Pour devenir de bons chiens guides, les futurs chiens guides suivent un cursus de compétition dès leur naissance, mais rien n’est laissé au hasard, et ce dès le choix des parents du futur chien guide. Je vais vous parler aujourd’hui plutôt des mamans des futurs chiens guides, appelées aussi reproductrices ou lices, qui contrairement à ce qu’on pourrait penser ne sont pas chiens guides d’aveugles au quotidien et ce pour plusieurs raisons comme c’est le cas pour Night que j’ai eu en relais, ou ses copines Malice, Ouni, Olka récemment maman, et tant d’autres !
Une socialisation en famille d’accueil identique aux futurs chiens guides
La vie d’une maman de chien guide commence comme pour tout futur chien guide par leurs premiers mois auprès de leur propre mère, elle-même maman de chien guide d’aveugle. Vient ensuite l’année en famille d’accueil comme pour tous les futurs chiens guides, et c’est au cours de cette année que va se prendre ou non la décision de sélectionner la miss pour devenir reproductrice. D’ailleurs, la première fois que j’ai accueilli Night en relais à Noël 2017, elle n’avait que 4 mois et on ne savait pas encore si elle serait maman de chien guide ou non. Il n’y avait pas de décision prise à cette période et elle nous a suivi partout comme tous les autres futurs chiens guides en relais : au travail, en vacances, chez mes parents, et a même fêté avec nous Noël, comme Onyl l’année d’après !
Après leur arrivée en famille d’accueil, il ne va pas y avoir beaucoup de différence entre les miss destinées à être reproductrices et les futurs chiens guides en tant que tels, à part que si elles sont pressenties pour être maman de chien guide, elles ne sont pas stérilisées. Ainsi, cette orientation est décidée dès la phase en famille d’accueil pendant la première année du chiot. Tout d’abord sur la génétique, en fonction de la connaissance de l’arbre généalogique (issu de l’école ou non pour renouveler la génétique par exemple), puis sur les qualités physiques ! Pas forcément la beauté, quoi que, mais surtout la bonne santé et l’absence de sensibilité pour les maux typiques des chiens guides comme la dysplasie ou autre. Enfin, l’aisance de la chienne dans sa vie de futur chien guide (facilité d’apprentissage, absence de peur ou de réticence) en font un bonne reproductrice, ainsi que la qualité maternelle de sa propre maman de chien guide !
Une sélection harmonisée mais avisée
Il y a toujours eu des portées au sein de l’école de Paris, même avant la construction en 2015 du centre d’élevage Jacques Jacques Bouniol à Buc, près de Versailles. Au niveau de la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles (FFAC), à laquelle est affiliée l’école de Paris, il y a trois centres d’élevage spécifiques aux chiens guides : le CESECAH (Centre d’Étude, de Sélection et d’Élevage de Chiens guides d’Aveugles et autres Handicapés, dont il faudra que je vous parle dans un autre article), la Maison du Chiot à Angers en lien avec les chiens guides d’aveugle de l’Ouest et celui de l’école de Paris à Buc. En effet, les 10 écoles fédérées françaises ont fait le choix de mutualiser la partie élevage des chiots, même si le recours à des élevages extérieurs ou encore l’arrivée de chiots suite à des dons sont également possibles. Ainsi les critères de sélection sont aujourd’hui communs à l’ensemble des élevages de futurs chiens guides d’aveugles !
Concernant leur sélection, c’est du sérieux ! De nombreux critères sont pris en compte, à la fois physiques (exemption de tares telles que la dysplasie de la hanche, dysplasie du coude, problèmes oculaires…) mais aussi des critères comportementaux évalués lors de tests en situation réelle dans une ville inconnue (bon équilibre général avec les différentes situations rencontrées, les personnes, à l’aise lors des manipulations…). Les futures mamans de chien guide passent des tests à Paris et au CESECAH sur les aspects psychologiques, physiques (médicaux) et génétiques. Quelques-uns des tests sont d’ailleurs visibles sur la chaîne YouTube du CESECAH. Il y a aussi le test comportemental qui donne des infos pour savoir quel mâle on choisira pour elle au moment où on décidera de sa future portée pour rééquilibrer certains caractères avec celui du mâle.
La vie d’une maman de chien guide d’aveugle
Avant de devenir reproductrice, la maman de chien guide a la même vie qu’un futur chien guides, elle est placée en famille d’accueil dès 3-4 mois et fait des stages à l’école à partir de 6 mois. Or, une fois les tests effectués et validés au CESECAH et sa sélection comme maman de chien guide, elle ne rentre pas en éducation comme les autres futurs chiens guides mais est placée en famille d’élevage. La famille d’accueil peut devenir la famille d’élevage si elle convient de pouvoir suivre ce nouveau rôle (ce qui est le cas pour la famille de Night), ou bien une famille d’élevage peut prendre le relais pour la suite de l’aventure ! Toute la partie autour de l’éducation au stade d’élève chien guide devient plus souple en famille d’accueil, la maman de chien guide n’ayant pas d’intérêt à marquer les lignes (s’y arrêter quand même mais pas forcément s’asseoir), les portes ou les poubelles.
Cependant, la socialisation ne s’arrête pas pour autant ! Sur un plan plus pratique, la chienne devient alors « maman de chien guide » et acquiert un dossard similaire à celui d’élève chien guide, et garde les droits d’accès aux lieux publics, transport etc. au même titre qu’un élève chien guide afin de conserver une bonne socialisation qu’elle saura transmettre à ses petits. Nous avons d’ailleurs eu Night en relais également quand elle était déjà sélectionnée comme maman de chien guide, et en tant que famille relais, cela ne change que très peu de choses (sinon qu’il faut être vigilant si on croise des mâles non castrés, la miss n’étant pas stérilisée). D’ailleurs la dernière fois que nous avons eu la miss Night en juin 2019, elle était gestante puisqu’elle a eu sa première portée début août 2019 !
La famille d’élevage a ainsi d’autres missions sur le plus long terme avec bien sûr la surveillance des chaleurs et la gestion avec l’école de la reproduction. La maman de chien guide reste la majorité de son temps au sein de sa famille d’élevage, et est alors amenée à faire des séjours à l’école que ce soit pour la saillie ou la mise-bas (une dizaine de jours voire plus avant la mise-bas et quelques mois après avec ses chiots). Selon les écoles, les frais autres que liés à la reproduction sont pris en charge soit par l’école, soit par la famille d’élevage. Ainsi, au bout de quelques portées en général sur plusieurs années, la reproductrice est adoptée par sa famille d’élevage et devient alors un chien de compagnie super bien éduqué.
bravo Estelle pour toutes ces infos. J ai appris plein de choses sur ces mamans chiens.
Avec plaisir Laurence ! 😊