Aujourd’hui, j’inaugure cette rubrique Rencontre avec en mode confinement avec Marie, même si j’avais plutôt envisagé initialement de vraies rencontres. Marie et moi on se connait depuis quelques années et elle est comme moi famille relais et a accueilli plus de 20 chiens depuis 2013 !
Retrouvez ci-dessous une retranscription raccourcie et illustrée de l’épisode :
Tout d’abord, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Marie, j’ai 40 ans et je suis graphiste indépendante à Paris 11ème dans un espace de coworking. Ce qui est assez drôle, c’est que je fais beaucoup de supports visuels alors qu’à côté de ça je suis bénévole pour les chiens guides d’aveugles.
Justement, est-ce que tu peux nous raconter ton lien avec les chiens guides d’aveugles, et comment et quand sont-ils rentrés dans ta vie ?
J’ai toujours voulu avoir un chien, c’était une évidence. Quand je me suis installée en freelance en 2010, je me suis dit que c’était vraiment le bon moment pour avoir un chien vu que je travaillais de chez moi. Mon rêve c’était un bouledogue anglais, mais je me suis dit que c’était peut-être pas évident de commencer par une race difficile… Ma mère était assez critique sur la décision de prendre un chien en appartement dans Paris. Et justement un week-end en allant chez elle, j’ai croisé un gars avec un golden élève chien guide à qui j’ai posé toutes les questions qu’on me pose aujourd’hui ! Ça a été une vraie découverte, j’ai épluché tout le site des chiens guides de Paris une fois rentrée. Franchement, si j’avais su que ça existait et que c’était possible, je l’aurais fait avant.
Du coup j’ai envoyé un mail à l’école de Paris en septembre 2011, puis j’ai participé à la réunion d’information de 2 heures à l’école au mois de mars 2012 (mon mail s’était un peu perdu entre temps). Ce que j’ai apprécié c’est qu’ils ont tout de suite dit qu’aucune question n’était stupide ! Tout de suite après la réunion d’information, j’ai rempli mon dossier et Hélias, un petit mâle golden retriever, est arrivé mi-juin 2012.
On a fait un an pile de famille d’accueil avec Hélias, jusqu’à son entrée en éducation en juin 2013. J’étais trop contente de ramasser du caca dans le caniveau, il pouvait me réveiller la nuit, c’était mon Pipou. J’ai jamais flippé de devoir le rendre, car pour moi c’était son entrée à l’école. J’ai adoré être coachée par l’école pour lui apprendre progressivement des choses, que ce soit spécifique ou non à l’éducation du chien guide d’aveugle. Il y a eu d’ailleurs un gros travail car Hélias commençait à avoir peur de certains bruits en avril 2013. Du coup je crois qu’en 15 jours, on a fait 8 marchés où pendant 30 minutes je restais assise au milieu de la cohue avec lui à mes pieds… Il s’est habitué au bout d’un moment !
En décembre 2013, l’école m’a informée que Hélias, alors en éducation, allait être réformé car il avait notamment grogné envers un enfant, et qu’il en avait peur. Toute la soirée, j’ai fait des calculs pour savoir combien ça me coûterait de l’adopter… Mais surtout j’ai réfléchi que je ne pourrais pas continuer la vie qu’on avait avant en l’emmenant partout puisqu’il n’aurait plus le statut d’élève chien guide lui autorisant l’accès au métro, aux restaurants, etc. J’avais au final vraiment aimé l’expérience d’éducation, d’autant plus qu’entre septembre et décembre 2013, j’avais fait 2 relais, étant devenue famille relais (moins de temps et d’énergie que de reprendre à zéro avec un chiot).
Mon premier relais était un tout petit labrador, mais seulement pour 2 semaines, j’ai eu ensuite un autre labrador pour comprendre ses craintes que l’école n’arrivait pas à reproduire, ce qui était hyper intéressant. Et quand l’école m’a rappelée pour adopter Hélias, je me suis dit que ce n’était pas ce que je voulais, et j’ai appelé une fille au coworking qui avait complètement craqué sur Hélias pour lui signaler qu’il était à l’adoption. Elle déménageait justement en Bourgogne en maison, elle l’a récupéré et ça s’est très bien passé, il s’est hyper vite habitué à elle. J’ai des photos et des vidéos tout le temps, notamment pour son anniversaire, et en plus il vit avec Mao, un autre élève chien guide également réformé de l’école de Paris qu’elle a adopté entre temps.
J’ai du coup continué ma “carrière” de famille relais, car j’ai quand même accueilli 20 chiens en relais depuis 2013 ! Avec un minimum de 4 jours, et un maximum de 2 mois d’affilée pour le moment avec Pansy que j’ai en ce moment et qui est confiné avec moi. L’école a vu que j’aimais bien les petites missions donc j’ai eu un chien à qui il fallait apprendre à être seul, un autre qui était très attaché à sa maîtresse, etc.
Et puis il y a eu Jixie, un gros gros coup de cĹ“ur, mais qui devait apprendre Ă ne pas sauter, et dont la famille d’accueil n’avait jamais fait appel Ă une famille relais, je l’ai d’ailleurs eu quelques fois tellement ça s’était bien passĂ©. D’autres Ă©lèves chiens guides en relais ont suivi.
En ce moment on a toutes les deux le rĂ´le de famille relais, d’ailleurs te souviens-tu quand est-ce qu’on s’est rencontrĂ© pour la première fois ?
Alors tu m’avais posé plein de questions, je sais plus quand exactement, mais tu devais déjà être famille relais à l’époque aussi. Après on s’est croisées à la journée portes ouvertes de l’école de Paris où j’assure l’animation au micro. Et puis on s’est retrouvées quelques fois aussi pour des détentes ou dernièrement avant le confinement à mon espace de coworking.
Est-ce que tu aurais quelque chose à nous partager ? Un lieu, une expérience ?
J’ai des livres mais bon… Que ce soit pour un élève chien guide ou un chien de compagnie, je trouve que c’est hyper important de l’éduquer. Il y a plein de ressources aujourd’hui pour se renseigner et apprendre à avoir des habitudes avec son chien, avec du jeu et de l’apprentissage à la croquette, à la voix et surtout des câlins. C’est hyper gratifiant et je suis super fière quand on y arrive.
Pour conclure, quel est ton plus grand moment de honte ou d’embarras que tu as eu avec un élève chien guide ?
Alors il y a eu la vieille diarrhée verte de Hélias à la descente d’un Ouigo à Marne-la-Vallée… Mais je crois que le pire, c’est quand on a été invités chez des amis qui sont pas trop chien, qui m’ont dit ok, de toute façon il fait pas pipi à l’intérieur ? Et là , Ondine a fait pipi sur leur parquet lors de nos deux visites ! Mais bon c’était de ma faute, j’aurais dû la sortir…
Et pour contrebalancer, ton plus grand moment de fierté ?
Quand Hélias est rentré à l’école, c’était mon premier, c’était beaucoup de travail, mais du travail dans le plaisir. Tout le monde me disait que j’allais pleurer, ce qui ne m’est pas arrivé car j’étais ultra-fière d’avoir réussi à emmener mon chien jusqu’à l’école. Bien sûr, je ne savais pas qu’il allait être réformé, mais l’avoir emmené jusqu’à son entrée en éducation est quelque chose que je garde toujours au fond de moi. En étant graphiste, je fais parfois des trucs pas super sexy, et quand je déprime, je repense à ça. Tu as des gens qui vont faire des maraudes avec la Croix-Rouge (je suis en admiration vraiment), mais moi mon truc ce sont les élèves chiens guides, et c’est comme ça que je participe à l’effort commun.
Merci Marie pour ces échanges toujours aussi intéressants, que ce soit sur les chiens guides ou d’autres passions en commun !
7 comments on “🦮1 – Marie VDM, famille relais Ă Paris”