Découvrez les challenges quotidiens de Marina, chargée de communication à la Fondation Frédéric Gaillanne. Communiquer pour une école de chiens guides est un vrai défi avec différents publics à toucher, mais surtout différents messages à délivrer ! Marina nous confie comment elle relève ce challenge de sensibilisation du public et souligne l’importance des bénévoles et familles d’accueil dans la communication.

Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.
Salut à tous, je m’appelle Estelle et je suis passionnée depuis toujours par les chiens guides d’aveugles. Bénévole pour cette cause à Paris depuis des années et aujourd’hui à Lyon, j’ai lancé le podcast Seuture Chien Guide, étant persuadé que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu par tous afin que chacun puisse y trouver sa place. Mais savez-vous que seuls 1% des déficients visuels sont accompagnés d’un chien-guide ? Alors, pour mieux comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi pour découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée, je vous partage deux fois par mois mes échanges avec un invité issu de cet univers, maître de chien-guide, bénévole et tant d’autres. Pour en savoir encore plus, n’oubliez pas de vous inscrire à ma newsletter mensuelle pour découvrir les coulisses du podcast, les actualités des chien-guides et bien sûr, des nouvelles de mes invités. Et avant de passer à l’épisode du jour, je voulais vous souhaiter à tous une très belle année 2024. Que vos projets s’accomplissent dans la joie et les rires entourés de toutou. Pour commencer cette nouvelle saison en beauté, quoi de mieux que de découvrir les dessous de la communication d’une école de Shanguids ?

E.
Comment faire passer les bons messages ? Quels sont les principaux défis des écoles de Schengen face au grand public ? Comment jongler avec les communications de papier à l’heure des réseaux sociaux. Pour vous, je me suis rendu à la Fondation Frédéric Gaillanne pour échanger avec Marina, leur chargée de communication qui m’a passionnément confié ce challenge au quotidien. Et maintenant, place à l’épisode.

M.
Bonjour Marina.

E.
Bonjour Estelle. Merci de m’accueillir aujourd’hui à la Fondation Frédéric Gaillanne pour un enregistrement pour cette saison 2024. Je suis ravie, en tout cas, d’être là.

M.
Moi aussi. Je suis ravie que tu sois là.

E.
Écoute, est-ce que pour commencer, tu peux te présenter ?

M.
Oui, moi, c’est Marina. Je suis responsable de la communication de l’organisation des événements à la Fondation Frédéric Gaillard, la seule école en Europe à éduquer et offrir des chiennes guides aux enfants aveugles et malvoyants.

E.
C’est un beau programme. Est-ce que pour un peu nous en dire plus sur toi, tu pourrais te décrire en trois mots, me donner trois mots qui te représentent et trois mots qui représentent les chiens que tu côtoies.

M.
Ouh là là ! Tu aurais dû m’envoyer les infos avant que notre travail.

E.
J’inaugure ma question 2024. Je travaille ça.

M.
Tu m’as dit trois mots pour me décrire, c’est ça ? Et trois mots pour décrire les chiens que je côtoie ? On va commencer par les chiens, ça va être plus simple. Les chiens, on va dire nounours. Les chiens qu’on a à la fondation, c’est vraiment des boules d’amour. On ne peut pas faire plus plus adorable que ces chiens-là. Je dirais bienveillant aussi et joueur. Très joueur. Voilà, joueur. Et pour moi, je dirais perfectionniste. C’est dit perfectionniste, je dirais aussi exigeante et enfin passionnée.

E.
Écoute, trois mots qui, d’après notre connaissance mutuelle, te reflètent assez bien. Je ne connais pas la carte perfectionniste, mais tu nous en diras plus. Et tu nous parlais de ton rôle au sein de la fondation. Est-ce qu’on peut revenir au tout début de l’histoire, à ta première rencontre avec les Chiennes Guides ? Comment ça s’est passé ? Est-ce que tu connaissais les Chiennes Guides ? Comment tu es arrivé à ce poste-là aujourd’hui ? Si on rembobine un petit peu tout ça.

M.
Alors, c’est un pur hasard, mais c’est un bel hasard. C’est-à-dire que déjà de base, je ne suis pas du sud, je suis de Normandie et j’ai atterri ici par un stage que j’ai fait quand j’étais en bachelor, qui s’est très bien passé à Cavaillon. Et en fait, au fur et à mesure des années, je venais pour un événement bien précis qui s’appelle le Grand Prix des personnalités, qui était sur Avignon et ensuite sur l’île, sur la Sorgue. Et je revenais tous les ans. Quand je n’avais pas de stage à cette période-là, l’agence événementielle me prenait en CDD pour que je puisse travailler dessus. Et après, dernier stage de master, j’ai atterri à Salon de Provence. Mais pareil, il y avait toujours un lien. C’était la femme de Gilbert, qui tenait cette agence événementielle, qui, elle, travaillait dans cette boite sur Salon de Provence, qui m’en a parlé. J’ai atterri là-bas, je suis restée. Et il s’avère que j’ai voulu changer un petit peu d’horizon et donc j’étais au chômage. Je cherchais un nouveau travail et je un marché de travail qui avait du sens. C’est quelque chose qui me manquait cruellement dans mon ancien boulot.

M.
Il faut savoir que je suis team chien depuis toujours. C’est vrai que c’était vraiment un plus quand on m’a proposé ici, parce que c’est l’environnement rêvé pour la folle d’animaux comme moi. Et donc, au détour d’une conversation, justement, avec Gilbert, mon ancien patron, il y a plus de 10 ans maintenant, il me parle de cette fondation et il me dit: Tu ne te souviens pas, sur la dernière année de l’événement, ils étaient partenaires. Je dis: J’ai dû traiter avec eux, je ne comprends pas, ça, je ne m’en souvient pas. Il me dit: Si, tu ne te souviens pas, Frédéric, il est comme ci, il est comme ça. Non, je ne voyais pas. Il me dit: Il me semble qu’il cherche quelqu’un à la com, ça t’intéresse. Je dis: Écoute, go, Je me fais passer mon CV, je vais en apprendre plus. Et donc j’arrive ici pour un entretien et ça matche de suite avec Frédéric Gaillanne. On s’entend très bien, on avait les mêmes objectifs, en tout cas. Je suis submergée J’ai d’émotion par le projet de la fondation. Vraiment, c’est un coup de cœur.

E.
Tu connaissais un peu les chiennes guides ou pas du tout ? Du tout.

M.
Et j’étais pas du tout familiarisée, en plus, avec le handicap visuel. Je n’avais jamais côtoyé de personnes déficientes visuelles. C’était vraiment quelque chose de tout à fait nouveau pour moi. Et j’ai atterri ici très rapidement. On a fait l’entretien, je crois qu’une semaine après, on me disait que c’était bon. Et la semaine suivante, on me disait: Tu commences.

E.
C’était en quelle année tout ça ?

M.
C’était il y a quasiment trois ans maintenant. Et écoute, j’adore ce que je fais. C’est un beau projet, c’est une belle cause, c’est du concret. C’est ça aussi qui me change beaucoup de mon ancienne job. C’est-à-dire que là, tout ce que tu fais, tu sais que tu le fais pour des bonnes raisons. Et surtout, tu vois le changement, l’impact qu’a le chien sur l’enfant. Et ça, c’est la meilleure des motivations.

E.
Oui, parce que quand tu es arrivé, il y avait quoi qui était en place sur la communication et c’était quoi les nouveaux challenges pour toi ?

M.
Il y avait beaucoup de challenges, puisque la fondation est quand même assez récente, le projet de la fondation date de 2003, mais la fondation a vu le jour en 2008, sous une association, et ensuite fondation en 2014. Et la communication, il n’y avait encore rien de très précis de fait, puisque c’était un poste qui était uniquement fait par des alternants jusque-là. Il y avait une alternante qui était en place quand je suis arrivée et là, qui est parmi nous aujourd’hui. Et donc moi, je suis arrivée et l’idée, c’était que je puisse un petit peu plus professionnaliser ce qui avait déjà été mis en place Et donc, il y avait tout à faire. Parce qu’il y avait plein de petites actions par ci, par là qui avaient été faites, mais il n’y avait pas encore de réelle stratégie mise en place. Donc, ça a été vraiment la première étape, c’était de faire un peu l’état des lieux de ce qui avait été mis en place. Qu’est-ce qu’on avait besoin ? Qui est-ce qu’on voulait toucher ? Quels étaient les objectifs ? Et puis ensuite, dérouler le plan d’action.

E.
Du coup, tu avais plein de challenges en arrivant. C’est vrai que dans le podcast, on n’a pas abordé cette partie communication encore. Et en venant ici, en discutant avec toi, je me suis Il faut absolument que tu passes à mon micro. En fait, tout ce qu’on voit des écoles, il y a les familles qui communiquent, mais il y a aussi un peu de coaching selon les écoles pour dire comment un peu communiquer et pour les aider. Du côté des bénéficiaires aussi, je sais qu’à la Fondation, ça fait partie aussi de vos missions Mais c’est vrai qu’on entend beaucoup de choses. Il y a les newsletters, il y a les infos et derrière, il y a une vraie stratégie de com. Aujourd’hui, si tu devais définir un petit peu votre stratégie, c’est quoi vos principaux canaux de communication ? C’est quoi ce que vous souhaitez développer ? Et c’est quoi l’objectif de la communication ? Est-ce que c’est remettre plus de chien ? Est-ce que c’est avoir plus de don ? Ou est-ce que c’est juste se faire connaître ? C’est peut-être un mélange de tout ça, tu viens de dire.

M.
C’est ça. On a deux objectifs principaux. Le premier, ça va être la notoriété. Du fait qu’on se noie à la seule école en France et en Europe, c’est vrai qu’on a un public qui est très, très large. Et en fait, aujourd’hui, on a encore très peu de familles qui sont au courant de notre existence. Donc, c’est vraiment un des objectifs principaux que l’on a, c’est pouvoir nous faire connaître auprès de tous les futurs possibles bénéficiaires. Et ensuite, en effet, le nerf de la guerre, à collecter des fonds. Comme toutes les associations de Chien Guide, on ne vit uniquement que de dons, donc il faut qu’on puisse communiquer pour pouvoir attirer de nouveaux donateurs vers nous et puis fidéliser aussi ce qu’on a déjà.

E.
Et en termes de canaux de communication, c’est quoi votre stratégie ?Papier, plus papier ?C’est.

M.
Un peu de tout. Quand je suis arrivée, c’était principalement papier, avec un bulletin de générosité qui était envoyé deux fois par an et une petite carte de vœux. Et ensuite, il y avait un petit peu de communication sur les réseaux par ci, par là. L’idée quand je suis arrivé, c’était déjà de remettre un peu tout à plat Donc, on a essayé de ce qui était déjà en place, de le professionnaliser un petit peu plus et ensuite d’aller plus loin. Donc, par exemple, sur les réseaux, c’est vrai qu’on a une position aujourd’hui sur les réseaux qui est quand même beaucoup plus marquée qu’avant. On s’est mis à l’algorithme, on s’est mis à faire des vidéos, beaucoup de vidéos. Ça, c’est sûr, on a énormément de vidéos, que ce soit sur Instagram, sur YouTube, sur Facebook. On s’est mis aussi à faire un petit peu de sponsorisation, par exemple, ce qu’on ne faisait pas du tout avant. Et pour tout ce qui est papier, on s’est un peu plus développé aussi, c’est-à-dire qu’on va, par exemple, en plus du bulletin de générosité qui est aujourd’hui beaucoup plus unique. Chaque bulletin de générosité est unique, on le retravaille à chaque fois.

M.
On va aussi l’accompagner d’une revue, un peu comme un magazine, qui va reprendre toutes les actualités. Il y en a deux par an, donc on va dire un par semestre, qui va reprendre de, notamment, tous les portraits de nos bénéficiaires qu’il y a eu dans le semestre, de nos chiens, des activités mis en place et manifestations par nos délégations. Et on va toujours faire un petit focus pour en apprendre un peu plus, soit sur la déficience visuelle, soit sur les chiens guides en général. Et ça, c’est vraiment des destinations, on va dire, des personnes qui n’ont pas les réseaux et qui, justement, souhaitent aussi en savoir un peu plus. C’est vrai que ça permet d’avoir des informations concrètes pour toutes les personnes qui ne sont pas trop connectées.

E.
Oui, ou même qui ont loupé des infos. Exactement. On a beau être connecté, on manque des postes. Comme tu disais, l’algorithme ne nous donne pas tout le temps tout à regarder. Donc c’est hyper important aussi d’avoir ce magazine qui va avec. Donc oui, gros challenge de réorganiser un petit peu tout ça, d’être sur les deux tableaux. Parce que la particularité de l’école, comme tu le disais, c’est qu’on est dans une association qui a une vocation géographiquement à être sur toute la France, même sur toute l’Europe. Mira Europe, Mira France ont été les noms de la fondation avant. Et donc, vous avez des bénéficiaires aussi au-delà des frontières françaises qui viennent faire une classe de remises ici. Et avant qu’ils viennent, il faut bien se faire connaître. En termes de communication, justement, est-ce qu’on en parlait ce matin quand j’ai visité la fondation, vous me parliez des relations un petit peu que vous aviez avec les différents centres qui peuvent accueillir ces adolescents ou ces jeunes futurs éventuels bénéficiaires. Là-dessus, il y a une communication particulière qui est faite auprès de ces des instituts ou ça se fait par les éducateurs au fur et à mesure des classes de remises ?

E.
Comment vous vous organisez ?

M.
Ça, c’est quelque chose qui se fait au fur et à mesure. On n’a pas de personne dédiée pour le moment qui s’occupe de ce type de communication. On va avoir le pôle enfants qui est représenté par Chantal, qui est directrice du pôle enfants, mais aussi co-directrice générale de la fondation, et Christelle, son assistante, qui vont se mettre en relation avec différents centres d’accueil de déficience visuelle en France. L’idée, c’est de leur exposer un petit peu notre projet, les faire venir à la Fondation pour qu’ils se rendent compte, parce que beaucoup ont ce vieil a priori de: Les enfants sont trop jeunes, ils ne sont pas assez responsables, ils ne sont pas assez autonomes. Nous, ce qu’on veut, c’est vraiment leur montrer ce qu’on fait, que ce soit concret et que si on arrive à les décider, à ce qu’eux aussi soient convaincus du projet, automatiquement, ils vont parler de nous auprès des familles qui les accompagnent et potentiellement, on peut avoir des enfants qui ne sont pas au courant de cette possibilité, qui sont gênés par la canne. Parce que c’est vrai que ce qui revient régulièrement par nos bénéficiaires, c’est que la canne, ça éloigne.

M.
Le but du jeu de la canne, c’est de cogner pour pouvoir voir qu’il y a un obstacle. Et en fait, beaucoup ont peur de cogner leur camarade, beaucoup ont peur de faire mal à quelqu’un. Et donc, ils se renferment sur eux, beaucoup sont déscolarisés. Et donc, c’est vrai que l’arrivée du chien, c’est incroyable chez le jeune, vraiment, nous, on le voit entre le premier stage découverte, la classe de remise ou même le premier jour de la classe de remise et le dernier jour de la classe de remise. En général, ce n’est pas les mêmes enfants.

E.
Oui, carrément. Et on en parlait, du coup, pour revenir un petit peu sur les différentes étapes pour avoir un chien en tant que jeune pour la Fondation Frédéric Gaillonne. C’est vrai que j’en ai beaucoup parlé. On ne va pas développer aujourd’hui à nouveau tout ça, mais j’encourage du coup les auditeurs à retourner écouter l’histoire de Bérénice et d’Opium dans l’épisode de 28. Bérénice, cette heure en plus, la bénéficiaire de votre 100ème Chien Guide.

M.
C’est ça, avec son beau opium.

E.
Voilà. Il y a aussi Anaïs et Mozart, que j’ai eu l’occasion d’avoir dans ma vie professionnelle en stage pour les chèvres. Et puis, à mon micro, cette même semaine, pendant qu’elle était en stage avec moi dans l’épisode 35. Et dernièrement, j’ai aussi eu Marine et Odor, que je vais croiser cet après-midi. Dans l’épisode 43, qui nous ont parlé justement de ces différentes étapes entre la stage découverte, l’après-classe, et qui nous ont raconté comment elles, elles l’ont vécu, puisque ce n’est que des filles. Mais je tenais quand même à préciser aussi qu’il y a une partie un petit peu particulière encore dans toutes les particularités de la fondation, qui est que, comme nous l’a raconté Guillaume avec Sabelle Oméga, dans l’épisode 45, vous remettez aussi des chiens à des enfants qui naviguent dans le spectre autistique. Et ça, c’est une activité un petit peu annexe au sein de la fondation, qui est aussi en marche et dans la communication. Comment ça s’organise pour vous ?

M.
C’est une activité qu’on a stoppée suite au COVID, qu’on a mis en stand-by. Ça nous demandait énormément de ressources, ressources qu’on commençait à manquer. Donc, on s’est posé la question de qu’est-ce qui nous importait le plus ? Est-ce que c’était de former des chiens d’assistance pour les enfants atteints de TSA, du trouble du spectre autistique, ou pour les chiens guides ? Et il s’avère qu’après réflexion, on a déjà des associations comme Andy Chien, par exemple, qui peuvent le faire pour les chiens d’assistance. Et nous, les chiens guides, il n’y avait vraiment personne. Donc aujourd’hui, on s’est recentrés sur cette activité-là uniquement. On n’a pas abandonné le programme pour les enfants autistes, mais pour l’instant, il est en stand-by.

E.
Ok. C’est bien aussi de savoir un petit peu que parmi toutes les orientations, comme tu dis, vous êtes déjà dans une particularité d’une particularité et du coup, de se recentrer. Aujourd’hui, ce n’est plus d’actualité, c’est Andy Chien. On en a vu d’autres témoignages sur le podcast avec Andy Chien, qui gère toujours ce genre de remises. Et vous, vous êtes resté sur cette niche un petit peu, on va dire, des enfants de moins de 18 ans. Et c’est ce que voulait Frédéric Cayenne dans l’histoire de la fondation. En tant que fondateur, lui, c’est vraiment ce qu’il voulait, c’était donner l’opportunité à ces jeunes d’avoir un chien avant leurs 18 ans.

M.
Exactement. En fait, ce que j’ai toujours entendu de la part de Fred, c’était que d’être un enfant, d’avoir ce handicap visuel, c’était une double peine. Déjà parce que vous n’y voyez pas. Donc c’était très compliqué de pouvoir aborder certaines choses dans la vie quand on est adolescent et qu’on a des soucis visuels. Et en plus de ça, on vous impose cette canne qui, comme je l’ai dit tout à l’heure, éloigne, qui est quand même très visuelle et qui, parfois, peut faire peur, notamment aux autres adolescents. On sait, c’est une période qui est quand même très compliquée où ils ne sont pas forcément tous très sympathiques les uns envers les autres. Alors que le chien, la différence, c’est que tout de suite, les gens vont être attirés par le chien avant d’être attirés par la personne. C’est un fait. Mais ça va rapprocher. C’est un vecteur de lien social qui est incroyable. On en a beaucoup qui avaient des soucis à l’école, avant même d’être déscolarisés, et qui aujourd’hui, le chien, c’est devenu un peu la mascotte. Ils ont plein d’amis parce que les gens avaient peur de leur parler, parce que peur de cette canne, peur un petit peu du handicap, etc.

M.
Le Chien, ça a été le moyen de discussion, d’entrer en conversation. Et aujourd’hui, ils ont une vie sociale qui est bien plus riche.

E.
Oui. Et toi, au quotidien, comment ça s’organise ? Est-ce que vous avez des missions un petit peu par semaine ? Là, je sais qu’il y a des jeunes qui sont sur le site depuis hier soir, qui sont arrivés pour trois semaines de classes de remises. Donc c’est vraiment le moment qu’ils attendent tous, plus ou moins stressant aussi, comme on en discutait tout à l’heure. Mais toi, comment ça s’organise ? Est-ce que du coup, il y a des grands événements ? Je pense qu’il y en a un en mois de septembre que j’ai loupé pour cette année chez vous, mais l’année prochaine, on s’est dit. Tu as un calendrier annuel. Comment tu gères ton poste de chargé de com là-dessus ?

M.
Alors, la question piège. Déjà, il faut venir au JPO l’année prochaine parce que ce sera les 10 ans de la fondation.

E.
Si il y a un moment à venir, c’est l’année prochaine.

M.
C’est vrai qu’on a des événements, on va dire, qui sont annuels, qui sont des grosses périodes où on sait que ça va être rechargé, notamment les JPO en septembre. Septembre, ça va être nos deux classes de remises, donc ça va être octobre et avril. On sait que c’est des périodes qui vont être très chargées parce qu’il va falloir à la fois couvrir les classes. En général, on essaie de faire énormément de contenu vidéo qui puisse après nous tenir sur toute l’année. Et on va avoir après plusieurs petits événements qui vont se griffer. Là, par exemple, cette année, on s’est lancé le challenge de réaliser un dîner dans le noir, un dîner gastronomique et caritatif au Palais des Papes à Avignon.

E.
J’ai vu la date, le 16 novembre.

M.
Exactement, par un chef étoilé. Ça, c’est pareil, c’est quelque chose qui ajoute un peu de piquant à mon quotidien, mais c’est des beaux challenges. Après, on va avoir aussi tout ce qui est les périodes d’appel à don. En général, ça va être courant novembre, décembre et ensuite, ça va être mai. Ça, on le sait que c’est des périodes qui sont déjà de base très chargées. Et ensuite, tu as tous les autres projets, on va dire, qui sont plus ou moins annuels, qui vont venir se greffer à ça. Donc chaque journée est différente. Ça aussi, c’est mon côté un peu persélectionniste et exigeante, c’est-à-dire que j’aime que les choses soient carrées et en même temps, pour faire un boulot comme le nôtre, il faut que ce soit carré, parce que sinon, tu as tellement de possibilités que tu t’y perds.

E.
Et les chiens dans tout ça ?

M.
Les chiens, ils se sont ressentent de tout.

E.
Tu les vois au quotidien ? C’est ça. Tu les prends en photo au quotidien ?

M.
Absolument. Ils viennent dans mon bureau. Oui, ça, c’est le petit côté plaisir du travail. C’est que je suis au contact des chiens quasiment tous les jours, qu’on essaie aussi que les salariés à la fondation soient famille d’accueil relaie. On a très régulièrement des chiens chez nous. Toi aussi. Moi aussi. Notamment, il y a un chien qui est proposé sur cette classe que j’ai eu quelques week-ends en septembre. On les a aussi dans le bureau et c’est quelque chose que moi, que j’apprécie tout particulièrement. Déjà parce que ça te rappelle dans les moments qui parfois sont peut-être un peu plus compliqués, un peu plus stressants, où tu as un peu plus de pression, ça t’apaise. Et ça te rappelle de pourquoi tu es là. Moi, c’est vraiment… J’aime les chiens, je suis admirative de ce qu’ils font, de ce qu’ils peuvent faire. C’est ce que j’ai envie de communiquer, c’est regarder ce qu’ils savent faire. Ils sont incroyables et ils méritent d’être mis en avant.

E.
Oui, donc c’est un peu la motivation. Ce que tu disais par rapport à ton ancien métier, c’est qu’il y avait peut-être moins de liens. Tu nous en as dit sans nous dire. Qu’est-ce que tu faisais avant ?

M.
Avant, j’étais responsable événementiel dans un très gros groupe français qui est leader sur tout ce qui est implantologie. Implantologie. Donc les implants dentaires. Ok. Et donc, je m’occupais de toute l’organisation de leurs gros événements en France et de tous les événements à l’international. Ok. Parce que c’est un gros groupe qui a énormément de filiales. Donc, ça veut dire beaucoup de congrès, de lancement de produits, de séminaires, ce genre de choses, de symposium. C’était un job qui était incroyablement riche, très stressant, qui était vraiment très sympa et que j’adorais. Mais c’est vrai que ça manquait de concret. Si tu veux, ça ne vend pas du rêve de dire que tu fais un événement pour vendre des implants dentaires. Tandis que faire un événement pour récolter des fonds, pour que tu vois des enfants qui ont une vie complètement changée grâce au chien, la question ne se pose même pas.

E.
La question vient de répondre, comme dirait ça. Exactement. Et justement, parmi tous ces grands moments, la JPO, on note l’année prochaine, donc dernier week-end de septembre, si tout va bien, les 10 ans. C’est ça. Comment vous vous organisez ? Parce que du coup, tu n’es pas toute seule à faire la communication. Sinon là, tu serais un peu sous l’eau quand même. On est deux. Vous êtes deux. Comment vous organisez toutes les deux ? Est-ce qu’il y en a une qui est plutôt spécialisée en création de contenu vidéo, l’autre qui poste. Comment vous faites ?

M.
C’est exactement ça. Donc moi, je vais être plutôt sur tout ce qui est stratégie rédactionnelle. Et là, elle va être plutôt sur tout ce qui est contenu photo et vidéo. C’est quelque chose sur lequel elle excelle et qui, moi, m’intéresse un petit peu moins. Et à l’inverse, tout ce qui est rédactionnelle, par exemple, c’est quelque chose où elle pêche un petit peu et que moi, j’adore. On est assez complémentaires, on se répartit bien les tâches et tout ce qui est événementiel aussi que j’ai gardé.

E.
Oui, quand même C’est mon petit truc d’avant. C’est ça. Oui, et donc Ella, moi, je l’ai quand même vue à l’accueil aussi. Ce matin, elle m’a dit: Désolée, j’ai eu un petit coup de fil. Mais en même temps, elle gère aussi les appels au niveau de l’accueil. Donc, elle est aussi multicasquette comme il faut l’être dans ces petites associations quand même.

M.
Exactement.

E.
Parce qu’au niveau de la fondation, il y a combien de salariés ?

M.
Aujourd’hui, il me semble qu’on est 16 salariés. On est une petite équipe vis-à-vis des autres écoles. Et justement, quand je suis arrivée, l’idée, c’est d’avoir qu’une seule personne à la communication. Et en fait, j’avais demandé à garder Ella avec nous parce que je trouvais qu’elle avait des qualités que moi, je n’avais pas forcément et qu’on était très complémentaires toutes les deux. Sauf qu’en termes de ressources, c’était compliqué d’avoir deux personnes à la communication. Et vu qu’il y avait un poste qui se libérait à l’accueil, l’idée, c’était justement de faire double casquette, aller à la fois assistante administrative et à la fois chargée de communication.

E.
Parfait. Et là, et là.

M.
Exactement.

E.
Je me demandais si dans toute cette aventure, un petit peu, il y avait des choses que tu avais découvert, parce qu’au final, tu ne connaissais rien des chiens guides. Non. Comment on débarque dans ce milieu ? Alors moi, c’est bizarre, on en discutait tout ce matin. Moi, ça infuse depuis le collège. J’ai un peu grandi avec cette idée d’y avoir ma place quelque que je pense avoir trouvé, même si ça va encore se compléter cet automne. Comment se crée sa place ? Comment on arrive dans ce milieu des chiens guides ? Et qu’est-ce qu’on découvre quand on arrive ? Qu’est-ce que sont les choses qui t’ont un peu surpris dans le bon, dans le positif, dans le négatif ? Des choses que tu n’imaginais vraiment pas avant d’être là, au milieu de cette fondation, en tant que chargé de com’ ?

M.
Déjà, tu te prends une claque. La première fois que tu mets le pied dedans, je trouve que tu te prends une vraie bonne claque qui te remet les idées un peu en place sur qu’est-ce qui est important dans ta vie ou pas. Nous, notre système de classes de remises, deux fois par an pendant trois semaines, ça nous permet d’être vraiment en immersion avec ces jeunes pendant trois semaines, où tu apprends à les connaître, tu apprends à avoir aussi la différence au quotidien de qu’est-ce que va leur apporter leur chien. En fait, encore une fois, tu te reprends une claque. C’est systématique, de toute manière. Je suis émerveillée à chaque classe sur à quel point ces enfants ont de la résilience à quel point ils sont incroyables. Ils voient généralement toujours la vie du bon côté. Ils ont des sens qui sont incroyablement développés en dehors de la vue. En fait, ils t’épatent. Et aux côtés des chiens, c’est comme si c’est le petit bourgeon, ça y est, il devient fleur. Ils ont leur plein potentiel. Et c’est vraiment ça qui me motive et qui me met une claque, clairement, systématiquement. Et sinon, ce qui m’a après bien surpris quand je suis arrivé aussi, c’est tous les ordres que peuvent apprendre les chiens, par exemple.

M.
J’ai toujours su que les chiens étaient très intelligents et qu’ils aimaient ça, mais c’est vrai que vraiment, c’est quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas à cet entraînement aussi bienveillant qui a des résultats incroyables. Je veux dire, le chien, en général, quand il voit le harnais, tout de suite, il a la queue qui se met à balancer de tous les côtés, il nous fait le plumeau. Et en fait, il n’attend qu’une chose, c’est de mettre le harnais et de se mettre au travail. Et c’est vrai qu’en général, j’essaie de dire aux familles d’accueil de ne pas parler de travail parce que ça a une connotation un petit peu négative, mais en même temps, eux, ils ne le prennent pas comme un travail. Tu le vois, ils sont contents, ils n’attendent que ça. Ils veulent être avec toi, ils veulent te guider, ils veulent être présents et ils apprennent les ordres au fur et à mesure. C’est un peu comme si toi, tu as trouvé ta passion et tu veux en apprendre plus, plus, plus, plus. En fait, c’est pareil. Et ça, c’est quelque chose qui m’a Je me suis beaucoup épatée. Et encore aujourd’hui, quand je vois à quel point c’est facile pour eux d’apprendre ça et comment ils l’apprennent en plus avec plaisir, je suis épatée.

E.
Et tu disais les jeunes qui sont là aujourd’hui en classe de surmise, etc. Et du côté des chiens, comment ça se passe ? Est-ce que les chiens y passent, ils repassent ? Toi, tu en as un peu en relais. Tu en as eu beaucoup en relais ?

M.
Non, pas tant. Après, c’est un peu compliqué aussi parce que je fais un peu de télétravail. Donc, selon les périodes où il y a besoin de relais, je ne suis pas forcément tous les jours à la fondation. Donc, en général, ça va être plus le week-end. C’est quelque chose que je vais faire un peu plus prochainement, en tout cas.

E.
Tu vas t’engager plus.

M.
Voilà, voilà.

E.
Et là, à craquer, je crois.

M.
J’avais un chéri à convaincre, mais ça y est, il est convaincu.

E.
Yes, trois ans.

M.
Voilà, c’est ça. C’est un travail de longue haleine. Je les connais tous. C’est quelque chose aussi où j’essaie en permanence, en tout cas, d’être un peu en relation avec tout le monde. Je suis régulièrement présente, par exemple, sur les réunions des bénévoles de la délégation PACA. J’essaie aussi d’être au contact des familles d’accueil quand il y a des cours du chien, quand il y a des remises. En général, j’essaie toujours d’être présente, me présenter, donner mon contact pour encourager ces familles à me tenir au courant, m’envoyer des photos, m’envoyer des vidéos, ce genre de choses. Et ça me permet aussi de garder un peu un lien à la fois avec le chien, à la fois avec la famille. Et quand on est présents ici, par exemple, le déjeuner, on le fait au chenil, donc on est au contact des chiens. C’est combien de fois tu as un petit coup de blues, un petit coup de down ou je ne sais pas, tu es un peu fâché ou quoi, tu atterris dans un box pendant ta pause déjeuner et à 14h00, c’est reparti.

E.
Tu as fait la pause canine, la pause caresse, câlin, tout va bien. C’est ça. Ce n’est pas la ronronthérapie, c’est la toutout thérapie ?

M.
Oui, la ronronthérapie, je l’ai quand je rentre chez moi.

E.
Et du coup, on parlait un petit peu, j’en ai parlé un tout petit peu au début, de comment vous aidiez, vous incitiez les familles d’accueil ou les bénéficiaires à communiquer. Parce que ça, c’est quelque chose qui est assez particulier, je crois, à la fondation. Toi, tu disais à l’instant, tu leur demandes de t’envoyer des photos, de t’envoyer des retours, etc. Parce que c’est ce qui nourrit ta communication vers l’extérieur. En fait, ce n’est pas Marina qui fait la com, c’est Marina qui fait la com. Grâce à tout ce que tu as autour, tu ne peux pas créer les photos de chien, même si maintenant, on peut le faire avec l’intelligence artificielle. On pourrait, mais du coup, toi, ta base, c’est quand même les familles d’accueil et les bénéficiaires. Quel rôle vous donnez à ces deux parties d’engagées, on va dire, au sein de la fondation dans la communication ? Comment toi, tu entretiens ce lien, déjà, avec les bénéficiaires, pour commencer ?

M.
Ils sont centrales, ça, c’est un fait. Donc déjà, ce qu’on a mis en place désormais, c’est que sur chaque classe, on a un shooting photo avec une photographe animalière incroyable, Valérie Chaud-Bagnan, qu’on fait venir de sa voix, qui a pris l’habitude. Maintenant, elle vient sur chaque classe et ça nous permet aussi d’avoir un moment avec les jeunes. En général, c’est Ella et moi, plus un éducateur, qui gérons ce shooting. Et ça nous permet déjà d’expliquer aux jeunes en quoi c’est important de faire ce type de photo, en plus de la beauté des photos, etc, pour eux, pour leur famille. Parce que c’est vrai que, par exemple, pour ceux qui sont en césité totale, parfois, faire des photos, ils ne voient pas du tout à quoi ça va servir, ils ne se rendent pas compte. On essaie de leur expliquer, de les sensibiliser aussi à comment ces photos vont être utilisées, pourquoi il faut les faire ? Quel est le message qu’on va faire passer avec. C’est un petit peu ce qu’on fait aussi avec, par exemple, nos bénévoles et nos familles d’accueil. Nous, on a mis en place ce qu’on appelle le livret du bénévole. C’est un petit document où on explique un petit peu l’histoire de la fondation, l’histoire des différents stages, mais aussi, par exemple, les spécificités du logo, comment on peut l’utiliser, pourquoi il ne faut pas l’utiliser de telle manière, et par exemple, tout ce qui est comment présenter la fondation.

M.
La phrase la plus simple, c’est: La seule école en Europe pour offrir rééduquer des chiennes guides pour les enfants avec les malvoyants. Ce genre de choses, c’est quelque chose que je répète, répète, re-répète, re-répète, tout le temps, que ce soit sur les réunions des bénévoles ou après avec les familles d’accueil. Et j’essaie d’être au plus proche. Ils ont tous mon numéro de portable. Je suis joignable tout le temps, c’est un fait. Et au moins, on a du lien tous ensemble. Et c’est beaucoup plus simple quand j’ai un appel à témoignage, par exemple, que la fédération m’appelle parce qu’ils aimeraient avoir un petit témoignage, qu’ils aimeraient avoir une petite photo, qu’ils aimeraient avoir quelque chose. En général, les bénévoles, ils répondent toujours présents.

E.
Oui, et puis ce que tu dis, c’est que vous insufflez aussi l’importance d’avoir des photos, d’avoir de la communication et que ce n’est pas un rôle passif qu’ils peuvent avoir juste en passant dans la formation, en ayant un chien remis et que ce n’est pas… Après, on leur souhaite bonne route ensemble. Je crois qu’il y a aussi une particularité, c’est que vous incitez peut-être les bénéficiaires à créer une communication autour de leur nouveau binôme avec leur chien. Tu peux nous en dire un peu plus ?

M.
C’est ça. En fait, que ce soient les bénévoles, famille d’accueil et bénéficiaire, en général, j’utilise toujours le terme ambassadeur. Pour moi, ce sont eux, nos ambassadeurs en termes de communication. Il y a cette particularité où on travaille quand même en général avec des adolescents qui aiment les réseaux sociaux. Donc, ça va être quelque chose où en général, ils sont très friands de conseils, de qu’est-ce qu’ils peuvent faire comme photo de leur chien, les partager sur les réseaux, etc. Et donc c’est quelque chose où on peut nous les accompagner de temps en temps. Et on en a beaucoup qui ont créé leur petit compte Instagram sur leur chien, sur leur déficience visuelle, sur leur expérience. Et c’est vrai que je pense que c’est vraiment aussi lié au fait que ce soit des enfants qui sont en attente de reconnaissance et où là, ils peuvent être mis en avant. Le fait qu’ils aient un chien, c’est quand même assez unique. Ils ne sont quand même pas beaucoup en France à l’heure actuelle. À en avoir un chien. Et donc, ils se sentent très valorisés d’avoir réussi à parcourir toutes ces étapes. Parce qu’il ne faut pas croire, ces étapes, elles sont quand même compliquées.

M.
Si le stage découverte et l’après-glace, on peut le faire plusieurs fois, ce n’est pas pour rien. C’est qu’on leur demande quand même pas mal de choses, parce que c’est quand même très important qu’ils soient suffisamment autonomes et responsables d’eux-mêmes avant de pouvoir s’occuper d’un chien. Ici, on va leur apprendre à gérer tous les besoins physiologiques de leur chien. On va leur apprendre à récupérer leurs excréments, on va leur apprendre à avec leur chien, on va leur apprendre à comment les nourrir, comment faire attention aux parasites, ce genre de choses. Et donc eux, ils se sentent valorisés de savoir ça, ils se sentent à part et ils veulent le communiquer. Et c’est vrai que nous, on les encourage fortement, on ne peut pas dire le contraire. De toute manière, la plupart de nos bénéficiaires aujourd’hui qui font partie aussi de nos délégations en région. Ce sont des délégations un petit peu partout en France et ils vont participer à plein d’événements, des fois même trois, quatre, cinq ans après leur remise ou même venir sur nos JPO.

E.
Oui. Et puis là, on l’a vu, ce week-end, il y avait la Whoofest. Effectivement. Parce qu’on a mis octobre et il y avait quand même cinq Saint-Pierre. Oui, il y avait du monde.

M.
Il y avait du monde alors qu’on n’était pas représentés officiellement. Parce qu’on était représentés sur la Whoofest de Fly L’Ousk pendant la classe d’avril et on était représentés aussi à la WIFEST à Lyon. On était représentés là par notre délégation.

E.
Là, c’était une délégation officieuse. Exactement. Qui s’est organisée pour rejoindre la WIFEST Ça fait de la communication.

M.
C’est ça. Disons qu’ils ne sont pas passés inaperçus. C’est vrai que déjà, on a cette particularité du chien, puisqu’on est les seuls à travailler avec le Saint-Pierre. Krass, qui est venu du Canada. Morphotype, même, je devrais dire plutôt que race. Et c’est vrai que là, sur cette WhoFest, tu as cinq nounours qui arrivent, noirs et blancs, tout de suite, en plus avec les gilets. Ils ne sont pas passés inaperçus. Et c’est vrai que je remercie la WhoFest parce qu’ils ont été adorables de nous mettre aussi en avant sur leur réseau, alors qu’on y est allé de manière officieuse.

E.
Oui, mais du coup, il y avait un lien les deux fois précédentes. Le lien a été construit. Puis, quand on les voit, on n’a qu’une envie, c’est de faire des câlins et puis de prendre des photos.

M.
Absolument.

E.
J’ai eu la chance de profiter de deux d’entre eux hier soir, puisque j’étais hébergée chez une de vos bénévoles, chez Valérie. C’est vrai que quand on voit Jamy Seynaud, qu’est-ce qu’on veut faire ? Même mon Babyboy, il était conquis là-dessus.

M.
C’est ça. C’est ce que je disais tout à l’heure par rapport aux caractéristiques de ces chiens. On ne peut pas ne pas les aimer. C’est impossible. Et on en a beaucoup d’enfants qui arrivent ici, qui n’aiment pas les chiens ou du moins ne pensent pas ne pas aimer les chiens ou avoir peur des chiens. Parce que c’est vrai qu’encore une fois, nous, on ne se rend pas compte parce que le chien, on le voit, on voit comment il réagit, etc. Pour les personnes qui ne peuvent pas voir. Par exemple, ça peut être compliqué de savoir où est la tête, où est la queue. Ça peut être compliqué de se dire que le chien peut avoir des réactions qui sont imprévisibles, qu’un chien, ça bave, que ça aboie, qu’on ne sait pas pourquoi ça aboie. Et donc, on en a énormément qui arrivent ici, en général parce que leurs parents ont dit: Ça serait bien pour toi de voir peut-être le chien guide, etc. Et qui arrivent ici en nous disant: Non, moi, je n’aime pas les chiens. Ne cherchez pas. Je suis là pour faire plaisir à mes parents, mais je m’en fous. Et en fait, au bout de deux jours, Au bout de deux jours, ils sont en train de pleurer parce qu’ils ne veulent pas rentrer chez eux.

E.
Oui, c’est ce que tu nous disais ce matin, parce que moi, je n’avais pas envisagé qu’il y ait des jeunes qui viennent ici en ayant peur des chiens. Tu vois, je m’étais dit: Les jeunes qui viennent ici, ils veulent absolument un chien. C’est le rêve de leur vie. Peut-être un chien de compagnie avant tout. Et puis, au final, ils fendent une pierre deux coups. Mais un peu comme avec les chiens guides pour adultes, c’est un peu moins influençable les adultes, mais tu vas avoir des gens qui viennent se renseigner parce que tout le monde leur dit: Peut-être qu’un chien, ça t’irait bien. Et puis, des gens qui en ont marre d’entendre ça. Je sais qu’on en avait parlé dans l’épisode 40 avec mon invitée Laetitia Bernard, qui, elle, n’a pas de chien guide, elle n’a pas fait le choix de ne pas en avoir. Ça reste un choix quand même. Mais du coup, pour les enfants, c’est un choix qui peut être influencé de manière tout à fait bienveillante par les proches et les parents. Absolument. Ce n’est pas un taudis de venir ici. Quand tu dis qu’ils viennent, ils ne viennent pas pour une classe de remise pour trois semaines.

E.
Ils commencent par une immersion, ce qu’on appelle la classe découverte, pour un week-end. Et en fait, l’idée, c’est de voir avant tout Ce n’est pas de les faire direct être guidés par un chien. Je ne crois pas que ce soit l’objectif. L’objectif, c’est de voir comment eux, ils peuvent être à l’aise au contact d’un chien.

M.
Exactement, c’est ça. Et en fait, la différence aussi avec les écoles pour adultes, c’est que ça reste des enfants qui sont dans un environnement familial. Et donc, il faut que l’enfant, ce soit son choix, mais il faut que ce soit un choix qui soit soutenu par la famille. Et ça, on en a des enfants qui, justement, en effet, ont ce projet, qui attendent que ça d’avoir un chien et où leur famille n’est pas pour, par exemple, parce que leur maison est trop petite, ils vivent en appartement. Bref, pour des raisons variées. Et donc, eux, attendent qu’une chose, c’est d’avoir 18 ans pour pouvoir postuler dans une école pour adultes. Et on a des enfants qui ne se rendent pas compte de ce que peut leur apporter le chien guide parce qu’ils ont cette image très précise du chien, parce qu’ils n’ont pas forcément beaucoup côtoyé, parce que ça leur fait peur. Et où, justement, leurs parents bienveillants aimeraient que leur enfant puisse explorer toutes les possibilités qu’il peut avoir. Et donc, justement, ce matin, je te racontais l’histoire de Léana. Léana, qui nous vient de Marseille, qui est bénéficiaire depuis avril. Et Léana nous expliquait encore lors de sa remise officielle au JPO en septembre, que premier stage découverte, Marseille, l’Île-sur-la-Sorgue, elle a pleuré tout le long de la route parce qu’elle n’avait pas envie, elle avait peur des chiens.

M.
Vraiment, elle ne le faisait que parce que sa mère avait insisté. Et puis, elle est arrivée ici. Le premier truc qu’elle a dit à Anthony, notre éducateur, c’est ne cherche pas, je n’en veux pas, j’en ai peur, ça aboie, c’est sale, ça bave. Moi, vraiment, je ne veux pas de chien. Et Anthony lui a dit: Écoute, pas de souci, tu en as peur, je le comprends, on va y aller doucement. Et puis on va voir si au bout de deux jours, tu as toujours cette appréhension ou pas. Et puis, les deux jours se sont passés. Il me semble qu’elle a même fait dormir un chien dans sa chambre le soir même. Beaucoup ne le font pas en stage découverte. Et quand elle est repartie de ce stage découverte, elle a pleuré tout le long de la route lit sur la Sorgue-Marseille parce qu’elle ne voulait plus partir. Et là, elle a dit à sa mère: Je veux un chien. Je veux un chien. Et elle est revenue en stage découverte en pré-classe. Et son souhait s’est affirmé. C’était un choix qui était soutenu par les parents. Et c’est quelque chose qui est très important pour nous.

M.
Il ne faut pas que ce soit qu’un projet du jeune. Il faut que ce soit un projet familial. Mais il faut aussi que les parents gardent en tête que ce n’est pas un chien domestique et ce n’est pas le chien de la famille. C’est le chien de l’enfant. Donc, ça signifie que l’enfant doit être le seul à s’occuper du chien sur tous les besoins primaires, etc. C’est l’enfant qui doit s’occuper de le sortir, de jouer avec lui, de lui donner à manger, ce genre de choses, pour qu’il y ait vraiment un lien qui se crée entre les deux. Après, en effet, en général, ils sont quand même attachés à la famille, les chiens. On ne peut pas dire le contraire.

E.
On ne peut pas non plus résister. C’est un peu particulier parce que c’est vrai que c’est des chiens… Tout comme les chiens d’éveil, c’est vrai que quand on avait parlé avec Capucine et son Wendermani dans l’épisode 21, c’est un chien d’éveil, donc c’est le chien de la petite, mais du coup, la fratrie est très attachée au chien-chien. Mais au final, chacun avait trouvé sa place. C’est important de te souligner que ça reste le chien du jeune, mais il navigue dans un environnement familial quand même. Exactement. Tu ne vas pas cloisonner les choses non plus. C’est ça. C’est bien de clarifier quand même les choses.

M.
Voilà, exactement. En fait, on est obligé de mettre les mots sur ça pour qu’aussi tout le monde puisse comprendre que bien sûr, ils peuvent jouer avec le chien, qu’ils peuvent le caresser, etc. Mais si, par exemple, le chien a besoin de recevoir certains ordres, il faut que ce soit l’enfant en priorité qui donne ces ordres. Il faut que la famille soit présente pour pouvoir soutenir le jeune si besoin. Mais il faut que le jeune puisse aussi prendre ses responsabilités parce que c’est son chien.

E.
Je me demandais, parmi tous ces moments que tu as vécu, il y a quand même eu des moments très forts, j’imagine. Est-ce qu’il y a un moment où tu as été bluffé, vraiment, par un des chiens que vous avez eu, qui restera un souvenir marquant ou un chien que tu as eu à la maison ?

M.
Je dirais plus que c’est quelque chose que j’ai observé. Les chiens ont une façon d’être quand ils sont avec les éducateurs, quand on leur donne des ordres, etc. Ils ont une façon d’être quand c’est toi qui les prend. Et en fait, dès le moment que les enfants arrivent en classe, ils agissent complètement différemment et c’est comme si tu redécouvrais les chiens. Et en fait, tu en as beaucoup qui sont un petit peu timides, un peu réservés, par exemple. Et le jour où il va y avoir un essai avec un enfant et ça va être cet enfant-là, tu le sens, tu le vois que le chien a choisi cet enfant. Il va agir complètement différemment. Quand toi, par Par exemple, tu as un petit peu de mal à te faire entendre pour certains ordres parce que soit il n’a pas envie, soit il est un peu paresseux, comme nous, ils ont leur jumeur. Oui. Et en fait, avec cet enfant, c’est le jour et la nuit, il lui obéit au doigt et à l’œil et tu le vois, vraiment, il est déjà avec des cœurs dans les yeux. Et c’est ça qui… Ça, vraiment, c’est incroyable.

M.
Et c’est quasiment à chaque classe que tu as au moins un ou deux chiens qui sont comme ça, où ils ont choisi leur enfant et c’est comme s’ils avaient le déclic de se dire: C’est Il y a avec eux que je vais terminer. Et donc, je vais agir différemment parce qu’eux, c’est normal. Ça va être ma normalité.C’est mon quotidien.C’est ça. Alors que quand ils sont avec les éducateurs, ils aiment les éducateurs, ils le font pour leur faire plaisir, mais ils le font parce qu’il faut le faire et que ça leur fait plaisir. Vraiment, tu vois la différence avec l’enfant. C’est même pas normal, si tu veux. Ils vont le faire vraiment que pour lui faire plaisir et lui montrer qu’il est là pour lui.C’est.

E.
Fluide, c’est logique.Exactement.

M.
C’est ça.Ils sont là l’un pour l’autre.C’est ça. C’est un le concept des hamsters. Ça paraît un peu gnangnan comme ça, mais en vrai, je trouve que c’est un petit peu comme ça aussi qu’on pourrait expliquer le lien entre le premier chien guide et son bénéficiaire.

E.
Oui, parce qu’en fait, il y a quelque chose, on n’en a pas parlé, mais c’est quasiment que des premières remises.

M.
Oui, c’est que des premières remises. On a quelques renouvellements de temps en temps. S’ils ont sous 18 ans, en général, c’est parce que le chien a eu un souci de santé.

E.
On en avait parlé avec justement Bérénice et Opium, c’était son cas.

M.
C’est ça. Sinon, on va avoir des renouvellements en partenariat avec les autres écoles quand, par exemple, il n’y a pas forcément de chien disponible pour un renouvellement et que nous, on en a. Sinon, en effet, c’est que des premiers chiens guides.

E.
Donc, c’est que des premières fois.

M.
Exactement.

E.
Et justement, on parlait un petit peu de ces chiens exceptionnels. Alors, j’ai un peu changé mes questions de fin, mais je me demandais s’il y a un lieu exceptionnel où tu as été, où tu n’aurais jamais été si tu n’avais pas été en poste pour les chiens guides.

M.
Pas un lieu en particulier, mais par contre, je n’aurais jamais autant été dans la nature. C’est vrai ? Ouais, si je n’avais pas été avec les chiens guides. J’ai vécu en campagne quand j’étais jeune et en fait, dès que j’ai pu partir de la campagne, j’y suis partie en me disant ciao. C’est ne pas avoir de bus, ne pas avoir de quoi que ce soit, d’avoir juste un quart le matin, un quart le soir. Ce n’était pas ton truc. Ce n’était pas mon truc. Et justement, j’ai fait des études, etc. Je suis beaucoup partie à l’étranger dans des endroits très urbains. Et en fait, la fondation est un petit peu… Je ne vais pas dire au milieu nulle part parce que ce n’est pas vrai, mais elle est quand même à la campagne. Et c’est vrai que j’ai réappris à aimer ce calme et cette sérénité. Et d’être au contact des chiens, ça m’a donné encore plus envie, justement, de découvrir des endroits comme ça pour aller se balader et juste profiter de voir le chien en libre passer du bon temps et juste toi, tu marches, tu profites du soleil sur toi. On a quand même cette chance dans le Sud d’avoir pas mal de soleil.

E.
C’est vrai.

M.
Et ça, c’est quelque chose où je pense… Je n’aurais pas autant repris plaisir, je pense que je n’aurais pas autant J’ai trop pris plaisir, je pense à ça.

E.
T’aurais pas kiffé aller te balader tranquille ?

M.
Non, j’ai toujours été en mode: Je vois pas le but de marcher s’il n’y a pas quelque chose derrière. Du coup, là, avec un chien, il y a quelqu’un devant. Il y a quelqu’un devant, il a besoin de marcher. C’est dans ses besoins à lui. En fait, tu vas répondre à son besoin. Et au final, tu réponds à un besoin à toi aussi que tu soupçonnais pas.

E.
Et puis tu découvres des balades ?

M.
Exactement, et de très beaux lieux.

E.
Parce qu’au final, il y a des fois des choses… Moi, je sais que je n’ai pas fait la même découverte quand j’étais à Paris. Et puis là, ça va être la même chose autour de mon nouveau chez moi. Mais en fait, tu n’explores pas de la même manière.

M.
C’est ça, exactement.

E.
Tu te dis: On va pousser un peu plus loin, on va découvrir autre chose. Et en fait, il y a plein de balades juste à côté de chez soi.

M.
Exactement. Et puis tu prends le temps. En parce que tu vas marcher au rythme du chien, de selon ce qu’il a vu, ce qu’il a envie de faire, etc. Et du coup, tu appréhendes les lieux pas du tout de la même manière. Et là, c’est vrai que dernièrement, par exemple, en septembre, quand j’ai eu ce scan à la maison, je me suis dit: Attends, il faut que je le sorte un peu, je vais en profiter, je vais regarder un petit peu, je peux aller où, tout ça. Et en fait, je me suis rendu compte qu’à même pas dix minutes de la maison, il y avait un super chemin de balade avec plusieurs kilomètres où c’était un long canal, tu as des castors, tu as des tortues. Et en fait, j’étais là: Mais jamais de la vie j’aurais été me balader ici si je n’avais pas eu un chien.

E.
Moi, je vais faire la même chose. J’ai hâte de découvrir les lieux, les balades autour de mon nouveau chez moi à Lyon. Ça fait partie des choses. Je me dis… Déjà, avec la poussette, j’en découvre un peu. Mais tu n’as pas les mêmes… Comment Là, il faut combiner le facteur poussettable, comme je le dis, ou alors par bébé, mais du coup, là, ça enlève toutes les limites. Mais sinon, tu n’as pas les mêmes envies avec le chien aussi, puis tu as juste envie de croiser parfois d’autres chiens ou pas du tout selon les balades que tu fais.

M.
C’est ça. Oui, parce que même nous, on le voit. Je savais que pour les jeunes, c’était un vecteur de lien social, mais je ne me rendais pas compte que même pour nous, que dès le moment que tu es un chien, les gens te trouvent beaucoup plus abordables. Et même toi, les gens qui ont aussi des chiens, tout de suite, tu vas aller vers eux parce que les chiens vont se sentir. Et donc et par conséquent, ça va entamer une conversation.

E.
Que tu aurais jamais eue.

M.
Que j’aurais jamais eue. Et en fait, la première balade que j’ai fait, justement, le long du canal, avec Scan, je me suis faite arrêter, je ne sais pas, tous les 10, 15 mètres. En plus, je lui ai mis le gilet. Et c’était impressionnant. Les gens sont bienveillants, sont vraiment dans la conversation chill. Et c’est quelque chose où j’aurais été toute seule. Déjà, je n’aurais pas forcément fait la balade. Et si je l’aurais faite, j’aurais été tunnel vision. Le but aurait été de marcher, de peut-être me dépenser. Tandis que là, tu es beaucoup plus dans la relaxation. Et en fait, ça l’oxygène lui, mais toi aussi.

E.
Allons nous balader.

M.
Exactement. Voilà ce qu’on va garder de ce podcast à la fin.

E.
En écoutant les podcasts. Moi, je sais que c’est aussi pour ça que la durée de podcast, 45 minutes. Il y a des gens qui m’ont dit: Mais c’est chouette, c’est la durée de ma balade. Oui, c’est ça. Donc c’est top. Mais allons nous balader. J’ai une dernière question que tu connais. C’est: Quel est ton pire et ton meilleur moment ?

M.
Quand il y a des classes de remises, les salariés accompagnent les jeunes de 7h00 à 21h00. Après, on a des roulements, etc. Et donc même le week-end. Et en fait, le premier week-end où j’ai travaillé à la fondation pour être avec les enfants, j’étais avec Ella, on n’était que toutes les deux. Et en fait, on s’est retrouvées toutes les deux avec cinq jeunes, on va dire, entre 12 et 18. Et en fait, je me suis retrouvée, mais bloquée. C’est-à-dire, je me suis dit: Mais moi, je suis encore jeune. Et en fait, j’avais l’impression d’être maman de cinq jeunes. Les cinq jeunes plus, leurs chiens. Et en fait, gérer des adolescents, cinq, et en plus des chiens, c’est quand même compliqué. Et là, j’ai eu un petit coup de panique, je t’avoue. J’ai eu un petit coup de panique et je me suis dit: Mais jamais de la vie, je vais me faire entendre. Je ne sais même pas ce que je vais dire. Je ne sais même pas comment je vais gérer. Ils vont me mener par le bout du nez. Ils vont faire d’au moins ce qu’ils veulent. Mais je ne le considère pas comme le pire moment.

M.
C’est juste, ça a été un moment un peu compliqué et où vraiment, je me suis dit: Mais qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu fais là ? Et au final, la journée s’est très bien passée. Les jeunes, ils étaient à fond. Ils ont voulu savoir tout ce qu’on faisait avec Ella. Ils nous ont posé plein de questions. Ils ont été hyper intéressés et on a eu de très beaux échanges. C’est aussi ça qui est chouette, c’est qu’en général, c’est des jeunes qui… On pense qu’ils pourraient être refermés totalement sur eux-mêmes et s’intéresser à rien. Et en fait, ce n’est pas vrai du tout. Alors oui, ils peuvent se refermer sur eux-mêmes, notamment scolairement. Mais c’est des qui vont être à la pointe sur tout ce qui est nouvelles technologies, qui vont être à la pointe sur tout ce qui est les réseaux sociaux, les jeux vidéo. Et en fait, c’est des choses qui, moi, me parlent. Et donc, en général, j’arrive toujours à faire mon petit chemin C’est ça, avec eux. Mon meilleur moment, c’est à la remise officielle, lors des JPO, notamment de cette année. Mes premières JPO ont été clairement incroyables. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à la cérémonie.

M.
Des larmes de joie, je pourrais dire. Bien sûr. Je le dis quand même. Mais c’est vrai que celle-ci, cette année, j’étais assez proche de la classe d’avril, notamment, parce que classe d’octobre, j’ai eu des soucis de santé, donc je n’ai pas pu beaucoup passer de temps avec eux. Mais la classe d’avril 2023, il y avait justement Léana, dont on parlait tout à l’heure de Marseille, qui, lors de cette remise, a pris la parole, a raconté son histoire dont j’ai parlé tout à l’heure et que je connaissais déjà. Et elle a souhaité chanter une chanson. Elle l’a écrite pour sa chienne. Et alors cette chanson. Déjà, elle me chante magnifiquement bien, mais alors vraiment, j’en ai eu les frissons, j’ai pleuré. Vraiment, c’était un très, très beau moment et je pense que c’est quelque chose qui restera avec moi de pourquoi je fais ça. Et que même si un jour, pour X raison, il s’avère que mon chemin part un petit peu et des vides et des chiens guides, je pense que j’aurai toujours une connexion avec les chiens guides parce que ça m’a marqué de manière indélible. C’est beaucoup trop positif.

E.
Donc oui, tu es là aujourd’hui en pause. Peut-être dans un futur, tu changeras, on n’en sait rien, mais les chiens guides rendent toujours une place dans ta vie.

M.
C’est ça. Je pense que je ne pourrais plus, maintenant que je sais à quel point ça apporte du bien à autrui, je pense que je pourrais plus rester à un côté et ne rien faire. Si j’étais amené peut-être à déménager, par exemple, ce genre de choses, je me renseignerais pour être rien que bénévole, famille d’accueil, relais, mais je pourrais pas ne plus avoir un pied dedans. Ça m’a beaucoup trop marqué.

E.
Oui, dans le positif. Exactement. Tu sais, moi, j’ai déménagé et pour ce choix-là, bien sûr, sur la carte, il y avait le point école des chiennes guides de Lyon qui étaient indispensables. Parce que quand j’étais jeune, je n’ai pas pu être famille d’accueil, puisqu’on était trop loin avec mes parents. Donc là, il fallait être un peu proche des parents, mais beaucoup proche de l’école. C’est ça. Bien sûr, pour justement continuer ce rôle de bénévoles et s’investir encore plus. C’est ça. Écoute, merci Marina pour tout ça. En tout cas, on voit bien qu’on n’imagine plus trop la Marina d’avant, chargée de communication pour cette grande entreprise d’implant, en implantologie. Je n’ai pas pris des mots. Mais là, on voit bien qu’il y a quand même un sillon qui est bien tracé, qu’il y a une connexion, une réelle connexion qui s’est faite et que tu n’es pas rentré par une porte pour en sortir immédiatement de l’autre côté, mais que l’histoire ne fait que commencer.

M.
Exactement. Et je pense que dès le moment qu’on veut travailler dans l’univers du chien-guide, que ce soit à la com ou même à un autre métier, je pense qu’il faut qu’on ait cette passion. C’est beaucoup disent: Un métier passion, etc. Mais pas un métier passion au sens où on a l’impression qu’on ne travaille jamais, c’est pas du tout ce que je dis, mais plus où on sait pourquoi on le fait, on voit le concret et en fait, c’est ce qui va te porter. Je veux dire, notamment en communication, il y a quand même beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses à rédiger, beaucoup d’histoires à raconter porter. Et en fait, si tu n’es pas porté toi-même par ces histoires, tu n’arriveras jamais à les porter. Tu n’arriveras jamais à les communiquer de la bonne façon, t’arriveras pas à embarquer les gens avec toi. Et moi, c’est ce que j’aime dans mon métier aujourd’hui, c’est que je ne communique que sur des choses qui me portent et tout ce que je souhaite, c’est emporter les gens avec moi.Partager.C’est ça.

E.
Mais en tout cas, c’est ce que tu as fait aujourd’hui à mon micro. Partager ton aventure avec les chiens guides et montrer cette nouvelle facette que je n’avais pas encore explorée de la communication. En fait, c’est ce que je fais à chaque fois que je passe derrière le micro avec un invité. C’est ça. Mais au cœur de chaque école, vous avez un petit réseau de sentinelles pour partager. C’est ce mot partage que je rejoins aussi aujourd’hui. Merci beaucoup.

M.
Merci à toi.

E.
Et puis, à très bientôt. Avec grand plaisir. Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous avez apprécié cet épisode avec Marina sur la Fondation Frédéric Gaillanne, je vous invite à écouter l’épisode 35 avec Anaïs, où elle raconte comment les chiens guides issus de cette école lui ont permis de retrouver une confiance en soi et de s’ouvrir à nouveau au monde après sa cécité soudaine à l’âge de neuf ans. Quant à moi, je vous dis à bientôt pour le prochain épisode sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles.

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