À l’occasion de l’été, je n’ai pas pu me retenir de tendre mon micro comme chaque été à des bénéficiaires de chiens d’assistance pour de nouveaux hors-série de l’été ! Et on commence tout de suite avec Llewellyn et Nala, sa chienne d’assistance formée par la Fondation Frédéric Gaillanne 🐕‍🦺

Imaginez une journée remplie de rires, de complicité et d’aventures avec un chien d’assistance exceptionnel. C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans cet épisode unique. Mais comment le rôle d’un chien d’assistance peut-il transformer la vie de son propriétaire et sensibiliser le public à des sujets comme l’autisme et le handicap invisible ?

Llewelyn revient pour nous sur sa situation à l’arrivée de Nala dans sa vie, lors d’un moment où elle était en grande détresse émotionnelle et sociale. Elle raconte aussi comment elle parle de son parcours sur les réseaux sociaux avec son compte Instagram @unepateatypique, où elle sensibilise ses 10 000 abonnés aux réalités du handicap avec humour et bienveillance.

Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.

Salut à tous, je m’appelle Estelle et je suis passionnée depuis toujours par les chiens guides d’aveugles. Bénévole pour cette cause à Paris depuis des années et aujourd’hui à Lyon, j’ai lancé le podcast futur Chien Guide, étant persuadé que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu par tous, afin que chacun puisse y trouver sa place. Mais savez-vous que seuls 1% des déficients visuels sont accompagnés d’un chien guide ? Alors, pour mieux comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi pour découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée, je vous partage deux fois par mois mes échanges avec un invité issu de cet univers, maître de chien guide, bénévole et tant d’autres. Pour en savoir encore plus, n’oubliez pas de vous inscrire à ma newsletter mensuelle pour découvrir les coulisses du podcast, les actualités des chien-guides et bien sûr, des nouvelles de mes invités.

Ravie de vous retrouver en ce début d’été pour le retour des hors-séries de l’été ! Comme chaque année, je profite de la période estivale pour tendre mon micro à des bénéficiaires non plus de chiens guides, mais de chiens d’assistance. Et échanger avec Llewelyn a été une évidence vue notre rencontre virtuelle ! Mais tout cela n’aurait jamais été possible sans Nala, sa chienne d’assistance de la Fondation Frédéric Gaillanne, non pas que Nala soit elle-même la star au centre de ce compte – quoi que -, mais surtout car avant son arrivée, Llewelyn était murée dans son silence, en plein dépression en plus de son autisme… C’est ainsi qu’elle m’a raconté la seule chose qui l’animait au fond d’elle, et comment Nala a changé sa vie.

 

Et maintenant, place à l’épisode…

 

E.

Bonjour, Llewelyn. Bonjour. Merci d’être avec moi sur mon podcast, Futures Un Guide. On attaque avec ton épisode, les hors-série de l’été. Et donc mes auditeurs comme toi savent ce que ça veut dire. Aujourd’hui, on ne va pas parler de chien guide, mais de chien d’assistance. Est-ce que pour reprendre un petit peu tout ça, tu peux te présenter en trois mots, me donner trois mots clés qui te définissent et trois mots qui définissent le chien, la chienne, en l’occurrence qui t’accompagne.

 

L.

Alors, du coup, trois mots qui me définissent, je dirais créative et observatrice. Et pour Nala, je dirais folie, amour et sourire.

 

E.

J’adore ces mots. C’est à la définit si bien, tout ce que je connais de toi, en tout cas, parce que tu es très active sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, tu as dépassé les 10 000 abonnés. Félicitations. Franchement, c’est super. Ce compte, tu l’as ouvert il y a un moment. Il a un petit peu changé de nom depuis, mais en tout cas, il est toujours aussi bien accueilli par la toile, comme on dit sur Instagram. C’est @unepateatypique avec des petits tirets du bas, underscore, entre chaque mot. Comment tu en es arrivé à échanger sur ce compte-là ? Pourquoi tu as créé le compte déjà ?

 

L.

Le compte, il a été créé. C’est assez comique parce que j’avais mon compte perso quand j’ai eu Nala. Et dès que j’ai eu Nala, il y a eu une tonne de photos de chien qui a envahi mon Je te comprends totalement. Et je me suis dit: Non, ce n’est pas possible, ils vont finir par en avoir marre à un moment. Et je me suis dit: Tant qu’à faire, pourquoi pas créer un compte ? Je m’étais dit: Autant pour stocker des photos de Nala, pouvoir faire un petit journal ou des choses comme ça. Et au final, le fait que ça ait été un chien d’assistance, ça a énormément étonné et attiré les curieux, on va dire ça comme ça, ceux qui ne connaissaient pas trop. Et du coup, c’est comme ça qu’on a tourné vers des sujets plus de sensibilisation sur les chiens d’assistance et le handi.

 

E.

Toujours avec de très belles photos et vidéos quand même.

 

L.

Oui, on essaye.

 

E.

Je tiens à le souligner, moi, j’ai adoré celle qui étaient dans la neige, notamment. J’ai trouvé qu’elles étaient particulièrement jolies.

 

L.

Après, ce n’est pas moi qui les prends.

 

E.

Oui, puisque tu es dessus, donc certaines. Moi, j’ai adoré ce contenu. Ce qui est intéressant, c’est que dans ton histoire avec Nala, aujourd’hui, les gens te découvrent par ce compte, par les différentes médiatisations dont fait l’objet. On a parlé d’Actu Toulouse, on a parlé de France 3 récemment et d’autres encore. Mais c’est vrai qu’au tout début, à vrai dire, quand la demande de champ d’assistante a été faite, tu n’en étais pas là du tout. C’était plutôt le contraire.

 

L.

Oui, ce n’était pas très bien, on va dire ça comme ça.

 

E.

Ouais, ce n’était pas la folie, comme tu l’as dit, pour Nala. Et peut-être, tu ne te ne décrivais pas de la même manière que les trois mots que tu m’as donnés. C’était plutôt une période de ta vie compliquée parce que tu as un chien d’assistance. Si elle t’accompagne au quotidien, c’est parce qu’il y a quelques pathologies qui sont associées.

 

L.

Du coup, moi, j’ai un trouble du spectre autistique, troubles sociales majeurs, associés et une vie sociale majeure, associée et une troublesonction généralisée. Fin de la maternelle, fin du collège, ça s’est plutôt bien passé pour moi. Il y a eu quelques petites difficultés, forcément. Au lycée, ça ne s’est pas du tout bien passé parce que j’étais dans un tout petit collège avec des horaires aménagés pour faire la musique en même temps. Et au lycée, à Toulouse, je suis passée de 160 à 1800 élèves dans l’établissement. Ça n’a pas été très bien vécu pour moi, on va dire ça comme ça. Et du coup, j’ai commencé à sécher. Ce qui est drôle, c’est que je sèche d’une manière assez originale. J’envoie un message à ma mère: Je ne vais pas en cours. Et puis après, je rentrais à la maison. Je ne faisais pas comme les autres, je ne séchais pas et je n’essaie pas de dissimuler. Non, je le disais à chaque fois. Et du coup, au final, je n’y suis plus retournée depuis janvier 2019. Ça a été un peu la dégringolade de se rendre compte qu’on n’arrive pas à faire pareil que tout le monde.

 

L.

J’étais confrontée au fait que ce n’était pas le lycée, le problème en soi, c’était vraiment le fait d’être avec les autres, de ne pas réussir à rentrer dans la salle quand on est en retard ou ce genre de choses. Et du coup, ça a été très compliqué pour moi. Je me suis totalement refermée sur moi-même et c’est dans ce contexte-là que Nala est arrivée.

 

E.

Oui, ce que tu me racontais quand on a préparé l’interview, c’est que la demande de chien, c’était avant tout la demande d’un chien avant de parler de chien d’assistance. C’est aussi pour ça que tu le précises que quand les gens ont débarqué sur ton profil, l’Instagram, eux, ce qui les a titillés, c’est le chien d’assistance. Mais toi, à ce moment-là de ta vie, quand tu as justement quitté un peu le monde scolaire parce que c’était devenu trop compliqué, tu voulais un chien, un chien. Tu ne voulais pas un chien guide, tu ne voulais pas un chien d’assistance, tu voulais juste un chien. Et tu m’as confié qu’à cette période-là, la communication était un peu compliquée pour toi et que la seule chose sur laquelle vous échangeiez par quelques petits mots, je pense, c’était ton désir d’avoir un chien de compagnie à tes côtés.

 

L.

En fait, à cette période-là, c’était une dépression, clairement. J’avais envie de rien. Je n’avais envie de rien, je les traitements, les prises en charge, tout ça. Je ne parlais presque plus, je n’avais plus envie de manger. Et la seule chose sur laquelle j’avais un petit peu d’entrain, de sourire, c’était vraiment d’avoir un chien. On avait d’abord commencé par regarder pour adopter un Golden. Et au final, mes parents qui se sont posés des questions de parents, ne savaient pas trop comment ils allaient gérer les vacances, l’éducation, tout ça. Ils m’ont expliqué que c’était trop compliqué pour eux de s’engager sur un chien. Normal, en tout cas. Et puis après, ma mère m’a expliqué qu’elle avait découvert les chiens d’assistance. Et du coup, c’est comme ça qu’on a découvert la Fondation Fédérique Gaillanne.

 

E.

Qui remettait à cette époque-là encore quelques chiens d’assistance. Oui. On en a parlé dans les différents épisodes de la Fondation. Et c’est vrai que Marina, particulièrement chargée de communication, qui était dans l’épisode 70 avec moi, m’en racontait en début cette année que ce projet de remettre des chiens d’assistance avait un petit peu été mis de côté cette heure-ci pour se recentrer sur le cœur du sujet, à savoir remettre des chiens guides à des enfants, ce qui n’est pas le cas ailleurs, alors que les chiens d’assistance peuvent être remis par d’autres associations en France aujourd’hui, notamment Dix chiens et d’autres. Mais toi, à ce moment-là, dans ce que tu m’as raconté, c’est que tu n’arrivais plus à trop parler, tu n’arrivais plus à te cobranger, tu n’arrivais même plus à sortir toute seule et tu refusais tout traitement. Et je crois aussi que le point de refus par rapport à ce golden que tu avais si tant envisagé, on va dire, ça a été un peu compliqué aussi à accepter. Et heureusement, peut-être qu’il y a eu cette solution pour toi qui, finalement, a trouvé beaucoup d’écho dans ton désir.

 

L.

Clairement, je pense que mes parents, ils ont attendu d’avoir une solution alternative à me proposer avant de m’annoncer parce que c’était un moment où j’allais tellement bien qu’il fallait vraiment On va y aller très doucement, on va dire ça comme ça.

 

E.

Et alors, à partir du moment où tu découvres la fondation, qu’est-ce qui se passe ?

 

L.

Déjà, je craque sur la race des Saint-Pierre, parce qu’ils sont beaucoup trop mignons et beaucoup trop beaux.

 

E.

Ça, c’est pas dessus. Tu crèches une convaincue, là.

 

L.

J’ai été en contact avec Chantal Roubault, qui est la référente des enfants, pour avoir le chien. On a fait un petit test qui s’appelle le test du pubicuble.

 

E.

On en a déjà un petit peu parlé. Moi, je connais. Je ne sais pas si les auditeurs vous en ont déjà parlé. Tu peux le redécrire peut-être en quelques mots ?

 

L.

On s’est déplacé, je me souviens très bien, parce que mes deux parents étaient venus, on avait pris la voiture. On est arrivé dans une pièce, c’est une pièce qui est aménagée un peu à la manière d’une chambre pour enfants. Sans le lit, parce qu’on ne va pas dormir, mais il y a des jeux, de quoi dessiner, des jeux de société, des tapis, plein de choses, des livres. Cette pièce est entièrement filmée et le Le but du test du Cubicup, c’est que l’enfant de ses deux mois, avec un des parents, rentre dans la pièce qui est filmée et derrière, il y a, je pense, des éducateurs, des psychologues ou même des personnes de la fondation. Je ne sais pas exactement qui, mais on a 20 minutes à peu près pour s’habituer à la pièce, essayer de faire des choses et tout ça. Et au bout de 20 minutes, ils font rentrer un chien. Alors là, c’était Jasty qui est aussi, je crois, la chienne qui a permis à Léana d’aimer un peu plus les chiens et de combattre sa peur des chiens.

 

E.

Je crois aussi. Léana de l’épisode 71 dont tu parles.

 

L.

Oui. Je crois que ça a marqué beaucoup de personnes parce que quand on est rentré dans la pièce, moi, je n’ai vraiment rien voulu faire et j’ai commencé à faire ce qu’on appelle des stéréotypies. C’est des mouvements répétitifs et Ma mère, elle essayait de me proposer des choses, mais à chaque fois, je ne voulais pas. Je restais dans ma bu, on va dire ça comme ça, et clairement, j’attendais le chien. Et du coup, au bout de 20 minutes, j’ai entendu les petits pas derrière la porte du chien qui s’est approché. Et quand le chien est arrivé, on m’a dit: Tiens, voilà, je te présente Jessie, je te passe des petites croquettes. Il y a une brosse, si tu veux la brosser, lui faire des câlins, tout ça. Et du coup, elle va être avec toi pour les prochaines minutes. Quand elle est arrivée, je me suis mis à genoux, je l’ai prise dans mes bras et là, je me suis mise à pleurer, mais je n’arrivais pas à me calmer. Et je me souviens très bien de ce moment-là parce que ma mère, elle me me faisait des caresses dans le dos, elle me demandait si je voulais faire autre chose avec le chien et moi, j’ai fait des caresses.

 

L.

Et au final, ça s’est très vite débloqué. Et puis, ce qui a changé ensuite encore, c’est que du coup, on a fini le test. Ma mère est allée parler avec les personnes de la fondation Faudal Ghaillane. Et là, j’ai demandé si je pouvais sortir avec le chien. Et donc, tout le monde était un peu étonné. Et au moment de sortir, je me suis mise à courir avec Justy, on a joué ensemble. Je sais que ça a beaucoup marqué Chantal Roubault, notamment, parce que ma mère et mon père se sont mis à pleurer et lui ont dit: Vous savez, ça fait des mois qu’on ne l’a pas vu sourire et jouer comme ça. Donc c’est des moments très forts en émotions.

 

E.

Oui, on le ressent, ça m’émeut aussi. C’est vrai qu’aujourd’hui, on le voit sur ton compte comment Nala agit au quotidien et ça nous paraît un peu logique quand on aperçoit. Et c’est vrai que quand on retourne un petit peu dans le passé, qui n’est pas si passé que ça, parce que ça date d’il y a quelques années seulement, c’est impressionnant de voir l’impact qu’a pu avoir Nala et Jastier en premier, sur toi, vraiment, ce revirement de situation et la magie peuvent avoir ces chiens-là dans vos vies, tout simplement. Je suis un peu émue. Tu m’avais dit, tu ne is plus du tout toute seule. Et là, le fait de demander à sortir, même au sein de la Fondation Féminin, la Fondation Féminin, la Fondation Féminin, qui me signe très fort et je n’imagine même pas l’émotion de tes parents après toutes ces difficultés et la perspective d’ouverture que ça a pu t’apporter à toi, déjà, dans ta vie future et puis aussi à tes parents. Ils ont C’est quelque chose de magique, c’est chien quand même. Aujourd’hui, Nala est à tes côtés. Comment elle agit dans ton quotidien ? Qu’est-ce qui est le plus intéressant, le plus important pour toi de cette petite boule de poil de folie d’amour et de sourire ?

 

L.

Son accompagnement, il a évolué au fur et à mesure qu’on se connaît, parce qu’au début, je n’avais pas du tout les mêmes besoins que maintenant. Au début, c’était surtout le fait d’être obligée de s’occuper de Nala pour la sortir. Ça a été d’abord ça. Pour pour moi aussi être obligée de sortir, s’occuper de moi aussi, pareil. Maintenant, il y a un énorme rôle sur la gestion des émotions et du stress. J’aime bien imager ça en expliquant que c’est un peu celle qui permet de vider le verre d’eau de temps en temps avant qu’il déborde, parce que je trouve que c’est une belle image. Ça permet d’éviter des gros moments où ça ne va pas du tout. Ça permet que ça reste stable, on va dire ça comme Sinon, elle m’aide énormément dans les déplacements, parce que sortir dans la rue, être dans la foule, c’est toujours très compliqué pour moi. Et aller dans des lieux tels que la fac, le Conservatoire, le métro, tout ça, elle m’aide énormément. Je pense que c’est le fait… Parce que dans mon trouble, il y a un problème. Moi, je le prends comme un problème parce que ça me gêne souvent.

 

L.

C’est une hyper sensorialité, donc c’est tous les sens qui sont ressentis trop fort. Ou alors même on n’arrive pas à dissocier les sens. C’est-à-dire que quand on est dans un restaurant, par exemple, et qu’il y a plusieurs personnes qui parlent, j’entends le bruit de fond à la même hauteur, on va dire ça comme ça, que la personne qui me parle. C’est une difficulté à dissocier les éléments de stimuli extérieurs, sensoriels, utiles des inutiles. Donc, ça peut devenir très envahissant. Si on s’imagine dans le métro, il y a les odeurs, il y a les lumières, il y a les couleurs, il y a les gens, il y a les vêtements. Ça peut devenir tout de suite très anxiogène. Et le fait d’avoir Nala, ça me permet de me recentrer sur quelque chose parce que Nala, je la connais. Je sais qu’elle a le poil tout doux, je sais qu’elle va me prendre la main, qu’elle me regarde et puis je peux lui parler. Ça aussi, ça m’aide à rester concentrée sur elle et ça me permet de me dire qu’il y a tout ça qui arrive d’un coup sur moi et c’est vachement bien pour ça.

 

L.

Je pense aussi, elle m’a donné énormément confiance en moi.

 

E.

C’est ce que j’allais dire, tu fais quand même des grosses sorties. Ce week-end, c’est la WhoFest à Lyon. Je crois que tu es de la partie. Et la dernière WhoFest, tu as fait le parcours quand même de Camille Cros. Est-ce que C’est quand même des choses qui sont exceptionnelles par rapport à ce que tu aurais pu envisager. Est-ce que tu pensais que Nala te permettrait autant de t’épanouir ?

 

L.

J’espérais qu’elle m’aiderait parce que comme j’étais très mal, je me suis dit ou Au moins, ça ira mieux, mais je ne pensais pas qu’on irait aussi loin.

 

E.

Non, c’est vrai que quand tu définis ce trouble, ce mutisme dans lequel tu étais mûrée par toi-même, malgré toi en tout cas, moi, quand je vois des images Aujourd’hui, je me dis: Ouah. Je pense que toi, encore plus de l’intérieur, en tout cas, c’est quelque chose qui est vraiment magique, comme on le disait. Est-ce qu’il y a d’ailleurs quelque chose que tu as appris ou que tu as découvert que tu n’envisageais pas du tout avec Nala ? On a compris que tu ne pensais pas qu’elle t’emmènerait si loin, mais est-ce qu’il y a un truc sur lequel tu avais plus du tout envisagé qu’elle t’aiderait et en fait, c’est devenu indispensable.

 

L.

Déjà, je ne pensais pas du tout qu’on deviendrait des vedettes sur les réseaux sociaux. Parce que c’est vrai que d’avoir pris ce rôle de porte-parole, je ne pensais pas que j’en serais capable. J’espérais que Nala m’aiderait à reprendre confiance en moi et à être bien dans ma peau. Mais de là à m’exposer et à prendre la parole sur ces sujets, clairement, je pense que là, c’est grâce à Nala et c’est ça qui m’a poussée à le faire.

 

E.

C’est sûr que tu as fait du combi, on ne l’a pas dit. On en a parlé en préparant l’interview, mais c’est des sujets et des médias qui sont quand même très écoutés, très lus, très regardé. Et ça, c’est beaucoup quand on vient de là où tu viens. Est-ce que parmi tout ce que Nala te fait vivre, il y a des choses où tu as été vraiment bluffée par elle ? Dans son comportement, dans son éducation qu’elle a eue via sa famille d’accueil, aussi son éducation à la Fondation Frédéric Gaillanne ?

 

L.

En soi, Nala me bluffe tous les jours parce qu’il y a toujours des moments où je me dis: Mais comment elle fait ? Il y a des choses par rapport à l’instinct du chien qui m’ont énormément bluffé. Par exemple, à un moment, au tout début, je n’étais pas encore au lycée, j’étais en train de faire un contrôle du CNED. J’avais pris du retard sur mon programme de la journée et c’était encore un moment où j’étais très, très, très, très, très l’air de dire: Tu devrais vérifier l’heure, il faut y aller. Effectivement, il fallait y aller. Et ça, ça m’avait bluffé, je m’en souviens encore. Après, il y avait aussi eu un moment, on était arrivés à la mer en vacances et il faisait noir, puisque c’est un peu loin. Et c’était la nuit, on avait décidé de faire une balade sur la plage. Au final, mes parents, ils étaient plus trop partants, donc ils sont repartis dans la voiture parce qu’ils faisaient trop froid. Et moi, je me suis dit: Ça fait 5 heures de voiture, c’est long quand même. Et au final, on a commencé à marcher un peu et Lala, elle ne voulait pas du tout y aller.

 

L.

Mais vraiment, elle ne voulait pas du tout. Elle a commencé à m’attraper le manteau, elle tirait dans l’autre sens et au final, moi, j’ai dit: Si tu ne veux pas y aller, on ne dit pas pas. Le lendemain matin, mes parents m’ont dit: Tu sais, hier soir, il y a eu une tempête. Je pense que c’est pour ça que Nala ne voulait pas qu’on y aille.

 

E.

Et justement, tu nous parlais des lieux où tu es allée. Je sais aussi que Nala t’a compagne beaucoup au Conservatoire, jusqu’à sur scène, quand même. Elle a le droit à sa petite ovation aussi. Et puis, elle s’allume. Oui, c’est rigolo parce qu’à la base, j’ai eu Nala par la Fondation de Gaillane.

 

L.

Je l’ai directement pris au Conservatoire. L’éducation, c’est venu dès le premier coup parce que pour moi, je voulais vraiment qu’elle vienne partout avec moi, donc directement, on y allait ensemble. Assez rapidement, j’ai dû faire une audition de guitare. C’était une espèce de petit spectacle entre parents. Chaque élève jouait et on pouvait jouer nos morceaux. Comme c’était assez récent que j’avais Nala, que je ne savais pas comment elle allait réagir, que j’étais stressée et que c’était quelque chose où il avait vraiment besoin d’être concentré. Je m’étais dit: Je préfère que mon père, il la garde dans le public. Mon prof de guitare, je me souviens, il m’a dit: Non, mais tu devrais essayer. On est en petit comité, ce serait bien et tout ça. Je lui ai dit: Non, non, je veux pas, moi. Au final, mon père, il a pas pu assister à ma prestation puisque Nala, dès que je me suis mise sur scène et qu’elle a été séparée de plus d’un mètre de distance de moi, elle s’est mise à couiner, pleurer, elle ne voulait se coucher et mon père, il n’a pas réussi. Et du coup, il a été obligé de sortir.

 

L.

Et je me souviens de mon prof de guitare qui est venu me voir à la fin. Il a fait: Elle voulait venir avec toi, on aurait pu essayer. Et donc voilà.

 

E.

Et depuis, elle vient avec toi à tes pieds ?

 

L.

Depuis, elle vient tout le temps. Je me suis même amusée à lui apprendre le salut. Ça me fait rire. Je me souviens d’un spectacle que j’avais fait en décembre. C’était une très grande salle, c’était impressionnant. Il devait y avoir 300 personnes à peu près. C’était la première partie d’un spectacle. On est arrivées avec Nala et je me suis assise sur la chaise. Nala était debout encore. Là, je n’ai même pas eu besoin de lui dire de se coucher. Elle s’est couchée, mais à la manière d’un chien bien fatigué, elle s’est ramassée par terre, on a entendu boum.

 

E.

Et là, j’ai entendu les 350 personnes explosées de rire.

 

L.

C’était très drôle. Je pense, ça m’a fait beaucoup rire.

 

E.

Ça a bien détendu l’atmosphère pour tout le monde.

 

L.

Oui, on va dire ça comme ça.

 

E.

Et à la fin, elle salue en même temps que toi. C’est ça.

 

L.

Et les applaudissements, elle s’en fiche. Je sais que les gens posent beaucoup de questions, mais les applaudissements…

 

E.

Elle a l’habitude maintenant.

 

L.

Oui.

 

E.

Est-ce qu’il y a d’autres lieux un peu exceptionnels où tu es allée avec Nala, où tu n’aurais jamais été sans elle avant ?

 

L.

Moi, je dirais que Rien que la Fondation Frédéric Gaillane, c’est un lieu exceptionnel où je suis allée grâce à Nala. C’est vraiment un lieu très chaleureux, on s’y sent bien. Les gens sont vraiment hyper attentionnés avec nous. Il y a plein de chiens partout, des amis. Et puis, le parcours d’essence, il est vraiment hyper chouette, c’est un lieu très agréable.

 

E.

J’ai eu l’occasion d’y mettre les pieds en octobre et j’y retournerai pour les JPO à la rentrée. En tout cas, c’est vrai que ça fait partie des lieux où, comme tu dis, on se sent un peu comme à la maison, mais dans le sens pas on met les pieds de la table, mais on est dans une bonne ambiance et en tout cas, on se sent en confiance. Je me demandais, on arrive un petit peu vers la fin, on est sur des heures séries, donc on fait plus court et je sais que toi comme moi, ça nous convient aussi. Est-ce que dans cette aventure avec Nala, tu as un pire et un meilleur moment à nous confier en commençant par le pire pour finir avec le meilleur ?

 

L.

Le pire moment ? Je sais qu’au début, quand je l’ai eue, forcément, comme on se connaissait pas trop, elle m’a fait des belles bêtises, on va dire ça comme ça. Je me souviens d’un moment, on était allé chez le vétérinaire, je l’ai détachée pour qu’elle puisse faire ses besoins avant. Elle a trouvé par terre un truc à manger. Et du coup, Elle l’a pris. Elle a vu que moi, j’allais aller venir lui enlever parce que c’était quand même assez gros. Je ne sais pas si c’était un saucisson ou une baguette. Quand elle a vu que j’allais lui prendre, elle est partie en courant avec son truc à manger. Et je me souviens qu’elle est allée sur une rue très, très passante, face à un très gros boulevard à Toulouse. Et les voitures se sont arrêtées. On a entendu les coups de frein et tout. J’ai eu vraiment très peur ce jour-là. Au final, elle a fini son saucisson ou sa baguette devant les voitures. Je suis allée la chercher, elle est revenue comme une fleur. Je suis revenue, mais moi, je n’étais pas très contente.

 

E.

Là, j’imagine quelle peur tu as dû avoir d’entendre tous les gens qui freinent et tout. Il est le meilleur, ou les meilleurs.

 

L.

Les meilleurs. C’est tout le temps rien que d’avoir Nala à côté de moi. C’est un meilleur moment à chaque fois.

 

E.

Elle est allongée à côté de toi, là ?

 

L.

Elle est juste là.

 

E.

Les auditeurs ne la voient pas, mais elle est allongée de tout son long côté de toi. Donc l’avoir à cause de toi, c’est un des meilleurs moments. Toujours un meilleur moment.

 

L.

C’est ça. Comme dit ma mère, quand il y en a là, c’est sûr, ça va.

 

E.

C’est un bon slogan à retenir, en tout cas. Et puis, elle a aussi dû beaucoup te rassurer quand les médiatisations que tu as faites ont dû être un peu stressantes avec les caméras pour certaines, etc. Ça s’est bien passé parce qu’elle était là aussi, au final.

 

L.

Oui.

 

E.

Et tu as plein de projets encore. Je crois qu’on en a parlé hier. Tu peux nous teaser, nous dire ce dont tu as le droit de parler. Je sais qu’il y a toujours un délai dans la médiatisation. Déjà, on a parlé de ce week-end, donc ce sera déjà passé. Tu vas et tu étais à la Whoof-Fest de Lyon. Tu as d’autres rendez-vous pour le printemps-été qui arrivent ?

 

L.

Il y a une interview de Wamis qui va sortir. Je ne sais pas de quand, mais qui va sortir. Sûrement avant aussi. Je sais aussi qu’on est invités pour un autre petit podcast. Il y a sûrement une interview avec un journal qui sensibilise sur le handicap en règle générale. Là, je ne vais pas dire le nom parce que c’est assez connu.

 

E.

C’est Je crée. Je n’ai pas encore planifié. Ça t’apporte une petite activité, du coup, à côté du Conservatoire des Cours, tu ne t’en souviens plus du tout, là, je crois.

 

L.

Non, plus du tout. Sinon, j’ai la BD qui continuent d’avancer parce que je fais une BD avec une illustratrice pour parler du quotidien avec un chien d’assistance. Ça va se présenter sur la forme. On va faire tout ce qui est l’acquisition de Nala, donc le avant et après Nala qu’on mettra en parallèle. Et aussi, on parlera un peu de l’éducation des chiens. Il y aura une partie plus sketch avec tout ce qu’on peut avoir comme remarque sur les fins d’assistance et le handicap invisible, mais avec humour, toujours.

 

E.

Comme sur ton compte, du coup.

 

L.

Voilà.

 

E.

C’est vrai que sur ton compte, les contenus sont très souvent vidéos. C’est un contenu que tu aimes beaucoup, c’est ça ?

 

L.

Oui, le format de vidéo, il est plus simple parce que je trouve que c’est plus interactif. C’est aussi mieux mis en avant par Instagram. Du coup, on en profite aussi par rapport à ça.

 

E.

C’est cool en tout cas. Je vous invite vraiment à aller suivre Nala et Higavéin quand même, puisque ce n’est pas encore Nala qui tape avec ses grosses pattes. Mais du coup, on suivra les aventures, donc c’est Instagram @unepâteatypique. Et puis moi, je relaillerai de tes nouvelles régulièrement aussi pour ceux qui sont abonnés à ma newsletter, dont le lien est sur ma page futurchenille. Fr. En tout cas, je suis à fond sur ta page. Toujours, Je suis toutes tes actus. Je sais que je ne suis pas la seule, vu qu’on est 12 500 followers à le faire. Je pense qu’on a encore beaucoup de choses à découvrir sur toi, sur ton aventure. Et on te souhaite en tout cas les plus belles aventures avec Nala. Mais elles ont déjà bien commencé. Et cette sensibilisation, comme tu le disais, à l’autisme, à la différence, à la stéréotypie, sur ce que tu fais avec vraiment beaucoup de… C’est joli, c’est beau, c’est avec de l’humour. C’est ça que je voulais te dire. Et puis, j’ai hâte de voir tes prochaines actues et un jour de tenir ta BD dans mes mains.

 

L.

Oui, j’espère aussi.

 

E.

Merci beaucoup. En tout cas, Liévaline, fais une grosse caresse, un gros câlin à Nala qui est à côté de toi. Et puis, on aura le plaisir de se croiser, j’espère, à la journée Porte Ouverte pour les 10 ans de la fondation. En tout cas, je compte bien y aller.

 

L.

Et nous aussi, on y sera.

 

E.

Super. On se donne rendez-vous le dernier week-end de septembre. Sorgue, en même temps que je serai la veille à Lyon. Mais ne vous inquiétez pas, je m’organiserai. À très bientôt.

 

L.

Merci beaucoup pour l’échange.

 

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