Après Marie VDM, Charlotte et Tom, Marie Pattes à modeler, Bernadette et Letteli, je continue les rencontres cette fois-ci avec Océane, qui est famille d’accueil. On se connait depuis quelques années, d’abord via Instagram et son compte dédié @fa_eleves_chiens_guides, et depuis on s’est croisées à plusieurs reprises aux Portes Ouvertes et d’autres évènements. A tout juste 18 ans, elle nous partage aujourd’hui son aventure auprès des chiens guides d’aveugles de Paris !

Retrouvez ci-dessous une retranscription raccourcie et illustrée de l’épisode :

Est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?

Je m’appelle Océane, j’ai 18 ans, je suis en étude de STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) en filière santé et en étude d’éducateur et comportementaliste canin à distance avec l’IFSA (Institut de Formation en Soins Animaliers). Ainsi, j’espère qu’à la sortie de ma licence dans les métiers du sport en filière santé (handicap et vieillissement), j’aurais également mon diplôme d’éducateur et comportementaliste canin qui est aussi en 3 ans. J’ai souhaité mener les deux en même temps car j’avais le temps à y consacrer, mais surtout pour avoir plusieurs possibilités en fonction de ce que j’aurais envie de faire, même si pour l’instant je tiens à travailler dans le monde canin, je pourrais toujours en profiter en combinant les deux pour rejoindre le monde du chien guide d’aveugle peut-être.

Du coup, est-ce que tu peux nous raconter comment et quand les chiens guides d’aveugles sont rentrés dans ta vie ?

C’était il y a très longtemps, je devais avoir 8 ans quand j’ai été surprise de croiser un chien qui attendait à l’accueil de la piscine pendant mes vacances à la montagne. L’amie de vacances, avec qui j’étais ce jour-là dans la piscine, m’a indiqué que c’était justement la chienne guide d’aveugle de sa maman ! Après avoir rencontré sa maman, je me suis progressivement renseignée sur l’éducation du chien guide d’aveugle et j’ai notamment découvert le rôle de famille d’accueil. Toutes ces années, dès qu’il y avait des exposés en classe, je choisissais le sujet du chien guide en me renseignant lors des journées portes ouvertes à l’école de chiens guides de Paris.

Vers 14 ans, j’ai demandĂ© Ă  mes parents qu’on rĂ©flĂ©chisse Ă  devenir famille d’accueil, ce qui Ă©tait dĂ©sormais possible mon père ne travaillant plus et Ă©tant Ă  la maison la journĂ©e (car je ne pouvais pas l’emmener au collège). On a fait la rĂ©union d’information au printemps 2016 pour se renseigner car on hĂ©sitait entre famille d’accueil ou famille relais, et on a dĂ©posĂ© notre dossier pour ĂŞtre famille d’accueil dans la foulĂ©e. Quelques mois plus tard, mon premier Ă©lève chien guide est arrivĂ© en septembre 2016 pour la rentrĂ©e scolaire.

A l’âge de 4 mois, Monty, un beau labrador croisé golden sable très clair, est arrivé du CESECAH (Centre d’étude, de sélection et d’élevage des chiens guides pour aveugles et autres handicapés). Il a fallu prendre nos marques avec lui, mais il a été très cool avec nous et est d’ailleurs rentré en éducation très très tôt, puisque je l’ai gardé moins d’un an jusqu’en juin 2017. Son départ n’a pas été trop difficile, même si c’est mon père qui l’a ramené à l’école, j’avais beaucoup d’autres choses à penser, notamment le brevet.

Quand il a été remis ça a été exceptionnel car c’était le 1000ème chien guide remis lors d’une cérémonie inédite à Noël 2017. Ce qui était drôle c’est que lorsque j’ai eu l’invitation pour la remise du 1000ème chien guide, je pensais y croiser Monty et son déficient visuel, mais j’ai su seulement une demi-heure avant la cérémonie que c’était Monty le 1000ème ! Au début de la cérémonie, je l’ai vu sur l’estrade de loin, et de manière surprenante une femme est tombée en larmes dans mes bras… C’était la femme du maitre de Monty qui m’a remercié d’avoir contribué à leur bonheur, et au bonheur de son mari, et là tout a pris son sens. Nous sommes d’ailleurs devenu très amis et nous revoyons souvent.

Entre temps, après les vacances d’étĂ©, nous avons accueilli Nesti, un beau labrador noir, en septembre 2017. Il a d’ailleurs pu croiser Monty puisqu’il Ă©tait dĂ©jĂ  avec moi lors de la remise de Monty Ă  NoĂ«l 2017. Avec Nesti, c’était très spĂ©cial, je me suis très vite attachĂ©e Ă  lui, et j’ai eu une relation très particulière, très fusionnelle. Au niveau de son caractère, il correspond tout Ă  fait au chien que j’aimerais avoir plus tard, mĂŞme s’il n’est pas de la race que j’aimerais avoir plus tard qui est le border collie. 

Il est restĂ© presque 2 ans avec moi et est rentrĂ© en Ă©ducation dĂ©but 2019. J’ai immĂ©diatement pris conscience que j’allais mettre du temps Ă  passer Ă  autre chose et que le prochain chiot allait arriver plus tard. Nesti a Ă©tĂ© remis l’étĂ© 2019 Ă  une Ă©tudiante en droit qu’il a accompagnĂ© dès la rentrĂ©e en amphi. J’ai d’ailleurs rencontrĂ© leur binĂ´me lors de la porte ouverte de l’école fin septembre 2019, mais ce fut très rapide, ma relation avec Nesti Ă©tait forte et la remise rĂ©cente, nous nous sommes pas attardĂ©es…

En mars 2019, Okapi est arrivé chez nous, une vraie tornade ! L’école nous avait prévenu dès la remise qu’il y avait un risque de réforme, et m’avait mis au défi de travailler avec lui pour voir s’il pouvait être chien guide. A l’approche de son entrée en éducation, avant le confinement, il a été finalement été réformé pour son hyperactivité, incompatible avec son rôle de chien guide.

Il a passé le confinement avec moi dans l’attente de son adoption, puis a été adopté dès la sortie du confinement. Je ne connaissais pas sa famille d’adoption car je ne souhaite pas avoir mes chiens réformés dans mon entourage, je préfère qu’ils mènent leur vie de chien de compagnie indépendamment de moi, j’ai cependant eu de super nouvelles de son adaptation dans sa famille pour la vie avec leurs 3 enfants !

Après un nouvel été sans chien mais en attente d’un chiot en septembre 2020, l’école nous a proposé Peanuts, un labrador sable de 15 mois, en famille relais cette fois. Après un mois en relais et un stage, sa famille d’accueil n’a pas pu le récupérer du fait de leur déménagement dans une autre région. Peanuts a tout de même passé une dernière semaine avec eux avant de revenir à la maison, c’était très émouvant lorsque sa famille d’accueil m’a confié définitivement Peanuts. Au final, nous n’aurons pas de chiot tant que Peanuts sera avec nous, mais mon père s’est très attaché à lui et nous prenons donc le relais jusqu’à son entrée en éducation à venir.

On a pas parlé du lien entre nous, mais on s’est croisés d’abord virtuellement, puis aux portes ouvertes, n’est pas ?

Lors de la journée portes ouverts je suis en effet toujours mobilisées au sein de l’enclos des chiots, le reste de ma famille a aussi été embarquée dans l’aventure et chacun a son rôle durant cette journée : mon père est aux jeux pour les enfants et ma mère au niveau du stand des familles d’accueil ! C’est vrai que finalement tu croises plus souvent mon père qui s’est beaucoup investi dans l’école en tant que bénévole.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais nous partager ?

Alors oui, tu trouveras quelques photos et mot à propos de Monty dans le livre « Compagnons » sorti en 2018 par Charlotte Dumas aux éditions Glénat, où il illustre auprès de son maître, le rôle des chiens guides d’aveugles au quotidien.

Pour finir, quel est le ou les plus grands moment de honte que tu as eu avec tes élèves chiens guides ?

La moins drĂ´le c’est avec Nesti, je l’avais rĂ©cupĂ©rĂ© une semaine pendant son Ă©ducation alors qu’Okapi Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  la maison, et ne cessait de l’embĂŞter. J’ai justement pris un temps juste avec Nesti lors d’une sortie au centre commercial, et il m’a fait tous ses besoins en plein milieu du centre commercial ! Je n’avais rien sur moi, j’ai appelĂ© mon père qui Ă©tait sur les lieux avec moi, mais dans l’attente, un vendeur s’est Ă©nervĂ© pensant qu’il n’était pas propre… Nesti n’était pas bien ce jour-lĂ , peut-ĂŞtre du fait des sollicitations incessantes d’Okapi.

La deuxième plutôt drôle, étant plutôt fainéante quand j’avais Monty, je lui avais appris à enlever mes chaussettes, qui était sa vraie passion. Lors de la cérémonie de remise de Monty à son maître, ce dernier m’a confié qu’il lui enlevait tout le temps ses chaussettes… J’avoue que j’étais assez gênée mais j’ai eu de la chance qu’avec sa femme ils trouvent ça drôle. C’est même devenu un rituel pour Monty qui enlève les chaussettes de son maître tous les soirs et dort avec !

Et pour contrebalancer, ton ou tes plus grands moments de fierté avec l’un ou l’autre des tes élèves ?

Sans hésitation à chaque fois qu’ils sont devenus chiens guides ! Même s’il n’y a pas eu de remise avec Nesti comme c’était le cas pour Monty, ce qui explique aussi que sans cet au-revoir c’était peut-être plus difficile aussi pour moi de passer à autre chose. Ma plus grande fierté c’est donc Nesti, Monty, et j’espère Peanuts !

Merci à Océane pour cet échange riche et plein d’apprentissage, même si nous nous sommes déjà croisées et échangeons régulièrement, j’ai appris de nouvelles choses sur ta vision aiguisée du rôle de famille d’accueil, au plaisir de se recroiser dès que possible !

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2 comments on “🦮6 – OcĂ©ane, famille d’accueil prĂ©coce

  1. Bravo à Océane.j aimerais rentrer en contact avec elle car elle propose sur le site « Emprunte mon toutou » ses services pour s occuper des chiens.
    Merci!!