AprĂšs Marie VDM, Charlotte et Tom, Marie Pattes Ă  modeler et Bernadette, je continue les rencontres cette fois-ci avec Letteli, qui est famille d’accueil. On s’est croisĂ©s il y a quelques annĂ©es maintenant par hasard dans le quartier, et on s’est retrouvĂ©es chez elle lors d’une journĂ©e pluvieuse pour qu’elle nous partage son aventure auprĂšs des chiens guides d’aveugles de Paris !

Retrouvez ci-dessous une retranscription raccourcie et illustrĂ©e de l’épisode :

Pour ceux qui ne te connaßtraient pas, est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Letteli, j’ai 58 ans et je suis une jeune retraitĂ©e de l’aviation civile assez dynamique. Je m’occupe de ma fille de 16 ans, mais aussi de l’association des parents d’élĂšves. Je fais beaucoup d’activitĂ©s, j’adore notamment les musĂ©es, cinĂ©mas


Du coup, comment et quand les chiens guides d’aveugles sont-ils rentrĂ©s dans ta vie ?

Juste avant d’arrĂȘter l’aviation, j’ai croisĂ© fin 2016 une collĂšgue hĂŽtesse qui me parlait des chiens guides d’aveugles, et du fait qu’elle souhaitait accueillir un Ă©lĂšve chien guide une fois Ă  la retraite. De mon cĂŽtĂ©, ma fille voulait un chien depuis longtemps, mais je ne voulais pas m’engager sur 15 ans pour diffĂ©rentes raisons. Je me suis tout de suite renseignĂ©e et vers mai 2017, j’ai assistĂ© Ă  une rĂ©union pour les familles d’accueil avec ma fille Ă  l’école de chiens guides de Paris. On s’est inscrite rapidement, et on a attendu un retour de l’école


Nilo, labrador noir de 8 mois, assis avec son dossard bleu d'Ă©lĂšve chien guide devant un mur d'escalade

En septembre 2017, on m’a proposĂ© un chien en relais, mĂȘme si je souhaitais ĂȘtre famille d’accueil, j’avais hĂąte alors j’ai dit oui en attendant et Nilo est arrivĂ© chez moi Ă  5 mois. La situation de sa famille d’accueil avait Ă©voluĂ© depuis qu’ils s’étaient proposĂ©s pour ĂȘtre famille d’accueil. Cette situation Ă©tait un peu moins compatible avec l’accueil d’un Ă©lĂšve chien guide, entre leur nouveau projet professionnel et leur nouvelle situation familiale avec un bĂ©bĂ©.

J’ai donc pris la suite de maniĂšre temporaire en tant que famille relais, puis l’école m’a demandĂ© si je pouvais devenir sa famille d’accueil pour la suite de son Ă©ducation. A tout juste 6 mois, on a commencĂ© Ă  faire plein de choses avec lui, le mĂ©tro, les transports, le collĂšge, au cinĂ©ma
 Il apprenait vite mais avec un trĂšs fort caractĂšre ! Cependant il avait un problĂšme de coprophagie (consommation de ses excrĂ©ments) qui Ă©tait incompatible avec son futur rĂŽle de chien guide d’aveugle. Il a Ă©tĂ© rĂ©formĂ© et rĂ©orientĂ© en novembre 2018 sur une autre association de mĂ©diation animale qui a malheureusement fermĂ© depuis. Nilo est donc revenu Ă  Paris en mars 2019, l’école me l’a proposĂ© Ă  l’adoption, mais je ne souhaitais pas l’adopter pour diffĂ©rentes raisons (dĂ©part de ma fille, vie en appartement, perte de l’accĂšs aux lieux
).

Ma fille et moi avions Ă©tĂ© fortement marquĂ©es par Nilo, et en attendant de savoir oĂč il serait de maniĂšre pĂ©renne, j’ai Ă©tĂ© famille relais, mais je ne voulais pas de labrador noir comme Nilo
 Il m’a fallu un temps pour se dĂ©tacher de lui, et ces relais m’ont consolĂ© de mon â€œĂ©chec” avec Nilo : je voyais que chaque chien avait ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts, et des apprĂ©hensions vraiment diffĂ©rentes entre eux. J’en ai eu onze d’affilĂ©e, en commençant par Noxo, Lancelot, Ourale, Ouappi, Olba, OmĂ©ga, Octo, Pom’Pa, Ochia et Odjo, dont beaucoup de labradors noirs finalement ! Tant que je ne savais pas oĂč allait ĂȘtre Nilo de maniĂšre durable, c’était compliquĂ©, mais une fois que j’ai su qu’il Ă©tait adoptĂ© par une famille avec des enfants en Bretagne et que j’ai eu une belle photo avec eux, j’ai pu avancer.

Nilo, labrador noir de un an, dans le jardin avec deux jeunes enfants

En tout j’ai fait un an de relais, que tu as croisĂ©s pour la plupart. J’ai notamment eu OmĂ©ga, une belle bergĂšre blanc suisse, qui m’a fait craquer comme Nilo mĂȘme si elle Ă©tait craintive et a donc rĂ©formĂ©e. Cela m’a titillĂ© de l’adopter, mais pour les mĂȘmes raisons que pour Nilo, je n’ai pas souhaitĂ© l’adopter.

A la sortie du confinement, mi-mai 2020, Pounty m’a Ă©tĂ© proposĂ© en relais. Son Ă©ducatrice (la mĂȘme que pour Nilo) m’a tout de suite appelĂ© pour me demander de devenir sa famille d’accueil car la situation Ă©tait assez compliquĂ©e pour sa premiĂšre famille d’accueil. Comme pour Nilo au final, l’histoire s’est rĂ©pĂ©tĂ©e avec un nouveau labrador noir
mais avec une tache blanche sur le poitrail ! J’avais pris du recul avec Nilo, je savais qu’il Ă©tait bien dans sa famille d’adoption, et puis je connais les parents de Pounty alors j’ai acceptĂ©.

Pounty avait 6 mois mais ayant commencĂ© sa vie en famille d’accueil pendant le confinement et en milieu rural, tout Ă©tait nouveau pour lui, il Ă©tait curieux et attirĂ© par toute l’activitĂ© de la ville (pigeons, enfants, vĂ©los, etc). Maintenant il a presque un an, on a bien travaillĂ© et il va passer son test d’entrĂ©e en Ă©ducation la semaine prochaine. Il m’a vraiment Ă©tonnĂ© dans sa capacitĂ© d’apprendre en l’espace de ces quelques mois passĂ© ensemble.

D’ailleurs, on a pas dit pourquoi on se connait si bien et le lien entre nous, tu te souviens quand on s’est rencontrĂ© la premiĂšre fois ?

Oui, c’était un samedi ! Avec ton compagnon, Ă  l’angle de la rue quand tu as vu que Nilo avait son dossard d’élĂšve chien guide, on a discutĂ©s et on s’est rendu compte qu’on Ă©tait voisines de quartier. On a fait pas mal de dĂ©tentes avec les chiens que j’ai eu en relais, et ceux que tu as aussi. Et derniĂšrement tu m’as aussi dĂ©pannĂ© il y a quelques semaines quand je me suis cassĂ©e quelques orteils et que tu as pris Pounty en charge pour les dĂ©tentes le temps du week-end.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais nous partager, que tu as dĂ©couvert avec les chiens guides ?

Ce que j’ai dĂ©couvert et que je trouve trĂšs touchant, en ayant eu beaucoup de chiens, c’est cette confiance qu’ils me donnent en arrivant chez moi. Ils comprennent trĂšs vite les rĂšgles de la maison et ils s’adaptent facilement et m’accompagnent partout. Le fait qu’on partage les mĂȘmes mots et les mĂȘmes rĂšgles entre toutes les familles d’accueil et relais leur donnent une capacitĂ© d’adaptation importante.

Ce qui Ă©tait sympa Ă  faire aussi, c’était d’apprendre dans aux diffĂ©rents lieux les droits d’accĂšs sans limite des Ă©lĂšves chiens guides. Notamment quand j’étais en Conseil d’Administration au collĂšge et que le proviseur ne remarquait pas qu’il y avait un chien, j’étais vraiment trĂšs fiĂšre. Avec Nilo aussi, on a participĂ© Ă  une course Ă  pied au collĂšge, et lui Ă©tait au milieu des collĂ©giens tranquillement.

Quel est le ou les plus grands moment de honte ou d’embarras avec eux ?

C’est rĂ©cemment avec Pounty, il a fait pipi dans la salle des armes lors de notre visite au ChĂąteau de Versailles. J’ai dĂ©gainĂ© une serviette et un sac plastique pour ramasser tout ça, mais c’était vraiment la honte. Nilo a aussi fait pipi sur la moquette rouge du cinĂ©ma en remontant les escaliers en fin de sĂ©ance
 sympa !

Et pour contrebalancer, ton plus grands moments de fiertĂ© avec l’un ou l’autre, ou des relais ?

Quand ils savent ĂȘtre tellement discrets, et que les personnes disent “ah mais il y avait un chien ?!”, lĂ  je suis fiĂšre, alors qu’ils font quelques dizaines de kilos quand mĂȘme. Un trĂšs grand plaisir aussi, c’est que j’ai constatĂ© que ces chiens rĂ©ussissent Ă  sortir mon frĂšre handicapĂ© de son isolement, mĂȘme si ce n’est pas le mĂȘme handicap car il est sourd et autiste. Ils le sollicitent et sont super gentils avec lui, ils mettent leur truffe dans ses mains, s’allongent sur ses pieds, et ça me rend trĂšs fiĂšre aussi pour cela. Et puis ce qui m’étonnent, c’est aussi que je ne savais pas que ces chiens savaient faire autant de choses, notamment l’apprentissage des besoins dans le caniveaux sur ordre.

Pour la suite, je pense que je vais reprendre les relais pour prendre une pause, et surtout pour savoir si Pounty devient chien guide, ou ce qu’il va devenir. Tant que je ne sais pas ça, en attendant je vais refaire du relais.

Merci Ă  Letteli pour cet Ă©change toujours aussi intĂ©ressant, mĂȘme si nous nous connaissons maintenant bien, j’ai encore appris de nouvelles choses, et ce n’est pas fini de ces dĂ©tentes et discussions avec nos loulous entre voisines !

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3 comments on “🩼5 – Letteli, famille d’accueil adaptive”