🦮 Peut-on être triple championne du monde et ne pas accepter son handicap ?

C’est l’histoire de Lou, athlète de haut niveau en parasurf… et bénéficiaire de la Fondation Frédéric Gaillanne, la seule en France à remettre des chiens guides à des mineurs de 12 à 18 ans.

Malgré un quotidien rythmé par l’entraînement, les compétitions et les podiums internationaux, Lou ne s’autorisait pas à parler de son handicap. Jusqu’à ce qu’un chien change tout.

Pita est entré dans sa vie après plusieurs années d’attente, et avec lui, un nouveau regard sur elle-même, plus apaisé, plus confiant. Aujourd’hui, Lou ne se cache plus. Elle est fière de Pita, fière de leur binôme, et bien décidée à montrer tout ce que ce chien a transformé.

🐾 Dans cet épisode, découvrez :

✔️ Le parcours sportif hors norme de Lou et sa découverte du parasurf.

✔️ Les étapes de sa demande de chien guide auprès de la Fondation Frédéric Gaillanne.

✔️ Comment Pita a changé son rapport au handicap… et à elle-même.

✔️ Le rôle essentiel du chien guide dans la confiance, la sécurité et la fierté.

✔️ Ce que Lou transmet aujourd’hui à travers ses sensibilisations et interventions.

🦮 Et vous, est-ce que votre engagement dans l’univers des chiens guides a changé votre vie ?

Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.

Bon, écoute, on se donne une petite heure d’enregistrement, ça te va ?

 

L.

Ok, nickel.

 

E.                    

Ben écoute, l’idée, c’est de parler de ton parcours. Bien sûr de Pita, hein ?

 

L.

Quand même.

 

E.

Sinon, c’est pas drôle. Et puis, que tu me racontes un petit peu comment t’en es arrivé Salut, c’est Estelle et vous écoutez Futur Chien Guide, le podcast sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles.

 

E.

Chaque mois, je vous invite à découvrir les aventures de seuls et ceux qui vivent cet univers au quotidien et ce lien si précieux qui les unit à leur chien. Passionnés et bénévoles depuis des années, d’abord à Paris et aujourd’hui à Lyon, je suis persuadé que leurs histoires pourront vous toucher, vous informer et peut-être même vous donner envie de vous engager. Savez-vous justement que seuls 1% des déficients visuels sont accompagnés d’un chien guide ? Alors, si vous voulez en savoir plus sur l’actualité des chiens guides et les coulisses du podcast, inscrivez-vous sans tarder à ma newsletter mensuelle.

 

E.

Avant de passer à l’épisode du jour, je laisse mon micro à Élodie, qui m’a laissé un petit message il y a quelque temps.

 

Elodie

Hello Estelle. Bonjour à tous et à toutes. Déjà, merci Estelle de nous donner la possibilité de nous exprimer en tant qu’auditeur. Alors, j’ai connu ton podcast, Futur chien guide par le biais de la Maman d’un bénéficiaire de la Fondation Frédéric-Gaillane, où je suis famille d’accueil, depuis avril 2023. Ces podcasts m’ont permis de voir une autre vision des chiens guides que je n’avais pas, à travers des bénéficiaires, mais aussi des éducateurs, des familles d’accueil. Et plus particulièrement, ton dernier podcast avec Ciao Paris m’a énormément touché. Et la vision et le fait que Christian n’acceptait pas d’avoir un chien guide pendant un long moment, m’ont fait prendre conscience que certains malvoyants ne veulent pas deux suites de chien guide, mais quand ils en ont un, ça leur qui portent du bonheur et de la lumière un petit peu sous leurs pas. Donc, à travers ce petit message, je voulais te remercier toi, Estelle, d’avoir créé ce podcast futur Chien Guide, mais également à tous tes invités, pour faire découvrir le monde du chien guide à des familles d’accueil, des bénéficiaires, des éducateurs, mais aussi à des personnes qui ne connaissent pas encore le monde du chien guide ou du chien d’assistance.

 

Elodie

Et j’espère vraiment que tu continueras encore Avoir un long moment de tes podcasts sur les chiens guides ou les chiens d’assistance.

 

E.

Dans cet épisode, je vous emmène à la rencontre de Lou, championne de Parasurf, mais aussi bénéficiaire de la Fondation Frédéric Gaillanne, la seule en France à remettre des chiens guides à des enfants de 12 à 18 ans. Malgré son engagement dans le sport de haut niveau, Lou a longtemps eu du mal à accepter son handicap. Et c’est finalement l’arrivée de Pita, son chien guide, qui va tout changer. Un déclic, une nouvelle confiance et l’envie de ne plus se cacher.

 

E.

Aujourd’hui, Lou est fière de de ce qu’ils vivent ensemble et déterminée à le faire savoir.

 

E.

Un témoignage puissant sur l’acceptation de soi, la visibilité du handicap et le rôle transformateur d’un chien guide. Et maintenant, place à l’épisode.

 

E.

Bonjour Lou. Bonjour. Merci d’avoir accepté mon invitation et d’avoir trouvé un créneau dans ton emploi du temps assez chargé pour mon podcast du coup, Future Chien-guide. Tu vas être le dernier épisode de cette saison puisque c’est le 99ème et le prochain, je serai solo à mon micro. Donc voilà, j’étais super contente qu’on puisse trouver un créneau ensemble. Est-ce que pour commencer, tu peux nous raconter un petit peu, toi, ta vie d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu faisais cette semaine ? Comment s’organisent les journées ? Parce qu’il me semble que tu as plein d’activités sportives, qui taff, des petits mots qui vont jalonner un petit peu notre interview.

 

L.

Moi, je suis athlète de haut niveau en parasurf. C’est du surf adapté pour les personnes en situation de handicap. Du coup, moi, pour surfer, je suis accompagnée de mon coach qui est à trois mètres de moi et qui me décrit tout, mais il y a zéro contact physique. Ok. Tu surffes aussi ou pas forcément ? Je les trouve sur une un choix avec des palmes, ça dépend de lui et des conditions. Et du coup, je suis triple championne du monde, deux fois en équipe avec l’équipe de France.

 

E.

Félicitations.

 

L.

Merci. Et aussi, j’ai eu l’honneur de porter la flamme avec Pita, la flamme olympique à Bordeaux.

 

E.

À Bordeaux, on a vu ça. Pour cette flamme olympique, tu étais donc accompagnée de Pita. Pita, c’est ta chienne guide ?

 

L.

C’est un chien guide, oui.

 

E.

C’est ton chien guide, pardon. Oui. Comment en est arrivé, toi, à tout mener de front à demander un chien guide ? Est-ce que c’est une déficience que tu as depuis la naissance ou pas du tout ?

 

L.

Moi, ça fait deux ans et demi qu’on a découvert que j’étais malvoyante due à une tumeur cérébrale neuropsychologique. D’accord. Et Du coup, j’ai des chimiothérapies de mes deux ans et demi jusqu’à mes sept ans pour la stabiliser. Elle est toujours bien là, mais stable. Du coup, oui, moi, ça me… J’ai toujours grandi avec des animaux. Quand j’ai appris qu’on pouvait être accompagné par un chien plutôt qu’une canne, la canne, c’est et ça met de la distance avec les autres. Et c’est vrai que directement, moi, je me suis dit: Oui, ça doit être tellement mieux d’avoir un chien qui nous accompagne partout. On doit se sentir plus en sécurité, plus en confiance. Parce que difficile de faire confiance en notre canne. Alors qu’en notre chien, c’est… Ma canne, je lui ai jamais fait confiance, même à 10%, alors que mon chien, je lui fais confiance à 100%. J’ai vite fait les démarches pour avoir ce chien, Pita. Du coup, j’ai fait les démarches auprès de la Fondation Frédéric Gaillanne, qui est la seule école en Europe à remettre des chiens guides aux mineurs.

 

E.

Parce que toi, tu as appris l’existence de la Fondation et des chiens guides très tôt ou plutôt sur le Assez tôt. Par rapport à ta démarche.

 

L.

Ouais. Donc moi, c’était vers mes 8, 9 ans. On m’a dit que c’était possible, mais il fallait que j’attende mes 11, 12 ans, je crois qu’on m’avait dit. Et donc, je n’en pouvais plus. Je n’avais qu’une hâte J’avais préparé comme une lettre de motivation pour leur envoyer de pourquoi je voulais un chien guide. Et du coup, une fois arrivé mes 12 ans, je leur ai envoyé cette fameuse lettre. Et puis après, tout a commencé. Ça a pris pas mal de temps parce qu’il y a eu le Covid pendant ce temps-là, donc ça a pris trois, quatre ans. Avant, c’était très compliqué. Quand on m’appelait, on me dit: Ce n’est pas pour tout de suite. Je m’effondrais. J’avais les Je venais de préparer, des colliers roses, bleus pour au cas où c’est une fille ou un mal, les lesses de prête, tapis d’hiver, tapis d’été, bref. J’avais vraiment tout préparé et je n’en pouvais plus, c’était très dur.

 

E.

Et ça, c’était le premier contact ou la première classe découverte, par exemple ?

 

L.

D’abord, il y a eu le premier stage de découverte. Là, j’étais tombée malade, à 40 de fièvre, donc impossible de bouger. Donc j’ai dû revenir un an après, du coup. Et après, ça a été le COVID. On a réussi à un moment donné à placer une semaine de stage. Là, j’étais trop contente, je me disais: C’est bon, on avance. Et ce qui était dur, c’est que pendant ces semaines, on s’attachait aux chiens. C’est des chiens pour pour tester, entre guillemets, pour voir qu’est-ce que ça fait d’avoir un chien guide et on s’y attache. Moi, les animaux, en 30 secondes, je suis déjà attachée, donc là, une semaine, c’était super compliqué. On repartait avec à la fois des étoiles dans les yeux, mais à la fois la boule au ventre, parce qu’on repart sans notre petit loulou pour le libérer. Et quelque temps après, il me semble que c’est un an ou deux après, on m’a contacté pour me dire que ça y est, c’est la remise, c’est mon tour. Alors là, je n’en pouvais plus, je n’avais qu’une hâte, c’était d’y aller. Et quand on est arrivé, du coup, les deux premiers jours, on voyait avec quel chien on matchait le plus.

 

L.

Ils nous ont dit après Quel chien on avait. Et donc, le jour où on me l’a annoncé, Paul, il it de son enclos tout content. Ouais. C’était vraiment magique. Et franchement, au final, de maintenant, je Il me dit: J’ai attendu des années, c’était compliqué, mais c’est parce qu’il me fallait Pita.

 

E.

Pita, tu l’avais rencontré juste pour la classe de remise ou un petit peu avant ?

 

L.

Non, non, non. Je l’avais rencontré que à la classe de remise. Ça avait été coup de cœur ou pas du tout ? Coup de cœur, oui, parce que Pita, on ne peut pas ne pas l’aimer, cette objectivité. Il est très calme, très doux. Il a plein d’amour à donner. C’est un chien peluche, c’est le fien de rêve, quoi. Un peu d’objectivité, bien sûr. Mais je ne pensais pas qu’on allait être ensemble pour un petit bout de chemin, parce que Pita est très lent, marche très lentement. Il aime prendre son temps et moi, je trace. Donc, au début, il est très calme, moi, j’ai beaucoup d’énergie. Et au final, les éducateurs m’ont dit que justement, ça permettait d’avoir un équilibre. Moi, je me détende et puis, il s’active un petit peu quand même. Effectivement, il s’active un petit peu maintenant. Et moi, il m’a beaucoup calmée, franchement. Il m’a beaucoup aidée.

 

E.

Pour le bon, du coup, pour le positif ?

 

L.

Oui, clairement. Tu peux me dire trois mots qui te représentent, toi, si tu devais te décrire un peu dans ton caractère, des choses comme ça ? Impulsive, sociable. Et je ne sais pas trop comment dire, mais je suis très… Un peu prendre tout à la rigolade. Je rigole souvent. J’essaie de toujours tourner les choses de manière drôle, de de manière positive, etc.

 

E.

Et quand tu parles d’impulsivité, justement, qu’est-ce que tu mets derrière ce mot-là ?

 

L.

Moi, je ne le vois pas forcément en négatif tout le temps. En fait, c’est que juste mes émotions, quand elles sont là, elles sont là. Donc, toujours à 100% dans mes émotions. C’est dans ce sens-là.

 

E.

Et puis, sociable, on le voit un peu aujourd’hui. C’est vrai que tu communiques beaucoup, au final, sur l’handicap, sur ton activité de parasurfeuse. Et tu sensibilises beaucoup aussi. C’est quelque chose qui qui te touche. J’ai l’impression de partager encore plus ce que toi, tu apprends, ce que tu as appris.

 

L.

Alors, bah oui, je trouve ça super important.

 

E.

C’est pas moi qui vais dire le contraire.

 

L.

C’est justement, c’est qu’on est riche de nos différences et c’est important qu’on apprenne des différences des autres. Et par exemple, moi, j’aime beaucoup faire des sensibilisations auprès des écoles, parce que j’ai subi du harcèlement. Donc, ça me paraît important d’aller en de parler et de montrer que c’est la norme, en fait. La norme, c’est de ne pas être comme les autres. Et du coup, je trouve ça important. Aussi, j’aime beaucoup aller en parler auprès de certaines entreprises pour leur expliquer aussi comment ne pas paraître maladroit face à une personne qui a une différence, quelle qu’elle soit, et comment aider sans offusquer la personne. C’est pas toujours facile.

 

E.

Et ça, c’est quelque chose que tu envisageais de faire avant d’avoir un chien-guide, ou c’est venu avec la vie, avec le chien-guide ?

 

L.

Pita m’a beaucoup aidé. Franchement, Pita m’a aidé à accepter mon handicap. Avant, j’en avais honte, au point où je me mettais en danger. Pour donner une idée, mon œil gauche ne voit rien à part la lumière et mon œil droit, j’ai un vingtième sur une partie de mon œil. Donc, je ne vois pas grand-chose. Et des fois, j’avais tellement honte que je pliais ma canne, je la metsais à mon sac et je me disais: Si je tombe, je tombe. Je préfère tomber devant les gens qu’ils sachent que je suis handicapée. Et combien de fois, j’ai me faire renverser. J’ai eu beaucoup de chance. Je faisais que tomber, ça, par contre, tout le temps, je ratais des marches ou des choses comme ça. J’avais pas envie de le cacher. Parce que je suis fière de… Il est très beau, tu vois. L’objectivité, c’est le plus beau des chiens au monde. Il est une bouillie. J’ai envie que tout le monde le voit. Si je pouvais le porter et le mettre en hauteur pour que tout le monde le voit, je le ferais. Même si grâce à sa beauté, je n’ai pas besoin de faire ça. Maintenant, l’approche des gens, quand j’avais de la canne blanche, c’était plus des regards que je sentais très lourds, très pesants.

 

L.

Ils n’osaient pas poser leurs questions. Ils avaient peur de poser des questions et de tenter une approche, alors que maintenant, avec Pita, c’est: Oh là là, il est super beau. C’est quelle race ? Et cetera. Et puis après, ça va très vite. Des questions sans aucun tabou sur mon handicap. Et c’est tellement plus agréable parce que je me sens normale Je me sens comme les autres. Et ça m’a beaucoup aidé, même à l’école. Alors oui, il y a quelques personnes qui ont voulu se rapprocher, etc. Mais ils étaient toujours pas très gentils avec moi. C’était plus Pita qu’ils aimaient, mais moi, non. Donc, je n’avais pas d’amis, mais j’avais Pita. C’était le meilleur des amis que je pouvais avoir. Donc, quand je n’allais pas bien, j’allais m’enfermer dans les toilettes avec lui dans un coin de tranquille où il n’y avait personne. Je faisais des gros câlins, des bisous. Et puis après, ça allait mieux. Et oui, on repartait de plus belle avec Pita.

 

E.

C’est vrai qu’il est de toutes les occasions au final.

 

L.

C’est ça. C’est vraiment, au-delà d’être un chien guide, il m’a aidé mentalement, il m’a aidé professionnellement, il m’a aidé sportivement, il m’a aidé vraiment dans tout, dans tout, dans tout. Il m’aide beaucoup. C’est mon sauveur.

 

E.

Et comment tu as fait la transition avec le monde étudiant et ton monde parasurfeux ? Et tu es déjà bien imbriquée, je pense, avant. Tu n’étais pas mis du jour au lendemain à devenir championne aussi talentueuse, sois-tu. Comment tu en es venue au surf, déjà ? Au parasurf ? Et comment tu as connu la discipline ? Est-ce que tu as testé d’autres disciplines sportives ou pas du tout ?

 

L.

Alors oui. J’adore le sport, donc oui. Donc moi, j’ai testé la danse en tout premier. Je n’avais pas eu un gros coup de cœur sur la danse. Je ne me sentais pas bien… Je ne me sentais pas comme libérée à la fin. C’était vraiment cette recherche-là que j’avais en faisant du sport. Et mon frère me parlait souvent de surf, de la liberté, justement, qu’on ressentait, l’épanouissement dans l’eau, etc. Et je me suis dit: OK, il faut que je teste. Sauf qu’à ce moment-là, j’étais sous chimiothérapie, donc beaucoup trop faible pour aller me battre contre les vagues. Et du coup, j’ai dû attendre la fin et à mes sept ans, directement, je suis allée surfer. Alors, au tout début, j’ai demandé au coach de mon frère si c’était possible, parce que le para-surf, c’est très récent. En France, il arrive en 2012 et le premier championnat du monde, c’était en 2015. Donc, c’est tout jeune. Et il m’a dit: Écoute, je ne sais pas. Je n’ai jamais vu, jamais entendu parler, mais on va trouver. On ne sait pas, mais il faut qu’on trouve comment, en fait, c’est tout. Et du coup, après, il m’a fait surfer.

 

L.

Et quelque temps après, j’ai pris contact avec une association qui s’appelle 6 heures, qui fait surfer des personnes individuelles. Et il m’a dit: Mais oui, c’est totalement possible, tout ça. Et donc, c’était parti. Et moi, j’étais folle amoureuse de ce sport, déjà. Là, ça y est, c’était fini. J’étais déjà tout le temps dans l’eau étant petite, donc ça me semblait assez logique que je fasse un sport dans l’eau. Si je n’étais pas dans la mer, j’étais dans mon bain. Il fallait tout le temps que je sois dans l’eau. Et puis après, oui, j’ai essayé d’autres sports. Là, je suis en ce moment… Mon épaule est un peu blessée, donc je fais une petite pause, mais je fais du jogging dessus et du Krav Maga, que j’aime beaucoup. Et oui, j’ai essayé le skate. J’essaie un peu de sport à gauche, à droite, mais sans forcément prendre des cours. C’est pour m’amuser de temps en temps. Et oui, c’est vrai que ça arrivait quand même assez d’un seul coup, les compétitions. Moi, c’est assez rapidement que j’ai voulu faire des compétitions. Parce que depuis petite, je m’étais battue. Je m’étais battue contre ma maladie pour vivre.

 

L.

Et d’un seul coup, à mes sept ans, j’avais l’impression que je n’avais plus de combat. J’avais l’impression que ma vie n’avait plus vraiment de sens parce que ça me paraissait pas normal de vivre pour vivre comme ça. Je me suis dit: Cette fois-ci, je vais un combat, mais positif. Et je me suis dit: Je vais faire des compétitions. Moi, j’adore la compétition. En plus, il a l’air d’avoir une ambiance de dingue. On rencontre des gens, c’est trop bien. Et assez vite, on m’a proposé les championnats de Gironde. Quand j’avais 13 ans, j’ai directement accepté. Et après, ça a été les France et après, les Mondiaux. On m’a annoncé que j’étais prise dans l’équipe de France pour faire les championnats du monde à 13 ans. Donc, j’étais juste… J’étais la première mineure à avoir intégré l’équipe de France de Paraseur.

 

E.

Ça a été super rapide pour toi.

 

L.

Ouais, et franchement, je réalisais pas. J’étais arrivée en Californie, je réalisais pas. Tant que j’avais pas vu de palmier, j’arrivais pas à croire que j’étais en Californie. C’était un rêve éveillé. Franchement, je crois qu’il m’a fallu quelques mois, une fois que j’étais rentrée, pour réaliser. Il y avait le confinement juste après, donc ça nous a permis de s’en rendre compte. Et à ce moment-là, j’avais pas encore Pita. Donc c’était encore un peu compliqué. Et c’est vraiment Pita qui m’a permis de me débloquer et vraiment de me lâcher à fond, d’être à fond à 100 pour cent. J’étais heureuse de représenter la France, tout ça, mais j’avais honte de dire que je faisais du para-surf au collège, tout ça. Je disais que je faisais du surf comme disait para-surf ou alors je me sentais pas comme disait, tu es athlète de haut niveau, tu es quatrième Je me sentais… Je trouvais ça pas fou parce que je me disais: Ouais, mais je suis handicapée. Vu que c’est en para, c’est moins impressionnant. C’est vraiment Pita qui est venue remettre du peps dans ma vie et quand il est arrivé, même mes championnats du monde se sont déroulés de manière beaucoup plus positive, on va dire.

 

E.

Oui, ça a vraiment apporté de la confiance en toi et une vision différente du handicap.

 

L.

Ouais, mais clairement. Et ce qui est bien, c’est que vraiment, la vision de mon handicap, je l’avais que sur moi. Une autre personne de son handicap, je me disais: Ouais, non, c’est avec quelqu’un comme tout le monde, en fait. Mais sur moi, vu qu’on m’avait répété sans cesse que c’était horrible, j’étais une handicapée, beurk, tout ça, dans ma tête, c’était moi, vraiment, moi, je représentais le mauvais handicap. Et je me suis dit, justement, pourquoi pas représenter leur handicap, mais de manière positive ? Parce que moi, petite, j’aurais bien aimé qu’il y ait une personne qui ait le même handicap que moi qui me dise… Ou un handicap et qui me disent: Non, c’est une force, en fait. Tu peux en faire une force. Donc oui, je trouve ça important d’en parler.

 

E.

Et Pita, si tu peux nous le présenter, tu as dit que si tu devais donner trois mots, à l’instar des deux mots que tu as donnés pour toi, Je crois que j’en ai deviné quelques-uns avec la présentation que tu nous ont fait depuis le début. Mais tes trois mots pour décrire Pita, ce serait quoi ?

 

L.

Trois mots, c’est tellement peu pour décrire. Amour. C’est une boule d’amour. Tendresse et très sensible, très à l’écoute. C’est une éponge, vraiment. Tous les animaux, c’est un peu des éponges. Ils prennent nos émotions, mais c’est vrai que vraiment, si je suis mal, il va être pas bien. Et ça m’a aussi beaucoup aidé à gérer mes émotions, parce que je fais attention à ne pas montrer que je suis pas bien, à me détendre pour que mon chien ne soit pas stressé, parce que sinon, je vais culpabiliser. Je vais me dire: Il est pas bien à cause de moi. C’est compliqué. Donc oui, il est sensible aussi. C’est un petit cœur sensible.

 

E.

Et puis, est-ce qu’on peut dire aussi que ça t’a donné une responsabilité ?

 

L.

Oui, franchement, mais ça m’a… En fait, je me suis dit: OK, il y a quelqu’un, le matin, quand je me réveille, qui m’attend, qui veut que je m’occupe de lui. Ça, ça fait du bien en soi. C’est-à-dire que le matin, il y a quelqu’un qui vient, qui nous fait la fête. Il y a mes parents, mes parents me font la fête quand je me réveille, en général. Ils ne font pas des lésions, ils reviennent la queue. Non. Quand je propose des gâteaux… Et puis quand je propose des gâteaux, il ne saute pas.

 

E.

Il t’accompagne, du coup ? Comment ça s’organise pour toi les semaines ? Est-ce que tu as des semaines, j’imagine, de compétition où tu es un petit peu à droite, à gauche, partout dans le monde, on va dire. J’en ai suivi quelques unes. Comment ça s’organise ton quotidien avec les entraînements, avec les compétitions, puis avec ton temps de sensibilisation, justement ?

 

L.

Je vais m’entraîner tous les jours. Je peux avoir un ou deux jours de pause dans la semaine. Mais bon, voilà, c’est une possibilité. Après, je vais avoir du coup, oui, de temps en temps, des compétitions. On ne sait pas tout le temps. C’est pas tout le temps, c’est entre mars et novembre, déjà. Et donc, les sensibilisations, en général, j’essaie de les caler plus entre novembre et mars.

 

E.

Pour avoir vraiment deux temps de sportives, on va dire, et puis ton temps un peu plus…

 

L.

Voilà. Mais après, bien sûr, j’encale aussi sur mes compétitions. Pendant le temps de compétition, quand je n’en ai pas trop, ça va, quand c’est un petit temps de pause. Et après, oui, c’est répondre aux mails, en envoyer des messages un peu tout le monde pour prendre des nouvelles, pour dire: C’est quand qu’on va surfer ? Le premier coach qui m’a dit que c’était possible d’ailleurs, et qui je ressurfe en ce moment. Donc oui, c’est les Donc l’entraînement, c’est un peu comme de bagable. Et quand on peut aussi quand la personne qui m’accompagne peut.

 

E.

Oui, parce que tu t’entraînes jamais seule, du coup.

 

L.

C’est ça. Mais du coup, j’ai plein de binômes pour essayer de multiplier les chances d’aller à l’eau. Donc, oui, c’est ça. J’envoie des messages, je vais souvent chez: Les conditions, elles sont cool, là. Après, il y a de l’entraînement mental, aussi quelque chose qui est un peu tabou, mais le psy. Le psy, c’est très important, surtout dans ma période où je n’ai pas de compétition. C’est un moment de trou, en fait. On pense à nos compétitions, aux performances qu’on a pu faire, Qu’est-ce qu’on aurait pu faire de mieux ? Qu’est-ce qu’on aurait pas dû faire ? Bref, c’est très compliqué. Je pense que c’est ça. Et c’est un moment de flou. C’est ça. Et c’est un moment de flou. Il y a un moment où on se dit: Est-ce que je continue ? Ouais, mais j’aime trop. Ouais, mais ça me met super mal. Et donc c’est hyper important d’avoir toujours ce suivi-là tout le long de l’année. Ça fait partie de mon emploi du temps d’aller voir mon psychiatre. Et puis, il t’aime beaucoup parce qu’il s’endort. Lui, il s’endort direct quand on est là-bas.

 

E.

C’est ce que j’allais dire. Au final, il t’accompagne pas à l’eau, pas tout le temps. Il reste plutôt côté sable.

 

L.

Ouais, voilà, c’est ça. Il joue avec ses copains, s’il en trouve un sur la plage. Et puis après, il perd son succès, il attend maman.

 

E.

Et sur tout le reste, bien sûr, il t’accompagne. J’ai vu une photo il y a pas longtemps, justement, où tu étais avec Valentine, qui est une autre bénéficiaire de la fondation, qui a récemment eu son chien Torrent. Et au torrent, pardon, je l’ai dit en anglais. Torrent. Et du coup, vous vous croisez souvent avec Valentine Oui, c’est ça, pendant les compétitions, on se croise.

 

L.

Donc, avec Valentine, on se sent super bien, super marrante, adorable. Et oui, on a rencontré Toran il y a pas longtemps, du coup, au stage en Bretagne. Alors putain, il a bien joué avec lui quand ils avaient pas le harnais, les deux, quand ils étaient en détente. Ils ont bien joué entre collègues. Ils sont trop mignons ensemble. Donc je suis super contente aussi que Valentine puisse connaître ce bonheur. Et aussi que Pita ait un copain.

 

E.

Oui, c’est la remise de novembre. Parce que là, dans tous tes collègues parasurfeurs, c’est tout de la déficience visuelle ?

 

L.

Non. Il y a neuf catégories en tout. Donc il y a du surf allongé, à genoux, debout, avec assistance ou non, selon les freins rencontrés. Il y a tout type de handicap, il y a quoi ? Être amputé, malvoyant, nonvoyant. Il y a vraiment plein de handicaps différents.

 

E.

Donc, tout le monde n’a pas un schengen. C’est ça que je voulais dire. On n’a pas un schengit, c’est ça ? Je ne peux pas avoir un schengen.

 

L.

On est que deux à avoir un schengit. C’est ça. C’est ça, voilà. Les deux stars: Pita et Toran.

 

E.

J’ai croisé la photo, justement, ils sont sur la plage en train de courir tous les deux les oreilles au vent. Ils disaient: C’est beau, c’est cool.

 

L.

C’est cool cette villa. Elle avait adoré la Bretagne, Pita. Il s’est éclatée.

 

E.

C’est chouette, en tout cas.

 

L.

Ouais. Il s’est éclatée comme ça. C’est clair, ça fait plaisir.

 

E.

Et sur ton temps un peu plus terre à terre, là où tu es un peu moins dans l’eau, ta saison un peu off, comment ça se passe tes sensibilisations ? C’est toi qui en démarche ou tu as quelqu’un, les gens te contactent ? Parce qu’on te voit quand même pas mal diffuser. Je sais que tu es très active aussi sur LinkedIn pour partager justement toutes tes présences à droite, à gauche. Comment ça s’organise ? Tu es dans un collectif ?

 

L.

Dis-nous tout. C’est des personnes qui me démarchent suite au post LinkedIn, justement, et je demande qu’est-ce qui les intéresse, quel aspect de de mon intervention les intéresse. Et après, je suis toujours partante pour y aller. Et oui, et après, c’est majoritairement sur LinkedIn.

 

E.

Ouais, ce n’est pas forcément des réseaux dans lesquels tu es ou ça circule ?

 

L.

Non, pas spécialement. Après, des fois, on va me dire: Peut-être que… Ou après, ça peut être des sponsors aussi, par exemple, des sponsors, des partenaires à qui je vais proposer de venir faire une intervention. Ça me semble important qu’ils Ils m’apportent beaucoup, donc je veux aussi leur apporter le maximum que je peux. Et du coup, à chaque fois, ils proposent des interventions, donc ils acceptent en général. C’est chouette.

 

E.

Et oui, parce que dans ta vie de sportif, il y a aussi toute la gestion des sponsors, gestion des partenaires. Ça, c’est des choses que je connais un petit peu parce que j’ai un cousin qui était sportif de haut niveau et du coup, on en avait eu l’occasion d’en discuter plusieurs fois, mais c’est vrai que c’est un peu la face cachée. Pas si tabou que ça, Je pense. Tu parlais des tabous et de la préparation aussi, mais je pense que les sponsors, c’est plus quelque chose où on se dit: Est-ce que tu as un agent qui le fait pour toi ? Est-ce que tu gères tout seul, tout seul ou pas ?

 

L.

Moi, depuis peu, j’ai un agent d’images qui m’accompagne parce que c’est très compliqué, honnêtement. Si on se prend un refus un peu violent, des fois, qui pique un peu, après, on doit repartir avec le sourire et se dire: Allez, c’est bon, c’est pas grave, on y retourne. Et c’est compliqué, c’est pas facile. Des fois, les personnes ne nous disent pas franchement non, donc on continue. Mais c’est pas facile de se dire: Allez, la personne nous a dit: Rappelle-moi dans un mois, je rappelle un mois après, on me répond pas. C’est plein de choses un peu compliquées, mais au début surtout. Maintenant, on a l’habitude, on se dit: Allez, on se bave. De toute façon, eux aussi, ils sont débordés. On n’est pas les seuls à aller démarcher, donc c’est normal. Maintenant, oui, on arrive un peu à relativiser et à dire: Ce n’est rien. Eux aussi, ils sont débordés, donc ils ne savent rien. C’est vrai que ce n’était pas facile, surtout au début. Puis avec l’agent d’images, ça facilite beaucoup aussi.

 

E.

Du coup, ça te permet d’avoir un filtre et de moins en prendre beaucoup de détails.

 

L.

C’est ça. Aujourd’hui, une année pour faire toutes les compétitions que je voudrais faire, pour m’entraîner, ce serait 85 000 € à l’année. Ok. Voilà. C’est une petite tombe. C’est pas complet pour l’instant, le budget, mais c’est important, les sponsors. Clairement, sans ce manteau, on fait rien. C’est quasi impossible, en tout cas.

 

E.

Et d’ailleurs, pour revenir à Pita, est-ce que ça joue un peu dans tes argumentaires sponsor ou pas du tout ?

 

L.

Oui, forcément, s’ils ont un intérêt particulier pour les animaux. Par exemple, Pita, il a reçu une dry robe, qui est un manteau que tous les surfeurs adorent parce que c’est un manteau super chaud. Et Pita, il est fan de ce manteau. Quand il fait pas beau dehors, il me regarde, j’attrape la robe, il est tout content. Ça y est, il aime pas trop la pluie, ce chat. Donc, il adore ce manteau. Il est très frileux, en plus. Il y a Il y a plein de choses comme ça où les gens, ils sont hyper attendris par Pita aussi. Franchement, oui, je pense que Pita, il aide beaucoup avec sa petite bouillie. Franchement, moi, personnellement, si on m’approche avec un Pita, je vais le refuser. Si c’est Pita qui demande, voyons. Ça se voit. Rien que dans les magasins, moi, je n’arrive à lui refuser. Je suis très faible. Très, très faible.

 

E.

Pita a même son compte Instagram, du coup, quand même.

 

L.

Oui, mais oui.

 

E.

Loupita. 6.

 

L.

Je mettrai toutes les petites notes dans la description de l’épisode. Je suis tellement fan de lui que je le prends tout le temps en photo dans ma galerie. Il est partout, mon bébé. En même temps, à chaque fois, on dirait qu’il fait des poses de mannequin. On dirait qu’il sait qu’il a un compte Insta à gérer Oui.

 

E.

Donc toi, tu es le manager de Pita et toi, tu es un manager.

 

L.

Voilà.

 

E.

Et parmi toutes les choses que tu n’aurais jamais envisagé de faire sans Pita, est-ce qu’il y a un truc que tu te dis: Là, franchement, c’est grâce à lui ou grâce à lui, à mes côtés, j’ai dit oui ou on m’a demandé ce genre de truc ?

 

L.

Moi, je dirais déjà sortir seule sans avoir peur. Avant, j’avais très peur. Donc oui, sortir seule sans avoir peur. Il m’a appris qu’on pouvait m’aimer aussi, malgré mon handicap. Franchement, il y a tellement de choses. La liste, elle est tellement longue. Il m’a appris à avoir confiance en moi et à m’aimer. Et ça a débloqué tellement de choses grâce à ce déclic-là. Il m’a fait grandir. Je suis mon sauveur, comme je l’ai dit. Vraiment, il m’a tendu sa patte.

 

E.

Et toi, quand tu avais ce projet de chien guide, tu pensais aller si loin avec lui ou tu pensais qu’il allait te guider ?

 

L.

Je savais que ça allait être magique parce que moi, j’ai toujours été gaga des animaux. Une poule, j’en peux plus, je suis gaga. Je savais que ça allait être beau, que ça allait être magique, mais pas à ce point-là. Je pense que personne peut s’imaginer à quel point c’est magique. Et je sais même pas si, honnêtement, si c’est pas juste Pita qui est magique, en fait. Je pense que tous les chiens sont magiques, mais Pita, je me dit: Vraiment, c’est pas un chien comme les autres. Il est pur, il est vraiment… C’est dingue. C’est ma moitié, en fait. Je me dis: Ça va mon chien. Je savais que ça allait être plus qu’un chien guide, bien sûr. Avant d’être un chien guide, c’est un chien. Il a besoin d’amour, il a besoin de jouer, tout ça. Mais je savais pas que ça allait être ma moitié, que ça allait devenir… C’est mon oxygène, c’est mes poumons, Pita. C’est vraiment toute ma vie. Non, vraiment. Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle relation puisse exister. Au-delà d’une telle relation avec un animal, si une telle relation puisse exister. Pita, je lui fais confiance à 1 000%.

 

L.

Voilà, vraiment, je me fais confiance les yeux fermés.

 

E.

Oui, par rapport au moins de 10 pour cent auquel tu faisais confiance à la CAD, ça fait une différence dans ton quotidien, j’imagine.

 

L.

C’est clair. Il m’a retiré un poids juste énorme. Une boule au ventre que j’avais tout le temps, un nœud à la gorge que j’avais décomparé de mon handicap. Il m’a retiré tout ça en positif et il m’a rajouté le Je me dis: Non, franchement, je n’aurais jamais pensé ça. Je me dis, même si là, je le raconte, personne ne pourra imaginer à quel point c’est fort. C’est impossible. Franchement, c’est magique, honnêtement.

 

E.

Il faut le vivre pour y croire.

 

L.

Ouais, c’est clair. Et c’est pour ça, après, on me dit: Oh là là, mais tu arrives rien à lui refuser. Non, mais c’est impossible. Si je pouvais, je ne sais même pas, je lui achèterais un paquet de friandises énormes. Il grossirait trop la vétérinaire SMR. Déjà que là, il est en régime un petit peu. Il faut qu’il fasse attention à sa ligne. Il a pris un kilo en trop, là. C’est pas bon.

 

E.

Il faut préparer le summer body de Pita.

 

L.

C’est ça, alors je vais courir à fond. Donc ouais, on le fait courir à fond. On lui a dit: Non, on arrête de manger. On va aller faire la sieste, on va courir.

 

E.

Quels sont vos prochains projets à tous les deux ?

 

L.

Il faut multiplier les compétitions. Si je suis prise au championnat du monde, essayer grimper sur la deuxième place et toujours regarder la première place en équipe. Donc voilà pour remonter sur ce podium en Californie avec Clita. Et j’espère aussi qu’on sera au jeu en 2032. Parce que notre discipline n’est toujours pas au jeu paraolimpique, il y a le surf, aux Jeux Olympiques, mais il n’y a pas le para-surf. D’accord. Oui. Donc, on croise les doigts pour en Australie. Il n’y aura pas en Il est parti à Los Angeles, malheureusement. Mais bon, on y croit, on y croit fort. Et peut-être qu’en 2032, on verra Pita, en gros. S’il n’est pas à la retraite, d’ailleurs.

 

E.

Oui, parce que ça fait aussi partie des perspectives pour toi, j’imagine.

 

L.

C’est ça. Et puis aussi, on va se faire un… Ce n’est pas un tatouage en commun, parce qu’il veut pas se tatouer. Il a dit: Non, moi, ce n’est pas mon délire, mais les tatouages. Mais aussi, l’un de nos projets, c’est: Je vais me faire tatouer son empreinte de pattes sur moi. Pour l’avoir toujours avec moi, mon loulou. Même quand il sera à la retraite comme ça.

 

E.

Comment tu envisages la retraite ? Tu y as déjà pensé ou pas du tout ?

 

L.

La retraite, il restera à la maison. Du coup, il y a deux possibilités: c’est soit la famille d’accueil, soit des proches à nous, soit on peut le garder. On a la chance de pouvoir le garder. Il pourra gambader tranquille dans le jardin avec toujours un chien, les chats, tout ça. Et du coup, moi, je ferai des démarches pour avoir un autre chien guide en espérant que ce soit à peu près aussi intense. C’est vrai que là, j’ai du mal à me projeter avec un autre chien, honnêtement. Non, mais ça, c’est… Mais Il me dit: Mais ça va se faire de ta petite manière. Là, actuellement, il a six ans, il lui reste encore trois, quatre ans de vie active, on va dire. Donc, j’essaie de ne pas penser à sa retraite. On vit au jour le jour, voilà.

 

E.

Tu as bien raison.

 

L.

Juste après, d’ailleurs, je vais aller faire un gros câlin et des gros bisous. Il me manque. Ça fait quoi ? Allez, 30 minutes, 40 minutes que je l’ai pas vu, non mais oh.

 

E.

Il est pas dans la même pièce que toi ?

 

L.

Non, il est parti jouer avec le copain chien. C’est cool aussi. Il est avec ses doudous, ouais. Ouais, il est tout le temps avec son doudou. C’est un grand passionné de doudous.

 

E.

Oui, je vois que tu mets beaucoup de photos où il a toutes les peluches, les cadeaux.

 

L.

Oui, mais il est fan. Tout le temps, il me réclame des doudous. Dès qu’on passe devant des rayons de doudous, il me regarde, il regarde les doudous. Je dis: Bon, allez, je vais le faire. Pareil pour les friandises, il est malin. Il sait où est le rayon et il m’y amène. Ah bon ? Oui. Je lui ai dit: Cherche maman, parce que du coup, je vais rajouter l’ordre de chercher ma mère quand on fait les courses. Et il est trop fort, en plus, il adore faire ça. Et quand j’ai dit: Cherche mamie, parce que c’est sa grand-mère, donc voilà. Il me ramène toujours un petit peu discrètement, genre elle va remarquer dans le rayon des friandises. Et du coup, moi, je frange: Maman, ton petit-fils, il veut ça. Il me fait: Bon, bah allez. Elle résiste pas non plus.

 

E.

Elle dit jamais non non plus, c’est ce que j’allais dire.

 

L.

Non, ce n’est pas facile. Franchement, avec cette petite bouille, on peut rien lui refuser. Et puis, avec tout ce qu’il fait, on se sent comme… C’est naturel, quoi.

 

E.

Oui, je vois qu’elle fait partie du job de mamie.

 

L.

Ouais. C’est ça. Et puis, elle était très reconnaissante aussi de ce qu’il fait pour moi. Et puis, mon entourage a vu le changement que Pita a apporté dans ma vie. Donc, ils sont très reconnaissants de ça. À chaque fois, ma mère, quand elle passe devant Pita, elle fait: Oh, merci. Merci mon petit-fils. Donc oui, c’est vraiment un lien très, très fort. C’est vraiment un membre de la famille, mais vraiment extrêmement Un lien extrêmement fort.

 

E.

En tout cas, moi, je connais bien la Fondation maintenant puisque je suis leur Community Manager, comme j’avais pu le te le contacter. Mais c’est vrai que c’est touchant. Et le fait de finir cette saison par un épisode avec toi, c’était un peu la boucle est bouclée. Aussi de montrer ce que ces chiens apportent bien plus que ce que vous pouvez penser en étant comme vous faites à demain.

 

L.

Au-delà de nos yeux, c’est mes poumons, comme j’ai dit. Au début, c’était mes yeux et puis c’est devenu mes poumons, mon cœur. Ils commencent à prendre tous mes organes. Ça devient inquiétant. C’est vraiment toute ma vie. Quand je dis que c’est toute ma vie, c’est en tout le temps mon chien. Mon Dieu. Et quand je fais des cauchemars comme ça, c’est horrible. Pire cauchemar que je puisse faire. En tout cas, on te souhaite plein de podiums à venir. Merci.

 

E.

Du parasurf en Australie, j’ai bien vu. Ce serait chouette quand même d’ajouter cette discipline et de te permettre de faire des JO.

 

L.

Je le sens. Et puis tu as le rêve d’aller en Australie, quoi. Non mais mince.

 

E.

Ben, quand même.

 

L.

Il faut que j’aille s’acheter un doudou.

 

E.

Pour en recruter. Allez, pour… 2032, tu m’as dit ?

 

L.

C’est ça.

 

E.

Il ira avec son meilleur ami,.

 

L.

Ça va être une…

 

E.

Vous allez former un joli trio.

 

L.

Voilà, le gang des chiens guides.

 

E.

Et puis, Valentine, j’espère aussi, à tes côtés et puis, Thomas.

 

L.

Oui, c’est clair.

 

E.

Ça doit être chouette aussi de partager ça avec elle.

 

L.

Ouais, franchement, surtout qu’avec Valentine, on est assez proche. On s’entend super bien sans vouloir offusquer les autres de l’équipe. C’est à peu près la plus grande des autres. Après, maintenant, c’est vrai qu’il commence à y avoir de plus en plus de jeunes, mais on a été les premières plus jeunes dans l’équipe de France. Donc c’est vrai que le lien s’est créé assez vite. En plus, déficience visuelle, donc tout le temps des sur notre handicap. Ça, ça rapproche. Et puis oui, on rigole ensemble, on râle ensemble. Franchement, là, maintenant, voir nos chiens jouer ensemble, on adore. Les deux, on est trop contentes. C’est trop bien. Ouais, on est toujours heureux quand on voit nos chiens bien s’amuser. Quand en plus, ils s’amusent bien avec le chien d’une personne qu’on aime bien, c’est toujours mieux.

 

E.

Je vous souhaite en tout cas une bonne continuation, plein de podiums, plein de câlins et merci d’avoir pris le temps d’entendre l’emploi du temps bien chargé pour cette petite interview. Et à bientôt, peut-être ?

 

L.

Et à bientôt. Et merci beaucoup. Merci Lou.

 

E.

Et voilà, c’est la fin de cet épisode avec Lou et Peter. Si son témoignage t’a touché, je te recommande aussi l’épisode 71 avec Léana, elle aussi bénéficiaire de la Fondation Frédéric Dayanne. Avant de rencontrer Swing, elle avait peur des chiens. Et aujourd’hui, elle lui a même dédié une chanson. Et toi, est-ce que ton engagement dans l’univers des chiens guides a aussi changé ta vie ? Viens m’en parler en vrai au 5 ans du podcast le samedi 24 mai, au jardin du Luxembourg, à Paris. Ce sera de 10h00 à 14h30, avec des échanges, des rencontres, des invités du podcast et peut-être des surprises. Alors à bientôt pour un nouvel épisode sur l’univers méconnu des Chiennes guides d’Aveugles.

 

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