Dans cet épisode, je vous présente Bérangère qui a été la famille d’accueil de Noupi de l’école des chiens guides de Paris. Quelques mois après avoir déposé son dossier pour devenir famille d’accueil, Bérangère accueille Noupi, son premier élève chien guide. Après son entrée brillante en éducation, Noupi est finalement réformé et ne sera pas chien guide… Mais comment s’organiser pour adopter son futur chien guide réformé, et quelles conséquences de changement de statut ? Bérangère revient sur les débuts de son aventure avec Noupi alors qu’elle venait juste d’apprendre qu’elle était enceinte pour de bon cette fois. Elle nous raconte comment Noupi l’a accompagnée pendant toute sa grossesse en tant que futur chien guide, puis comment son adoption s’est imposée lors de sa réforme, jusqu’au lien très fort entre lui et son petit garçon.

Retrouvez ci-dessous une retranscription synthétique avec pleins de photos :

Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Je m’appelle Bérangère, j’ai 38 ans et j’habite à Bernay en Normandie depuis quelques mois maintenant, avec mon compagnon Philippe, mon petit garçon Solal qui va bientôt avoir 3 ans et Noupi, qui est un labrador, et va avoir 4 ans en fin d’année.

On s’est croisé il y a maintenant plusieurs années, car tu étais aussi engagée auprès des chiens guides d’aveugles, est-ce que tu connaissais l’association avant ?

J’ai toujours vécu avec des chiens quand j’étais plus jeune, et il y a quelques années avec Philippe quand on vivait à Paris, on se posait la question de prendre un chien même en appartement. On pouvait emmener un chien au bureau, même de compagnie, mais on n’avait pas envie d’un chien en appartement sans jardin… Et j’ai découvert par hasard par un partage sur Instagram en 2017, l’histoire de Nuts et de sa famille d’accueil Dimitri et Philippe ! En fait, je ne m’étais jamais posé la question de l’éducation d’un chien guide d’aveugle.

C’était une année 2017 particulière, tant professionnellement avec nos changements de travail, que personnellement avec plusieurs fausses couches, on avait besoin d’un projet, de faire quelque chose qui avait du sens, et on a déposé notre dossier de famille d’accueil à l’école de Paris. J’ai fait la réunion des familles d’accueil avec Audrey (de l’épisode 8) qui était là avec Mayotte, elle avait été super honnête sur tous les côtés positifs, mais aussi négatifs, elle m’a vraiment donné envie.

En mars 2018, alors qu’entre temps j’étais tombé enceinte et que le bébé s’était bien accroché pour cette fois, on a accueilli Noupi 3 mois et demi, et j’étais enceinte de 3 mois et demi, leurs parcours à Noupi et Solal sont très liés… Noupi était déjà très sensible, et on a fait notre vie !

Je l’ai emmené partout, en vacances, au cinéma, aux musées et expositions, mais aussi tout mon suivi de grossesse et les cours de préparation à l’accouchement. C’était de la sophrologie et pendant les plages très calmes, on entendait Noupi qui ronflait alors qu’on étant en plein silence. J’avais vraiment envie de pouvoir raconter à mon enfant que j’avais été accompagnée pendant toute ma grossesse par un ange gardien, car on savait qu’en janvier il rentrerait en éducation…

On s’était croisé en effet au tout début à proximité du travail de Philippe et du tien, puis une nouvelle fois l’été quand tu avais Nollie (en famille d’accueil chez Marie de l’épisode 3) qui est la sœur de Noupi et était en relais avec toi l’été 2018. J’avais d’ailleurs accouché une semaine plus tard !

Je devais initialement accoucher début septembre, et on avait prévu un stage puis 2 semaines en famille relais pour pouvoir profiter du bébé et nous organiser après la naissance. Sauf que Solal est né le vendredi 10 août, et j’ai eu mal dès le mercredi précédent… On est partis à la maternité le jeudi après-midi, alors que Noupi devait aller en stage le lundi suivant, j’avais peur de ne plus le revoir avant les 3 semaines que nous avions organisées sans lui. Philippe n’est rentré à la maison que dans l’après-midi, Noupi n’avait même pas fait pipi dans l’appartement en 24h. Philippe l’a emmené à l’école pour le week-end avant son stage du lundi suivant.

On a récupéré Noupi après ces 3 semaines, et on avait convenu que Philippe allait prendre le relais pour s’occuper au quotidien de Noupi. C’était la découverte sur son comportement avec un bébé (on en avait aussi parlé à l’épisode 20 avec Cyrielle et ses jeunes jumeaux), même si on savait comment il se comportait avec la grande sœur de Solal d’onze ans.

En septembre 2018, on a commencé à nous parler d’une entrée en éducation en janvier/février. Début novembre, on nous a annoncé qu’il rentrerait début décembre, j’ai fondu en larmes…  Je n’étais pas prête aussi tôt, et Solal et Noupi avaient déjà une super complicité, vraiment. Je l’ai emmené à l’école et l’ai remis à Thibaut (de l’épisode 12), qui a été son éducateur, mais aussi celui de Nuts que j’avais pu rencontrer entre temps avec sa famille d’accueil Philippe et Dimitri.

On savait qu’on n’allait pas tout de suite être famille d’accueil à nouveau, Solal étant petit. Après plusieurs retours de Noupi à la maison, Thibaut nous a prévenu que cela ne se passait pas si bien, puis finalement que Noupi allait être réformé et ne pas devenir chien guide d’aveugle. Ses sensibilités étaient revenues en puissance avec la pression de l’éducation et la vie en box.

On a récupéré Noupi et on a trouvé un autre chien très sensible en effet. On était prioritaire pour son adoption, je ne concevais pas de ne pas l’adopter, mais pour Philippe c’était non… On a eu plusieurs semaines pour nous décider, et un soir Philippe propose à Noupi de rester avec nous ! On a vu avec l’école pour les papiers, et notamment pour le don pour l’adoption, qui est facultatif pour les familles d’accueil mais que nous avons fait (et qui est déductible d’impôts).

Si on n’est pas la famille d’accueil de l’élève chien guide réformé, il y a aussi un mois de test avant l’adoption dont on avait parlé avec Christel et David (de l’épisode 16), la famille de retraite de Finlay, qui précède la session de propriété entre l’école et la famille d’adoption (contrairement à la famille de retraite qui ne possède pas le chien guide retraité qui reste la propriété de l’école de Paris).

On a adopté Noupi en février 2019, il a continué à partir en vacances avec nous, à prendre le métro avec une muselière et son ticket, pas le bus car il n’avait plus le droit, mais sinon il fait tout avec nous. Suite au premier confinement en mars 2020 et on a réfléchi à quitter Paris et on a déménagé en octobre, ça n’a posé aucun problème à Noupi qui a cette capacité d’adaptation. Il a gardé de très bonnes bases avec les besoins au caniveau, le fait de s’asseoir aux passages piétons, mais il a maintenant le droit de monter sur le canapé ! Depuis quelques mois, il y a eu un déclic et les sensibilités de Noupi ont diminué. Si demain on prend un deuxième chien, on se tournera vers l’école des chiens guides aussi, même si ça demande de l’organisation avec deux chiens.

D’ailleurs, est-ce qu’il y a quelque chose que tu as découvert avec les chiens guides ?

Je n’aurais pas imaginé que ça me passionnerait autant, mais aussi que les chiens avaient de telles capacités d’apprendre, et la vitesse à laquelle ils apprenaient des choses, et la progression. La complicité et les liens que Noupi a tissé aussi avec Solal qui était juste un bébé au début. 

Pour finir, quel est ton pire et ton meilleur moment avec les chiens guides ?

Je n’ai jamais eu de pire moment, mais les meilleurs moments c’est cette complicité avec Solal, cette présence qu’il a eu à mes côtés pendant toute ma grossesse, d’avoir pu venir à la maternité. Je pense que le meilleur moment avec Noupi, c’est cette symbiose avec Solal et leurs histoires tellement liées, c’était sa carrière au final, et ça va continuer encore un paquet d’années !

Merci beaucoup à d’avoir répondu si favorablement à mon invitation avec cette belle histoire qui me permet d’illustrer aujourd’hui que la vie est pleine de surprises ! A très bientôt !