Clément, il était consultant à l’époque.

 

M.

Hum hum

 

E.

Il avait des relations humaines et sociales. Mais moi mon boulot, c’est de parler aux gens, quoi.

 

M.

Oui. Alors moi, tu vois, en étant graphiste, quand je venais avec le chien, il y avait vraiment cette image : « C’est la graphiste au chien ». Mais on savait que j’étais graphiste.

 

E.

Oui.

 

M.

Après, quand tu rencontres d’autres gens dans un cadre complètement différent, ils croient que tu es éducateur canin. Et donc, t’es là : « Mais pas du tout. Comme je t’ai dit, je suis bénévole ! ».

 

E.

Et moi, tu vois, dans mon boulot, je suis beaucoup amenée à intervenir dans des journées (ou à participer à des grandes journées) qui sont des rassemblements locaux et d’éleveurs.

 

M.

Bah oui, je suis.

 

E.

Les éleveurs, ils ne viennent pas avec leurs chiens. Bah moi, je ne vais pas venir avec mon chien. Et puis enfin, on est les pieds dans les bottes, bien souvent dans les fermes. Et si on n’est pas dans les fermes, on est dans les salles municipales pour faire des journées d’information où j’interviens. Et c’est vrai que, qu’on se le dise, tu ne peux pas…

 

M.

Ce qui serait un super entraînement pour un élève chien guide (je ne veux pas dire), quand-même.

 

E.

Mais du coup, ça veut dire que, tu vois, il faut le gérer aussi.

 

M.

Double taff, ouais !

 

E.

Tu interviens, mais il y a le chien à gérer.

 

M.

Hum hum

 

E.

Bon après, je pense que les premiers mois, c’est le plus dur. Après ça peut se gérer. Mais moi franchement avec le recul, c’est pas tant la barrière du métier, c’est la barrière du fait de l’assumer. En fait, si la boîte, l’assumait (la structure dans laquelle je travaille, l’assumait), ça ne poserait pas de problème. Mais vu qu’ils ne l’assument pas, et bien c’est ça qui est compliqué.

 

M.

Ouais.

 

E.

Donc encore une fois, je remets mon projet à plus tard. Et d’ailleurs ce qui est rigolo, c’est que pendant mes longs mois de CDD, j’ai quasiment abandonné le projet et je sais que c’est Clément qui m’avait dit : « Non, non mais attends… On va refaire une réunion d’information, comme ça on va se remettre le pied à l’étrier. ». Et c’est vrai que moi je m’étais un peu essoufflée parce qu’à force de d’essayer, d’essayer, d’attendre et de se dire : « Bah je vais le faire un jour… ».

 

M.

Ben ouais.

 

E.

Ouais, enfin au lycée, j’y étais il y a longtemps quand même.

 

M.

Et ouais. Parce que j’étais en train de compter que quand même, tu te prends un mur. Enfin un mur…Tu te prends, je veux dire…

 

E.

Un refus.

 

M.

…Un refus. Mais bon, à chaque fois c’est justifié – je veux dire – mais… On va dire ‘un délai’. Tu te prends un délai quand t’es ado, tu te prends un délai quand tu es étudiante, tu te reprends un délai quand tu commences ton job. Donc là bas tu te dis : »Bon bah là ça est, c’est bon, mon rêve : famille d’accueil, va se réaliser ». Et bah, en fait, non.

 

E.

C’est ça ! Et on me dit.. On me dit : « Vraiment, c’est pas la cause. ». Parce qu’en plus dans mes collègues j’ai des gens qui sont familles d’accueil pour des enfants… Enfin voilà si tu veux, on est dans la solidarité, ça fait parti de nos valeurs.

 

M.

En plus, vous êtes dans les animaux. Je pense qu’il n’y a pas de problème, mais…

 

E.

Oui et puis même la solidarité ça fait partie de nos valeurs : l’entraide etc.

 

M.

Ouais ouais.

 

E.

Le handicap et les chiens guides, ils ne connaissent pas trop, mais si tu veux… Sur le principe, c’est pas le principe qui est gênant : c’est le principe combiné avec le métier qui fait que ça fonctionne pas, quoi.

 

M.

Hum

 

E.

Et on me dit clairement : « On te retient pas. Si tu veux changer de boulot pour faire famille d’accueil, ben fais le quoi. ». Et moi là…

 

M.

Haha

 

E.

Je suis dans la grande réflexion de me dire : « Mais non, enfin, je ne peux pas lâcher un CDI (que j’ai attendu 18 mois en CDD en plus), un job qui me plaît où je n’ai pas encore fait vraiment toutes mes preuves. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et je ne peux pas juste sur un coup de tête, risquer de changer de boulot. Pour en plus, peut-être, me reprendre un refus après ? Avoir des conditions de boulot moins intéressantes et un taff moins intéressant aussi. Parce que ce que je fais me plait donc. Et là je me dis : « Bon bah on va essayer de trouver un compromis ».

 

M.

Donc famille-relais.

 

E.

Donc je reste sur le mode famille-relais. Et par contre j’essaie d’y aller un peu plus, en me disant : « Bah voilà pas de soucis. Pas à l’année parce que ce n’est pas compatible avec les réunions, les déplacements, etc. Par contre comment on peut faire pour que ça reste quand même une activité que je puisse faire ? Et comment on peut faire pour qu’il y ait encore des chiens au boulot et que je les amène quand-même ? » Et donc là la règle c’est : « Bah, pas de soucis, mais dans ton bureau, physiquement. C’est-à-dire, pas de réunion en extérieur, pas de déplacement avec… Mais si t’es au bureau dans ton bureau, bah là pas de soucis. Mais pas trop tous les jours non plus ». Hahaha donc heu…

 

M.

Là, les gens ne le voient pas, mais je viens quand-même de lever un peu les yeux au ciel. Huhu

 

E.

Ouaiiis ! Et puis moi quand on me dit ça, je me dis : « Bon bah on va tâter le terrain », quoi.

 

M.

Parce que moi, tu vois, quand tu me racontes ça, je me dis : « Bon, c’est là qu’en fait le relais, c’est quand même un très bon compromis. Parce que quand tu peux, tu le fais, quand tu ne peux pas, tu ne le fais pas. Il n’y a pas le chien en permanence, donc aussi… »

 

E.

L’engagement est moins fort aussi.

 

M.

Voilà, je veux dire, la contrainte (peut-être par rapport à tes collègues ou ton tes patrons) elle est quand même très minimisée. Moi je sais que j’ai fait famille d’accueil un an et après j’ai fait du relais parce que je voulais pas refaire accueil tout de suite. Et finalement le relais ça allait beaucoup mieux avec mon rythme de vie. J’ai adoré. Et donc quand j’étais dispo, j’étais dispo à fond. Parfois j’ai fait… Là, même en confinement, j’avais fait carrément trois mois avec le chien. Mais c’est vrai qu’il y avait des phases où. Bah non, là je pars en vacances à l’étranger (ou des trucs comme ça) et je trouvais que c’était super, en fait. Le relais était un super compromis. Là, quand tu le décris, tu te dis : « Attends, parce qu’il faut que je calcule quand-même, tout. ».

 

E.

Et ben, c’est ça ! Et donc, moi je dis à l’école : « Bon bah, famille d’accueil c’est pas mal pour le moment… ». C’est horrible.

 

M.

Bah ouais, tu m’étonnes.

 

E.

Et je sais que, parmi les gens qui m’écoutent, il y en a aussi qui doivent dire « non » parfois à l’école et on a tellement pas envie… Mais bon, c’est la raison.

 

M.

Ouais.

 

E.

Et même là, cet été, j’ai dit non à un relais qui était un relais avec Night. Donc ça ne passe pas tout de suite par l’école parce que Night est reproductrice. Donc c’est la famille qui m’a dit : « Coucou, on part aux US du 1e au 15 août. Est-ce que tu peux garder Night ? ».

 

M.

Ha ouais ouais. Hahaha ! « Attends, j’accouche vite-fait ! ».

 

E.

Voilà, babyboy était attendu pour le 15 août et je dis à Clem : « Aller ! Du premier au 15 août, ça se tente… ».

 

M.

Haaaaan ! J’adore la meuf, elle est à fond !

 

E.

A fond ! Donc ça c’était début juillet et Clément me dit : « Non mais non. Non. ».

 

M.

Hahahaha

 

E.

Et donc, j’envoie un message en disant à la famille d’élevage : « Désolée, mais je suis censée accoucher le 15 août ». Donc bon, elle est partie en famille-relais ailleurs et j’ai eu des nouvelles etc. Ça s’est très bien passé. Et heureusement, puisque du coup j’ai accouché le 31 juillet !

 

M.

Bah voilà !

 

E.

Ça aurait été un peu compliqué… Mais voilà, donc… Je commence à jongler. Donc je dis à l’école : « Je suis dispo tout le temps. Demandez-moi et au cas par cas, on regarde au calendrier avec Clément. » Donc en fait, c’est comme ça que sont arrivés les différents élèves chiens guides que j’ai eu en relais et avec beaucoup de demandes, principalement pendant les vacances scolaires. Et c’est vrai que les vacances scolaires, j’ai moins de réunions parce que mes collègues sont souvent en vacances aussi.

 

M.

Bah ouais.

 

E.

Et notamment les vacances estivales où là, pour le coup, moi je n’ai pas de réunion. Enfin du 15 juillet au 15 août, il se passe rien au boulot. Enfin c’est pas rien : tu récupères tout ce que t’as pas eu le temps de faire dans l’année avec les déplacements… Mais tu n’as pas de déplacement, tu n’as pas de réunion, donc c’est idéal.

 

M.

Et tu ne partais pas, de toute façon, en période de vacances scolaires à ce moment-là ?

 

E.

Voilà. Donc on arrive, entre 2017 et aujourd’hui : on fait plein de relais et on fait au cas par cas. Clément prend sur les journées, s’il y a une journée dans le relais où je ne peux pas, il prend le relais de mon relais. Héhé ! Et on arrive comme ça à gérer plein de relais : des courts, des moyens, des longs, un peu de tout. Et puis arrive le Covid, le télétravail. Clément change de boulot auss avant. Il en est à son troisième boulot depuis qu’on est famille d’accueil, (enfin famille-relais, du coup). Dans le deuxième job, il ne l’a jamais fait. Clairement. Avant de changer d’ailleurs, il a essayé de l’annoncer (mais je crois que j’en parle parfois dans les épisodes). Il a essayé de dire cartes sur table parce qu’il était en position de force à chaque fois dans ses entretiens en disant : « Bah voilà. Et puis pour info, on est bénévoles donc je viendrais de temps en temps avec des élèves chien guide etc », dans deux de ces jobs. Pour des raisons différentes, ils ont dit non. Et c’est pas ça qui a fait qu’il n’y est pas allé. Mais voilà, quand t’es en position de force et que tu peux te permettre de dire : « Non, je cherche ailleurs », bah tu le fais quoi. Il y en a un qui a dit : « On ne veut pas que l’openspace devienne un cours d’éducation canine. » Ouais…

 

M.

OK, super.

 

E.

Bancassurance, les deux. Donc tu te dis : « Les cocos, vous êtes un peu.. » Non ? Mission Handicap, ils ont dit : « Bah ça ne nous concerne pas hein ». Héhé.

 

M.

Bancassurance… Moi je n’aime pas ma banque, perso… Haha. Mais je trouve que c’est des milieux qui sont hyper en arrière quoi.

 

E.

C’est ça. Donc, il y en a un qui dit ça.

 

M.

Même sur des choses sur lesquelles ils devraient être leader. Ils devraient avoir (je ne sais pas) des apps et des trucs qui fonctionnent super. Et bah, ils sont complètement largués. Et voilà, franchement, pour moi, ils font genre « ouais on est ouverts », mais en réalité ils sont…

 

E.

Et c’est surtout que la mission handicap est impliquée à chaque fois. Ils disent : « Non mais en fait, il n’est pas handicapé donc que ça ne nous concerne pas. », haha. Ok les gars… haha. Donc bref. Donc lui il a changé deux fois de job. Dans le deuxième, il n’en a pas du tout parlé parce qu’ils étaient dans un tout petit bureau, tous les uns sur les autres. Il m’a dit : « Physiquement, je n’ai pas la place de mettre un chien, en fait. Il va se mettre où ? ». Et donc, ils attendaient la grande tour… Et la grande tour est arrivée pendant le COVID et il a changé de job etc. Et, ça n’a pas du tout fonctionné. Et puis là, le job qu’il a actuellement il est en 100 % télétravail.

 

M.

Ah ouais ?

 

E.

Donc de fait, quand on a eu des chiens, que moi je retournais un peu au bureau après le Covid, le confinement, ben il était là pour faire le relais aussi. Puis du coup on était tous les deux en télétravail, parfois avec le chien. Donc ça c’était top quoi ! Et le chien ça te rythme quand même, donc c’est cool aussi.

 

M.

Ouais.

 

E.

Ça te fait sortir. Par rapport au télétravail, c’était c’était bien, on allait faire la pause du midi au parc. Voilà, c’est chouette quoi. C’est des trucs que tu peux pas forcément faire parce qu’il n’y a pas forcément de parc moi autour de mon boulot. Et puis on était ensemble, donc c’était cool. Donc voilà où on en est, si ce n’est que le dernier relais remonte un peu puisque c’était en janvier, (décembre/janvier). Relais un peu particulier d’un mois, tu vois. Donc là on a pu le faire !

 

M.

Ah !

 

E.

Mais d’une chienne qui était en attente de sa famille d’adoption, qui du coup avait un délai avant de pouvoir l’accueillir vraiment.

 

M.

Ouais, enfin, ça n’empêche pas de continuer l’éducation.

 

E.

Ah oui ! Oui, clairement.

 

M.

Même toi, t’as un chien un mois, t’as envie d’avoir un chien qui est bien éduqué.

 

E.

C’est ça. Donc, après du coup, j’étais quand même en début de grossesse, de fait.

 

M.

Ouais, c’est ce que j’allais dire : c’est pas évident pour l’avoir fait.

 

E.

Hé c’est ça !

 

M.

C’est pas toujours évident le chien enceinte.

 

E.

Non… Entre la fatigue et les hormones, il y a eu des choses assez rigolotes quand même.

 

M.

Ouais.

 

E.

Mais bon, on est partis quand même en vacances à Noël avec. C’était cool quand même, on s’est bien éclatés avec Saga.

 

M.

Ouais.

 

E.

Mais, c’était le dernier relais. Parce qu’il y a moins de demande de relais, déjà, à l’école de Chiens Guides de Paris.

 

M.

Ouais.

 

E.

On a vu ça à l’assemblée générale : entre le télétravail et puis plein d’autres facteurs, il y a moins de demandes. Il y en a eu toujours autant cet été. Mais de fait, j’avais croisé les équipes bien enceinte au congrès des Chiens Guides au mois de juin.

 

M.

Ah bah là oui ! Hahaha.

 

E.

Donc je pense que personne ne m’a envoyé de messages de manière consciente.

 

M.

Hahahaha ! Ouais, mais après là j’ai l’impression qu’aujourd’hui on est au delà – je veux dire – de ton engagement, là. Je pense qu’on peut appeler ça vraiment un engagement auprès du du mouvement entier Chien Guide et pas juste de l’école de Paris.

 

E.

Oui.

 

M.

Parce que, donc, on rigolait au tout début où t’avais fait ton blog. Et puis moi j’étais là en disant : « Le podcast, le podcast ! ». La genèse du blog, c’est quoi en fait ?

 

E.

Et voilà, c’est la fin de la première partie de cet épisode inédit. Merci à vous de l’avoir écouté, en espérant que toutes ces confidences vous auront plus. Merci à Marie d’avoir accepté immédiatement de jouer les intervieweuse. J’ai hâte de vous dévoiler la seconde partie. Pour compléter votre écoute, vous pouvez retrouver sur futurchienguide.fr, plein d’articles sur mes premiers relais, mais aussi des photos de chacun des chiens accueillis en relais et très bientôt la transcription intégrale de cet épisode. D’ailleurs, n’oubliez pas de vous inscrire à la newsletter mensuelle depuis la page d’accueil de mon site pour ne rien manquer des coulisses du podcast, les invités du mois, les ‘Que sont ils devenus ?’ et les actualités des Chiens Guides. Alors, à bientôt pour la deuxième partie de cette interview inversée, toujours sur l’univers méconnu des Chiens Guides d’aveugles.

 

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