Dans cet épisode, je vous présente Paule qui est guidée depuis quelques mois par Pouki de l’école des chiens guides de Paris. Ce nom vous dit quelque chose ? En effet, il était en famille d’accueil chez Charlotte et Tom de l’épisode 2 que je vous conseille d’écouter pour avoir le début de l’histoire… Pour en revenir à Paule, après avoir perdu la vue, elle a rencontré très vite son premier chien guide il y a fort longtemps maintenant. Mais quel changement dans sa vie lui avait-il permis ? Et comment a-t-elle continué d’évoluer en compagnie de tous les chiens qui l’ont guidé, les uns après les autres ? Paule nous raconte comment l’arrivée de son premier chien guide de l’école du Nord en 1984 lui a permis d’aller de l’avant, puis comment les suivant lui ont permis de s’épanouir et d’oser. Elle nous explique comment de manière indirecte, ils ont tous contribué à s’accomplir, ce n’est pas prêt de s’arrêter avec Pouki !

Retrouvez ci-dessous une retranscription synthétique avec plein de photos :

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Paule, je suis une jeune retraitée de la fonction publique après avoir travaillé pendant plusieurs années à l’éducation nationale, notamment à la fin en tant qu’assistante sociale scolaire dans un lycée et un collège. En parallèle, début 2000, j’ai fait une formation professionnelle de théâtre pendant 3 ans, et ça a été très formateur et m’a amenée en 2015 à prendre une retraite anticipée afin de m’épanouir dans le théâtre et le chant notamment.

Pour bien comprendre, quand et comment les chiens guides d’aveugles sont entrés dans ta vie ?

Quand j’ai commencé à perdre la vue à 15 ans, je suis venue étudier à Paris au sein de l’Institut des Jeunes Aveugles, mais à ce stade pour moi c’était plutôt comme une maladie. Donc quand j’ai appris à 20 ans que je ne reverrai plus, ça a été la chute ! J’avais refusé le braille et la canne, faisant mes études de kiné tout à l’oral et en plus ça ne plaisait pas. Et puis une tante m’a parlé de l’école de Wasquehal (maintenant appelé Corteville).

Et puis en 1984, j’ai rencontrĂ© Star, Starlette pour les intimes, une labrador rousse. Elle m’a tout changĂ©, ça a Ă©tĂ© ma bouffĂ©e d’oxygène, qui m’a permis d’aller de l’avant, de marcher voire mĂŞme de courir, ça m’a permis de revivre. J’ai tout de suite eu confiance en elle, et tout a Ă©tĂ© fluide entre nous, et le regard des gens Ă©tait très diffĂ©rent dans l’approche du handicap. Grâce Ă  sa prĂ©sence, j’ai osĂ© passer des concours, j’ai travaillĂ© au Ministère de la Culture, puis Ă  l’Éducation Nationale. Elle a Ă©tĂ©  super avec ma fille que j’ai eu entre-temps, elle s’adaptait Ă  son rythme lors de nos dĂ©placements ! Puis Starlette a dĂ» prendre sa retraite après 10 ans Ă  mes cĂ´tĂ©s, ça a Ă©tĂ© dur car en tant que premier chien guide elle a encore aujourd’hui une place particulière. MĂŞme si elle est partie en retraite chez ma mère.

J’ai refait une demande à l’école du Nord, j’ai eu un labrador mais durant la semaine de formation, elle a saturé avec tout ce qu’on a fait, donc on a écouté le chien et stoppé tout. Puis j’ai eu Hash, un labrador beige, qui a eu une leucémie foudroyante et je ne l’ai eu que de ses 1,5 à ses 2 ans. Ça a été si dur de le voir partir vite, j’étais en plus en plein divorce…

Iago est arrivé et m’a guidé pendant 10 ans à nouveau. Au moment de sa mise à la retraite, j’ai refait une demande à l’école du Nord et j’ai attendu 3 ans avant mon nouveau chien. Ucrin est arrivé mais il était très craintif, rasait les couloirs du collège, alors qu’il était le meilleur compagnon pour mon fils qui avait moins de 3 ans à l’époque.

Après Ucrin, l’école du Nord m’a orienté pour faire ma demande à l’école de Paris, car c’était plus simple et leur évitait aussi de se déplacer alors qu’il y avait aussi une école sur Paris. J’ai attendu quelques années, mais ça m’a fait du bien car j’avais gagné en assurance avec le théâtre, et grâce aux chiens que j’avais eu aussi, ça m’a permis d’oser prendre la canne. J’ai rencontré Corsaire, un golden clair, une vraie boule d’émotion avec qui j’étais en fusion. Un chien grand mais léger, qui faisait danseur, souple, qui m’a guidé aussi pendant 10 ans. Il est toujours là à 14 ans, en retraite chez le père de mon fils, ce qui me permet de le voir !

Puis j’ai eu une autre chienne, la belle Mewel (dont nous a parlĂ© Agnès, sa famille d’accueil dans l’Ă©pisode prĂ©cĂ©dent), mais j’avais un rythme de vie trop dynamique pour elle, et au bout d’un an j’ai dĂ» la rendre, et l’école de Paris lui a trouvĂ© une autre maĂ®tresse Ă  guider qui lui correspondait mieux.

J’ai à nouveau attendu avant d’accueillir Pouki (Poukito pour les intimes). Très dynamique et joyeux, et en même temps bosseur, très attentif et respectueux, notamment avec Corsaire. J’ai hâte de l’emmener à toutes mes activités artistiques, au théâtre, même s’il ronfle ! J’ai hâte de rencontrer sa famille d’accueil Charlotte et Tom, on voit qu’il a été avec des jeunes.

D’ailleurs, est-ce qu’il y a quelque chose que tu as appris avec les chiens guides ?

C’est que chaque chien est différent, et qu’il faut les considérer en tant qu’individu, et les respecter pour ce qu’il est en lui faisant confiance. J’ai aussi appris et aimé être par le chien en dialogue avec les gens, pour leur faire connaître le chien guide car aujourd’hui j’assume.

Est-ce que tu as été bluffé par l’un d’entre eux ?

Iago a grogné une fois contre un homme qui était un peu saoul, pareil une autre fois quand il a réagit face à un départ de feu dans le métro, mais c’est pas particulier à son rôle de guide. Une autre fois c’est Hash qui avait déterré une boulette de shit et l’avait ramené à la maison. Corsaire aussi au bord d’un quai s’est arrêté tout d’un coup, leur réactivité me bluffe au final.

As-tu fait une rencontre exceptionnelle grâce aux chiens guides ?

Déjà par le chien, on peut rencontrer de nombreuses personnes, rien que dans le métro, que je n’aurais jamais rencontré avec la canne blanche. Sans le chien, je n’aurais pas osé aller à l’école de théâtre aussi, et pourtant j’y ai rencontré un super prof d’art dramatique.

Pour finir, quel est ton pire et ton meilleur moment avec les chiens guides ?

Mon pire moment était avec Iago qui s’est roulé dans une bouse avant de prendre le train ! Les meilleurs moments j’en ai tellement, rien qu’avec Pouki quand on va courir ensemble. C’est aussi quand j’ai nagé avec Star, en me sentant libre et en oubliant que je n’y vois pas.

Merci beaucoup Ă  Paule pour son tĂ©moignage avec ses diffĂ©rents chiens ! Mais aussi avec Pouki qui est très Ă©mouvant pour moi de voir ce qu’il est devenu et ce qu’il t’apporte !

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