Voici Florian qui est devenu famille d’accueil pour l’école des chiens guides du Nord ! Dans un format INÉDIT, avec des audios enregistrés par mon invité les mois précédents notre enregistrement, cette première immersion se passe du côté de Lille, avec la complicité de Florian, qui est devenu famille d’accueil pour l’école des chiens guides du Nord à Lille. Mais comment vit-on l’attente avant l’arrivée de son futur chien guide, et qu’en est-il des premiers jours ? Enfin, quels sont les avantages ou inconvénients à devenir famille d’accueil ? Entre entreprenariat, salle de sport et voyage, Florian revient sans filtre ni tabou sur ses premiers jours de son aventure de famille d’accueil et sur sa vie chamboulée par l’arrivée de Sunday. Il nous raconte aussi l’impact sur sa vie quotidienne qu’il partage avec Arthur et Loya de l’épisode 11.

Retrouvez la transcription intégrale en fin de page.

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Florian, j’ai tout juste 30 ans et je vis à Lille. J’ai fait des études en communication marketing, puis j’ai eu un job à l’étranger, plus spécifiquement au Japon. Je suis rentré à Lille et j’ai ouvert un restaurant japonais Aoyama en 2018. Depuis, j’ai ouvert un deuxième établissement Daikanyama en 2021, et j’ai également ouvert une agence de conseils pour les restaurateurs. Donc je suis entrepreneur/restaurateur sur Lille.

Comment as-tu découvert les chiens guides d’aveugles et comment sont-ils entrés dans ta vie ?

Alors la première fois, c’est quand j’ai rencontré Arthur et Loya en 2019 à une soirée. Je ne connaissais pas Arthur, donc je ne savais pas qu’il était malvoyant, ni que Loya était son chien guide. On s’est revus, on s’est rapprochés et c’est là que j’ai vu à quel point Loya était importante pour lui. Ce qui est paradoxal, c’est qu’étant petit, j’avais toujours voulu avoir un chien parce que j’adore les chiens, mais ma maman m’avait toujours dit que je suis allergique, ce qui s’avère être pas vraiment vrai !

Retrouvez l’’épisode 11 avec Arthur et Loya

Puis, alors qu’on habitait ensemble, on a eu une conversation avec Arthur et on s’est dit que ça pourrait être très intéressant de prendre un futur chien guide en famille d’accueil puisqu’il pourrait apprendre par mimétisme de Loya. On a fait une première visite à l’école des chiens guides de Roncq en leur exprimant le projet qu’on avait, en leur disant « Est-ce que c’est complètement fou comme idée ou est-ce que ça se fait ? ». Ils avaient déjà eu un couple avec une femme qui est atteinte de cécité qui avait un chien guide et eux ont pris un chien en éducation en tant que  famille d’accueil, et que ça avait très bien fonctionné. Donc, on s’est dit « bingo, on fait ça ». Et en même temps, on en a parlé à ma mère parce qu’on s’est dit que ça pourrait être une bonne idée pour elle que de devenir famille d’accueil. Donc on a proposé ça à ma mère et en fait, on a fait la première réunion et on a tous signé pour rejoindre l’aventure.

Ma maman a eu Sunday fin juillet, et on devait avoir le petit ou la petite berger allemand au début octobre. Puis au mois d’août, ma maman a eu des problèmes au niveau des genoux. On a pris le relais avec Sunday pour un week-end, et en en discutant avec Arthur, il a évoqué le sujet en premier en disant : « Mais si en fait, on proposait à ta mère de récupérer Sunday si jamais elle ne va pas mieux ?”. On a évoqué la question avec elle et je pense qu’elle a été ravie parce qu’en fait, c’était la bonne solution. J’ai repris toutes les obligations qui sont liées à elle, signé le contrat avec l’école et fait ma première session d’éducation à l’école.

Finalement j’ai quand même de la chance avec une activité qui me permet d’être libre dans ma manière de m’organiser, et ça, c’est un gros avantage ! Elle me suit partout : en réunions, dans mes déplacements, etc. Et ça se passe très bien. Mais ce que je n’avais pas pensé, c’est que mes temps de déplacement sont beaucoup plus longs. J’avais l’habitude avant d’être sur mon téléphone, très souvent lorsque je suis dans la rue. Ça c’est fini, parce que toute mon attention se porte dorénavant sur Sunday. C’est vrai que c’est un investissement qui est très très important en fait en termes de temps.

Ce qui est drôle, c’est que quand Loya et Sunday se sont rencontrées la première fois, Loya ne calculait absolument pas Sunday qui était vraiment toute petite à l’époque. Et on s’est rendu compte que plus Sunday grandissait, plus Loya avait de l’intérêt pour elle. Et maintenant, dès qu’elles se retrouvent, c’est la fête, c’est la samba !

On a fait un petit tour en septembre du côté de la Fondation Frédéric Gaillanne, on a eu l’occasion d’aller avec Sunday et Loya à la remise de la nouvelle promotion de chiens guides. C’était vraiment un beau week-end, une belle expérience et de belles rencontres, et c’est très émouvant de voir justement ce passage entre la famille d’accueil à la personne qui reçoit le chien. D’autant que là, on parle d’enfants, d’adolescents, et de voir à quel point le chien peut bouleverser la vie d’un enfant ou d’un adolescent, c’est incroyable.

Retrouvez l’épisode 28 avec Bérénice et Opium, de la Fondation Frédéric Gaillanne

On a été à Rome pour l’anniversaire d’Arthur, on est allés aux Etats-Unis après et à chaque fois qu’on fait ces déplacements-là et qu’on ne peut pas prendre Sunday, c’est ma maman qui la retrouve. Elle est ravie puisqu’elle adore Sunday ! Se pose aussi la question pour début février, puisque je retourne à l’hôpital pendant une période qui va être assez longue.

D’ailleurs, est-ce qu’il y a quelque chose que tu as découvert avec les chiens guides ?

Je pense que je vais me répéter, mais c’est juste l’investissement en énergie que ça demande. C’est vraiment ça qui m’a marqué et dont on n’a pas conscience. Dès qu’on se lève – je me lève pour plein de choses – mais la première chose que je fais, c’est de sortir Sunday. Ca ne me dérange pas mais il faut être préparé à ça, il faut être vraiment préparé.

Quels sont pour toi les avantages ou au contraire les inconvénients à devenir famille d’accueil ?

Je suis très content de pouvoir m’occuper de Sunday et avoir des moments privilégiés avec elle. Et c’est très dur de ne pas la prendre dans le lit ou dans le fauteuil mais on respecte. Après, un gros avantage : c’est qu’on peut l’emmener partout, et ça, c’est juste génial. Moi, je vais à des rendez-vous à la banque, je vais maintenant à la salle de sport, je vais faire les courses, j’y vais avec Sunday ! L’inconvénient j’en ai déjà beaucoup parlé avec le temps et l’énergie à y consacrer, mais j’ai compris maintenant et je m’organise au mieux.

Pour finir, quel est ton pire et ton meilleur moment avec les chiens guides ?

Alors le pire, c’est le jour où elle a fait 5 pipis d’affilée en 2 ou 3 heures. Je me disais « Mais comment elle peut réussir encore à faire pipi alors qu’il n’y a pas d’eau qui est entrée dans son corps ? ». Je crois que c’était un soir où j’avais passé la journée à bosser, et elle n’arrêtait pas de faire pipi et je n’en pouvais plus, on n’avait plus de serpillères, je ne  savais même plus comment récupérer, enfin… je crois que c’était le pire moment. Et maintenant, on en rigole, c’est ça qui est bien.

Je ne pense pas qu’il y ait un meilleur moment, mais il y a des moments drôles. J’ai un moment où on a regardé un film avec notre projecteur, le son était un peu fort et au début il y avait un lion qui rugit, et Sunday a fait un bond et nous on a rigolé. La pauvre elle a eu peur. Mais sinon, je dirais tout simplement toute l’affection qu’elle nous apporte. Tous les câlins qu’on peut lui faire et qui font que c’est juste une belle aventure.

Merci à Florian d’avoir accepté mon invitation un peu folle avec ce nouveau format inédit ! Et à bientôt sur Lille ?

Transcription intégrale

Estelle

Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien Guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles soutenu depuis cette année par la FFAC et l’ANM Chien Guide. Je m’appelle Estelle, je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles et bénévole pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futurs bénéficiaires ou autres curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leur maître en vous demandant : « Mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ? ». Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée. Ou encore comment agir quand vous croisez un tel binôme ?

Aujourd’hui, je suis ravie de vous proposer un format inédit imaginé depuis plusieurs mois. Puisque vous allez vite le comprendre, il demande un peu plus d’anticipation que les autres.L’idée d’origine est surtout de vous plonger encore plus dans cet univers des chiens guides d’aveugles en intégrant dans l’épisode des audios enregistrés par mon invité les mois précédant notre enregistrement. Ainsi, cette première immersion se passe du côté de Lille, avec la complicité de Florian, qui est devenu famille d’accueil pour l’école des Chiens Guides du Nord. Mais comment vit-on l’attente avant l’arrivée de son futur chien guide ? Et qu’en est-il des premiers jours ? Enfin, quels sont les avantages ou inconvénients à devenir famille d’accueil ? Entre entrepreneuriat, salle de sport et voyages, Florian revient sans filtres ni tabous sur ses premiers jours de son aventure de famille d’accueil et sur sa vie chamboulée par l’arrivée de Sunday. Il nous raconte aussi l’impact sur sa vie quotidienne, qu’il partage avec Arthur et Loya, de l’épisode 11. Alors maintenant, place à l’épisode !

Intonation
Florian

Salut Estelle, c’est Florian, j’espère que tu vas bien ?  J’ai bien eu ton message sur Instagram, et donc c’est pour ça que je t’envoie un petit message. Qui tombe à pic en fait, puisqu’on a eu des nouvelles hier. En fait, c’est Hubert de l’école qui a appelé Arthur pour lui dire qu’ils avaient eu des nouvelles de l’éleveur. Alors, on ne sait pas si c’est un mâle ou une femelle (« surprise »), mais que celui-ci devrait être transporté jusqu’à l’école le 12 octobre prochain. Donc super cool ! Donc voilà, on est tout contents, on est super excités. On a trop hâte ! Il y a la braderie, qui se prépare ce week-end à Lille, donc avec deux restaurants, c’est un peu la course.

Intonation

E.

Bonjour Florian !

F.

Salut Estelle.

E.

Merci d’avoir accepté mon invitation pour cet épisode sur mon podcast « Futur chien guide ». Épisode un peu particulier puisqu’on inaugure le format en immersion. Un format que j’ai souhaité pour 2022. Il y en aura quelques uns. L’idée, c’est qu’on a déjà entendu un petit extrait de tes notes vocales qu’on s’est échangées pendant quelques temps et qu’on en aura d’autres pour nourrir un peu notre conversation et avoir vraiment ton ressenti en direct. D’ailleurs, avant, est-ce que tu peux te présenter, nous dire rapidement qui tu es ?

F.

Bien sûr, donc je m’appelle Florian. J’ai tout juste 30 ans et je vis à Lille. J’ai grandi juste à côté d’Ascq et j’ai un parcours assez classique. J’ai fait des études en communication marketing. Après, j’ai eu un job à l’étranger, plus spécifiquement au Japon. Et puis, je suis rentré à Lille et j’ai ouvert un restaurant japonais qui s’appelle Aoyama. Ça, c’était en 2018. Depuis, j’ai ouvert un deuxième établissement en 2021, donc l’année dernière, et j’ai également ouvert une agence de conseils pour les restaurateurs. Donc, je suis entrepreneur/ restaurateur sur Lille.

E.

Donc, tout ça t’est venu de ton voyage au Japon dont tu nous as parlé, c’était un peu l’idée ?

F.

Les restaurants sont venus de mon expérience au Japon. Et l’agence, c’était plus parce que j’ai remarqué que les restaurateurs n’ont pas toujours les bonnes habitudes, je dirais, vis à vis de tout ce qui est outils digitaux, et donc je voulais apporter mon expertise à ceux qui en ont besoin.

E.

Et donc, à côté de tout ça, on ne va pas dévoiler tout de suite, mais on se connaît, on s’est déjà rencontrés par l’intermédiaire de quelqu’un qui t’est très proche. Parce que, est-ce que tu peux revenir à ton origine, tes premiers contacts avec les chiens guides d’aveugles ? Du coup, ce n’était pas forcément dans le rôle que tu occupes aujourd’hui. Comment ça c’est passé pour toi la première fois que tu as croisé un chien guide d’aveugle ?

F.

Alors la première fois, et bien c’est quand j’ai rencontré Arthur. Donc, en 2019. J’ai rencontré Arthur à une soirée. Il était là avec Loya. Je ne connaissais pas Arthur. Je n’avais jamais entendu parler de lui, donc je ne savais pas qu’il est malvoyant, enfin qu’il vit avec la malvoyance, et je ne savais pas que Loya était son chien guide. Et puis on s’est revus, on s’est rapprochés et c’est là que j’ai vu à quel point Loya était importante pour lui. Et c’est à partir de là que j’ai pris conscience en fait de tout ce monde, si je puis dire, qui tourne autour du chien guide. Alors, ce qui est paradoxal, c’est qu’étant petit, j’avais toujours voulu avoir un chien parce que j’adore les chiens, mais ma maman a toujours dit que je suis allergique, ce qui s’avère être pas vraiment vrai !

E.

Oui, que toi, tu aurais été allergique, mais en fait, c’est pas forcément ça ?

F.

Voilà, parce que c’était juste un argument pour que je n’aie pas de chien. Le fait de me rapprocher d’Arthur, ça m’a aussi permis, entre guillemets, de me rapprocher de Loya et de pouvoir avoir un chien dans mon quotidien. Donc c’était vraiment cool !

E.

Pour éclaircir, tu parles de Arthur et Loya qui sont passés dans l’épisode 11 sur mon podcast. Et du coup, c’est un peu comme ça qu’on s’est croisés. Et en fait, si on échange aujourd’hui, c’est parce que ton lien avec les chiens guides a évolué, en plus, du coup, de vivre avec Arthur et Loya. Tu as aussi fait le choix d’aller un peu plus loin, toi, en tant que Florian, auprès des chiens guides.

F.

C’est ça ! Je ne sais plus comment est venue cette décision. Je pense qu’on a eu la conversation avec Arthur et on s’est dit que ça pourrait être très intéressant de prendre un chien en éducation et que le chien pourrait apprendre par mimétisme de Loya.

E.

Donc de devenir famille d’accueil ?

F.

Ouais. Et donc, on a fait une première visite à l’école des chiens guides de Roncq. On leur a exprimé un peu le projet qu’on avait en leur disant « Est-ce que c’est complètement fou comme idée ou est-ce que ça se fait ? ». Et ils nous ont dit qu’il y avait eu un couple, donc un homme qui est avec une femme qui est atteinte de cécité, je crois, et qu’il y a donc un chien guide et eux ont pris un chien en éducation, donc en tant que famille d’accueil, et que ça avait très bien fonctionné. Donc, on s’est dit « bingo, on fait ça ». Et en même temps, on en a parlé à ma mère parce qu’on s’est dit que ça pourrait être une bonne idée pour elle que de devenir famille d’accueil. Arthur le dit très bien, le chien est un bon vecteur pour faire des rencontres, sortir et parler avec les gens en fait tout simplement. Parce que c’est vrai que dès qu’on a un chien, surtout quand il est très jeune, c’est monstrueux. Il y a tout le monde qui est là autour, c’est incroyable ! Donc on a proposé ça à ma mère et en fait, on a fait la première réunion. On a tous signé pour rejoindre l’aventure.

E.

Ta maman, du coup, elle a déposé son propre dossier pour devenir famille d’accueil et toi, en parallèle, en tant que référent, tu as déposé aussi pour le devenir avec Arthur, mais c’était un peu défini que c’était plutôt toi, de toute façon, qui allait t’en occuper ?

F.

Exactement !  Et ce qui s’est fait, c’est que Arthur, lui, voulait qu’on ait dans la mesure du possible, un berger allemand.

E.

Une mini Loya ?

F.

Une mini Loya, même si ça aurait très bien pu être un mâle. Après, on leur a dit que si ça ne se fait pas, c’est vraiment pas grave, mais c’était l’idée que lui avait derrière la tête. Au final, il s’avère que tout a été chamboulé.

E.

Au final, ta maman avait déjà eu son élève chien guide en famille d’accueil puisqu’elle du coup, elle n’avait pas forcément ce souhait, en tout cas, d’avoir un berger allemand. Donc, elle a eu une petite labrador.

F.

Exactement.

E.

Et puis, comme tu dis, tout s’est chamboulé.

Intonation
F.

Salut Estelle, j’espère que tu vas bien ? Petit message aujourd’hui, en fait si tu veux hier matin, j’ai reçu un appel de ma maman donc qui s’occupe de Sunday depuis fin juillet. Mais en fait, en ce moment, elle a des problèmes de genou, donc elle avait confié Sunday cette semaine à Johanne qui est l’éducatrice de l’Ecole de Chiens guides, qui s’en était occupée. Et en fait Johanne est tombée malade vendredi. Donc là on est samedi. Et donc hier, Johanne a appelé ma maman en lui disant qu’elle ne pourrait pas s’occuper de Sunday ce week-end et qu’il fallait qu’elle la récupère. Sauf que les problèmes de genou de ma maman ne s’améliorent pas. Donc, celle-ci m’a appelé et donc nous on s’est proposés d’aller chercher Sunday et de s’en occuper ce week-end. Donc c’est ce qu’on a fait. Et là elle est toujours avec nous. En soi, ça se passe bien, il y a eu des petites chamailleries entre Loya et Sunday, mais rien de très important. Il y a aussi le fait que Sunday elle ait un peu de mal à faire ses besoins. Donc au moment ou je la monte pour la remettre dans sa cage, elle commence à faire pipi alors que je la porte. Donc je me suis dis que je vais la redescendre tout de suite ; donc je la redescends. Et bon elle ne veut pas… Donc je la remonte et au final elle a fait pipi dans sa cage. Au final, la nuit s’est bien passée. On a tout nettoyé et là, ce matin, je l’ai sortie dès que je me suis levé. Ça s’est bien passé. Arthur a eu l’idée de… En gros, son questionnement, était de se dire si cela ne va pas mieux pour ma maman, est-ce que ça ne serait pas mieux que ce soit nous qui nous occupions de Sunday ? Donc voilà, on est un peu dans un questionnement vis-à-vis de ça. C’est vrai, que nous, ça bouleverserait. C’est un peu exagéré, mais voila, on s’était fixé comme objectif de faire ça aux dates prévues. Donc là ça voudrait dire qu’on commence dès maintenant, donc il faudrait changer un peu nos habitudes. Et là tu vois, dans l’appart on a relevé tout ce qui pourrait être atteint par Sunday pour que justement elle évite de mordre. Parce qu’elle est encore en train de mordre, (même si c’est moins souvent qu’avant), mais de mordre toutes les affaires qu’on peut avoir et qui sont à proximité du sol.  Donc il faut changer les petites habitudes comme ça et après aussi adapter nos emplois du temps pour que, justement, tout se passe bien pour elle. Parce que c’est vrai qu’on a aussi pas mal de rendez-vous de nos côtés respectifs. Enfin voilà, c’était pour te tenir au courant de ce qu’il se passe sur Lille.

Intonation

E.

Donc, vous, vous attendiez votre berger allemand il me semble ?

F.

Ma maman a eu Sunday, je crois que c’était fin juillet. Et nous, on devait avoir le petit ou la petite berger allemand au début octobre, c’est ce qui était prévu. Au mois d’août, ma maman a eu des problèmes au niveau des genoux. Elle m’a appelé un matin : « Je ne peux plus m’occuper de Sunday, est-ce que vous pourriez faire quelque chose ? ». Donc je lui dis : « Ecoute, pas de souci. On la prend ce week-end, tu vois comment ça évolue ». Donc je vais chercher Sunday. On la ramène à la maison. Elle avait déjà rencontré Loya, donc c’était un terrain pas si inconnu que ça pour elle. Et donc, elle passe la première nuit ici. Et puis, on en discute avec Arthur et je crois que c’est Arthur qui a évoqué le sujet en premier en disant : « Mais si en fait, on proposait à ta mère de récupérer Sunday si jamais elle ne va pas mieux ? Puisque Sunday connaît déjà Loya. Nous, on connaît déjà Sunday. On est déjà un peu attachés à elle et au final, ce berger allemand on ne le connaît pas encore et il aura forcément une autre famille donc ce n’est pas très grave alors que si Sunday se retrouve affectée à une autre famille, ta mère va avoir de la peine. C’est dommage parce qu’on sait déjà le lien qu’elle peut avoir avec Loya. Est-ce qu’on ne peut pas en discuter avec ta maman et puis en discuter avec l’école si jamais, elle, elle accepte ? ».

Intonation
F.

Salut Estelle. J’espère que tu vas bien. Je t’envoie un petit message parce qu’il s’est écoulé quelques jours depuis mon dernier message justement. Et au final, on est tombés d’accord avec ma maman et l’école des chiens guides de Roncq pour que l’on garde Sunday qui fait maintenant partie de notre petite famille avec Loya et Arthur. Donc évidemment on a dû renoncer à la prise du berger allemand qu’on espérait découvrir le 12 octobre prochain. Parce que c’était pas possible de tout cumuler évidemment et maintenant, donc on s’occupe de Sunday. Donc là, cet après-midi, j’ai ma première session d’éducation à l’école. Et puis, il y a son éducatrice qui va venir vendredi pour qu’on fasse un point ensemble et que je récupère également tous les dossiers et que j’en sache un peu plus puisqu’au final, c’est vrai qu’on avait fait des réunions avec le référent famille. C’est vrai que ça remonte à pas mal de temps maintenant. Donc là, depuis que l’on a Sunday depuis le week-end dernier.

Mais écoute, sinon tout va bien. Elle se comporte de mieux en mieux. Donc ça, c’est vraiment cool. Elle a des bons réflexes et j’espère que ça ira évidemment que dans le bon sens ! En tout cas, on est quand même très, très contents. Ça se passe bien aussi avec Loya, bon elles se cherchent un peu, mais je pense qu’au moins, il y a un bon feeling. Et ça, c’est quand même cool !

Intonation

F.

Le week-end est passé et donc je pense que ma maman avait toujours ses douleurs à son genou. On a évoqué la question avec elle et je pense qu’elle a été ravie parce qu’en fait, c’était la bonne solution. Elle, ça lui permettait de continuer à voir Sunday. Elle était déjà très attachée à Sunday. Donc, c’était le plan idéal pour elle. Pour l’école, c’était aussi une facilité dans le sens où il n’y avait pas besoin de trouver en effet une autre famille pour Sunday. Donc, c’est comme ça que les choses ont un peu basculé.

E.

Donc en quelques jours en fait, c’est ce que tu me témoignais en notes vocales. Vous venez d’avoir quelques nouvelles de l’éleveur de bergers allemands, puis finalement, Sunday allait peut-être être votre élève chien guide. Et quelques jours après, ça c’est vraiment fait en une semaine. Finalement, vous vous êtes dit oui ! Bon, peu importe le berger allemand. C’est vrai qu’entre l’histoire de Sunday et ta maman et la vôtre, c’était déjà très lié. Et puis Sunday est arrivée, alors elle n’était pas toute petite, mais elle restait quand même petite puisque ça fait que quelques semaines que ta maman l’avait avec elle. Et là, pour toi, ça a été la découverte. Pour Arthur aussi. Mais c’est quand même toi qui avait la responsabilité. C’était un peu l’idée.

F.

C’est exactement ça. Elle est arrivée et en fait, ma maman vit en appartement, comme nous. Sauf que la grosse différence, c’est que ma maman vit dans un appartement au rez-de-chaussée et que donc elle a un jardin. Donc elle n’a absolument pas appris à se retenir. Donc elle est arrivée à l’appartement et c’était un peu un carnage parce qu’elle faisait pipi, mais, je ne vais pas dire de bêtise, mais peut être toutes les deux heures à l’intérieur. Un moment, je n’avais plus de serpillière, je ne savais plus quoi faire, je devenais dingue !

E.

Ha ! Ha ! ce qui est une situation qu’on peut avoir dans les premiers temps, même sans le passage de l’appartement au rez-de-chaussée. Puisque en fait, la propreté, c’est vraiment le premier challenge qu’on a avec les chiots. Pour ça, je pense que l’éducatrice vous a bien sûr aidés avec des tips, etc. Mais on se dit ‘est-ce que ça va vraiment être comme ça pendant un an ?’

A.

Et donc dès le lendemain, je me suis dit qu’il faut que je mette en place une technique, un process pour savoir comment la gérer. Donc, ce que je faisais, c’est que je la descendais toutes les heures environ et à chaque fois, dans mon téléphone, je notais quand elle faisait pipi, quand elle faisait caca, enfin quand elle faisait ses besoins. Et comme ça, j’avais un repère en me disant « à cette heure-là, il faut que je la descende, à cette heure-là, il faut que je la descende ». Et l’idée, c’était après d’espacer un peu plus le temps, justement, entre les moments où elle a besoin de faire ses besoins pour qu’elle apprenne à se retenir. Et c’est vrai que c’est à ce moment-là aussi où je me suis rendu compte de l’investissement que ça demande. Parce que c’est vrai que j’étais peut-être un peu trop… Je ne sais pas quel mot employer, mais peut être « naïf » par rapport à la charge de travail que ça demande.

Intonation
F.

Salut Estelle, j’espère que tu vas bien ! Le quotidien est un peu débordé en ce moment entre les restaurants, le manque de personnel et Sunday qui me prend évidemment beaucoup, beaucoup de mon temps et de mon énergie. Je dois t’avouer que je m’attendais à ce que ce soit du travail, mais sans doute pas autant. Mais ça se passe bien. Là elle est en face de moi. Elle est en train de jouer et elle fête aujourd’hui ses quatre mois. J’ai repris toutes les obligations, je dirais, qui sont liées à elle, et j’ai signé mon contrat vendredi dernier avec Johanne de l’école. J’ai eu la session d’éducation mercredi d’avant à l’école. Ça s’est bien passé, même si elle m’a un peu foutu la honte devant tout le monde puisque c’était la seule qui, à l’exercice du rappel, n’est pas du tout revenue vers moi et a préféré foutre le boxon avec les autres chiens. Mais sinon, tout se passe bien. Je dirais même qu’elle travaille de mieux en mieux. On gère de mieux en mieux aussi ses besoins, qu’elle ne fait presque plus à l’intérieur, sauf parfois quand elle est trop excitée avec Loya.

Nous, on part à la fin du mois dans le sud et à la montagne. Donc on va emmener Sunday avec nous pour la faire voyager un petit peu parce qu’au final, elle n’est jamais sortie de la région pour le moment. Donc ça va être une grande première pour elle. Mais voilà, dans l’ensemble, tout se passe bien. C’est quand même du taf. C’est bien parce qu’en même temps, à la fin de la journée, je suis assez fatigué, donc je trouve le sommeil assez rapidement. Ça, c’est le gros point positif. Puis ça m’apporte aussi quand même beaucoup, beaucoup de joie. Je suis très content d’être avec elle et de la voir grandir aussi. C’est vrai que c’est drôle, mais en fait, j’ai du mal à la voir grandir. Et quand je regarde les photos, je me dis : « C’est dingue à quel point elle grandit vite ». Je retourne travailler et je te souhaite une belle fin d’après midi.

Intonation

F.

Après, j’ai quand même la chance d’avoir un emploi… J’ai quand même une activité qui me permet d’être libre dans ma manière de m’organiser. Donc, ça, c’est un gros avantage ! Et je ne n’ai pas à demander à mon employeur : « Maintenant j’ai un chien en éducation, donc elle va venir avec moi ». Non, je n’ai rien à demander à personne. Elle me suit partout, point. Quand je vais à des réunions, elle me suit, quand je vais dans mes déplacements, elle me suit et ça se passe très bien. Mais ce que je n’avais pas pensé, c’est que mes temps de déplacement sont beaucoup plus longs. J’avais l’habitude avant d’être sur mon téléphone, très souvent lorsque je suis dans la rue. Ça c’est fini. Rien que le fait de mettre de la musique dans mes oreilles, c’était fini. Parce que toute mon attention dorénavant se porte sur Sunday. Et dans la rue, je ne parle qu’à Sunday parce qu’il faut tout le temps que je sois sur elle. Il faut que je lui dise tout ce qu’elle fait bien, ce qu’elle ne fait pas bien. Tu dois très bien le savoir.

E.

Exactement.

F.

A chaque passage piéton, tu la félicites. Lorsqu’elle fait ses besoins c’est dans le caniveau. Donc, il y a tous ces petits détails qui font que les temps de trajet sont multipliés par trois ou quatre. Et un jour, j’ai quand même halluciné parce que en soi, je vis à 10 minutes max du restaurant. Et un jour, j’ai dû aller en bas de la rue du restaurant, vraiment proche de l’appartement. J’ai dû aller en bas de la rue, chercher des courses, remonter au restaurant et revenir chez moi. Et j’ai mis entre 1 heure et demi et 2 heures pour faire ça !

Intonation
F.

Regarde l’autre jour, je vais au restaurant qui est à dix minutes à pied. Je vais chercher une course qui se trouve en bas de la rue, donc trois minutes à pied. Je remonte au resto, je reviens. Ça m’a pris 1 heure et demi alors que habituellement j’aurais fait ça en vingt minutes… Ouais, parce que là tu sais qu’à chaque passage piéton, il faut que tu t’arrêtes. Il faut que tu fasses gaffe à tout ce qu’elle peut mettre dans sa bouche. C’est vrai, c’est non-stop et c’est ça qui fait que c’est compliqué parce que associé avec mon emploi du temps, c’est chaud.

Intonation

F.

Et quand je me suis rendu compte du temps qu’il me fallait pour faire des choses si simples parce que justement, il fallait que je fasse l’éducation de Sunday en parallèle, je me dit wow ! En fait, c’est vrai que les débuts, ça va être difficile. Et ça, je l’avais pas du tout anticipé, je ne l’avais pas pris en compte.

E.

Tu ne l’avais pas du tout envisagé et c’est ce que tu me racontais aussi je crois, sur ta pratique du vélo.

F.

Y’a plus de vélo.

E.

Plus de vélo ! Ahah.

Intonation
F.

Moi, je n’ai pas l’habitude que ça me prenne du temps. Un trajet pour moi, il dure 5 minutes maxi et d’habitude, je fais tout à vélo. Là, j’ai reçu une notification par mail me disant « Votre abonnement arrive à expiration. Merci de renouveler votre paiement ». Mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose que je le renouvelle ? Alors qu’en soi, utiliser un vélo, je ne peux pas.

Arthur

Enfin pas pour l’instant…

Intonation

E.

Tu n’as pas renouvelé ton abonnement vélo ?!

A.

Non, je ne l’ai pas renouvelé. Ce n’est pas grave, je fais tout à pied. Et c’est comme la salle de sport. J’avais l’habitude d’aller très souvent à la salle de sport parce que, on pourra en reparler, mais j’ai des problèmes de santé. C’est important pour moi d’aller à la salle de sport. Et ça fait très peu de temps que je retourne à la salle de sport parce qu’avant, je me disais avec Sunday… Enfin, c’est idiot parce que je projetais une crainte sans même l’avoir testé. Et un jour, je me suis dit « Tu sais quoi ? On va prendre Sunday. On va à la salle de sport voir comment ça va se passer. » Et en fait, ça s’est super bien passé. En ce moment, comme je l’ai dit un peu avant, je vais à la salle de sport assez souvent et Sunday me suit et ça se passe super bien. Donc c’est cool !

E.

Mais c’est vrai que ce que tu dis, c’est important de l’avoir en tête. C’est un peu ça quand on est dans les dessous et coulisses de tout cet univers des chiens guides. C’est que, d’une part, quand tu es famille d’accueil, c’est pas juste… Et moi, j’ai eu un peu ces réflexions des gens autour de moi quand j’ai commencé à être famille relais, de gens qui disent : « Ah c’est sympa, t’as un chien ! ». Ouais, enfin : oui, t’as un chien au bureau, oui t’as un chien dans le métro, oui t’as un chien dans la rue. Mais c’est pas juste ‘avoir un chien’. C’est avoir un élève chien guide, un futur chien guide. Autour, ça veut dire en effet, et je crois que tu le disais aussi dans une de tes notes vocales, qu’on parle au chien en permanence.

Intonation
F.

Après, je dis pas qu’il n’y a pas du positif. Il y a du positif aussi évidemment ! Mais c’est vrai que c’est très demandant. Et ce que je disais tout à l’heure à Romuald. Moi, je peux… je ne peux pas sortir avec Sunday et quelqu’un d’autre. Ou alors je peux… et c’est ce qu’on a essayé de faire parce que j’ai marché jusqu’à la gare avec Romuald… je peux mais en gros, quand quelqu’un me parle, je regarde Sunday et quand je réponds c’est à Sunday. Et en gros je ne fais que complimenter, Sunday ou la réprimander. Et je ne fais que ça.

Intonation

E.

Et ça, moi c’est mon copain Clément qui m’avait fait la réflexion en me disant « Mais c’est insupportable quand je suis avec elle et qu’on est avec des collègues… Juste pour sortir du bâtiment de bureau et aller à la cantine qui doit se trouver à même pas 500 mètres, tu ne peux pas avoir une conversation. » Et encore aujourd’hui, je reviens de 2 heures de détente avec la miss Saga, même en détente t’es toujours sur le chien. C’est compliqué de tenir une conversation. Bon, par contre, j’en ai pour quelques heures de sieste maintenant, après la détente, donc tout va bien ! Mais c’est vrai que c’est quelque chose qu’on n’anticipe pas forcément et c’est beaucoup plus simple pour moi de faire des balades et de se croiser dans la rue avec d’autres familles d’accueil ou autres. Parce que les gens, ils le savent en fait et personne ne s’interrompt quand tu parles au chien. Parce que c’est vraiment comme tu le dis : tu commences à dire « oui », à dire « non », « c’est bien »… tu donnes une croquette… C’est vrai que quand on s’était croisés au mois d’août, vous l’aviez vu aussi avec la petite miss Salsa que j’avais. Quand les gens savent, ils ne s’interrompent pas et on continue la conversation malgré tous les « Salsa ! » ou « Saga ! » etc… Quand les gens ne le savent pas, c’est très compliqué de continuer une conversation. Parce qu’en fait, ils ne savent pas s’ils ont le droit ou pas de te parler si t’es concentré, alors qu’en fait, il y a beaucoup de choses. Je pense que maintenant, quelques mois après l’arrivée de Sunday, pour toi, c’est des automatismes. Et tu es tout à fait capable de lui parler et de continuer une conversation si bien tant que la personne en face, veuille bien avoir cette conversation.

F.

Oui, c’est ça ! Et au démarrage je disais tout simplement aux gens « Non, ça ne sert à rien parce que je sais que je vais porter toute mon attention sur elle. » C’est même pas la peine. Je préfère être focus sur elle plutôt que d’être avec quelqu’un qui va en fait juste nous suivre et avec qui il n’y aura même pas un échange en fait. Tant pis, on se verra à une autre occasion.

E.

« Quand elle sera posée à mes pieds et qu’on pourra discuter. »

F.

C’est vrai que c’est un investissement qui est très très important en fait. En termes de temps, en termes d’investissement et c’est vraiment pas facile. Et je m’attendais pas à ce que ce soit, entre guillemets, si difficile. En soi, si je veux m’écouter moi, je n’aurais pas le temps de la sortir. Mais je sais que ce n’est pas possible parce qu’il faut que je fasse. Il faut que la sorte parce qu’elle en a besoin. Donc on fait la sortie et parfois on fait des ballades avec Loya. Mais si je m’écoutais, je sais que je peux travailler toute la journée sans m’arrêter parce que j’ai beaucoup de travail. Et depuis que Sunday est là, il a fallu que je mette un peu le pied sur la pédale en me disant : « Maintenant, il y a Sunday. Donc, il faut aussi trouver une autre organisation et trouver du temps pour elle. »

E.

Et c’est pour ça que pas mal de familles d’accueil disent aussi que finalement, ça te rythme un peu.

F.

Ah oui !

E.

Après, je pense que là, avec le temps, Sunday, maintenant, tu la connais bien. Tu connais bien ses habitudes aussi, mais en tout cas, c’est très intéressant. Et même Arthur, je crois dans une note disait qu’il a pris conscience de l’investissement. Parce que lui, il a eu une chienne « clé en main », et c’est bien l’objectif.

F.

C’est exactement ça !

E.

Mais là, il a vu les dessous.

Intonation
F.

Oui, mais ça, c’est génial parce que Loya elle est déjà… tu vois !

A.

Ha ha ha ha oui, mais ça c’est un truc de ouf ! J’en parlé avec Robin et Eléonore tout à l’heure qui sont passés à la maison : mais je conscientise à quel point c’est de la crème ce qu’on a, nous ! Non, parce que le début c’est quand même le bordel.

F.

Ah oui ça n’a rien à voir.

A.

Et d’un coup, tu commences à conscientiser : « je suis reconnaissant pour ça ».

Intonation

F.

Ouais, c’est totalement différent. Quand tu reçois un chien éduqué et qui sait, entre guillemets, tout faire ; tu dis « c’est génial ! ». Sauf que nous quand on a reçu Sunday, on partait peut-être pas de zéro…

E.

Presque !

F.

On partait peut-être de ‘1’, ha ha ha. Il y avait toute l’éducation à faire et c’est vrai que ça lui a permis de réaliser qu’il y a du travail. Et c’est vrai qu’on a vécu des moments on va dire difficiles entre guillemets. Parce que : oui, élever un chien, c’est du travail. Et quand on rentre du travail et qu’il y a ça à faire  en plus, ça en rajoute et c’est pas forcément facile.

E.

Mais en tout cas, c’est vrai que c’était hyper intéressant d’avoir le point de vue d’Arthur. Et je sais que dans mes échanges et les retours que j’ai par rapport au podcast, c’est autant des retours de maîtres de chien qui sont contents de savoir comment ça se passe ‘avant’, que de familles d’accueil qui sont contentes de savoir comment ça se passe ‘après. Parce qu’en fait, chacun est dans son quotidien et entre-temps, il y a quand même la période d’éducation à l’école avec les éducateurs de chiens guides dont c’est le métier. Mais il n’est pas au même stade d’éducation. Toi, quand tu as eu Sunday, même si elle avait déjà fait quelques semaines chez ta maman, comme tu dis, elle n’était peut être pas au niveau zéro, mais elle était au niveau 1. C’était quand même un chiot de 4 mois quand vous l’avez eu.

F.

Et puis en fait, ce qui nous a un peu, alors peut-être pas ‘perturbés’, c’est pas le bon mot, peut-être ‘surpris’… Évidemment, on s’était renseignés sur le sujet des familles d’accueil. On a vu un parallèle avec, par exemple, la grossesse que peut vivre une femme dans le sens où on a le sentiment qu’il y a certaines choses qui ne se disent pas. Comme la difficulté que peut être l’éducation d’un chien. Donc, on se disait que c’est important aussi d’être transparents dans ce qu’on vit et de ne pas dire que « ouais c’est génial d’avoir un chien parce qu’on fait des câlins et elle est trop mignonne. » Oui, elle est trop mignonne. Oui on fait des câlins et on adore ça. Mais, tout n’est pas rose et tout n’est pas beau. Il y a aussi des moments plus difficiles et ça nous paraissait important, justement, de les partager.  *Ah elle ronfle*

E.

*Moi ça ronfle aussi derrière*

F.

Ça tombait super bien, justement, de par les audios qu’on a pu faire : partager ces moments-là.

E.

Et comme tu dis, c’est vrai que montrer que c’est plus nuancé. Et c’est aussi pour ça que ce format en immersion, c’est quelque chose auquel je tenais beaucoup. Parce que quand on fait un échange – là on enregistre en ce moment – on est un peu **lisses** d’émotion. Parce que même si on peut avoir des émotions pendant l’échange, c’est pas les émotions de quand t’es au fond de… avoir ramassé je ne sais combien de pipis dans la journée, ce qui peut arriver. Et deux mois plus tard, ça n’arrive plus parce que tout évolue, tout progresse. Il y a des moments aussi plus compliqués : quand tu reviens d’une balade où le chien n’en a fait qu’à sa tête, et que toi tu as essayé juste qu’il ne saute pas sur les uns et sur les autres, pour qu’il soit le meilleur chien guide du monde – parce que c’est le souhait de tout le monde – pour les déficients visuels derrière. Bah, il y a du boulot et c’est vrai que c’est important de le montrer. Et tu vois, mes collègues au début, quand ils m’ont dit « en fait t’as un chien, il a juste un dossard… » Voilà. J’ai eu aussi des réactions un peu comme ça. Et comme tu dis dans le métro les gens ils pensent que c’est facile. Mais c’est bien de montrer aussi le quotidien et on se dévoile un peu. Mais c’est l’objectif aussi de montrer que ce n’est pas forcément tout rose. Il y a par contre quelque chose qui vous a surpris. Je crois que vous ne vous attendiez pas, par rapport à Loya, à ce qu’il y ait une relation amicale entre les deux. Parce que Loya était un peu la reine de la maison, je crois.

F.

Ha! Ha! Ha! Ha!

E.

Et ça, c’était intéressant de voir l’évolution de cette relation-là que vous ne soupçonniez pas tant que ça. Je pense que vous aviez justement envie, et c’est normal, de protéger Loya de cette intrusion d’une toute petite bouille dans sa vie. Et au final, aujourd’hui, quelques mois plus tard…

F.

Ce qui est drôle, c’est que quand elles se sont rencontrées, la première fois, c’était juste derrière chez nous, dans un petit parc. Loya ne calculait absolument pas Sunday. Mais Sunday, à l’époque, était vraiment toute petite. Je crois que ma maman venait de l’avoir, donc elle devait avoir 2/3 mois, par là. Elle ne la calculait pas ; Loya, dès qu’elle a un bâton dans la bouche, c’est plus la peine de la distraire. Et on s’est rendu compte que plus Sunday grandissait, plus Loya avait de l’intérêt pour elle.

Intonation
F.

Ce matin, trop mignonne, Loya est partie avec Arthur au travail. Et Sunday s’est mise derrière la porte et elle a pleuré. Ça m’a fait trop de la peine… C’est cool parce que ça, ça montre bien qu’il y a un lien qui se crée entre entre elles deux, même si elles se chamaillent beaucoup. Mais je pense que ça fait partie du jeu entre elles.

Intonation

A.

Et donc, c’est comme ça que les choses se sont mises en place et qu’elles ont commencé à avoir une relation. Et maintenant, dès qu’elles se retrouvent, c’est la fête, c’est la samba !

E.

C’est la salsa, Ha! Ha! Ha! Ha!

A.

Et de manière parfois assez.. Pas violente, parce qu’elles se font pas mal.

E.

 Énergique ?

A.

Ouais, voilà, c’est très énergique ! Et ce qui est vraiment génial, c’est quand on les voit l’une à côté de l’autre, dormir. Par exemple, Sunday va mettre sa patte sur la patte de Loya et elles vont dormir comme ça : adorable, adorable !

E.

Ha! Ha! Et tu disais que vous étiez un peu partis en vadrouille. Tu nous as un peu raconté du coup votre séjour à la montagne et vous avez fait un petit tour aussi du côté de la Fondation Frédéric Gaillanne. C’était très rigolo pour moi de voir ça. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’y mettre les pieds. On a beaucoup échangé sur la fondation avec Bérénice – du coup, dans l’épisode 28. Et vous, vous avez eu l’occasion d’aller avec Sunday et Loya à la remise de la nouvelle promotion de chiens guides, du coup.

Intonation
F.

Salut Estelle. Désolé d’avoir mis si longtemps à te répondre et d’avoir mis si longtemps a écouté ton message. Je t’avoue que c’est un peu la course. Sinon, par rapport à notre visite à la Fondation Frédéric Gaillanne c’était vraiment cool. On y est allés le samedi et c’était drôle parce que eux n’ont pas l’habitude de voir une race de chien comme Loya. Ils étaient tous un peu surpris de voir un berger allemand être chien guide. C’était drôle. Et puis tout le monde était un peu gaga de Sunday. Le petit labrador a fait sensation sur place. C’était vraiment cool : on a passé une bonne journée, on a été super bien accueillis. C’était super émouvant de voir toutes ces remises de chiens et de voir comment, justement, ça peut impacter le quotidien de ces personnes.

Intonation

F.

C’était vraiment un beau week-end, une belle expérience et de belles rencontres.  Les chiens qu’ils ont sont là-bas sont incroyables. C’était vraiment un bel événement et, je pense que Arthur comme moi, on était très contents d’y être. Et c’est vrai que c’est très émouvant aussi de voir la cérémonie de remise des chiens. Et de voir justement ce passage entre la famille d’accueil à la personne qui reçoit le chien. D’autant que là, on parle d’enfants, d’adolescents, et de voir à quel point le chien peut bouleverser la vie d’un enfant ou d’un adolescent, c’est incroyable.

E.

C’est rigolo parce que je crois que c’était en septembre, donc c’était vraiment tout en même temps que j’ai diffusé l’épisode avec Bérénice (l’épisode 28). Et c’est vrai que quand j’ai vu ça, j’ai fait : « Ah il y a encore du lien, c’est trop bien, entre tout le monde ! », les connexions, les hyper-connexions ou les coïncidences, – on les appelle comme on veut. Et après, vous, vous avez filé à la montagne et là Sunday, c’était un peu la fête pour elle.

F.

On l’a emmenée à la montagne. En fait, c’est un chalet qui appartient à la famille d’Arthur. Et donc, on a passé peut-être une semaine, quelque chose comme ça, à la montagne. C’était bien parce que ça permettait aussi à Sunday de sortir un peu, d’aller dans quelque chose de plus nature, de pouvoir faire des balades avec elle. Donc, c’était vraiment un beau moment. On avait prévu sa petite cage en se disant qu’au moins la nuit, on risquait pas d’avoir des soucis. Et tout s’est très bien passé, donc on était ravis.

Intonation
F.

Et là, on est maintenant à la montagne, les filles s’entendent super bien. De mieux en mieux. Elles sont super mignonnes parce qu’elles ont de plus en plus d’affection l’une envers l’autre. C’est vraiment trop mignon, elles se posent l’une sur l’autre pour se faire des câlins ou pour s’endormir. Arthur est le premier choqué, et aussi parce que Loya est de plus en plus permissive avec Sunday. Par exemple, l’autre jour, Sunday – malencontreusement on a loupé de vigilance – et elle est allée manger dans la gamelle de Loya, alors que Loya était en train de manger. Chose qu’on n’aurait jamais cru possible, mais qui s’est avérée possible. Donc, voilà.

Intonation

F.

Et puis, au final, on est rentrés à Lille.

E.

En tout cas, c’était un moment encore plus sympathique puisqu’il y avait Loya et il y avait vous 2. En fait, c’était des vraies vacances.

F.

C’est vrai que c’est peut-être ce qui est le plus dommage je dirais, dans les expériences qu’on a pu avoir. Parce qu’on a pas mal bougé quand même depuis qu’on a Sunday. On a été à Rome pour l’anniversaire d’Arthur. Et là, on n’avait pas pris Sunday non plus. Bon c’était 3/4 jours, mais bon… Et après, on est allés aux Etats-Unis… Puis, on a passé les fêtes à la montagne et comme les parents d’Arthur étaient là, on n’a pas pu prendre Sunday. Donc, à chaque fois qu’on fait ces déplacements-là et qu’on ne peut pas prendre Sunday, c’est ma maman qui la retrouve. Elle, elle est ravie puisqu’elle adore Sunday. Bon là, je l’ai récupérée il y a 2/3 jours et au final, ça se passe super bien.

E.

Au final, c’est un peu une chance pour vous. C’est un peu la deuxième famille d’accueil ou la famille relais attitrée, on va dire, de Sunday.

F.

C’est ça.

E.

Ça vous permet de vous organiser aussi en fonction des déplacements. Et c’est vrai que c’est quelque chose qu’il faut aussi prévoir. Pour les Etats-Unis, elle était très petite, etc. Mais c’est vrai, quand on fait des grands voyages comme ça… Je sais que, tu vois, Salsa – quand on s’est rencontrés – que j’avais cet été, c’était un peu pareil. Une petite miss de 4 mois et demi : passer un mois sous la tente avec des grosses chaleurs et des grosses randonnées surtout, c’était pas du tout adapté. Et c’est aussi pour ça qu’en tant que famille relais, on est là et que l’École fait appel à nous, les familles relais. Dans l’ensemble, pour justement que les familles d’accueil aient quand même une vie : c’est l’objectif. Et que de temps en temps, elles puissent passer le relais pour profiter de leur vie de famille avant tout, sans être familles d’accueil.

F.

Et là se pose la question, en plus, de l’organisation justement qu’il va y avoir, parce que début février, je retourne à l’hôpital pendant une période qui va être assez longue. Donc la semaine prochaine, je dois voir son éducatrice pour savoir comment on s’organise. Parce que là, pour le coup, Sunday je ne vais sans doute pas pouvoir m’en occuper avant le mois d’avril. Et ça fait long quand même, ça fait 2 mois… Donc à voir ce qui est le mieux pour Sunday tout simplement.

E.

Et aussi pour ta maman.

F.

Oui, voilà.  Donc, à voir comment ça va se dérouler.

E.

Et je me demandais si, dans toute cette aventure – on a déjà beaucoup parlé – tu avais appris ou découvert quelque chose de plus significatif que le reste dans le fait de devenir famille d’accueil ? On a bien entendu dans les différents vocaux que tu m’as envoyés, qu’il y avait eu déjà beaucoup de découvertes. Mais quelle est la chose qui t’a quand même le plus marqué ?

F.

Je pense que je vais me répéter, mais c’est juste l’investissement que ça me demande. Ha! Ha! C’est vraiment ça qui m’a marqué et dont on n’a pas conscience. Dès qu’on se lève – je me lève pour plein de choses – mais la première chose que je fais au final, c’est de sortir Sunday. Et ça me dérange pas mais il faut être préparé à ça, en fait. Il faut être vraiment préparé.

E.

Oui quand tu parles d’investissement, c’est de l’investissement ‘temps’ surtout et ‘énergie’. Pas forcément financière, on est d’accord.

F.

Non, non ce n’est pas un investissement financier. C’est vraiment un investissement de temps et d’énergie. C’est juste ça. Et aussi être conscient que au début, il y aura des moments difficiles effectivement.

E.

Oui, tu nous en a parlé : les besoins…

F.

Ouais.

E.

Les moments : alors, il y a le début. Mais Sunday elle a quel âge là ?

F.

 Là, elle a 7 mois. Bientôt..

E.

Hum bientôt 8, donc il y a aussi la période de l’adolescence. He ! He ! Tu vas voir, je te souhaite une faible adolescence chez Sunday. Mais ça fait partie aussi des moments où tu te dis ça y est, c’est acquis et il peut y avoir quelques rechutes – ou peut être pas des rechutes – mais ils deviennent un peu plus têtus. Et c’est vrai que ça fluctue. Et c’est bien aussi, on ne s’ennuie jamais, en tous cas.

F.

Ah ça c’est sûr : on ne s’ennuie jamais. Ha ! Ha !

E.

Ha ! Ha ! C’est peut être quelque chose pour laquelle tu avais été un peu biaisé parce que finalement, toi, tu vis avec un chien guide, mais un chien guide en activité, formé ! Donc, est-ce que Loya ne t’aurais pas biaisé un peu sur le fait de devenir famille d’accueil, tu penses ?

F.

Peut être. Et puis, c’est vrai que je n’avais jamais eu de chien auparavant. Donc, c’est même pas comme si je pouvais me baser sur quelque chose de connu. Mais quand même, le cerveau est bien fait, je trouve. Par exemple, l’année dernière j’étais à l’hôpital et je sais que j’ai eu atrocement mal. Et au final, je ne me souviens pas spécialement de cette douleur-là. De la même manière, il y a eu des moments difficiles avec Sunday pour x raisons et au final, on ne garde que le meilleur. Et c’est ça qui est génial, c’est ça qui est top. Parce qu’au final, tu te dis : « Oui c’était pas si mal ! » Ha ! Ha ! Au final, tu te souviens que des bons moments et heureusement, dans un sens.

E.

Oui et c’est vrai que dans le fait que Loya t’ait biaisé ou pas. Je pense aussi que dans l’échange que tu as eu avec Arthur, c’était assez intéressant. Tu me disais aussi que, en fait, vous avez chacun pris conscience de la responsabilité de l’autre vis-à-vis de son chien, entre guillemets, de Sunday et de Loya. Parce que du coup, c’est vrai que c’est pas comme un gamin, mais c’est quand même une responsabilité et une charge au sens positif autant que négatif selon les moments. Et c’est vrai que ça, c’est quelque chose dont toi, tu n’avais pas forcément conscience.

Intonation
F.

Il faut être un peu plus transparent avec toi. On n’en a pas parlé avant, mais j’avais un peu l’impression d’être un peu genre ‘le papa célibataire’. Ha ! Ha !

A.

Pourquoi ?

F.

Bah, j’ai l’impression d’assumer beaucoup, en fait, et je sais que c’est moi qui ai ces contrats et qui suis un peu son papa quoi.

A.

Le jour où j’ai signé le contrat de Loya j’ai pleuré, parce que d’un coup j’avais une responsabilité.

F.

Mais là, j’ai l’impression d’assumer 95 pourcents du truc.

Intonation

E.

Arthur, ça n’a été que du bonheur, on va dire. Le cerveau est bien fait encore une fois. Je pense qu’il y a eu aussi des moments (dont le moment à Monoprix, qu’il nous avait raconté dans l’épisode 11) qui étaient quand même pas trop du bonheur. Mais sinon, dans l’ensemble, l’expérience, c’est que du bonheur et ça facilite la vie. Sinon, les chiens guides n’existeraient pas. Si ce n’était que du mal, personne n’en voudrait. L’objectif, c’est que ça fluidifie quand même le quotidien. Mais là, ce qui était fou dans votre conversation, c’est que justement, vous étiez vraiment à vous dire : « Voilà, quand Sunday est arrivée, en fait, je me suis rendu compte de ce que ça voulait dire d’être responsable de Sunday » et Arthur t’a répliqué : « Mais c’est un peu comme quand j’ai eu Loya ». Et c’était rigolo, de voir, d’entendre du coup votre réflexion un peu en parallèle de dire : « Ah ouais, en fait, t’avais déjà cette responsabilité-là. Mais moi, je n’en avais pas forcément conscience parce que je ne l’avais pas moi-même, si tu vois ce que je veux dire ? »

F.

Oui, bien sûr. Au-delà de ça, je ne sais plus si Arthur avait évoqué ce sujet là, mais ça a permis aussi à Arthur de réaliser les fondamentaux, de reprendre un peu les fondamentaux.

Intonation
A.

Moi, à l’inverse, j’avoue que ça a été hyper cool. Parce que moi, je n’ai pas la même charge mentale que toi et au contraire, l’arrivée de Sunday, ça m’a rappelé aux basiques. Ton chien, tu le fais travailler comme ça : à la croquette. C’est très exigeant, mais au fond, tu vas en récompensant le chien et on sent des choses bien avec le chien. Toi t’es content de faire des choses bien et t’as un espèce de cercle vertueux. Et depuis 10 jours qu’on a le chien, ça a véritablement changé ma façon de travailler avec le chien.

Intonation

E.

Hyper intéressant parce qu’en fait, on ne donne pas autant de friandises à un chien guide éduqué qu’à un futur chien guide. C’est de l’éducation, donc on est à fond sur la patience, la répétition, etc. Mais ce n’est pas pour autant – je pense qu’on peut carrément faire le parallèle avec nous, adultes – qu’il faut oublier de se féliciter et de savourer/ fêter nos victoires. Tout ce vocabulaire qui est très ‘développement personnel’, mais qu’on peut tout à fait calquer sur les chiens, sur l’éducation positive. Ce n’est pas parce qu’ils sont adultes qu’on ne doit plus leur dire : « c’est bien » et leur filer, de temps en temps, des friandises ou des câlins. Parce que moi, je marche beaucoup à la friandise, mais les câlins ils kiffent aussi. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas que l’alimentation. Il y a aussi tout le positif dans la voix, etc. C’est vrai qu’au début, on le fait beaucoup. C’est un peu comme quand on est dans un nouveau taf, on va le faire beaucoup. Et toi, en tant que manager, j’imagine que ça peut aussi faire écho à tes équipes, etc.

F.

Totalement !

E.

On le fait beaucoup et puis, la routine fait qu’on le fait un peu moins. Et l’arrivée de Sunday a un peu cassé la routine de la relation entre Arthur et Loya. Mais on peut remettre des choses en place. C’était vraiment hyper intéressant de voir que ça n’a pas remis en question ni remis en cause, mais ça a remis en évidence qu’on pouvait continuer et se féliciter. Là, clairement, c’est transférable aux humains à 100%, je pense. Alors pas avec des friandises, s’il vous plaît. Mais le chocolat, quoique, moi je ne dis jamais non à une tablette de chocolat. He ! He !

F.

Totalement, remercier et juste récompenser pour le travail qui est effectué en fait, tout simplement.

E.

On est très développement personnel aujourd’hui. He ! He !

F.

Au final, ça fait toujours plaisir, dans un sens comme dans l’autre. Parce que moi, je le remarque bien sur Sunday, dès qu’elle fait quelque chose et que c’est un acquis, j’ai l’impression, d’une part, d’être soulagé mais aussi de me dire : « Waouh ça marche ». Et ça, c’est génial !

E.

Oui, donc, là, à 7/8 mois, toutes les étapes sont passées et du coup, c’est peut être plus du bonheur en barre que ce que tu disais au début. Il y a moins de tabous, je pense qu’à partir d’un certain moment quand même la relation… et puis, tu connais le chien aussi. C’est la grosse différence. C’est que vous vous côtoyez depuis plusieurs mois.

F.

Je pense qu’il y a des choses qui ont effectivement évolué. On est aussi beaucoup plus prudents, entre guillemets. On sait qu’il y a certaines choses qui sont dangereuses, entre ‘gros guillemets’ aussi. Dans le sens où, pour le moment, malheureusement, si on lui met un tapis pour dormir ou si on lui met une serviette pour dormir ou si on lui met un lit, il ne fera pas la semaine…

E.

Elle détruit.. ?

F.

Elle le détruit. On s’est résigné. Et, malheureusement, elle dort à même le sol. Donc j’ai l’impression d’être quelqu’un qui la torture. Mais bon, on réessaiera plus tard.

E.

Elle ne se plaint pas plus que ça ?

F.

Ah non, non elle ne se plaint pas du tout. Mais moi, oui, je préfèrerais qu’elle ait plus de confort. Bon tant pis. La journée, ça se passe super bien. Elle est sur un pouf et elle ne détruit pas, donc c’est génial. Et on garde toujours certaines choses en hauteur pour éviter qu’il puisse se passer un accident.

E.

Pour sa sécurité.

F.

Oui voilà, pour sa sécurité. Mais sinon, au-delà de ça, ça se passe quand même super bien. Les besoins, franchement, ça, c’est le top.

E.

Acquis.

F.

Je crois que ça c’est un moment qui est mémorable aussi pour moi. La première fois qu’elle a fait pipi dans le caniveau, Arthur était dans le salon, j’étais dans la rue. Il m’a entendu au deuxième étage tellement j’ai crié. J’étais tellement heureux, c’était incroyable.

E.

Mais qu’est-ce que je te comprends. Ha ! Ha !

F.

D’avoir des pipis à l’intérieur et là elle me l’a fait dans le caniveau ! J’étais maître du monde. C’était vraiment un grand moment pour moi.

E.

Bon, dans l’ensemble, tout va très bien.

F.

Dans l’ensemble, tout va bien.

E.

Quand on parlait un peu du fait de devenir famille d’accueil, si on pouvait reciter les avantages et les inconvénients. Enfin, les avantages, je pense que l’aventure est quand même folle. Je pense que les notes vocales nous l’ont bien témoigné. Ça a apporté quelque chose en plus, je pense, à votre vie.

F.

Ah oui, oui ! Et moi qui ai toujours voulu avoir un chien, je n’ai jamais pensé que Loya était mon chien puisque c’est le chien d’Arthur. Donc, ce n’est pas mon chien. Et puis, ils ont une relation quand même, qui est très particulière. Alors certes, on vit tous ensemble et certes, il y a des moments où je me rapproche un peu de Loya. Mais pour autant, Loya, c’est le chien d’Arthur, donc je n’irai pas m’immiscer plus que ça dans leur relation. Donc là, j’étais quand même très content de pouvoir m’occuper de Sunday et avoir des moments privilégiés avec elle. Et c’est très dur de ne pas la prendre dans le lit ou dans le fauteuil mais on respecte. J’ai un comportement, peut être, un peu spécial, je ne sais pas. Mais j’ai tendance à m’allonger à côté d’elle par terre.

E.

T’inquiète, je passe ma vie par terre. Ha ! Ha ! C’est ce que je dis souvent, c’est qu’avec les futurs chiens guides –  je le rappelle encore aujourd’hui – pour laisser le choix au maître (comme Arthur, par exemple) de les faire ou non monter sur le canapé ou non monter sur le lit, c’est plus simple de ne pas les autoriser quand ils sont élèves et de leur permettre ensuite. C’est ce qu’a choisi, je crois, de faire Arthur, mais ce que ne sont pas obligés de faire les autres maîtres. Donc c’est plus simple de leur interdire. Et du coup, bah oui, moi, je passe mon temps sur le coussin du chien. Ils ont le même coussin, les élèves que j’accueille. Donc les futurs chiens guides sont sur leur coussin et moi aussi ! Heureusement, il est confortable et on rentre à 2. Ha ! Ha ! Le chien et moi par terre ! Enfin, il y a un moment… moi je suis hyper ‘câlins’ aussi avec les chiens et tu ne peux pas les faire monter sur quoi que ce soit.

F.

C’est que Loya n’est pas très ‘câlins’, donc en fait, Arthur des fois lui demande de venir, par exemple dans le lit, mais elle vient deux minutes et elle se barre parce que c’est mieux par terre

E.

C’est sa vie.

F.

Et donc, alors que Sunday, on sait que potentiellement, si on la mettait dans le lit, la connaissant, elle resterait des heures. Et il y a un gros **débat** entre les deux chiens qu’on remarque. Et Arthur a évoqué le fait que peut être que quand Loya partira à la retraite, ce serait intéressant d’avoir un chien qui soit un peu plus affectueux dans le sens où il sera peut être plus en demande de câlins et d’attention.

E.

C’est sûr que ça, moi, c’est le challenge, enfin, la question que j’ai à chaque fois, c’est, « mais est-ce qu’il va me plaire le chien que je vais avoir en relais, est-ce qu’il va être câlin ? ». Et au début, tous ne le sont pas. Je sais que la miss Saga qui est avec nous, je faisais encore la réflexion avec Clément l’autre jour, elle ne va pas venir te chercher un câlin, elle ne va pas… mais c’est pas une miss ‘câlins’. Alors qu’il y en a certains, ils sont tout le temps collés à nos pieds, etc. C’est vrai que c’est quelque chose qu’on adore et du coup, on fait avec les chiens qu’on nous confie. Mais c’est vrai que quand ils sont câlins, c’est encore mieux. On les rend surement un peu plus chamallow à la fin qu’au début du relais ! C’est bien aussi.

F.

Ah ouais, c’est très bien. Moi, je suis très content de cet aspect-là. Après, un gros avantage : c’est qu’on peut l’emmener partout. Et ça, c’est juste génial. Moi, je vais à des rendez-vous à la banque, j’y vais avec Sunday. Je vais maintenant à la salle de sport, j’y vais avec Sunday. Dès que je me déplace, je la prends avec moi. Je vais faire les courses en plus dans des endroits, parfois un peu pour des professionnels et enfin, ça s’était toujours bien passé. Donc c’est cool. Il y a juste une fois où on m’a refusé l’accès et au final, j’ai dû un peu batailler avec le vigile et au final, c’est passé. Et là, il y a deux jours aussi, ah ça me mets en rage en fait quand ça m’arrive. J’étais dans un supermarché et le monsieur me demande si je suis aveugle. Donc, je lui explique que non et je lui demande, lui, s’il est aveugle. Il me répond que non et je lui dis « dans ce cas-là, vous pouvez lire ce qui est écrit sur le dossard du chien ».

E.

Oui, je me souviens, tu l’as communiqué.

F.

Bref, après, je lui ai montré sa carte et il n’en démordait pas, bref. Au final on a appelé le manager du magasin et j’ai pu faire mes courses. Mais c’est vrai qu’il y a des moments comme ça où moi, je monte très vite dans les tours. J’ai connu l’histoire de ce qui est arrivé à Arthur lorsque j’ai connu Arthur, parce que c’est vrai que ce n’est pas quelque chose dont j’avais eu écho avant. Et maintenant, ça m’indigne en fait. Ça me révolte et quand il y a un refus d’accès, mais je deviens vite dingue, en fait.

E.

C’est compliqué de garder son calme.

F.

C’est ça, donc il faut que j’apprenne à me maîtriser un peu à ce niveau-là, mais ça m’apprend aussi à me maitriser justement.

E.

C’est sûr que dans les choses à prendre en compte avant de devenir famille d’accueil, on en parle souvent sur les épisodes avec les familles d’accueil ou les familles relais : on devient ambassadeur de la cause et du mouvement chiens guides et on ne peut pas se laisser faire. Il faut à la fois être poli, respectueux, alors que certains ne le sont pas en face de nous, tout en étant calme et constructif. Et c’est compliqué. Parfois, c’est compliqué

F.

Arthur il est super calme, il explique aux gens… Moi je vais expliquer mais je vais très rapidement être sur la défensive et un peu sur l’attaque, donc j’ai à apprendre un peu de lui. Enfin, ça fait maintenant un peu plus de deux ans que je connais Arthur et qu’on a vécu des moments, et c’est pas toujours du refus d’entrer en fait, c’est parfois juste des gens qui sont dans un établissement et qui vont nous dire « vous n’avez rien à faire là avec votre chien ». Et là c’est encore plus dingue parce que tu te dis « mais vous n’avez rien à dire parce que ce n’est pas votre établissement. Soyez un client comme tous les autres et allez-vous-en si ça ne vous plaît pas. ». Mais oui, il y a des moments un peu hallucinants. Mais bon, on se bat justement pour la cause, si je puis dire. Et c’est intéressant aussi de faire connaître tout ça. Par exemple, tout à l’heure j’étais à la salle de sport, il y a un monsieur qui est venu me voir et qui me dit : « Comment ça se fait que vous avez un chien ? ». Et puis je lui explique, il me dit : « ah mais c’est génial ». Donc, il y a aussi des supers, des bons moments comme ça où, justement, on a l’occasion de faire connaître l’existence des chiens d’assistance et de leur éducation justement.

E.

C’est pas tout le temps des moments de « qu’est-ce que tu fais avec ton chien ? », etc. Des fois, c’est des questionnements très neutres et il faut être carrément… Enfin moi je sais que, voilà, dans ces cas-là, il faut aussi accepter, et c’est des choses à prendre en compte quand on devient famille d’accueil, c’est que les gens, ils nous parlent plus, quoi.

F.

Oui, il y a plein de moments aussi où il y a des gens dans la rue qui vont vous dire « mais c’est génial ce que vous faites ». On a l’impression d’avoir des supporters !

E.

« Vous pourrez jamais le rendre », etc. Je pense que tu as eu cette phrase 15 fois déjà.

F.

Oui oui, et tout à l’heure par exemple, en chemin vers la salle de sport, il y a un monsieur qui me dit « et vous faites son éducation, alors ? ». Je lui dis « Ben je ne suis pas son éducateur, je suis sa famille d’accueil ». Il me dit « ça ne doit pas être facile ». Non, ce n’est pas facile tous les jours, mais heureusement, il y a des super bons moments. Ça compense. Mais en effet, oui, c’est un investissement. Et il me dit « bon courage à vous ». Mais voilà, c’est des petites conversations comme ça cordiales et très sympas et qui sont évidemment beaucoup plus nombreuses que les moments où on a des refus. Et heureusement.

E.

Et là, le cerveau est mal fait parce que pour le coup, sur les douleurs et les tabous, ça s’en va vite. Mais sur les attaques des uns et des autres, tu as plus ça en tête alors qu’il y en a beaucoup moins que des gens qui te complimentent.

F.

Mais je ne sais pas si Arthur l’évoquait dans l’épisode avec toi, parce que ça fait un petit moment que je l’ai écouté, mais quand on était aux Etats-Unis, on a vu un changement radical sur le fait d’avoir un chien, un chien d’assistance, parce que là-bas, c’est même pas…

E.

Il n’y a pas de question.

F.

Il y a peut être la question, la question va parfois se poser. Ils vont peut être vous dire « c’est un chien d’assistance que vous avez ? » -« Oui » -« OK ». Voilà. Mais ça ne va pas être « monsieur, votre chien : non ». Non, on pose la question et en effet si on répond par la positive, « Allez-y ». Mais en France, c’est très, très différent en fait, parce que dès qu’il y a un refus, on ne pose pas la question et on ne s’excuse jamais ou très rarement. Et c’est ça qui est dommage, en fait. On a l’impression de faire quelque chose de mal alors qu’en soi, pas du tout, bien au contraire. Donc il y a encore du travail.

E.

C’est sûr qu’il y a encore du travail et du coup tout ce travail de vulgarisation auquel tu participes aujourd’hui dans l’épisode, c’est aussi l’objectif. C’est d’expliquer les dessous de cet univers méconnu pour aussi que quand les gens croisent dans la rue ou dans les magasins puissent comprendre et tilter en se disant « ah oui, c’est vrai ». Et en plus, maintenant, on a des affichettes. Il y a une affichette qui est très bien faite, qui a été faite par les associations nationales qui permettent bien de voir, alors pas sur le chien, mais sur les devantures des magasins, et c’est hyper utile… Devantures des magasins et aussi l’autre jour où ça m’est arrivé, dans le bus, le chauffeur de bus qui me dit : « Par contre, le chien… Bon, je vais peut-être faire une exception ». J’étais là « c’est écrit, juste là ». Et du coup, c’est hyper utile parce que c’est vrai que c’est une exception qui n’est pas souvent connue. Moi, ce que je dis souvent, c’est que ce n’est pas grave qu’elle ne soit pas connue tant que les gens la comprennent quand je leur explique. Ce n’est pas un problème. Et quand c’est marqué en devanture du magasin, c’est tellement plus simple de dire : « Mais c’est marqué devant ». Et là, il fait : « Ah bon ? Ah ok. ». Et du coup, je trouve que, voilà. En fait, les affichettes sont aussi pour les clients, pour les responsables et pour nous pour y aller sereinement. Pour **??** l’image, mais c’est vrai. L’image, c’est un chien barré, avec marqué, du coup, ça veut dire interdit aux chiens, et il y a un chien blanc sur bleu avec, du coup, le harnais, avec marqué « sauf chien guide ou d’assistance uniquement », d’ailleurs, je crois que c’est marqué comme ça. Je voulais te demander, vraiment, toute dernière question, si tu avais un pire et un meilleur moment dans ton aventure avec Sunday en tant que famille d’accueil.

F.

Alors le pire, je pense que c’est le jour où elle a fait 5 pipis d’affilée, en même temps, mais très, très court. Je crois que c’était en 2 ou 3 heures, quelque chose comme ça. Et je me disais « Mais comment elle peut réussir encore à faire pipi alors qu’il n’y a pas d’eau qui est entrée dans son corps ? ». Je ne comprenais pas. Je crois que c’était un soir où j’avais passé la journée à bosser, Arthur, je crois, venait de rentrer. On était tous les deux claqués et elle n’arrêtait pas de faire pipi et je n’en pouvais plus. Je n’en pouvais plus, on n’avait plus de serpillères, je ne  savais même plus comment récupérer, enfin… je crois que c’était le pire moment. Et maintenant, on en rigole, c’est ça qui est bien. Et le meilleur moment ? Je ne pense pas qu’il y ait un meilleur moment. Il y a des moments drôles. J’ai un moment où on a regardé un film et en fait, on a un projecteur. Donc le son était un peu fort. Et c’était un film, et au début, il y a un lion, tu sais, qui rugit, et Sunday a fait un bond et nous on a rigolé. La pauvre elle a eu peur. Mais sinon, je dirais tout simplement toute l’affection qu’elle nous apporte. Tous les câlins qu’on peut lui faire et qui font que c’est juste une belle aventure.

E.

Bon ben écoute, c’est une bonne conclusion. Ce dont on retient, c’est que devenir famille d’accueil, c’est une belle aventure, comme tu viens de le dire. Ça demande de l’investissement, du temps…

F.

Oui, bien réfléchir à la chose.

E.

Que c’est faisable et qu’il faut aussi prévoir, anticiper, envisager, je ne sais pas comment il faut le dire, qu’en endossant ce rôle de bénévole en tant que famille d’accueil, on endosse aussi un rôle ‘d’ambassadeur’. Mais c’est vraiment le fait qu’on est un peu représentant et acteur au sein du mouvement des chiens guides en étant bénévole. Et du coup, on devient aussi une tête à… voilà, plein de questions, plein de discussions, qui s’engrangent, c’est pas juste… Il faut avoir un petit peu conscience de cette dynamique collective. D’une part, parce qu’on appartient au mouvement des chiens guides, mais aussi parce qu’on va avoir beaucoup plus d’interaction avec le monde extérieur aux chiens guides, ou même intérieur parfois. « Oui, moi, je donne aux chiens guides, etc » , « moi j’ai été famille d’accueil, etc ». Et c’est vrai que c’est quelque chose qu’il faut avoir en tête. C’est pas tout le temps agréable, souvent ça l’est quand même. On devient une image, on devient un acteur de ce mouvement chiens guides.

F.

Exactement, mais comme tu dis très bien, c’est des bons moments et c’est aussi parfois des belles rencontres. Et ça rend toute cette aventure encore plus belle.

E.

Écoute, sur ces belles paroles, je te remercie, Florian, pour cette heure avec toi. Merci d’avoir accepté mon invitation un peu folle avec ce nouveau format qui, j’espère, plaira aux auditeurs parce que c’est un peu de l’inédit. Je trouvais que c’était important, comme je disais en introduction, d’avoir ton ressenti à chaud parce que quand on enregistre, on est posé, on est derrière notre ordinateur, on prend le temps, mais on n’a pas les mêmes émotions que quand on vit le moment. Et je trouvais ça intéressant quand même de se plonger et d’être en immersion dans votre quotidien.

F.

En tout cas, nous, on a trouvé ça super intéressant également. Et puis, Arthur a une formation en audiovisuel, donc pour lui, c’était super cool de pouvoir le faire comme ça. Et puis, effectivement, on pouvait réagir à chaud quand il se passait certaines choses. Donc, c’est cool.

E.

Et bien merci. Merci beaucoup, Florian. Et à bientôt sur Lille ?

F.

Avec plaisir.

Intonation
A.

J’en ai parlé à tous mes collègues en arrivant au boulot, en mode ‘oui ça va’. Par contre, j’ai failli mourir. Et donc, pour raconter l’histoire du tapis de bain quand tu sors de la douche, que tu sais pas que le chien a emmené le tapis de bain, que tu peux pas voir que le tapis de bain est parti parce que tu es malvoyant et que tu te rétames – et sans déconner, je me suis senti partir. J’ai vraiment eu l’impression d’être une espèce de banane géante et de faire pfff, comme ça, tu vois, genre en forme de… un peu d’arc de cercle dans la salle de bains.

F.

Est-ce que tu as vu ta vie défiler ?

A.

Non, sinon, **???** C’est ta mère. Mais je me suis fais mal au bras et j’aurais pu mettre la gueule dans la marche.

F.

Oui bien sûr, t’aurais pu te faire super mal.

A.

La marche de 15 cm quand on sort de la douche, quand t’es avec tes pieds, ça va, mais quand tu te la prends dans la tempe… Et après, tu sais que j’ai mis deux secondes en mode « putain, mais qu’est-ce que j’ai fait ? ». Et au début, je me suis culpabilisé parce que je me suis mis dit « ah mais quel con, j’ai oublié le tapis de bain », tu vois. Et je me suis revu remettre le tapis de bain ce matin et de toucher parce que j’aime bien ce tapis de bain en plus ! Il est tactile un peu le tapis de bain, tu vois, il a une forme un peu, je sais pas…

F.

J’aime bien la couleur aussi !

A.

Oui, joli, un peu mastic gris, feu le tapis de bain. Et je me suis revu en train de penser « mais non, il y était ». Et après je me suis dit « Mais qui ? ». Le premier truc, j’avais  pensé à toi : « Mais putain Flo, qu’est-ce que tu as fait ? ».

F.

Mais pourquoi j’aurais pris ça ?

A.

Je ne sais pas, parce que tu étais là… Et après je me suis dit « Mais non, c’est elle ! ». Je pense qu’on tilté tous les deux en même temps.

F.

Mais moi je n’étais même pas conscient, en fait, de ce qu’il s’était passé. Et je n’étais même pas conscient que la porte de la salle de bain était ouverte. Déjà une grosse première erreur.

A.

Ah non, il ne faut jamais laisser la porte de la salle de bain ouverte.

F.

Il ne faut jamais laisser aucune porte ouverte. Là le bureau est fermé, la chambre est fermée. Tout est fermé.

A.

Fermés à double tour, une porte blindée.

Intonation

E.

Et voilà, après ce dernier audio que je tenais à vous partager, c’est la fin de cet épisode. Merci à vous de l’avoir écouté, en espérant que ce nouveau format vous aura plus. En tout cas, un grand merci à Florian qui a été partant tout de suite pour cette folle immersion et aussi avec Arthur, pour leur partage sans filtre ni tabou et leurs échanges fort intéressants. Pour compléter votre écoute, vous pouvez retrouver sur mon site tout rénové futurchienguide.fr des photos de Florian et Sunday, Arthur et Loya, mais aussi de la maman de Florian, dont nous avons beaucoup parlé. Et bientôt, découvrez la transcription intégrale de cet épisode pour toujours plus d’accessibilité. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer vos retours sur mon Instagram @futurchienguide ou via des étoiles sur Apple podcast, ou maintenant également sur Spotify. J’ai tellement hâte de les découvrir. Alors à très bientôt pour un prochain épisode sur l’univers méconnu des chiens guides d’aveugles.

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