Demander un chien guide, c’est avant tout demander un chien, ça peut paraitre le rêve de nombreux ados, mais sur ce point Léana faisait exception ! Pour elle, les animaux c’est sale, ça pue et ça n’a aucun intérêt, alors c’est uniquement face au chantage de ses parents qu’elle se résigne à rejoindre la Fondation Frédéric Gaillanne en pleurs pour le tout premier week-end découverte…qui ne sera que le début d’une belle et longue aventure !

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Transcription intégrale

 

Transcription générée automatiquement par Happy Scribe

E.
Salut à tous, je m’appelle Estelle et je suis passionnée depuis toujours par les chiens guides d’aveugles. Bénévole pour cette cause à Paris depuis des années et aujourd’hui à Lyon, j’ai lancé le podcast Le dire chien guide étant persuadé que l’univers des chiens guides d’aveugles mérite d’être mieux connu par tous afin que chacun puisse y trouver sa place. Mais savez-vous que seuls 1% des déficients visuels sont accompagnés d’un chien guide ? Alors pour mieux comprendre par qui et comment ils sont éduqués, mais aussi pour découvrir leur rôle dans le quotidien de leur maître et les bouleversements à leur arrivée, je vous partage deux fois par mois mes échanges avec un invité issu de cet univers, maître de chien guide, bénévole et tant d’autres. Pour en savoir encore plus, n’oubliez pas de vous inscrire à ma newsletter mensuelle pour découvrir les coulisses du podcast, les actualités des chiens guides et bien sûr, des nouvelles de mes invités. Avoir peur des animaux et demander un chien guide, c’est tout à fait contradictoire, mais c’est bien le cas de la Léana, dont les parents ont fait la demande de chien guide malgré elle. Et comme vous l’avez entendu dans l’épisode précédent avec Marina et l’entendrez dans le prochain avec Christelle, cela donne une situation totalement incongrue, avec des pleurs pour aller à la Fondation Frédéric Gaillanne et des pleurs pour ne plus en repartir.

E.
Alors même que notre enregistrement était prévu avant qu’on me raconte doublement son histoire, j’étais encore plus impatiente de l’entendre pour vous la partager. Et maintenant, place à l’épisode. Bonjour Léana. Bonjour. Merci d’avoir accepté mon invitation sur mon podcast, Futur Shinguid. Je suis ravie de t’avoir à mon micro. On avait échangé dans l’été et à la rentrée 2023. On s’était dit: Ce serait bien de faire un épisode ensemble. Et puis, j’ai eu l’occasion d’aller à la Fondation Frédéric Gaillanne il y a 15 jours et mes deux invités que j’ai interviewés là-bas m’ont parlé de toi. On s’était dit: On enregistra pendant les vacances de la Toussaint. On y est, donc on enregistre, mais quand même, tu es quand même très connue à la Fondation. Est Est-ce que rapidement, déjà, tu peux te présenter avant de nous dire pourquoi ?

L.
Je m’appelle Léana, j’ai actuellement 16 ans, je vais sur mes 17 ans. J’ai 17 ans là ce mois-ci. Je suis en Terminal, au lycée Sévigné, à Marseille. Ça a été un peu compliqué pour moi au niveau de l’intégration, mais depuis que j’ai mon chien, ça a beaucoup, beaucoup, beaucoup changé pour moi.

E.
Oui, tu es un chien de la Fondation Frédéric Gaillanne. La Fondation, pour le rappeler, pour ceux qui nous écoute peut-être pour la première fois, c’est une association qui est assez particulière dans l’univers des chiens de guides d’aveugles en France, puisqu’elle remet des chiens à des enfants, des ados, des jeunes adultes, puisque vous avez entre 12 et 18 ans, ce qui n’est pas le de toutes les associations à côté qui remettent des chiens à des majeurs. On en a déjà parlé d’ailleurs dans différents épisodes sur mon podcast et on en a aussi parlé récemment, début 2024. Toi, comment ça s’est passé ? Pourquoi on te connaît comme le loup blanc à la Fondation ?

L.
Tout simplement parce que je considère mon histoire comme un petit peu atypique, parce que je suis arrivée à la Fondation en octobre 2020 avec la boule au ventre après avoir pleuré deux heures entre Marseille et Lille, sur la Sorgue, dans la voiture. Pourquoi ?

E.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi pleurer ?

L.
Tout simplement, pleurer parce que j’avais vraiment une phobie, une très, très grosse phobie des chiens. Je n’en avais jamais vraiment trop côtoyé. Donc, c’était quelque chose que j’appréhendais. Et puis, même si mes parents me disaient: Léana, tu vois bien qu’avec la canne, c’est très dur pour toi, que tu ne t’en sors pas, que tu n’arrives pas à gagner en autonomie. Le chien, c’est super pour toi. Et je disais: Non, vraiment, je ne voulais pas. Et puis ensuite, pendant les deux heures, j’ai pleuré. Quand je suis arrivée, je leur ai dit à tous une phrase que madame Robault, la directrice de la fondation, ressort souvent. C’est: Moi, je suis là que pour ma mère. Et alors cette phrase-là, elle a marqué vraiment tout le monde.

E.
Et tu leur as surtout dit que tu ne repartirais pas avec un chien, que ça ne t’intéressait pas.

L.
Oui, c’est clair. C’était un C’est impossible pour moi de repartir avec un chien, ni même d’en toucher un durant le stage de découverte. Et justement, cette phrase, elle m’a même fait honte lors de la cérémonie des journées portes ouvertes qui a eu lieu cette année. Ça m’a fait honte de le réentendre parce que du coup, j’ai pu leur prouver tout le contraire.

E.
Parce que cette phrase, elle a été enregistrée ?

L.
Lors de la cérémonie des journées portes ouvertes. Mais sinon, elle a bien été enregistrée dans la tête de tous les salariés, ça, c’est sûr.

E.
C’est ce que j’allais dire. Moi, j’ai eu Marina à mon micro, j’ai eu Christelle aussi, qu’on entendra bientôt sur le podcast. C’est vrai que quand je leur ai demandé des histoires un petit peu marquantes, elles m’ont parlé de toi. Ce n’est pas courant d’arriver. Déjà, pour qu’on en apprenne un peu plus sur toi, est-ce que tu peux nous choisir trois mots pour te décrire toi ? Si on devait présenter Léana en trois mots, tu dirais quoi ?

L.
Je suis vivante, je suis aussi serviable et je suis quand même quelqu’un de très sensible.

E.
On va garder les trois mots pour décrire ton chien quand on en parlera. Je veux revenir d’abord sur ce week-end de découverte. Le stage de découverte nous a dit en octobre 2020: C’était donc à 2h00 des Chez toi, puisque la fondation était à 2h00 de Marseille. Tu débarques là-bas en me disant à tout le monde: No way, les gars, je ne veux pas de chien. Je suis là pour mes parents. Le stage de découverte, c’est quand même deux jours et une nuit sur place, dont une nuit au milieu sur place.

L.
Avec un chien ?

E.
Oui. Le principe, c’est de voir si le chien, c’est quelque chose pour toi. Toi, tu y allais pour voir et dire à tes parents: C’est bon, lâchez-moi la grappe. C’est un peu ça ?

L.
Oui, j’y suis allée surtout pour leur faire plaisir parce qu’il y avait des choses qui étaient en jeu. C’est plus de musique, plus de tournage. En plus, je devais faire un tournage dans une série la semaine d’après. Donc, on m’a dit: Si vraiment tu ne fais pas cet effort-là, on arrête tout et tout. Donc, je me suis dit: Si vraiment il me force, c’est qu’il y a quelque chose d’incroyable, mais je n’arrive pas encore à le voir. Puis surtout quand j’ai appelé après ma mère à 17h00 en FaceTime avec un chien à côté de moi, elle en revenait pas. Elle me disait: Ma fille, tu as touché un chien ? Je n’y crois juste pas.

E.
Alors à 17h00, tu étais en FaceTime avec un chien. Comment ça s’est passé ? Moi, je suis hyper curieuse quand même.

L.
En fait, ça s’est On a commencé que la matinée du stage de découverte, on a appris à utiliser le matériel, se servir de la laisse, du harnais. Ils nous ont appris un petit peu quelques ordres de base pour le chien. Puis ensuite, on a mangé. J’ai pu un petit peu décompresser avec les amis, faire connaissance. Et j’avais ce besoin, durant ce petit moment d’échange, de me mettre en valeur, de faire savoir qui j’étais et que vraiment, j’avais peur, j’insistais sur ma peur. Puis ensuite, on m’a dit: Léana, maintenant, tu n’as plus le choix, tu vas devoir aller au chenil. Tu n’es quand même pas venu pour rien, donc tu vas devoir faire ce premier pas. Donc, on m’a assise et on m’a remis mon chien en dernier. Et puis ensuite, j’ai commencé à lui toucher le dos. Mon éducateur m’a mis la main sur le dos du chien. Puis j’ai réalisé que c’était doux, que ce n’était pas un animal auquel je pourrais avoir peur. Je n’ai pas voulu quand même toucher sa truffe. Durant beaucoup de temps, beaucoup de stages, tout ce qui était le museau, la tête, la truffe me faisait assez peur.

L.
Mais du coup, je n’ai pu que lui toucher le dos. Donc c’est vrai qu’on ne pouvait pas dire qu’il y avait une superbe complicité parce que je n’arrivais pas moi-même à le découvrir. Mais c’était quand même déjà beaucoup. Je trouve que j’avais fait beaucoup d’efforts et que pour, justement, remercier mes parents, j’ai appelé ma mère avec mon chien en FaceTime et mes parents étaient émus et je les ai vraiment remerciés de tout mon cœur parce que j’avais enfin compris que le chien, ça pouvait m’aider et que ça allait m’apporter beaucoup plus de choses qu’une simple canne blanche.

E.
Ça, c’est quelque chose que tes parents avaient compris avant toi ?

L.
Oui, ils avaient compris avant moi parce qu’on était dans un rassemblement Il y a un monsieur qui a interpellé mes parents et qui leur a dit: Vous savez, je suis donateur pour la Fondation Frédéric Gaillanne, ça peut être super pour votre fille. Et puis moi, je me suis interposée en disant que c’était non, que je n’aurais pas de chien et que je n’en toucherai jamais de ma vie. Et puis mes parents ne m’ont pas écoutée. D’ailleurs, dès que je suis rentrée du stage Découverte, je leur ai dit que maintenant, c’était mon projet, que c’était à moi de mener ce projet de chien guide et que ce n’était plus leur projet, c’était désormais le mien.

E.
Oui, parce que quand Quand on se remet un petit peu dans la situation, on est dans le chenil, là. Quand tu dis qu’on te remet un chien, tu le mets la main sur le dos, à ce moment-là, ce n’est pas ton chien guide définitif. Non. C’est le chien qu’on te confie pendant la classe découverte, qui te permet un peu d’appréhender, et c’est vraiment le cas pour toi, d’appréhender la présence d’un chien et ce que c’est qu’un chien. Cette peur un petit peu que tu avais, on en a parlé quand on s’est appelé avant l’épisode, tu me racontais qu’en fait, depuis toujours, les animaux, en général, pas que le chien, pour toi, ce n’était pas intéressant, voire repoussant au final.

L.
Oui, c’était très repoussant. Je trouvais ça bête et pas forcément très intelligent. Je n’arrivais pas à voir comment un animal pouvait accompagner une personne, ni même quand Quand on entendait des gens, par exemple, avec des chats ou des chiens, être complètement, je dirais un peu, gaga avec leurs animaux, à les caliner, à les papouiller, à leur parler, limite, je trouvais ça fou et bête un peu. Je me disais: Mais moi, je ne suis pas comme ça et je ne me vois pas porter de l’affection à quelqu’un qui, sur ses quatre pattes, va avancer et va me guider. Je n’imaginais même pas qu’un chien pouvait comprendre en avant. Qu’il soit éduqué ou pas, je n’avais pas du tout cette conscience que le chien pouvait comprendre ce que dit l’humain et répondre et apporter aussi de l’amour à l’humain. Justement, c’est ça que le chien aussi m’a fait réaliser, c’est que comme tout être vivant, il peut apporter de l’amour à son maître. C’est un amour inconditionnel d’ailleurs.

E.
Quand on en a parlé, Je t’avais demandé par rapport à ta cécité, parce qu’aujourd’hui, tu es dans le noir total. D’ailleurs, on a coupé nos caméras, comme je le disais, avant de déclencher l’enregistrement, parce que des fois, je souris pendant une demi-heure, même si ça s’entend dans mes paroles, j’imagine, et je le sais. Toi, de ton côté, tu es dans le noir total depuis la naissance ?

L.
Oui, j’ai toujours été en cécité totale.

E.
C’est sûrement une des parties de l’explication, tu me disais, sur l’approche un petit peu et l’appréhension que tu avais sur les animaux en général et d’autant plus sur le chien.

L.
Parce que j’ai Je n’ai jamais eu de réelle représentation mentale de quelconque animal. Et après, j’avoue que je n’ai pas forcément cherché un apport aussi de mon côté, parce que ça ne m’intéressait pas. Même quand j’allais à la ferme, j’étais assez distante avec les animaux. Il fallait que je me cache ou que je m’agrippe à quelqu’un pour essayer de me calmer, mais je rendais fou les gens. C’était plus fort que moi.

E.
C’est quelque chose qui était viscéral pour toi, tu as appris ? Oui. C’était comme ça et on peut comprendre en ayant un peu ce préalable Pourquoi tu as pleuré pendant deux heures. En fait, on t’envoyait un petit peu, pas en enfer, mais presque de ton point de vue, c’était vraiment aller lâche-moi.

L.
Pour moi, c’était: On voulait ma mort, clairement.

E.
Carrément ?

L.
Oui, pour moi, c’était me mettre en contact avec un animal, sans personne qui puisse me rassurer, parce que les éducateurs, ce n’est pas mes parents, ils me connaissent à peu près même pas deux, trois heures. Pour moi, c’était comme si vraiment on ne m’aimait pas et qu’on voulait m’envoyer en enfer, c’est ça ?

E.
Et après, j’imagine du coup, maintenant qu’on sait tout ça, la joie de tes parents à 17h00 en FaceTime, limite, tu as demandé si c’était un chien peluche, non ?

L.
Oui, ils m’ont dit: Attends, mais Léana, tu es avec un chien ? Je leur ai dit: Oui, je suis avec un chien. Et puis après, j’ai pleuré aussi deux heures en retour, mais du coup, ce n’était pas pour les mêmes choses. C’était parce que j’avais eu des expériences avec le chien, j’étais allée en ville, on a fait de la marche au pied et puis j’ai gagné en assurance. Ce n’était pas encore ça, parce qu’il y avait quand même un gros travail à faire derrière en locomotion. Mais j’ai pleuré deux heures au retour parce que justement, je ne voulais plus partir et mon chien me manquait. Et quand je suis rentrée à la maison, j’ai pris du recul, je me suis dit Il y en a un animal te manque, ce n’est pas normal. Je me suis dit: Redescends, tu n’es pas censé être gaga d’un animal, donc redescends, ton animal ne te manque pas, tu l’as vu qu’une fois. Donc, tu ne peux pas vraiment dire qu’il te manque. Mais c’était vraiment un parce que j’avais fait une superbe découverte.

E.
Ce n’était qu’une seule fois, mais c’était presque 48 heures. C’est quand même un stage très intensif dans le sens où tu es baignée à la fondation. Quand je l’ai visité la mi-octobre, vous avez l’hébergement sur place, tout est fait pour vous accueillir dans les différents lieux de vie. D’ailleurs, tu disais que tu as vécu avec ce chien. Il n’y a pas eu que le FaceTime, il n’était pas là que pour la figuration. D’ailleurs, comment s’appelle-t-il, ce chien ?

L.
La chienne que j’ai eue au tout premier stage découverte, elle s’appelle Onyx. Elle a été remise à Manon Bernard, une bénéficiaire de la fondation. Avec eux, je suis d’ailleurs très souvent en contact parce que j’avais ce besoin d’échanger avec elle en lui disant que vraiment, sa chienne, elle a été un amour et qu’elle m’a ouvert les yeux. Elle est très fière aussi de savoir ça.

E.
Notamment, vu que vous restez aussi la nuit sur place, l’accueil du chien, comme je le disais, ce n’est pas juste pour le FaceTime. Là, tu l’as gardé à tes côtés C’est aussi peut-être pour ça que les deux heures de retour étaient encore plus compliquées. Ce n’était pas qu’un contact ponctuel qui t’a permis d’ouvrir les yeux, comme tu le dis.

L.
Parce que j’ai pu lui faire des câlins, j’ai pu prendre soin d’elle, j’ai pu comprendre enfin comment elle pouvait me guider. Ça a été pour moi une superbe aventure, même si ce n’était que 48 heures et qu’au retour, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en ne voulant pas quitter Onyx.

E.
C’est ce que m’ont dit les personnes de la Fondation. Quand on parle de toi, la phrase qui revient, c’est: Elle a pleuré deux heures à l’aller pour ne pas venir. Elle a plaisé deux heures au retour parce qu’elle ne voulait plus partir. C’est ça. Après ce moment hyper intense, c’est aussi ça, c’est l’émotion. Une fois rentrée chez toi, est-ce qu’il y a eu un doute sur le… Comme tu disais, on n’a pas le droit d’être gaga d’un chien. Alors, il ne faut pas discuter avec moi sinon, parce que là, tu ne t’adresses pas à la bonne personne sur ne pas être gaga. Toi, est-ce que quand tu es redescendue, que tu as pris du recul, quelles étaient tes réflexions ?

L.
Ça a été très compliqué pour moi parce que je ne voulais plus utiliser ma canne. Je ne voulais plus du tout avoir ce contact avec la canne. Moi, c’était le chien ou rien. Maintenant que j’avais découvert ça, ce n’était que ça. Ça hantait mes nuits, mes rêves. Au point de m’embrouiller avec les instructeurs de locaux parce que je ne voulais pas travailler, je ne m’en is pas. Je ne savais plus quoi faire. J’étais complètement démunie parce que je sentais que je ne progressais pas et que ça matchait plus. Avec ma canne, je n’arrivais pas à prendre mes trajets parce qu’il faut savoir que je suis partie du stage aux découvertes avec quand même des choses assez blessantes de la part de la fondation, du genre: Tu n’auras pas de chien, tu n’es pas assez forte en locaux. Là, OK, certes, tu l’as appréhendé, mais Léana, tu n’en auras pas le chien, ce n’est pas pour toi. Il ne faut pas que tu te mettes dans la tête que tu en auras un. Ça, vraiment, ça m’a beaucoup blessé. Du coup, ça fait que quand j’ai voulu poursuivre le travail avec les instructeurs de locaux, ça a été très dur.

L.
J’en suis même venue à discuter avec mes parents de ça en leur disant que vraiment, je n’arrivais pas à progresser. Du coup, mes parents m’ont dit: Appelle Chantal Robaut. Je lui ai dit: Dis-lui que vraiment, c’est dur pour toi, que tu ne te sens pas bien. Explique-lui ce que tu ressens, explique-lui quels sont les points sur lesquels tu n’arrives pas à progresser. Je lui ai expliqué tout ça et limite sur le bord des larmes, elle m’a dit: Ma belle ne t’inquiète pas, ton suivi et ton projet avec nous n’est pas fini. Ça ne s’arrête pas là. Elle m’a même proposé de retourner faire un deuxième stage découverte en février 2021.

E.
Oui, donc tu as eu quand même une grande partie de doute de par le retour du premier stage de découverte, de par le boulot qu’il va falloir faire de ton côté pour gagner en autonomie en locomotion. C’est ça. On le dit toujours, un chien guide, ce n’est pas automatique, ce n’est pas un GPS. Et donc, il faut avoir une certaine autonomie à la canne, une compréhension de l’environnement pour pouvoir lui donner les bonnes instructions pour qu’il vous guide.

L.
Exact.

E.
Et donc, ça peut être, en effet, j’imagine, très frustrant. Notamment, un des trois mots que tu nous as dit, c’est le mot sensible. On comprend bien que tu ne voulais pas y aller, tu ne voulais plus en partir et que tu voulais foncer, peut-être baisser dans le projet. Encore une fois, ce n’est pas moi qui vais te dire le contraire. Et dans ces cas-là, en En fait, parfois, il y a des petits freins qui sont nécessaires. Le fait de travailler la locomotion, je pense que finalement, c’était quand même important et c’était vraiment ce dont tu avais besoin là, tout de suite.

L.
Oui, c’est ça. Lorsque Madame Robo m’a rappelé pour faire un stage. J’ai été tout enchantée et j’ai pu finir les quelques mois qui me restaient de locaux. Donc, j’ai fait mon deuxième stage découverte. J’ai été en compagnie de Jasty, un super chien qui me manque énormément d’ailleurs. C’est un chien qui est originaire du Québec. Elle a actuellement neuf ans et elle a connu beaucoup d’enfants. Ils voulaient me la donner aussi parce qu’elle avait connu pas mal de gens, pas mal de personnalités, donc c’était peut-être mieux pour moi. Elle a été très douce et j’ai d’ailleurs pu toucher sa truffe et son museau. C’était quelque chose que je n’oublierai jamais. Elle a été très caline et très douce avec moi. Mes meilleurs moments, c’était avec elle parce que je me sentais dans ma bulle, dans mon élément, avec majesté, rien que moi pendant deux jours. C’était un vrai bonheur. Je suis repartie avec beaucoup de compliments de la part des éducateurs qui me disaient: Léana, on est super fiers de toi, tu as fait de superbes efforts. Il reste encore quelques petits éléments à régler, notamment la posture et notamment l’autonomie. Parce qu’il faut savoir qu’en dehors de tout ce qui était l’apprentissage du chien, j’avais besoin aussi d’apprendre l’autonomie.

L.
Je n’allais pas encore au collège toute seule. J’ai dû apprendre ça et ensuite, ils m’ont dit: Léana, maintenant, tu passes en pré-classe, on te laisse passer en pré-classe, mais ton objectif, c’est qu’avant la pré-classe, tu saches aller toute seule au lycée.

E.
Donc, tu avais un objectif bien précis ? Oui. Un challenge à relever. Oui. Et au final, aller toute seule au lycée, mais avec la canne. Oui. Et je ne sais pas combien de temps tu es du lycée.

L.
Il n’y a même pas même pas 500 mètres.

E.
Pour nous donner un peu une indication des progrès à faire à l’époque. Sachant qu’aujourd’hui, je pense que ces 500 mètres, en bonne compagnie d’un toutou, tu les files très vite. Ce n’est même plus une question. Ça fait partie de ton quotidien. C’est une particularité aussi de la fondation, et on en a beaucoup parlé avec Christelle, qui est l’assistante de Chantal Robo dont tu parles beaucoup, c’est aussi l’adaptation et l’adaptabilité qu’a la fondation en fonction de vos états dans la vie, j’ai envie de dire.

L.
Et nos personnalités. Voilà.

E.
C’est-à-dire qu’il y a la stage découverte, il y a la pré-classe et il y a la classe de remise. Mais au final, on peut redoubler, on peut refaire. Mais ce n’est pas un échec, c’est pour encore plus de confiance derrière. Et cela, elle me l’a bien expliqué, Christelle. Toi, dans ton cas, tu as été très bénéfique au final. J’imagine que tu as un peu moins pleuré dans les deux sens. Oui, j’ai pleuré dans le deuxième sens cette fois.

L.
J’ai pleuré au retour parce que je ne voulais pas qu’il te jastime. Mais à l’aller, je suis partie quand même encore un petit peu d’appréhension, j’avoue, mais je suis partie sereine et comme si j’avais quelque chose à prouver, à montrer que j’étais forte, que j’avais gagné en assurance, tout ça.

E.
Après cette deuxième classe de découverte, tu nous avais déjà dit, après le premier, c’est toi qui a pris en main les choses du côté du dossier et plus tes parents. Là, avec la mission de devoir aller au lycée toute seule, j’imagine que tu étais plus motivée que jamais.

L.
J’étais plus motivée, mais surtout, le déclic a été mon changement d’instructrice en locomotion. J’ai rencontré une instructrice en locomotion qui m’a ouvert les yeux, qui m’a dit: Léana, tu es capable. Et qui m’a dit surtout ce que j’avais besoin d’entendre. Léana, tu es capable. Léana, tu es quelqu’un de courageuse. Tu te rends compte ce que tu as vécu. Tu as su dépasser tes peurs. Elle m’a fait vraiment entendre des choses que j’avais besoin d’entendre. Donc, je remercie sûrement Corinne Largeron, qui écoutera sûrement ce podcast. Je la remercie parce qu’elle m’a accompagnée dans ce projet et elle m’accompagne encore aujourd’hui. En fait, Lors du changement, la fondation lui avait fait pas mal de retours: Oui, Léana, elle ne sait pas faire ça, elle sait faire ça. Il y a beaucoup de choses qu’elle ne sait pas faire et tout. Il y a beaucoup de choses à reprendre avec elle. Et lorsqu’elle m’a dit tout ça, elle m’a dit: Je préfère mettre les choses au clair avec toi, voir réellement ce que tu sais faire. Puis, on a avancé, on a préparé la pré-classe qui allait arriver, qui a duré une semaine. Il y a eu quand même une bonne année de creux.

L.
C’était, il me semble, en avril 2022.

E.
Là, gros coup de cœur ou grosse surprise pour le chien que tu as eu au final ?

L.
Déjà, je suis arrivée en pré-classe et je ne savais pas faire mon trajet. Je savais à moitié le faire, mais je n’avais pas encore toutes les cartes en main pour le réussir toute seule avec ma canne. Je suis arrivée, j’ai eu Raphia, qui est une l’avernoise sable. Ça allait, mais elle était un peu trop calme pour moi parce que la fondation avait toujours cette… Les éducateurs avaient encore cette idée que Léana, il lui faut un chien calme, il lui faut un chien posé. Sauf qu’en fait, moi, j’avais déjà dans ma tête cette envie d’avoir un chien avec plus d’énergie et tout ça parce que ça y est, je m’étais habituée au chien calme, donc pour moi, plus rien ne me faisait peur. Donc Raphia, du coup, j’ai changé en plein milieu de la classe pour avoir WIFI, qui a été mon plus gros coup de cœur aussi à la fondation. J’ai adoré cette chienne et elle était adorable. Elle était à la fois douce comme énergie, que c’est où j’ai fait mes premiers moments de jeu dans la chambre avec ce que je pouvais lui donner pour tirer. C’était mes moments de bonheur. C’est là où j’ai pu constater qu’un chien, ce n’est pas aussi que pour travailler, que ce n’est pas un robot et que ça sert à plein de choses.

E.
Et la grande rencontre, elle a eu lieu quand ?

L.
La grande rencontre, elle a eu lieu en avril 2023. Avant cette rencontre, il y a eu une deuxième pré-classe. Parce que j’avais enfin validé mon trajet, j’allais enfin au lycée toute seule avec ma canne. Il a fallu qu’en février 2023, je montre enfin aux éducateurs lors du fameux tour de table. C’est vraiment un rituel à la fondation de faire ce petit tour de table avec les jeunes. Lors de ce tour de table, j’étais enfin fière à mon tour de dire: Je vais au lycée toute seule avec ma canne, sans personne, parce qu’il y avait mon frère avec moi avant qui m’accompagnait. Là, j’étais vraiment très fière de leur dire ça. J’ai eu un labrador, j’ai eu Roots, qui m’a accompagnée pendant une semaine. Elle avait tout ce qu’il me fallait chez un chien. Elle avait de l’énergie, de la douceur, de la tendresse. C’était pour moi le chien qui me fallait. D’ailleurs, il m’avait été reproposé en classe de remise. C’était elle et moi pendant une semaine. C’est grâce à elle que j’ai pu montrer aux éducateurs la vraie Léana et celle qu’ils attendaient depuis longtemps. Une Léana confiante, souriante et qui croit en elle et qui est capable surtout.

E.
Donc, tout ça, tu l’auras Je suis allée le faire aussi lors du stage de remise. La classe de remise, ça se passe pendant trois semaines. C’est hyper intense. Quand je suis allée l’enregistrer le jour à la fondation, c’était un petit peu la pression des premiers jours puisqu’ils venaient d’arriver la veille. J’imagine que tu vois tout à fait de quoi je parle. Oui, tout à fait. Ce moment un petit peu décisif, encore plus que tout ce que tu avais vécu jusque-là. Et au bout de trois, quatre jours de cette classe de remise, le chien qui va t’accompagner dans ton quotidien, dans ton lycée, dans ton appartement, vraiment partout, t’a été proposé. Et du coup, c’était pas Roots ?

L.
Non, c’était pas Roots, mais j’ai testé quatre chiens. Il y avait Seed, Speed, Roots et Swing, celle que j’ai maintenant. Sachant que Speed et Seed avaient été préparés spécialement pour moi. Ils avaient fait quelques petites visites à Marseille, notamment dans les trottoirs laborieux de Marseille et surtout du quartier où j’habite. J’étais surtout très rassurée parce que la fondation m’avait dit: On a emmené des chiens dans ton quartier, donc les chiens qu’on va te donner, ce n’est pas n’importe lesquels. Surtout qu’il faut savoir qu’à la fin de ma première pré-classe, ils visaient la remise pour moi en octobre 2023. Là, à l’heure où on se parle, j’aurais dû être en classe de remise. Oui. Et on se serait peut-être vu, du coup.

E.
La fameuse classe de remise qui arrivait quand on l’a enregistré il y a 15 jours.

L.
Exactement. Je devais y être parce que justement, je n’étais pas encore prête, mais qui voulaient quand même me remettre le chien, mais que du coup, ça aurait été mieux pour eux de faire cette remise en octobre. Ils m’avaient notamment proposé une terminale en deux ans qui me permettrait de gérer ma fatigabilité et de aussi m’occuper du chien. La deuxième pré-classe, ils ont avancé ma remise. Ils se sont dit… Là, elle nous a vraiment montré une Léana impressionnante. Mais bon, ils ont voulu quand même préparer des chiens pour moi et pour ma venue à la fondation. Sauf qu’entre moi et ces chiens, ça n’a pas forcément marché parce qu’ils étaient trop calmes. Il y avait pas mal de choses qui me plaisaient pas forcément. Tandis qu’à la fin, mon top deux était seed pour sa douceur et son assiduité au travail. Et Swing pour le fait qu’elle soit très fofolle, très joueuse et sans sérieux aussi. Et le fait qu’elle soit tétue aussi, parce que c’est un peu mon caractère aussi.

E.
C’est Swing qui a qui était le reux élu, on va dire.

L.
Oui, surtout que ce n’était même pas un chien qui devait m’être proposé. C’était une amie à moi qui l’avait essayé. Et puis, lorsqu’elle l’a décrit, ce chien, tout de suite, j’ai appelé ma mère et j’ai dit: Maman, je ne suis pas se fête des deux chiens que j’ai essayés ce matin. Mais par contre, ma pote, elle a essayé un chien qui pourrait me correspondre et qui pourrait moins lui correspondre à elle. Elle m’a dit: Interpelle une éducatrice avec qui tu te sens le plus à l’aise. Et puis, va la voir et va lui dire que peut-être que cet après-midi, tu peux essayer Swing. Et puis, ils ont écouté mon cœur et ils m’ont fait essayer Swing. Et puis, au final, ça a été elle, l’heureuse élue. Je pense qu’elle est tout aussi heureuse de m’avoir dans sa vie comme moi.

E.
Justement, si tu pouvais nous décrire Swing en trois mots. Tu l’as déjà un peu fait en parlant de ce que tu voulais dans le chien qui t’accompagnerait. Mais maintenant que Swing est là depuis à peu près six mois, qu’est-ce que tu dirais d’elle ?

L.
Elle est énergique, elle est câline et elle est adorable. C’est un amour.

E.
Donc, elle t’a été finalement remise. Oui, en avril. Et depuis, j’imagine que vous allez au lycée en deux minutes, même pas ? Oui, exact.

L.
Ça file. Les premiers mois, les éducateurs ne voulaient pas… Normalement, quand on sort de la classe de remise, on est censé faire un trajet, c’est-à-dire que les éducateurs viennent installer le chien. Moi, pour ma part, comme j’habite à côté, ils sont venus installer le chien. Et puis, normalement, dans la semaine qui arrive, tu es censé aller au lycée tout seul ou faire tes trajets quotidiens tout seul. Sauf que pour moi, ils ont décidé de me la mettre en avril pour que justement, le lien se crée entre moi et mon chien et puis qu’en septembre, mes trajets soient validés. Donc, je n’ai pas fait mes trajets tout de suite.

E.
En plusieurs étapes.

L.
Oui, je n’ai pas fait mes trajets tout de suite. Dès que le swing est arrivé, c’était plutôt un moyen à moi de me relaxer, de savoir que j’avais quelqu’un avec moi et d’amplifier ce lien et cette complicité. C’était toujours mon frère qui me guider encore jusqu’au lycée, du moins qui surveiller la chienne, jusqu’à septembre, le 31 août, où l’éducatrice m’a dit: Léana, c’est bon, tes trajets sont validés. Le 1ᵉʳ septembre, je veux que tu ailles au lycée tout de que ça lui.

E.
Justement, dans ta vie de lycéenne, c’est quelque chose qui est un peu particulier aussi. On en a déjà discuté, que ce soit avec Marine dans l’épisode 43, Anaïs dans l’épisode 35 ou encore Bérénice dans l’épisode 28, qui sont toutes les trois des bénéficiaires que tu connais peut-être de la Fondation Frédéric Galien. Je connais très bien, mais… C’est un petit monde. C’est un peu particulier parce que ce chien arrive dans vos vies à une période un peu encore de transition, j’ai envie de dire, et de construction surtout. Toi, tu nous disais que tu étais en nécessité, tu l’es toujours d’ailleurs, en nécessité totale depuis la naissance. Tu avais pris la canne très jeune ou plutôt pour faire plaisir à tes parents à nouveau ?

L.
J’ai appris à utiliser la canne à cinq ans et demi, sauf que j’ai eu pas mal de problèmes de reconnaissance de à quoi elle allait me servir. Je ne la prenais jamais parce que j’avais peur aussi. J’avais l’impression que ça me mettait une étiquette parce qu’il faut savoir que je porte des prothèses oculaires qui font que vraiment ma cécité ne se voit pas, à part quand on me connaît bien et qu’on voit que j’ai des petits blindismes, ce qu’on appelle des petites choses qui font qu’on reconnaît que je suis aveugle. Sinon, quand on me voit comme ça et qu’on voit mes magnifiques yeux, on se dit: Elle et moi. Je ne voulais pas paraître comme une aveugle. Je n’avais vraiment pas envie d’avoir cette image-là. Je me cachais beaucoup. Cette image-là ne me plaisait pas. Après, dès que j’ai compris que la canne, ça pouvait me permettre de sortir avec mes copines, là, c’est…

E.
Elle a pris un autre rôle, un autre sens.

L.
Oui, elle a pris un autre sens. Et puis surtout, quand le projet du chien a démarré pour moi, la canne, elle est tout de suite arrivée. Et d’ailleurs, elle n’est jamais sortie de ma vie, même si là, actuellement, elle est dans un placard. Je serais très heureuse de la sortir. D’ailleurs, je la ressors encore pour quelques trajets où j’en ai besoin avec ma chienne lorsqu’elle se promène toujours la canne pour longer le bord et savoir à ce que je ne tombe pas ou que je n’aille pas sur la route.

E.
Et d’un point de vue de lycéenne, c’est assez récent au final, puisque tu ne faisais pas les trajets, mais j’imagine que Swing t’accompagnait déjà au lycée sans pour autant te guider.

L.
Oui, c’est ça. Elle me guidait dans tout l’établissement. Ça, j’étais autonome sur l’établissement parce que j’étais à une période où c’était très compliqué avec mon AESH.

E.
Donc-ton auxiliaire de-Enseignement AES. Ton auxiliaire qui t’aide. De vie scolaire, oui.

L.
Ça a été très compliqué pour moi. L’arrivée du chien, ça a été compliqué pour elle et moi. Le relationnel, on l’avait perdu, tout ça. Je me retrouvais un peu seule et je n’avais personne pour m’épauler alors que moi, j’attendais d’elle justement ça, une épaule. Donc c’était dur pour moi. Il fallait que, comme j’avais dit à la fondation qu’il y avait ça aussi, ce problème avec elle, de cette appréhension du chien qu’elle avait. Les éducateurs voulaient absolument que je sois autonome dans l’établissement pour que je n’ai pas à me référer à elle si j’ai besoin.

E.
Et du point de vue des copines ? Les copines, elles avaient bien aimé la canne. Qu’est-ce qu’elles ont pensé du chien ?

L.
Oui, elles aimaient la canne, ça ne les dérangeait pas forcément. Mais du coup, le chien, oui, pour cette fin d’année, pas beaucoup de gens m’approchaient, c’était plus les profs que les copines. Les copines, elles étaient plutôt distantes parce que je n’en avais pas vraiment des vrais amis qui étaient là pour moi et qui voulaient m’aider. Donc c’était très dur et aussi parce qu’on n’a pas pu prendre le temps de les sensibiliser, tout simplement.

E.
Et depuis ta rentrée, j’imagine que tu as changé de classe vu que tu es rentrée en terminale. Oui. Comment ça s’est passée cette rentrée ?

L.
J’ai changé de classe et j’ai changé aussi d’AESH. Donc ça a permis aussi à mon chien de se sentir plus sereine parce qu’elle n’était pas très bien. Elle se sentait, elle aussi, un petit peu repoussée. Et donc là, ma nouvelle AVS avec moi a adorent les animaux. Donc la relation s’est faite très vite. Elle lui a fait un cadeau de bienvenue. La première fois, elle lui a fait des bonnes crottes, le jour où mon AVS est arrivé.

E.
Ma chienne s’est sentie en pleine confiance.

L.
C’est bien. Elle est quand même assez pudique, donc elle lui a fait un super cadeau de bienvenue. C’était cool. Du coup, maintenant, la fondation a eu le temps de les sensibiliser. Elle a eu le temps de les mes copines et tout. Et donc maintenant, chaque seconde, j’ai Léana, c’est moi. Est-ce que tu veux de l’aide ? Est-ce que Swing, elle a envie de faire ses besoins ? Est-ce qu’on peut lui amener une gamelle d’eau ? Ma pauvre, elle n’est pas très en forme. Tiens, je vais porter une petite friandise. C’est la joujou. Des fois, j’ai même l’impression que quand je marche, on me dit plus: Il est beau ton chien que toi, tu es belle.

E.
Ça, oui. Je ne peux que te comprendre. Quand j’ai les futurs chiens guides à mes côtés, c’est un peu pareil. Les gens parlent d’abord au chien et puis après, se rendent compte qu’il y a quelqu’un au bout de la laisse, dans l’autre sens.

L.
Oui, c’est ça.

E.
Ça s’est plutôt fait de manière sereine parce que la sensibilisation a été mise en place cette fois-ci et que tout le monde est…

L.
J’ai l’impression que ça a fait tilt à leur petit cerveau d’élève de terminale. Je pense que ça leur a fait quelque chose d’entendre une éducatrice qui a parlé, qui a expliqué clairement ce que c’était que le handicap et ce que représentait pour moi le chien dans ma vie.

E.
Et en parlant du handicap, aujourd’hui, on est sur mon podcast qui s’appelle futur chien guide, mais toi aussi, tu as un podcast ? Oui. Qui, justement, est là pour parler de la déficience visuelle. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

L.
Moi, j’ai lancé mon podcast qui se nomme le Blindcast. C’est un podcast qui donne la parole aux personnes aveugles et malvoyantes, et pour cette saison, notamment, ainsi qu’à leur chien guide. Donc, j’ai interviewé pas mal de jeunes filles. Je n’ai fait que des filles pour l’instant. J’ai eu, je crois, un jeune homme qui a juste fait un petit témoignage pour raconter ses meilleurs moments à la Fondation Frédéric Gaillanne, parce que ce podcast est tourné pour l’instant sur les jeunes qui ont eu des chiens à la Fondation Frédéric Gaillanne. Notamment Anaïs et Mozart ont été interviewés dans ce podcast. Donc, c’est un podcast qui n’est pas du tout professionnel, il est plutôt cool, c’est un échange convidial. Quand je dis aux jeunes de venir me parler, c’est vraiment pour discuter. Ce n’est pas quelque chose qui est vraiment très préparé. J’ai mes petites questions, mais je leur dis qu’on est là pendant ces 20 minutes pour discuter et pour que eux aussi se sentent à l’aise. Mais là, pour 2024, je prépare d’autres styles de podcasts parce que mon podcast n’est pas ciblé que sur les chiens guides. J’aimerais interviewer des jeunes qui font du sport, notamment du sessy-foot.

L.
Je prépare des épisodes avec des sportifs, avec des gens qui font de la musique parce que moi-même j’en fais. Je prévois de faire pas mal de choses autour de la déficience visuelle et je prévois aussi de faire des podcasts en solo pour expliquer certaines choses, notamment l’accessibilité du numérique, qu’est-ce que la cécité, qu’est-ce que représente pour moi la cécité ? Pas mal de choses comme ça.

E.
Écoute, tu as beaucoup de projets. Tu nous parlais du chant aussi. Je sais que tu chantes beaucoup et que c’est quelque chose qui a été remarqué aussi au sein de la fondation, parce qu’au sein du lieu de vie, vous avez un piano qui est arrivé, enfin.

L.
Il est arrivé qu’à ma classe de remise. C’est ça. Avant, on y allait. Avant, il n’était pas ce piano. D’ailleurs, j’ai même écrit une magnifique chanson pour Swing. Donc la fondation, on a eu les larmes aux yeux.

E.
Je crois que tu leur as dédié ça au niveau de Pendant, en tout cas, les portes ouvertes et donc la remise officielle. C’est ça. Elles m’en ont parlé. J’ai hâte d’écouter tout ça. J’avoue que je me suis réservée encore la surprise.

L.
Je te l’enverrai, oui.

E.
Yes, avec plaisir. Et puis on verra si on peut en laisser quelques minutes, si tu me l’autorises dans le podcast.

L.
Mais oui, avec plaisir, bien sûr.

E.
Donc, on retient le blind cast. On retient aussi ton Instagram parce que tu es super présente sur l’asio. C’est quand même hyper intéressant de voir justement tes passions, comment tu es connectée avec Swing, qui a d’ailleurs un petit surnom.

L.
Oui, Swing, je l’appelle Sousou. C’est son surnom que j’ai trouvé parce que parmi les chiens, avant la fondation, avant notre classe, on avait les portraits. À partir des portraits, c’était pratiquement que des chiens en S. Parmi mes coups de cœur, il y avait Swing. Je me suis dit: Si j’ai Swing ou si j’ai Seed ou Speed, ce sera Sousou. Quoi qu’il arrive, ce sera Sousou. Du coup, Swing, ça lui allait très bien. Après, il y a les dérivés Sousounette, voilà, je me fais Prinçounette, plein de petits surnoms comme ça. D’ailleurs, toute la famille l’appelle comme ça. Je l’appelle plus Sousou que Swing. Elle réagit beaucoup plus à Soussou. Par exemple, quand on croise des inconnus dans la rue et qui lui disent: Bonjour Swing. Elle réagit moins que Coucou Sousou. C’est à Coucou Sousou parce qu’elle se sent en confiance. C’est déjà: Il me connaît, moi non. Mais du coup, voilà.

E.
C’est Sousou_-y_yo.

L.
Oui, tu veux dire Sousou, yo, en espagnol, Sousou et moi.

E.
Je comprends mieux. Et donc, Swing, on l’a pas dit, mais un magnifique Saint-Pierre également.

L.
Oui, c’est mon Saint-Pierre d’amour.

E.
Et je me demandais, on arrive un peu vers la fin. Je me demandais s’il y avait quelques Quelque chose que tu avais, maintenant qu’on a déroulé un peu tout le fil, je pense que tu pourras répondre largement, que tu as appris ou que tu as découvert dans cette aventure auprès des chiens guides d’aveugles. Ouserais-je dire que tu n’imaginais même pas en montant dans la voiture de manière pensée par tes parents ?

L.
C’est ça. J’ai découvert une face des animaux que je ne connaissais pas. J’ai découvert qu’un chien pouvait apporter de l’affection, pouvait prouver son amour avec des gestes ou des actions complètement banales, poser sa tête sur son être, vouloir me mordre ou me lécher la main ou des bêtises comme ça. Et j’ai découvert aussi tout le travail et tout le temps qu’ont pris les éducateurs de la fondation à éduquer ces magnifiques chiens. D’ailleurs, C’est notamment au JPO, aux journées portes ouvertes, que j’ai pu assister à une superbe conférence où j’ai découvert vraiment toute l’éducation qui est à la base québécoise. Parce que le Saint-Pierre, ça appartient à la famille de monsieur Saint-Pierre. Il l’a prénommé de son nom. C’est ça, qui est lui-même un Québécois. La méthode québécoise m’a beaucoup, beaucoup fasciné. Et justement, je me projette un peu en disant: Mais quand je devrais faire la transition avec un chien d’une école française, comment ça va être ? Est-ce que ce n’est pas pareil ? Et selon ma situation, peut-être que j’irais à Myra Québec, qui sait ? Je ne sais pas.

E.
La projection va loin. C’est ça. Vous avez de belles années à profiter ensemble, déjà. Exact. Et puis, le bon que tu as fait dans la vie déjà en quelques années est énorme et je ne doute pas que celui que tu feras d’ici à avoir ton prochain chien guide sera aussi grand, voire plus encore, parce qu’il te reste encore beaucoup de choses à découvrir au final.

L.
Oui, beaucoup.

E.
Et donc, tu disais que ce beau Saint-Pierre que tu as là, tu as un peu réconcilié au final avec les chiens. Est-ce qu’aujourd’hui, tu as toujours aussi peur des animaux ? Est-ce que tu les trouves toujours aussi bêtes et dégueulasses comme tu me l’as dit hier soir ?

L.
Non, pas aussi bête et dégueulasse, mais j’en ai toujours un peu peur. Par exemple, si un chien aboie, ça va plus me surprendre qu’à ma chienne. Ça va plus me faire peur. Quand je croise un chien que je ne connais pas, ça risque vraiment de me faire peur.

E.
Je me demandais s’il y avait un moment où tu avais été bluffée par Swing et qui reste un souvenir très marquant pour toi, malgré l’histoire courte que vous avez pour l’instant vécue ensemble.

L.
Elle est peut-être courte, mais il faut savoir qu’on a passé quand même 15 jours en plein désert d’Israël cet été. C’était une expérience inédite. Ce qui m’a bluffée, c’est vraiment son adaptation. Son adaptation à toutes circonstances. Quatre heures d’avion complètement serrées parce que les compagnies aériennes ne nous donnent pas forcément des places où on peut être bien avec le chien. On est resté quand même dans un endroit où il faisait chaud. Elle, elle avait ses petites bottes. Elle n’aimait pas trop les porter. Et madame, pour faire ses besoins, s’est roulée dans la terre pour enlever ses bottes. Et parce que Madame ne pouvait pas faire ses besoins sans ses bottes. Sinon, plein de moments, les moments où elle ne mangeait pas à ses heures, à ses heures précises. Elle a dû attendre six bonnes heures avant de faire ses besoins. Elle a attendu trois jours sous une tente à rien pouvoir faire parce qu’on était dans un camping en plein désert. Une fois, la clim ne marchait pas, donc elle a dû attendre une bonne demi-journée dans l’attente à mourir de chaud, à mourir de soif. Ça m’a bluffé le fait qu’elle soit patiente et qu’elle ait pu me guider dans le désert en pleine chaleur, qu’elle ait visité tout avec nous.

L.
C’était un moment magnifique et c’est surtout ça que j’attendais chez un chien aussi, c’est qu’il ait une facilité d’adaptation parce que je suis quelqu’un qui bouge beaucoup, qui aime beaucoup sortir et surtout nous, dans notre famille, on adore voyager, on a fait des super beaux voyages, donc on ne voulait pas que le chien nous comble notre vie de famille et nous empêche de continuer à vivre comme on le souhaite.

E.
Je crois qu’elle te l’a prouvé dès les premières vacances. Oui. Vous êtes prêtes à aller au bout du monde ensemble ?

L.
Oui, vraiment.

E.
Justement, ça fait la transition. Est-ce qu’il y a un lieu exceptionnel où tu as été qu’il y a à l’Échanquide que tu n’aurais pas forcément visité en l’absence de swing ?

L.
Je pense que je ne serais jamais allée à un concert avec ma chienne. Ce n’est pas recommandé, je sais, mais sauf que ce jour-là, je ne voulais pas reprendre ma canne. Parce que je me suis dit, pour le métro, tout ça, c’est aussi un exercice pour elle. Et puis, ça pourra aussi m’aider à rentrer plus sereinement. C’était un concert en plein air, c’était un concert qui était gratuit, c’était sur le Vieux Port, donc il n’y avait pas vraiment les basses dans la tête, ils pouvaient la gêner. C’était cool. Et puis, elle m’a aidée. Elle a son petit déhanché, Sousou. Quand elle marche, la particularité de Sousou, c’est qu’elle se dandine. Elle est très remarquable et elle adore aussi se démarquer des gens. Mais Il y a un lieu surtout qui m’a beaucoup émue quand j’y suis allée, c’est tout banal, mais c’est mon institut. Parce que dès que j’avais commencé ce projet avec la fondation, l’Institut Arc-en-ciel à Marseille m’avait totalement de ne pas aller à la fondation, qu’ils ne voulaient pas que j’y aille parce que c’était comme s’ils avaient un peu peur de perdre un petit peu tout le boulot en locaux qu’on avait commencé.

L.
Sauf qu’en fait, c’était tout le contraire, parce que ça l’enrichit encore plus. Et donc, voir que grâce à moi, maintenant, il y a des futurs bénéficiaires de l’Arc-en-ciel qui vont avoir leur chien, c’est quelque chose de beau. Et avec mes parents, on est vraiment très, très, très, très, très fiers d’avoir fait cette démarche. Maintenant, la Fondation et l’IES Arc-en-ciel Ils sont liés. Ils sont partenaires, ils sont liés pour la vie. Y être allé et avoir présenté mon chien aux éducateurs qui s’occupent de moi depuis que je suis toute petite, ça m’a beaucoup émue. Et puis, Swing s’y est faite aussi à ce magnifique lieu.

E.
Je voulais te poser une dernière question que je pose à tous mes invités. C’est: est-ce que tu peux me confier ton pire et ton meilleur moment avec les chiens guides, du coup, avec Swing ?

L.
Le pire moment, c’est quand j’ai ramassé les crottes bien puantes de wifi. C’est C’était horrible. Quand on a fait l’atelier ramassage de crottes, on le fait d’abord avec des fausses crottes, donc c’est des cerceaux ou des mini… Pour les crottes bien molles, on le fait avec un sac de riz et de l’eau dedans. On doit ramasser avec un sac en plastique. Vraiment, le pire moment, je crois que c’est quand elle l’avait fait en campagne, là, sur le bord de route et tout, alors que les éducateurs m’ont dit: Va lui faire les besoins avant qu’on aille en campagne faire le petit tour, tu sais, entre le chenil et le portail de l’hébergement. Tout le tour de la fondation, ils m’ont dit: Va lui faire lui faire faire ses besoins d’abord. Donc, j’y vais, elle ne veut pas, puis en pleine campagne, elle s’arrête, elle me fait des crottes. Oh là là, c’était horrible. Ça puait et tout. Je me suis même dit: Non, mais je crois qu’en fait, le chien, je n’en veux pas.

E.
Ça va, Swing, finalement, ce n’est pas si terrible.

L.
Swing, non, elle fait du caca magique.

E.
Pour finir, ton meilleur moment.

L.
Mon meilleur moment, c’est avec ma chienne. C’est quand j’ai eu la de jouer, de tirer, de me balader, de courir avec elle parce que j’ai eu les accès dans un champ rien que pour moi. Ce sont des moments qui me touchent beaucoup quand je vais avec elle dans le champ et que je suis seule, que je peux la faire courir, qu’elle peut sautiller partout. C’est mes meilleurs moments avec Swing.

E.
Un petit peu d’exclusivité et de relation vraiment que vous deux, seules au monde.

L.
Ou alors de moments de bien-être entre filles, si je puis dire. Nos moments de gratouilles, de brossages ou des moments où je lui chante des chansons, parce que je suis devenue gaga maintenant.

E.
Donc, on peut conclure cet épisode en disant: On a le droit d’être gaga de son chien.

L.
Oui. Je lui chante des chansons, je lui raconte ma vie. Limite, elle peut me dire qu’elle s’en fout, mais elle me le dit pas. Je lui ai même fait une playlist rien qu’à elle. Je suis folle. Voilà, c’est tout. Il y a pas d’autres mots.

E.
Sur ces mots, vu qu’il n’y en a pas d’autres, je propose qu’on se dise à bientôt. Je te remercie beaucoup, Léana, pour ce récit. De rien. Je me tenais quand même de l’entendre. On avait déjà prévu d’enregistrer, tout le monde m’avait parlé de toi. Donc, on retiendra cette phrase: Oui, tu sais, Léana qui a pleuré deux heures pour ne pas venir à l’aller et qui a pleuré deux heures au retour pour ne pas partir.

L.
C’est horrible de la réentendre, mais vraiment, ça me frustre.

E.
Mais ça fait partie de toi et ça montre toute l’évolution qu’on peut avoir dans notre vie. Écoute, merci beaucoup. Je pense que vous entendez derrière moi un petit bébé qui pleure. Je vais aller le voir. De toute façon, il est en trop de bonnes mains, mais il est tard le soir et ça va être l’heure de se coucher pour lui. Merci beaucoup Léana et je te dis à très bientôt.

L.
À très bientôt.

E.
Et voilà, c’est la fin de cet épisode. Si vous avez apprécié cet épisode avec Léana sur les débuts de son parcours avec Swing, je vous invite à écouter l’épisode 43 où Marine développe comment Odor, issu de cette même école, lui a permis de prendre son autonomie en tant qu’étudiante et d’envisager enfin de prendre son indépendance avec son copain. Quant à moi, je vous dis à bientôt pour le prochain épisode sur l’univers méconnu des Schengen d’Aveugle. Et je vous laisse en compagnie de la douce voix de Léana et de sa chanson pour Swing. Belle écoute à vous.

L.
Une Saint-Pierre mieux que toi, je n’en ai jamais trouvé. Swing, depuis que tu es là, je me sens en sécurité. Et tu sais que pour t’avoir, moi, j’ai beaucoup travaillé. J’ai fait beaucoup d’efforts, à deux, on est plus forte. Regarde comme tu es belle, tu es devenue mienne. Sauf que tu es ma merveille, tu es une star à Marseille. Si tu savais Comme je t’aime, tu es la meilleure, tu es ma reine. Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras des milliers de je t’aime. Si tu savais comme je Je t’aime, t’es la meilleure, t’es ma reine. Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras des milliers de je t’aime. Quand on joue quand on court ou quand tu es zoarné, tu restes auprès de moi, tu deviens mon bouclier. Si je sens que ta peur, je serai là pour te caliner. Je te lâcherai jamais, on se lâchera jamais. Regarde la liberté que tu m’as accordée. Avec cette indépendance, j’oublie ma différence. Si tu savais comme je t’aime, t’es la meilleure, t’es ma Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras des milliers de je t’aime. Si tu savais comme je t’aime, tu es la meilleure, t’es ma reines. Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras des milliers de je t’aime. Mon petit cœur, donne à ton petit cœur des milliers de je t’aime. Mon petit cœur, donne à ton petit cœur des milliers de je t’aime. Si tu savais comme je t’aime, tu es la meilleure, tu es ma reine. Et si tu Des milliers d’eux, je t’aime. Si tu savais comme je t’aime, t’es la meilleure, t’es ma reine. Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras, des milliers d’eux, je t’aime. Et si tu as de la peine, tu trouveras dans mes bras, des milliers d’eux, je t’aime.

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