Aujourd’hui, je vous présente Élodie et vous emmène au centre de la France, mais aussi au centre du réseau d’élevage des chiens guides d’aveugles, puisqu’elle est famille d’élevage d’Opale pour le CESECAH. Élodie a toujours su qu’ils prendraient un chien avec son conjoint, et connaissant déjà le CESECAH, cœur du réseau d’élevage de la Fédération Française des Associations de Chiens Guides, devenir famille d’élevage était une évidence. Mais quel est le rôle et les missions d’une famille d’élevage pour le CESECAH ? Et comment s’organise son quotidien ? De l’arrivée d’Opale à ses deux mois à aujourd’hui, en passant par ses deux portées aux tailles extrêmes, Élodie revient pour nous sur toute son aventure en tant que famille d’élevage. Elle nous explique aussi l’organisation de son rôle de famille d’élevage au rythme des portées d’Opale, mais aussi tout le suivi assidu qu’elle fait du devenir des petits futurs chiens guides.
Je m’appelle Élodie, j’ai 33 ans et je suis infirmière au CHU de Clermont-Ferrand, et je suis famille d’élevage depuis 2018 de Opale, une belle bergère allemande.
Alors je ne connaissais pas, c’est que mon conjoint qui a un ami dont sa femme travaille au CESECAH. On a toujours su depuis qu’on est ensemble qu’on prendrait un chien un jour, et j’ai trouvé que la symbolique du chien guide était quelque chose de tellement belle, c’était un peu une évidence de prendre un chien du CESECAH. Dès qu’on a eu notre maison, on a été au CESECAH pour leur demander de faire un dossier, on peut donner des préférences de race (entre labrador, golden retriever ou berger allemand). Sans avoir de préférence, on a su que Jelly, une bergère allemande, allait avoir des petits début 2018 dont nous aurions une femelle.
On a pu suivre la fin de gestation de Jelly, jusqu’à sa mise-bas le 6 février 2018 de 5 petits : 3 mâles et 2 femelles dont Opale. Au final, trois de ses frères et sœurs sont chiens guides aujourd’hui, et un a été réformés pour un problème de dysplasie au niveau de ses coudes. C’est une fierté de savoir que ses frères et sœurs étaient guides, qu’ils avaient réussi leur certificat.
En avril 2018, Opale est arrivée chez nous à l’âge de 2 mois, au moment où ses frères et sœurs sont partis dans les autres écoles qui viennent les récupérer. Notre rôle de famille d’élevage est de lui donner une bonne éducation, et Opale est repartie une semaine par mois au centre pour s’habituer, et suivre son éducation (la marche en laisse, le stop assis, le rappel, les escalators, etc), et un samedi par mois de cours collectif qui reste très enrichissant, on se sent moins seuls ! D’ailleurs on possède un dossard bleu de « maman de chien guide » pour les emmener partout.
L’arrivée d’Opale a été un peu un grand chamboulement, car Opale a un caractère assez têtu ! On a serré un peu la vis et ça a fonctionné, mais le plus dur au début était les nuits dans la varicanel où Opale hurlait toute la nuit. Un jour on a tenté de la mettre dans une cage ouverte à 360°, et ça a été beaucoup mieux et nous a changé la vie, sans pour autant la laisser libre.
Avant de rentrer dans le circuit de reproductrice, il y a plein d’examens, au niveau médical (tares oculaires, dysplasie des hanches et des coudes, etc) mais aussi un test de comportement pour voir leur réaction aux parapluies, aux ventilateurs, aux congénères etc. Ce test filmé, leur permet de voir le profil de la future maman (ou du futur papa) pour faire les associations en contrebalançant les petits points négatifs de l’un avec les points positifs de l’autre.
Une fois le test passé, il y a un suivi des chaleurs qui est fait par le CESECAH : quand elle est en chaleur, elle retourne au centre le temps de ses chaleurs. Ensuite c’est eux qui choisissent sur quelle chaleur elle va être mise à la reproduction, souvent c’est insémination dès les premières chaleurs après avoir passé les examens (s’il n’y a pas trop de chiennes déjà gestantes). Du côté d’Opale, elle a passé tous les tests courant 2019, et a eu ses premières chaleurs « de reproduction » en février 2020 où elle a été inséminée avant de revenir à la maison. Ensuite il y a une échographie de contrôle à un mois, pour vérifier qu’elle est bien gestante, et évaluer le nombre de petits : Opale était bien gestante et entre 10 et 11 petits étaient visibles sans être sûr. Elle retourne enfin au centre une semaine avant la mise-bas, c’est le CESECAH qui gère le côté mise-bas et les 2 mois avec les petits. Opale a eu 14 petits entre le 30 mars et le 1er avril 2020. D’ailleurs quand le CESECAH l’a annoncé sur sa page Facebook, certains ont cru que c’était un poisson d’avril avec autant de petits, c’est en effet un record pour une insémination congelée. Quand ils ont des grosses portées, ils essaient de faire adopter quelques chiots à une autre chienne qui aurait mis bas récemment, c’est ce qu’ils ont fait pour 3 petits d’Opale avec une petite golden retriever qui avait eu 9 petits, pour avoir deux portées de 11 chiots au final.
Sur les 14 petits, le CESECAH a gardé une chienne pour la reproduction qui a déjà fait sa première portée, un mâle est parti à Handi’Chiens, un autre en Espagne (pour contribuer aux échanges entre centres d’élevage), une chienne gestante est partie récemment aux Etats-Unis pour être reproductrice là -bas, et les autres sont partis partout en France dans les écoles de chiens guides, certains ont déjà été remis comme du côté de Paris avec Raven et Rykka. C’est une vraie fierté pour nous sa famille d’accueil, de savoir que ses petits guident désormais !
Opale a fait une deuxième portée en 2021, elle avait 3 petits visibles à l’écho mais seulement 1 est né vivant et par césarienne, car un des autres petits mort-nés obstruait la sortie… Ce seul petit a été confié et adopté par une autre chienne qui n’en avait fait que 4, elle n’a pas connu son petit et ça a été assez dur les deux semaines avec une petite dépression, mais tout va mieux.
Avec des chaleurs tous les 5 mois, Opale a une chaleur « de repos » alternée avec une chaleur « de reproduction », sauf la dernière que le CESECAH a sauté car il y avait déjà beaucoup de chiennes qui avaient été inséminées dans la même période. Elle devrait refaire des petits en fin d’année sur sa prochaine chaleur de septembre a priori. En totalité, les chiennes font 4 à 5 portées par chienne, même si ça dépend beaucoup de comment se sont passés les mises-bas etc. Après elles sont réformées, le CESECAH les stérilise, puis elles appartiennent à leurs familles. Ce qui est pratique en tant que famille d’élevage pour le CESECAH, c’est qu’on a un bon suivi éducatif, le centre s’occupe du médical (radio, examen, puces/tiques, vaccination…), de l’alimentation et tout le post-partum aussi est pris en charge au cas où il arrive quelque chose. Par contre, en cas d’accident domestique, ce n’est pas dans le contrat et c’est à notre charge.
Ce qui est assez magique, c’est que nous avons été enceintes avec Opale ! Elle était avec nous pour la fin de grossesse et a pu voir notre petite grandir, et aussi nous revenir à la maison à trois. Opale a débarbouillée notre petite Juliette dans son cosy à son arrivée à la maison. Elles ont une grande complicité, d’autant plus qu’elle était déjà très fusionnelle avec moi.
Le seul inconvénient est quand il faut laisser Opale au centre pendant ses chaleurs, ou pour ses portées. L’avantage est le suivi pour l’éducation, et la plus belle récompense est que ses petits soient chiens guides !
Alors c’est plus les autres qui sont bluffés par l’éducation d’Opale, notamment quand on laisse passer des congénères en balade, en demandant à Opale de s’asseoir et attendre.
Le personnel du CESECAH, on a une copine qui y travaille, mais j’ai rencontré plein d’autres personnes avec qui on est en contact, on se voit souvent, toutes les personnes qui y travaillent.
Le meilleur moment c’est sa première portée, ses 14 bébés ! Et la galère les nuits en varicanel, mais aussi le premier été où on l’a eu et qu’elle avait été malade pendant notre absence du fait de trop grosses chaleurs, elle avait repeint la maison… On était tellement mal pour elle !
Â
E.
Bonjour et bienvenue sur le podcast Futur Chien Guide, le seul podcast sur l’univers des chiens guides d’aveugles soutenu depuis cette annĂ©e par la FFAC et l’ANM Chiens Guides. Je m’appelle Estelle. Je suis passionnĂ©e par les chiens guides d’aveugles et bĂ©nĂ©voles pour cette cause Ă Paris. Je suis d’ailleurs persuadĂ©e que l’univers des chiens guides d’aveugles mĂ©rite d’être mieux connu. En tant qu’amoureux des chiens, futurs bĂ©nĂ©ficiaires ou autres curieux comme moi, vous croisez parfois des chiens guides d’aveugles et leurs maĂ®tres en vous demandant : « Mais comment font-ils pour se dĂ©placer dans nos rues toujours plus agitĂ©es ? ». Ce podcast est le seul qui vous propose, au fil de rencontres enrichissantes, de dĂ©crypter l’univers des chiens guides d’aveugles pour comprendre par qui et comment ils sont Ă©duquĂ©s, mais aussi de dĂ©couvrir leur rĂ´le dans le quotidien de leur maĂ®tre et les bouleversements Ă leur arrivĂ©e, ou encore comment agir quand vous croisez un tel binĂ´me. Aujourd’hui, je vous prĂ©sente Élodie et vous emmène au centre de la France, mais aussi au centre du rĂ©seau d’Ă©levage des chiens guides d’aveugles, puisqu’elle est famille d’Ă©levage d’Opale pour le CESECAH. Élodie a toujours su qu’ils prendraient un chien avec son conjoint et, connaissant dĂ©jĂ le CESECAH (cĹ“ur du rĂ©seau d’Ă©levage de la FĂ©dĂ©ration française des associations de chiens guides), devenir famille d’Ă©levage Ă©tait une Ă©vidence. Mais quel est le rĂ´le et les missions d’une famille d’Ă©levage pour le CESECAH ? Et comment s’organise son quotidien ? De l’arrivĂ©e d’Opale Ă ses deux mois jusqu’Ă aujourd’hui, en passant par ses deux portĂ©es aux tailles extrĂŞmes, Élodie revient pour nous sur toute son aventure en tant que famille d’Ă©levage. Elle nous explique aussi l’organisation de son rĂ´le de famille d’Ă©levage au rythme des portĂ©es d’Opale, mais aussi tout le suivi assidu qu’elle fait sur le devenir des petits futurs chiens guides. Et maintenant, place Ă l’Ă©pisode !
E.
Bonjour Élodie.
É.
Bonjour Estelle.
É.
Merci beaucoup d’avoir acceptĂ© mon invitation sur le podcast Futur Chien Guide. Est-ce que tu peux prendre quelques minutes pour te prĂ©senter rapidement ?
É.
Oui, bien sĂ»r. Donc moi, je suis Élodie. J’ai 33 ans. Je suis infirmière au CHU de Clermont-Ferrand, donc de ma rĂ©gion. Et je suis famille d’Ă©levage depuis 2018 de Opale, une belle berger allemand.
E.
Alors justement, depuis 2018 et avant, comment tu as dĂ©couvert toi, Ă Clermont, il y a une Ă©cole, il y a le CESECAH dont on a beaucoup parlĂ©. Mais comment toi, tu as dĂ©couvert tout ça ? Est-ce que c’est quelque chose que tu connaissais dĂ©jĂ ?
É.
Alors, ce n’est pas quelque chose que je connaissais d’avant. En fait, c’est mon conjoint qui a un ami dont sa femme travaille au CESECAH.
E.
D’accord.
É.
Et du coup, quand on s’est mis ensemble, on savait qu’on voudrait prendre un chien un jour. Et je trouvais que la symbolique du chien guide Ă©tait tellement belle et que c’Ă©tait quelque chose de bien Ă faire, que de prendre un chien au CESECAH, c’Ă©tait un peu une Ă©vidence pour nous.
E.
Alors, le CESECAH, on le rappelle,- c’est le Centre d’Etude, de SĂ©lection et d’Elevage de Chiens guides d’Aveugles et autres HandicapĂ©s. C’est le centre d’Ă©levage principal de la FĂ©dĂ©ration Française des Associations de Chiens Guides qui permet justement de voir naĂ®tre ces futurs chiens exceptionnels. Et donc, il y a aussi « autres handicaps » parce que parfois il y en a qui partent Ă handi’chiens, etc. mais c’est principalement pour les Ă©coles fĂ©dĂ©rĂ©es des chiens guides d’aveugles. Et donc, toi tu es rentrĂ©e directement via le CESECAH dans ce monde des chiens guides. Comment ça s’est passĂ© ? Vous avez eu l’occasion de faire une porte ouverte ? Un dossier directement ? Raconte-nous un petit peu.
É.
Alors du coup ben quand moi, je suis revenue sur Clermont-Ferrand, on a achetĂ© une maison. Et du coup, quand on a eu la maison bien clĂ´turĂ©e avec le terrain adĂ©quat pour accueillir un chien, on a Ă©tĂ© au CESECAH et du coup, on leur a demandĂ© de faire un dossier parce qu’on souhaitait ĂŞtre famille d’Ă©levage. Donc au CESECAH en fait, il y a trois races qui sont en Ă©levage. Il y a principalement du labrador et après un petit peu de golden retriever et un petit peu de berger allemand. Du coup, après, nous, en tant que future famille, on peut dire quelle race on veut avoir sauf si on n’a pas de prĂ©fĂ©rence, comme nous, on n’avait pas forcement une prĂ©fĂ©rence vraiment pour labrador, golden ou berger allemand. Et il s’est avĂ©rĂ© qu’on a appris dĂ©but 2018, que Jelly, une berger allemand, allait faire des bĂ©bĂ©s et qu’on serait la famille d’Ă©levage d’une des petites femelles – s’il y en avait une – sur cette portĂ©e-lĂ .
E.
D’accord, donc, ils avaient dĂ©jĂ choisi qu’il y aurait une maman de chien guide dans la portĂ©e de Jelly, la maman de chiens guides pour le coup. Et donc ça a Ă©tĂ© une Ă©vidence pour vous de se dire : « OK pour le berger allemand » ?
É.
Oui tout à fait. Monsieur aimait bien les bergers allemands, donc lui était très content.
E.
Ravi.
É.
Et du coup, on a un petit peu suivi en parallèle la fin de gestation de Jelly. Et on a appris, le 6 fĂ©vrier, qu’elle avait mis au monde cinq bĂ©bĂ©s, dont deux femelles. Donc on savait qu’il y avait Opale qui Ă©tait lĂ .
E.
Donc super chouette. Vous, vous apprenez tout ça assez rapidement, en fait. Ça se passe assez naturellement.
É.
Oui.
E.
Tu me disais – on en parlait l’autre jour – les autres, de la portĂ©e de Jelly pour le coup, sont devenus, pour certains, chiens guides.
É.
Oui, tout à fait. Sur ses frères et sœurs, il y en a trois qui sont chiens guides.
E.
Ouais.
É.
Et un qui a été réformé, malheureusement, pour un problème de dysplasie au niveau de ses coudes.
E.
D’accord.
É.
Et Opale qui est reproductrice maintenant.
E.
Et moi j’ai un peu suivi Jelly, parce que – alors c’Ă©tait quelques annĂ©es avant puisque la lettre n’est pas la mĂŞme – mais j’ai eu Nox qui Ă©tait un super berger allemand, en relais assez longtemps dans les premières annĂ©es ou j’Ă©tais bĂ©nĂ©vole. Et Nox, pour le coup, Ă©tait aussi un petit de Jelly.
É.
Oui, et du coup au CESECAH, il y a eu Nikita qui devait être une des sœurs de Nox.
É.
C’est ça ! Exactement, une des sĹ“urs de Nox puisqu’elle avait eu neuf chiots lors de la portĂ©e de Nox, que je m’Ă©tais amusĂ©e justement Ă rechercher un petit peu en France, entre guillemets, pour savoir oĂą ils Ă©taient parti. On avait, on avait rĂ©ussi pas mal Ă trouver un petit peu ou Ă©taient les chiots Ă droite/Ă gauche, chiens guides ou pas chiens guides. Et donc c’Ă©tait Nox et le papa… C’est sĂ»r que, pour le coup, c’Ă©tait rigolo de voir comment ça avait fonctionnĂ©. Il y en avait aussi qui Ă©taient aux Chiens Guides de l’Ouest : Nice, il y avait Naja qui Ă©tait Ă Nantes. Donc voilĂ , on avait fait ça et donc c’Ă©tait Lance le papa. Je pense que c’est pas forcĂ©ment le papa de Opale pour le coup, parce que les couples ne sont pas forcĂ©ment reproduits de la mĂŞme manière. Mais voilĂ , je m’Ă©tais lancĂ©e un petit peu dans cette quĂŞte et c’Ă©tait assez rigolo de voir dĂ©jĂ Nox et Nessie qui Ă©tait Ă Paris. Ensuite de voir un petit peu NĂ©mo et Narnia qui Ă©taient, pour le coup, dans le Nord. Et j’en avais trouvĂ© aussi du cĂ´tĂ©, je te disais, des Chiens Guides de l’Ouest : Nice et Naja. Donc, je pense que oui, il doit y avoir Nikita, c’est sĂ»r.
É.
Oui.
E.
Pour le coup, ils Ă©taient tellement mignons ces petits chiots. Je m’en souviens, j’avais regardĂ© toutes les photos.
É.
Et du coup, c’est rigolo parce que moi j’ai fait pareil, en fait. J’ai suivi l’Ă©volution par les rĂ©seaux sociaux des frères et sĹ“urs d’Opale parce que j’aimais bien savoir ce qu’ils devenaient. C’est vrai que Roncq, sur les rĂ©seaux sociaux, ils font plein de communication et tout. Donc, j’avais plein de photos de sa sĹ“ur. J’avais Ă©tĂ© en contact avec la famille d’accueil de sa sĹ“ur qui Ă©tait dans le Nord, donc j’avais plein de nouvelles et de suivi. Et c’est un peu une fiertĂ© – mĂŞme si c’est pas les bĂ©bĂ©s d’Opale – mais c’Ă©tait une fiertĂ© de savoir que ses frères et sĹ“urs Ă©taient chiens guides. Ils avaient rĂ©ussi Ă avoir le certificat et qu’ils Ă©taient aptes Ă guider.
E.
Comme tu dis, ça fait partie un peu maintenant.. Tu suis la tribu qui entoure Opale. Et du coup, quand Opale est arrivée chez vous, elle avait quel âge ?
É.
Elle avait deux mois.
E.
Ouais.
É.
Nous, on l’a accueillie quand ses frères et sĹ“urs partent, en fait, dans les Ă©coles. Donc les Ă©coles viennent souvent au CESECAH rĂ©cupĂ©rer les petits. Et nous, on a accueilli Opale Ă la maison dĂ©but avril.
E.
D’accord.
É.
Quand elle avait deux mois. Donc elle est arrivĂ©e Ă la maison avec sa caisse, son paquet de croquettes, son petit pack avec sa laisse, son collier, le petit sac Ă caca : essentiel ! Et Opale, qui Ă©tait en pleine forme, petite… une petite boule de poils, une petite peluche.
E.
Et du coup, comment ça se passe en tant que famille d’Ă©levage ? Vous savez donc que la chienne sera – a priori – destinĂ©e Ă ĂŞtre maman de chiens guides. Parce que j’imagine qu’il y a toujours un petit doute peut-ĂŞtre sur les tests physiques ou les tests un peu psychologiques qu’ils peuvent faire passer aux reproductrices – comme aux reproducteurs d’ailleurs.
É.
VoilĂ !
E.
Mais c’est quoi le planning d’une famille d’Ă©levage pour le CESECAH de A Ă Z ? Parce qu’elle arrive Ă deux mois, pour le coup. Elle n’a pas du tout d’Ă©ducation de chien guide, enfin d’Ă©lève chien guide ?
É.
Donc c’est ça, elle arrive Ă deux mois. Donc nous, il faut qu’on fasse quand mĂŞme une Ă©ducation. On a un fil conducteur parce qu’on est suivis, quand mĂŞme, par le CESECAH. Opale, sur sa première annĂ©e, est repartie une semaine par mois au centre pour l’habituer Ă y retourner et pour que eux ils fassent un petit peu le suivi au niveau Ă©ducation. Après, un peu comme les chiens guides, parmi les choses de base : la marche en laisse, le stop assis avec le rappel… Des choses comme ça que eux, ils font les suivis : les escalators… Des choses que peut-ĂŞtre nous, en tant que famille d’Ă©levage, on n’a pas forcĂ©ment l’occasion de faire. Eux, ils essaient de le faire sur ces semaines d’adaptation. Ils les emmènent dans des magasins, dans des escalators, les escaliers aussi ; un peu le vertige, ils leur font faire. Mais après, voilĂ , c’est surtout la famille d’Ă©levage qui a une grosse partie d’Ă©ducation. Et il y a aussi un samedi par mois de cours collectifs au CESECAH. Alors ça, c’Ă©tait avant le COVID, parce qu’avec la situation actuelle, ça a un peu changĂ©, malheureusement. Et les cours collectifs, c’est ultra enrichissant parce qu’on se rend compte qu’en parlant avec les familles d’autres chiens, qu’on est tous un peu dans la mĂŞme galère, qu’on n’est pas seuls au monde des fois Ă se dire : « Mais oh la la, Ă la maison, c’est compliquĂ© ! ». Et en fait, on se rend compte que les autres aussi, donc on se rassure entre familles d’accueil quand on se rencontre aux cours collectifs.
E.
Il y a quand mĂŞme un suivi par l’Ă©cole, enfin du coup, par le CESECAH qui n’est pas exactement une Ă©cole.
É.
Oui par le centre.
E.
Et c’est un peu comme quand on en avait discutĂ© avec Corinne dans l’Ă©pisode 7 – ça remonte – qui est famille d’Ă©levage pour l’Ă©cole de Paris. Alors, avec une petite diffĂ©rence puisque pour le coup, sa Malice avait commencĂ© Ă ĂŞtre Ă©lève chien guide puis sĂ©lectionnĂ©e pour ĂŞtre reproductrice. C’est la grosse diffĂ©rence avec le CESECAH oĂą, a priori, les reproductrices sont sĂ©lectionnĂ©es dès la naissance, entre guillemets. Et puis lĂ , vous avez, donc, la socialisation, puisque l’objectif, c’est quand mĂŞme d’en faire des chiennes bien Ă©quilibrĂ©es, bien Ă©duquĂ©es quand mĂŞme.
É.
VoilĂ .
E.
MĂŞme si, elles, elles ne vont pas guider, il ne faut pas qu’elles transmettent de peurs, de tares, de mauvais comportements, on va dire, aux chiots.
É.
On possède un dossard, comme les Ă©lèves chiens guides, jaune et bleu du centre national de reproduction pour qu’on puisse les habituer Ă les amener dans les magasins. Donc Opale est un petit peu connue dans toutes les boutiques de Lezoux ou j’habite. Parce que je l’ai amenĂ©e chercher le pain, aller Ă la boucherie, aller chez le coiffeur. J’ai essayĂ© de l’habituer Ă l’amener dans les magasins pour qu’elle voie du monde, qu’elle voie des voitures, qu’elle soit habituĂ©e Ă attendre avec l’appât de la nourriture, par exemple, Ă la boucherie. Ça ça s’est super bien passĂ© et elle a Ă©tĂ© relativement bien accueillie dans tous les magasins et elle est un peu connue comme ça. Des fois, quand on n’y va pas avec le chien, ils nous demandent si tout va bien.
E.
Donc elle a un joli dossard de « maman de chien guide », c’est ce qui est Ă©crit sur le dossard bleu. Ce n’est pas marquĂ© « élève chien guide », mais « maman de chien guide ». Comme le dossard que moi j’ai pu avoir quand j’avais accueilli Night qui est aussi maman de chien guide pour Paris. Ça me fait penser que j’avais croisĂ© aussi une reproductrice du CESECAH lors de mes vacances dans l’Aveyron, au musĂ©e Soulages Ă Rodez. On l’avait croisĂ©e alors que moi j’Ă©tais avec Omber en relais. On avait croisĂ© la jeune Nobel qui Ă©tait avec sa famille d’Ă©levage et qui Ă©tait, comme nous, au musĂ©e Soulages.
É.
Ah oui !
E.
Je pense que, peut-ĂŞtre, que tu les connais, parce que je sais que vous n’ĂŞtes pas forcĂ©ment beaucoup non plus.
É.
Oui, oui, Nobel je la connais parce qu’elle n’est pas très loin en âge d’Opale. Je crois qu’elle est de la fin de l’annĂ©e. Du coup, Opale est du dĂ©but d’annĂ©e et sur les cours collectifs, on Ă©tait avec, souvent, Nobel. Et il me semble que Nobel a fait sa première portĂ©e presque en mĂŞme temps qu’Opale.
E.
Donc voilĂ , j’ai eu l’occasion de la rencontrer et c’Ă©tait une grande surprise parce que la prĂ©sence des Ă©lèves chiens guides est un peu moins ‘dense’ – on va dire – sur le territoire, en dehors de Paris oĂą on peut plus facilement se croiser. Et encore, je dis ça, mais c’est pas pour ça que j’en croise tous les jours non plus. Enfin voilĂ , sortir du musĂ©e après avoir fait 1 h de musĂ©e au frais – parce que c’Ă©tait un Ă©tĂ© bien chaud pour le coup – donc on cherchait les bons plans aussi pour Omber qui Ă©tait tout noir, le pauvre, qui avait très chaud. Bon, le musĂ©e Soulages pour ceux qui connaissent c’est beaucoup de tableaux noirs aussi, donc c’Ă©tait assez rigolo de les mettre cĂ´te Ă cĂ´te. Et en sortant, j’ai vu cette petite chienne avec le dossard et puis on avait Ă©changĂ© quelques mots. J’avais pris quelques photos aussi de tous les deux et c’Ă©tait assez curieux quand ils m’ont dit : « Oui, oui, mais nous, c’est une maman de chien guide », j’ai dit « Ah mais pas de souci, je vois absolument ce que c’est, le CESECAH je vois aussi ». C’Ă©tait très chouette de voir, de les croiser. Donc comme tu disais, tu vas de partout avec, l’objectif Ă©tant de bien la socialiser aussi et qu’elle n’ait pas forcĂ©ment peur de tout ça. C’est aussi votre rĂ´le de famille d’Ă©levage.
É.
Oui, pour qu’après, ils puissent identifier si il y a des peurs ou des choses comme ça. Pour voir si ça peut freiner son avenir dans le fait d’ĂŞtre maman de chien guide. Vu qu’il y a plein de traits de caractère qui se transmettent dans les gènes, ça c’est incroyable. Du coup, c’est pour ça que nous, on a un travail d’Ă©ducation et de peurs pour savoir si elle sera apte ou pas. Surtout que, avant de rentrer, en fait, dans le circuit de reproduction, il y a plein d’examens, que ça soit mĂ©dicaux donc comme pour les chiens guides, l’examen des yeux pour dĂ©tecter les tares oculaires et la dysplasie au niveau des hanches et des coudes. Et nous, nos mamans de chien guide passent un test en salle pour voir leurs rĂ©actions au ventilateur, Ă l’aspirateur, aux congĂ©nères…
E.
Parapluie…
É.
VoilĂ .
E.
Ouais, il y a un bonhomme Cetelem qui arrive aussi je crois, ah ah.
É.
C’est ça. Donc, c’est un test qui est filmĂ© et, eux, ça leur permet de voir un petit peu le profil de la future maman ou du futur papa pour après faire des associations afin de contrebalancer des fois les petits points nĂ©gatifs de la maman avec les points positifs du papa.
E.
Ces tests sont visibles d’ailleurs sur le YouTube du CESECAH, je remettrai le lien.
É.
Oui.
E.
J’avais mis celui de Malice, je me souviens, sur l’article sur mon blog futurchienguide.fr. En fait, ces tests-lĂ , ils vĂ©rifient que tout va bien – comme tu le disais – et qu’on puisse, derrière, choisir le reproducteur en face pour que le couple de reproducteurs/reproductrices rĂ©Ă©quilibre toutes les Ă©ventuelles petits…
É.
Malheureusement, il y a certaines mamans de chien guide qui ont Ă©tĂ© rĂ©formĂ©es par rapport Ă ce test parce qu’il y avait une peur panique, Ă ce qu’elles ne puissent plus bouger dans la salle, Ă ĂŞtre blotties dans un coin et Ă ne plus pouvoir rien faire. Elles ont ces trois critères Ă remplir pour se dire : « elle rentre dans la grande famille des chiens guides en tant que reproductrice ». Donc ça, c’est le petit stress, lĂ , aux un an, de savoir qu’ils passent tous les tests et de se dire : « Est-ce que ça va le faire ou pas ? ».
E.
Et toi, du coup, comment ça s’est passĂ© de l’arrivĂ©e d’Opale Ă ces tests-lĂ ? Tu disais : « C’Ă©tait sympa de voir que vous Ă©tiez tous dans le mĂŞme bateau avec les autres familles. » Ça a Ă©tĂ© un grand chamboulement pour vous ou ça s’est plutĂ´t bien passĂ© ?
É.
Alors, ça a Ă©tĂ© un peu un grand chamboulement parce qu’Opale a quand mĂŞme un caractère assez tĂŞtu et assez dur. Au CESECAH, ils nous ont dit que c’Ă©tait une des chiennes les plus dures – on va dire – au niveau caractère. Donc, il a fallu qu’on serre un petit peu la vis, mais on y est arrivĂ©s. Le plus dur, au dĂ©but, qui a Ă©tĂ© pour nous, c’Ă©tait les nuits dans la varicanelle, parce qu’on avait une varicanelle classique, donc en plastique, avec juste la grille devant et les grilles sur les cĂ´tĂ©s. Et Opale hurlait, mais toute la nuit, d’ĂŞtre dans cette varicanelle, mĂŞme la journĂ©e, quand on partait des fois, c’Ă©tait pas forcĂ©ment son plus grand bonheur. Et un jour, on s’est dit que mes beaux-parents avaient un peu le système d’une varicanelle, mais en mode de cage ouverte partout.
E.
Ouais.
É.
Du moment oĂą on l’a mis dans la cage ouverte Ă 360 degrĂ©s, elle n’a plus rien dit.
E.
OK.
É.
Je pense qu’Opale n’aimait pas trop le fait d’ĂŞtre enfermĂ©e dans du plastique. Et du moment oĂą elle a Ă©tĂ© dans la grande cage, ça a Ă©tĂ© beaucoup mieux. Parce que petite, elle Ă©tait un peu destructrice. Quand on a essayĂ© de la mettre sans la varicanelle, elle nous a fait quelques dĂ©gâts dans la maison, elle nous a mangĂ© un meuble, un fil Ă©lectrique…
E.
Hum, les petits plaisirs du chiot !
É.
VoilĂ , c’est ça… Après, on n’a pas retentĂ© l’expĂ©rience jusqu’Ă ce qu’elle fasse ses premiers bĂ©bĂ©s. Et puis après, c’Ă©tait une grande, donc maintenant, elle ne dort plus en varicanelle et elle ne fait plus de bĂŞtises.
E.
Ha ha. Oui, parce que depuis 2018, du coup, comme vous l’avez accueillie Ă deux mois, elle a dĂ» passer ses tests en fin d’annĂ©e, dĂ©but d’annĂ©e suivante, c’est ça ?
É.
Oui. Et du coup, elle a fait sa première portée en 2020.
E.
D’accord. Comment ça se passe justement ? Une fois que les tests sont passĂ©s, comment ça se passe ? J’imagine qu’il y a un suivi des chaleurs qui est fait ?
É.
VoilĂ . Suivi des chaleurs : quand Opale est en chaleur, elle retourne trois semaines au CESECAH.
E.
D’accord.
É.
Le temps des chaleurs pour que, eux, puisse avoir le suivi des chaleurs et qu’il n’y ait pas d’insĂ©mination intempestive par d’autres chiens qui pourraient ĂŞtre errants dans le quartier. Et eux, ça leur permet de voir son cycle. Et après, c’est eux qui voient quand est-ce que c’est la chaleur de reproduction. Donc, souvent, quand ils sont rentrĂ©s dans le circuit de reproduction, souvent, c’est les premières chaleurs après que tous les examens soient bons. S’il n’y a pas trop de chiennes qui attendent des bĂ©bĂ©s, ils tentent l’insĂ©mination.
É.
- Donc lĂ , du cĂ´tĂ© d’Opale, ça s’est passĂ© comment ? Elle a passĂ© ces tests dĂ©but 2019.
É.
Courant 2019. Elle a eu ses premières chaleurs de reproduction en février 2020.
E.
D’accord.
É.
Du coup : insĂ©mination, on la rĂ©cupère Ă la maison. Après, il y a une Ă©chographie Ă 1 mois pour savoir si l’insĂ©mination a pris et Ă©valuer le nombre de bĂ©bĂ©s qu’il peut y avoir.
E.
OK.
É.
Donc nous : Ă©chographie positive, ils voyaient entre dix et onze bĂ©bĂ©s, mais ils n’Ă©taient pas sĂ»rs tellement qu’il y en avait dans son ventre. Du coup, je la rĂ©cupère Ă la maison et après on la ramène une semaine avant la mise bas. Donc elle fait toute sa grossesse Ă la maison. Donc, voilĂ presque les deux mois et on la ramène une semaine avant. Et après elle met bas au CESECAH. Donc après, c’est eux qui gèrent tout le cĂ´tĂ© mise bas et les deux mois avec les bĂ©bĂ©s.
E.
Donc elle a eu combien de chiots finalement, pour sa première portée ?
É.
Elle en a fait quatorze !
E.
 Waouh !
É.
Par insĂ©mination artificielle. Donc elle les a faits entre le 30 mars et le 1ᵉʳ avril. Elle a attaquĂ© une mise bas spontanĂ©e, toute seule comme une grande le soir du 30. Donc, nous, on a eu un petit peu des nouvelles comme quoi Opale avait commencĂ© Ă faire ses bĂ©bĂ©s. Je crois que quand on s’Ă©tait couchĂ©s, elle en avait fait six et le lendemain matin, donc, c’est une copine maintenant qui travaille au CESECAH qui a pris le relais. Elle m’envoie un message, elle me dit : « bon, ben du coup, Opale a fait treize bĂ©bĂ©s ».
E.
OK.
É.
Et 20 minutes, une demi-heure après, elle me dit : « Non, en fait, elle en a fait quatorze. » Il y en a un qui n’avait pas Ă©tĂ© comptabilisĂ©, parce qu’elle l’avait fait entre deux et qu’ils n’avaient pas vu tellement il y avait de bĂ©bĂ©s. Elle me dit : « Ben non, au final, elle en a fait quatorze ! »
E.
Ah ouais !
É.
Tous en pleine forme ! Quatorze bébés viables pour le 1ᵉʳ avril.
E.
OK.
É.
Donc le CESECAH a annoncĂ© la nouvelle sur leur page Facebook et il y en a qui ont cru que c’Ă©tait un poisson d’avril. Ils disaient que ce n’Ă©tait pas possible que ce soit tous ses bĂ©bĂ©s. Ils pensaient qu’il y avait eu des petits labradors noirs qui avaient Ă©tĂ© mis avec les bĂ©bĂ©s berger allemand.
E.
Ah ah ah ! Mais non.
É.
Mais non, non, c’Ă©tait bien les quatorze sien. Un truc… C’est exceptionnel ! C’est rare que, en insĂ©mination artificielle… Bah c’est la chienne qui en a fait le plus au niveau national, en insĂ©mination artificielle, avec ses quatorze bĂ©bĂ©s.
E.
Et du coup, elle a dĂ» ĂŞtre bien crevĂ©e par la mise bas et puis par…
É.
Oui, oui.
E.
Pour s’occuper des quatorze… Comment ils ont gĂ©rĂ© au CESECAH ?
É.
Alors du coup au CESECAH, quand il y a des grosses portĂ©es comme ça, ils essaient de voir s’il n’y a pas une autre chienne qui a mis bas au mĂŞme moment qu’Opale, qui en a moins, pour qu’ils puissent essayer de faire adopter des bĂ©bĂ©s d’Opale Ă une autre toutoune.
E.
Ils font pareil Ă Paris, du coup.
É.
Ça a Ă©tĂ© le cas. Il y a une petite golden, une conscrite Ă peu près d’opale qui avait fait huit bĂ©bĂ©s Ă ce moment-lĂ . Du coup, ils ont fait adopter trois petits bergers allemands Ă cette golden comme ça, elles en avaient onze et onze chacune…
E.
OK.
É.
…Ă Ă©lever et ça s’est super bien passĂ©. L’autre toutoune a bien acceptĂ© les bĂ©bĂ©s bergers allemands et toute la fratrie a bien Ă©tĂ©…
E.
Ouais ça fait quand mĂŞme beaucoup, onze. C’est vrai que Ă Paris, au centre d’Ă©levage aussi Ă Paris, ils font ça quand ils peuvent : dĂ©lĂ©guer Ă une autre maman qui a dĂ©jĂ une portĂ©e… Ou Ă partir du sevrage, pour le coup, une fois qu’ils sont sevrĂ©s, ils divisent les portĂ©es aussi en rappelant des ‘tatas’, des autres mamans de chien guide.
É.
Ouais parce que les pauvres toutounes, elles n’ont que dix mamelles. Donc avec quatorze bĂ©bĂ©s, ça aurait Ă©tĂ© compliquĂ©.
E.
Ouais, c’est un peu juste…
É.
Parfois ils peuvent biberonner, quand pour les mamans c’est vraiment compliquĂ© pour elles au dĂ©but de gĂ©rer. Et du coup, ça a Ă©tĂ© des bĂ©bĂ©s du confinement.
E.
Eh oui, 1ᵉʳ avril 2020.
É.
Parce que normalement, au CESECAH, en tant que famille d’Ă©levage, on peut aller voir notre toutoune avec ses bĂ©bĂ©s au centre. Sauf que nous, on a Ă©tĂ© interdits de ça. Avec le confinement, on n’a pas pu aller voir Opale de ses deux mois avec ses bĂ©bĂ©s. Bon, on avait des photos rĂ©gulièrement, mais on n’a pas pu essayer d’aller voir Opale avec ses bĂ©bĂ©s. On les a vus que quand on a Ă©tĂ© la rĂ©cupĂ©rer au bout des deux mois.
E.
D’accord.
É.
Donc moi, j’ai vu ses bĂ©bĂ©s quand ils avaient deux mois.
É.
Bon, vous avez pu voir, quand mĂŞme, toute la marmaille qui avait deux mois. Ils devaient ĂŞtre tellement mignons !
É.
Ah ouais, non, mais ça faisait une meute. C’est impressionnant de se dire qu’elle avait fait tous ces bĂ©bĂ©s. Et du coup, pour le CESECAH, ça a Ă©tĂ© du boulot. Parce qu’il a fallu placer les quatorze bĂ©bĂ©s sur les Ă©coles françaises. Ils en ont gardĂ© une en reproduction.
E.
Ouais.
É.
 Un mâle qui est parti Ă handi’chiens. Un mâle qui est parti en Espagne, parce qu’avec le CESECAH, ils font des Ă©changes avec l’Ă©tranger pour avoir d’autres… au niveau gĂ©nĂ©tique, pour que ce ne soit pas toujours les mĂŞmes lignĂ©es, pour Ă©viter la consanguinitĂ©. Il y a mĂŞme une de ses filles qui est partie, il y a un mois – donc Ă l’âge de deux ans – aux Etats-Unis, avec normalement neuf bĂ©bĂ©s dans son ventre, parce qu’elle sera reproductrice aux Etats-Unis pour la filière de chiens guides amĂ©ricaine.
E.
C’est très important et c’est un des dĂ©fis, un peu, des centres d’Ă©levage, c’est de renouveler un peu le patrimoine gĂ©nĂ©tique des chiens tout en ayant toujours des bons chiens, entre guillemets, vis-Ă -vis de leur futur mĂ©tier de chien guide. Donc voilĂ , tu suis tous les petits ? Les autres sont partis, j’imagine, dans les Ă©coles de chiens guides de la fĂ©dĂ©ration.
É.
Les autres sont partis un petit peu partout en France. J’arrive Ă les suivre.
E.
Ouais.
É.
Il y en a mĂŞme certaines qui sont dĂ©jĂ chien guide. Ah, je crois qu’Ă Paris, il y a eu une remise d’une de ses filles dernièrement. Les deux filles qui Ă©taient parties Ă Roncq aussi sont chiens guides. Enfin, il y en a dĂ©jĂ plusieurs : Ruby, sa fille que nous avons gardĂ©e au CESECAH, a fait sa première portĂ©e.
E.
D’accord.
É.
Donc non lĂ , ses petits ont l’air de bien avancer !
E.
C’est chouette alors.
É.
Et j’ai retrouvĂ© la trace de Ricky qui est un handi’chien et qui va ĂŞtre remis aussi.
E.
Ouais.
É.
Alors, je ne sais pas pour quel enfant il va être mis et sur quelle pathologie. Mais il a réussi à tous les examens brillamment et il va pouvoir faire son travail, qui lui est destiné.
E.
Et du coup celles qui Ă©taient Ă Paris, c’est Rika et Raven, ou c’est pas les mĂŞmes ?
É.
Si, je crois que c’est Rika et Raven.
E.
C’est ça hein ?
É.
Oui.
E.
Ouais, Raven je la connais un petit peu plus puisque je connaissais sa famille d’accueil. Et en effet, elles ont toutes les deux Ă©tĂ© remises, on remettra les photos. On va essayer de faire le petit patchwork des quatorze ! C’est le challenge ah ah.
É.
Ce sont les deux filles d’Opale qui sont chiens guides et c’est la fiertĂ©. Alors c’est la fiertĂ© au sein de l’Ă©cole oĂą les bĂ©bĂ©s sont, de se dire qu’ils sont remis. Mais c’est aussi une fiertĂ© pour nous, la famille d’Ă©levage de la maman, de se dire que les bĂ©bĂ©s sont chiens guides et que oui, ils ont rĂ©ussi le boulot qui leur est destinĂ©.
E.
Qui leur est confiĂ©, ouais. Et puis c’est un peu l’objectif d’ĂŞtre famille d’Ă©levage – je pense que c’est ce qui vous avait un petit peu attirĂ©s au tout dĂ©but de l’aventure, – c’est de se dire : participer Ă toute cette chaĂ®ne de bĂ©nĂ©volat pour, derrière, remettre le plus de chiens possible Ă des personnes qui en demandent.
É.
C’est ça et c’est vraiment une fiertĂ© de se dire : « Il y a un des bĂ©bĂ©s d’Opale qui a Ă©tĂ© remis et qui est chien guide ». C’est gratifiant.
E.
Ben là sur les quatorze, tu dois être encore plus fière.
É.
Ah bah oui, c’est vrai que nous on fait en gros, entre guillemets, pas grand chose, mais ça permet Ă un dĂ©ficient visuel d’avoir un chien et d’ĂŞtre autonome dans sa vie.
E.
Vous faites pas grand chose et Ă la fois vous faites un peu tout avec le CESECAH dans le sens ou s’il n’y a pas de chiots, il n’y a pas de chiens.
É.
VoilĂ , c’est ça.
E.
Donc de l’Ĺ“uf ou la poule ? C’est toujours la question. Mais lĂ , s’il n’y a pas de maman de chien guide, il n’y a pas… Enfin, il y a d’autres moyens d’avoir des chiots. Mais c’est sĂ»r que toute cette prĂ©paration en amont permet d’avoir des chiens, des chiots bien dans leurs pattes et qui derrière sont aussi bien pour leur futur mĂ©tier, quoi.
É.
Tout Ă fait. Et du coup Opale a fait une deuxième portĂ©e en 2021. Elle en a fait qu’un !
E.
Elle a fait les extrĂŞmes, en fait.
É.
C’est ça ! Du coup, Ă la base, Ă l’Ă©cho des 1 mois, il y en avait trois. Mais il y en a deux, pour x raison, que la nature a dĂ©cidĂ© d’avorter et elle en a fait qu’un par cĂ©sarienne malheureusement. Parce que son col Ă©tait obstruĂ© par un des fĹ“tus avortĂ©s.
E.
D’accord.
É.
Du coup, Opale, elle n’y arrivait pas toute seule.
E.
Elle n’arrivait pas Ă pousser.
É.
C’est ça. Du coup, elle a eu une cĂ©sarienne et son bĂ©bĂ© a Ă©tĂ© adoptĂ© par une autre toutoune qui en avait fait que quatre. Du coup, Opale n’a pas connu son bĂ©bĂ©. C’Ă©tait un peu dur ; elle a fait une petite dĂ©pression du post-partum Ă la maison derrière pendant les deux semaines après. Et quand tout ça, toutes les hormones ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©es, c’Ă©tait bon, c’est reparti.
E.
C’Ă©tait bon, ça allait mieux. Parce que comment ça s’est passĂ© ? Entre, du coup tu nous disais, avril 2020… Elle est restĂ©e deux mois avec les petits. Ensuite, elle revient chez vous. Donc, vous reprenez votre vie de famille d’Ă©levage.
É.
VoilĂ .
E.
Et donc Ă chaque chaleur, elle repart Ă l’Ă©cole. Faut quand mĂŞme ĂŞtre assez souple en tant que famille d’Ă©levage pour ĂŞtre Ă la disposition des chaleurs, j’ai envie de dire.
É.
Oui, c’est presque ça. Après, nous, on est au courant parce que dans le contrat qu’on a signĂ© avec le CESECAH, c’est bien actĂ©. Alors sincèrement, quand la chienne tombe en chaleur, on met pas longtemps Ă la charger dans la voiture et l’amener au centre. Parce que quand elle nous repeint la maison de sang, c’est l’enfer ! Donc souvent, on passe un coup de tĂ©lĂ©phone en disant : « Oui, le CESECAH, on vous amène Opale, elle en chaleur ». On la met dans la voiture et on leur amène.
E.
Parce que de ton expérience, du coup, avec Opale, les chaleurs sont revenues tous les combien à peu près ?
É.
Nous, elle a des chaleurs très fréquentes : elle a des cycles tous les cinq mois.
E.
Ok.
É.
Ce qui est complètement court. Mais c’est de famille : Jelly Ă©tait pareille, ses sĹ“urs aussi, elles ont des cycles très courts. Du coup, ils font Ă peu près une chaleur de repos et une chaleur de reproduction pour qu’elle fasse une portĂ©e par an.
E.
D’accord, donc ça c’est le rythme.
É.
Après, il y a des chiennes par exemple, au CESECAH, qui font une chaleur par an. Donc lĂ , pour elles, ils se posent pas forcĂ©ment bien la question sur des chaleurs de repos. Ils voient en fonction des cycles en fait des chiennes. Il y en a qui sont très rapprochĂ©s comme Opale, d’autres c’est tous les six mois et certaines oĂą c’est une fois par an. Mais ça, c’est la nature qui est comme ça et chaque chienne est diffĂ©rente. Donc nous, c’est Ă peu près une chaleur sur deux. LĂ nous, ils ont sautĂ© cette chaleur de reproduction parce qu’il y avait beaucoup de chiennes qui vont mettre bas en mĂŞme temps, si elle avait Ă©tĂ© insĂ©minĂ©e tout de suite.
E.
OK.
É.
Les locaux ne sont pas extensibles. Donc, ils réfléchissent aussi à ça côté maternité.
E.
Et disponibilitĂ© du personnel aussi, c’est pas qu’une question de…
É.
Du coup, Opale, devrait normalement refaire des bĂ©bĂ©s fin d’annĂ©e, sur ces prochaines chaleurs, dans cinq mois donc je pense fin de l’Ă©tĂ©. Septembre, elle devrait retomber en chaleur et faire des bĂ©bĂ©s deux mois après. Donc on verra.
E.
Et c’est quoi le rythme, du coup ? Donc, c’est une chaleur sur deux ou… enfin une portĂ©e par an, on va dire.
É.
VoilĂ .
E.
Et après, comment ça se passe pour vous ? C’est sur combien d’annĂ©es ? Parce que du coup, lĂ , elle a commencĂ©… La première portĂ©e, c’Ă©tait 2020 donc elle avait dĂ©jĂ deux ans. LĂ , aujourd’hui, elle a quatre ans. Elle va en faire combien encore ? Comment ça s’organise du cĂ´tĂ© du CESECAH ?
É.
Alors ils font faire entre 4 Ă 5 portĂ©es par toutoune. Après, tout dĂ©pend comment se passe la suite de l’accouchement. Des fois, il peut y avoir des soucis au niveau des mamelles, des infections, des choses comme ça. Si elles ont des cĂ©sariennes, du coup… Mais voilĂ , 4 Ă 5 portĂ©es par femelle dans leur carrière.
E.
Après, c’est votre chienne pour la vie. C’est un peu l’objectif.
É.
Et après elles sont rĂ©formĂ©es ; ils les stĂ©rilisent, ils les opèrent. Et après, c’est notre toutoune pour la vie. Parce que lĂ , Opale appartient au CESECAH. Donc, elle est pucĂ©e mais au nom du CESECAH. Nous, on est, entre guillemets, juste sa famille d’Ă©levage. Elle ne nous appartient pas vraiment, mĂŞme si elle habite Ă la maison.
E.
Oui. ‘Juste’, c’est un petit mot pour dire que c’est quand mĂŞme la plupart du temps…
É.
Mais voilĂ , l’avantage du CESECAH, c’est que voilĂ , on a quand mĂŞme un bon suivi au niveau Ă©ducation. Quand on est en galère et tout : qu’est-ce qu’on pouvait faire ? Comment on pouvait arriver Ă ce qu’elle fasse correctement ce qu’on lui demandait ? Ils font tout le suivi mĂ©dical, cĂ´tĂ© chien guide, donc tout ce qui est radio, les examens oculaires, le suivi des traitements. Que ça soit pour les puces, les tiques, les choses basiques pour les chiens : c’est eux qui gèrent. La vaccination aussi, c’est tout pris en charge par le CESECAH. Et puis tout le post-partum, tout le post-accouchement, s’il arrivait quelque chose, c’est le CESECAH qui gère. Par contre nous si il nous arrive un accident domestique avec Opale, ça c’est Ă notre charge d’aller au vĂ©tĂ©rinaire et… C’est hors du CESECAH.
E.
Hors du contrat.
É.
VoilĂ , le CESECAH, il gère tout ce qui est autour de la reproduction. C’est lui qui gère aussi le rĂ©gime alimentaire des toutounes.
E.
Donc les croquettes, etc.
É.
VoilĂ , les croquettes, le suivi du poids…
É.
Et du coup, en parallèle, depuis 2018, votre vie de famille aussi a Ă©voluĂ©. Il y a bien sĂ»r Opale qui fait partie de la famille, mais on entendait une petite voix en dĂ©but de l’enregistrement, derrière toi.
É.
Ce qui a Ă©tĂ© assez magique, c’est que nous avons Ă©tĂ© enceintes en mĂŞme temps, avec Opale. Moi, ce que j’avais peur… Parce que mon terme Ă©tait au mois de juillet. Et du coup Opale a fait ses bĂ©bĂ©s au mois d’avril et on l’a rĂ©cupĂ©rĂ©e au mois de juin. Et moi, ce que j’avais peur, c’Ă©tait d’accoucher avant et qu’Opale revienne Ă la maison et que bĂ©bĂ© soit arrivĂ© entre-temps qu’elle soit pas lĂ .
E.
Hum.
É.
Bon, la nature est bien faite. Du coup, nous avons rĂ©ussi Ă rĂ©cupĂ©rer Opale avant que j’accouche. Du coup, la fin de la grossesse, elle a fini de sentir ma petite Juliette grandir dans mon ventre et nous voir revenir Ă la maison Ă trois.
E.
Et oui ! Bon t’as Ă©tĂ© enceinte en mĂŞme temps mais un petit peu plus longtemps, quand mĂŞme, que la miss Opale. Pour le coup, les deux mois de gestation chez les chiennes, c’est hyper express en fait quand on y rĂ©flĂ©chit. Du coup, elle vous a dĂ©couvert Ă trois, avec la petite Juliette.
É.
C’est ça.
E.
Comment ça s’est passĂ© ?
É.
La dĂ©couverte, clairement : Juliette Ă©tait dans le cosy quand on descendait de la voiture. On a posĂ© Juliette par terre et Opale la dĂ©barbouillait de la racine des cheveux jusqu’aux orteils.
E.
C’Ă©tait la dĂ©couverte de A Ă Z.
É.
C’Ă©tait la dĂ©couverte et l’acceptation. Parce que, en fait, Opale venait d’ĂŞtre maman et elle a totalement acceptĂ© Juliette. Toujours Ă se coucher lĂ oĂą Juliette dormait. Toujours Ă ĂŞtre prĂ©venante, Ă venir voir quand Juliette pleurait, si elle pouvait pas venir donner un coup de main. On ne sait jamais… Un petit coup de langue qui puisse apaiser Juliette ! C’Ă©tait trop mignon Ă voir.
E.
Ouais, elles doivent avoir une sacrée complicité entre elles.
É.
Et puis Opale est très proche de nous, elle est très fusionnelle avec nous. Moi, j’ai pu le remarquer parce que pendant ma grossesse, il m’est arrivĂ© un gros souci de santĂ© oĂą il a fallu que je sois hospitalisĂ©e 20 jours.
E.
OK.
É.
Sans rentrer Ă la maison, avec mon conjoint qui Ă©tait stressĂ©… Et du coup Opale, au bout de quelques jours de ça, de voir que je ne rentrais pas Ă la maison, n’a plus mangĂ©. Après elle venait voir ma place vide… Mathieu avait rĂ©ussi Ă la rassurer, Ă la refaire manger. Parce que bon : un jour, deux jours, trois jours, elle ne mangeait pas trop… Ça devenait compliquĂ©. Donc Opale, ouais, elle est très fusionnelle et ressent quand je ne suis pas lĂ ou quand il y a un souci, que je ne rentre pas Ă la maison. Elle supporte deux jours d’absence, trois c’est trop. Par exemple, pour l’accouchement : le matin oĂą je suis rentrĂ©e Ă la maison, elle n’a pas mangĂ©. Ça faisait trois jours que je n’Ă©tais pas rentrĂ©e Ă la maison, c’Ă©tait pas normal. Donc, elle sentait qu’il y avait quelque chose. Et du coup, après elle Ă©tait contente. Quand je suis rentrĂ©e Ă la maison, elle a repris sa petite vie : elle remange… Donc voilĂ , elle est ultra fusionnelle avec nous et c’est ça qui est beau aussi dans les familles d’Ă©levage parce qu’on a ce lien avec notre toutoune.
E.
Et heureusement, Ă l’inverse, toi tu continues Ă manger quand elle part au CESECAH. Ah ah ah !
É.
Oui alors par contre lĂ c’est dur quand la maison est vide pendant trois semaines qu’elle est au CESECAH et les deux mois avec les bĂ©bĂ©s, c’est super long ! Alors ça nous arrive… Ouais, on peut dire qu’on fait du ‘relais’. Des fois ça nous arrive, quand le CESECAH a beaucoup de toutous en chenil qu’on en prenne Ă la maison pour qu’ils soient ailleurs et dans une famille plutĂ´t qu’au chenil, au CESECAH. Du coup, ça nous est arrivĂ© : on avait eu Prisca, une petite labrador, deux semaines Ă la maison, quand Opale n’Ă©tait pas lĂ . On avait eu ObĂ©lix aussi – je crois que c’est un petit de Nikita. Et Ă un moment, on avait eu ObĂ©lix plus Opale Ă la maison, en mĂŞme temps. C’Ă©tait magique ! Ils s’Ă©taient entendus super bien, mais par contre c’est un peu encombrant deux bergers allemands dans une maison.
E.
Ah ah ! Oui j’imagine.
É.
Donc ça arrive qu’on fasse un petit peu du relais, quand au CESECAH, ils ont vraiment beaucoup de chiens.
E.
Pour prendre le relais.
É.
Prendre le relais et qu’ils ne fassent pas du chenil Ă ĂŞtre qu’entre chiens et avoir un peu une vie de famille. Et nous, ça nous permet de voir d’autres races parce que Prisca, c’Ă©tait une labrador et lĂ , on s’est dit : « Ah ouais, non, en fait ça n’a rien Ă voir avec le berger allemand ».
E.
Ah non, je te confirme pour avoir un peu eu les deux, le berger est vraiment spĂ©cifique. Et pour le coup la fusion – quand tu disais que tu Ă©tais très fusionnelle – le berger est très portĂ© sur l’humain. Enfin voilĂ , c’est vraiment : « Je te regarde, je te regarde si tu bouges-tu bouges pas. Je suis lĂ toujours. »
É.
Avec Juliette… De toute façon si ce n’est pas le chien qui va voir le bĂ©bĂ©, c’est le bĂ©bĂ© qui va voir le chien.
E.
Ah ah ! Et je me demandais si dans tout ça, tu avais appris ou dĂ©couvert quelque chose, quand vous vous ĂŞtes lancĂ©s dans l’aventure avec le CESECAH, quelque chose que vous n’attendiez pas forcĂ©ment ?
É.
Ben c’est une grande famille, hein, la famille des chiens guides.
E.
Ouais.
É.
Nous, on le voit au niveau du CESECAH, tout le monde est liĂ©. Quand on se voit, tout le monde est content de se voir. Ce travail d’Ă©ducation, alors nous, il est minime au niveau quand mĂŞme de l’Ă©levage, la reproduction. Quand je me rends compte tout ce que le chien guide doit apprendre, c’est un truc de fou.
E.
Oui, c’est sĂ»r que oui, c’est une grande famille. Et c’est très intĂ©ressant pour moi aussi de refaire un tour du cĂ´tĂ© des familles d’Ă©levage parce que – comme on le disait tout Ă l’heure – c’est un petit peu la base avec le CESECAH. C’est quand mĂŞme un rĂ©seau très important qui fait naĂ®tre beaucoup de chiots pour toutes les Ă©coles. Justement, si tu avais des avantages et des inconvĂ©nients Ă nous donner sur le fait de s’engager en tant que famille d’Ă©levage pour le CESECAH, ce serait quoi ?
É.
Alors nous, le seul inconvĂ©nient, c’est quand il faut laisser Opale au centre, pour ses chaleurs et quand elle est avec ses bĂ©bĂ©s. La maison est vide. Et ben les avantages, c’est qu’on est entourĂ©s pour l’Ă©ducation. On a ce fil conducteur, on n’est pas abandonnĂ©s Ă nous-mĂŞmes pour l’Ă©ducation. Ils peuvent nous la rĂ©cupĂ©rer si on a besoin en urgence de nous la garder pour partir ou si on est vraiment coincĂ©s. Et puis voilĂ , que ses bĂ©bĂ©s soient chiens guides : la plus belle rĂ©compense !
E.
Et je me demande toujours s’il y a un moment oĂą vous avez Ă©tĂ© bluffĂ©s en Ă©tant en compagnie de ces exceptionnels chiens. Du coup, pas chien guide, mais maman de chien guide pour toi. Est-ce que Opale, un jour, t’as bluffĂ©e ou tu t’attendais vraiment pas Ă son comportement ?
É.
Ben alors nous, c’est plus les autres qui sont bluffĂ©s par le comportement d’Opale parce qu’on croise beaucoup… on est Ă la campagne, donc on croise beaucoup de gens en balade qui ne savent pas forcĂ©ment bien gĂ©rer l’ardeur de leur chien. Et du coup, nous, on arrive avec Opale, en la mettant « assis, pas bouger » et en laissant passer les gens devant nous, les congĂ©nères. Et les gens, ils sont impressionnĂ©s, ils disent « Hhhh mais elle ne bouge pas, elle est super bien Ă©duquĂ©e ». Je leur dis : « Oui, c’est du travail ». Ah ah !
E.
Eh oui !
É.
C’est ça, en fait, c’est plus les autres qui sont bluffĂ©s par Opale.
E.
Et justement, tu me parles beaucoup du CESECAH et de cette grande famille. Est-ce qu’il y a une rencontre que tu as fait, que tu aurais jamais fait si tu n’avais pas Ă©tĂ© bĂ©nĂ©vole pour les chiens guides d’aveugles ?
É.
Moi, je dirais le personnel du CESECAH. Parce qu’on a une copine qui y travaille, mais voilĂ , j’ai rencontrĂ© plein d’autres personnes avec qui je suis en contact. On se voit souvent pour travailler avec les chiens guides. Toutes les personnes qui travaillent lĂ -bas, que j’aurais jamais rencontrĂ©es si on n’avait pas eu Opale.
E.
Oui, et qui te donnent des nouvelles, comme tu dis, pendant les mises bas etc. C’est un lien qui est un peu indescriptible parce qu’en mĂŞme temps vous participez Ă la vie de cette mĂŞme chienne et en mĂŞme temps vous ĂŞtes lĂ dans des moments diffĂ©rents de sa vie. Donc c’est complĂ©mentaire.
É.
C’est ça, tout Ă fait.
E.
Bon, et pour terminer, je pose toujours une petite question rituelle. Je me demandais s’il y avait un pire et un meilleur moment que tu as vĂ©cu avec Opale.
É.
Le meilleur moment, c’est sa première portĂ©e : ses quatorze bĂ©bĂ©s. Ça, c’Ă©tait la consĂ©cration. « Ça y est, elle a fait sa première portĂ©e » et en plus, il y en avait quatorze. Ah ah !
E.
On sent la fierté, en tous cas. Ah ah !
É.
Et le pire ? La galère : la nuit de la varicanelle.
E.
Ah ouais.
É.
Ah ouais, c’Ă©tait vraiment compliquĂ©. Mais après, alors il y a un pire moment, mais je pense pour elle, qu’elle a vĂ©cu. Et bien c’est le premier Ă©tĂ© oĂą on l’a eue, c’Ă©tait un 15 aoĂ»t, il avait fait très très chaud. On Ă©tait partis et on s’Ă©tait dit qu’on ne la mettrait pas dans la varicanelle. Je ne sais pas pourquoi, au fond de nous, on s’est dit : « On va pas l’enfermer ». Bichette, elle a Ă©tĂ© malade… Elle nous avait repeint toute l’entrĂ©e : elle avait vomi, elle avait la diarrhĂ©e. Bichette, elle a cru qu’on allait la fâcher quand on a ouvert la porte, Ă sa tĂŞte, elle avait tout ramassĂ© : la queue, les oreilles… Elle s’est dit : « Oh, je vais me faire fâcher… » Mais Bichette, on avait trop de la peine pour elle ! Et c’est la chaleur… C’Ă©tait les premières grosses chaleurs qu’elle avait connues en tant que bĂ©bĂ©. Son tube digestif n’avait pas trop apprĂ©ciĂ© et elle a cru qu’on allait la fâcher parce qu’elle avait sali la maison. Mais en fait, non, on avait trop de la peine pour elle. Et on avait dormi avec elle en bas.
E.
Oooh.
É.
Et on avait trop peur en fait parce qu’il fallait en urgence la mettre dehors, si ça recommençait. Et on avait dormi avec elle.
E.
Ça fait partie des moments oĂą tu te dis : « Les pauvres, ouais ». Et en mĂŞme temps, t’es tellement pas bien pour eux, comme tu dis, tu vas pas les engueuler.
É.
On entendait son ventre oĂą on se disait mais… direct, ça nous rĂ©veillait, se dire « Dehors/pas dehors ? Est-ce qu’il faut qu’on la sorte ? » Ah nan, mais… Mais non ça a Ă©tĂ© la seule fois oĂą elle a Ă©tĂ© malade.
E.
Ouais, mais c’est la chaleur…
É.
On n’Ă©tait pas lĂ et bichette… Mais ça n’a pas Ă©tĂ© la seule au CESECAH, apparemment j’en ai parlĂ© après et cette semaine-lĂ , il y en a plusieurs, des petits comme ça, qui ont Ă©tĂ© pas trop, trop bien.
E.
Un peu bousculĂ©s, ouais. Bon mais bon, si c’Ă©tait la seule fois… Ça, c’est bon.
É.
C’Ă©tait la seule fois.
E.
C’Ă©tait votre baptĂŞme. La pauvre.
É.
Ouvrir la porte et de se dire : « Oh, mon Dieu… » Bon il y avait la vue et il y avait l’odeur aussi. Mais on regarde notre pauvre petit chien qui… « Oh mince, j’ai fait une bĂŞtise ». Non c’est pas grave, mon chien.
E.
Fais ta vie, tu n’y est pour rien, entre guillemets.
É.
On va laver, c’est pas grave.
E.
Bon, mais en tout cas on sent bien que depuis 2018, c’est plus du positif que du nĂ©gatif sur le coup.
É.
Oh ben oui hein, on ne voit pas notre vie sans Opale. Elle fait partie de la famille. Elle garde un peu la maison. C’est le cĂ´tĂ© berger allemand.
E.
Eh oui, et puis sa relation fusionnelle qu’elle a avec Juliette. Je pense que ça… elle a encore de belles annĂ©es devant elle et puis quelques portĂ©es encore, de fait, au moins trois. On verra après, selon… selon les portĂ©es. Parce que ce que tu disais aussi, c’est que la cĂ©sarienne, pour le coup, c’est pas anodin et donc on fait pas des cĂ©sariennes Ă rĂ©pĂ©tition non plus sur les chiennes. C’est le CESECAH qui gère et c’est le CESECAH qui gĂ©rera les prochains.
É.
C’est ça. Nous on suit les recommandations du CESECAH, si il dĂ©cide que c’est le moment qu’elle soit la retraite, elle sera Ă la retraite. Et puis sinon on continue.
E.
Et du coup, retraite de maman de chien guide, stérilisation et pleine vie derrière.
É.
C’est ça, une vie de famille, surtout qu’Opale est un magnifique chien de compagnie et chien de maison, donc elle sera ravie.
E.
Mais en tout cas, je mettrai plein de photos sur le blog parce que toutes les photos que je mettrai dans l’article, je suis sĂ»re qu’elles vont ĂŞtre magnifiques. Et puis on essayera de retracer…
É.
Tu vois, j’ai dĂ©jĂ en tĂŞte, j’avais rĂ©ussi mais je voulais ma photo de grossesse oĂą Opale, comme si Opale faisait un bisou Ă mon ventre. Oh, j’ai fait 35 photos, mais j’ai eu ma photo de Opale qui touche mon ventre avec son nez. Je l’ai eue, je te l’enverrai.
E.
Ah ben oui, avec plaisir.
É.
Elle est parfaite !
E.
Bon ben Ă©coute, merci beaucoup en tout cas, Elodie, de nous avoir racontĂ© cette super aventure. On vous souhaite Ă Juliette, Ă Opale, Ă toi, monsieur aussi, une belle vie de famille d’Ă©levage pour le CESECAH, et c’est vraiment intĂ©ressant de voir, parce qu’on en parle beaucoup quand mĂŞme du CESECAH, donc ça me tenais Ă cĹ“ur de pouvoir creuser un petit peu ce rĂ´le de famille d’Ă©levage pour le CESECAH. Et puis ben, Ă très bientĂ´t.
É.
A très bientôt Estelle.
E.
Et voilĂ , c’est la fin de cet Ă©pisode. Merci Ă vous de l’avoir Ă©coutĂ© en espĂ©rant qu’il vous aura plus. Merci Ă Elodie de nous avoir racontĂ© sa belle aventure de famille d’Ă©levage pour le CESECAH qui vous aurait permis, je l’espère, de dĂ©couvrir ce rĂ´le spĂ©cifique dans l’univers des chiens guides d’aveugles. Pour complĂ©ter votre Ă©coute, vous pouvez retrouver sur futurchienguide.fr des photos d’Elodie avec Opale, mais aussi des petits d’Opale et de leur devenir. Et très bientĂ´t la transcription intĂ©grale de cet Ă©pisode. Pour m’envoyer vos retours, rien de plus simple, Ă©crivez-moi sur Instagram ou Facebook, j’adore Ă©changer sur vos ressentis, mĂŞme pendant l’Ă©coute. Alors Ă bientĂ´t pour un prochain Ă©pisode sur l’univers mĂ©connu des chiens guides d’aveugles.
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