Dans cet Ă©pisode je vous prĂ©sente Thibaut qui est aujourd’hui Ă©ducateur de chiens guides d’aveugles Ă l’École nationale d’Irlande. Fort de son investissement en tant que bĂ©nĂ©vole auprès de l’école des chiens guides de Paris, Thibaut se reconvertit en tant qu’éducateur de chiens guides d’aveugles. Mais comment devient-on Ă©ducateur de chiens guides d’aveugles ? Et quels sont les contours de ce mĂ©tier bien plus social que ce qu’on ne le pense ? Thibaut nous raconte son parcours, de bĂ©nĂ©vole sensibilisĂ© au monde du handicap au mĂ©tier d’éducateur, en passant par la formation et les Ă©quipes qui lui ont permis de se construire. Il nous parle aussi des chiens qu’il a Ă©duquĂ©s dont certains ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© au cĹ“ur d’épisodes de ce podcast, et revient sur ce qui l’a amenĂ© Ă exercer jusqu’en Irlande.
Retrouvez ci-dessous une retranscription synthétique et illustrée de l’épisode :
Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Je m’appelle Thibaut, je suis aujourd’hui éducateur de chiens guides d’aveugles à l’école d’Irlande, Irish Guide Dogs for the blind, qui remet des chiens guides d’aveugles dans tout le pays. Je suis également responsable d’une équipe de moniteur de chiens guides au sein de cette école, et en apprentice coordinator je gère aussi la formation des futurs éducateurs.
Pour bien comprendre, quand et comment les chiens guides d’aveugles sont entrés dans ta vie ?
Au collège, une amie était famille relais comme toi, et accueillait des élèves chiens guides avec lesquels on allait régulièrement en détente le week-end. Par la suite, je n’ai pas eu de nouveau contact avec les chiens guides au lycée ou en école d’ingénieur, je me suis d’ailleurs plutôt orienté vers l’apprentissage de la langue des signes française. Je suis parti vivre au Canada, et à mon retour à Paris j’ai commencé à faire du bénévolat à l’école des chiens guides de Paris pendant un an, notamment pour les détentes organisées par l’école.
L’école de chiens guides de Paris recherchait un éducateur et m’a proposé le poste, que j’ai accepté alors même que je connaissais très peu l’organisation de l’école mais j’appréciais vraiment les moments passés ensemble, le fait d’aider ces personnes et surtout le contact avec les chiens. Il y a en général deux raisons pour lesquelles on s’oriente vers ce métier : la grande majorité vient par amour du chien et pour travailler avec l’animal, pour ma part c’était plutôt par le monde du handicap comme j’avais déjà appris la langue des signes française.
Je suis rapidement entré dans la formation donnée par la Fédération Française de Chiens Guides (FFAC), qui est accessible uniquement après avoir été embauché et envoyé en formation par une école de chiens guides fédérée. Cette formation dure 4 ans et regroupe une promotion de 10-15 élèves éducateur par an, qui viennent de toutes les écoles chiens guides fédérées de France, et est d’une très grande qualité avec beaucoup d’intervenants extérieurs. Les 2 premières années sont à Lyon sur l’étude du chien principalement, et les 2 années suivantes sont centrées sur la déficience visuelle. En attendant d’être recruté, je conseillerai de faire du bénévolat auprès de monde du handicap, déjà pour voir si ça plait.
J’ai formĂ© mon premier chien guide qui Ă©tait Jinka, la première Ă©lève d’Audrey qui a aussi Ă©tĂ© ton invitĂ©e sur ton podcast ! J’Ă©tais aussi l’éducateur de Loya qui a Ă©tĂ© remise Ă Arthur que tu as Ă©galement interviewĂ©, mais Ă©galement d’environ une trentaine d’autres chiens guides Ă l’école de Paris.
Et puis, j’ai toujours eu l’idée d’aller travailler à l’étranger, j’ai visité beaucoup d’écoles à l’étranger à chaque fois que j’en ai eu l’occasion pendant mes vacances, et quand j’ai vu que l’école d’Irlande recherchait un éducateur, j’ai postulé et y suis depuis 2 ans.
Au sein de l’école Irish Guide Dogs for the blind, ce qui est intéressant c’est qu’on éduque des chiens guides d’aveugles mais aussi des chiens pour des enfants autistes.
Est-ce que tu as quelque chose que tu as appris ou découvert avec les chiens guides ?
Je n’aurais jamais cru, mais j’ai pu mettre mes compétences en langues des signes pour former Jaguar, un labrador massif et pataud, au sein de l’école de Paris ! Je lui ai appris la langue des signes afin qu’il puisse aider sa maîtresse qui était déficiente visuelle et sourde. C’était un beau challenge à relever pour s’adapter aux besoins des personnes bénéficiaires.
Pour finir, quelle est ta plus grosse honte avec les chiens guides ?
Alors la moins rigolote, qui est plutôt un échec qu’une honte, c’est mon expérience avec Mayotte qui était en famille d’accueil avec Audrey et que tu as aussi eu en famille relais. Elle avait vraiment quelque chose de spécial et j’étais persuadé que j’étais capable de rééduquer sa peur vis-à -vis des congénères… mais j’aurais dû arrêter plus tôt et la réorienter comme l’explique Audrey, ce qu’on a très bien fait ensuite et qui lui va à merveille aujourd’hui.
Sinon avec Jaguar, il bavait énormément, et une fois il s’est mis à se secouer en plein milieu du bus et a envoyé des filets de baves de partout jusqu’à une vitre ! Au fond de moi j’étais entre le fou rire et un peu de honte quand même.
Et pour rééquilibrer, ton ou tes plus grands moments de fierté avec les chiens en éducation ?
A chaque remise, et c’est une fierté collective au sein de l’école avec la famille d’élevage, les éducateurs jusqu’aux familles d’accueil, mais aussi les instructeurs en locomotion, les moniteurs, les éducateurs et tout le personnel administratif de l’école comme les animaliers.
Ma première remise était particulière avec Jinka, tout comme la remise de Jaguar était particulière car j’ai pu faire de la langues des signes et mon métier, mais aussi celle de Loya sur qui on se posait des questions entre sa taille et celle d’Arthur.
Merci vraiment à Thibaut pour ton témoignage très précieux et ton expérience ! Très bonne continuation et au plaisir de se croiser à l’occasion d’un de tes passages à Paris !
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