Ravie de vous prĂ©senter ce deuxiĂšme hors-sĂ©rie de l’étĂ© avant de poursuivre les hors-sĂ©ries en rediffusion pour le mois d’aoĂ»t pendant une pause bien mĂ©ritĂ©e ! Ainsi, j’ai Ă  nouveau tendu mon micro cet Ă©tĂ© Ă  des bĂ©nĂ©ficiaires non plus de chiens guides, mais de chiens d’assistance. Et enregistrer cet Ă©pisode avec OcĂ©ane Ă©tait inĂ©vitable tant nous Ă©changeons depuis des annĂ©es, en plus de s’ĂȘtre croisĂ©es Ă  plusieurs reprises dans des lieux atypiques comme le salon de l’agriculture oĂč je travaillais, ou l’hĂŽtel de ville de Paris pour la remise officielle de sa Pumba. Ce n’est pas un cĂ©lĂšbre phacochĂšre, ni le mĂȘme univers que Nala de l’épisode prĂ©cĂ©dent (avouĂ© que j’ai fait fort !), mais sa chienne d’assistance qui lui a vraiment rendu son indĂ©pendance
elle vous raconte tout ça !

Transcription intégrale

 

E.

Salut Ă  tous, je m’appelle Estelle et je suis passionnĂ©e depuis toujours par les chiens guides d’aveugles. BĂ©nĂ©vole pour cette cause Ă  Paris depuis des annĂ©es et aujourd’hui Ă  Lyon, j’ai lancĂ© le podcast Futur Chien Guide Ă©tant persuadĂ©e que l’univers des chiens guides d’aveugles mĂ©rite d’ĂȘtre mieux connu par tous, afin que chacun puisse y trouver sa place. Mais savez-vous que seuls 1% des dĂ©ficients visuels sont accompagnĂ©s d’un chien guide ? Alors pour mieux comprendre par qui et comment ils sont Ă©duquĂ©s, mais aussi pour dĂ©couvrir leur rĂŽle dans le quotidien de leur maĂźtre et l’Ă©bouffement Ă  leur arrivĂ©e, je vous partage deux fois par mois mes Ă©changes avec un invitĂ© issu de cet univers, maĂźtre de chien guide, bĂ©nĂ©vole et tant d’autres. Pour en savoir encore plus, n’oubliez pas de vous inscrire Ă  ma newsletter mensuelle pour dĂ©couvrir les coulisses du podcast, les actualitĂ©s des chiens guides et bien sĂ»r des nouvelles de mes invitĂ©s.

Ravie de vous prĂ©senter ce deuxiĂšme hors-sĂ©rie de l’étĂ© avant de poursuivre les hors-sĂ©ries en rediffusion pour le mois d’aoĂ»t pendant une pause bien mĂ©ritĂ©e ! Ainsi, j’ai Ă  nouveau tendu mon micro cet Ă©tĂ© Ă  des bĂ©nĂ©ficiaires non plus de chiens guides, mais de chiens d’assistance. Et enregistrer cet Ă©pisode avec OcĂ©ane Ă©tait inĂ©vitable tant nous Ă©changeons depuis des annĂ©es, en plus de s’ĂȘtre croisĂ©es Ă  plusieurs reprises dans des lieux atypiques comme le salon de l’agriculture oĂč je travaillais, ou l’hĂŽtel de ville de Paris pour la remise officielle de sa Pumba. Ce n’est pas un cĂ©lĂšbre phacochĂšre, ni le mĂȘme univers que Nala de l’épisode prĂ©cĂ©dent (avouĂ© que j’ai fait fort !), mais sa chienne d’assistance qui lui a vraiment rendu son indĂ©pendance
elle vous raconte tout ça !

 

Et maintenant, place Ă  l’épisode
 

 

Bonjour Océane.

 

O.

Bonjour Estelle !

 

E.

Merci d’avoir acceptĂ© mon invitation sur le podcast Futur Changuide Ă  l’occasion des hors-sĂ©ries de l’Ă©tĂ©. On le sait, les auditeurs le savent, pour les petits nouveaux, chaque Ă©tĂ©, je fais quelques bifurcations du cĂŽtĂ© des chiens d’assistance. Et en toute logique, j’ai voulu t’interviewer pour cet Ă©tĂ©, puisque ça fait plusieurs annĂ©es qu’on se suit, je crois, plusieurs fois qu’on se croise Ă©galement. Notamment, j’ai regardĂ© la date pendant la cĂ©rĂ©monie annuelle des remises des Andichiens en 2022. J’Ă©tais en compagnie de mon tout petit, un baby boy Ă  l’Ă©poque, en octobre 2022. Et toi, tu Ă©tais en compagnie de ta fidĂšle Pumba, qui t’accompagne depuis…

 

O.

Depuis deux ans maintenant.

 

E.

Le temps passe super vite. Est-ce que pour commencer, tu pourrais te décrire en trois mots et décrire Pumba en trois mots également ?

 

O.

Je dirais que je suis quelqu’un de dynamique, curieuse et joyeuse. Je pense que c’est ce qui me correspond le mieux. Pour Pumba, en trois mots, Ă©nergique, pot de colle. Pour finir, je dirais incroyable parce que c’est une chienne incroyable Ă  mes yeux.

 

E.

Le pot de colle, en tout cas, je crois que je l’ai remarquĂ© puisque comme je te le disais avant que j’appuie sur le bouton enregistrer, je sais que vos chiens sont toujours Ă  vos cĂŽtĂ©s pendant les enregistrements. C’est trĂšs rare qu’ils ne soient pas Ă  vos pieds dans la mĂȘme piĂšce. Mais lĂ , je l’ai vue Ă  l’image. Elle Ă©tait juste derriĂšre toi avant qu’on commence d’enregistrer. Donc oui, peau de colle, toujours Ă  tes cĂŽtĂ©s. Et depuis deux ans, du coup.

 

O.

Oui, ça fait deux ans.

 

E.

Comment tu en es arrivĂ©e Ă  voir Pumba aujourd’hui ? Vous faites des aventures incroyables. Elle t’accompagne de partout. C’est quoi votre quotidien avec Pumba ?

 

O.

Mon quotidien avec elle, c’est une aventure, en fait, finalement. J’ai eu Pumba aprĂšs plusieurs annĂ©es de rĂ©flexion parce que je voulais ĂȘtre sĂ»re dĂ©jĂ  qu’avoir un chien dans mon quotidien, en plus de la maladie mais aussi du travail, c’Ă©tait compatible parce que certes c’est des super chiens mais… Il faut pouvoir s’en occuper.

 

E.

T’en Ă©tais oĂč au moment oĂč tes rĂ©flexions sur le chien d’assistance, j’allais dire le chien guide, dĂ©solĂ©e, dĂ©formation. Le chien d’assistance est rentrĂ© dans ta vie. Tu connaissais Andy Chien et tes maladies Ă©taient lĂ  depuis longtemps, voire la naissance. Comment ça s’est passĂ© de ton cĂŽtĂ© ?

 

O.

Depuis la naissance, non, pas exactement. On parle plutĂŽt de petits symptĂŽmes plutĂŽt que de nombre de maladies, en tout cas dans l’enfance. C’est bien aprĂšs, vers… Ă  peu prĂšs 19-20 ans, oĂč on s’est dit que finalement ce n’Ă©tait pas si normal ces petits problĂšmes. AprĂšs tout, c’est enchaĂźnĂ© mĂ©dicalement parlant. Ça a Ă©tĂ© assez rapide. Et puis, je me suis dit que peut-ĂȘtre que j’aurais besoin d’aide. Du coup, sont arrivĂ©s les auxiliaires de vie dans mon quotidien. C’Ă©tait tous les jours, j’avais une prĂ©sence, etc. et j’ai croisĂ© dans la rue une dame qui avait un chien d’assistance, un handi-chien. Et je me suis dit que j’allais lui demander, en fait. J’allais lui poser des questions, parce que je suis quelqu’un de trĂšs curieux dans la vie. Et donc je suis allĂ©e la voir, voilĂ , je suis allĂ©e la voir, je suis allĂ©e lui demander, lui poser quelques questions, en quoi le chien l’aidait, etc. Et elle m’a dit, ben, allez sur handichien.org, vous allez avoir encore plus de rĂ©ponses Ă  vos questions, etc. Donc voilĂ , c’est comme ça que mon aventure a dĂ©marrĂ©, grĂące Ă  cette dame que j’ai croisĂ©e dans la rue et son handi-chien.

 

E.

Elle avait un hondichien, pourquoi cette dame ? Tu l’avais peut-ĂȘtre repĂ©rĂ©e, elle Ă©tait en fauteuil ou pas du tout ?

 

O.

J’ai pas demandĂ©, c’est la mathologie, mais.

 

E.

Elle Ă©tait en fauteuil roulant Ă©lectrique. Ça te faisait dĂ©jĂ  Ă©cho Ă  cette Ă©poque-lĂ  ?

 

O.

Oui, j’Ă©tais en fauteuil manuel Ă  l’Ă©poque, mais c’est vrai que je me suis dit… Et puis grĂące Ă  son tĂ©moignage aussi que c’Ă©tait quelque chose qui pouvait me correspondre. En tout cas voilĂ , je pouvais tenter l’aventure sans vraiment ĂȘtre sĂ»re d’avoir un chien bien Ă©videmment Ă  cette Ă©poque. On n’en Ă©tait qu’au dĂ©but.

 

E.

Et tu disais cÎté pro, tu fais quoi dans la vie du coup ?

 

O.

Du coup je suis illustratrice, essentiellement illustratrice mais je fais aussi de la crĂ©ation en papeterie. Donc tout ce qui est dĂ©coration dans des cadres, en 3D, enfin voilĂ , des choses comme ça. Et un petit peu de personnalisation de vĂȘtements, donc tout ce qui est par rapport au tissu, bandanas pour chiens, etc. Mais c’est plutĂŽt secondaire ça. Je prĂ©fĂšre dessiner.

 

E.

Et tu faisais dĂ©jĂ  ça quand t’as croisĂ© cette dame ?

 

O.

Non, absolument pas. À l’Ă©poque, je faisais… J’avais pas eu ma rĂ©orientation professionnelle parce qu’Ă  la base j’ai fait des Ă©tudes pour ĂȘtre technicienne de laboratoire dans le mĂ©dical, donc ça n’a absolument rien Ă  voir. Mais malheureusement, en raison de ma pathologie, donc le fauteuil roulant, le manque de motricitucine, etc. dans un laboratoire, c’est pas super compatible. Donc j’ai fait une rĂ©orientation professionnelle en tant qu’adulte du coup aprĂšs.

 

E.

Tu avais dĂ©jĂ  la volontĂ©, en tout cas, de combiner le tout et l’apport du chef d’assistance te semblait assez pertinent Ă  ce moment-lĂ .

 

O.

Oui, parce que j’ai toujours Ă©tĂ© quelqu’un, dans mon quotidien, de derniĂšre minute. J’adore faire les choses de derniĂšre minute, sortir, etc. Et ce n’est pas compatible avec des auxiliaires de vie parce qu’elles ont des horaires Ă  respecter et qu’elles ont une vie aprĂšs le travail, bien Ă©videmment. Et ça, c’est quelque chose qui m’a toujours un peu frustrĂ©e parce que je n’avais pas l’impression de pouvoir vivre pleinement ma propre vie. Mais voilĂ , c’Ă©tait ma situation et je faisais avec. L’idĂ©e du chien d’assistant, c’Ă©tait de m’apporter en tout cas quelque chose de nouveau. Je voyais en mon futur chien une libertĂ© que je n’avais pas.

 

E.

Une certaine flexibilitĂ©, du coup, je n’en avais jamais pris conscience. Maintenant que tu le dis, c’est vrai que moi, si je veux faire quelque chose, je n’ai pas Ă  prĂ©voir beaucoup de choses. Maintenant, j’ai Baby Boy, mais il est assez flex aussi. Oui, je n’avais pas ça en tĂȘte qu’au final, je sais que ça demande beaucoup d’organisation quand on a besoin d’aide, etc. au quotidien, mais du coup, c’est beaucoup obligĂ© d’anticiper. Je l’avais un peu touchĂ© du doigt quand on faisait des dĂ©tentes Ă  Paris, justement, et qu’il fallait anticiper Manon avec Lexie, qui est un handi-chien aussi. C’est vrai que Manon, elle nous racontait dans l’Ă©pisode 25 tout ce que pouvait lui apporter Lexie. Et je me souviens, nous c’est du cĂŽtĂ© des transports en commun ou des transports Ă  la demande, que nous avions fait une dĂ©tente un 1er mai, je m’en souviens trĂšs trĂšs bien, parce qu’on s’Ă©tait donnĂ© rendez-vous avec plusieurs amis, deux, trois amis chiens, et en fait Manon Ă©tait arrivĂ©e avec sa maman, qui n’avait pas du tout prĂ©vu de l’accompagner, mais Ă©tant donnĂ© que le 1er mai est fĂ©riĂ©, il n’y avait pas de transports Ă  la demande. Et donc on ne se dit plus jamais de dĂ©tente le 1er mai, ou le jour fĂ©riĂ©.

 

O.

Mais c’est vrai que voilĂ , c’est Ă  peu prĂšs pareil. C’est anticipĂ©, organisĂ©, prĂ©voir un plan B, c’est tout ça en fait, vivre Ă  travers des contraintes.

 

E.

Donc lĂ , le handicap, en tout cas, tu le voyais aussi sur cette flexibilitĂ©-lĂ  et pas uniquement sur l’apport d’aide dans ta vie au quotidien.

 

O.

Ça en fait un petit peu partie puisque du coup, moi j’avais des auxiliaires de vie pour m’aider quand je faisais tomber des choses, fermer ou ouvrir une porte, donc ça en faisait partie. Mais oui, c’Ă©tait vraiment pour la flexibilitĂ© que ça pouvait m’apporter et l’aide technique aussi. Mais vraiment, moi je voyais GrĂące Ă  cette technique, la flexibilitĂ© totale H24 finalement. En tout cas, c’est ce que j’espĂ©rais.

 

E.

Et donc, tu contactes le centre indicien par mail, tu n’Ă©tais pas encore dans ton nouveau mĂ©tier. Et puis au final, ce que tu me disais juste avant d’enregistrer, c’est que ça a eu un peu de mal cette premiĂšre demande Ă  arriver au bout, c’est mĂȘme pas arrivĂ© au bout du tout.

 

O.

Ça n’est pas arrivĂ© au bout. Ça n’a pas abouti pour des problĂšmes de santĂ© totalement incompatibles avec le fait d’avoir un anti-chien. Être Ă  l’hĂŽpital rĂ©guliĂšrement, surtout quand on accueille son premier chien, ce n’est pas possible pour la stabilitĂ© du chien et la crĂ©ation de notre binĂŽme. Ce n’est pas compatible malheureusement. J’ai attendu que ma santĂ© se stabilise. Je suis restĂ©e en contact toujours avec Madame Sophie Collin, qui est la directrice du centre en Dichambre-Tagne, dont je dĂ©pends. Et quand c’Ă©tait bon, quand j’ai pu emmĂ©nager dans mon appartement, quand les auxiliaires Ă©taient bien rĂ©glĂ©s, voilĂ , quand ça y est, ma vie Ă©tait un peu plus calme, j’ai relancĂ© du coup une deuxiĂšme demande. Et celle-ci a abouti quatre ans aprĂšs, Ă  l’arrivĂ©e de Pumba dans ma vie.

 

E.

Et quatre ans quand mĂȘme encore d’attente, sachant que tu avais dĂ©jĂ  attendu un peu avant. Comment se sont dĂ©roulĂ©es ces quatre ans d’attente pour toi ? Il y a eu, j’imagine, diverses Ă©tapes, et avec Andy Chien, et dans ta propre vie, en te disant, bon, bientĂŽt, bientĂŽt, bientĂŽt.

 

O.

Il y a eu beaucoup d’Ă©tapes, effectivement. DĂ©jĂ , comme tout le monde, j’ai fait le dossier, j’ai envoyĂ© le dossier papier au siĂšge. AprĂšs, j’ai su que j’Ă©tais du coup redirigĂ©e vers Andichin Bretagne, qui est assez rapidement. Ça a pris Ă  peu prĂšs trois mois. Ils sont rentrĂ©s en contact avec moi. Ils sont venus Ă  mon domicile un an aprĂšs, du coup, la rĂ©ception du dossier. Donc finalement, quand on attend un an, c’est assez rapide. mais est arrivĂ© le fameux virus, parce que du coup, mon stage Ă©tait de base prĂ©vu pour juin 2020. Finalement, ça aurait Ă©tĂ© assez court en termes de dĂ©lai de demande remise, mais non, le Covid est arrivĂ©, a bouleversĂ© la vie de tout le monde, donc j’ai attendu. VoilĂ , parce que le centre Ă©tait fermĂ©, impossibilitĂ© de faire des remises, etc. Donc j’ai pris mon mal en patience. C’est long quand on attend, quatre ans finalement. MĂȘme si une fois qu’on a le chien, on se dit que ça valait le coup d’attendre. Mais c’est vrai que quand on attend, quand on aimerait avoir des nouvelles presque tous les jours, ce qui n’est pas possible parce qu’on n’est pas tout seul, et qu’il y a des chiens Ă  Ă©duquer, c’est assez long.

 

O.

Mais est arrivĂ© l’essai de Pumba en novembre 2021. Et lĂ , ça a Ă©tĂ© la concrĂ©tisation finalement de ces annĂ©es d’attente. puisque j’ai rencontrĂ© la belle Pumbaa.

 

E.

Tu parles de quatre ans d’attente, mais il y avait eu la demande avant aussi. L’idĂ©e datait d’il y a plusieurs annĂ©es. Au final, la rencontre avec Pumbaa a Ă©tĂ© enfin la consĂ©cration de nombreuses annĂ©es d’attente. Comment ça s’est passĂ© cette rencontre ?

 

O.

Au dĂ©but, on ne voit pas le chien tout de suite. Dans le centre, ils nous posent beaucoup de questions, notamment parce que mon dossier avait quatre ans et qu’entre-temps, ma pathologie avait Ă©voluĂ©. J’ai fait ma demande, j’Ă©tais en fauteuil manuel. Et quand je suis arrivĂ©e au centre, j’Ă©tais en fauteuil Ă©lectrique avec une mobilitĂ© un peu plus rĂ©duite. Donc effectivement, il fallait faire le point, voir si j’Ă©tais toujours motivĂ©e, si mes besoins avaient changĂ©. Et une fois qu’on a fait le point, Christophe, qui est un Ă©ducateur du centre, est sortie de la piĂšce, moi je suis restĂ©e, et aprĂšs est arrivĂ©e comme une tornade, vraiment, la Miss Pumba qui m’a sautĂ© dessus et qui m’a lĂ©chĂ© le visage. C’est la premiĂšre chose qu’elle m’a fait, c’est me lĂ©cher le visage, et effectivement, elle adore les lĂ©chouilles.

 

E.

C’est une sacrĂ©e premiĂšre rencontre.

 

O.

C’est une rencontre mouvementĂ©e, mais finalement ça correspond bien au tempĂ©rament de Pumba parce qu’elle est ultra dynamique. et elle est trĂšs proche de l’homme. Donc voilĂ , elle a Ă©tĂ© 100 % elle-mĂȘme. VoilĂ , il y a eu quelque chose qui s’est fait. Parce que du coup, j’Ă©tais un petit peu stressĂ©e aussi. Puis lĂ , elle est arrivĂ©e, et puis c’est comme si d’un seul coup, la vie se mettait sur pause. Sauf nous deux, en fait. Nous deux, on Ă©tait en action, mais tout le reste ne comptait plus autour de moi. Et on Ă©tait ensemble, la symbiose Ă©tait en train de se crĂ©er Ă  ce moment-lĂ , en fait. Alors qu’elle ne me connaissait pas, je ne la connaissais pas. et elle est restĂ©e avec moi tout le long. Elle ne m’a pas quittĂ©e pendant, ça a durĂ© Ă  peu prĂšs 4 ou 5 heures, et elle ne m’a pas quittĂ©e, comme si notre duo Ă©tait dĂ©jĂ  formĂ©.

 

E.

Et puis lĂ , je vois une petite patte sur ton bras, elle ne te lĂąche pas.

 

O.

Elle est lĂ .

 

E.

Elle est lĂ , elle est bien prĂ©sente, elle est bien Ă  tes cĂŽtĂ©s. Elle est dynamique comme toi au final, puisque c’est un des mots aussi que tu disais pour te dĂ©crĂ©er. Et donc lĂ , Ă  commencer votre nouvelle vie.

 

O.

Alors aprĂšs le stage du coup, parce que lĂ  c’Ă©tait l’essai de chien, et donc le stage devait ĂȘtre fait en dĂ©cembre 2021, mais il y a eu la teigne au centre, donc ce n’Ă©tait pas possible. C’est en janvier et puis c’est gĂ©nial parce que mon anniversaire Ă©tant en janvier, c’Ă©tait trop bien. Donc en janvier, du coup, on a eu le fameux stage de formation et de remise du char d’assistance parce qu’en tant que bĂ©nĂ©ficiaire, on doit ĂȘtre formĂ©. VoilĂ , un chien c’est pas n’importe quoi, c’est pas un robot. Il a des besoins, des envies, il faut apprendre Ă  le connaĂźtre et il faut bien faire les choses, le lire aussi pour le comprendre.

 

E.

T’avais dĂ©jĂ  eu des chiens Ă  tes cĂŽtĂ©s toi ou pas du tout ?

 

O.

Oui, j’ai eu un chien de compagnie, Pinceau, qui malheureusement est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  9 mois. Donc notre histoire, si gĂ©niale soit-elle, s’est brutalement arrĂȘtĂ©e prĂ©maturĂ©ment. Mais aprĂšs j’ai grandi avec des chiens quand j’Ă©tais chez mes parents.

 

E.

Oui, donc t’as eu l’habitude d’avoir un peu des toutous Ă  tes cĂŽtĂ©s par rapport au code canin et tout. Vous avez tout retravaillĂ© en 10 chiens.

 

O.

Oui, j’avais des bases. Mais aprĂšs, ça ne fait pas de mal d’avoir une mise Ă  jour. C’est toujours bon Ă  prendre. Mais oui, moi, j’Ă©tais dĂ©jĂ  Ă  l’aise avec un chien puisqu’il y a des bĂ©nĂ©ficiaires. C’est leur tout premier chien dans leur vie. Ils n’ont pas eu de contact avec des chiens auparavant. Donc moi, j’Ă©tais Ă  l’aise. Mais voilĂ , j’ai quand mĂȘme appris les bonnes commandes, savoir bien placer mon chien avec le fauteuil Ă©lectrique, puisque moi, ma plus grande peur, c’Ă©tait de lui rouler sur la patte. chose que j’ai fait le premier jour, bien Ă©videmment. Je m’en suis voulu. Au moins, depuis, elle se positionne vraiment trĂšs, trĂšs bien. Elle sait que le fauteuil, malheureusement, ça peut faire mal aux pattes. Mais c’Ă©tait ma plus grande crainte et c’est arrivĂ© assez rapidement.

 

E.

Au final, elle n’a pas eu tant mal que ça. Vous avez fait attention et maintenant, elle
 D’ailleurs, tu parles de ça quand tu dis justement ça roule. Toi, tu roules principalement sur la route et elle, elle marche principalement sur le trottoir.

 

O.

Alors, elle, je prĂ©fĂšre qu’elle soit sur le trottoir, donc du coup, elle est dĂ©tachĂ©e, libre. Alors, tout ça, ça s’est fait avant en sĂ©curisĂ©, c’est-Ă -dire qu’elle a pris la commande gauche, droite, le stop d’urgence, c’est-Ă -dire que quand je lui dis stop, elle s’arrĂȘte. VoilĂ , elle traverse pas et tout ça. Et pour traverser, elle traverse jamais toute seule, je lui dis le mot traverse. Donc avant, moi, je suis dĂ©jĂ  sur la route afin de sĂ©curiser le passage. Elle traverse, elle va d’un trottoir Ă  l’autre le plus rapidement possible. Donc oui, tout ça, ça se fait de façon sĂ©curisĂ©e, bien Ă©videmment. Le but, ce n’est pas qu’elle soit en danger. Et je fais toujours aussi attention Ă  ce qu’il n’y ait pas de personnes sur le trottoir parce que du coup, les gens voient un chien en libertĂ© et je peux comprendre qu’un chien en libertĂ©, ça fasse peur. Moi, j’aime les chiens, mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde et je respecte cela sans aucun problĂšme. Donc quand je vois, par exemple, une Ă©cole qui arrive ou des personnes un peu ĂągĂ©es ou des choses comme ça, je demande Ă  Pumba de s’arrĂȘter, de venir me rejoindre, on se cale sur le cĂŽtĂ©.

 

O.

On laisse passer les gens et aprĂšs on continue. Parce que le but, ce n’est pas de faire imposer mon chien non plus Ă  des gens qui ont peur.

 

E.

Non, c’est sĂ»r, mais c’est vrai que contrairement Ă  ce qu’on s’imagine, du fait que tu ne peux pas rouler sur les trottoirs parce qu’il n’y a pas la place, tout simplement, vous avez Ă©tĂ© obligĂ©, du coup, avec Andy Chien aussi, de trouver des solutions pour que tout le monde soit en sĂ©curitĂ©, et elle, et toi, et que tout le monde puisse avancer, j’ai envie de dire, dans la mĂȘme direction. Ensemble.

 

O.

Ensemble, oui, malgrĂ© les obstacles. Mais oui, ça fait partie des choses qui existent. Et parfois, mĂȘme, elle est juste Ă  cĂŽtĂ©, mais vu qu’en tout cas, Ă  Bordeaux, on a des poteaux sur les trottoirs, quand c’est pas des voitures, c’est des poteaux, donc la laisse, c’est pas possible. En fait, il faudrait la soulever Ă  chaque poteau, donc Ă  chaque mĂštre. Donc c’est pour ça qu’elle est trĂšs souvent dĂ©tachĂ©e pour une question de fluiditĂ© de nos dĂ©placements, en fait.

 

E.

Bah oui, sinon, il faudrait que tu t’amuses Ă  faire la corde Ă  sauter avec chaque poteau. Ça va ĂȘtre trĂšs drĂŽle.

 

O.

C’est marrant, mais ça prendrait beaucoup plus de temps dans nos dĂ©placements.

 

E.

Oui, et puis tu disais que tu n’as pas non plus le tonus et la motricitĂ© adĂ©quate.

 

O.

En tout cas, Ă  l’Ă©poque, non. Franchement, aujourd’hui, c’est vrai que ça va mieux, mais Ă  l’Ă©poque, ce n’est pas ce que j’avais.

 

E.

Tu parlais de la phobie, c’est vrai que j’ai fait un Ă©pisode en dĂ©but d’annĂ©e avec LĂ©ana dans l’Ă©pisode 71. Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de l’Ă©couter, mais LĂ©ana, pour le coup, elle n’avait jamais eu de chien et elle n’en voulait pas.

 

O.

Elle n’en voulait pas du tout, oui.

 

E.

Avant de tomber en amour pour sa soussou, sa swing, ça fait partie des belles histoires en tout cas, des belles rencontres en tout cas, qui font Ă©voluer les gens dans le sens qu’ils le souhaitent, parce que ce n’Ă©tait pas une obligation, c’Ă©tait juste une prise de contact. Oui, non, on voit, mais lĂ … C’est vrai que je vous encourage Ă  aller Ă©couter cet Ă©pisode. Moi, il m’Ă©meut toujours beaucoup. Encore six mois aprĂšs, en tout cas. Et toi, comment est le tas de Pumba au quotidien ? Comment vous faites votre quotidien ? Toi, avec ton mĂ©tier, comment vous organisez ? J’ai vu qu’il y avait une mauvaise nouvelle ce matin, que le parc allait fermer.

 

O.

On n’a plus de parc, c’est officiel. On va s’habituer. On va trouver une nouvelle routine, ce n’est pas grave. AprĂšs, c’est ça, avoir un chien. C’est s’adapter aussi, forcĂ©ment, parce qu’elle a des besoins, et ça peut ĂȘtre un chien d’assistance, pour moi en tout cas, ça reste un chien avant tout. Et elle a des besoins qui font que je dois absolument prendre en compte en prioritĂ©. Pumba m’aide au quotidien, elle vit avec moi tous les jours. Pour elle, on est sur du rapport d’objets, donc elle ramasse ou va chercher tous les objets qui sont trop loin pour moi ou qui sont au sol parce que du coup j’ai des difficultĂ©s Ă  me baisser, ça peut engendrer des douleurs mais surtout une chute. chose qui, quand on est maladroite comme moi, peut arriver trĂšs souvent dans la journĂ©e. Je fais vraiment tout tomber, notamment mon tĂ©lĂ©phone portable, mais ça peut ĂȘtre mes clĂ©s, une carte bleue ou une piĂšce. Et en plus, par exemple, une carte bleue, je n’arrive vraiment pas Ă  la ramasser, je n’ai mĂȘme pas assez de… de motricitĂ© fine pour pouvoir la ramasser. Chose que Pumba arrive trĂšs bien Ă  faire avec ses dents.

 

O.

Elle est vraiment plus douĂ©e que moi. Elle a une trĂšs bonne motricitĂ© fine au niveau de sa gueule. C’est un truc de fou. Elle m’aide aussi Ă  m’habiller et Ă  me dĂ©shabiller, donc elle tire dĂ©licatement sur les vĂȘtements pour les retirer. Moi, c’est essentiellement au niveau des chaussures, chaussettes et pantalons. Pareil, ça m’Ă©vite de me pencher, donc d’avoir mal. Donc pareil pour m’habiller, elle tend les vĂȘtements, ce qui Ă©vite d’avoir une main pour tendre et une main pour galĂ©rer Ă  mettre la jambe par exemple. Ça c’est une aide tous les matins, tous les soirs ou quand il pleut aussi, c’est trĂšs pratique.

 

E.

Justement, je reviens sur Manon et Lexie qui disaient, en fait c’est bĂȘte, mais quand elle est Ă©tudiante et quand tu rentres et tu sors des salles de cours, qu’au final elle ne prenait pas l’Ă©nergie. Quand elle Ă©tait solo sans Lexie, en fait elle gardait son manteau parce que c’Ă©tait trop d’Ă©nergie d’enlever son manteau, de remettre son manteau. AprĂšs deux heures de cours, juste pour sortir cinq minutes et du coup, elle avait toujours trop chaud, trop froid. Et depuis Lexie, je pense que tu vois tout Ă  fait la situation dont je parle. Tu peux faire comme tout le monde. VoilĂ , tu t’adaptes.

 

O.

On l’enlĂšve, on demande au chien, il te hug et on l’enlĂšve, il vient le remettre. Mais ça, c’est quelque chose que j’ai vĂ©cu comme Manon l’a vĂ©cu aussi. C’est garder son manteau alors qu’on est Ă  l’intĂ©rieur, on a chaud. Mais si on ressort une heure aprĂšs, il n’y a aucun intĂ©rĂȘt de prendre un quart d’heure Ă  enlever un manteau. Ça nous bouffe notre Ă©nergie, en plus d’ĂȘtre difficile Ă  faire. Donc oui, c’est des choses que… Ou alors je ne mettais pas de manteau.

 

E.

Et j’avais tout le temps froid. Ce n’Ă©tait pas la bonne situation, optimale en tout cas.

 

O.

Oui voilĂ , c’Ă©tait pas optimal. Aujourd’hui c’est, comme je le dis, de l’histoire ancienne puisque Pumba est lĂ  pour m’aider et Pumba adore le faire. Elle attend qu’une chose Ă  chaque fois, c’est pouvoir m’aider. VoilĂ , je bouge, elle se lĂšve et elle me dit qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Des fois je lui dis repose-toi aussi, c’est important. Il faut se reposer, mais non, elle m’aide tout le temps, tout le temps, tout le temps. Aboyer aussi sur commande, par exemple si je chute, au lieu d’appeler les pompiers, s’ils ont un service pour aider les personnes Ă  se relever au domicile, donc c’est des petites voitures, c’est pas les grands camions de pompiers de secours aux personnes. Alors mes voisins sont au courant depuis que j’ai Pumba que s’il entend aboyer, c’est qu’il faut venir chez moi. Et comme ça, ça Ă©vite d’appeler les pompiers. La plupart du temps, c’est parce que je suis tombĂ©e. Donc voilĂ , mais ça peut arriver que ce soit plus grave. C’est dĂ©jĂ  arrivĂ© une fois en tout cas. Ça fait partie des moments marquants de notre histoire, mĂȘme si ça fait deux ans qu’on est ensemble, mais je peux dire qu’elle m’a dĂ©jĂ  sauvĂ© la vie la premiĂšre annĂ©e oĂč on Ă©tait ensemble.

 

O.

C’est nos moments marquants.

 

E.

Tu Ă©tais chez toi pourtant ?

 

O.

Oui, j’Ă©tais chez moi. Alors Pumba, en fait, il faut savoir en amont que Pumba a dĂ©veloppĂ© ce qu’on appelle de l’alerte, moi j’appelle ça de l’alerte mĂ©dicale parce que je suis diabĂ©tique de type 1, sous pompe Ă  insuline depuis trĂšs longtemps. Et Pumba a assistĂ© depuis le tout dĂ©but Ă  mes hippos, essentiellement parce qu’on Ă©tait fatiguĂ©s pendant le stage et c’Ă©tait propice Ă  beaucoup d’hypoglycĂ©mie. Ça faisait trois mois qu’on Ă©tait ensemble, elle a commencĂ© Ă  avoir un comportement qui au dĂ©but m’a fait peur, parce que je pensais qu’elle avait dĂ©veloppĂ© un trouble du comportement par ma faute. Donc j’ai appelĂ© son Ă©ducateur en disant « Pumba me saute dessus, m’aboie dessus, me donne des coups de patte ». C’Ă©tait assez impressionnant, parce que ce n’est pas un petit chien, c’est un Labrador. Donc c’est quand mĂȘme… Moi je suis petite, donc voilĂ , elle fait presque ma taille quoi. Donc ça m’a impressionnĂ© au dĂ©but, j’ai appelĂ© son Ă©ducateur un peu en panique en disant « Pumba a un trouble du comportement, elle cherche Ă  attirer mon attention mais elle me saute dessus, elle me fait mal en fait ». Donc on a filmĂ©, beaucoup filmĂ©, on a filmĂ© avant.

 

O.

En fait, j’ai une camĂ©ra chez moi, donc je l’ai tout le temps enregistrĂ©e. Et il se trouve que le point commun Ă  cet Ă©lan d’excitation qu’elle avait, c’Ă©tait qu’Ă  chaque fois, Ă  peu prĂšs quatre minutes avant, elle me faisait ces espĂšces de coups de patte, ces aboiements, bref, cet Ă©nervement qu’elle avait, et aprĂšs j’Ă©tais en hypoglycĂ©mie, je faisais un malaise en fait. Il s’est avĂ©rĂ© que nous dĂ©gageons tous une odeur universelle sur la variation brutale de glycĂ©mie. et ça Pumbaa l’avait remarquĂ©, c’Ă©tait la constante qu’elle avait remarquĂ©.

 

E.

Donc elle l’est aussi, elle t’aide aussi maintenant sur tout ce qui est glycĂ©mique ?

 

O.

VoilĂ , la gestion de mon diabĂšte. Donc pour en revenir Ă  la petite histoire, Pumbaa me fait une alerte, on Ă©tait dans la rue mais on rentrait.

 

E.

Quand ça t’est arrivĂ©, vous aviez dĂ©jĂ  identifiĂ© ce comportement que c’est un comportement que l’association, l’Ă©cole Acadia essaye de favoriser, puisque Acadia, on en a parlĂ© dans les Ă©pisodes, je reprends les numĂ©ros sous les yeux, 23 et 53, avec Romain et Naya qui l’aident au quotidien, et puis avec Florine qui est la responsable d’Acadia, qui nous a expliquĂ© comment eux, ils forment justement les chiens pour les jeunes diabĂ©tiques. Toi, au moment oĂč c’Ă©tait arrivĂ©, cette situation, vous aviez dĂ©jĂ  dĂ©tectĂ© que Pumba, tu avais compris le comportement, vous l’aviez dĂ©jĂ  identifiĂ© avec les vidĂ©os.

 

O.

Mais du coup, elle, ça a Ă©tĂ© vraiment l’inverse, parce qu’elle avait ce comportement d’attirer mon attention, parce qu’en fait, elle stressait de la situation qui allait survenir. C’est-Ă -dire, je vais faire un malaise. Et vu qu’elle n’a pas Ă©tĂ© formĂ©e initialement pour cela, elle ne savait pas gĂ©rer en fait la situation. Donc c’Ă©tait un moment de stress pour elle, un mĂ©lange d’excitation et de stress qui faisait qu’elle ne savait pas quoi faire. Donc l’objectif avec son Ă©ducateur, ça a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  de positiver la crise afin qu’elle ne soit plus en stress. C’est-Ă -dire l’autoriser, je me mets au sol, je l’autorise Ă  s’allonger sur mes jambes. C’est une position qui, elle, la rassure. Et moi, ça me va tout Ă  fait. Puis aprĂšs, on s’est dit, maintenant qu’elle est Ă  peu prĂšs rassurĂ©e pendant les crises, qu’il faut qu’elle puisse trouver un moyen de m’alerter. Andichien fait des chiens d’alerte Ă©pilepsie, donc ils ont dĂ©jĂ  un peu tout le protocole. Ce qu’on a fait, nous, c’est qu’on a repris le fameux POC, c’est-Ă -dire coup de museau, exactement comme pour Acadia, le coup de museau, alors que ce soit sur la jambe ou le torse, en tout cas sur son tissu assise.

 

O.

Donc voilĂ , Pumba, ça a Ă©tĂ© vraiment tout l’inverse, il a fallu la rassurer, puis lui apprendre le poke, afin que moi je comprenne aussi ce qu’elle me dit, parce que c’est vrai qu’au tout dĂ©but, c’Ă©tait vraiment trĂšs broyant. Elle, elle Ă©tait opĂ©rationnelle, mais c’Ă©tait moi qui ne comprenais pas vraiment. Parce qu’avant de faire un poke, en fait, elle me fixe du regard, elle me renifle. C’est des choses qui, aujourd’hui, attirent mon attention et je comprends tout de suite qu’une alerte va arriver. Mais au dĂ©but, je n’Ă©tais pas au top.

 

E.

Surtout, c’est un comportement qu’elle reproduisait de temps en temps et de maniĂšre trĂšs affirmĂ©e de son cĂŽtĂ©.

 

O.

Oui, pour elle, c’Ă©tait sĂ»r, il allait se passer quelque chose, mais moi, j’ai eu du mal. J’ai mis Ă  peu prĂšs bien deux mois Ă  bien comprendre les tout petits signaux qu’il y avait avant, l’alerte et pouvoir aussi bien gĂ©rer l’alerte et le chien pendant l’alerte Ă©galement. Mais aujourd’hui, on est au top. Ça y est.

 

E.

Donc, elle t’a sauvĂ© la vie dans ce contexte-lĂ  ?

 

O.

VoilĂ , exactement, parce qu’elle m’a alertĂ©e. Donc je suis rentrĂ©e chez moi, j’ai testĂ© ma glycĂ©mie, je me suis resucrĂ©e parce que j’Ă©tais en hypoglycĂ©mie, je me suis allongĂ©e sur le canapĂ© avec Pouma sur moi, bien Ă©videmment. Et en fait, c’est lĂ  que ça s’est malheureusement compliquĂ©, parce que des fois, malheureusement, ça se complique. J’ai des souvenirs pas trĂšs trĂšs nets. De lĂ , je me suis rĂ©veillĂ©e, j’Ă©tais au sol. Je me suis endormie sur mon canapĂ©, je me suis rĂ©veillĂ©e au sol. Et Pouma m’aboit dessus, en fait. Elle m’aboit dessus, je me sens vraiment pas bien. et je lui dis, Pouba, apporte le phone, c’est-Ă -dire apporter mon tĂ©lĂ©phone portable, parce que je sens que je ne suis pas bien, qu’il faut que j’appelle les pompiers, chose que malheureusement je n’aurais pas rĂ©ussi Ă  faire. Donc je lui dis, apporte le phone, et aprĂšs je lui dis, va vers. Va vers, c’est une commande spĂ©cifique que le centre propose en fonction des situations. Ce qui est mon cas, parce que moi, du coup, le risque de chute Ă©tant diabĂ©tique, c’Ă©tait connu par le centre. Donc faire des malaises chez moi, on avait dit que le chien Ă©tait capable d’ouvrir la porte, J’habite dans une rĂ©sidence.

 

O.

Fumba ouvre la porte, va dans les deux Ă©tages et aboie sans s’arrĂȘter jusqu’Ă  ce qu’un voisin vienne Ă  sa rencontre et elle la guide Ă  la maison. C’est ce qu’elle a fait pour la toute premiĂšre fois en toute autonomie. Alors moi j’en sais rien, mais le voisin est forcĂ©ment arrivĂ© Ă  la maison, et c’est lui qui a appelĂ© les pompiers. Et finalement je me suis rĂ©veillĂ©e, il y avait le SAMU et les pompiers, et Pumba Ă  cĂŽtĂ© de moi avec mon voisin. VoilĂ , donc ce jour-lĂ  elle m’a sauvĂ©e la vie, puisque du coup j’ai perdu connaissance et j’Ă©tais toute seule chez moi en fait. Donc c’est grĂące Ă  son apprentissage et Ă  notre lien que j’estime qu’elle m’a sauvĂ©e la vie, puisque si Pumba n’Ă©tait pas lĂ , On ne peut pas vraiment savoir ce qui serait arrivĂ©, mais voilĂ . Donc aprĂšs, on est allĂ© au hĂŽpital et puis tout allait mieux. 24 heures aprĂšs, on est rentrĂ©. Ça fait partie des complications parfois des hypoglycĂ©mies parce que j’ai des problĂšmes cardiaques qui vont avec et parfois, on ne peut pas Ă©viter l’hĂŽpital.

 

E.

Oui, donc lĂ , sans Pumbaa, ça aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent. Comme tu dis, on ne sait pas exactement comment ce serait passĂ©, mais en tout cas, tu avais perdu conscience toute seule de chez toi. Et donc ça, c’est une donnĂ©e qui, avec ou sans Pumbaa, Ă©tait lĂ . Et donc Pumbaa a permis d’aller chercher de l’aide, en fait.

 

O.

VoilĂ , c’est ça. Ça a Ă©tĂ© un autre chemin. GrĂące Ă  elle, j’ai pu avoir l’aide de mon voisin qui a appelĂ© le pompier et les pompiers ont appelĂ© le SAMU parce que ça n’est vraiment pas du tout fait. Et puis aprĂšs, on est allĂ© Ă  l’hĂŽpital une fois stabilisĂ©. Mais oui, je considĂšre que c’est le jour oĂč Bomba m’a sauvĂ© la vie. TrĂšs clairement.

 

E.

Et puis, c’Ă©tait au tout dĂ©but de votre aventure au final.

 

O.

Mais oui, ça s’est passĂ© en 2022. Donc, ça s’est passĂ© en mai ou en juin, je ne sais plus. Donc, ça faisait vraiment cinq, six mois qu’on Ă©tait ensemble. Mais notre relation est hyper fusionnelle dĂšs le dĂ©but, en fait. Quand je suis rentrĂ©e de Justage, je suis rentrĂ©e en train de Saint-Brieuc jusqu’Ă  Bordeaux en passant par Paris et les gens Ă©tait, quand je leur disais, ça fait officiellement du coup 24 heures qu’on est ensemble, les gens Ă©taient trĂšs Ă©tonnĂ©s parce que c’est une chaĂźne qui est hyper, elle est en focus tout le temps sur moi, elle est toujours en train de regarder si ça va, elle prend Ă©normĂ©ment soin de moi et c’est pareil depuis le premier jour. Ça n’a pas, notre relation, autant il y a certains, la relation met plus de temps Ă  se crĂ©er, ce qui est normal, on est sur deux ĂȘtres vivants, mais moi la relation elle a Ă©tĂ© d’une Ă©vidence et elle s’est crĂ©Ă©e en une fraction de seconde et ça n’a pas changĂ© pour l’instant.

 

E.

Ça se voit, en tout cas, moi je t’ai rencontrĂ©e, je t’Ă©tais en octobre 2022, on m’aurait dit que vous aviez toujours eu l’une et l’autre dans votre vie. En plus, tu Ă©tais en compagnie de la famille d’accueil avec qui tu t’entends trĂšs bien. Franchement, super trio, toi t’arrives. Non, non, moi j’Ă©tais vraiment… C’est vrai que toi tu vois clairement la diffĂ©rence, mais nous on estime qu’elle a toujours Ă©tĂ© Ă  tes cĂŽtĂ©s, mĂȘme si rationnellement. Et puis, vu l’aventure que tu as vĂ©cue avant de la voir et les annĂ©es d’attente, c’est vrai que c’est pas forcĂ©ment… Il y a quelque chose qui est arrivĂ© tout de suite. Je me demandais justement s’il y a quelque chose que tu as appris ou que tu as dĂ©couvert en ayant Pumba Ă  tes cĂŽtĂ©s, que tu n’envisageais pas franchement quand tu as fait ta toute premiĂšre demande ou mĂȘme quand tu as rencontrĂ© cette dame dans la rue Ă  Bordeaux.

 

O.

Alors, comme j’avais dit, j’avais fait la demande pour avoir plus de flexibilitĂ©. Ce que j’ai dĂ©couvert, finalement, c’est que grĂące Ă  Pumba, je pouvais vivre pleinement ma vie d’adulte. Et ça, c’est bien au-delĂ  de mes espĂ©rances, parce que j’ai fait la demande. Je savais que le chien allait m’aider. C’est pour ça que j’en ai fait la demande, bien Ă©videmment. Mais je ne pouvais pas imaginer qu’est-ce qu’il faut le vivre, Ă  quel point elle m’a permis de vivre toute ma vie d’adulte, c’est-Ă -dire vraiment pleinement. Donc, comme je le dis, c’est Ă  28 ans, parce que j’avais 28 ans quand je l’ai eue, que j’ai dĂ©couvert ce que c’est de vivre pleinement ma vie d’adulte en toute autonomie, de façon sĂ©curisĂ©e Ă©galement, puisqu’il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Donc, j’ai pris plaisir, en fait, Ă  me dĂ©placer toute seule, Ă  ne plus, en tout cas, avoir moins peur des obstacles. et ĂȘtre pleinement Ă©panouie dans ma vie, en fait, ouais, c’est ça. Donc ça, c’est vraiment la plus grosse dĂ©couverte, finalement. C’est bien plus qu’une aide, c’est bien plus qu’une aventure anti-chiens, c’est que pour moi, c’est carrĂ©ment ma nouvelle vie, en fait. C’est au-delĂ  de mes espĂ©rances et de mes attentes, de l’aide du chien d’assistance.

 

O.

Vraiment, ça dĂ©passe tout ce que j’aurais pu imaginer.

 

E.

Et justement, dans cette nouvelle vie, il y a plein de projets que peut-ĂȘtre tu n’avais pas forcĂ©ment envisagĂ©s initialement quand tu as fait la demande pour Pumba. LĂ , on parlait un petit peu de tes actus parce que tu partages pas mal sur Instagram. Moi, je parlais du parc. Le parc, tu en as parlĂ© ce matin sur ton Instagram. D’ailleurs, on peut le donner pour ceux qui veulent aller te suivre. Donc le compte de Pumba et de toi aussi, mais je pense que c’est Pumba qui est la plus Ă  l’honneur C’est ma super cap avec des petits points entre ma.super.cap. Tu y racontes votre aventure, mais aussi tout ce que vous faites grĂące Ă  la prĂ©sence de l’une et de l’autre dans vos vies. LĂ , tu me parlais de tes autres actualitĂ©s. On parlait des JO un peu, parce que quand l’Ă©pisode va sortir en juillet, on va ĂȘtre Ă  la veille de ta participation, alors non pas aux JO en tant qu’athlĂšte. Tu ne nous as pas dĂ©fini, dĂ©crit ça dans ton CV, mĂȘme si tu m’as confiĂ© faire aussi de l’handisport. Tu n’as pas portĂ© la flamme ces derniers temps, parce que malheureusement, ce n’Ă©tait pas compatible.

 

E.

Tu as testĂ©, je ne savais pas qu’on pouvait tester.

 

O.

J’ai testĂ©, parce qu’en fait, quand on remplit le dossier, on peut Ă©mettre des doutes ou on peut inscrire un commentaire. Et moi, dans mon dossier de candidature, parce que c’est un dossier de candidature, j’ai Ă©mis que j’avais un doute sur le poids de la flamme et sur le fait d’ĂȘtre capable de la porter. Alors, c’est des trajets assez courts, mais voilĂ . Donc, effectivement, j’ai pu, entre guillemets, tester. pas dans la condition rĂ©elle, mais par rapport au poids et Ă  la longueur qu’elle fait, la hauteur, parce qu’elle est assez haute et malheureusement ce n’est pas quelque chose que j’aurais pu porter mĂȘme sur une courte distance. Je l’ai vu, je l’ai vu, c’est pas grave. Et puis, ce qui est magnifique, c’est que j’ai vu aussi de super duos, de super personnes qui ont portĂ© la femme. Donc ça, c’est vraiment top. Il y a eu Lou, qui est bĂ©nĂ©ficiaire de PITA, de la Fondation FrĂ©dĂ©ric GaĂŻen, qui finalement a Ă©tĂ© sur le pont de Pierre. Donc, je trouve ça vraiment gĂ©nial que d’autres aient pu le vivre Ă  notre place. Mais nous, on l’a vĂ©cu en regardant les autres.

 

E.

Et puis, en juillet, Tout aprĂšs la sortie de cet Ă©pisode-lĂ , tu vas quand mĂȘme rejoindre les rangs des JO classiques, puisqu’il y a du foot qui se passe de ton cĂŽtĂ© Ă  Bordeaux, et tu m’as confiĂ© ĂȘtre bĂ©nĂ©vole.

 

O.

Exactement. On est bĂ©nĂ©vole pendant les JO, donc ça va durer dix jours. Chose que je n’aurais jamais fait avec Pomba, tout simplement, parce qu’avec une auxiliaire de vie, ce n’est pas possible. D’autant plus que j’ai reçu mon planning et que les horaires ne sont absolument pas compatibles avec des horaires d’auxiliaire de vie. Sans Pomba, je ne l’aurais clairement pas fait, c’est sĂ»r. Ça, c’est sĂ»r et certain, puisque de toute façon, Je ne pouvais pas sortir de chez moi sans Pumba, donc sortir Ă  18h et revenir Ă  1h30 du matin Ă  la fin des matchs, c’est possible uniquement grĂące Ă  Pumba. C’est une aventure qu’on va vivre ensemble, ça va ĂȘtre incroyable et riche en Ă©motions. J’en suis sĂ»re, mais ce n’est pas la premiĂšre chose que je fais grĂące Ă  Pumba. J’ai fait une randonnĂ©e au sommet de la Rune, parce que du coup, ça fait actuellement un an et demi que je remarche aprĂšs un traitement et deux ans de rĂ©Ă©ducation, bien Ă©videmment. Deux ans de rĂ©Ă©ducation qui se sont passĂ©s super bien grĂące Ă  Pumba. Je tiens toujours Ă  le prĂ©ciser, c’est qu’aujourd’hui, si je marche, je pense que c’est aussi un peu grĂące Ă  Pumba puisqu’elle m’a apportĂ© cette Ă©nergie quand j’en avais marre, quand j’avais mal, parce que deux ans de rĂ©Ă©ducation, c’est fatigant.

 

O.

parce que c’Ă©tait quatre fois par semaine, c’est long. C’Ă©tait quasiment une grande partie de ma vie, entre le travail et ça. Et Pumba Ă©tait lĂ  pour me soutenir, pour remonter le moral et j’estime que si aujourd’hui j’ai remarchĂ© aprĂšs deux ans, c’est un petit peu aussi grĂące Ă  elle, grĂące Ă  sa prĂ©sence. Donc voilĂ , on a montĂ© le sommet de la Rune l’annĂ©e derniĂšre. Avec Pumba, c’Ă©tait une super aventure, alors c’Ă©tait fatigant, c’Ă©tait difficile, mais le fait qu’elle soit lĂ , et avec son petit sourire sur son visage, je pense que c’est pas vraiment un vrai sourire parce que les chiens sourient pas vraiment, mais moi j’estime que c’est un peu comme un sourire quoi. Et ça m’a motivĂ©e, elle venait me chercher Ă  chaque fois que j’Ă©tais derriĂšre, c’Ă©tait gĂ©nial. et je faisais des allers-retours pour me dire allez tu vas y arriver en fait c’Ă©tait vraiment gĂ©nial c’est des choses comme ça et que je n’aurais jamais fait sans elle tout simplement parce que je ne voyais mĂȘme pas l’intĂ©rĂȘt de le faire toute seule et voilĂ  aujourd’hui je suis accompagnĂ©e donc je fais des choses comme ça je monte la ruine je suis bĂ©nĂ©vologio je vais voyager on revient d’Espagne d’ailleurs On Ă©tait Ă  Bilbao.

 

O.

On a fait Bilbao et San SĂ©bastien. Ils sont magnifiques. C’Ă©tait incroyable. Avec Pumba, ça s’est super bien passĂ©. C’est des super souvenirs qu’on a ensemble, toutes les deux, dans notre aventure qui ne fait que commencer, finalement, et qui va durer le plus longtemps possible.

 

E.

Ah mais ça, on te le souhaite Ă  fond. Est-ce qu’il y a un moment oĂč tu as Ă©tĂ© bluffĂ©e un peu par Pumbaa ? Est-ce que c’est ce moment dont tu nous as parlĂ© quand tu Ă©tais chez toi ?

 

O.

Oui, ça fait partie du moment marquant, celui qui, en tout cas jusqu’Ă  aujourd’hui, que je considĂšre comme le plus inoubliable et le jour oĂč elle m’a totalement bluffĂ©e parce que finalement, elle Ă©tait en totale autonomie ce jour-lĂ . Je lui ai donnĂ© une commande, mais aprĂšs, c’est elle qui a dĂ» gĂ©rer de A Ă  Z. Je n’Ă©tais pas lĂ  pour rectifier un petit truc ou quelque chose.

 

E.

Ou relancer.

 

O.

Ou lui donner un peu plus de motivation, l’aiguiller et tout ça. Non, elle a dĂ» le faire toute seule en totale autonomie.

 

E.

Tu as pu en reparler avec ton voisin en question. Il t’a un peu confiĂ©e. Est-ce qu’elle est venue tout de suite ? Est-ce qu’elle a Ă©tĂ© trĂšs insistante ? Parce que toi tu Ă©tais plus lĂ  en fait.

 

O.

Ouais non moi j’Ă©tais dĂ©jĂ  plus lĂ  effectivement j’avais perdu connaissance mais il a entendu Pumba aboyer Ă  un bon moment il m’a dit parce que du coup quand je suis rentrĂ©e de l’hĂŽpital il est venu me voir parce que du coup j’ai aussi un chat et c’est lui qui a les clĂ©s de secours de chez moi en cas d’urgence et pour s’occuper du chat et donc il est venu me voir, il m’a rapportĂ© Ă  manger, il est super sympa comme voisin. Et il m’a expliquĂ© du coup, parce que moi je n’avais aucun souvenir de ce qui s’Ă©tait passĂ©, donc il m’a expliquĂ© que pour moi ça faisait quelques minutes qu’elle aboyait dans les couloirs en fait, vraiment trĂšs Ă©nergiquement, presque Ă©nervĂ©e en fait. Il est venu la voir et elle lui a montrĂ© qu’il fallait monter. Il connaĂźt mon appartement, mais elle l’a vraiment guidĂ©e en faisant de nombreux allers-retours trĂšs Ă©nergiquement, histoire de faire comprendre que ça y urge. Et elle l’a accompagnĂ©e jusqu’Ă  moi. Et aprĂšs elle s’est posĂ©e sur moi et elle a fait que aboyer, que aboyer. Donc il m’a dit qu’il m’a dĂ©couverte inanimĂ©e au sol avec Pumba en Ă©tat d’excitation trĂšs important.

 

O.

Il a su qu’il fallait appeler les pompiers Les pompiers, une fois arrivĂ©s sur place, ont appelĂ© le SAMU.

 

E.
  1. Non, mais c’est intĂ©ressant aussi de savoir parce que oui, elle a fait ce qu’il fallait, tu vois. Mais en fait, on ne sait pas ce qu’elle a fait. Enfin, toi, tu ne sais pas, en tout cas.

 

O.

Non, moi, je ne sais pas. Et c’est pour ça que je dis que mes souvenirs sont assez flous parce que finalement, le seul souvenir que j’ai, c’est que je me suis allongĂ©e sur le canapĂ© et qu’aprĂšs, quand j’y ai repris connaissance, il y avait vraiment du monde autour de moi. Et non, moi, je ne sais pas vraiment combien de temps elle a mis Ă  ouvrir la porte, combien de temps elle a aboyĂ©, etc. Tout ça, je n’en ai aucune idĂ©e. Ce n’est que pure spĂ©culation et basĂ©e sur le tĂ©moignage du coup de mon voisin qui me disait que ça faisait dĂ©jĂ  un petit moment qu’il entendait aboyer. Alors aprĂšs, il dit ce qu’on appelle un petit moment, j’en ai aucune idĂ©e. Puis bon, heureusement qu’il Ă©tait lĂ  lui aussi parce que finalement, sur tous les voisins qu’il y avait dans ma rĂ©sidence, il n’y en a qu’un seul qui est venu. Mais bon, heureusement qu’il Ă©tait lĂ .

 

E.

Et je me demandais, tu nous as parlĂ© un petit peu aussi des choses exceptionnelles, plus ou moins exceptionnelles en tout cas, selon comment on regarde ça, que tu fais avec Pumbaa. Je demande toujours un petit peu s’il y a des lieux oĂč tu es un ou des lieux oĂč tu es allĂ© avec Pumbaa oĂč tu ne serais jamais allĂ© avant. Alors tu nous as parlĂ© de ta rando, tu nous as parlĂ© de San Sebastian et de Bilbao oĂč tu es partie toute seule. C’est important avec Pumbaa, mais solo en tant qu’humaine. C’est important de le prĂ©ciser. Est-ce qu’il y a d’autres lieux ? Nous, quand on s’est croisĂ©s, c’Ă©tait un joli lieu dĂ©jĂ  aussi.

 

O.

GrĂące Ă  Pumba, j’ai pu visiter l’hĂŽtel de ville de Paris quand mĂȘme.

 

E.

Exactement.

 

O.

Ce n’est pas un endroit oĂč je serais allĂ©e puisque j’habite Ă  Bordeaux. Donc Paris, ce n’est pas vraiment proche de chez moi. J’ai visitĂ© un magnifique hĂŽtel de ville. Bien sĂ»r, je voyage, mais grĂące Ă  Pumba, finalement, je rencontre des personnes que je n’aurais pas rencontrĂ©es forcĂ©ment dans la vie de tous les jours. Par exemple, notre rencontre ne se serait probablement, en tout cas peut-ĂȘtre, pas faite si je n’avais pas eu Pumba. C’est le cas de plein de binĂŽmes anti-chiens. C’est aussi le cas de belles rencontres dans la rue. J’ai rencontrĂ© une dame qui est famille d’accueil pour les reproductrices des chiens guides de Paris, par exemple. VoilĂ , j’aurais jamais pu la rencontrer si j’avais pas eu Pumba. VoilĂ , ça fait partie des petites rencontres. Mais en termes de lieu, je dirais que le lieu le plus magnifique quand mĂȘme, ça reste l’hĂŽtel de ville de Paris.

 

E.

Oui, et puis t’es montĂ©e sur la scĂšne et tout.

 

O.

On a fait une belle remise officielle, puisqu’en du coup Pumba m’avait Ă©tĂ© remise en janvier. Mais on avait Ă©tĂ© invitĂ©, on a fait partie en tout cas des duos invitĂ©es cette annĂ©e-lĂ , pour une remise officielle Ă  l’hĂŽtel de ville de Paris, devant tout le monde. Chose… TrĂšs impressionnante et puis ça reste un magnifique souvenir qui ne se reproduira pas et c’est incroyable, ça fait partie des choses incroyables dans notre aventure, c’est sĂ»r.

 

E.

Bon, je vois que le temps tourne et je me permettais de m’orienter vers la petite question de fin que je pose Ă  chacun de mes invitĂ©s, c’est quel est ton pire et ton meilleur moment, en commençant par le pire pour finir sur le meilleur, avec Pumba ?

 

O.

Alors, le pire moment, Je dirais plutĂŽt que c’Ă©tait un moment trĂšs gĂȘnant pour moi. C’Ă©tait au tout dĂ©but de notre relation. On Ă©tait dans un magasin d’huile essentielle. Pumba, nickel, elle se couche. J’Ă©tais en fauteuil roulant Ă©lectrique et le magasin Ă©tait assez Ă©troit. Pumba se couche, je fais ma petite sĂ©lection et lĂ , il y a un vendeur qui arrive par derriĂšre pour caresser Pumba. Pumba se lĂšve d’un seul coup Ă  ses surprises, ce qui est normal puisqu’elle ne l’a pas vu arriver. Et puis aprĂšs, toute contente d’ĂȘtre caressĂ©e. Parce que Pumba, il faut savoir que c’est une chienne trĂšs sociable qui adore l’humain et du coup trĂšs Ă©nergique. Donc, qu’est-ce qui s’est passĂ© ? Il l’a caressĂ©e, elle Ă©tait super excitĂ©e. RĂ©sultat, sa queue a renversĂ© deux rayons d’huile essentielle. Donc, j’Ă©tais extrĂȘmement gĂȘnĂ©e. Alors, je n’en ai pas voulu Ă  Pumba parce que pour moi, je pars du principe que ma chaĂźne n’a pas fautĂ© Ă  ce niveau-lĂ . Elle a Ă©tĂ© dĂ©concentrĂ©e, elle avait un bon comportement, elle Ă©tait couchĂ©e et calme. Donc elle a Ă©tĂ© dĂ©concentrĂ©e par le vendeur. Alors on n’a pas eu de soucis parce que du coup, il s’est excusĂ©, il a bien compris que c’Ă©tait sa faute.

 

O.

Mais j’Ă©tais quand mĂȘme extrĂȘmement gĂȘnĂ©e parce que tout est tombĂ© par terre et qu’il y a des choses qui ont Ă©tĂ© cassĂ©es. En plus, c’Ă©tait sur un support de vitrine en verre qui lui-mĂȘme est tombĂ©. C’Ă©tait au dĂ©but en plus, donc j’Ă©tais gĂȘnĂ©e et puis j’Ă©tais un peu agacĂ©e du fait qu’elle Ă©tait tout le temps caressĂ©e et que cette fois-ci, le fait de l’avoir caressĂ©e et donc dĂ©rangĂ©e, alors qu’elle avait un bon comportement initialement, a crĂ©Ă© une mauvaise situation. Ça fait partie des pires moments.

 

E.

J’essaie d’imaginer le fracas.

 

O.

C’Ă©tait horrible.

 

E.

Et en mĂȘme temps, comme tu dis, c’Ă©tait pas de sa faute. C’est de sa faute parce que c’est sa queue qu’a touchĂ©, mais en mĂȘme temps, le comportement initial Ă©tait le bon.

 

O.

Oui, c’est ça en fait. Elle Ă©tait tellement bien, sĂ©rieuse, couchĂ©e, parfaite. et elle a Ă©tĂ© dĂ©rangĂ©e par quelqu’un qui pensait pas mal faire, on est bien d’accord, mais c’est toujours comme ça, le problĂšme, c’est qu’il pense pas mal faire, mais en fait, il dĂ©concentre un chien qui a un super comportement, parce qu’elle a Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e pendant deux ans pour avoir ce comportement-lĂ . En une fraction de seconde, ça a Ă©tĂ© complĂštement un carnage dans le magasin, donc elle a tout renversĂ©. VoilĂ , voilĂ . J’Ă©tais rouge, j’Ă©tais mal Ă  l’aise.

 

E.

Et le meilleur pour la fin ?

 

O.

Pour moi, le meilleur moment, c’est les moments que j’adore le plus avec elle, c’est nos dĂ©tentes. C’est quand on part Ă  l’ocĂ©an, quand Pumba me regarde les yeux dans les yeux et qu’elle attend que je lui dise « fini ». Et lĂ , elle court tout droit vers l’ocĂ©an, elle saute dans les vagues. AprĂšs, elle revient vers moi en courant et elle fait des tours. Finalement, c’est quand elle est en dĂ©tente, c’est quand on part en forĂȘt ou Ă  l’ocĂ©an ou en campagne, peu importe, et qu’elle est une simple chienne et que je vois le bonheur qu’elle a de courir, de sentir, d’ĂȘtre une simple chienne. VoilĂ , ça fait partie, je trouve, des moments les plus magnifiques dans notre aventure aussi, parce que j’aime la voir… Alors, elle est extra dans son travail, c’est pas ça, mais c’est que j’adore la voir en tant que simple chienne, et profiter aussi de sa vie de chienne avant tout, en fait. Parce que ça reste un chien avant d’ĂȘtre une aide. Et ça, pour moi, c’est quelque chose de trĂšs important, et ce pour lequel je mets un point d’honneur Ă  expliquer aux gens que non, ce n’est ni un objet ni un robot, c’est un chien avant tout, que mĂȘme certifiĂ©e, elle peut faire des erreurs, ça peut arriver.

 

O.

Il faut avant tout qu’elle soit bien dans ses pattes pour pouvoir m’aider chaque jour.

 

E.

Ben oui, c’est un travail permanent et il ne faut pas qu’elle soit en stress comme tu disais au dĂ©but oĂč elle ne comprenait pas trop quoi faire avec tes hippos, tes comportements hippos. LĂ , vous ĂȘtes bien habituĂ©s, vous ĂȘtes bien, enfin oui, vraiment apprivoiser l’une l’autre aussi parce que Chacun, chacune doit comprendre le comportement de l’autre pour ne pas ĂȘtre en stress permanent. Et ça, c’est ce qui est facilitĂ© par son Ă©ducation et c’est ce qui est mis en place grĂące Ă  l’Ă©ducation en tout cas. Et puis grĂące Ă  ton Ă©ducation Ă  toi quand tu es en stage. Parce qu’en fait, on dit stage, mais en fait, on t’Ă©duque Ă  bien te comporter avec ton chien. Enfin voilĂ , c’est dans les deux sens. C’est une relation de respect mutuel.

 

O.

C’est ça, on apprend Ă  lire notre chien, Ă  soubir tous leurs besoins en prioritĂ©. Ă  faire attention Ă  eux, Ă  vĂ©rifier qu’ils sont en bonne santĂ©, qu’ils n’aient pas de surpoids, etc. À ce qu’ils soient heureux de nous aider. Et aprĂšs, on apprend le cĂŽtĂ© technique, mais on apprend en prioritĂ© qu’est-ce qu’un chien. Tout le bien-ĂȘtre animal, c’est hyper important. Surtout qu’aujourd’hui, je trouve que c’est vraiment quelque chose de trĂšs important. Les mentalitĂ©s changent envers l’animal en 2024 et le bien-ĂȘtre est de plus en plus pris en compte. Et c’est quelque chose qui doit ĂȘtre, je pense, plus mis en avant dans les chiens d’aide, parce que les gens pensent beaucoup travail, travail, travail, alors que non, finalement, oui, elles m’aident au quotidien, mais elles passent beaucoup plus de temps, finalement, Ă  ĂȘtre juste Ă  cĂŽtĂ© de moi et ĂȘtre Ă  une simple chienne et courir avec ses congĂ©nĂšres pour m’aider, ce qui est normal.

 

E.

Ça, je me rappelle toujours que de nombreuses fois, ou dans le mĂ©tro Ă  Paris, quand j’avais des Ă©lĂšves chienguides Ă  mes cĂŽtĂ©s, Les gens Ă©taient lĂ  en mode, oh, il travaille, le pauvre et tout. DĂ©jĂ , non, il ne faisait pas un sourire dans le mĂ©tro, mais j’avais envie de dire, regardez les autres gens dans le mĂ©tro, il n’y a personne qui sourit. Enfin, Ă  part si t’Ă©coutes un truc cool ou que tu penses Ă  un truc sympa, tu vois, mais tout le monde n’est pas avec l’isigomatique tirĂ©e au max tout le temps et c’est normal. Et le chien, c’est pareil. Puis oui, les gens qui disent qu’il travaille, oui, enfin, il travaille, il joue dĂ©jĂ  principalement. Puis il passe toute la journĂ©e avec nous, comme tu disais. Qui ne voudrait pas passer toute la journĂ©e avec son maĂźtre ou avec son chien, puisque c’est dans les deux sens ?

 

O.

C’est vrai qu’on pense que les chiens sont prĂ©cĂ©dentarisĂ©s de nos jours, mais Ă  la base un chien c’est sa vie, sa course, ça bouge toute la journĂ©e en fait. C’est pas censĂ© rester enfermĂ© 8-10 heures par jour entre 4 murs de la maison, aussi grande soit-elle, mais Ă  attendre son maĂźtre qui rentre du travail. Donc c’est vrai que moi je trouve que finalement c’est trĂšs bien comme ça. Elle bouge, elle rencontre des choses incroyables, elle voit Ă©normĂ©ment de congĂ©nĂšres et je pense que je peux dire qu’elle est heureuse dans sa vie de chienne. et aussi heureuse de m’aider chaque jour.

 

E.

Ça se voit dans ce que tu partages. Et puis lĂ , on ne te souhaite que le meilleur pour la suite, mais je crois que tu fais un petit voyage en septembre, un petit pĂ©riple un petit peu initiatique oĂč tu retournes dans les pas de son Ă©ducation rĂ©elle puisque tu vas en Bretagne, et notamment rencontrer, enfin revoir en tout cas le Centre Andichien, re-rencontrer les bĂ©nĂ©ficiaires avec qui tu Ă©tais, je crois, voilĂ , pendant le stage, pendant votre Ă©ducation Ă  vous en tant que bĂ©nĂ©ficiaire. Mais en tout cas, on ne te souhaite que le meilleur pour la suite et un super voyage en septembre. On suivra tout ça sur les rĂ©seaux sociaux. Et puis merci Ă  toi d’avoir partagĂ© encore et encore. Moi, j’apprends toujours.

 

O.

Merci Ă  toi, Estelle, pour ce super podcast. Moi, j’aime bien l’Ă©couter et j’apprends plein de choses sur l’univers des chiens guides, parce que certes, j’ai une chaĂźne d’assistance, mais moi, j’ai toujours en premier, ce que j’ai connu, c’est les chiens guides, parce qu’il y a une Ă©cole de chiens guides amĂ©ricaine, donc juste Ă  cĂŽtĂ© de Bordeaux. Et je dĂ©couvre toujours de beaux duos, mais aussi les coulisses, on va dire, d’une remise de chiens guides, de l’Ă©ducation, les familles d’accueil. Et ça, c’est grĂące Ă  ton podcast.

 

E.

Merci. Écoute, on se dit Ă  trĂšs bientĂŽt. Je ne sais pas quand, je ne sais pas oĂč, on verra. Mais en tout cas, merci pour ton temps et puis Ă  bientĂŽt et une bonne caresse Ă  Pumba. Je vois juste sa petite patte qui est lĂ  en train de se faire caresser sur le cĂŽtĂ© du lit. Je pense que tout va bien pour elle, je rassure les auditeurs. Je pense que tout va bien. À trĂšs bientĂŽt en tout cas.

 

O.

À bientît Estelle.

 

E.

Et voilĂ , c’est la fin de cet Ă©pisode, j’espĂšre qu’il vous a plu ! Et si vous voulez en savoir plus sur les chiens pour jeunes diabĂ©tiques comme l’a dĂ©veloppĂ© naturellement Pumba, je vous conseille de dĂ©couvrir l’histoire de Romain de l’épisode 23 et Naya, sa chienne d’assistance formĂ©e  par Acadia, et son rĂŽle dans le quotidien son maĂźtre jeune diabĂ©tique de type 1.

 

De mon cĂŽtĂ©, je vous dis Ă  bientĂŽt pour le prochain Ă©pisode non pas sur l’univers mĂ©connu des chiens guides d’aveugles, mais pour une rediffusion d’unhors-sĂ©rie de l’étĂ© sur les chiens d’assistance


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