À l’occasion de l’été, je n’ai pas pu me retenir de tendre mon micro comme l’an dernier à des bénéficiaires de chiens d’assistance pour de nouveaux hors-série de l’été ! Et on commence tout de suite avec Audrey qui est accompagnée par Paoli, sa chienne d’assistance formée par Handi’Chiens. Atteinte du syndrôme d’Ullrich depuis sa naissance, Audrey alors en fauteuil roulant découvre l’existence des Handi’chiens à l’âge de 12 ans par hasard au salon Autonomic à Paris. Mais quelle place occupera alors Bayla sa première chienne ? Et comment la jeune Paoli a-t-elle pris le relais depuis ? Du coup de foudre avec Bayla au quotidien avec Paoli, Audrey nous raconte comment ces chiennes ont agi ou agissent encore à ses côtés, tant sur le plan technique que social. Elle revient aussi sur la difficulté de perdre Bayla, sa toute première, qui lui avait tant apporté.
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Transcription intégrale
E.
Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien Guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles soutenu depuis cette année par la FFAC et l’ANM Chiens Guides. Je m’appelle Estelle. Je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles et bénévoles pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futurs bénéficiaires ou autres curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leurs maîtres en vous demandant : « Mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ? ». Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée, ou encore comment agir quand vous croisez un tel binôme ? A l’occasion de l’été, je n’ai pas pu me retenir de tendre mon micro, comme l’an dernier, à des bénéficiaires de chiens d’assistance pour de nouveaux hors-série de l’été. Et on commence tout de suite avec Audrey qui est accompagnée par Paoli, sa chienne d’assistance formée par Handi’Chiens. Atteinte du syndrome d’Ullrich depuis sa naissance, Audrey, alors en fauteuil roulant, découvre l’existence des handi’ chiens à l’âge de douze ans, par hasard, au Salon Autonomic à Paris. Mais quelle place occupera alors Bayla sa première chienne ? Et comment la jeune Paoli a-t-elle pris le relais depuis ? Du coup de foudre avec Bayla au quotidien avec Paoli, Audrey nous raconte comment ces chiennes ont agi ou agissent encore à ses côtés, tant sur le plan technique que social. Elle revient aussi sur la difficulté de perdre Bayla, sa toute première, qui lui avait tant apporté. Et maintenant, place à l’épisode.
E.
Bonjour Audrey.
A.
Coucou Estelle.
E.
Merci d’avoir accepté mon invitation pour ce hors-série de l’été sur mon podcast Futur Chien Guide. Est-ce que pour commencer, tu peux te présenter un petit peu ?
A.
Merci à toi déjà de m’avoir invitée. Alors moi, c’est Audrey, j’ai 26 ans, je vis dans l’Oise, actuellement chez mes parents et je suis diplômée d’un bac S et d’un BTS Tourisme. Malheureusement, je ne travaille pas, dans ce milieu en tout cas, à cause de la pandémie principalement qui m’a beaucoup freinée, et la maladie qui a un peu pris le pas pendant cette période aussi. Mais je m’occupe de la maison autrement et je travaille d’une autre manière sur les réseaux sociaux. Donc en attendant, c’est plutôt, c’est plutôt sympa quand même.
E.
Oui, parce qu’on va le dire tout de suite, tu as un compte qui est relativement très actif sur Instagram. Est-ce que tu peux nous le redonner comme ça on est ravis de suivre tout ça.
A.
Oui, bien sûr. Alors @whoisaud, qui est Audrey en français.
E.
Donc ‘who’ w-h-o ‘is’ i-s et ‘aud’ a-u-d.
A.
C’est ça, exactement.
E.
Et donc tu nous parlais de ta maladie. Est-ce que tu peux nous dire en quelques mots comment ça se présente chez toi ?
A.
Oui, alors j’ai une dystrophie musculaire congénitale, syndrome d’Ullrich exactement. Donc c’est une maladie des muscles et de la fonction respiratoire principalement. Je dirais que limite c’est même le plus difficile pour moi, la fonction respiratoire. Parce qu’en vrai les muscles, bon je suis en fauteuil roulant, Mais je le suis depuis presque toujours, même si je marche encore un peu aujourd’hui. Malgré que je n’ai jamais rien connu d’autre. Donc en vrai, ça me gêne pas puisque… c’est un peu bizarre, dit comme ça mais…
E.
Oui, c’est ton ressenti en tout cas.
A.
C’est ça. C’est ma vie en tout cas. Et je le vis pas mal. Mais par contre, l’insuffisance respiratoire, ça a un réel impact, surtout ben là depuis ces dernières années. Donc c’est le plus compliqué pour moi en tout cas.
E.
Ça c’est un peu détérioré de ton côté surtout.
A.
Oui, c’est ça. Là, j’ai fait des pneumothorax en 2018, j’en ai fait 2 à 1 semaine d’intervalle donc… Je pense que c’est ce qui a un peu enclenché le truc. Et puis après la pandémie… Ben malgré tout, ça a eu un impact moral sur le long terme. Je pense que quand le moral est un peu impacté, la santé ne suit plus forcément et j’ai dû un peu relâcher inconsciemment et… puis après ça vite.
E.
Et donc si on se parle aujourd’hui, alors ce n’est pas parce que tu as un chien guide dans ta vie, puisqu’on a bien compris d’une part que tu n’avais pas forcément besoin de guidage en tant que tel. Cependant, tu as quand même un compagnon à quatre pattes à tes côtés. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment tu es arrivée à te rapprocher de Handi’Chiens et puis, parce que ce n’est pas la première, il y a quand même une grande histoire avant la miss qui t’accompagne aujourd’hui. Comment tout ça est arrivé dans ta vie ?
A.
Exactement. Alors je suis accompagnée d’un compagnon à quatre pattes. Officiellement depuis 2008 avec ma première chienne d’assistance. Donc j’ai une handi-chien. J’avais une handi’chien, Bayla, qui m’a accompagnée pendant douze ans et demi, qui m’a quittée donc malheureusement en janvier 2021. Donc ça c’est un peu le drame de ma vie et je pense que ça a eu l’impact sur ma santé. J’osais pas trop en parler avant, mais on y vient. Ça a été très compliqué et aujourd’hui, je suis accompagnée de Paoli qui prend la relève depuis, depuis septembre.
E.
Donc, la belle Paoli qui est un labrador noir, tout comme l’était Bayla en fait.
A.
Tout comme l’était Bayla, exactement. J’ai la même, mais en plus gros, plus grand et toute petite, enfin toute petite… on va dire de l’âge.
E.
Plus jeune, du coup.
A.
C’est ça, voilà exactement. Et moi j’ai connu Handi’Chiens en fait, tout simplement parce que bon à l’époque, j’avais donc douze ans. Et dans ma région c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de handi’chiens. Mais je suis allée au salon Autonomic à Paris. J’y allais tous les ans un peu avant et je suis tombée par hasard sur le stand. Evidemment moi je ne connaissais pas donc j’étais attirée par les chiens en fait, clairement, j’ai vu les chiens, je me suis approchée du stand. J’ai pu faire connaissance avec les bénéficiaires qui ont un peu expliqué leur quotidien avec leur compagnon. Et même si j’étais très jeune, j’avoue que j’ai tout de suite vu que c’était quelque chose de particulier en fait, une relation assez exceptionnelle. Et au-delà donc de… je pourrais dire de l’affinité, d’avoir un chien, du bonheur que ça peut procurer, je me suis dit mais en fait, ça apporte tellement, beaucoup plus. Et je me suis dit mais en fait moi aussi je veux, je veux un chien. J’étais une enfant mais je me suis dit il faut que j’essaie. Et mes parents ont été super emballés aussi à l’idée puisque tout le monde leur a dit ‘mais en fait il faut que tu prennes un chien pour Audrey, ça va vachement l’aider’. Et en fait, on s’est lancé dans l’aventure comme ça, tout de suite après être rentrée chez moi j’ai rempli le dossier. Puis le reste est allé très vite, contrairement à l’attente qu’il y a aujourd’hui. Je sais que c’est super long pour avoir un chien d’assistance, mais j’ai eu de la chance à ce moment-là, ça s’est fait en quelques mois.
E.
Et donc Bayla est rapidement arrivée dans ta vie de jeune ado, j’ai envie de dire, à l’époque ?
A.
C’est ça j’étais, j’étais tout jeune. Mais en fait, le salon, je sais plus trop en quel mois c’est dans l’année, mais fin d’année ou début d’année, il y a eu la commission, je crois que c’est comme ça qu’on dit, ils sont venus chez moi juste avant les vacances d’été et j’ai eu Bayla en octobre. Donc en moins d’un an j’ai eu le chien, quoi. Et ça a été un stage comme font tous les handi’chiens, de quinze jours. Puis voilà le coup de foudre avec Bayla, ça a été immédiat, ma plus belle histoire d’amour, si je peux dire comme ça, une vraie partie de moi, en fait, c’est ça. C’est pour ça que ça a été aussi dur en fait. C’est que quand je l’ai perdue, j’ai perdu une partie de moi également. J’ai partagé quasiment la moitié de ma vie avec elle. Donc, donc toutes mes plus grandes épreuves étaient avec elle. Je me battais pour elle et je ne pèse pas mes mots quand je dis qu’en fait, je me levais pour elle. En fait je ne me rendais pas compte. Je pense qu’on ne mesure pas la chance qu’on a sur le coup. Mais quand elle est partie, c’est là que je me suis rendu compte de l’importance que ces chiens, tous les handi’chiens, ont chez nous. Je me suis retrouvée toute seule, puisque c’était en pleine pandémie, mes parents travaillaient encore, mon frère pareil et je me levais et il y avait plus personne, quoi. Donc clairement j’avais pas envie de me lever, j’avais aucune raison.
E.
Oui, on a suivi ça sur les réseaux sociaux. Et c’est vrai que l’été dernier, on avait déjà beaucoup parlé ensemble. En plus, tu as eu l’occasion d’avoir un autre chien qui n’était finalement pas le bon pour toi. Ensuite donc, ça a été un peu un chaud-froid. Et par rapport à Bayla et à Paoli aujourd’hui, je pense que la réponse, tu vas nous dire, peut être peut-être la même. Qu’est-ce que l’une et l’autre t’apportent au quotidien ? Comment elles t’aident en fait ?
A.
Alors moi principalement, c’est l’aide technique, qu’on se le dise, parce que je suis quand même…
E.
Par rapport à ta mobilité, tu veux dire ?
A.
Je suis quand même un peu restreinte dans mes mouvements malgré tout, même si je fais quand même pas mal de choses seule, c’est vrai que ramasser les objets par terre pour moi, c’est pas possible, c’est la chose qu’elle fait le plus pour moi, enfin bon qu’elles font. Et puis après, je veux dire c’est difficile à dire là dans l’immédiat, en fait c’est notre quotidien, c’est notre routine. Donc là, quand on me demande ‘qu’est-ce qu’elle fait pour toi ?’ J’ai un peu du mal à le dire.
E.
Si on illustre un peu sur une journée le rôle, par exemple, de Paoli, ce sera peut-être plus simple de le prendre dans ce sens-là, le matin Paoli elle t’aide à quoi ?
A.
Ben par exemple à ramener mes chaussons. Elle peut m’aider à me relever un peu. Si je suis un peu fatiguée ou pas, en tirant tout simplement. Elle tire par exemple une serviette de bain. Je tiens un côté, elle l’autre et ça, ça peut m’aider à me relever. Elle peut m’aider à m’habiller ou me déshabiller. C’est vrai que ça, je peux le faire toute seule. Mais c’est quand même une aide importante parce qu’il y a des jours où je suis plus fatiguée que d’autres et comme elle, elle prend plaisir à m’aider, ben en fait, ça nous aide à renforcer ce lien parce que comme je te le disais, je ne l’ai que depuis septembre, donc la complicité, c’est encore un peu jeune, notre relation est jeune. Donc j’essaie de faire un peu tout pour nous renforcer. Et c’est vrai que ce sont des petits gestes anodins mais qui nous lient quand même tous les jours. Après, elle ouvre les placards, elle les referme. Alors ça elle adore ! C’est sa passion, j’ouvre un placard et elle le ferme toute seule sans que je lui demande, donc c’est chouette. Après elle ramasse des objets, que ce soit le téléphone, la télécommande, un stylo, les clés, tout ce genre de choses. Et puis, au-delà de l’aide technique, évidemment, ben moralement, comme on disait pour Bayla, c’est pareil, je me lève pour une raison et elle est là. Elle est toujours contente de me voir, forcément elle parle pas mais c’est tout comme. Moi, ça me donne quand même de la motivation. Il faut la sortir. Je joue avec elle parce qu’elle est encore jeune, donc ça me stimule aussi dans le quotidien. Et c’est comme si j’avais un enfant en fait. Donc voilà, moralement, c’est important. Et puis, c’est ça, je me sens moins seule en fait.
E.
Oui tu as vraiment quelqu’un sur qui compter. Même si elle ne parle pas en tant que tel, elle a quand même ses yeux et ses allures qui permettent de faire passer le bon message. Je pense qu’elle n’est pas non plus… elle te fait bien comprendre ce qu’elle veut, ce qu’elle veut te faire comprendre quoi.
A.
Elle sait très très bien se faire comprendre, oui, elle est, elle est très maligne et très douée. Elle sait que je suis un peu faible sur certaines choses. Donc elle sait bien se faire comprendre. Et elle sait aussi montrer quand elle n’est pas contente d’ailleurs. Si elle ne veut pas elle me le montre, mais bon… on trouve nos marques petit à petit. Et c’est vrai que même si c’est encore récent, je sens quand même que ça se soude un peu. Et puis, je pense qu’elle est contente d’être à mes côtés, en tout cas je l’espère, parce que moi elle m’apporte également beaucoup, un petit rayon de soleil en cette période difficile. Et puis au-delà de ça, comme je te le disais, je reste chez moi mais je sors un peu quand même. Du moins j’essaie de reprendre une activité extra de la maison. Et puis c’est là qu’elle est quand même un lien avec les gens puisque les gens sont attirés par les chiens, c’est inévitable. Même si les gens ne viennent pas vers moi ils viennent vers le chien. Mais c’est pas grave et forcément c’est moi qui vais répondre. Donc c’est quand même un tremplin pour ça, je trouve.
E.
Oui, tout ce qui est le côté socialisation. Et puis ce que tu dis aussi, c’est que ça te donne un rythme dans la journée parce qu’aujourd’hui tu n’as plus de mission professionnelle. J’espère que ça reviendra, que tu pourras un petit peu reprendre là-dessus. Mais si ce n’est que sur Instagram, tu ne chômes pas non plus côté Instagram, c’est des missions du coup aussi que tu as via ton compte, que tu te donnes toi-même ou d’autres d’ailleurs, je ne sais pas.
A.
Oui, ben c’est un peu les deux. Je me donne des missions et des choses à faire pour me dépasser, pour faire le lien avec Paoli. Je sais que souvent on me demande ‘qu’est-ce qu’elle fait pour toi ?’ Eh ben là, je me suis dit OK, j’ai envie de me lancer dans des petites vidéos courtes pour montrer ce qu’elle fait. Donc, que ce soit porter la laisse en balade, ouvrir les portes. Ben je vais essayer de faire ça, donc je me donne ces petits objectifs. Et puis à côté de ça, ben c’est vrai que oui, je commence à avoir une petite communauté conséquente et du coup, on me demande certaines choses. Et puis des collaborations et si ça correspond à ce que je suis et ben je le fais volontiers. Mais ça demande quand même du travail.
E.
Oui, c’est du temps. Et du coup, c’est quand même que via le téléphone, via Instagram. Mais c’est pas forcément tout le temps facile aussi à faire.
A.
C’est vrai que c’est fatiguant. On dirait pas mais moi-même, je pensais pas que c’était aussi, aussi intense. C’est sûr que c’est pas intensif physiquement mais ça demande du temps et un investissement, de bien faire les choses, il y a des dates à respecter. Ça demande quand même beaucoup.
E.
Et en tout cas, ce que je comprends, c’est que Bayla a quand même été là une grande partie de ta vie. Entre nous, on a beaucoup échangé, je me souviens, sur cette transition avec un autre chien. Est-ce que finalement ce ne serait pas trahir Bayla ? Je ne sais pas si tu peux nous en parler parce que tu as peut-être un tout petit peu plus de recul que l’année dernière là-dessus. Puis l’arrivée de Paoli, je pense pour le coup, et la fusion qui commence à naître entre vous aussi depuis septembre, fait que tu as un petit recul sur ‘est-ce que c’est trahir les chiens que de les remplacer quand ils sont soit à la retraite, soit plus là de fait, mais plus à tes côtés, en tout cas.’
A.
C’est vrai que c’est une question que je me suis posée inévitablement. Déjà, quand elle est partie, je ne savais pas ce que je devais faire. J’étais complètement perdue, partagée entre l’envie de reprendre un chien forcément, pas pour la remplacer, mais pour, comme on disait tout à l’heure, pour m’aider, pour un soutien moral. Et voilà. Mais de l’autre côté, bien oui, il y a cette question de trahison qui est là et je ne savais pas quoi faire. Et puis un jour, je me suis réveillée et je me suis dit OK, il faut que je le fasse. C’est presque ça. Je me suis dit ‘si je ne le fais pas aujourd’hui, je sais que demain je vais sentir la trahison et je ne le ferai pas’. Donc j’ai fait le dossier et je me suis dit que de toute façon, il y avait tellement d’attente que ça laissait le temps de faire le deuil. Et au moins d’accepter les choses. Bon, c’est quand même allé vite. De mon côté, une nouvelle fois, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai eu, comme tu disais plus ou moins tout à l’heure, un chien de transition avant Paoli.
E.
Qui n’était pas un chien censé être une transition. Mais on t’a remis un chien qui s’est avéré ne pas être le bon pour toi et qui d’ailleurs vit une très belle vie de chien d’assistance, mais ailleurs pour le coup, pas auprès d’une personne, je crois, auprès d’une structure plutôt.
A.
Exactement.
E.
Voilà.
A.
Je pense qu’on peut en parler quelques minutes quand même, parce que même si effectivement ça a été une épreuve très difficile pour moi, malgré tout, ça m’a aussi beaucoup apporté donc, donc j’aimerais bien dire quelques mots quand même. Donc j’ai eu Pilote entre Bayla et Paoli. J’ai fait le stage comme tout le monde et j’étais censée repartir avec Pilote. Je suis repartie avec Pilote mais ça ne s’est pas passé comme, comme je l’avais imaginé. Alors évidemment, je me suis dit que peut-être je n’étais pas prête, j’ai remis toutes les fautes sur moi, forcément, et je me suis dit que je n’étais plus capable ou tout ça. Mais en fait, non. Avec le recul, je me suis… enfin pas forcément moi mais tout ce que les gens m’ont dit, ce que j’ai pu recueillir, la famille d’accueil de Pilote aussi m’a énormément aidée et je suis très heureuse, ben au moins de, de l’avoir toujours dans ma vie cette famille qui est super importante pour moi. C’est vrai que Pilote a été, c’est pas réformé mais a été…
E.
Réorienté.
A.
Réorienté, voilà, dans une autre direction. En fait, il n’était pas fait pour être chien d’assistance parce qu’il n’avait pas cette… je ne dirais pas cette envie de travailler, mais tout simplement, il ne prenait pas forcément plaisir à aider comme le font Bayla et Paoli. Mais du coup, aujourd’hui, il est chien d’accompagnement social dans une structure, dans une famille dans le Nord, donc pas très loin de chez moi, j’ai pu le revoir entre-temps. Je sais qu’il est très heureux, mais, mais bon, le rendre après un mois de cohabitation a été quand même très difficile. Je dois dire que je me suis demandé si je faisais le bon choix. Et encore aujourd’hui, il ne faudrait pas mais j’ai toujours cette culpabilité et ce sentiment de me dire ‘et si je l’avais gardé, et si j’avais attendu plus…’
E.
On ne saura jamais mais c’est vrai que quand Pilote est arrivé, on l’a un peu suivi et puis on en a discuté aussi, toi et moi parfois, c’était beaucoup de questions parce que Bayla s’était installée dans ta vie depuis l’âge de tes douze ans. Tu n’étais pas la même personne à tes douze ans non plus. Tu as bien grandi depuis. Et de fait, ça posait beaucoup de questions de se dire bah voilà, est-ce que c’est toi qui n’était pas prête ? Est-ce que c’est le chien qui n’était pas le bon ? Et au final, à l’arrivée de Paoli et à la fusion qui a commencé à naître, je pense, entre vous, tu as bien vu que finalement c’était un mal pour un bien et que je pense, Pilote comme toi, avez une vie aujourd’hui très sympathique pour autant, sans pour autant la vivre ensemble.
A.
C’est ça. Nos chemins étaient juste pour se rencontrer sur un court moment. Et quoi qu’il en soit, il m’a apporté beaucoup parce que je dois dire que cette période courte mais intense m’a énormément appris sur moi. J’ai dû être patiente et il a révélé en moi des qualités que je ne soupçonnais pas. Donc quoi qu’il en soit, il m’a apporté beaucoup et c’est ce que je retiens aujourd’hui de cette aventure. Et puis, sans lui, je n’aurais pas forcément eu Paoli non plus. Donc je me dis que tout arrive pour une raison et ça a eu un mal pour un bien.
E.
Oui, vraiment. Mais aujourd’hui, quand on voit Paoli et toi au final on se dit… enfin les gens qui peuvent vous croiser et vous rencontrer pour la première fois, ça peut paraître une évidence, mais c’est important aussi de montrer que le chemin, il n’est pas toujours tout droit, on va dire, et que du coup, tu peux avoir des doutes, tu peux avoir des questionnements, tu peux avoir des rencontres qui ne sont pas forcément les bonnes, mais qui t’apportent toujours des choses au moment où tu les fais en fait.
A.
Exactement, et c’est ce que j’ai voulu… j’ai hésité, mais j’ai voulu quand même le raconter sur les réseaux sociaux parce que, avoir un handi’chien c’est merveilleux mais malheureusement c’est comme chez les humains, ça ne se passe pas toujours comme on le voudrait ou comme on l’imagine. Et je me suis dit que si c’était arrivé à moi, et au final je me suis rendu compte que c’est aussi arrivé à d’autres personnes, moi de mon côté, ça m’a rassurée aussi, mais je me suis dit que ça pouvait peut-être aider aussi d’autres personnes. Donc c’est comme ça, c’est comme dans la vie on ne choisit pas et il y a des évidences, des coups de foudre ou pas. Et puis il faut faire avec. Ce qui n’empêche que maintenant, on est très heureux séparément, mais j’ai quand même toujours un petit œil sur lui.
E.
Et je crois que… tu nous parles de ton binôme avec Paoli. Je crois qu’il y a d’autres petits animaux qui gravitent autour. Comment ça s’est passé ? Je crois qu’il y a un petit chat, enfin grand maintenant, un petit chien bien grand maintenant aussi. Comment tu gères la relation que tu as avec Paoli et du coup, celle que tu as, un peu différente, de fait, avec le chien de la famille maintenant, Stella, et la miss aussi, le petit chat que tu avais, qui t’ont mené peut-être la vie dure, passé un temps, parce qu’ils étaient tous jeunes.
A.
Rayli m’a mené la vie très très dure. Donc Rayli, c’est mon petit chat que j’ai eu peu de temps après avoir perdu Bayla. C’est vrai que mes parents ont cédé rapidement pour pas que je sois seule à la maison, donc j’ai eu ce petit chaton qui m’a mené une vie très difficile je dois dire. Mais c’est pas grave, cela m’a animée et ça m’a boostée. Et puis après, j’ai eu Stella en août, donc une berger allemand, on l’a eue bébé, elle avait deux mois. Donc Stella en août et Paoli en septembre. Donc ce qui est pas mal, c’est qu’elles sont arrivées quand même relativement en même temps, elles grandissent ensemble même si Paoli avait déjà deux ans. Pour Stella, c’est bien, ça lui a montré les bonnes manières, si on peut dire, mais c’était un peu difficile à gérer parce que moi j’ai eu Stella avant, même si c’est que trois semaines, ce petit lien qui s’était déjà créé, vu qu’elle était bébé et puis qu’elle ne voyait que moi la journée, pareil, donc j’étais un peu son monde. Et puis Paoli est arrivée comme ça. Il a fallu se partager et il y a eu un peu de jalousie entre les deux mais c’est chacune son tour et j’ai deux bras donc… donc c’est bon il y en a pour tout le monde !
E.
Oui puis aujourd’hui, de fait, on peut vraiment dire que tu n’es plus seule quand tu es chez toi avec Rayli, Paoli et Stella. Du coup, tu es bien entourée, en tout cas, il y a de la vie.
A.
Il y a de la vie. C’est sûr que les trois jeunes, j’ai pas le temps de m’ennuyer, elles jouent tout le temps, c’est animé, ça me fait du bien. Et puis ce qui est drôle aussi, la petite histoire, c’est que Stella a tendance à faire comme Paoli. Parfois, elle veut ramasser avant Paoli, le problème c’est qu’elle ramasse et elle ne donne pas. Mais elle commence à faire pareil. Donc je trouve ça cool.
E.
Elle le fait par mimétisme, en fait.
A.
Complètement. Elles font tout pareil. Elles dorment collées, tout le temps, des inséparables.
E.
Bon, en tout cas on mettra des belles photos sur le site futurchienguide.fr. Je me demandais, je pose toujours une petite question de fin, est-ce que… alors peut-être que j’ai des petits, des petits indices déjà pour répondre à cette question toute seule, mais tu vas me le dire : quel est ton pire et ton meilleur moment avec Bayla et Paoli en tant que tes chiens d’assistance ?
A.
On va commencer par Bayla forcément, on va essayer. En tout cas, je sais que le meilleur moment avec Bayla, c’est notre rencontre. Ce coup de foudre auquel je ne m’attendais pas. Je ne peux même pas te l’expliquer en fait tellement ça a été fort et une évidence parce que je sais que Handi’Chiens a changé mais à l’époque, en tout cas, on dirait ça fait 50 ans tu sais. À l’époque, donc en 2008, quand j’ai eu Bayla, au centre, j’ai pu essayer 30 chiens en fait. Et dit comme ça, on se dit mais en fait, entre 30 boules de poils, tu ne peux pas choisir. Et puis je me suis dit, je vais jamais y arriver. A douze ans, je les veux tous, je les veux tous, les chiens. Et en fait, non, ça a été une évidence. Elle n’avait d’yeux que pour moi. Elle n’écoutait plus personne, les autres bénéficiaires qui les essayaient, elle faisait pas, elle me regardait, elle s’asseyait. Tu vois, le directeur du centre disait : en fait, quand elle te regarde, elle te dit ‘Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?’. Elle demandait que ça. Donc la question, elle ne s’est même pas posée en fait. La question était vite répondue, et le pire ben forcément sa perte. Ça a été très brutal aussi ça. En trois semaines elle est partie, pendant les fêtes de Noël en plus. Je pense qu’on sait tous quand on a un animal qu’il va partir avant nous. Mais on n’est jamais prêt à vivre ça. Non, non. J’étais complètement dans le déni quand elle est tombée malade. Je parlais encore d’elle, je disais ‘comment on va faire cet été pour la soigner, pour soigner ses plaies’, alors qu’en fait il n’y avait pas le printemps qui est passé, quoi. Ça a été dur, mais c’est comme ça. Et puis la vie continue, elle est quelque part par-là, autour de moi, et je me dis qu’elle m’a sûrement envoyé Paoli. Donc, donc voilà, maintenant, petite Paoli est avec moi. Et le meilleur moment avec elle ? C’est vrai que pour le coup, c’est un peu difficile parce que c’est assez récent. Donc dans la mesure où ça n’a pas été un coup de foudre immédiat, je ne peux pas dire que c’est notre rencontre, même si je suis très contente de l’avoir, évidemment. Je dirais que quand même, quand on sort, c’est sympa de… qu’on nous connaît, notre petit duo. J’aime bien ces moments-là en tout cas, le contact que ça crée. Et le pire moment avec Paoli, c’est quand elle s’est sauvée. Je venais de l’avoir et elle s’est sauvée de la maison. Ça faisait à peine une semaine que je l’avais et elle s’est sauvée de la maison quand mon frère est rentré, il l’a pas vue moi je suis descendue et je l’ai plus vue dans la cour alors que Stella était là, et là c’était panique à bord, crise d’angoisse. Evidemment au bout d’une semaine, je me suis dit mais… je me voyais déjà appeler Handi’Chiens et leur dire ‘j’ai perdu Paoli’, ou leur dire ‘elle s’est fait écraser’. J’ai évidemment imaginé…
E.
T’as imaginé le pire.
A.
Ah oui, j’arrivais plus à respirer, vraiment, c’était l’enfer. Donc là, j’ai envoyé mon frère faire le tour du village, la chercher. Par chance, une famille du village l’a récupérée et mon frère l’a aperçue au grillage dans la cour des gens. Donc c’est comme ça qu’on l’a récupérée. Franchement, panique à bord, mais tout est bien qui finit bien. Je l’ai retrouvée quelques heures après, mais c’était vraiment le pire moment.
E.
Oui c’est dur, de pas savoir où elle était…
A.
Ah ouais, non, je pensais pas que… ça ne m’était jamais arrivé et à ne pas refaire !
E.
Bon, elle est aventurière, ça veut dire. Du coup, ça te donne aussi de l’élan pour toi à t’aventurer avec elle.
A.
Oui elle aime l’aventure, elle aime découvrir le monde et on va le découvrir ensemble pendant de nombreuses années, j’espère.
E.
Mais en tout cas, c’est vraiment tout ce qu’on te souhaite, hein ? Parce que l’aventure avec Paoli ne fait que commencer. Il y a encore Stella à côté, mais de fait, Paoli est vraiment à tes côtés pour toi aussi au quotidien. On a hâte de suivre, de suivre tout ça sur les réseaux sociaux. On l’a dit @whoisaud. Et puis je crois que Paoli a hérité du compte de Bayla aussi.
A.
Exactement.
E.
Thisibayla. J’ai laissé le nom, le nom officiel, mais, mais en dessous il y a Paoli. Vous pouvez retrouver tout ça sur les deux comptes si vous voulez juste les chiens ou suivre mon quotidien dans la vie de tous les jours, je… comme Paoli m’accompagne partout et bien vous la voyez partout avec moi.
E.
Oui. Je vais continuer à te suivre et puis je te remercie d’avoir bien accepté rapidement en tout cas cette invitation. Et puis je te dis à très bientôt.
A.
Mais avec grand plaisir, merci à toi. C’était, c’était super et je suis très contente d’avoir partagé ce moment avec toi.
E.
Merci.
A.
Merci gros bisou.
E.
Salut.
E.
Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Merci à vous de l’avoir écouté en espérant qu’il vous aura plu. Merci à Audrey pour son temps et son souffle précieux me permettant de reprendre ces hors-série de l’été sur les divers chiens d’assistance. Pour compléter votre écoute, vous pouvez retrouver sur futurchienguide.fr des photos de Bayla mais aussi de Paoli aux côtés de Audrey. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer vos retours sur mon Instagram ou Facebook @futurchienguide. C’est toujours un plaisir de savoir ce que vous avez appris pendant les écoutes, notamment pendant ces hors-série. Alors à bientôt pour un prochain épisode sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles ou d’assistance.