Voici Anaïs qui est accompagnée au quotidien par Mozart, un beau Saint-Pierre de la Fondation Frédéric Gaillanne. C’est suite à la perte brutale de sa vue encore très jeune qu’Anaïs a découvert les chiens guides et en tant qu’amoureuse des chiens, elle a tout de suite su qu’elle en voulait un pour l’accompagner. Mais comment être guidée par un chien guide dès l’âge de 12 ans ? Et quels chamboulements cette compagnie lui a-t-elle apportée en plus de l’aide au guidage ? Que ce soit avec sa première chienne guide Iffy ou Mozart aujourd’hui, Anaïs nous raconte la confiance en soi et l’ouverture au monde que lui ont permis ses deux chiens guides alors que l’absence brutale de sa vue lui avait fait perdre tous ses repères… Elle revient aussi sur les moments forts et la grande famille que représente pour elle la Fondation Frédéric Gaillanne qui remet tout spécifiquement des chiens à des enfants de 12 à 18 ans.
Je m’appelle Anaïs, j’ai 19 ans, je suis non voyante depuis 9 ans, j’habite près de Rennes et je suis étudiante en BTS agricole et je suis accompagnée par mon chien guide Mozart.
Pour revenir à la perte de ma vue, c’est arrivé pendant notre expatriation en famille au Maroc, j’ai fait une encéphalite virale aiguë post-inflammatoire, une maladie auto-immune qui a détruit mes nerfs optiques. C’était tellement douloureux qu’ils m’ont plongé dans le coma, et en me réveillant j’étais non-voyante, donc à 9 ans je suis passée de voyante à non-voyante. En plus j’ai dû passer dans un centre de rééducation car j’avais perdu l’usage de mes membres, mais les autres avaient plutôt des handicaps moteurs et je n’avais personne à qui me confier sur le fait d’être aveugle… Quand je suis rentrée au centre pour non-voyants à Rennes, j’ai enfin pu échanger avec d’autres jeunes qui avaient aussi des problèmes de vue et on se comprenait !
Lors de ma première fête de l’école au centre de Rennes en juin 2013, j’ai rencontré la Fondation Frédéric Gaillanne qui était venue présenter les chiens guides d’aveugles. Etant fan des animaux, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller voir et j’ai pu tester le guidage avec le chien présent et son éducatrice, j’ai tout de suite dit à mes parents que j’en voulais un. L’éducatrice m’a proposé de venir passer une journée en février 2014 afin de me rendre compte de ce qu’était d’être guidée et de vivre avec un chien. Puis je suis revenue pour la pré-classe d’une semaine aux vacances de la Toussaint 2014, ça s’est très bien passé : j’ai juste adoré !
Ayant 12 ans en février 2015, on m’a proposé de participer à la classe de juillet 2015 où j’ai eu ma première chienne guide, Iffy, une labernois (labrador croisée bouvier bernois) sable. Je suis rentrée en 5ème avec Iffy, j’avais prévenu mon collège qui avait un peu d’appréhension sur le fait qu’elle perturbe les cours, un mot a été fait pour donner les consignes aux élèves, et une éducatrice de la Fondation a fait une réunion d’information pour tous les élèves du collège.
Iffy a eu un fort impact sur moi, car j’avoue que je m’étais beaucoup renfermée sur moi-même et pas très sociable. J’ai vraiment appris à m’ouvrir aux gens, à oser aller leur parler et leur parler du handicap, parce qu’il venait parler du chien ce qu’il ne faisait pas avec ma canne. D’ailleurs je ne me sentais pas à ma place avec la canne, le regard des gens était malaisant. Au contraire avec le chien, j’étais contente de sortir, de montrer que ma chienne savait bien travailler, que j’étais autonome, j’étais très fière de ma chienne, même pas de moi au final.
Grâce au soutien de ma famille, de mes amis et de la Fondation, j’ai pu remonter plus facilement la pente, de retrouver le sourire, et de me remettre sur le chemin pour avoir un nouveau chien ce qui n’était pas possible dans ma tête… Je suis allée faire une pré-classe en avril 2019, les trois premiers jours ont été très durs vis-à-vis de l’absence d’Iffy depuis 6 mois. J’ai craqué sur l’une des chiennes que j’ai testé qui m’a fait me rendre compte que je ne pouvais pas continuer sans chien, et ai dit à la Fondation que j’étais partante pour un nouveau.
Je suis allée à la classe de juillet 2019, j’ai testé plusieurs chiens dont Mozart avec qui j’ai eu un peu de mal au départ car nous avons tous les deux notre caractère ! Mais il m’a vite donné tout son amour et on est devenus inséparables. Mozart est un Saint-Pierre (croisement de deux labernois) tout noir avec le poitrail et le bout des pattes et de la queue bien blanc. J’ai ensuite fait ma rentrée en 1ère à ses côtés, tout le monde le connaissait comme la mascotte.
J’ai trouvé une vraie famille dans la Fondation, je m’attendais à ce que ça soit dur d’être 3 semaines loin de chez moi par exemple, mais j’ai été très entourée et je le suis encore. Que ce soient les familles d’accueil, l’équipe de la Fondation, les amis de promo, les parrains etc.
Inconvénient ? Moi j’en trouve pas, et je pars du principe que si tu n’acceptes pas mon chien, tu ne m’acceptes pas, parce qu’il fait partie de moi et que tu m’aimes pas assez pour l’accepter. C’est sûr qu’il y en a pour certaines personnes (ramasser les déjections, ne plus aller à la piscine), je peux voir les inconvénients pour les autres, mais je ne les vois pas pour moi.
Et dans les avantages, c’est un réel soutien au quotidien, au niveau de la fluidité dans les déplacements c’est sans mesure de comparaison ! Pour cette semaine de stage à Paris, sans lui je ne pourrais pas venir ce serait trop compliqué. Mais aussi en autonomie et en confiance en soi, si Mozart n’est pas là, je ne m’en sens pas capable, je ne peux pas.
Mes parents ont été assez investis pour m’emmener et me ramener du stage, il faut vraiment que ce soit un projet familial car le chien en plus va vivre avec la famille à la maison.
Avec Mozart, c’est sa mémoire, je reste toujours impressionnée : je fais une fois un trajet, il peut me le refaire même un mois après ! A chaque fois, comme hier soir avec le trajet du matin qu’il a su refaire à l’envers. Je suis toujours autant épatée de sa mémoire, et il le sait !
Chez Iffy, sa capacité d’apprendre était bluffante. Elle comprenait très vite ce que je lui demandais : fais le beau, salut, saute dans les bras, le 8 entre les jambes, et plein de tours !
Il y a beaucoup de personnes, sans ordre d’importance, notamment mes deux parrains de classe de la Fondation (Thierry Jouan et Jean-Pierre Jeunet), trois amies proches, l’équipe de la Fondation, la famille d’accueil de Mozart, et encore d’autres !
Le pire moment était avec le départ d’Iffy, c’est la pire chose qui ait pu m’arriver…
Un grand moment, en dehors de mes deux remises de chien, c’était la grande randonnée qu’on a faite l’été dernier avec Mozart et mon copain dans les Pyrénées. On est montés tellement haut qu’il y avait de la neige, et Mozart était tellement heureux, c’était merveilleux !
E.
Bonjour et bienvenue sur le podcast futur chien guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles soutenu depuis cette année par la FFC et l’ANM’s Chiens Guides. Je m’appelle Estelle. Je suis passionnée par les chiens guides d’aveugles et bénévoles pour cette cause à Paris. Je suis d’ailleurs persuadée que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futurs bénéficiaires ou autres curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leurs maîtres en vous demandant : « Mais comment font-ils pour se déplacer dans nos rues toujours plus agitées ? ». Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de décrypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi de découvrir leur rôle dans le quotidien de leurs maîtres et les bouleversements à leur arrivée, ou encore comment agir quand vous croisez un tel binôme. Après un épisode au format inédit, en immersion, que je vous encourage à foncer écouter (si ce n’est pas déjà fait), voici un nouvel épisode où je vous présente Anaïs, qui est accompagnée au quotidien par Mozart, un beau St-Pierre de la Fondation Frédéric Gaillane. C’est suite à la perte brutale de sa vue, encore très jeune, qu’Anaïs a découvert les Chiens Guides. Et en tant qu’amoureuse des chiens, elle a tout de suite su qu’elle en voulait pour l’accompagner. Mais comment être guidée par un chien guide dès l’âge de 12 ans ? Et quel chamboulement cette compagnie lui a t-elle apportée, en plus de l’aide au guidage ? Que ce soit avec sa première chienne guide Iffy ou Mozart aujourd’hui, Anaïs nous raconte la confiance en soi et l’ouverture au monde que lui ont permis ces deux chiens guides, alors que l’absence brutale de sa vue lui avait fait perdre tous ses repères. Elle revient aussi sur les moments forts et la grande famille que représente pour elle la Fondation Frédéric Gaillanne, qui remet tout spécifiquement des chiens à des enfants de 12 à 18 ans. Et maintenant, place à l’épisode !
E.
Eh bien, bonjour Anaïs.
A.
Bonjour Estelle.
E.
Je suis hyper ravie d’échanger avec toi ce soir. Parce que du coup, c’est un contexte un peu particulier, mais d’abord, est ce que tu peux te présenter ?
A.
Donc, je m’appelle Anaïs, je suis non-voyante depuis 9 ans. J’habite près de Rennes et je suis étudiante en BTS Agricole. Et avec moi, du coup, j’ai mon chien guide, Mozart.
E.
D’accord, donc, tu nous dit si on veut reprendre un peu le fil de l’histoire : tu es non-voyant depuis que tu as 9 ans ? Oui « depuis » il y a 9 ans ?
A.
Il y a 9 ans.
E.
Et alors, comment ça s’est passé les premiers pas pour toi ? Comment tu as, du coup, découvert ta mal-voyance, peut être ?
A.
Alors moi, c’est un peu compliqué parce que du coup, en fait… Mon papa travaillait dans les chantiers maritimes.
E.
Ouais.
A.
Du coup, on était en expatriation au Maroc et là-bas, j’ai fait une encéphalite virale aiguë post-inflammatoire ou une maladie à se tirer les cheveux. En fait, c’est une maladie auto-immune qui a détruit mes nerfs optiques. Et comme c’était une maladie très douloureuse, ils m’ont plongé dans le coma et en me réveillant j’étais non voyante. Donc je suis passée de voyante complète, à non-voyante complète.
E.
Donc, tu étais voyante pendant ces neuf premières années…
A.
Et je suis non-voyante depuis 9 ans.
E.
D’accord. Et comment ça s’est passé pour toi, les premiers temps de cette non-voyance ? J’imagine que ça a dû être un peu rude quand même ?
A.
Ben en fait, surtout, ce qui était compliqué, c’est que déjà, au départ, j’étais à l’hôpital, donc un peu loin de tout le monde. Et puis, à 9 ans quand les médecins expliquent que tu as perdu la vue, c’est pas très compréhensible. Enfin, tu ne comprends pas trop. En plus « nerf optique », c’est clairement un mot…
E.
Que tu n’avais jamais entendu ?!
A.
Voilà, c’est ça. Et après, en plus, le fait d’être alité et tout, j’ai dû passer dans un centre de rééducation parce que je ne pouvais plus marcher. Sauf que là-bas, c’est plutôt des handicaps moteurs qu’il y a. Donc, je n’avais personne à qui me confier sur le fait d’être aveugle, c’était un peu compliqué. Donc, ce qui m’a fait un peu du bien, c’est quand je suis rentré à l’école au Centre Angèle Vannier, à Rennes, pour non-voyants/malvoyants. Et du coup, j’ai pu enfin rencontrer des gens qui avaient des problèmes visuels et avec qui, j’ai pu enfin échanger et comprendre que je n’étais pas la seule touchée par ça. Et que, du coup, il y avait des jeunes de mon âge avec qui je pouvais en parler et jouer avec. On se comprenait, quoi, parce que -ce qui est normal mais- mes amis qui étaient voyantes au départ, elles ne savaient pas trop comment s’y prendre et trouver des jeux adaptés : c’est compliqué. Après quand on est petits, on trouve toujours des solutions.
E.
Oui ! Ha ! Ha !
A.
Clairement ! Dès qu’on pouvait être à deux, du coup, mes amis m’emmenaient : il n’y avait aucun souci. C’était juste le temps de rencontrer des gens dans la même situation pour pouvoir en parler, c’était dur.
E.
Après, oui, tu t’es rendu compte du coup que tu as pu avoir des échanges tout simplement avec d’autres personnes. Et donc là, ça a commencé à ouvrir un peu le champ des possibles pour toi. Et avec cette nouvelle composante, on va dire dans ta vie qui n’était pas forcément prévue.
A.
Même pas du tout. Ha !
E.
Ha ! Ha ! Et comment ça s’est passé ? Du coup, tu nous a parlé de ce centre à Rennes où tu allais. Mais je crois aussi que dans tes jeunes années, tu t’es rapproché des Chiens Guides. Comment t’as découvert ? Est-ce que tes parents connaissaient le mouvement Chiens Guides ? Ou est-ce que toi, tu en avais déjà entendu parler ? Comment c’est arrivé dans ta vie ?
A.
Ben alors, mes parents ont découvert clairement le handicap en même temps que moi puisque du coup, ça n’a pas du tout été progressif. Ça a été un peu une découverte pour tout le monde. Du coup, je suis arrivée au centre en novembre 2012. Et en fait, du coup, à la fête de l’école en juin 2013. Du coup, la Fondation Frédéric Gaillane est venue pour présenter les Chiens Guides. Donc il y avait une éducatrice avec un chien et du coup, bah moi, fan des animaux, j’ai pas pu m’empêcher d’aller voir !
E.
Ouais.
A.
Ce qui fait que j’ai pu tester un peu de marche avec. Et là, j’ai regardé mes parents en disant : « J’en veux un ! ». On en a discuté avec l’éducatrice qui m’a dit que je pouvais venir faire un stage découverte déjà pour faire une journée avec un chien et me rendre compte de ce que c’était. Parce que, pour le coup, j’étais vraiment jeune, j’avais 10 ans. C’est quand même pas rien d’avoir un chien à 10 ans !
E.
Oui. Et puis on rappelle qu’on a déjà fait un épisode (l’épisode28 avec Bérénice) sur la Fondation Frédéric Gaillanne. Et on le rappelle la Fondation Frédéric Gaillanne remet des chiens à des enfants entre 12 et 18 ans. Ce qui ne veut pas dire qu’on commence avant la sensibilisation, l’approche du Chien Guide auprès de la Fondation. Et c’est ce que toi tu as fait, du coup, dès tes 10 ans on t’a dit : « Tu peux venir faire une journée pour apprendre un peu plus si ça pourrait convenir. ». C’est ça l’idée ?
A.
C’est ça. Bah, découvrir et puis me rendre compte ! Parce que moi, à 10 ans, je voyais un chien ; c’était un chien. Enfin, on ne voit pas derrière tout ce qu’il y a. Le temps, quand même, qu’on doit lui consacrer à aller jouer… Et puis, c’est quand même un chien de travail, c’est-à-dire qu’il faut avoir des déplacements et il faut aussi prévoir de se déplacer. Et, à 10 ans, tu te déplaces rarement seule. Enfin c’est plein de choses comme ça. Et puis même t’as une histoire de ramasser les besoins ; pour moi, c’était un peu mes parents qui aillaient le faire.
E.
Ha ! Ha ! Ha !
A.
C’est pas le truc où tu réalises tout de suite. J’ai fait mon premier stage qui s’est très bien passé en février 2014. Puis, ils m’ont dit que je pouvais revenir pour faire du coup une pré-classe d’une semaine, donc aux vacances de la Toussaint 2014. Du coup, j’ai retesté un chien avec qui ça s’est très bien passé. Clairement, j’ai juste adoré ! Ha !
E.
Ouais.
A.
Donc tout de suite, ça a a été. Comme j’allais avoir 12 ans en mars 2015, je pouvais venir à la classe de juillet 2015 pour avoir, du coup, ma première chienne guide que j’ai eue le 19 juillet 2015.
E.
Donc, à tes 12 ans (et quelques ha ! ha !), on t’a remis en tout cas ta première chien guide.
A.
Oui.
E.
Qui était de quelle race et qui s’appelait comment ?
A.
Alors, c’était un labernois, donc le labrador croisé bouvier bernois. Il s’appelait Iffy et elle avait 2 ans.
E.
Donc Labernois, en termes de couleurs, c’est du noir et du blanc. Ça ressemble quand même pas mal au bouvier bernois.
A.
Alors moi, c’était même pas ça. Elle était sable ! Elle ne tenait vraiment que du Labrador.
E.
C’est ce qui me semblait. J’ai vu des photos d’elle et toi, on en remettra sur l’article de l’épisode. On imagine souvent plus noir et blanc. Mais non, la tienne, Iffy, était complètement sable !
A.
Oui, mais après, ils sont généralement noirs. Parce que je vois, par exemple, on était 9 et sur les 9 il n’y avait, quand même, que du sable. Donc, c’est quand même beaucoup plus fréquent des noirs avec la tache blanche au niveau du poitrail plutôt que sable.
E.
Donc toi, tu as Iffy à 12 ans. Tu en étais où au niveau scolaire, du coup ?
A.
Je rentrais en 5e.
E.
Donc, tu as fait à rentrer en 5ème avec Iffy. Comment ça s’est passé les premiers temps ? Est-ce que t’avais fait un peu de préparation au niveau du collège ? Comment ça s’est organisé ?
A.
Du coup, j’avais prévenu mon collège. Eux, ils n’avaient aucun souci, juste un peu d’appréhension que le fait que ça fasse un peu de perturbations en classe. Ce que je peux comprendre, ils ne connaissaient pas du tout le monde des Chiens Guides non plus. Je les ai prévenus. Ils ont aussi fait un mot pour la rentrée suivante où j’arrivais avec Iffy, pour prévenir tous les élèves qu’il ne fallait ni la toucher, ni la caresser, ni l’appeler, ni lui donner à manger. Que c’était un chien de travail et qu’elle m’accompagnerait, mais qu’à aucun moment, c’était clairement un animal de foire, quoi. Il y a aussi à la rentrée, une éducatrice de la Fondation qui est venue pour le redire, pour que tous les élèves le sachent.
E.
D’accord.
A.
Par contre, dans ma classe, le premier jour, je l’ai lâchée pour que, quand même, elle aille voir un peu tous les gens qui allaient être dans ma classe et qui allaient m’accompagner toute l’année. Pour que eux puissent quand même la voir. Surtout que dans ma classe, il y avait quand même trois personnes qui avaient une phobie des chiens. Bon y en a une, c’est passé. Il y en a une, pas du tout. Ça a vraiment était une rentrée où les élèves étaient vraiment hyper contents et où on respectait franchement super bien.
E.
Donc, tu as fait une rentrée en bonne compagnie.
A.
C’est ça !
E.
Il y a eu, quand même, – tu nous disais- une présentation, une sensibilisation un peu officielle avec une personne de la Fondation Frédéric Gaillane.
A.
Oui.
E.
Je pense que ça a dû aussi, un peu, officialisé le fait que c’était dans un cadre, un processus. Et c’est vrai que l’appréhension – alors moi j’ai la même quand j’ai des chiens en relais – mais les gens pensent toujours que ça va perturber. Bon, là, on a Mozart, on en parlera après qui dort allégrement et qui ne nous perturbe pas nos journées en ce moment. On peut comprendre que cette appréhension là, en tout cas, qui, au final, n’est pas justifiée. Je pense que ça, s’est prouvé dans le reste de l’année avec Iffy à tes côtés. Ça n’a pas forcément bouleversé l’ambiance de la classe, ça n’a pas mis trop le bazar. Ha ! Ha !
A.
Ha non, non ! Même au bout d’un mois, ils me l’ont dit clairement et ont fait : « Bah, on est désolés pour tout ce qu’on a pu dire au niveau appréhension. ». Ils étaient même contents qu’elle soit là, parce qu’au final, elle détendait la classe. Par exemple, quand elle soupirait ou des choses comme ça : c’était des choses au début auxquelles on n’est pas habitués, donc tout le monde rigolait. Ça détendait vraiment la classe ! Et ils étaient même plutôt contents de ce que ça pouvait apporter à la classe plutôt qu’au final, les perturbations sur lesquelles on pensait que ça allait avoir quoi (et qui en avait pas du tout).
E.
Ouais, donc ça avait un effet positif. C’est ce que je dis. Je crois que je l’ai déjà raconté une ou deux fois, mais bon, je vais radoter alors… Les premières fois où mon copain avait emmené des chiens en relais dans l’open space (puisqu’il était à l’époque), ça avait un peu été la même chose parce que le chien dormait. Et puis, au final, ça avait un peu calmé les collègues parce que la première balle que d’habitude ils se lançaient les uns les autres… Au premier rebond, tu imagines la situation ? Il y avait la miss qu’on avait en relais qui était intervenue et qui alors dormait normalement derrière Clément. Et ça avait été assez rigolo. Et finalement, ça avait un peu calmé le jeu de balle, on va dire. Parce qu’il y avait quelqu’un de plus réactif, tout simplement ! Ha ! Ha ! Et ça avait été assez rigolo de voir comment ça se faisait, etc. Et qu’est ce que ça va changer ? Tu as vu une différence entre ta classe de 6e non-accompagnée d’un chien guide et ta classe de 5e ? Dans ton quotidien, par exemple ?
A.
Alors sur ma classe, non, mais sur mon comportement à moi, oui. Parce que au départ, quand même… Même si ça m’a fait du bien d’avoir du coup eu des échanges avec des personnes non-voyantes. Mais je m’étais vraiment beaucoup renfermée sur moi et… Je n’étais pas très sociable clairement, il faut le dire. J’étais un peu : dès qu’on me proposait de l’aide, je repoussais les gens. Parce que pour moi, c’est en mode : « Bah OK, il veut m’aider, soit-disant parce que je ne peux rien faire ». Alors que, c’était gentiment et que clairement, quand on non-voyant, on ne peut pas tout savoir faire du premier coup. Donc, en fait, c’est surtout sur moi que ça a eu vraiment un gros impact. On peut le dire parce qu’en fait, j’ai vraiment réappris à m’ouvrir aux gens, à oser aller leur parler. Même oser parler du handicap parce qu’ils venaient me parler du chien. Je me suis rendue compte que, de toute façon, il fallait bien que j’apprenne à vivre avec mon handicap parce que je l’aurai à vie. Et du coup, c’est vraiment sur moi que ça a eu un impact vraiment très positif parce que j’ai appris à me réouvrir aux gens, à oser en parler, à oser me balader clairement puisqu’avant – en plus avec la canne-, je n’aimais pas du tout, mais pas du tout le regard.
E.
C’est ce qu’allais te demander.
A.
C’est ça.
E.
Parce que tu as eu quand même une canne, une pré-canne ? Comment ça s’est passé pour toi quand tu as perdu la vue ? Est-ce que c’était plutôt : « non, pas du tout »? En général, c’est plutôt ça, mais comment tu l’as vécu, toi ?
A.
C’était non, pas du tout, mais en même temps, pas le choix. Donc bon… Ha !
E.
Ha ! Ha ! C’est un peu ça en général, hein.
A.
Bah ouais, c’est un peu le souci parce que je disais : « non, pas du tout », mais je voulais continuer à voir mes amis et voir des amis sans pouvoir se déplacer, ça devient quand même compliqué… Donc, le « non, pas du tout » a fait que je n’ai pas eu le choix. Mais par exemple, si j’allais en magasin, je la rangeait. Je n’osais pas, je me sentais mal : les gens je trouvais qu’ils ne me regardaient pas bien. Je me sentais vraiment à ma place, donc je la sortait pas. Alors que là, vraiment, avec le chien, j’étais contente de sortir, de montrer que ma chienne savait bien travailler et que je pouvais faire des trajets, me déplacer toute seule, que j’étais autonome, de montrer à mes parents que j’en étais capable. Alors qu’à la canne, je ne l’aurais jamais fait parce que d’une je n’aimais pas le regard, je ne me sentais pas du tout rassurée toute seule. Alors que là, le chien, en fait, il me rassurait énormément. Alors que pourtant, c’est nous qui donnons les directions… Donc si on se goure de direction, dans tous les cas, on sera perdus ! Ha !
E.
Ha ! Ha !
A.
Mais sauf que vraiment, d’avoir ma chienne, elle a appris à me donner confiance et du coup, à me montrer que j’en étais capable. Donc ça a vraiment été un gros effet positif pour moi parce que j’ai vraiment appris à me faire confiance, et puis à accepter le handicap alors qu’avant… vraiment, pour moi, c’était non. Le nombre de personnes que j’ai repoussé, mais vraiment méchamment… Il y a même des gens qui m’ont dit : « Il y a vraiment eu un gros changement entre le avant et le après du chien. C’était vraiment. C’est vraiment flagrant. »
E.
C’est vrai que là, parmi les invités, jeunes ou moins jeunes d’ailleurs, la canne, c’est vraiment quelque chose qui peut être une hantise. Et de toute façon, le regard de la société sur quelqu’un avec une canne n’est pas le même que sur quelqu’un avec un chien. Tu l’as vu et tu es passée, peut-être, de la fille à la canne, à la fille au chien ?! Ha ! Ha !
A.
C’est exactement ça !
E.
Oui, je crois que Bérénice m’avait témoigné la même chose en disant qu’au final, ça prend le pas sur le handicap, alors que c’est du fait du handicap que tu étais accompagnée.
A.
Oui et je dirais même qu’en fait, j’osais sortir parce que j’étais fière de ma chienne. C’est même pas de moi au final, mais vraiment fière de ma chienne, de ce qu’elle sait faire, ce qu’elle pouvait m’amener. Enfin, pour moi, c’était une fierté de l’avoir, elle. Parce qu’elle était mais… J’étais vraiment impressionnée. Alors que pourtant elle me montrait un passage piéton et tout. Mais à chaque fois qu’elle me le montrait, j’étais trop contente parce que « wow, elle sait le faire ! ». Alors que c’est quand même impressionnant, je trouve, et du coup, même moi, j’étais fière d’elle. Et il y a vraiment une fille avant et après. Puisqu’en fait, c’est d’elle dont j’étais fière et du coup, ça a vraiment changé. Du coup, j’osais en parler, enfin quand les gens venaient me parler d’elle, ça ouvrait vraiment la discussion. Alors que la canne c’est un peu compliqué d’aborder, quand même…
E.
Ouais, Karen nous disait dans l’épisode 13, qu’elle avait essayé de mettre des strass un peu sur sa canne, mais que ça n’avait pas du tout le même effet que sa jolie Miami, son berger allemand qui l’a guidait, sa chienne guide. Mais bon, elle avait tenté. Donc, au final, à 12 ans, tu es rentrée en cinquième. Du coup, est-ce que tu as peut être fait les trajets de manière beaucoup plus autonome ?
A.
Ben alors, les trajets beaucoup plus autonomes. Après moi, j’habite en campagne donc je n’avais pas le choix que de prendre un taxi pour y aller. Mais il y a quand même des trajets, par exemple pour aller de mon collège au centre pour des rendez-vous. Du coup, j’ai pu les faire seule. Puis ça rassurait aussi mes parents de savoir que j’avais la chienne avec moi et que je n’étais pas toute seule, lâchée en pleine nature. Voilà, ça les a quand même beaucoup rassurés aussi. Donc, c’est vrai que déjà, ça m’a permis de faire ce déplacement que je n’avais jamais fait auparavant. Je ne me sentais pas capable et je ne voulais pas le faire, du coup. Ça m’a permis de faire certains trajets, puis même du coup, accompagnée de mes amis, de pouvoir me déplacer vraiment seule et pas de les tenir au bras comme je faisais avant.
E.
Oui, d’être autonome dans ton déplacement grâce au guidage de Iffy, qui faisait ça magnifiquement bien.
A.
C’est ça !
E.
Donc, vous avez passé 12 années avec Iffy. Comment ça s’est passé ? Elle t’a accompagnée pendant le collège, peut-être un peu après?
A.
Alors elle m’a accompagnée dans tout mon collège et elle m’a accompagnée vraiment au tout, tout, tout début de mon lycée. Parce qu’Iffy est décédée le 3 novembre 2018 et je suis rentrée en seconde en septembre 2018. donc c’était vraiment tout au départ. Parce qu’elle m’a fait un cancer fulgurant de la rate. Donc, elle est décédée en quinze jours.
E.
Mon Dieu !
A.
Donc, c’est pour ça. Ça a été un arrêt un peu brutal. En gros, elle m’a guidée pendant les deux premiers mois, et pendant les vacances de la Toussaint, tout s’est stoppé d’un coup !
E.
Ça a dû être très, très dur, cette épreuve…
A.
Ça a été très dur parce qu’en plus, étant ma première chienne, j’avais une très, très forte relation avec elle. Je l’emmenais partout. Le seul endroit où elle ne me suivait pas, c’est à l’équitation, puisque je voulais pas lui faire prendre le risque de justement se faire botter par un cheval ou des choses comme ça. Donc, c’est vraiment le seul endroit où elle ne me suivait pas. Sinon, elle faisait tout avec moi et je n’allais même plus à la piscine parce que je pouvais pas l’emmener. Je faisais vraiment, je faisais tout pour être avec elle ! Pendant une semaine, clairement, je n’ai pas pu aller en cours. J’ai perdu des kilos. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. C’était vraiment violent. Limite, on a du me mettre sous médicaments pour vraiment essayer de me faire remonter la pente. Du coup, j’avais des carences. Enfin c’était un peu catastrophique.
E.
Mais en même temps, c’est normal. C’est une épreuve qui n’est pas facile.
A.
C’est ça.
E.
Tu étais quand même jeune – et jeune ou moins jeune, ça reste une épreuve compliquée -. Comme tu dis, c’est la première chienne guide. Et puis tu l’as si bien dit, il y a eu un avant et un après.
A.
Vraiment, la chance que j’ai eue, c’est que j’ai eu un très, très gros soutien et de ma famille et de mes amis et de la fondation qui m’a vraiment permis de… Alors ce n’est pas une épreuve moins douloureuse parce que ce n’était pas possible, mais qui m’a permis de remonter plus facilement la pente et qui m’a permis de retrouver le sourire quand même plus rapidement et de me remettre sur le chemin pour avoir un nouveau chien. Parce que clairement, dans ma tête, ce n’était pas possible. Et sans leur soutien à tous, de toute façon, je n’en aurais pas été capable parce que dans ma tête, c’était Iffy et personne d’autre, quoi. Donc, franchement, leur soutien était vraiment indispensable pour que je remonte la pente et que ça aille mieux. Parce que en plus, en quinze jours, c’est vraiment très brutal donc c’est… Enfin, et puis, à 15 ans, c’est un peu difficile de voir sa chienne souffrir comme ça. Vous savez, de toute façon que vous êtes inutile, un cancer on sait très bien qu’on ne peut rien faire. Ça a vraiment été une dure épreuve. Mais enfin, je remercie vraiment la Fondation, ma famille, mes amis, d’avoir été là parce que c’est vraiment ce qui m’a permis de remonter après son décès.
E.
Donc ça, c’était au début de ton lycée ?
A.
C’est ça !
E.
Grosse épreuve à l’entrée du coup pour toi. Tu as remonté la pente en quelques mois quand même, parce que je pense que ce n’est pas forcément quelque chose qui se fait du jour au lendemain.
A.
Non.
E.
Ça a été sur le parcours scolaire, ça t’as un peu perturbé aussi, peut-être?
A.
Il n’était pas ‘fameux’ on va dire. Il valait mieux prendre exemple sur quelqu’un d’autre on va dire ça comme ça !
E.
Mais c’est normal.
A.
Oui.
E.
C’est une situation de deuil de toute façon, c’est vrai qu’on parle pas souvent des deuil vis-à-vis des animaux, mais ça reste quand même, surtout avec la relation hyper fusionnelle que tu avais avec Iffy.
A.
C’est ça !
E.
Et qu’est ce qui s’est passé du coup pour toi ensuite ? Donc, tout le monde t’a remis un peu le pied à l’étrier ?
A.
C’est ça ! Parce que du coup, moi, je leur disais que je ne voulais pas de chiens.
E.
Oui c’est souvent ce qu’on entend que le premier souvent… « Est-ce qu’il est irremplaçable ou pas ? » c’était un peu ta question, j’imagine à l’époque ?
A.
C’était même pas une question, elle était irremplaçable ! Il n’y avait pas de questions à se poser, c’était non ! Et du coup, oui, mes amis, ma famille m’ont dit clairement : « Anaïs, de toutes façons, tu ne peux pas vivre sans chien. C’est clair, c’est net, tu vis pour les animaux. Donc va falloir que tu t’y remettes ». Et puis la fondation m’a appelée, m’a beaucoup soutenue, m’a dit: « Tu sais, Anaïs, on ne t’oblige pas à en reprendre un, mais viens au mois faire une pré-classe : revoir des chiens, remarcher avec, après, on verra ce que tu en dis. On ne t’obliges pas, mais tu devrais tester. » Puis, à force de parler avec la Fondation, ils ont quand même réussi à me convaincre.
E.
D’accord !
A.
Ce qui fait que je suis allée faire une pré-classe au mois d’avril, du coup 2019. Les trois premiers jours : très durs… Parce que forcément, même si ça faisait six mois que ma chienne était décédée, revoir un autre chien, je n’en avais pas revus entre temps, je n’avais pas remarché au harnais entre temps. Donc forcément j’avais Iffy en tête, donc ça a été très dur et j’ai craqué sur l’une des chiennes que j’ai testées et qui m’a fait me rendre compte que oui, effectivement, ça allait être difficile de vivre sans chien. Donc, j’ai dit à la Fondation que j’étais partante pour revenir, pour avoir un nouveau toutou qui partage ma vie de nouveau jusqu’à… le plus longtemps possible, jusqu’à temps qu’ils peuvent. C’est pour ça que je suis allée à la classe de juillet 2019.
E.
Donc là, t’étais un peu à nouveau ouverte en espérant trouver un peu le coup de coeur qui prendrait la suite, même si on n’oublie pas les premiers dans tous les cas. Et donc, qu’est ce qui s’est passé à cette classe de juillet 2019 ?
A.
Du coup, j’ai testé plusieurs chiens. Il y avait Mozart dans le lot.
E.
Que nous avons à nos pieds !
A.
Qui était là. Et donc, du coup, avec Mozart, on a eu un peu de mal au départ parce que bah, lui a un petit peu de caractère. J’ai aussi mon caractère, mais ça c’est vite fait. Franchement, c’est une vraie boule d’amour qui est très têtu, donc faut lui tenir tête. Mais c’est vraiment une vraie boule d’amour qui m’a donné son amour tout de suite, qui m’a montré qu’il était là. C’est vite devenu inséparable de nouveau. J’ai eu mon premier chien, j’ai eu mon deuxième chien et chacun c’est des histoires différentes. Mais les deux comptent énormément, c’est mes deux gros doudous.
E.
Et donc, ce gros doudou, Mozart, pour le coup, il est pas de couleur sable.
A.
Pas du tout.
E.
C’est un Saint-Pierre ?
A.
Oui.
E.
Donc, Saint-Pierre, on reprend un peu la filiation du Saint-Pierre : c’est deux labernois croisés ensemble.
A.
C’est ça.
E.
Et donc, on disait labernois, si on remonte encore, les grands parents étaient, du coup, un labrador et un bouvier bernois de chaque côté.
A.
C’est ça.
E.
Et donc, il est… C’est un gros nounours, comme tu dis, un gros doudou tout noir, avec le poitrail et le bout des pattes même, pour Mozart, bien blanc.
A.
Et la queue, le bout de la queue.
E.
Et le bout de la queue, en effet, bien blanc. Ça a été une nouvelle aventure. Tu as fait ta rentrée de première ?
A.
C’est ça !
E.
Avec lui en 2019. Comment ça s’est passé ? Est-ce que c’était différent ?
A.
Déjà, c’était différent parce que la mentalité est différente du collège. Elle l’est complètement… Puis c’était un plus grand établissement parce qu’au collège, on était 500, là on était 1200. Donc, forcément au niveau présentation, ce n’était pas pareil. Mais il n’y a pas eu une aussi grande présentation comme au collège.
E.
Parce que ça ne s’y prêtait pas forcément ?
A.
Non, et puis, ils avaient quand même, ils avaient quand même connus Iffy, même si c’était que deux mois. Et il y avait un chien d’assistance pour une personne en fauteuil roulant, donc ils savaient ce que c’était un chien de travail, qu’il ne fallait pas le caresser, l’appeler… Je n’ai pas du tout eu de soucis et il a même plutôt été bien accueilli parce que Mozart, c’était la mascotte. Tout le monde lui disait « Salut » de loin, donc ils disaient : « Salut Moz’ ! ». Ils savaient que c’était lui mais après ils disaient juste ça, donc Mozart ne se retournait pas. Mais tout le monde connaissait son prénom, j’étais un peu ‘optionnelle’ à côté… Ha ! Ha ! Mais du coup non c’était une vraie mascotte. C’était ‘la’ mascotte du lycée.
E.
*Il est venue se coucher à coté de moi.* Ha ! Ha ! Gros doudou vient chercher des caresses. Donc, cette rentrée, finalement en première, plutôt douce, en bonne compagnie ?
A.
Oui.
E.
Et donc, tu a poursuivis tes études : première, terminale ?
A.
C’est ça !
E.
Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie alors ? On va le dévoiler un peu après, mais j’en sais un peu… Parce que tu as poursuivis après ton bac, du coup, vers des études supérieures, quand même ?
A.
C’est ça, donc actuellement, je suis en première année de BTS ACSE : Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole. Et du coup, mon souhait, ça serait de monter un élevage de chèvres pour faire du fromage fermier. Si possible, j’aimerais aussi développer un élevage équin.
E.
Voilà, donc on est ensemble aujourd’hui, mais aussi les quelques jours qui arrivent, puisque tu es rentrée dans ma vie aussi professionnelle il y a quelques mois. Puisque je t’avais croisée… Je t’avais ‘manquée’ d’abord sur un salon où j’ai eu l’occasion d’avoir une photo d’une collègue qui m’a dit : « Il y a un chien guide sur le stand ! ». Mais j’avais déjà quitté le salon pour d’autres obligations professionnelles… Et nous ne nous sommes pas manquées au deuxième rendez-vous où tu étais aussi avec ta classe et donc j’avais eu l’occasion de te rencontrer, de rencontrer Mozart. Et puis du coup, après, on a échangé et c’est vrai que c’est rigolo de voir que la croisée de ma passion ‘Chien Guide’ et de ma passion profession existe. Aujourd’hui, elle s’appelle Anaïs. Ha ! Ha ! Et elle est accompagnée de Mozart. Mais en tout cas, c’est très rigolo. D’ailleurs, faudrait qu’on prenne une photo avec les chèvres en polystyrène qu’on a dans le bureau avec Mozart et toi parce que je pense qu’à côté, ça doit faire une belle impression.
A.
Oui, ça peut être pas mal. Et puis voir sa réaction : « Des copines ?! »
E.
Bin des copines oui ! Pour l’instant, il dort… C’est vrai donc que ce parcours un peu scolaire en bonne compagnie, qu’est-ce que tu en retiens, toi ? Est-ce qu’il y a des choses déjà qui t’ont marquées ? Est ce qu’il y a quelque chose que tu as appris ou que tu as découvert dans cette aventure auxquelles tu ne t’attendais pas quand tu as fait ta première demande de chien guide?
A.
Auxquelles je ne m’attendais pas…? Déjà, franchement, j’ai trouvé une vraie famille dans la fondation. C’est vraiment une équipe formidable sur qui j’ai pu compter de A à Z. Et vraiment, pour moi, c’est une famille. Parce que quand tu passes les classes là-bas et tout (surtout à l’âge de mes 12 ans), passer 3 semaines là bas sans mes parents, c’est comme une épreuve parce que je l’avais jamais fais. Sinon, j’étais chez ma grand mère donc quand c’est dans le cadre familial, c’est pas encore pareil. Je m’attendais à ce que ça soit dur, mais du fait d’avoir été entourée par eux, d’avoir les loulous qui sont là et tout ça, ça m’a vraiment fait du bien. Le fait d’avoir trouvé une vraie famille dans la fondation et de savoir qu’ils seront toujours là, et bien c’est génial. Merci voilà !
E.
Il y a eu aussi, quand tu parles de la famille, la famille Fondation Frederic Gaillanne, c’est toutes personnes confondues, parce que je crois savoir que il y a des parrains qui sont très présents.
A.
C’est ça !
E.
Il y a des familles bénévoles. Du coup, je fais un clin d’œil à quelques unes avec qui je parle souvent qui sont du coup familles d’accueil pour la Fondation. Il y a le service com avec qui je discute souvent. Il y a toute l’équipe de la Fondation. Et puis, je pense qu’il y a aussi les collègues ou je ne sais pas comment vous les appelez, les camarades de classe peut-être? Les promos ? Comment ça se dit ?
A.
Les amis !
E.
Les amis tout simplement !
A.
Oui, vraiment, la fondation, c’est tout le monde. C’est toute personne en relation avec la Fondation. C’est vraiment tout le monde confondu, oui. Autant du coup, les amis, que l’équipe, que la famille d’accueil, que les parrains, c’est vraiment l’ensemble de la Fondation qui est vraiment une famille et avec qui on peut vraiment partager tout.
E.
Et du coup, on fait aussi un clin d’œil aux autres. On a déjà parlé de Bérénice, mais je sais que Marine et puis d’autres ont tout de suite captés, quand j’ai mis une petite photo en début de semaine de Mozart en disant que j’avais un nouveau collègue pour les quelques jours qui arrivaient. Certains ont reconnu Mozart, d’autres ont supposés Mozart et d’autres ont dit : « Mais c’est qui ? ». Parce qu’en effet, c’est aussi un réseau et comme tu dis, une belle famille et vous partagez beaucoup entre vous. Et puis, quand on a 12 ans et qu’on rentre comme ça en pré-classe, je pense que ça doit être aussi un peu particulier. C’est pas comme quand on est adulte et qu’on fait une remise chez soi. Justement, ça fait quoi pour toi ? Quels étaient les inconvénients ou au contraire, les avantages à avoir un chien guide si jeune ?
A.
Inconvénients ? Franchement, moi, j’en trouve pas. Après, je sais que moi, j’ai une relation : mes chiens, c’est tout. Je vis pour les chiens et donc j’avoue que inconvénient, je n’en trouve pas. Après moi, je pars du principe que tu n’acceptes pas mon chien, tu ne m’acceptes pas, il fait partie de moi. Donc si tu veux pas de lui, c’est que tu ne veux pas de moi. Ou en tout cas, tu ne m’aimes pas assez pour l’accepter. Je pars vraiment de ce principe là. Après, c’est sûr que tout ce qui est piscine et tout, certes, tu ne peux pas rentrer, mais je dirais pas que c’est un inconvénient. Enfin, moi, ça ne me gêne pas du tout de ne pas y aller parce que et bien il est là et que je n’ai pas le choix. Donc après, forcément qu’il y en a parce que je me doute que pour quelqu’un, ramasser les déjections, ça peut être compliqué quand on est sensible. Donc je sais qu’il y en a pour certaines personnes et je le dis bien quand je parle avec des non-voyants qui me demandent les inconvénients, je peux les voir pour les autres, mais pour moi, je ne vois pas. Et avantages, c’est un réel soutien au quotidien qui est toujours là. On sait qu’il sera là autant dans les moments, quand ça ne va pas que quand ça va. Au niveau de fluidité des déplacements clairement, il n’y a pas de différence. Enfin là je vois à Paris, il ne serait pas là, je ne pourrais pas venir au stage, ça serait trop compliqué. Et après, vraiment en autonomie, puis en confiance en soit, moi, Mozart est là, je m’en sens capable, il n’est pas là, je ne peux. Seule à la canne, je ne peux pas. J’ai vraiment besoin de lui pour avoir confiance en moi et pouvoir faire le déplacement.
E.
Il approuve. Ha !
A.
Oui, c’est ce que j’allais dire : il acquiesce.
E.
Ha ! Ha ! Oui, c’est vrai que là le quotidien de ces quelques jours à Paris, bon, même si tu n’es pas tout à fait en totale autonomie – parce que Paris reste trop compliqué à prendre en main, on va dire en quelques jours -, ça reste un indispensable, même là dans les bureaux. Pour avoir ton autonomie, pour te déplacer, c’est sûr que c’est plus sympa. Et puis, le regard, aussi, des gens est peut-être différent, j’en suis sûre même, qu’avec la canne, etc. Et tu nous expliquais que tu avais eu Iffy quand tu avais 12 ans ? Comment ça c’était organisé au quotidien ? Parce que bon aujourd’hui, je parle avec toi, mais j’imagine que c’est un projet qui est un peu familial quand même. Parce que quand on a 12 ans, même si on est autonome et volontaire, il y a peut-être des implications du côté de tes parents. Comment ils ont vécu tout ça ? Est-ce qu’ils étaient à fond dans le projet ? Je pense un peu, oui, mais à quel point ils étaient investis au final, dans ton accompagnement avec un chien guide ?
A.
Ils ont été investis déjà à chaque stage parce qu’il fallait m’emmener, venir me chercher. Ils m’appelaient tous les soirs pour savoir comment ça se passait. Ils étaient vraiment investis pour savoir comment ça allait, comment ça se déroulait et tout ça. Après, une fois qu’Iffy est arrivée, de toute façon, ils avaient été clairs avec moi, c’est moi qui ai voulu le chien, donc c’était à moi de m’en occuper. Et de toutes façons c’est ce que dit la Fondation : le chien, c’est à nous de nous en occuper. Après, c’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de changements parce que j’ai une petite chienne domestique en plus et en fait, c’est déjà moi qui m’en occupait puisque pareil, c’est moi qui l’avait voulu. En fait, c’est juste qu’au lieu de brosser un chien, j’en brossais deux, au lieu de donner à manger à un chien, je donne à deux, au lieu d’en sortir un, j’en sortais deux. J’ai juste dédoublé tous mes gestes du quotidien, mais en soit, ça n’a pas été quelque chose de nouveau à rentrer…
E.
Dans l’équation, ouais.
A.
C’est ça ! Donc, du coup franchement, moi, ça c’est très bien fait et je n’ai pas du tout eu de soucis. C’est juste qu’il fallait dédoubler donc forcément, le brossage au lieu de mettre 10 minutes tu en mets 20 ou 30 minutes en plus selon, si en plus, bien sûr, les deux ne veulent pas coopérer ce jour là. Ça prend un peu plus de temps ! Franchement, ça n’a pas été du tout difficile. Et mes parents étaient là toujours pour me soutenir. Mais je savais que c’était mon chien, donc c’est à moi de m’en occuper. *Quoi qu’est-ce qu’il ya ?*
E.
*Ha ! Ha ! Il veut parler au micro lui aussi !*
*Tu veux dire bonjour ? »
E.
*Ha ! Ha ! Ha !* Oui, donc, au final, dans les éléments à prendre en compte avant de se lancer dans l’aventure, d’être accompagné très jeune par un chien guide, c’est qu’il faut que ce soit quand même un minimum, un projet familial. Parce que même si tu t’en es occupée, sans le soutien de tes parents, l’accompagnement de tes parents, tu n’aurais pas pu faire tous les stages, etc, par exemple ?
A.
Ah bah non, parce qu’il fallait… (interruption de Mozart *Ouf ! Oui gros câlin,oui mon lou*). Du coup, la Fondation… *Non, ne fait pas un bisou micro*
E.
Ha ! Ha !
A.
*Oui mon doudou*. La fondation, elle est quand même à L’Isle-sur-la-Sorgue. Moi, j’habite à Rennes pour y aller il y avait quand même beaucoup de route. De 10 à 12 ans prendre le train seule, seule et non-voyante, c’est quand même… Forcément que les parents sont un peu stressés, même moi ! Moi, je ne me voyais pas faire seule, donc forcément qu’il fallait m’y emmener. Donc, si mes parents n’avaient pas voulu me suivre, de toute façon, je n’aurais pas pu me rendre au stage. Donc pas possible d’avoir un chien.
E.
Donc, c’est pour ça que je dis quand même aujourd’hui je te parle à toi, mais dans l’équation aussi. Il y a certes toute l’implication, quand même familiale, derrière.
A.
Ah oui !
E.
Un petit peu d’organisation. Même si, au quotidien, c’est toi maintenant qui gères le chien dans la mise en place, en tout cas. Et pour l’arrivée du chien guide, tu n’as pas été… Même avec toute la volonté du monde, tu aurais eu besoin d’un appui quand même.
A.
Oui.
E.
On va dire ça comme ça, mais du coup, ça, c’est à prendre en compte. C’est un projet qui doit être collectif, un minimum au sein du noyau familial.
A.
Bah oui, parce qu’en plus, le chien est quand même dans la maison, là. Donc, si c’est pour qu’il embête tout le monde et que tout le monde soit en train de râler, après et tout… Ça n’a pas non plus d’intérêt. Enfin, le chien ne se sentira pas à sa place aussi. Donc s’il n’est pas bien mentalement, on n’y fera pas bien son travail. Donc forcément qu’il faut que tout l’entourage familial proche soit d’accord et soutienne la personne et le projet pour que ça puisse bien se faire et que ça se passe bien au quotidien.
E.
Et je me demande toujours s’il y a un moment où tu as été bluffée du coup par Iffy ou par Mozart ?
A.
Alors Mozart, je dirais : sa mémoire. Et mais je reste toujours impressionnée de sa mémoire, mais de dingue, il n’y a pas d’autre mot. Je fais une fois un trajet, il peut me le refaire vraiment. Mais une semaine après. Une fois, un mois après, je leur fais ; il s’en souvient. C’est vraiment : sa mémoire. Mais c’est à chaque fois ! Même hier soir, il l’a fait le matin à l’envers il a su me le refaire.
E.
Oui, même dans le sens inverse, c’est ça que tu veux dire.
A.
C’est non, je ne sais pas… il a une mémoire, c’est vraiment, ça m’impressionne ! Mais à chaque fois, c’est à chaque trajet, du coup à chaque fois je suis : « Wow ! ». C’est vraiment impressionnant et je suis toujours autant épatée de sa mémoire parce que franchement, je suis à chaque fois impressionnée. Et ça il le sait, donc il est toujours très content de montrer qu’il a retenu. Ha !
E.
Ha ! Ha !
A.
Il sait que c’est vraiment quelque chose qui m’impressionne. Et après chez Iffy, je dirais que c’est sa capacité à apprendre. Elle comprenait très vite ce que j’attendais. Enfin, dès que je voulais lui apprendre un nouvel ordre – parce que j’aime beaucoup apprendre des ordres, en plus, à mes chiens – des petits tours (fait le beau, salut, fin des choses comme ça) elle les comprenais vraiment très vite. C’était très rapide ; tu expliquais une fois et ça venait tout seul. C’était assez impressionnant, du coup, la vitesse de…
E.
D’apprentissage ?!
A.
D’apprentissage, ouais !
E.
Donc, tu lui avais appris plein de choses en plus ?
A.
Oui.
E.
Qu’est ce que tu avais appris, par exemple ?
A.
Le 8 entre les jambes, fais de la belle.
E.
Ouais.
A.
Salut, sauter dans les bras…
E.
Wow ! Ha ! Ha ! T’arrivais à la réceptionner ? Ou juste les pattes avant ?
A.
Oui, non, que les pattes avant !
E.
Ha ! Oui !
A.
Mais elle sautait les pattes arrière, mais fallait déjà que je chope les pattes avant donc euh… Donc, on n’allait pas trop en demander non plus ! Donc : passer entre les jambes et donner la patte… c’est plein de petits tours comme ça que j’inventais, en fait, selon ce qui me passait par la tête. Et comme ça, j’étais contente de, par moments, lui demander puis qu’elle me le refasse. Du coup, c’est plus un jeu que du travail.
E.
Oui.
A.
Mais c’est amusant, quoi. Et pour le chien et pour son maître ! Donc, c’est vrai que j’apprends plein de tours comme ça à mes chiens, dès que ça me vient. Ha !
E.
Et c’est chouette ! En tout cas, tu nous parlais de la grande famille de la Fondation Frédéric Gaillane. J’ai rigolé, j’ai bien souri l’autre jour parce que, c’était il y a un mois ou deux, ma maman (elle me garde toujours des trucs quand ça parle des chien guide), elle m’a ressorti la photo pour la Fédération Française des écoles de Chiens guides (l’Association de Chien Guide/la FFC), où il y avait eu une campagne où tu étais justement avec Iffy. Si je ne me trompe pas ?
A.
Oui !
E.
Et du coup, c’est rigolo parce que sur la photo, tu étais avec deux autres bénéficiaires. Et elle me l’a donnée en disant : « Ah, peut-être que ça t’intéresse ? ». Je dis : « Mais surtout, ça m’intéresse et puis je connais ! » He ! C’était très rigolo ! Mais dans cette grande famille, est-ce que tu as fait une ou plusieurs rencontres peut être exceptionnelles, que tu n’aurais pas forcément faite si tu n’avais pas eu de chien guide dans ta vie ?
A.
Du coup, il y a beaucoup, beaucoup de personnes. On va commencer… Alors ça n’a pas d’ordre de…
E.
D’importance ?
A.
Voilà ! Alors que si les personnes écoutent, elles ne m’en veuillent pas. Déjà mes deux parrains de classe, parce que c’est vraiment des personnes avec qui j’ai gardé contact et avec qui je m’entends très bien. On discute régulièrement, ils sont vraiment avec un grand coeur chacun. Donc franchement, mes deux parrains de classe, c’est vraiment des personnes que je n’aurais pas rencontrés à part à la Fondation.
E.
Parce que les parrains de classe du coup, c’est les parrains de promo ? Ça peut être des personnalités…
A.
C’est des personnalités. Donc moi, il y a Thierry Jouant qui est un écrivain. Et il y a Jean-Pierre Jeunet, qui est le réalisateur de films et en particulier du Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Après, j’ai aussi trois amis en particulier, avec qui je suis encore très proche, que j’ai rencontrés là bas, en tout cas, avec la Fondation. Pareil, je ne pense pas que je les aurais rencontrés autrement parce que nos chemins se sont croisés là-bas. Ou, en tous cas, par la Fondation, donc… Sinon, peut-être qu’on se serait rencontrés autrement ? Mais je ne vois pas comment se seraient rencontrés, sachant qu’on habite chacun dans des villes différentes.
E.
Très éloignées, ouais.
A.
C’est ça. Et, il y a quand même la fondation avec : la présidente, le président, les éducateurs, la famille d’accueil de Mozart avec qui je garde des très, très bons liens aussi, avec qui on des photos régulièrement. C’est prévu que je retourne à la Fondation aussi pour leur faire un coucou. Mais bon, c’est la porte à côté, donc euh…
E.
Ha ! Ha ! Ça va se faire, ça va se faire.
A.
Mais en tout cas, c’est vraiment les personnes avec qui j’ai gardé de très bons rapports et avec qui je communique régulièrement pour donner des nouvelles, savoir comment eux vont, comment ça se passe, de pouvoir parler et rester en contact.
E.
On voit que, vraiment, le mot famille s’illustre beaucoup pour cette fondation avec des membres plus ou moins proches, des amis, comme tu dis, et puis plein de personnes très investies. C’est vraiment remarquable et je trouve que la fondation fait un boulot de fou. Et puis surtout, avec cette particularité, je le redis de remettre des chiens guides à des jeunes de 12 à 18 ans. Et on parle de 12 à 18 ans, mais au final, la prise en charge entre guillemets et les premiers contacts peuvent se faire largement avant 12 ans. Toi, comme tu le disais, les premiers contacts, tu les as eu autour de 10 ans pour justement préparer, pour ceux qui le souhaitent, avoir un chien aux plus jeunes. J’ai une petite question de fin que je pose toujours. C’est un peu rituel. Est-ce que tu peux nous raconter quel est ton pire et ton meilleur moment ? Ton meilleur souvenir avec les Chiens Guides, avec Iffy ou avec Mozart.
A.
Un grand moment que je dirais qui est vraiment un très beau moment que je garde en mémoire. Bon alors, déjà il fait savoir qu’il y a mes 2 remises de chiens… Mais en dehors de ça, avec Mozart et mon copain, l’été dernier, on est allés dans les Pyrénées et on a fait une très grande randonnée, très difficile – dont je me souviendrais toute ma vie, je pense-. Et en fait, en haut, on est montés tellement haut qu’il y avait de la neige. Vraiment, de voir Mozart voir de la neige… Je ne l’avais jamais vu comme ça… vraiment, ses yeux se sont mis à briller, tellement il était heureux ! On s’est mis tous les trois à jouer dans la neige, du coup – un peu comme des gamins, clairement, ha !-. Mais ça a tellement est un moment fort ! Parce que j’avoue que la randonnée, en plus, était très dur, très belle – il n’y a franchement pas d’autre mot à dire -, mais de voir Momo, qui a pu suivre tout le long de la randonnée alors que moi j’étais quand même très longue, avec beaucoup de dénivelé. Clairement, je ne pensais pas qu’il allait pouvoir tenir. C’est une très belle randonnée que je garde et puis ce moment de neige. Et puis, il a réussi à traverser une cascade ! Enfin, il m’a fait des choses pendant cette randonnée qui était vraiment merveilleuses. Quand j’ai vu sur place, je me suis dit mais il va jamais pouvoir la finir, eh bah, encore une fois il m’a épatée. Mais du coup, c’est vraiment un très beau moment que je garde de nous trois. Et le pire moment…
E.
Tu nous en as sûrement déjà raconté un je pense avec Iffy.
A.
Oui…
E.
Et je pense que c’était un moment assez dur ?
A.
C’est le plus dur, mais… C’est le plus dur on va dire vraiment au niveau douleur/sentiment, je ne sais pas comment on peut dire ?
E.
Émotionnel ?
A.
C’est ça parce que c’est vraiment la pire chose qui a pu m’arriver avec les Chiens Guides. Parce que sinon…
E.
C’est plutôt des bons moments, sinon ?
A.
C’est ça ! J’ai mon chien, moi, tout me va, tout va bien. Il y a toujours les petites bêtises habituelles, mais bon, c’est pas grave : c’est drôle.
E.
Ha sinon, on ne s’ennuie pas !
A.
On prend ça à la rigolade. C’est ça, sinon s’ennuierait, ça n’irait pas. Donc non, j’avoue que sinon, c’est que des bons moments.
E.
Bon, bah écoute, tant mieux. On t’en souhaite encore de nombreux, on ne te souhaite vraiment que du bon. Et puis que ton avenir aussi professionnel soit aussi bien chargé et bien dans ce que tu souhaites (aussi caprin que tu le souhaites). Et puis on attendra de goûter les fromages. Moi, j’ai hâte de goûter les fromages que tu produiras un jour. Tu as encore le temps : petite parole de professionnelle hein !
A.
Ha ! Ha ! Ha !
E.
Prend le temps aussi de t’installer et de réfléchir à tout ça. Et je voulais vraiment te remercier parce qu’on fait ça un peu en fin de journée, après une grosse journée de stage pour toi aussi. Et c’était vraiment l’occasion de le faire en vrai, parce que je trouvais ça plus sympa vu qu’on passe quelques jours ensemble au lieu de faire ça à distance – comme on aurait aussi pu le faire – mais de profiter de l’occasion de se voir pour enregistrer en face à face. Merci à toi, merci pour ces confidences et j’espère que ça va t’emmener encore plus loin que ça !
A.
Merci à toi aussi, du coup, d’avoir pris ce temps pour le faire parce que c’était quand même une grosse journée aujourd’hui. Voila, j’ai Momo qui a participé aussi.
E.
Eh oui ! On va mettre des petites photos comme ça vous pourrez voir le gros doudou comme il est. Et puis je te dis à bientôt, du coup !
A.
Oui.
E.
Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Merci à vous de l’avoir écouté en espérant qu’il vous aura plu. En tout cas, un grand merci à Anaïs qui a enchainé une journée de stage avec moi et notre enregistrement dans nos bureaux. Une grande première pour moi d’enregistrer là-bas et un montage express en quelques jours. Pour compléter votre écoute, vous pouvez retrouver sur mon site tout rénové futurchienguide.fr des photos d’Anaïs avec Iffy et Mozart et bientôt, grâce à mes complices, la transcription intégrale de cet épisode. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer vos retours sur mon Instagram @futurchienguide ou via des étoiles sur Apple Podcasts ou – nouveauté – sur Spotify. J’ai vraiment hâte de découvrir ce que vous en avez pensé. Alors, à bientôt pour un prochain épisode sur l’univers méconnu des Chiens Guides d’Aveugle !